FIN DU DÉBAT GÉNÉRAL CONSACRÉ À LA PROMOTION ET À LA PROTECTION DES DROITS DE L’HOMME
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Troisième Commission
31e séance – matin
FIN DU DÉBAT GÉNÉRAL CONSACRÉ À LA PROMOTION ET À LA PROTECTION DES DROITS DE L’HOMME
La Troisième Commission adopte un projet de résolution sur l’action engagée pour en finir avec la fistule obstétricale d’ici à 2015
La protection et la considération devant être apportées aux populations de migrants, notamment en matière de santé, ont fait partie des thèmes soulevés jeudi devant la Troisième Commission (affaires sociales, humanitaires et culturelles) au terme du débat général consacré à la promotion et à la protection des droits de l’homme. Le Mexique, au nom du Groupe de Rio, a lancé un appel pour que les populations migrantes ne soient pas administrées de façon mécanique, mais traitées comme des communautés dont l’apport au développement n’est pas contestable. Il a mis en garde contre la tendance alarmante à la criminalisation dans les règlements s’appliquant à ces personnes, qui ont quitté leur foyer, leur culture et leur langue, parfois au péril de leur vie.
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) estime qu’il y a actuellement 191 millions de migrants dans le monde. Ce matin, l’OIM a souligné que les gouvernements devaient s’attaquer aux facteurs de vulnérabilité des migrants, particulièrement aux facteurs de risque pour la santé. Les migrants souffrent d’autant plus de discrimination et de marginalisation qu’ils sont perçus comme des vecteurs de maladies, a insisté le représentant de l’Organisation.
Trois jours de débat général sur les droits de l’homme, précédé par les échanges de vues avec les rapporteurs spéciaux et les experts indépendants, ont été l’occasion d’évoquer notamment les droits des personnes handicapées, la liberté de religion, le droit au développement, le droit à l’alimentation ou à la santé.
Les débats ont mis à jour la persistance de tensions liées, selon de nombreuses délégations, à la politisation de ces questions malgré l’apparition d’un consensus sur les bénéfices de l’Examen périodique universel (EPU) du Conseil des droits de l’homme. L’ensemble des pays a déclaré voir dans ce mécanisme une avancée en matière d’examen impartial et équitable des droits de l’homme.
La Troisième Commission a par ailleurs adopté ce matin sans vote un projet de résolution présenté par le Sénégal et soutenu par plus de 110 parrainages, sur la fistule obstétricale. Le texte, qui doit encore être entériné par la plénière de l’Assemblée générale, donne pour objectif l’éradication de la fistule obstétricale d’ici à 2015.
Les délégations des pays suivants ont pris la parole: Qatar, République islamique d’Iran, Indonésie, Moldova, République de Corée, Zimbabwe, Mexique ainsi que les représentants de l’Union interparlementaire (UIP), de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et de l’Organisation internationale du Travail (OIT).
Les délégations suivantes ont fait valoir leur droit de réponse en fin de séance: Japon, États-Unis, République arabe syrienne, Iraq, République populaire démocratique de Corée, Chypre, Cuba et Fédération de Russie.
La Troisième Commission poursuivra ses travaux vendredi 31 octobre à 15 heures et se penchera sur les recommandations contenues dans le rapport du Conseil des droits de l’homme.
PROMOTION DE LA FEMME
Adoption du projet de résolution A/C.3/63/L.15/Rev.1
La Troisième Commission a adopté sans vote le projet « Appuyer l’action engagée pour en finir avec la fistule obstétricale » (A/C.3/63/L.15/Rev.1) présenté par le Sénégal au nom de nombreux coauteurs.
Au terme de cette résolution, l’Assemblée générale demanderait à la communauté internationale de soutenir l’action menée par le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP)et les autres partenaires de la Campagne mondiale pour en finir avec la fistule, y compris l’Organisation mondiale de la santé (OMS), afin de créer et de financer des centres régionaux de soins et de formation pour le traitement des fistules, en recensant les structures sanitaires susceptibles de servir de centres de traitement, de formation et de convalescence et en leur apportant un appui.
Les États seraient notamment appelés à renforcer les capacités des systèmes de santé d’offrir les services de base nécessaires pour prévenir les fistules obstétricales et le traitement des cas éventuels, en proposant une filière complète de services et à renforcer les systèmes de recherche de suivi et d’évaluation, notamment par un dispositif communautaire de notification des cas de fistule obstétricale et des décès de la mère et du nouveau-né, afin d’orienter l’exécution des programmes de santé maternelle. Elle exhorterait les donateurs multilatéraux et inviterait les institutions financières internationales et les banques régionales de développement, à étudier et mettre en œuvre des politiques de soutien aux efforts nationaux, de manière qu’une plus grande part des ressources parvienne aux jeunes femmes et aux filles, en particulier dans les zones rurales ou reculées. Elle inviterait les États Membres à concourir à l’action engagée pour faire disparaître la fistule obstétricale, le but à atteindre étant l’élimination totale d’ici à 2015.
Explications de position
Les États-Unis et le Saint-Siègeont déclaré s’associer au consensus mais ont tenu à dire que le projet de résolution ne crée pas de nouveaux droits notamment par rapport à l’avortement ou à l’usage de substances abortives, et ne pouvait, en aucun cas, être interprété comme un soutien à l’avortement. La délégation de Sainte-Lucie, qui a retiré son parrainage au projet de résolution, a pour sa part expliqué l’avoir fait en raison de l’utilisation de termes pouvant prêter à interprétation, comme « la santé génésique ». Le représentant de la République islamique d’Iran a rappelé après l’adoption que chaque État était libre de souscrire ou non à une Convention et que les références à la santé génésique étaient comprises en conformité avec le droit national iranien. Le Chili, signalant qu’il manquait 300 000 sages-femmes dans le monde, a remercié la délégation du Sénégal pour l’importance donnée au personnel médical dans ce texte.
PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS DE L’HOMME
Suite et fin du débat général
Mme HANADI WALIDAL-JASSEM (Qatar) a axé son intervention sur les efforts déployés par son pays en vue de la promotion et de la protection des droits de l’homme, en particulier par l’accélération de la mise en œuvre de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées. Elle a encouragé les gouvernements, les organisations internationales et les institutions civiles à jouer le rôle qui leur revient dans la revitalisation de la vie sociale de ces personnes car elles constituent une partie intégrante du système social dans lequel elles vivent. Les personnes handicapées ont des droits et des devoirs. Elles peuvent jouer un rôle clef dans la société si on leur donne la possibilité de réaliser pleinement leur potentiel, a-t-elle déclaré, avant de présenter en détail les réalisations de son pays dans ce domaine. Le Qatar a été le premier pays arabe à avoir ratifié la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées et avait participé activement à son élaboration. Le Qatar a aussi signé le Protocole facultatif se rapportant à la Convention.
M. SEYED HOSSEIN REZVANI (République islamique d’Iran) a expliqué que sa délégation dans sa déclaration, cherchait à éviter les attaques et les blâmes qui sont trop souvent délivrés par certaines délégations devant la Troisième Commission. Soulignant le rôle important joué par les Nations Unies dans la promotion des droits de l’homme depuis leur création, il a rappelé que le système des droits de l’homme devait tenir compte des tendances et des problèmes qui existent à travers le monde, dans toutes les régions, sans exception. En ce qu’ils reflètent les aspirations mondiales, les droits de l’homme ne doivent pas être monopolisés par certains qui cherchent à se les approprier pour des motifs politiques, a soutenu l’intervenant. Cela n’aboutit qu’à détourner les droits de l’homme de leur but.
Il a plaidé pour une nouvelle direction du débat sur les droits de l’homme et s’est demandé si le mécanisme des Nations Unies avait rempli sa tâche. La question mérite d’être posée, selon l’intervenant qui considère que les attitudes agressives de certains États et l’inertie des institutions des droits de l’homme témoignent d’une attitude politique qui sape le système. Évoquant la montée en puissance d’un antagonisme Nord/Sud, il a espéré que l’incontestable avancée apportée par le mécanisme de l’Examen périodique universel (EPU) permettra de dépasser le monopole que s’arrogent certains en matière des droits de l’homme et que l’on observe actuellement. Le Conseil des droits de l’homme doit cependant apporter des garanties supplémentaires, a estimé le représentant, selon lequel la responsabilité du Conseil consiste notamment à développer une approche intégrée qui mette tous les titulaires de mandats face à leur responsabilité d’objectivité et d’égalité. L’Iran atteint un nouveau niveau de prospérité, de démocratie et d’état de droit, a encore considéré l’intervenant selon lequel ce constat ne peut qu’être partagé par tous les observateurs impartiaux.
M. MARTY M. NATALEGAWA (Indonésie) a indiqué que dans le contexte national de son pays, la Déclaration universelle des droits de l’homme a servi de principe sous-jacent aux efforts de consolidation de la démocratie. Le soixantième anniversaire de cette Déclaration devrait permettre d’optimiser la réflexion de la communauté internationale et l’aider à réaffirmer l’engagement collectif de traduire dans la réalité les principes de ce document universel, dans un esprit de coopération internationale unifié. Il a souligné la nécessité de réaffirmer que tous les droits de l’homme sont universels, indivisibles, interdépendants et indissociables et que tous ces droits doivent être traités sur un pied d’égalité. Il s’agit donc de réaffirmer que chaque individu, quelles que soient ses particularités, a le droit de jouir de tous les droits de l’homme et libertés fondamentales. Il faut également réaffirmer l’engagement à poursuivre une coopération et un dialogue constructifs dans la promotion et la protection des droits de l’homme. En tant que l’un des premiers membres du Conseil des droits de l’homme, l’Indonésie se félicite des progrès significatifs accomplis par le nouvel organe en si peu de temps.
L’Examen périodique universel constitue l’une des innovations les plus prometteuses en matière de promotion et de protection des droits de l’homme, a jugél’intervenant. Il s’est réjoui que l’examen périodique de son pays cette année ait permis de refléter les progrès significatifs que l’Indonésie a accomplis dans le domaine des droits de l’homme et de la démocratie. Il s’est déclaré réconforté par la franchise qui a caractérisé le processus d’examen. Il a estimé que le temps est venu pour une division des tâches entre la Troisième commission et le Conseil des droits de l’homme. Il a recommandé que la Troisième Commission se concentre sur les discussions axées sur les orientations de politique afin de fournir à l’Assemblée générale des recommandations de politique stratégique, ce qui guidera la communauté internationale, y compris le Conseil des droits de l’homme, et permettra l’amélioration de la promotion et de la protection des droits de l’homme. Dans ce contexte, l’examen des pays relève du Conseil des droits de l’homme à travers les mécanismes établis, a-t-il considéré. Il a ensuite précisé des mesures récentes prises par l’Indonésie fondées sur le caractère pluraliste et diversifié du pays. Un réseau de 476 associations des droits de l’homme a été mis en place et 436 de ces associations sont d’ores et déjà opérationnelles au sein de leurs propres communautés sur tout le territoire. Il a estimé qu’il était impératif de consolider les capacités de ces communautés locales, ce qui posait des défis que le Gouvernement s’emploie à relever. D’autre part, tous les volets du Plan d’action national pour les droits de l’homme visent à promouvoir une culture de respect de ces droits, tant au niveau des autorités gouvernementales qu’à celui du public.
Mme ANA RADU (Moldova) a souhaité féliciter le Rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants pour son travail et a tenu à apporter quelques précisions suite au rapport ayant été présenté en séance plénière, par le Rapporteur, sur ce sujet. L’intervenante a expliqué qu’une série de mesures concrètes avait été prise dans son pays depuis la visite du Rapporteur en vue de réduire les lacunes signalées dans le rapport présenté par le Rapporteur devant la Commission. Le principal problème de la mise en œuvre de la législation existante est le financement; mais avec l’appui d’ONG et de contributeurs privés, des initiatives sont lancées pour améliorer les conditions de détention des détenus, soit en rénovant les cellules des prisons soit en construisant de nouveaux pénitenciers. Le problème de surpopulation carcérale n’est pas entièrement résolu mais nous sommes déjà passés cette année de 10 633 détenus à 7 444, a fait valoir la représentante, ceci grâce notamment aux amendements apportés au Code pénal et à des mesures d’amnistie. Parallèlement, la Moldova cherche à prévenir la délinquance juvénile, ce qui a déjà permis d’enregistrer certains résultats encourageants.
M. CHONG HOON KIM (République de Corée) a déclaré que les Nations Unies ont la responsabilité de défendre les droits de l’homme avec un engagement accru. Cela est d’autant plus impératif qu’aucune autre organisation que l’ONU n’est en mesure de s’acquitter de cette tâche en termes d’établissement de normes et de principes normatifs. Il a noté que le Conseil des droits de l’homme a introduit le nouveau mécanisme d’Examen périodique universel, par le biais duquel les situations des droits de l’homme dans tous les États Membres sont soumises à un examen critique périodique. Il a relevé les critiques selon lesquelles ce système risque de devenir un mécanisme qui « parle sans agir » à cause du manque d’outils et de capacité coercitive. Le délégué a estimé, à cet égard, que les progrès et l’efficacité résident dans le processus même ainsi que dans l’issue du dialogue et de la coopération entre les différents participants aux plans national et international. Il s’est félicité de l’adoption récente d’instruments normatifs comme la Convention internationale relative aux personnes handicapées, le Protocole facultatif s’y rapportant et la Convention concernant la protection des personnes contre les disparitions forcées. Il a indiqué que son pays avait adopté un Plan d’action national en 2007 dont l’application a d’ores et déjà enregistré des progrès encourageants. Grâce à ce plan, la République de Corée a élargi la portée des droits de l’homme et mieux sensibilisé l’opinion publique à ces droits. La responsabilité de protéger les droits de l’homme n’est plus une question de choix mais un devoir sacré des membres de la communauté internationale, a-t-il insisté. À cet égard, les questions de la paix et du développement doivent également être considérées dans le contexte de l’idéal des droits de l’homme, a conclu l’orateur.
Mme SARAH BHOROMA (Zimbabwe) a déclaré que dans ses efforts visant au développement et à l’autonomisation économique de son peuple, le Zimbabwe à été victime d’une ingérence continue dans ses affaires intérieures, à travers plusieurs mesures, y compris des sanctions officielles et officieuses, tout simplement parce que le Gouvernement s’est embarqué dans un processus de distribution équitable des terres. Malheureusement, à cause de cette décision du Zimbabwe, les Britanniques et leurs alliés, par le biais des médias, ont malicieusement dépeint le Zimbabwe comme hors-la-loi, chaotique et non démocratique. Les causes profondes de la crise, c'est-à-dire celles relatives au droit à la propriété terrienne, sont perdues dans le verbiage autour des violations des droits de l’homme, un sujet trop facile à vendre à des fins de propagande. La représentante a, par ailleurs, indiqué que les organisations non gouvernementales doivent œuvrer pour le bien de leur pays et s’abstenir de servir de canal ou d’instrument à l’interférence étrangère. Les prix décernés par des pays comme le Canada à des ONG qui diabolisent le Gouvernement du Zimbabwe confirment s’il le faut, notre suspicion que nos détracteurs visent à déstabiliser le pays, a-t-elle souligné, en fustigeant la férocité de la campagne contre son gouvernement. Elle a conclu en se prononçant contre l’utilisation des droits de l’homme à des fins politiques.
Mme ANDA FILIP, Union interparlementaire (UIP), a choisi dans son intervention d’évoquer essentiellement les efforts du continent africain pour sensibiliser les citoyens à leurs droits et notamment les parlementaires africains. Un projet ambitieux lancé avec les États africains francophones il y a un an, cherche à les impliquer davantage dans les activités concernant les instruments juridiques de garantie des droits de l’homme ou dans la rédaction des rapports périodiques présentés au titre des conventions internationales. Compte tenu du caractère sensible de la question, il n’est pas certain que ce projet aboutisse, a reconnu la représentante.
Plusieurs séminaires ont d’ores et déjà permis aux parlementaires d’admettre que des organes parlementaires permanents spécifiques devaient être créés. De même, les participants à des séminaires organisés au Mali, au Togo, en Mauritanie et en République du Congo ont approché avec une ouverture d’esprit et une volonté politique dont nous ne pouvons que nous féliciter, certains problèmes ayant trait aux violations subies par la population, torture, esclavage, mutilations génitales, trafic d’êtres humains, a indiqué la représentante.
En juin 2008, suite à notre mission de sensibilisation aux questions des droits de l’homme, l’Assemblée nationale togolaise a autorisé la ratification du Protocole facultatif des Nations Unies se rapportant à la Convention contre la criminalité transnationale organisée qui vise à prévenir, supprimer et sanctionner la traite des êtres humains, en particulier des femmes et des enfants, a signalé la représentante. Elle a également annoncé la tenue prochaine de différentes réunions subrégionales au Mali, au Togo et en Mauritanie pour aller plus loin encore sur ces points.
M. LUCA DALL’OGLIO, Organisation internationale pour les migrations (OIM), a axé son intervention sur le droit à la santé des migrants, acteurs de développement, qui sont souvent très exposés au virus VIH/sida. Un défi déjà identifié est l’application des instruments de droits de l’homme qui les concerne, a commenté M. Dall’Oglio, qui a annoncé la publication par le FNUAP d’un document intitulé « Migrations internationales et droits de l’homme, défis et occasions à saisir à l’aube du soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme », qui recense un travail interinstitutions auquel l’OIM a contribué. Les gouvernements y sont notamment appelés à s’attaquer aux facteurs de risque pour la santé des migrants et de leurs familles car la marginalisation est exacerbée quand les migrants sont perçus comme vecteurs de maladies, a expliqué le représentant. Dans leur cas particulier et plus encore s’il s’agit de personnes en situation illégale, il devient difficile notamment de prévoir l’extension de la pandémie VIH/sida et d’y réagir. S’attaquer à ce risque dans le cadre de la migration et de la mobilité nécessite que les pays de départ comme les pays d’accueil travaillent ensemble, en collaboration avec la société civile, a-t-il encore ajouté.
L’OIM en partenariat avec l’Organisation internationale du Travail et ONUSIDA conçoit une stratégie commune sur ces questions. Un groupe de travail intitulé « Politique du VIH/sida et migration de travail » a notamment été créé pour lutter contre les restrictions de voyages liées au VIH/sida et encore maintenues actuellement par 67 pays, a indiqué le représentant. Il a précisé qu’une dizaine de bonnes pratiques sont en cours d’identification actuellement sur différents continents. Il s’agit de mesures rationnelles, non discriminatoires, et qui seront publiées dans un rapport synthétique.
Mme JANE STEWART, Organisation internationale du Travail (OIT), a rappelé que cette année marque le vingt-cinquième anniversaire de la Convention 159 de l’OIT sur la réhabilitation professionnelle et l’emploi des personnes handicapées, adoptée en 1983 au début de la Décennie des Nations Unies pour les personnes handicapées. Aujourd’hui, la Convention 159 est promue dans la perspective d’action des décennies régionales en Asie et en Afrique, ce qui illustre l’engagement des pays de par le monde en faveur de l’amélioration du statut de ce groupe important de la population. Elle a poursuivi que l’entrée en force de la Convention relative aux droits des personnes handicapées a imprégné un nouvel élan aux efforts continus de l’OIT visant à la promotion de l’égalité des chances des personnes handicapées partout dans le monde à exercer un emploi. Notant que les personnes handicapées sont surreprésentées parmi les pauvres tant dans les pays développés que dans ceux en développement, elle a présenté les initiatives les plus récentes prises par l’OIT, en collaboration avec les organismes de l’ONU, les États, les partenaires sociaux et la société civile, dans le cadre de l’application des dispositions de la Convention 159 et la Convention relative aux droits des personnes handicapées.
Mme SOCORRO ROVIROSA (Mexique), au nom du Groupe de Rio, a principalement traité de la problématique de la migration en soulignant que la composition des sociétés actuelles est indissociable des flux migratoires historiques et contemporains. L’exemple le plus clair est notre hémisphère qui, du Nord au Sud, se caractérise par des sociétés qui sont le résultat de différentes vagues migratoires provenant de tous les horizons. Avec des politiques appropriées, il est possible d’avancer vers des communautés plus tolérantes, ouvertes, universelles et surtout humaines. Elle a exprimé le profond regret du Groupe de Rio devant les règlements criminalisant la migration « illégale » car, en règle générale, les migrants sans autorisation ne doivent pas être détenus. À ce propos, elle a exhorté les États Membres à mettre fin aux périodes excessives de détention et à respecter sans équivoque la dignité des personnes. Elle a aussi prié les États de s’abstenir de prendre des mesures stigmatisant un groupe de personnes, indépendamment de leur situation migratoire et a jugé alarmantes les tendances à la criminalisation de ces populations vulnérables qui, dans la majeure partie des cas, ont pour unique intention d’avoir un meilleur avenir, parfois au péril de leur vie et qui laissent derrière elles leur foyer, leur culture et leur langue. Le Groupe de Rio considère que la coopération et le dialogue entre toutes les parties prenantes au phénomène migratoire sont indispensables. Dans cet objectif, il faudrait impérativement opter pour une approche qui considère que les flux migratoires sont constitués d’êtres humains, qui ne peuvent être gérés ou administrés de façon mécanique. Le Groupe de Rio a conclu, qu’à quelques mois du soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, et devant les nombreux défis actuels, il est fondamental de rappeler que le plein respect des droits de l’homme et libertés fondamentales des migrants représente une condition sine qua non pour bénéficier des aspects positifs de la migration internationale.
Droits de réponse
Le représentant du Japon a exercé son droit de réponse suite aux propos de la République populaire démocratique de Corée. Il est difficile pour nous de comprendre les raisons des accusations proférées, a noté le représentant, indiquant que le Japon normalisera ses relations avec son voisin sur la base de la déclaration de Pyongyang de 2002, quand les problèmes en suspens seront réglés. Nous attendons que la RPDC prenne des mesures concrètes sur la question des enlèvements. Pour le représentant, la République populaire démocratique de Corée ne peut justifier ses violations actuelles des droits de l’homme par des affirmations selon lesquelles le Japon nie son passé. La Constitution du Japon protège l’égalité devant la loi et cherche à mettre sur pied une société libre de toute discrimination depuis la fin de la seconde guerre mondiale, a ajouté l’intervenant.
Le représentant des États-Unis a regretté le fait que le représentant de son pays n’a pas pu terminer son allocution hier devant la Commission parce que son temps de parole était dépassé. Il a signalé que cette situation se produisait fréquemment sans pour autant être relevée. Il a estimé que le droit de sa délégation avait été violé par l’action d’une minorité des membres et a fait savoir que l’intégralité du texte est disponible sur le site Internet de la Mission des États-Unis.
La représentante de la République arabe syrienne a réagi aux propos avancés hier par les États-Unis. Elle a fait état de « l’ignorance américaine » des principes juridiques qui gouvernent l’appréciation des États dans le domaine des droits de l’homme. Elle a cité un proverbe arabe, disant que « si vous vous adonnez à des interdits, soyez au moins discrets ». Les États-Unis cherchent à s’ingérer dans les affaires des États souverains, en contradiction avec les règles internationales, a dit la représentante. Le dossier de cette administration en ce qui concerne les violations des droits de l’homme est confirmé au niveau international, a-t-elle ajouté. Les enlèvements et les jugements de citoyens d’autres pays, en dehors de tout cadre juridique, la création de « prisons volantes », le meurtre de civils dans des raids aériens criminels et terroristes, à l’intérieur d’États Membres des Nations Unies, sont quelques-uns des actes à porter au dossier des États-Unis, a énuméré la représentante. La lecture américaine des droits de l’homme présuppose la suprématie de la vision américaine pourtant rejetée au niveau international, a conclu la représentante, jugeant que ce « comportement américain égoïste justifie l’isolement actuel de l’administration américaine. »
Le représentant d’Iraq, en réponse aux propos du Saint-Siège, a regretté le sort réservé aux citoyens chrétiens de Mossoul qui, après avoir vécu en paix et fraternité à travers les âges, ont depuis dû faire face à des menaces et à des actes terroristes de la part de groupes criminels, ce qui les a poussés à partir. Cela peut donner une image erronée de la réalité iraquienne, a reconnu le représentant, accusant des groupes terroristes d’avoir attaqué les chrétiens. Une commission d’enquête sur le sujet a démarré ses travaux, afin de lutter contre l’impunité et de s’occuper des victimes. Toutes les églises sont désormais sécurisées par notre gouvernement, a indiqué le représentant, selon lequel un grand nombre de familles chrétiennes avaient déjà regagné leur domicile suite à ces mesures de sécurisation. Toutes les minorités d’Iraq ont droit à la dignité, a encore assuré le représentant.
Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a affirmé que la principale question dans les relations entre le Japon et son pays est celle de la reconnaissance par le Japon des crimes qu’il a commis dans le passé. Nous pouvons vivre sans relations avec le Japon, tant qu’il ne reconnaîtra pas ses erreurs mais il ne peut se soustraire à ses responsabilités, notamment d’un point de vue moral, a déclaré le représentant. Des milliers de Coréens ont été enlevés par le Japon dans le passé et selon la déclaration de Pyongyang de 2002, le Japon doit redresser ces crimes. Nous avons, pour notre part, déjà mené une enquête sur les 13 enlèvements de Japonais dans les années 70 et 80. Les survivants et les enfants de victimes ont pu revenir au Japon. Notre sincérité n’a pas été récompensée par les actions japonaises, dont nous attendons toujours des mesures concrètes.
En réponse aux propos de la veille du délégué des États-Unis, le représentant a ensuite déclaré que ces allégations infondées visaient à assouvir une ambition de longue date qui consiste à contrôler la péninsule coréenne. La soi-disant question des droits de l’homme ne sert qu’à faire des pressions sur nous, mais nous n’avons pas de problème de droits de l’homme. Les faits parlent d’eux-mêmes, a dit le représentant.
Le délégué de Chypre, en réponse à la déclaration du représentant de la Turquie mercredi, a indiqué que celui-ci, encore cette année, réagit en détournant l’attention de l’essence du problème dont son pays est responsable. L’armée turque continue d’occuper un pays Membre de l’ONU et de l’Union Européenne, en faisant fi des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de la Cour européenne des droits de l’homme. La solution chypriote doit être décidée par les Chypriotes pour les Chypriotes, a réaffirmé le délégué. Pour respecter les droits de l’homme de toutes les communautés, quelle que soit leur origine, il faut d’abord que la Turquie retire sans délais ses troupes des parties occupées de l’Île, ce qui permettrait aux Chypriotes de vivre dans la paix et la stabilité
Le représentant de Cuba a déploré que le délégué des États-Unis ait déjà quitté la salle, sans attendre d’entendre les réactions à son intervention du mercredi. Le peuple cubain ne reconnaît aucune déclaration morale de la part d’un Gouvernement comme celui des États-Unis, qui ne respecte même pas ses lois ni son propre peuple. Il a affirmé que la torture est institutionnalisée dans la démocratie américaine. Il a fait état des « dramatiques » pratiques de torture et autres exactions contre les personnes détenues à Guantanamo, devenues de notoriété publique. Il a signalé en revanche que Cuba repose sur un système social démocratique et équitable, où l’éducation et les soins de santé sont universels et gratuits. Les Cubains ont résisté pendant près d’un demi-siècle pour démontrer leur volonté de mener une vie libre et digne, a ajouté le délégué. La société la plus opulente du monde, les États-Unis, est dirigée par une caste incapable de porter secours à des milliers de citoyens victimes d’une catastrophe naturelle, a encore accusé le représentant. Cuba ne reviendra pas sur sa façon de conduire ses affaires.
La Fédération de Russie a dénoncé le ton moralisateur des États-Unis à l’occasion de son intervention devant la Troisième Commission mercredi matin. L’appel des États-Unis à la morale est cynique car ce pays sabote systématiquement les efforts faits par les autres s’ils ne lui conviennent pas, a-t-il affirmé. Il a rappelé que 94% des ONG en Russie ont leur origine aux États-Unis et il est normal, a souligné l’intervenant, que si elles n’observent pas les lois du pays-hôte, celui-ci décide de la suspension de leurs opérations. Il a d’autre part évoqué l’affaire des poursuites contre un journaliste du New York Times qui avait publié des informations sur le système d’écoute et de filtrage des téléphones de personnalités et d’individus américains par l’administration du Président Bush. Avant et durant le procès, le journaliste a refusé de fournir ses sources, mais un juge de Washington l’a condamné à une peine d’emprisonnement et une lourde amende. Le délégué russe a détaillé le montant des amendes prévues par la loi américaine et infligées à des journalistes. D’après l’association Reporters sans frontières et d’autres associations de journalistes, plusieurs d’entre eux auraient été détenus par les États-Unis en Iraq, a dit le délégué russe. En conclusion, il a demandé aux États-Unis de respecter leur temps de parole et la souveraineté des autres États.
Le représentant du Japon a déclaré que le Japon ne peut certes échapper à son passé et qu’il souhaite normaliser ses relations avec la République populaire démocratique de Corée dans le cadre du processus de Pyongyang. Il a rappelé qu’en décembre dernier l’Assemblée générale avait adopté une résolution condamnant les enlèvements et a invité la RPDC à garantir le retour immédiat des personnes concernées.
La République populaire démocratique de Corée (RDPC) a qualifié d’« irresponsables » les propos du délégué japonais et a réaffirmé que pour les enlèvements, son pays a fait tout son possible. Il a fait état de la question des 200 000 femmes de confort -utilisées par l’armée impériale japonaise durant la Deuxième guerre mondiale- et a estimé que le Japon devrait avoir honte. Des décisions politiques doivent être prises pour la rédemption du passé, a-t-il conclu.
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