CONFÉRENCE DE PRESSE CONJOINTE DU COMMANDANT DE LA FORCE DE LA MONUC ET DU CONSEILLER MILITAIRE PRINCIPAL DE LA MANUA
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CONFÉRENCE DE PRESSE CONJOINTE DU COMMANDANT DE LA FORCE DE LA MONUC ET DU CONSEILLER MILITAIRE PRINCIPAL DE LA MANUA
Le général Babacar Gaye, commandant des Forces de la Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC) a été soumis aujourd’hui à un feu nourri de questions sur la « multiplication », selon les mots des journalistes, des cas d’abus et d’exploitation sexuels commis par des Casques bleus en RDC.
Accompagné du Conseiller militaire principal de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), qui participe avec lui à la Conférence des chefs des composantes militaires du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) au Siège de l’ONU à New York, le général Gaye a d’abord rappelé que le Secrétaire général de l’ONU et la MONUC ont toujours vivement réagi face à de tels cas.
À propos des membres d’une des unités du contingent indien qui se seraient livrés à des actes d’exploitation et d’abus sexuels, ils ont « dans les termes les plus fermes » déclaré que de tels comportements, s’ils étaient confirmés, sont totalement inacceptables et que les mesures disciplinaires les plus sévères prévues par la loi indienne devraient être prises.
Aujourd’hui, a souligné le général Gaye, 17 000 hommes sont déployés en RDC et il est regrettable que « des cas isolés » ternissent l’image de l’ONU et de la Mission auprès de l’opinion publique. La Mission, a-t-il dit, a élevé au rang de priorité la politique de « tolérance zéro ». Les Casques bleus sont très clairement informés de l’interdiction de « fraterniser ou d’avoir des relations sexuelles avec les nationaux ».
Le Code de conduite des Nations Unies a été traduit en directives mensuelles. Des formations sont organisées et avant chaque déploiement, une formation est dispensée aux contingents. « Nous sommes sur la bonne voie, a-t-il dit, en citant la mise en place d’un Groupe de conduite et de discipline au sein de la Mission.
« En 35 ans de carrière militaire, je n’ai jamais connu des règles disciplinaires aussi strictes », a-t-il dit, en attirant l’attention sur l’interdiction faite aux Casques bleus de quitter leur caserne après 18 heures et de porter des habits civils. D’ailleurs, a-t-il fait observer, très peu d’incidents comme des accidents de la route ont été signalés jusqu’ici.
Le général Gaye a écarté l’idée de renoncer aux contingents indiens « responsables » selon les journalistes, de la majorité des cas avérés de mauvaise conduite. « Soyons justes », a-t-il répondu. Ce qu’il faut, c’est qu’une fois rapatrié, le soldat incriminé subisse la rigueur de la loi de son pays comme cela a déjà été fait auparavant. Il serait « injuste » d’inscrire sur une liste noire tel ou tel pays.
Le commandant des Forces de la MONUC a également écarté d’un revers de la main l’assertion selon laquelle la Mission connaîtrait plus de cas de mauvaise conduite que les 17 autres opérations. Il a rappelé que c’est durant la « triste année 2004 » que la presse a commencé à parler de ces cas de mauvaise conduite. L’échec de la Mission à empêcher la prise de Bukavu ne pouvait qu’amener la presse à amplifier ces cas, a-t-il fait observer.
Par rapport à une armée nationale déployée en dehors de ses frontières, les opérations de maintien de la paix ont un désavantage. Une armée nationale donne « le spectacle de la guerre » avec ses corollaires que sont l’exacerbation du sentiment patriotique et l’émotion suscitée par le retour des cercueils couverts du drapeau national. Les journalistes ont donc moins tendance à insister sur des cas isolés de mauvaise conduite.
Le général Gaye a ajouté que bien souvent, ce que les journalistes s’empressent d’appeler abus et exploitation sexuels ne sont en fait que de fausses allégations. « Comprenons, a-t-il expliqué, que la plupart des allégations viennent d’une mésentente entre une prostituée et son client sur la valeur de la prestation. Ces femmes se servent souvent des menaces de plainte ou des plaintes pour exercer une pression sur un mauvais payeur. »
« Je me sens responsable mais pas coupable de ces violations du Code de conduite », a reconnu le général Gaye. « Je fais de mon mieux », a-t-il insisté, en soulignant que la mise en œuvre de la politique de tolérance zéro est un processus et une lutte constante. Il a appuyé l’idée de faire signer aux contingents un accord formel d’engagement en la matière.
Parmi les autres « dysfonctionnements des contingents indiens », les journalistes ont aussi relevé les propos que le colonel indien Chand Saroha a tenus peu avant son retour en Inde lors d’une cérémonie d’adieu en présence du général dissident Laurent Nkunda durant laquelle il a qualifié ce dernier de « frère qui combat pour une noble cause et qui est prêt au sacrifice à l’instar des vrais révolutionnaires ».
Le Bureau des services de contrôle interne (BSCI) a lancé une enquête, a rappelé le général Gaye, qui a lui-même écouté la cassette avant d’en remettre une version écrite au Gouvernement congolais et aux Forces armées de la RDC (FARDC).
Ces propos, a-t-il tenu à souligner, sont une violation claire du mandat de la Mission qui est de soutenir le Gouvernement et les FARDC. Il revient maintenant au Gouvernement indien de prendre les mesures qui s’imposent. Le général Gaye s’est voulu très clair. Il a souligné que sous réserve des conclusions de l’enquête, rien n’indique que cette prétendue connivence entre le général Saroha et Laurent Nkunda est à l’origine de la débâcle de l’armée congolaise en décembre 2007 à Mushake. D’ailleurs, a-t-il rappelé, c’est le général Saroha lui-même qui avait défendu Sake, en août 2007.
Autre « dysfonctionnement » signalé, le « trafic » d’or auquel, en violation flagrante du règlement, tentaient de se livrer des soldats indiens avant de séquestrer leurs pourvoyeurs congolais. D’abord, a répondu le général Gaye, en reconnaissant le caractère inacceptable de ce type de transaction « formellement interdite », il ne s’agissait que de trois soldats indiens qui, dans la région de l’Ituri, ont remis à des Congolais un peu de moins de 500 dollars pour se procurer de l’or avant que ces derniers ne reviennent avec de fausses pépites et subissent les foudres desdits soldats.
Ce cas, a précisé le général Gayel, n’est pas à confondre avec celui d’autres soldats indiens suspectés d’avoir échangé des armes contre de l’or dans la province du Nord-Kivu. L’enquête continue, a-t-il assuré.
Invité à expliquer les efforts déployés pour régler la question des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), le général Gaye a rappelé que dans ce cas, la solution militaire ne s’est jamais révélée payante. Entre 6 000 et 8 000, les FDLR verront peut-être leur situation réglée par la mise en œuvre de l’Accord de Nairobi de novembre 2007 que le général Gaye a qualifié de « document bienvenu ».
Aujourd’hui, les 8 bataillons congolais déployés à l’est de la RDC seront bientôt rejoints par 18 autres. Le général Gaye a pris note de la proposition du Gouvernement de relocaliser les FDLR dont 67 ont déposé les armes volontairement le 4 août dernier. Il faut des mesures politiques mais ces dernières doivent être appuyées par une pression militaire, a estimé le général Gaye, en précisant qu’à cause de ses problèmes budgétaires, la RDC mettra du temps à créer une armée efficace.
« À l’autre bout du spectre des opérations de maintien de la paix », le général Mark Skidmore, Conseiller militaire principal de la MANUA, a parlé de son équipe de 50 personnes qui sert en quelque sorte de « traducteurs » entre la MANUA dotée d’un mandat politique et la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) dont la mission est d’ordre sécuritaire. Il a été amené à commenter les problèmes frontaliers entre l’Afghanistan et le Pakistan.
« Les frontières seront toujours là et il faut faire quelque chose », a-t-il répondu laconiquement. Il a également dit qu’il ne disposait d’aucune information sur un calendrier de retrait de la FIAS ni sur une autre convocation de la Loya Jirga. Le général Skidmore a reconnu que les dommages collatéraux des opérations de la FIAS sont une grande source de préoccupation. La FIAS, a-t-il indiqué, travaille étroitement avec la MANUA, en particulier son Bureau des droits de l’homme, pour mener des enquêtes sur les circonstances de ces incidents.
Le Conseiller militaire ne s’est pas risqué à un parallèle entre l’Afghanistan hier et la Géorgie aujourd’hui, ni à conclure à un retour de la guerre froide.
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