CONFÉRENCE DE PRESSE DES REPRÉSENTANTS DE L’INSTITUT INTERNATIONAL D’AGRICULTURE TROPICALE ET DU DÉPARTEMENT DES AFFAIRES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES SUR LA PRODUCTIVITÉ AGRICOLE EN AFRIQUE
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CONFÉRENCE DE PRESSE DES REPRÉSENTANTS DE L’INSTITUT INTERNATIONAL D’AGRICULTURE TROPICALE ET DU DÉPARTEMENT DES AFFAIRES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES SUR LA PRODUCTIVITÉ AGRICOLE EN AFRIQUE
Avec ses immenses terres arables et son environnement favorable, l’Afrique pourrait être la solution aux problèmes mondiaux de l’insécurité alimentaire, s’est déclaré convaincu aujourd’hui M. Peter Hartmann, de l’Institut international d’agriculture tropicale, basé au Nigéria. Dès aujourd’hui, a-t-il précisé, on peut tripler le rendement du secteur agricole africain sans un nouvel apport d’intrants*. Ce spécialiste de la productivité agricole donnait une conférence de presse, dans le cadre de la session de la Commission du développement durable qui, cette année, s’est attaquée à la question de l’agriculture et du développement rural, dans le contexte difficile de la flambée des prix des denrées alimentaires à l’origine d’une crise mondiale.
Aux côtés de deux représentants de la Division du développement durable du Département des affaires économiques et sociales (DESA), Mme Kathleen Abdalla et M. David O’Connor, M. Hartmann a attiré l’attention sur les « progrès remarquables » que l’Afrique a accomplis, ces derniers années, comme en témoignent le taux de croissance de 7% en 2007 et les grandes avancées dans la réalisation des Objectifs du Millénaire du développement (OMD), en particulier l’Objectif relatif à l’accès universel à l’éducation primaire.
Mais, a alerté Mme Abdalla, la pauvreté est toujours là et l’Afrique demeure le seul continent qui ne réalisera probablement pas les OMD dans les délais impartis, à savoir en 2015. La productivité agricole stagne depuis les années 60, a ajouté David O’Connor, alors que 65% de la population active travaille dans ce secteur. D’ici à 2030, la population africaine devrait doubler, ce qui est une projection « catastrophique » si l’on ne change pas la manière de faire les choses, a prévenu Peter Hartmann. Nous irons droit dans le mur si le secteur agricole ne parvient pas à absorber les nouveaux demandeurs d’emploi, a renchéri M. O’Connor.
En Afrique, la faible productivité agricole est liée à plusieurs facteurs dont la trop grande place donnée à l’agriculture dépendante de la pluviométrie; la dégradation des sols; une utilisation insuffisante des semences améliorées, des engrais et d’autres intrants; la fragmentation des terres; une mécanisation insuffisante et le manque d’accès des exploitants agricoles aux crédits.
Les cas du Ghana et du Malawi montrent que la technologie et l’aide financière ne suffisent pas s’il n’y a pas une vraie volonté des gouvernements d’investir dans la productivité agricole, a expliqué Peter Hartmann, en appelant à une « coalition des gouvernants ». Compte tenu de la gravité de la crise alimentaire, l’Afrique souffrira à court terme mais on peut inverser la tendance avec de bonnes politiques d’investissements pour s’attaquer aux caractéristiques du secteur agricole africain, dont le manque d’infrastructure, en particulier de routes de desserte. À long terme, a reconnu M. Hartmann, le plus grand problème sera d’éviter que l’intensification de l’agriculture ne provoque une stérilité des sols. Or, la réponse à cet « immense défi » scientifique prendra encore entre 10 à 20 ans.
Mais quelle est la part des subventions agricoles pratiquées dans les pays de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) dans la crise alimentaire actuelle? C’est un vrai problème, ont reconnu les intervenants, même si M. O’Connor a mis en garde contre une disparition trop brutale de ces subventions. La flambée des prix qu’elle entraînera sera un véritable choc pour les nombreux pays africains importateurs nets de denrées alimentaires.
Qu’en est-il de la spéculation? M. O’Connor a voulu établir une distinction entre les « spéculateurs purs » et les mouvements des fonds d’investissements. Il a néanmoins reconnu la pertinence de la question compte tenu de la vitesse à laquelle les prix des denrées alimentaire ont flambé. Aucune étude ne peut confirmer la responsabilité des uns et des autres mais il est clair que des organismes comme le Programme alimentaire mondial (PAM) commencent à discuter sérieusement de la volatilité des prix due aux fonds spéculatifs.
Les trois intervenants ont répondu à des questions sur les propos tenus hier par le Président du Sénégal qui a traité l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)de « gouffre d’argent largement dépensé en fonctionnement pour très peu d’opérations efficaces sur le terrain ». Le Président sénégalais est allé plus loin aujourd’hui en menaçant de poursuivre la FAO en justice si elle ne rembourse pas les 20% de l’aide financière internationale qu’elle prélève pour ses frais de fonctionnement. Les deux représentants du DESA se sont, au contraire, félicités de la qualité de leur coopération avec la FAO qui, une nouvelle fois, a été à la hauteur des attentes des membres de la Commission du développement durable. L’affaire des 20% relève des États membres de la FAO, a ajouté M. Hartmann, en soulignant par ailleurs l’« intelligence » du Fonds international pour le développement agricole (FIDA)qui a su reconnaître que le financement ne suffit pas. Contrairement à la Banque mondiale, le FIDA se lance désormais dans l’appui technique.
Si à la fin de sa session, la semaine prochaine, la Commission de développement durable ne prendra aucune décision politique, la Déclaration ministérielle qu’elle adoptera sera dûment transmise à la session de la Conférence de haut niveau sur la sécurité alimentaire, les changements climatiques et les bioénergies qu’organise la FAO du 3 au 5 juin 2008 à Rome, et au Conseil économique et social (ECOSOC) qui a également prévu de s’attaquer à la question de la crise alimentaire, au cours de sa session de fond en juillet 2008.
* Différents produits apportés aux terres et aux cultures comme les engrais, les amendements, les produits phytosanitaires, les activateurs ou retardateurs de croissance et les semences.
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