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CCP/29

LE PREMIER MINISTRE DE LA GUINÉE-BISSAU OBTIENT L’APPUI DE LA COMMISSION À L’ÉLIGIBILITÉ DE SON PAYS AU FONDS DE CONSOLIDATION DE LA PAIX

20/02/2008
Assemblée généraleCCP/29
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission de consolidation de la paix

Deuxième session

Formation Guinée-Bissau

2e séance – matin


LE PREMIER MINISTRE DE LA GUINÉE-BISSAU OBTIENT L’APPUI DE LA COMMISSION À L’ÉLIGIBILITÉ DE SON PAYS AU FONDS DE CONSOLIDATION DE LA PAIX


Accompagné de ses Ministres de la défense et des finances ainsi que de son Secrétaire d’État à la coopération internationale, le Premier Ministre de la Guinée-Bissau, M. Martinho Dafa Cabi, a énuméré ce matin devant la Commission de consolidation de la paix les priorités et les défis que son gouvernement a identifiés, depuis son investiture, en avril 2007.  Face aux explications détaillées du Premier Ministre et de l’urgence de la situation, la Commission a décidé de demander au Secrétaire général de l’ONU de déclarer la Guinée-Bissau éligible au Fonds de consolidation de la paix. 


Le Premier Ministre a en effet dit son intention de soumettre à la Commission un certain nombre de projets à impact rapide dans les domaines des élections, de l’énergie, de la santé et de la création d’emplois pour les jeunes.  M. Dafa Cabi a particulièrement insisté sur l’appui que son pays attend de la communauté internationale pour organiser en novembre ou en décembre 2008 des élections ouvertes et transparentes, répondre à la pénurie récurrente d’électricité et renforcer la lutte contre le trafic de stupéfiants « qui compromet gravement les efforts du pays ».


La situation de la Guinée-Bissau a été inscrite à l’ordre du jour de la Commission de consolidation de la paix le 19 décembre 2007, après que cette dernière a, au cours de ses années d’existence*, adopté les cadres stratégiques pour la consolidation de la paix au Burundi et en Sierra Leone.  L’un des principes fondamentaux de la Commission est l’appropriation nationale, a rappelé le Représentant permanent de l’Afrique du Sud et Président du Groupe de travail consultatif du Conseil économique et social (ECOSOC) sur la Guinée-Bissau.  M. Dumisani Kumalo a souligné que, maître de sa destinée, la Guinée-Bissau a besoin d’une aide budgétaire, financière et technique prévisible.


Malgré les progrès enregistrés à ce jour, a prévenu le Premier Ministre, des difficultés persistent, dont celles liées au manque ou à la lenteur des mécanismes de déboursement des fonds nécessaires à la mise en œuvre des réformes.  Une prolongation des délais équivaut à un maintien des obstacles à la paix et à la stabilité, et donc à une menace à la démocratie naissante. 


Compte tenu de l’urgence, a commenté le représentant de l’Égypte, il convient d’ores et déjà de fixer à 35 millions de dollars le montant de la somme qui doit être déboursée du Fonds de consolidation de la paix comme cela a été le cas pour la Sierra Leone.  Cette délégation ne peut quitter New York sans la preuve que la Commission a été sensible à ses problèmes, a renchéri le représentant, appuyé par ses homologues de l’Indonésie et de l’Angola, qui a particulièrement insisté sur la pénurie d’électricité. 


La rapidité d’action est essentielle, a insisté le représentant de l’Inde, en encourageant la Commission à négocier avec les institutions financières internationales des mécanismes permettant d’accélérer le transfert de fonds.  Il a proposé à la Commission de solliciter le Fonds pour la démocratie afin de financer l’enregistrement des électeurs. 


Le Premier Ministre, M. Dafa Cabi, s’est présenté armé du Document stratégique de son pays pour la réduction de la pauvreté (DSRP) et du Document stratégique pour la restructuration et la modernisation du secteur de la sécurité et de la défense (SS Strategy Document).  Le DSRP, a-t-il expliqué, s’appuie sur quatre piliers dont le premier est l’amélioration de la gouvernance, la modernisation de l’administration publique et la stabilité macroéconomique. 


Comme deuxième pilier, il a cité la promotion de la croissance économique et la création d’emplois; le troisième étant l’élargissement de l’accès aux services sociaux et aux infrastructures de base.  Enfin, le Premier Ministre a cité l’amélioration des conditions de vie des groupes vulnérables dont les femmes et les jeunes, en indiquant que 80% de la population pauvre du pays a entre 15 et 35 ans.


S’agissant du « SS Strategy Document », le Premier Ministre a fixé quatre objectifs à moyen et à long termes, dont le premier est la mise en place d’un cadre juridique et la mobilisation des ressources humaines et matérielles.  Il s’agira aussi, a-t-il dit, de transformer les forces de défense et de sécurité en agents de stabilité interne et de sécurité externe et d’aligner les forces aux capacités et aux réalités du pays.  Enfin, en créant les conditions du développement économique, le but sera d’effacer la perception selon laquelle les forces armées sont un « véritable fardeau national ».


L’engagement de la Commission donnerait un nouvel élan à la transition postconflit et à la consolidation de la paix dans le pays, a commenté, à son tour, le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau d’appui des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau.  M. Shola Omoregie a rappelé que la réunion d’aujourd’hui doit être vue comme le couronnement du travail ardu que le Gouvernement du pays a accompli en collaboration avec le système des Nations Unies, l’Union européenne, la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et la Communauté des pays lusophones. 


Depuis son investiture, a-t-il indiqué, le Gouvernement a pris des initiatives telles que le lancement en mai 2007, d’un Programme pour le rétablissement de la stabilité fiscale, la ratification de la Convention des Nations Unies contre la criminalité organisée et celle contre la corruption, le lancement d’un Plan d’urgence de lutte contre le trafic des drogues qui a été suivi de la Conférence internationale de Lisbonne sur le trafic des drogues en Guinée-Bissau visant à mobiliser des ressources et enfin la mise en œuvre du Cadre organisationnel de la réforme du secteur de la sécurité et de la défense. 


Tous les efforts, a-t-il souligné, doivent se fonder sur le principe de l’appropriation nationale, un partenariat étroit entre le Gouvernement de la Guinée-Bissau et la communauté internationale, et la mise en œuvre et le contrôle effectifs des projets, y compris le déboursement en temps voulu des ressources financières.  De nombreuses délégations comme celles du Japon, de la Jamaïque, du Portugal ou du Ghana, ont félicité le Premier Ministre pour avoir énuméré avec « honnêteté et franchise » les problèmes que connaît son pays.  Il faut aider la Guinée-Bissau mais pas comme n’importe quel pays parce qu’il est confronté à des problèmes spécifiques sur lesquels il faut se pencher de manière urgente, a plaidé le représentant du Cap-Vert, avant que son homologue de la Guinée ne qualifie la situation dans le pays de « crise complexe dont le règlement demeure sous-financé ».


Il faut avoir confiance en ce Gouvernement et faire parvenir rapidement l’aide au vu de ce qu’a dit le Premier Ministre et de ce que nous savons de ce pays où l’explosion, compte tenu des conditions de vie de l’armée, et les conflits sociaux ne sont jamais loin, a insisté le représentant du Cap-Vert « pays non seulement ami mais véritable frère siamois de la Guinée-Bissau ». 


Il a été fermement appuyé par deux autres « pays frères », la Gambie et le Sénégal dont le représentant a appelé les institutions financières internationales à se réunir d’urgence pour trouver les moyens d’acheminer rapidement les fonds attendus.  Le représentant du Cap-Vert a également été appuyé par ses homologues du Mozambique, du Mexique, du Pakistan et du Royaume-Uni, qui a promis une contribution en tant que « donateur non traditionnel ». 


Des demandes d’informations supplémentaires n’ont pas été épargnées au Premier Ministre.  Aussi, le représentant de l’Espagne s’est-il demandé comment on peut s’assurer que les efforts de la Commission touchent l’ensemble du territoire.  Que peut faire la Commission pour élargir l’assiette des donateurs, s’est encore interrogé le représentant, avant que son homologue de l’Égypte ne s’inquiète du rôle réservé à la société civile et au secteur privé?  Y-a-t-il, comme ailleurs, des problèmes de propriétés? s’est-il aussi inquiété. 


Comment le Gouvernement de la Guinée-Bissau compte-t-il établir le lien requis entre la réforme du secteur de la sécurité et la lutte contre le trafic des stupéfiants? a demandé la représentante de la Slovénie, au nom de l’Union européenne, alors que son homologue de la France a souligné que cette réforme porte aussi sur la justice et l’état de droit qui trouvent toute leur place dans la lutte contre ce trafic.  Qu’en-est-il des progrès enregistrés dans la réinsertion des anciens militaires à la vie civile? a demandé la représentante d’El Salvador, en se disant prête à partager l’expérience de son pays en la matière.


Le représentant de la Commission européenne a demandé des précisions sur l’état de financement des élections, tout en soulignant, compte tenu des activités du Fonds européen pour la Guinée-Bissau, qu’il est urgent pour la Commission de consolidation de la paix d’aider la Guinée-Bissau à renforcer sa capacité d’absorption.  Cet appel a été appuyé par le représentant du Pakistan.


C’est la première fois depuis 2001, a dit, à son tour, la représentante du Fonds monétaire international (FMI) que nous renouons nos liens d’assistance financière avec la Guinée-Bissau.  La priorité pour 2008 est de s’assurer du paiement des dépenses.  Le FMI, a-t-elle expliqué, fournit aussi l’assistance technique à la réforme de l’administration publique, en particulier dans les domaines de la collecte des revenus et dans celui des statistiques. 


Cette année également, le Fonds procédera à un audit des arriérés de paiements qui sera financé par l’Union européenne.  Il sollicitera aussi les donateurs pour revitaliser le secteur privé, ce qui peut, a estimé la représentante, être considéré comme un projet à impact rapide. 


Tout en acquiesçant à ce qui a été dit par la représentante du FMI, le Premier Ministre de la Guinée-Bissau a argué que seul le rétablissement d’un climat de paix et de stabilité aidera le pays à se sortir de sa dépendance vis-à-vis des donateurs et à attirer les investissements du secteur privé.  Quant au travail futur avec la Commission de consolidation de la paix, il a promis « une gestion rigoureuse » qui doit être assurée par plusieurs mécanismes ayant à leur tête le même coordonnateur, comme cela a été fait avec le FMI.  « Nous pouvons résoudre nos problèmes et nous le ferons », a promis le Premier Ministre, en soulignant à son tour l’importance du principe d’appropriation nationale. 


*S/RES/1645


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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