CONFÉRENCE DE PRESSE DE M. STEPHEN RAPP, PROCUREUR DU TRIBUNAL SPÉCIAL POUR LA SIERRA LEONE
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CONFÉRENCE DE PRESSE DE M. STEPHEN RAPP, PROCUREUR DU TRIBUNAL SPÉCIAL POUR LA SIERRA LEONE
Le procès de Charles Taylor est d’une importance historique, car il signale la fin de l’impunité, même des personnalités les plus haut placées, a estimé M. Stephen Rapp, Procureur du Tribunal spécial pour la Sierra Leone, au cours d’une conférence de presse qu’il a donnée aujourd’hui au Siège de l’ONU.
Selon le Procureur, ce procès a permis d’ouvrir les yeux du monde à la possibilité que tous ceux qui ont commis des crimes devront un jour faire face à la justice. Pour M. Rapp, ce procès démontre également qu’il est possible de traduire en justice un individu n’ayant jamais mis les pieds en Sierra Leone, et il permet également de renforcer la cause de la justice internationale.
Le Procureur du Tribunal spécial pour la Sierra Leone s’est également félicité du fait que le Tribunal spécial ait prononcé les premiers verdicts au monde concernant le déploiement d’enfants de moins de 15 ans dans des zones de combat, l’utilisation du terrorisme comme violation du droit commun et l’utilisation de l’esclavage sexuel comme crime de guerre. Ces verdicts créent des précédents qui feront maintenant partie du droit national et international, a indiqué M. Rapp, pour qui les activités du Tribunal spécial démontrent que ce type d’institution peut exercer son travail d’une manière responsable.
M. Rapp a longuement détaillé les efforts qu’entreprend le Tribunal spécial, qui est basé à La Haye, pour médiatiser le procès de Charles Taylor en Sierra Leone. Nous mettons tout en œuvre pour nous assurer que les populations sont informées des procédures, même si celles-ci se déroulent loin des lieux où ont été commis les faits, a-t-il indiqué. M. Rapp a expliqué que les travaux du Tribunal sont transmis en direct sur le site Web du Tribunal spécial (www.sc-sl.org), tandis que les verbatim des témoignages sont diffusés sur le site Internet www.Charlestaylortrial.org. Le Procureur s’est félicité d’avoir pu constater, lors d’un récent déplacement au Liberia, que de nombreux journaux du pays reproduisent les verbatim des travaux du Tribunal spécial. Des informations sont également traduites dans les langues locales du pays et diffusées sur la grille de 23 programmes de radio locale en Sierra Leone. Le Tribunal a également mis sur pied un programme qui permet aux journalistes locaux de se rendre à La Haye pour y suivre le déroulement du procès, a indiqué le Procureur. Finalement, M. Rapp s’est félicité du fait que, selon un récent sondage, si 90% de la population sierra-léonaise ont entendu parler du Tribunal spécial, entre 80 et 90% estiment que son travail aura un effet positif sur le pays.
Répondant à la question d’un journaliste qui portait sur les mesures de protections accordées aux témoins, M. Rapp a expliqué que ces personnes peuvent témoigner sous couvert d’un pseudonyme et qu’elles peuvent également être transférées vers un nouveau lieu de résidence. Les victimes et les témoins sont notre préoccupation principale, car sans témoins, il n’y a pas de procès, a-t-il
rappelé. Il a cependant signalé que le fait de témoigner peut devenir particulièrement problématique pour les anciens membres d’organisations criminelles qui risquent de devenir, eux ou leurs familles, victimes d’une vendetta. Quinze personnes ont ainsi du être relogées en dehors de la Sierra Leone, a indiqué M. Rapp.
Suite à la question d’une journaliste qui s’interrogeait sur les accusations que risquaient d’encourir les personnes ayant fait subir des amputations à des civils innocents, M. Rapp a précisé que le mandat du Tribunal spécial pour la Sierra Leone se limitait à la poursuite des personnes situées aux plus hauts échelons de prise de décision, de nombreux critiques ayant estimé que les mandats du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie et du Tribunal pénal international pour le Rwanda étaient trop étendus.
Plusieurs questions ont également porté sur le rôle que jouaient les diamants dans le conflit en Sierra Leone. Les diamants étaient une importante motivation pour assurer et financer la poursuite du conflit, a convenu M. Rapp, qui a précisé que de nombreux civils avaient été forcés de travailler dans des mines de diamants. Il reste cependant à savoir si, comme le disent certains témoignages, les diamants étaient aussi le principal motif du déclenchement de la guerre en Sierra Leone.
Le Procureur a également indiqué qu’il profiterait de son déplacement à New York pour s’entretenir avec les membres du Comité de gestion du Tribunal spécial pour examiner des questions d’ordre budgétaire. Il a salué l’annonce faite aujourd’hui par le Gouvernement canadien d’un don de 5 millions de dollars qui vient s’ajouter à la contribution de 12,5 millions de dollars approuvée le 26 décembre dernier par le Congrès américain. Ces contributions nous permettront de conclure notre travail dans les délais impartis, a signalé M. Rapp. Tous les jugements devraient donc être prononcés d’ici le mois de janvier 2010 à condition que tous les témoignages aient été présentés avant la fin de l’été 2009, a-t-il précisé.
M. de Mistura a également estimé que la présence de l’ONU en Iraq constitue un autre développement positif pour le pays. Nous sommes actifs dans de nombreux domaines, notamment celui relatif à l’article 140 de la Constitution iraquienne et qui concerne la normalisation de Kirkouk et des frontières provinciales. L’ONU participe également à l’organisation des prochaines élections iraquiennes ainsi qu’à l’acheminement de l’aide humanitaire dans le pays, a-t-il précisé. Le Représentant spécial a néanmoins signalé qu’il importe d’assurer le suivi des activités politiques dans le pays, de maintenir le dialogue entre Iraquiens et d’adopter des lois relatives, notamment, au pétrole, aux élections provinciales et à l’amnistie. L’année 2008 est une année charnière au cours de laquelle de nombreuses choses changeront en Iraq, sans altérer toutefois l’engagement de l’ONU dans ce pays, a-t-il assuré.
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