LA COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX ADOPTE LE CADRE STRATÉGIQUE POUR LA CONSOLIDATION DE LA PAIX EN GUINÉE-BISSAU
| |||
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York |
Commission de consolidation de la paix
Troisième session
Formation Guinée-Bissau
1re séance - matin
LA COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX ADOPTE LE CADRE STRATÉGIQUE POUR LA CONSOLIDATION DE LA PAIX EN GUINÉE-BISSAU
Réunie dans sa formation Guinée-Bissau, la Commission de consolidation de la paix (CCP) a adopté ce matin, sans vote, le Cadre stratégique pour la consolidation de la paix dans ce pays*.
Mme Maria Luiza Ribeiro Viotti, Présidente de la formation nationale Guinée-Bissau de la CCP, a félicité le Gouvernement de la Guinée-Bissau pour la manière dont il a conduit la préparation de ce document. Son adoption, a-t-elle estimé, représente une nouvelle étape majeure dans la transition qui s’opère d’une période de conflit vers la paix, la stabilité et la prospérité. Le Cadre stratégique garantit à la Guinée-Bissau une coopération avec la CCP fondée sur la maîtrise et l’appropriation nationale, le partenariat et la responsabilité mutuelle, la participation de tous, l’engagement durable, la coordination et l’inclusion, a ajouté Mme Viotti, qui a souhaité que le Cadre soit opérationnel d’ici à la fin octobre.
Le Représentant du Secrétaire général en Guinée-Bissau et Chef du Bureau d’appui des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (BANUCPGB), M. Shola Omoregie, a rappelé que le Cadre stratégique est avant tout un document du Gouvernement bissau-guinéen, même s’il a été élaboré conjointement au cours des sept mois précédents par le Gouvernement et ses partenaires internationaux, ainsi que par les organisations de la société civile et les membres de la formation Guinée-Bissau de la CCP. Ce document doit servir de clef de voûte aux engagements pris par le Gouvernement et ses partenaires pour la formulation de stratégies de consolidation de la paix qui soient durables, et de stratégies de mobilisation des ressources pour la promotion d’une paix durable, a dit Shola Omoregie.
La valeur du Cadre stratégique tient à ce qu’il est entièrement maîtrisé et soutenu par le Gouvernement et ses partenaires nationaux grâce à un Comité de pilotage national, a estimé M. Omoregie, qui a insisté sur l’importance de l’engagement politique des parties prenantes nationales. C’est bien sûr un défi, a ajouté le Représentant du Secrétaire général, pour qui il s’agit en particulier de permettre au pays de conduire des élections acceptables, de réformer le secteur de la sécurité, de combattre le trafic de drogues et le crime organisé et de mettre en place des réformes économiques.
M. Omoregie a rappelé que, depuis avril 2007, le Gouvernement bissau-guinéen a déjà pris plusieurs initiatives importantes pour mettre en place les bases d’une stabilisation politique et de la consolidation de la paix dans le pays. Il a cité le Programme pour la stabilité fiscale, adopté en mai 2007; la ratification en juillet 2007 des Conventions contre le crime transfrontière et contre la corruption; le lancement d’un plan d’urgence de lutte contre le trafic de drogues, suivi par la Conférence de Lisbonne sur le trafic de drogues en Guinée-Bissau de décembre 2007; et la mise en œuvre, depuis juin 2007, d’un cadre pour la réforme du secteur de la sécurité, suivie par le lancement d’un programme national de réforme de ce secteur, le 23 janvier 2008.
Le Représentant du Secrétaire général a également insisté sur l’importance de l’engagement de la communauté internationale pour que la Guinée-Bissau bénéficie du soutien dont elle a besoin. Cet effort, qui a été jusqu’à présent exemplaire, doit être poursuivi et intensifié dans les prochains mois et années, a-t-il préconisé.
Intervenant depuis les bureaux du BANUCPGB par vidéoconférence, le Ministre de la défense de la Guinée-Bissau, M. Marciano Barbeiro, a, au nom du Gouvernement bissau-guinéen, remercié les membres de la formation Guinée-Bissau de la Commission de consolidation de la paix, tout en se félicitant des efforts fournis par les Nations Unies en collaboration avec les autorités du pays. La consolidation de la paix est aujourd’hui notre priorité, a déclaré le Ministre, qui a mis l’accent sur la tenue, le 16 novembre prochain, des élections législatives. M. Barbeiro a dit que la Guinée-Bissau espérait pouvoir disposer de l’appui de tous ses partenaires pour aller de l’avant et atteindre tous les autres objectifs définis dans le Cadre stratégique.
Lors du débat qui a suivi la présentation du Représentant du Secrétaire général, les États membres de la formation Guinée-Bissau de la CCP ont salué l’adoption du Cadre stratégique. Elle représente, a dit le représentant de la France, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, une étape importante de l’engagement de la Commission de consolidation de la paix en Guinée-Bissau. La Commission doit rester pleinement mobilisée, a-t-il ajouté, relevant que la situation restait fragile sur le terrain et que les défis y demeuraient nombreux. Il est essentiel, a-t-il dit, que l’ensemble des acteurs du pays continuent de se mobiliser avec l’appui de la communauté internationale. Selon le représentant français, les élections à venir constituent une étape critique pour l’enracinement de la démocratie en Guinée-Bissau. Il est important qu’elles se déroulent à la date prévue et de manière démocratique et transparente, a-t-elle affirmé.
Son homologue du Mexique s’est félicité des efforts menés par le peuple et le Gouvernement de la Guinée-Bissau pour atteindre la stabilité sociopolitique en dépit d’une conjoncture défavorable. Il a également lancé un appel à la communauté internationale et aux bailleurs de fonds pour qu’ils contribuent à la consolidation financière de la Guinée-Bissau et essaient de respecter le calendrier des versements de contributions et des transferts de fonds, ce qui, a-t-il ajouté, permettra de satisfaire aux besoins essentiels de la consolidation de la paix de ce pays.
L’Ambassadeur de l’Espagne, se disant préoccupé par le manque de ressources financières, qui est de nature à handicaper le recensement à conduire en vue des prochaines élections législatives ou le recrutement du personnel spécialisé, a plaidé en faveur de la création d’un mécanisme électoral susceptible de durer et d’assurer le déroulement des futures élections, en particulier le scrutin présidentiel de 2010.
Le représentant du Cap-Vert a insisté, lui aussi, sur la nécessité de garantir un financement à la hauteur des objectifs fixés. Il s’agit de fournir un ballon d’oxygène à une collectivité qui souffre d’asphyxie, a-t-il estimé. Si les financements n’arrivent pas en temps voulu, les risques de dérapages seront réels, a-t-il précisé. Il faut une action rigoureuse et éclairée, fondée sur les engagements mutuels, a affirmé son collègue guinéen, soulignant les contraintes énormes auxquelles doit faire face la Guinée-Bissau. Le représentant de la Guinée a, par exemple, à cet égard, évoqué la dette insoutenable du pays, l’une des plus lourdes des États en développement, qu’il convient, selon lui, d’éliminer ou d’alléger.
« À l’issue des prochaines élections, il sera nécessaire de se concentrer sur la réforme et la refonte de l’administration, en particulier en ce qui concerne les secteurs de la sécurité et de la justice », a estimé le représentant de l’Allemagne, qui a aussi souligné l’importance de la lutte contre les trafics de drogues.
Le représentant du Burkina Faso a, à cet égard, mis l’accent sur la prochaine Conférence ministérielle régionale de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui aura lieu les 28 et 29 octobre au Cap-Vert, en vue, notamment, de convenir d’une stratégie régionale de lutte contre le trafic de la drogue. Il a exhorté la communauté internationale à soutenir les actions et les initiatives du pays, en particulier son plan triennal de lutte contre le trafic de drogues. Les résultats des prochaines élections ne doivent pas être déterminés par l’argent de la drogue, a insisté, de son côté, le représentant du Ghana, qui a appelé à la vigilance.
Pour le représentant du Burundi, qui est un des deux premiers pays figurant à l’ordre du jour de la Commission de consolidation de la paix, l’adoption du Cadre stratégique témoigne de l’engagement, non seulement de la communauté internationale, mais aussi de la CCP, dans l’aide à apporter au peuple bissau-guinéen qui lutte quotidiennement pour sa survie. La Commission doit, a-t-il poursuivi, s’atteler sans tarder à la mise en place des mécanismes de suivi et d’application du Cadre.
L’Ambassadeur de la Guinée-Bissau a estimé que le Cadre stratégique représentait l’aboutissement d’un effort concerté reposant sur la notion importante de l’appropriation, laquelle induit le principe de la responsabilité. Cette responsabilité est partagée et assumée non seulement par les autorités du pays, mais aussi par tous les partenaires de celui-ci, a-t-il ajouté. Le représentant a également assuré que les élections législatives auraient lieu dans la plus grande transparence et de façon crédible. Il a par ailleurs appelé le Secrétaire général à veiller à ce que la contribution financière qui sera allouée à la Guinée-Bissau puisse tenir compte de la gravité et de l’ampleur des défis à surmonter.
Reprenant la parole en fin de séance, le Ministre de la défense de la Guinée-Bissau, a réaffirmé que le Gouvernement allait mettre en œuvre toutes les réformes annoncées, de manière inclusive, mais qu’il attend aussi la contribution des pays partenaires pour être en mesure de le faire, car le principal obstacle à la mise en œuvre du Cadre stratégique est d’ordre financier. M. Barbeiro a aussi rappelé l’engagement de son pays à lutter contre le trafic des drogues. Concernant les élections, le Ministre a affirmé que, malgré la situation financière difficile, le Gouvernement a pris toutes les mesures pour que le scrutin, essentiel pour l’avenir du pays, se déroule à la date prévue, dans les meilleures conditions et sans être entaché par l’argent de la drogue. Ce processus, a-t-il affirmé, est irréversible.
Les représentants de la France, parlant au nom de l’Union européenne; du Portugal, du Mexique, de l’Espagne, du Cap-Vert, de la Guinée, de l’Allemagne, de la Jamaïque, de l’Angola, du Japon, du Luxembourg, du Canada, de l’Égypte, du Salvador, du Burkina Faso, de la République tchèque, de l’Indonésie, du Ghana, du Chili, du Bénin, du Sénégal, du Burundi, du Nigéria, du Niger et de la Guinée-Bissau, ont, dans cet ordre, pris la parole, de même que les observateurs de la Communauté européenne, de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et de la Banque mondiale.
Informations de base
C’est le 19 décembre 2007 que le Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix a créé une « formation Guinée-Bissau », suite à une demande soumise à cette fin le 11 juillet 2007 par le Gouvernement de la Guinée-Bissau au Secrétaire général afin que le pays soit inscrit à l’ordre du jour de la CCP.
Le 13 mars 2008, le Secrétaire général a déclaré la Guinée-Bissau éligible au Fonds de consolidation de la paix, faisant de ce pays le troisième, après la Sierra Leone et le Burundi, à bénéficier des ressources du Fonds. Le 16 mars 2008, le Fonds a débloqué un montant de 6 millions de dollars pour financer quatre projets à court terme, avec pour objectif de produire rapidement des résultats visibles et perceptibles en tant que dividendes de la consolidation de la paix en Guinée-Bissau. Ces quatre projets qui concernent le soutien électoral, l’emploi des jeunes, la réhabilitation des prisons et celle des casernes, doivent permettre d’établir la confiance et servir de catalyseurs pour l’assistance à long terme, qui sera fournie conformément au Cadre stratégique adopté ce jour.
* *** *
À l’intention des organes d’information • Document non officiel