YAKIN ERTÜRK, RAPPORTEURE SPÉCIALE SUR LA VIOLENCE À L’ÉGARD DES FEMMES DEMANDE UNE ACTION IMMÉDIATE CONTRE LES VIOLENCES SEXUELLES COMMISES EN RDC
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YAKIN ERTÜRK, RAPPORTEURE SPÉCIALE SUR LA VIOLENCE À L’ÉGARD DES FEMMES DEMANDE UNE ACTION IMMÉDIATE CONTRE LES VIOLENCES SEXUELLES COMMISES EN RDC
Elle recommande au Conseil des droits de l’homme l’organisation d’un colloque judiciaire en RDC
« La crise qui se déroule dans les Kivus est la pire que j’ai jamais connue et exige une attention immédiate », a déclaré aujourd’hui Mme Yakin Ertürk, Rapporteure spéciale du Conseil des droits de l’homme sur la violence à l’encontre des femmes. Mme Ertürk présentait, lors d’une conférence de presse au Siège à New York, les résultats préliminaires de la visite officielle qu’elle a menée du 16 au 27 juillet 2007 en République démocratique du Congo (RDC) et qui l’a menée dans la ville de Kinshasa; dans le district de l’Ituri; et dans les provinces du Sud-Kivu et de l’Équateur.
Mme Yakin Ertürk a précisé qu’au cours des six premiers mois de l’année 2007, 4 500 cas de violences sexuelles avaient été rapportés dans la seule province du Sud-Kivu. Il s’agit d’atrocités d’une brutalité inimaginable allant au-delà du viol et perpétrées dans la plus grande impunité par des groupes armés non étatiques, mais également par les Forces armées congolaises, les Forces de police et de plus en plus par des civils, a-t-elle indiqué. La Rapporteure spéciale soumettra ses conclusions et recommandations en mars au Conseil des droits de l’homme. Elle a d’ores et déjà annoncé qu’elle recommandera l’organisation immédiate d’un colloque judiciaire en RDC pour permettre à la justice congolaise de faire des progrès.
Dénonçant l’impunité dont jouissent les auteurs de telles atrocités, ainsi que l’insécurité, la corruption, l’état déplorable du système judiciaire et la stigmatisation que subissent les victimes d’abus, Mme Ertürk a précisé que ces chiffres n’étaient que la pointe de l’iceberg. De nombreuses zones géographiques sont hors de portée de la communauté internationale, et les victimes n’osent pas porter plainte ou n’ont pas survécu. C’est cette impunité et cette insécurité qui constituent à l’heure actuelle le frein le plus important à la normalisation de la situation et à la consolidation de la paix, a-t-elle souligné. Revenant sur le viol massif de 200 femmes en 2006 par des membres de forces armés lors d’un raid à Songo Mboyo dans la province de l’Équateur, elle a précisé qu’aucun des sept militaires condamnés à la prison à vie n’étaient incarcérés à l’heure actuelle. « Ils se seraient échappés », a-t-elle indiqué.
De même des efforts sont déployés pour démobiliser les membres des milices mais, a regretté Mme Ertürk, l’élément justice est absent de ce processus, étant donné que ces personnes sont réintégrées dans la société civile ou dans l’armée. Cette impunité ne fait que renforcer la violence, a-t-elle estimé. Non seulement il est important de punir les auteurs d’atrocités mais il est également nécessaire de fournir des réparations aux victimes. Or, à ce jour, le Gouvernement congolais n’a versé aucune réparation aux victimes d’atrocités commises par des membres de l’armée congolaise, a relevé Mme Ertürk.
Aux questions de la presse, Mme Ertütk a indiqué qu’elle avait l’intention de lancer un appel aux membres du Conseil des droits de l’homme pour qu’ils financent de toute urgence de nouvelles initiatives, comme par exemple pour promouvoir la nouvelle loi sur l’élimination de la violence sexuelle ou encore un mécanisme de réparations aux victimes de viols. Pour venir à bout de la culture d’impunité, la Rapporteure spéciale a aussi estimé essentiel de modifier les attitudes patriarcales qui, en RDC, placent les femmes dans une position d’infériorité. Nous devons non seulement mettre un terme aux abus physiques mais également faire en sorte que les femmes prennent part aux prises de décisions. C’est le concept de l’hégémonie masculine qui doit être repensé, a-t-elle ajouté.
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