LES MÉDIAS DOIVENT POUVOIR APPUYER LES EFFORTS DE CONSOLIDATION DE LA PAIX, ESTIMENT LES PARTICIPANTS À UNE CONFÉRENCE DU DPI SUR LA QUESTION
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Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York |
LES MÉDIAS DOIVENT POUVOIR APPUYER LES EFFORTS DE CONSOLIDATION DE LA PAIX, ESTIMENT LES PARTICIPANTS À UNE CONFÉRENCE DU DPI SUR LA QUESTION
Le Département de l’information des Nations Unies (DPI), en collaboration avec le Bureau d’appui à la consolidation de la paix, a tenu aujourd’hui sa première conférence sur le thème des médias et des communications dans la consolidation de la paix. Les participants, parmi lesquels des représentants de gouvernements et d’organisations non-gouvernementales (ONG) et des journalistes, ont souligné que les sociétés postconflit avaient tout intérêt à s’appuyer sur des médias indépendants et capables de relayer les indispensables messages et informations devant accompagner les processus de paix et de reconstruction.
Le Secrétaire général adjoint à la communication et à l’information, M. Kiyo Akasaka, a expliqué que le rôle des médias dans les contextes de consolidation de la paix était reconnu depuis la fin des années 1980, période durant laquelle les services de Radio de l’ONU se sont imposés comme des sources crédibles d’information au service du dialogue et de la réconciliation nationale.
Il a cité comme exemple la contribution de la Radio des Nations Unies dans des pays comme la Namibie, la République démocratique du Congo (RDC) –où « Radio Okapi » a aidé à créer un nouveau sentiment d’unité nationale »-, a-t-il dit, et le Cambodge, où les messages radiophoniques ont permis de sensibiliser le public à la nécessité d’aller voter. M. Akasaka a également évoqué la situation au Timor-Leste, rappelant qu’au moment du départ des Casques bleus, les médias y avaient repris le flambeau de la promotion d’une meilleure gouvernance des affaires dans un pays désormais en voie de démocratisation généralisée.
Le représentant du Japon et Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), M. Yukio Takasu, a attiré l’attention sur le rôle des médias pour ce qui est du renforcement de la transparence. « En exerçant une certaine pression sur les autorités nationales, les médias rendent celles-ci davantage responsables de leurs décisions politiques les plus importantes auprès du public », a-t-il déclaré.
Il a estimé que pour qu’une démocratie puisse recommencer à fonctionner, il fallait un gouvernement et des institutions opérationnels, une société civile et une opposition actives, et des médias réellement libres et accessibles. M. Takasu a ajouté que la voix de la presse et des radios, celle qui annonce à tous que la paix est revenue, était toujours celle qui sera la mieux entendue dans chaque recoin d’un pays.
Le Ministre de l’information et de la communication de la Sierra Leone, M. Ibrahim Ben Kargbo, a attiré l’attention sur la double nature des médias, capables autant d’attiser les haines et les conflits que de contribuer à l’unification d’un peuple. Il a indiqué que la Sierra Leone, pays soutenu par la Commission de consolidation de la paix, mettait actuellement la dernière touche à sa Stratégie de communication nationale.
Il a précisé que cette Stratégie, qui a bénéficié de l’apport du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), avait pour objectif de rapprocher le Gouvernement et les citoyens sierra-léonais, en permettant à ces derniers d’avoir leur mot à dire sur les décisions politiques engageant directement leur avenir. Il a en outre signalé que la part des médias privés allait augmenter dans la société sierra-léonaise en vue de renforcer les capacités de consolidation de la paix.
M. Ibrahim Ben Kargbo a par ailleurs déploré le manque de ressources financières nécessaires au développement des médias dans les pays sortant d’un conflit; des médias dont le rôle de catalyseur des processus de paix ne doit pas, selon lui, être négligé ou considéré comme un luxe inutile.
Mme Hafsa Mossi, Ministre de l’information, de la communication et des relations avec le Parlement du Burundi, un autre pays dont s’occupe la CCP, a emboîté le pas de son homologue sierra-léonais en mettant l’accent sur l’importance des campagnes d’information en faveur de la paix. Elle a mentionné diverses sociétés d’information dont les programmes diffusés à la télévision et à la radio s’attachent actuellement à restaurer la confiance et la compréhension entre des communautés qui s’entredéchiraient jusqu’à une date récente.
Mme Hafsa Mossi a aussi opposé les radios burundaises, véritables auxiliaires de la paix, à certains journaux qui, durant la guerre civile de 1994, ont eu recours à la pire propagande pour alimenter la division et la haine ethniques. Elle a estimé que pour que les médias participent pleinement à la consolidation de la paix, il fallait accroître leur budget en y attirant des investisseurs du secteur privé, améliorer encore la formation des journalistes et organiser plus de débats télévisés entre les dirigeants et les citoyens.
Des professionnels de l’information sont ensuite intervenus pour faire part des difficultés qu’ils rencontrent dans l’exercice de leur métier.
Le Directeur du centre de journalisme d’investigation du Népal, M. Binod Bhattarai, a ainsi indiqué qu’il était presque impossible d’obtenir des fonds extérieurs pour la formation des journalistes dès lors que les donateurs estiment que les autorités n’accordent pas la priorité aux questions de leur choix. Il s’est élevé contre la pratique voulant que le contenu des programmes diffusés dans son pays soit parfois dicté par la communauté internationale, cela aux dépens du traitement des problèmes locaux.
Une représentante des médias du Kosovo a, de son côté, souligné combien il était compliqué d’informer dans un pays comme le sien, marqué par la violence qui perdure souvent dans les sociétés postconflit. Elle a indiqué que, dans ce contexte, la diffusion de l’information pouvait rapidement mettre le feu aux poudres et saper les efforts fragiles de consolidation de la paix.
Un journaliste du Libéria, de la revue « Front Page Africa » a quant à lui insisté sur l’avènement révolutionnaire d’Internet dans les pays en reconstruction. « Au Libéria, les journalistes utilisent les sites Web et les blogs, a-t-il dit, pour dénoncer la corruption, en s’appuyant entre autres sur des sources d’information vérifiées désignées par les lecteurs eux-mêmes. »
Dans leurs remarques de clôture, les conférenciers ont appelé de leur vœu un développement des médias adapté aux défis complexes de la consolidation de la paix. Ils ont demandé que les Nations Unies entendent la voix des journalistes et autres personnels de l’information qui, sur le terrain, manquent cruellement de moyens pour répondre à la demande d’expression et de participation à la vie publique des populations.
Dans ses remarques à la fin de la Conférence, M. Kiyo Akasaka, Secrétaire général adjoint à l’information, a déclaré que les très fructueux points de vue qui ont lieu au cours de la journée feront partie d’un résumé informel du déroulement des travaux que confectionnera le DPI. Le Département partagera ce document avec la Commission de consolidation de la paix. Ce résumé, qui contiendra des suggestions sur la voie à suivre dans l’avenir, devrait être soumis à l’attention de l’Assemblée générale, à travers son Comité de l’information.
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