En cours au Siège de l'ONU

Conférence de presse

CONFÉRENCE DE PRESSE DU PRÉSIDENT DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE SUR LA RÉUNION DE HAUT NIVEAU SUR LE VIH/SIDA

10/06/2008
Communiqué de presseConférence de presse
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

CONFÉRENCE DE PRESSE DU PRÉSIDENT DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE SUR LA RÉUNION DE HAUT NIVEAU SUR LE VIH/SIDA


Le Président de l’Assemblée générale, M. Srgjan Kerim, a convoqué aujourd’hui une conférence de presse pour souligner l’importance de la Réunion de haut niveau consacrée à un examen d’ensemble des progrès accomplis dans la mise en œuvre de la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida et de la Déclaration politique sur le VIH/sida, qui s’est ouverte ce matin au Siège de l’ONU à New York.


Comment, s’est demandé, le Président de la soixante-deuxième session de l’Assemblée générale, peut-on espérer réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), dont ceux qui sont relatifs à la pauvreté, à l’éducation ou à la santé, alors qu’à cause du sida, des continents, comme l’Afrique, perdent plus de professionnels, tels que des enseignants et des médecins, qu’ils n’en forment?


M. Srgjan Kerim s’est présenté à la presse avec deux spécialistes à ses cotés: M. Anthony Fauci, de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses, et Mme Ratri Suryadarma, activiste de la société civile de la Malaisie.


Saluant les progrès scientifiques « extraordinaires » accomplis à ce jour, M. Fauci, impliqué dans la recherche scientifique sur le VIH/sida depuis 1991, a estimé que le plus grand défi qui se pose aujourd’hui est de faire reconnaître « la responsabilité morale » pour la communauté internationale de parvenir à un accès universel aux traitements.  Mme Suryadarma a à cet égard rappelé aux États Membres leur promesse de parvenir à cet objectif d’ici à l’année 2010.


M. Fauci a pris le contre-pied des contre-arguments présentés par les uns et les autres.  Le point de vue selon lequel la facilitation de l’accès aux traitements dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire risque de précipiter les cas de résistance aux médicaments alors qu’il n’existe pas d’autres alternatives, est tout simplement fallacieux, a-t-il tranché.  La recherche est bien capable de trouver de meilleurs médicaments que ceux existant actuellement, a-t-il indiqué.


M. Fauci a d’autre part rejeté certaines craintes selon lesquelles d’éventuels investissements massifs dans l’accès aux traitements du VIH/sida pourraient se faire au détriment d’autres maladies.  C’est vrai, a-t-il cependant reconnu, qu’il y a quelques années, un débat a eu lieu sur l’opportunité d’investir autant dans la lutte contre le VIH/sida dans des pays où la première cause de mortalité demeurait le paludisme.  Mais ce problème a été réglé, et nous sommes parvenus à une synergie des systèmes de santé, a souligné M. Fauci. 


La situation du monde en développement est bien connue, mais qu’en est-il des pays riches?  À cette question, M. Fauci a indiqué qu’en Europe, le taux de prévalence de la pandémie se situe à moins de 1% de la population totale.  Il a tout de même fait la distinction entre l’ouest et l’est du continent européen.  Dans des pays comme la Fédération de Russie et l’Ukraine, le virus se propage à une vitesse « alarmante », a-t-il fait remarquer.


Aux États-Unis, les chiffres concernant les nouvelles infections stagnent entre 40 000 à 50 000 cas par an.  Toutefois, a averti M. Fauci, des disparités « énormes » subsistent entre les différents groupes raciaux.  Alors qu’ils ne représentent que 12% de la population totale du pays, les Africains-Américains sont particulièrement touchés par le VIH/sida.  Quarante pour cent des nouvelles infections chez les hommes concernent des Africains-Américains alors que les Africaines-Américaines représentent 60% des cas d’infection chez les femmes.  M. Fauci a cité comme cause principale l’usage de la drogue par injection ou les comportements à risque pour se procurer de la cocaïne.


S’il faut plutôt se féliciter d’un bon accès aux traitements, a-t-il poursuivi, il faut cependant reconnaître que sur les 1,1 million de séropositifs américains, 25% ignorent qu’ils le sont.  C’est la raison pour laquelle le « Center for Disease Control and Prevention » (CDC) a publié une circulaire, il y a un an et demi, dans laquelle les tests de dépistage du VIH sont classés comme « une procédure de routine ».  Sans prévenir le patient, les professionnels de la santé doivent, à chaque prise de sang, ajouter systématiquement un test du VIH, a précisé M. Fauci.


Ayant répondu à plusieurs questions sur l’état de la recherche, Anthony Fauci s’est montré très pessimiste quant à la possibilité de la mise au point d’un traitement qui provoquerait l’élimination totale du virus.  Un tel traitement ne sera peut-être jamais trouvé, a-t-il avoué, en invoquant la nature même du virus.


Mais il y a une bonne nouvelle, a-t-il assuré.  S’ils n’éliminent pas le virus, les traitements disponibles actuellement le rendent complètement « indétectable » permettant ainsi aux personnes infectées de vivre 10 à 20 ans avec le VIH.


M. Fauci a aussi jugé difficile la fabrication d’un vaccin.  La mécanique d’un vaccin s’inspire toujours de la manière dont le corps humain élimine un virus.  Or aucune étude ne prouve une telle capacité contre le VIH.  Un vaccin peut être trouvé dans 10 ans ou ne peut pas l’être, s’est résigné le scientifique.


Il est estimé que la Réunion de haut niveau, qui doit s’achever demain, entendra les déclarations de quelque 150 États Membres et de six États observateurs, sans compter les différentes tables rondes et les auditions informelles de la société civile qui auront lieu au cours des deux jours de travaux.


Pour le Président de l’Assemblée générale, le principal défi actuel est la lutte contre les préjugés et la discrimination qui encouragent la violation des droits à la santé, au travail et à la liberté de mouvement.  Alors que les pays se sont dotés de lois pour régir les migrations d’oiseaux, un tiers des États résistent toujours à l’idée de faciliter le mouvement des hommes, a ironisé le Président.


Le problème, a renchéri Mme Suryadarma, est que tant qu’un pays n’a pas ratifié un texte, il est inutile de l’invoquer comme instrument de pression ou de plaidoyer.  C’est la raison pour laquelle nous organisons ce type de réunion internationale.  Pour trouver une position commune, a conclu le Président de l’Assemblée générale.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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