LES CAUSES PROFONDES CONTRIBUANT À LA VULNÉRABILITÉ DES ENFANTS RESTENT À ANALYSER
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Troisième Commission
14e et 15e séances – matin et après-midi
LES CAUSES PROFONDES CONTRIBUANT À LA VULNÉRABILITÉ DES ENFANTS RESTENT À ANALYSER
La Troisième Commission est saisie de deux projets de résolution sur le crime et le contrôle des drogues
Le débat de la Troisième Commission sur la promotion et la protection des droits de l’enfant a mis en exergue, jeudi, le fait que l’impulsion mondiale donnée aux cours des dix dernières années à une protection accrue des droits de l’enfant ne pourra déboucher sur des résultats tangibles et durables que si l’on s’attaque, collectivement, aux causes profondes contribuant à la vulnérabilité des enfants dans toutes les régions du monde.
Nombre de participants au débat, entamé mercredi, ont signifié que ces causes, qu’elles soient d’ordre structurel, ou qu’elles proviennent de facteurs nouveaux tels que la conjugaison des crises alimentaire, financière et énergétique, viennent aggraver la précarité et donc la vulnérabilité des familles et des enfants dans beaucoup de pays en développement et ailleurs.
Ces causes constituent, en réalité, ce « qui conduit inexorablement vers des abus inacceptables: la vente, la prostitution, la pornographie et le tourisme sexuel », selon l’expression de la Suisse. Lui faisant écho, la Principauté de Monaco a souligné que la violence envers les enfants « ne recouvre aucune réalité criminelle homogène et se présente de plus en plus comme un phénomène polymorphe ».
S’agissant du sort des enfants dans les situations de conflit armé, les orateurs ont salué les mécanismes de contrôle et de surveillance mis en place au niveau international pour remédier au fardeau de cette catégorie d’enfants, en particulier le rôle des mandats spéciaux chargés de cette question. Ils ont toutefois exhorté à leur renforcement et à une coordination accrue des efforts avec les institutions spécialisées du système des Nations Unies.
À ce propos, l’Afghanistan, la Géorgie et le Sri Lanka, de leur côté, ont illustré le vide juridique existant face aux nombreuses exactions commises à l’endroit des enfants dans les périodes d’instabilité politique et de conflit armé. En Géorgie par exemple, le conflit d’août dernier a fait de nombreuses victimes civiles parmi, les femmes et les enfants et près de 40% des 115 000 personnes déplacées étaient des enfants de moins de 16 ans.
Plusieurs intervenants ont en outre établi un lien étroit entre l’utilisation accrue d’enfants dans les conflits et l’accès facile aux armes légères que même des enfants très jeunes peuvent aisément manier. À cet égard, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, Mme Radhika Coomaraswamy, a considéré, comme un important progrès, dans son dernier rapport présentement à l’examen par cette Commission chargée des questions humanitaires, sociales et culturelles, l’adoption, en mai 2008, de la Convention sur les munitions à dispersion.
De nombreux pays ont réitéré la nécessité de lutter contre l’impunité, certains recommandant, dans le cadre du mécanisme de surveillance de l’information sur les enfants et les conflits armés l’élargissement du champ d’application des violations commises aux six catégories de violations graves et en particulier aux formes graves de violences sexuelles.
Sur le thème des enfants qui travaillent, abordé par un bon nombre de délégations, la représentante de l’Organisation internationale du Travail a indiqué que 218 millions d’enfants travaillent dans le monde, dont 126 millions occupent des emplois dangereux, en signalant également que les pays développés sont confrontés à des cas de travail de mineurs et les progrès accomplis dans la réduction de cette catégorie dans la région d’Amérique latine et Caraïbes. La Convention 138 de l’OIT sur l’âge minimum pour le travail aspirant à l’élimination complète du travail des enfants à long terme, fait l’objet de nombreuses adhésions.
D’autres comme la Tunisie, l’Iraq et la Norvège ont préconisé de développer et de partager les expériences liées à la participation des enfants dans les décisions qui les affectent, comme les initiatives nationales de tenir un parlement des enfants.
Dans l’après-midi, la Troisième Commission a entendu la présentation par l’Italie et le Mexique de deux projets de résolution, l’un* sur le renforcement du programme des Nations Unies de prévention du crime et justice pénale, et l’autre** sur la coopération internationale face au problème mondial de la drogue.
Les pays ayant participé au débat dans la matinée sont le Kenya, le Brésil, le Bangladesh, l’Iraq, le Royaume-Uni, l’Égypte, le Bélarus, les Philippines, la Chine, la Fédération de Russie, les Émirats arabes unis, Cuba, l’Islande, la République islamique d’Iran, l’Algérie, la Slovénie, le Vietnam, la Jamahiriya arabe libyenne, le Chili, la Tunisie, le Pakistan, la Suisse et le Sénégal.
La Norvège, Singapour, la Géorgie, le Mozambique, le Sri Lanka, l’Uruguay, l’Inde, Israël, le Swaziland, le Ghana, l’Afghanistan, l’Indonésie, la Principauté de Monaco, la Tanzanie, la Jordanie, l’Érythrée, le Malawi, les Pays-Bas, le Yémen, la Thaïlande, Fidji, la République de Corée et la Mongolie ont pris la parole l’après-midi.
Les représentants de l’Organisation internationale du Travail (OIT), de l’Organisation internationale des migrations (OIM), de l’Union interparlementaire et de la Fédération internationale des sociétés la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge sont également intervenus.
La Fédération de Russie et la Géorgie ont exercé leur droit de réponse en fin de journée.
La Troisième Commission poursuivra ses travaux vendredi 17 octobre à 10 heures du matin.
* A/C.3/63/L.10
** A/C.3/63/L.8
PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS DE L’ENFANT
Déclarations
M. GEHANOORI El-Yas (Iraq) a estimé que les droits de l’enfant sont le point de départ et la plate-forme politique de tous les droits de l’homme et libertés fondamentales car les enfants d’aujourd’hui seront les citoyens de demain. Si leurs droits en tant qu’enfants ne sont pas respectés, il deviendra alors difficile qu’ils le soient dans les étapes ultérieures de leur existence. En Iraq, les enfants subissent un profond impact psychologique de la violence quotidienne à travers le pays, ainsi que de la perturbation de l’enseignement. Le Gouvernement actuel a créé dans le cadre de ses programmes de protection sociale 17 institutions pour les enfants ayant des besoins spécifiques. Une assistance a été fournie à des dizaines de milliers d’enfants handicapés de moins de 15 ans et à la famille de ces enfants. La législation a renforcé les dispositions punissant les actes de violence à l’égard des enfants et dans la société en général. Un projet de loi sur les orphelins est à l’examen. Le représentant a fourni des informations détaillées sur les nouvelles lois et les priorités au plan national en vue de l’élimination du travail des enfants et sur le droit qu’ont les enfants à vivre sans exploitation ni abus. Il a annoncé que son gouvernement allait étudier avec intérêt les recommandations de la Représentante spéciale, Mme Radhika Coomaraswamy, qui a effectué une visite récente en Iraq.
Mme LUCIA MARIA MAIERÁ (Brésil) a expliqué que son pays avait axé sa politique sur l’aide aux enfants qui ne peuvent pas compter sur le soutien familial, permettant d’améliorer la vie d’un grand nombre d’entre eux. Elle a également rappelé les discussions fructueuses qui avaient eu lieu lors des deux Congrès mondiaux de Stockholm et Yokohama sur l’exploitation sexuelle des enfants. Trois mille participants dont des adolescents, des représentants de la société civile et des experts sont attendus le mois prochain au Brésil à l’occasion de la troisième édition du Congrès mondial. L’objectif de cette prochaine réunion est d’obtenir une plus grande mobilisation internationale pour lutter contre l’exploitation sexuelle, a précisé la déléguée. Elle a invité tous les États Membres à les rejoindre du 25 au 28 novembre 2008 à Rio de Janeiro, afin d’identifier ensemble les progrès et les lacunes de nos systèmes, et de dégager quelles sont les meilleures pratiques, applicables pour faire pleinement respecter les droits des enfants.
Mme VICTORIA CHALLACOMBE (Royaume-Uni) a indiqué que son pays venait d’annoncer qu’il avait levé deux de ses réserves à la Convention des Nations Unies relatives aux droits de l’enfant, l’une ayant trait à l’immigration et l’autre concernant les enfants sous la garde des adultes. Par ailleurs, elle a souhaité qu’il y ait plus d’échanges avec les instances de suivi des instruments juridiques relatifs aux droits de l’enfant, et s’est félicitée que le Dr Filali prévoit de se rendre dans son pays. Le Royaume-Uni a également pris note de l’idée proposée par le Comité des droits de l’enfant de se réunir à nouveau en deux chambres, ce qu’il avait utilisé par le passé pour procéder à l’examen de rapports des États parties et rattraper le retard.
Mme SOHA GENDI (Égypte) a indiqué qu’en élevant les droits de l’enfant au rang des priorités nationales, son pays avait obtenu des résultats intéressants, notamment en termes de réduction du taux de mortalité infantile et maternelle. Le Conseil national égyptien pour l’enfance et la maternité a par exemple constaté la disparition de la poliomyélite et du tétanos du nourrisson. En trois ans, une campagne d’information a permis de sensibiliser les jeunes filles de quelque 800 écoles à leurs droits. La Première dame du pays a, de surcroît, initié une démarche d’information sur la mutilation génitale féminine qui a obtenu de bons résultats. Un plan africain ambitieux a d’ailleurs été mis sur pied pour mettre fin à cette pratique culturelle ancestrale et l’Égypte en est le fer de lance, a expliqué la représentante. Le travail des enfants qui, nous sommes persuadés constitue une violation grave des droits des enfants, a également constitué une priorité pour l’Égypte.
La délégation égyptienne appelle à la nomination du Représentant spécial sur la violence contre les enfants au plus tôt, de façon à garantir efficacement les droits légitimes de tous les enfants dans le monde, quel que soit le niveau de prospérité du pays dans lequel ils vivent, a déclaré la représentante. Elle a également rappelé les nombreux efforts de son pays pour être en concordance avec la Convention relative aux droits de l’enfant et a exprimé la préoccupation de sa délégation sur la question de la réorganisation du travail du Comité des droits de l’enfant. La perspective de travailler en deux chambres parallèles aurait des incidences sur son fonctionnement, a estimé la représentante. Le compromis consistant à prolonger la période de session jusqu’en 2011, en dépit du poids des retards accumulés dans l’examen des rapports et du coût financier induit, à notre faveur, a déclaré la représentante.
M. SERGEI RACHKOV (Bélarus) a constaté que le rapport du Secrétaire général de l’ONU sur la protection des enfants témoigne des résultats mitigés dans la réalisation des objectifs que la communauté internationale s’était fixés. Dans le domaine où des progrès ont été enregistrés, comme la lutte contre le VIH/sida et l’éducation notamment, il reste des aspects non résolus comme le manque de personnel médical qualifié et le manque d’accès à une eau potable ou encore à des services de vaccination. Si les actions visant les enfants ne sont pas réalisées, il sera d’autant plus difficile d’atteindre les autres Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a-t-il mis en garde. Selon les statistiques de l’UNICEF, le Bélarus a enregistré la plus forte diminution de la mortalité infantile des pays de la Communauté des États Indépendants (CEI). D’autre part, les statistiques des ONG internationales comme « Social World Watch », montrent que le Bélarus affiche un taux élevé de vaccination des enfants.
Le représentant s’est dit préoccupé par le nombre d’enfants infectés par le VIH/sida au niveau mondial. Il a relevé que beaucoup de pays sont en retard quant à la réduction du nombre d’enfants présentant une insuffisance pondérale à la naissance. Au cours de la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée aux enfants, l’un des objectifs d’ici à 2010 consistait à augmenter le taux de scolarisation dans le primaire et le Bélarus est attaché à cet objectif, a-t-il indiqué, en fournissant des statistiques à cet égard. Il a salué les efforts des organismes du système de l’ONU, notamment de l’UNICEF dont il a appuyé le plan stratégique. Il a appuyé les paragraphes figurant dans le rapport du Secrétaire général relatifs à la nécessité de comprendre les besoins des enfants connaissant des situations particulières.
M. HILARIO DAVIDE, (Philippines), a déclaré que la Constitution des Philippines garantissait la protection des droits de l’enfant, et que son Gouvernement avait également élaboré un arsenal législatif dans ce sens. Parmi ces mesures figure la création du Conseil pour le bien-être des enfants, dont l’objectif est la défense des droits de l’enfant, la promotion de son épanouissement, et sa protection contre toute forme d’abus ou d’exploitation, a-t-il expliqué. Comme chaque année, ce Conseil organise plusieurs manifestations au cours du mois d’octobre, décrété mois de l’enfance aux Philippines, a-t-il fait remarquer. M. Davide a également indiqué que son pays agissait pour empêcher que les enfants soient affectés par les conflits armés. Le Gouvernement des Philippines a ainsi exprimé son soutien à la mise en œuvre de la Résolution 1612 du Conseil de sécurité et s’est déjà déclaré prêt à recevoir en décembre la Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, a-t-il souligné. Par ailleurs, il a affirmé que la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et du programme «, Un monde digne des enfants» figurait parmi les priorités du Gouvernement philippin. Le Rapport sur les progrès des OMD aux Philippines à mi-parcours montre d’ailleurs les gains réalisés par ce pays concernant le sort des enfants, particulièrement dans la baisse du taux de mortalité infantile, a-t-il observé. En conclusion, M. Davide a estimé que la protection des enfants passait par une coopération soutenue entre les États.
Mme ZHANG DAN (Chine) a jugé impératif que la communauté internationale renforce sa coopération et prenne des mesures efficaces en vue de la promotion et de la protection des droits de l’enfant. Parallèlement, il faudrait redoubler d’efforts en vue de l’élimination des causes des violations des droits de l’enfant. Le Gouvernement chinois exhorte les pays développés à assumer davantage de responsabilités et à fournir aux pays en développement une assistance financière et technique aux fins de créer un environnement propice au développement de tous les enfants du monde, a-t-elle déclaré. Les enfants chinois constituent le cinquième de la population des enfants du monde et sont considérés en Chine comme « les fleurs du pays » et «l’avenir de l’humanité ». Depuis mai 2001, le document axé sur le développement des enfants en Chine (2001-2010) a été mis en œuvre à l’échelle nationale. Il donne des directives et contient les objectifs généraux et spécifiques pour la première décennie du XXIe siècle dans quatre domaines, à savoir la santé, l’éducation, la protection juridique et l’environnement. Depuis janvier 2008, la Chine a entamé l’application de son Programme d’action en vue de mettre fin au trafic des femmes et des enfants (2008-2012), avec un accent particulier en faveur des orphelins, des enfants handicapés et des enfants de la rue, en même temps qu’à une assistance et une aide au logement des orphelins vivants avec le sida
Depuis que la Chine a adhéré à la Convention relative aux droits de l’enfant en 1991, le pays a ratifié et signé une série d’autres instruments internationaux relatifs à la protection de l’enfant dans le domaine du travail, de la lutte contre la vente des enfants, la prostitution et la pornographie de même que le Protocole sur les enfants et les conflits armés, a-telle informé. Elle a estimé que cette année représentait un tournant crucial dans l’application des objectifs du document «Un monde digne des enfants» adopté à la session extraordinaire de l’Assemblée générale en 2002.
Mme ISMAT JAHAN (Bangladesh) a estimé que les enfants devraient grandir à leur rythme. Ils ont le droit de vivre, de se développer, d’être protégés et de participer aux décisions qui ont un impact sur leur vie. Le Bangladesh a été l’un des premiers États parties à la Convention relative aux droits de l’enfant et ses deux protocoles facultatifs. Le pays a également présenté ses rapports sur les deux protocoles et a soumis ses troisième et quatrième rapports périodiques au titre de la Convention. Le troisième Plan d’action national pour l’enfant (2004-2010) reflète les Objectifs du Millénaire pour le développement et du document «un Monde digne des enfants». La législation nationale a été révisée et des lois plus sévères ont été édictées en vue de mieux protéger les filles de toutes les formes d’abus, d’exploitation, de violence, de trafics. Des progrès significatifs ont été accomplis dans l’interdiction de la détention et de la garde-à-vue des enfants. L’âge seuil de responsabilité pénale a été élevé. Par ailleurs, le Code du travail de 2006 contient désormais des dispositions éliminant et réduisant les formes de travail dangereux et l’exploitation du travail de l’enfant.
Les lois sur le travail des enfants ont été strictement appliquées dans l’industrie de l’habillement, avec l’appui de l’OIT et de l’UNICEF et une politique nationale sur le travail des enfants est en cours de préparation. La représentante a cependant exhorté le secteur privé à s’engager, tant éthiquement que socialement dans des pratiques commerciales responsables pour améliorer la condition des enfants. Elle a souligné les progrès considérables du Bangladesh dans la nutrition des enfants et si cette tendance se poursuit, le pays serait en passe d’atteindre l’OMD nº1 pour le développement. Le pays a également atteint la parité dans la scolarisation aux niveaux primaire et secondaire et a rendu obligatoire la possession d’un certificat de naissance, conformément à l’article 7 de la Convention relative aux droits de l’enfant. Enfin, des programmes spéciaux ciblant les enfants abandonnés, les enfants de la rue et les enfants handicapés ont donné de bons résultats, les ONG ayant inspiré des initiatives novatrices comme la création de la Banque de développement des enfants et des écoles à ciel ouvert pour répondre aux besoins spécifiques des enfants de la rue.
M. ALESSANDRO MOTTER, Union interparlementaire, s’est inquiété de l’augmentation des décès liés à la maternité et aux enfants. Il a rappelé que parmi les droits des enfants, aucun n’est plus important que le droit à la santé dès la naissance. Il a avancé que 97% des décès des mères et des enfants touchaient 68 pays dans le monde. L’Afrique, a noté le représentant, est particulièrement frappée. Plus de la moitié de ce type de décès se produisent en Afrique Sub-saharienne.
Des progrès ont été récemment enregistrés, a souligné M. Motter. Mais les changements sont lents et décevants. Les communautés internationales, régionales et nationales portent une attention croissante à la santé des femmes enceintes et à la survie des enfants. Des changements sont encore possibles, mais cela nécessite une ferme volonté politique et de véritables actions pour y donner suite.
M. LUCA DALL’OGLIO, Observateur permanent de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a souligné que si le nombre précis d’enfants et d’adolescents qui se déplacent à travers le monde du fait des migrations internationales est inconnu, des statistiques montrent en revanche que dans certains pays, le pourcentage de jeunes migrants peut atteindre 50%, comme c’est par exemple le cas des Nicaraguayens qui émigrent au Costa Rica. Il a précisé que l’OIM venait de publier une nouvelle étude sur le droit international et la protection des enfants migrants. L’Observateur affirme notamment que les pays hôtes doivent protéger et respecter les droits fondamentaux des enfants migrants, en particulier leur droit à l’accès aux services sociaux de base. Ils doivent, a-t-il jouté, promouvoir des conditions d’existence qui encourage une plus grande harmonie, la tolérance et le respect entre les migrants, les demandeurs d’asile et les réfugiés et le reste de la société. De même, ces pays doivent, a-t-il estimé, envisager la régularisation comme un moyen permettant de faciliter l’intégration des enfants migrants dans les communautés de destination. Lorsqu’ils arrivent dans leur pays de destination, les enfants migrants devraient bénéficier de la même protection que celle dont jouissent les enfants nationaux, rappelé avant de conclure.
Mme ELENA GASTALDO, Organisation internationale du Travail (OIT), a souligné les progrès réalisés par l’Amérique latine et les Caraïbes en matière de réduction du nombre d’enfants de moins de 14 ans obligés à travailler. Il reste néanmoins 218 millions d’enfants qui travaillent dans le monde, dont 126 millions occupent des emplois dangereux. Elle a signalé que la Convention 182 de l’OIT recueillait une large adhésion des pays, comme d’ailleurs la Convention 138 sur l’âge minimum pour le travail dont l’objectif à long terme est l’éradication complète du travail des enfants. Même les pays développés sont confrontés à des cas de travail de mineurs, a-t-elle fait remarquer. Un nombre toujours croissant de pays dans toutes les régions ont adopté des programmes pour éliminer les pires formes de travail des enfants d’ici à 2016, s’est encore félicité la représentante.
Au moins 2 millions 450 000 personnes sont exploitées à travers le monde dont 1 million 200 000 enfants âgés de moins de 18 ans. Les enfants de migrants et ceux victimes de la traite sont les plus vulnérables aux abus psychologiques et physiques, d’autant que la séparation d’avec leur famille et leur région d’origine contribue à accroître leur fragilité. La pauvreté n’explique pas tout; ce sont souvent des facteurs combinés qui conduisent à ces situations dramatiques. C’est pourquoi l’OIT demande aux États Membres de se pencher plus avant sur ces phénomènes et d’agir concrètement pour les atténuer, sinon les éradiquer.
Pour que les enfants vivent leur vie, aillent à l’école et puissent librement choisir leur emploi, il faut d’abord que leurs parents disposent d’un travail décent, a fait remarquer la représentante. Ainsi, la lutte contre le travail des enfants fait-elle partie intégrante de l’agenda du travail décent pour tous, a déclaré la représentante. La Journée mondiale contre le travail des enfants a, cette année, diffusé le message selon lequel l’éducation est la réponse au travail des enfants. L’OIT coordonne actuellement les activités entreprises en partenariat par des entités des Nations Unies, dans le cadre du Groupe spécial sur l’éducation pour tous et le travail des enfants, ceci afin de renforcer les mesures d’aide aux enfants qui travaillent.
Mme ANNE CHRISTENSEN, Fédération internationale des sociétés la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a d’abord attiré l’attention des délégations sur le fait que 2,1 millions d’enfants vivent actuellement avec le virus VIH/sida alors qu’ils étaient 1,5 million en 2001. Onze millions d’enfants africains sont orphelins du fait de la pandémie et des millions d’autres sont particulièrement vulnérables en raison du VIH/sida, une maladie qui les prive de leur enfance, a expliqué la représentante. Les stratégies développées par la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge mettent l’accent sur les communautés, placées au cœur des politiques de lutte contre le virus, a-elle poursuivi. La force de frappe des volontaires, qui sont plusieurs millions, permet de s’adresser directement aux gens pour faire passer le message du danger du VIH/sida, dénoncer les discriminations dont sont victimes les malades et plaider pour le suivi des traitements pharmaceutiques. En Afrique du Sud, la Croix-Rouge soutient par exemple plus de 120 000 enfants dont de nombreux orphelins, a déclaré la représentante, dont l’organisation compte notamment insister, dès l’année prochaine, sur la délivrance de rétroviraux aux porteurs du virus.
Les changements climatiques et les catastrophes naturelles font également peser des risques importants sur les enfants qui sont, particulièrement vulnérables à la malaria et aux diarrhées a reconnu la représentante. Les sociétés des Croix-Rouge développent notamment pour y répondre des programmes destinés à informer les enfants sur les nécessaires modifications comportementales induites par les changements climatiques et les risques naturels, a notamment déclaré la représentante, citant l’exemple de Tuvalu connu pour ses risques de tsunami.
M. VLADIMIR ZHEGLOV (Fédération de Russie) a expliqué qu’un programme fédéral spécifique intitulé «Enfants de Russie» avait été lancé et qu’un Fonds d’appui aux enfants en péril ou en difficulté avait été créé en 2008 afin d’élargir la pratique des familles d’accueil pour les enfants privés des soins de leurs parents. L’Année de la famille en 2008 en Russie a permis d’organiser plusieurs événements pour les jeunes, de diffuser une information sur leurs droits, de leur inculquer des valeurs importantes, a signalé le représentant. Selon lui, la Convention relative aux droits de l’enfant -qui s’approche de la ratification universelle- et ses protocoles facultatifs sont des instruments, à cet égard, essentiels.
Le représentant est ensuite revenu sur les événements de l’été 2008 en Ossétie du Sud et en Abkhazie où environ 10 000 enfants de moins de 18 ans ont été forcés de quitter leur foyer. Les enfants d’Ossétie du Sud se sont retrouvés sous les tirs; d’autres ont perdu la vie, certains sont devenus orphelins, tous ces faits étant dus au comportement de la Géorgie, a affirmé le représentant. Les soldats géorgiens ont fait sauter des maisons, chassé les familles et maltraité les réfugiés qui cherchaient à quitter leurs villes ossètes, a encore dit le représentant, en appelant la communauté internationale à condamner et à ne pas laisser impunis ces «crimes cyniques contre l’humanité.»
Mme SANJA STIGLIC (Slovénie) a expliqué que la protection des droits de l’enfant figurait au cœur de la politique étrangère de son pays en matière de protection des droits de l’homme, de sécurité et de développement socioéconomique. Elle a précisé que la Slovénie s’était engagée, entre autres, à appliquer les recommandations de l’Étude des Nations Unies sur la violence à l'encontre des enfants en prévenant, notamment, la violence au foyer et en interdisant les punitions corporelles. Les droits de l’enfant figureront parmi nos plus grandes priorités lorsque nous présiderons le Conseil de l’Europe en 2009, a-t-elle enchainé, pour ensuite souhaiter l’adoption prochaine du protocole facultatif de la Convention internationale sur les droits économiques, sociaux et culturels. Ce nouvel instrument permettra de renforcer la protection des droits de l’enfant, a-t-elle estimé. Elle a cependant relevé que la Convention relative aux droits de l'enfant sera donc le seul instrument à ne pas disposer de son propre mécanisme d’examen de plaintes. Elle a demandé la tenue d’un débat « constructif » sur cette question.
La représentante a ensuite indiqué que le Gouvernement slovène avait créé, en 2002, un Centre régional pour le bien-être psychologique des enfants, qui accorde une attention particulière au bien-être et à la réhabilitation d’enfants victimes de conflits dans l’ouest des Balkans, en Iraq et dans le Nord-Caucase. Elle a également estimé que le Congrès du tiers-monde, qui débutera au mois de novembre à Rio de Janeiro, devrait définir une approche plus efficace et holistique pour combattre l’exploitation sexuelle des enfants. Mme Stiglic a également insisté sur l’importance d’informer les enfants de leurs droits.
Mme CLAUDIA PEREZALVAREZ (Cuba) a déclaré que, dix ans après le Sommet sur les enfants, on peut dire qu’il y a eu des progrès tels que la baisse de la mortalité infantile. Il reste cependant des enjeux dans la réalisation de l’OMD nº4. En 2006, près de 7 millions d’enfants sont morts avant de souffler leur cinquième bougie. Avec la crise actuelle, des millions d’enfants souffrent de l’augmentation de la pauvreté, de la malnutrition, de la faim et connaissent des conditions de vie très difficiles. Des millions d’enfants continuent de travailler et sont victimes de brutalité physique et d’intimidation. Ils souffrent de politiques de migration qui portent atteinte aux droits de l’homme et de l’enfant, ainsi que des mesures injustes adoptées aux États-Unis. Depuis 45 ans, pratiquement un demi-siècle, Cuba vit sous le blocus imposé par les États-Unis; pourtant Cuba connaît ailleurs le taux le plus faible de mortalité infantile grâce à la gratuité de ses soins de santé et aux efforts extraordinaires consentis par le peuple cubain. La représentante a rappelé que l’éducation, aussi, est gratuite à Cuba. Elle a rappelé que chaque année, l’Assemblée générale exhorte les États Unis à lever le blocus économique injuste imposé à son pays. Le monde ne peut se permettre de se reposer alors que les enfants partout sont en proie à des abus épouvantables, a-t-elle conclu, en invitant à la solidarité internationale.
M. ZACHARY D. MUBURI-MUITA (Kenya) s’est réjoui des progrès intervenus notamment en Afrique mais il a aussitôt souligné que de nombreux efforts restaient à faire. La loi kényane de 2001 sur les enfants fournit un cadre juridique de protection des droits des enfants, a signalé le représentant. L’enseignement primaire universel a été introduit au Kenya en 2003, ce qui fait qu’aujourd’hui les résultats sont globalement bons en la matière, sauf dans les zones arides et semi-arides, a nuancé le représentant. La pénurie d’enseignants due au manque de ressources et au virus VIH/sida et le surpeuplement des salles de classe dans les zones très peuplées constituent aussi des défis importants. Avec l’appui de partenaires tels que l’UNICEF, le gouvernement a investi dans des infrastructures d’enseignement, a encore fait valoir le représentant.
S’agissant des questions de santé, la lutte contre le paludisme, première maladie responsable des décès des enfants de moins de cinq ans au Kenya, a eu des résultats importants, a affirmé le représentant. Un numéro vert disponible 24 heures sur 24 permet de demander une aide pour les enfants, et 50 000 appels à ce numéro ont été comptabilisés entre mai et août 2008. Le Plan national d’action pour les orphelins et les enfants défavorisés, notamment en raison de la pandémie du VIH/sida, a permis de venir en aide à environ 30 000 foyers.
M. HJALMAR W.HANESSON (Islande) a estimé que les rapports soumis à la Troisième commission étaient une excellente base pour les débats. Il a regretté que la nomination du représentant spécial sur la violence à l’égard des enfants ait pris du retard. Les enfants du monde représentent notre avenir et il est de notre devoir de les respecter et de les protéger. Des actes de violence continuent à être perpétrés contre eux dans toutes les parties du monde, et les experts des Nations Unies ont largement analysé et présenté l’impact de toutes ces formes de violence. L’intervenant a appelé à la condamnation de toute forme de violence à l’égard des enfants, en particulier celle à caractère sexiste. L’impunité continue d’être un problème grave et les coupables doivent être présentés devant la justice. La façon la plus efficace d’arriver à cette fin consisterait à œuvrer résolument en vue de la paix et de la stabilité mondiales. Certaines formes de violence dépassent les 6 catégories établies et il est primordial de faire cesser la violence à l’encontre des femmes et des jeunes filles dans les situations de conflit armé. L’intervenant a appuyé le renforcement des activités de suivi et de contrôle dans les opérations de maintien de la paix.
M. MOHSEN EMADI (République islamique d’Iran) a estimé que la communauté internationale devrait prôner une approche impartiale, non stéréotypée et compréhensive des droits des enfants. Il a fait le constat que les violations des droits des enfants, et surtout des filles, se poursuivaient sous différentes formes à travers le monde, notamment en raison de l’éclatement des familles et de la pauvreté. Les conflits armés sont une autre cause de ces violations, a-t-il signalé en faisant référence aux situations vécues par les femmes et les enfants dans les territoires palestiniens occupés. « En dépit des efforts déployés par les États Membres, nous n’avons pas été en mesure de créer un monde adapté aux enfants et respectueux de leurs droits », a regretté le représentant en déplorant notamment la persistance des violences sexuelles, des trafics d’enfants et du travail des enfants.
En Iran, de nombreuses décisions judiciaires ont permis d’élaborer de nouvelles lois et politiques respectueuses des droits de l’enfant, dans le cadre public ou au sein de la famille, en offrant aux enfants des moyens de se protéger de la violence. Les tribunaux mentionnent désormais la Convention relative aux droits de l’enfant quand ils statuent sur les questions liées aux droits de l’enfant. Les droits doivent être promus parmi les enfants eux-mêmes à travers l’éducation et d’autres systèmes. Il a également signalé l’existence d’une émission de radio diffusée en Iran, « La voix de la famille », qui offre aux enfants et à leurs familles la possibilité d’échanger leurs expériences et de partager leurs problèmes. Il s’agit désormais d’un point de référence quotidien pour les enfants dans les villes comme en zones rurales. Le bureau de l’UNICEF en Iran a commencé à rechercher la coopération des dignitaires religieux en matière de lutte contre la violence, a indiqué le représentant en soulignant que cela ouvrait de nouvelles perspectives importantes.
Mme SALIMA ABDELHAK (Algérie) a souligné que son pays accordait une importance primordiale à la protection des enfants considérant leur éducation, le soin de leur santé mentale et physique, leur protection comme ses priorités. Celles-ci sont traduites dans les différentes constitutions algériennes et confirmées par la ratification de la Convention relative aux droits de l’enfant en 1992 et de ses deux Protocoles facultatifs en 2006, de la Convention 182 de l’OIT de la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant africain et son Protocole sur la traite des personnes, a ajouté la représentante. Elles sont également prises en compte dans les différents programmes adoptés en Algérie pour améliorer les conditions de vie de ses citoyens tels que le programme quinquennal complémentaire au soutien de la croissance économique 2005-2009. Le ministère délégué chargé de la famille et de la condition de la femme coordonne les actions en faveur des enfants disséminées dans plusieurs ministères. L’état de santé général des enfants s’est amélioré et le taux de mortalité a baissé, notamment grâce à la multiplication des infrastructures sanitaires et à la lutte contre les maladies endémiques par des programmes de vaccination, de prévention de maladies et d’espacement des naissances.
Il faut savoir par ailleurs que les enfants abandonnés sont placés dans des familles grâce à la kafala qui assure leur prise en charge matérielle et leur insertion dans la société, a indiqué la représentante. La scolarisation obligatoire et gratuite des enfants, sans discrimination aucune selon le genre, a permis d’assurer l’éducation primaire pour tous et de réaliser des scores massifs atteignant pour l’année 2005 les 94%. Pour lutter contre la pauvreté et l’exclusion des enfants des mesures sociales accompagnent la scolarisation des enfants. Les familles démunies sont aidées pour la rentrée des classes, la cantine et le transport scolaire. En matière judicaire, l’Algérie accorde la priorité à la protection sociale avant d’envisager sa protection judicaire, a ajouté la représentante. Une stratégie nationale de lutte contre la violence à l’égard des enfants a par ailleurs été adoptée, mettant en relief le caractère multidimensionnel de la violence.
M. BUI THE GIANG (Viet Nam) a affirmé que son pays, qui fut le deuxième dans le monde et le premier en Asie à adhérer à la Convention relative aux droits de l'enfant, avait travaillé sans relâche pour mettre en place les recommandations adoptées en 2003 et en 2006 par le Comité des Nations Unies des droits de l'enfant, et au moment où le pays finalise les troisième et quatrième rapports nationaux sur la mise en œuvre de la Convention pendant la période 2002-2007. Le représentant a ainsi énuméré cinq mesures principales prises par le Viet Nam dans le cadre de cette mise en œuvre. L’une d’entre elles intègre la protection, les soins et l’éducation des enfants dans des programmes de développement socioéconomique et appuie le Plan d’action pour les enfants pour 2010, centré sur l’amélioration des conditions de santé et d’éducation pour les enfants, en particulier les enfants désavantagés. Il a mis en lumière quelques résultats des efforts entrepris, notamment dans les domaines de la santé et de l’éducation. Ainsi, plus de 90% des enfants de moins de six ans, soit 8,4 millions, ont accès à une carte de soins gratuits, tandis que les taux de scolarisation atteignent 97,5% dans l’éducation primaire et 85% dans le secondaire. Le représentant a également souligné que le Viet Nam comptait toujours sur un soutien continu en termes d’expérience, d’expertise, de connaissances, de techniques et de ressources financières, et en tout premier lieu de la part du système des Nations Unies.
Mme SAMIRA A. ABUBAKAR (Jamahiriya arabe libyenne) a expliqué que son pays avait créé des centres sociaux, des jardins d’enfants, et des centres mères-enfants dans toutes les villes du pays. Un Haut Comité pour l’enfance est par ailleurs chargé d’élaborer des plans et programmes pour les enfants, dont l’évolution est suivie de près par l’organe de l’enfance au sein du Département des affaires sociales a détaillé la représentante. Malgré un soutien sans précédent de la communauté internationale à la lutte contre les violations des droits de l’enfant, les violations persistent; des enfants sont blessés, ou subissent des mutilations pour avoir été utilisés de force dans les conflits armés, a dénoncé la représentante. Elle a également cité le cas des enfants obligés d’immigrer, et qui de ce fait se retrouvent souvent enrôlés dans des milices armées. La représentante a toutefois exprimé la satisfaction de sa délégation à l’égard de l’amélioration du sort de certains enfants dans les conflits armés, grâce aux actions combinées du Conseil de sécurité et de la Représentante spéciale, Mme Coomaraswamy.
Elle a attiré l’attention sur les traitements subis par certains enfants dans les maisons de correction, et le sort de ceux qui, au lieu d’aller à l’école exercent des emplois dangereux. À son avis, la communauté internationale se doit de demander des comptes aux pays qui tolèrent ces situations. L’intervenante a encore alerté l’auditoire sur le phénomène des enfants de rue dans certains pays, propice à la délinquance juvénile et qui peut de ce fait entraver les efforts entrepris pour promouvoir les droits de l’enfant. En conclusion, la représentante a fait part de sa profonde préoccupation à l’égard des souffrances des enfants sous occupation étrangère et particulièrement ceux des territoires arabes occupés qui sont maltraités par les forces d’Israël, certains étant jetés dans des prisons de ce pays.
Mme BELÉN SAPAG (Chili) a indiqué que pour s’aligner avec les objectifs fixés par la communauté internationale les dix dernières années, la Président Michelle Bachelet, qui est membre du Réseau mondial de leaders en faveur des OMD Nº4 et 5, a pris une série d’initiatives orientées vers les domaines d’action contenus dans le Plan d’action de la session extraordinaire. Le système de protection intégrale de la petite enfance « Chile crece contigo » -le Chili grandit avec toi-, destiné à offrir les mêmes opportunités de développement aux filles qu’aux garçons chiliens durant la petite enfance, a été mis en place. Des campagnes organisées à l’échelle nationale pour montrer à quel point une bonne santé était cruciale pour le développement de l’enfant ont été également été effectuées. Elle a cité l’un après l’autre les instruments internationaux relatifs à l’enfant ratifiés ou signés par le Chili, et a fait des commentaires sur les rapports dont la Commission est saisie, en particulier celui du Comité des droits de l’enfant. Elle a appuyé la proposition de ce Comité visant à se réunir en deux chambres en octobre 2009 et en janvier 2011. Cependant, le Chili voudrait que cette mesure ne soit que de transition car les modalités de fonctionnement dudit Comité ont été conçues pour des sessions en plénière. Elle a finalement indiqué que son pays avait présenté la candidature de l’experte Marta Mauras pour siéger dans ce Comité pour la période 2009-2013.
M. HABIB MANSOUR (Tunisie) a invité les États Membres à accorder toute leur attention aux recommandations contenues dans les documents « Les enfants et les OMD « et celui de l’UNICEF « La situation des enfants dans le monde 2008: la survie de l’enfant ». La mise en application réussie de ces recommandations, a-t-il indiqué, ne sera possible qu’à travers la conjugaison des efforts de tous, tant aux niveaux national que régional et international. Ceci est d’autant plus urgent que le monde fait face, aujourd’hui, à des dangers globaux que seule une action collective pourrait atténuer. Indiquant que la Tunisie, pays à population jeune, comptait essentiellement sur ses ressources humaines pour assurer son développement et poursuivre son progrès, il a ajouté que son pays s’est employé à soutenir les réformes par des mesures et applications pratiques et réelles touchant le vécu quotidien de l’enfant. Ainsi un Prix du Président de la République des droits de l’enfant a été établi. La Tunisie célèbre chaque année la Fête nationale de l’enfance, et a créé un parlement de l’enfant, comme elle est en passe d’élaborer le deuxième plan national pour l’enfance (2002-2010). Le représentant a également annoncé qu’en phase avec les décisions prises par l’ONU, notamment la résolution 62/139, les pouvoirs publics de son pays ont récemment encouragé le lancement d’un centre pour enfants autistes qui, outre sa vocation médicale, est également destiné à organiser des séminaires de formation pour faire connaître cette pathologie. Il a signalé que tout en s’occupant du bien-être de l’enfant, l’État a consacré des moyens importants pour les jeunes. La jeunesse est la solution et non le problème, est l’expression du Président de la Tunisie définissant le dossier des jeunes durant l’Année 2008 proclamée par la Tunisie « Année du dialogue global avec la jeunesse ».
Mme AQSA NAWAZ (Pakistan) a estimé qu’il était urgent que la communauté internationale remplisse les engagements pris lors de la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée aux enfants. Il est encourageant toutefois de noter que les pays renforcent leurs activités dans l’enseignement, la nutrition ou l’approvisionnement en eau potable, a signalé la représentante. Le Pakistan a été l’un des premiers pays à ratifier la Convention relative aux droits de l’enfant et les instruments sur la traite et la prostitution. Un plan d’action pour les jeunes et les abus, ciblant en particulier les jeunes filles, est en passe d’être finalisé. La lutte contre l’analphabétisme prévoit de rendre obligatoire la fréquentation de l’école primaire d’ici à 2015. En matière de conscientisation des droits des enfants dans l’opinion publique, le Pakistan a également produit des efforts notables, s’agissant par exemple de l’âge minimal pour le mariage ou le travail. La qualité et la prospérité des sociétés de demain dépendent des investissements consentis aujourd’hui en faveur des enfants, a conclu la représentante.
M. JEAN DANIEL VIGNY (Suisse) a ciblé son intervention sur l’application des normes internationales de protection de l’enfance dans les conflits armés; le Protocole facultatif concernant la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie impliquant des enfants et le thème des enfants ayant des parents en détention. Sur le premier thème, il a soutenu avec beaucoup de conviction le mandat de la Représentante spéciale, qui sera prolongé lors de cette session de l’Assemblée générale. M. Vigny a souligné qu’il était fondamental que des mesures soient prises à l’encontre des individus s’étant rendu coupables de violations graves du droit international à l’égard des enfants. Il a souhaité qu’il soit procédé à l’élargissement du champ d’application des violations commises contre les enfants dans les conflits armés aux six catégories de violations graves, et en particulier aux formes graves de violence sexuelle. Il a appelé au renforcement et à la consolidation du mécanisme de lutte contre les violations graves à l’égard des enfants en période de conflit armé. Traitant du deuxième thème, le représentant a rappelé que la Suisse avait ratifié, en 2006, le Protocole facultatif concernant la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie impliquant des enfants. La ratification est un acte politique significatif au plan de la solidarité, mais son application est encore plus importante, a-t-il insisté. M. Vigny a soutenu la position du Comité des droits de l’homme sur l’importance de la prévention : il est primordial de s’attaquer d’une manière globale aux causes profondes qui contribuent à la vulnérabilité des enfants, les conduisant inexorablement vers des abus inacceptables, la vente, la prostitution, la pornographie et le tourisme sexuel, a-t-il encore souligné.
Abordant le thème des enfants ayant des parents en détention, M. Vigny a informé que dans le cadre du 60ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, la Haut-Commissaire vient de lancer une campagne de sensibilisation visant à souligner la dignité et la justice de personnes en détention partout dans le monde. Dans ce contexte, il a mis la lumière sur un groupe de victimes souvent oubliées, celui des enfants de parents en détention. Les effets que l’emprisonnement d’un parent a sur la santé mentale et la stabilité sociale d’un enfant ne sont pas souvent pris en compte en droit pénal, a-t-il noté en appelant la communauté internationale à prendre en considération cette catégorie d’enfants lorsqu’elle célébrera, l’an prochain, le 20e anniversaire de la Convention relative aux droits de l’enfant. Il a regretté que le processus de négociation d’une résolution sur les droits de l’enfant a été rendu opaque à tel point que sa délégation n’a pu y prendre part.
Mme LEYSA FAYE SOW (Sénégal) a signalé que parallèlement à la mobilisation des États à l’occasion de la Session extraordinaire des Nations Unies consacrée à l’enfant en 2002, les communautés locales sénégalaises de base se sont aussi mobilisées afin de créer une dynamique induisant des changements sociaux et culturels, pour le respect des droits fondamentaux des enfants, et lutter contre les mariages précoces et les mutilations génitales féminines. Elle a estimé que ceci a fait du Sénégal un des pays modèles au niveau de l’approche utilisée et des résultats enregistrés contre ces deux fléaux. Au Sénégal, le Document stratégique pour la réduction de la pauvreté (DSRP) est le cadre de référence et de mise en synergie des interventions et des partenaires du développement, et qui prend en compte les questions relatives aux enfants en situation de risques, notamment l’intégration de la lutte contre les pires formes de travail des enfants. Le pays dispose également d’une politique de développement intégrée de la petite enfance, avec l’avènement du Programme et de l’Agence nationale de la case des Tout petits, élaboré en 2006, ciblant les enfants de 0 à 6 ans. À ce cadre de travail pour la protection et la promotion de l’enfance s’ajoutent le Programme décennal de promotion de la jeunesse (2006-2010), le Programme décennal de l’éducation et de la formation visant à l’éducation pour tous d’ici 2010 et le Programme de renforcement de la nutrition, aspirant à éliminer les troubles liés aux carences en iode et l’avitaminose A, ainsi qu’à permettre un accès durable à une alimentation en quantité et en qualité suffisante,.
Mme MONA JUUL (Norvège) a estimé que la communauté internationale devait développer et partager les expériences liées à la participation des enfants dans les décisions qui les affectent. Elle a suggéré que l’Assemblée générale traite de ce sujet l’an prochain, à l’occasion du vingtième anniversaire de la Convention relative aux droits de l'enfant. L’Assemblée générale, a-t-elle précisé, devrait s’appuyer sur les travaux les plus récents du Comité des droits de l'enfant, l’Étude des Nations Unies sur la violence à l'encontre des enfants et les pratiques documentées de l’UNICEF, des organisations non gouvernementales, des gouvernements, des enfants et des jeunes, La participation des enfants est essentielle au succès de la mise en œuvre de nombreux autres droits de l’enfant, a-t-elle ajouté. La représentante a également exprimé son inquiétude concernant la poursuite de l’application de la peine de mort aux auteurs de crimes âgés de moins de 18 ans, ce qui constitue, a-t-elle souligné, une violation flagrante de la Convention. Rappelant que l’abolition de la peine capitale et des peines d’emprisonnement à perpétuité pour les enfants constituait une des recommandations de l’Étude des Nations Unies sur la violence à l'encontre des enfants, elle a proposé que le Secrétaire général présente un rapport à l’Assemblée générale, lors de sa prochaine session, sur son respect par tous les États Membres.
Mme PAMELA YOONG (Singapour) a indiqué que son pays détenait, à égalité avec l’Islande, le taux de mortalité infantile le plus bas au monde, selon les statistiques de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’espérance de vie des citoyens singapouriens est l’une des plus longues au monde. Ceci résulte notamment de l’efficacité d’un programme de vaccination qui informe tous les parents des dangers représentés par certaines maladies infantiles. Ce programme, établi sur la base des recommandations de l’OMS, vise également à faire face aux nouvelles épidémies, a précisé la représentante. Elle a, par ailleurs, indiqué que le système scolaire de Singapour était aujourd’hui envié par bon nombre de pays alors que dans les années 1970, 30% d’enfants inscrits au cycle primaire ne parvenaient pas à accéder au cycle secondaire. À l’heure actuelle, presque tous les étudiants bénéficient d’un cursus scolaire d’une dizaine d’années et 93% d’entre eux suivront les enseignements du cycle secondaire.
Dès leur plus jeune âge, les enfants de la République de Singapour ont la volonté et la capacité de participer à la vie de la société, a indiqué la représentante. Chaque enfant scolarisé consacre six heures de son temps chaque année, au service de la communauté, afin de développer chez les enfants un intérêt pour le service public, a expliqué la représentante. En 2010, Singapour aura la joie d’accueillir les Jeux Olympiques des jeunes, ce qui permettra aux jeunes du monde entier de se réunir autour de valeurs communes, de respect, de justice, de joie et d’équilibre, a déclaré la représentante. La question n’est pas de se demander si nous avons les moyens d’investir pour la jeunesse, la question serait plutôt « avons-nous les moyens de ne pas le faire » a-t-elle déclaré en conclusion, citant Marian Wright Edelman, fondatrice et présidente du Fonds de défense des enfants.
M. MAIA SHANIDZE (Géorgie) a affirmé que de graves violations des droits de l’enfant avaient été perpétrées en Géorgie au cours de l’agression militaire « imposée par le voisin » du pays. Il a précisé que près de 40% des 115,000 personnes déplacées au cours du conflit étaient des enfants de moins de 16 ans. La Géorgie fait tout son possible pour aider les enfants réfugiés et déplacés, a-t-il déclaré, ajoutant que nombre d’entre eux avaient été traumatisés par les pillages et les tueries, et souffrent de stress post-traumatique, de crises d’anxiété et de dépression. Il a ensuite signalé que l’aide humanitaire destinée aux femmes et aux enfants avait été stoppée par les « forces d’occupation » russes.
Après avoir remercié la communauté internationale pour sa réaction face à l’appel éclair lancé par l’ONU, le représentant a dit que l’invasion russe avait eu des conséquences négatives sur le système éducatif géorgien. La pose de mines et de bombes à sous-munitions a rendu de nombreux bâtiments dangereux, tandis que des centaines d’établissements scolaires ont été transformés en centres d’hébergement pour réfugiés, a-t-il précisé, ajoutant que la rentrée scolaire avait été repoussée dans plusieurs régions du pays. Le représentant géorgien a ensuite rappelé que d’une manière générale, les enfants déplacés connaissent souvent des échecs scolaires. Le Ministère de l’éducation et de la science a dû suspendre de nombreux programmes, a-t-il enchaîné, avertissant que l’avenir du programme de réforme du système éducatif géorgien était en jeu. Il s’est également inquiété du fait que, dans le district de Gali, qui est actuellement contrôlé par des séparatistes, l’enseignement en géorgien soit interdit.
M. FILIPE CHIDUMO (Mozambique) a indiqué que la protection des droits de l’enfant était l’une des préoccupations principales de son Gouvernement. Outre la signature de la Convention relative aux droits de l’enfant, le représentant a indiqué que le Mozambique avait également ratifié plusieurs protocoles facultatifs, relatifs notamment à la vente d’enfants, la prostitution d’enfants et la pornographie exploitant les enfants, la participation d’enfants aux conflits armés et l’élimination des pires formes de travail d’enfant. Il a ensuite indiqué que la nouvelle Constitution du pays s’aligne sur la Convention relative aux droits de l’enfant. Un plan d’action national pour les enfants a été lancé en 2006, a expliqué le représentant, ajoutant que celui-ci accorde une attention particulière à la nutrition, la protection juridique, la santé maternelle et infantile, le VIH/sida, l’assainissement, l’éducation et les loisirs. M. Chidumo a ensuite indiqué qu’un plan multisectoriel pour les orphelins et les enfants vulnérables permet à ces enfants de bénéficier de services de base du pays.
Le représentant a également insisté sur le fait que le respect des droits des enfants ne peut se faire sans garantir un niveau de vie minimum à leurs parents et aux sociétés dans lesquelles ils vivent. Il a ensuite réitéré son appel pour un plus grand engagement politique débouchant sur des avancées économiques et politiques plus équitables et plus équilibrées.
M. HMGS PALIHAKKARA (Sri Lanka) a affirmé que son pays poursuit une politique de développement social active et de mesures institutionnelles et juridiques en faveur de la promotion et de la protection des enfants. Rappelant que la population du Sri Lanka compte 36% de moins de 18 ans et que 20% est en âge scolaire, le représentant a ajouté que son pays est sur la bonne voie pour parvenir bien avant l’échéance fixée par les OMD pour l’accès à l’éducation primaire universelle. De même, le pays enregistre une baisse constante de la mortalité infantile et maternelle et la vaccination universelle des enfants est une réalité. Le représentant a également rappelé que son pays a ratifié l’an dernier la Convention sur les droits des personnes handicapées et prend des mesures pour mieux protéger les enfants handicapés.
Plusieurs programmes sont en cours pour protéger les enfants contre les abus et l’exploitation sexuelle, a déclaré M. Palihakkara, qui a précisé que le Code pénal du Sri Lanka a été récemment amendé pour incorporer les sanctions correspondant aux condamnations pour exploitation sexuelle d’enfants. Il existe par ailleurs un régime juridique strict pour protéger les droits des enfants adoptés, notamment dans le cadre d’adoptions internationales, a ajouté le représentant. Le Gouvernement du Sri Lanka à jouer un rôle important pour sensibiliser les Nations Unies à la pratique répugnante des enfants soldats, a déclaré M. Palihakkara. Le représentant a ensuite accusé le « mouvement terroriste des Tigres de libération de l’Eelam Tamoul » (LTTE) de menacer les efforts de protection des enfants en continuant de recourir de façon systématique au recrutement forcé d’enfants soldats, citant le chiffre de 6 273 recrutements depuis 2002 et de 1 415 cas actuellement, selon un décompte de l’UNICEF. Il a noté qu’une branche dissidente des LTTE qui a renoncé au terrorisme et est entré dans un processus politique, le TMVP, coopère pour mettre fin à la pratique des enfants soldats, en a déjà libéré 39 et travaille avec le Commissaire à la réhabilitation pour libérer les 139 qui restent dans ses rangs. En revanche, a-t-il accusé, le LTTE n’a pris aucune mesure comparable, ni pour cesser ses recrutements, ni pour libérer les enfants soldats dans ses rangs. M. Palihakkara a enfin salué les initiatives du Représentant spécial du Secrétaire général en faveur des enfants après les conflits et a expliqué que son gouvernement met actuellement en œuvre un programme complexe de réintégration au profit des anciens enfants soldats dans la province de l’Est depuis que celle-ci a été libérée des activités du LTTE.
M. GUSTAVO ALVAREZ (Uruguay) a estimé que, les enfants faisant partie des groupes les plus vulnérables de la société, les États devraient systématiquement tenir compte de leur avenir au moment où ils établissent des programmes et politiques qui risquent d’affecter leur vie. Le Code uruguayen des enfants et des adolescents s’attache à garantir les droits des enfants, inhérents à toute personne humaine. Cela leur donne notamment le droit d’être entendus quand il s’agit de l’évolution de leur existence et le droit d’ester en justice, en étant assistés par un Conseil. Le Gouvernement uruguayen s’est engagé à prendre en compte les recommandations du Comité des droits de l’enfant. Un conseil a été spécialement créé pour coordonner les mesures prises pour que l’État s’acquitte au mieux de ses tâches de respect des droits de l’enfant, a expliqué le représentant.
La pauvreté chez les enfants touche particulièrement l’Uruguay, a encore indiqué le représentant, qui s’est félicité de ce que la situation se soit améliorée dans ce domaine, au cours de ces deux dernières années. Des progrès importants ont été réalisés pour éliminer la malnutrition, réduire la mortalité infantile, et améliorer la santé maternelle, a précisé le représentant. L’exploitation des enfants, autre motif d’inquiétude, résulte notamment de la pauvreté, de la violence à l’intérieur de la famille, a-t-il a estimé. Il faut encourager la formation de tous ceux qui s’occupent de l’enfance, pour les rendre plus sensibles et pour qu’un cadre juridique adéquat se mette en place. Il faut non seulement protéger les victimes contre les abus mais aussi tenir responsables ceux qui ont recours à des enfants pour satisfaire leurs pulsions ou qui les violentent, à l’école ou dans les foyers. Rien ne peut justifier la violence, a rappelé le représentant. Sa délégation a profondément regretté qu’un an après l’adoption de la résolution 62/141, le Secrétaire général n’ait pas encore nommé de Représentant spécial sur la violence, et que les nombreuses demandes d’explication adressées par des États Membres soient restées sans réponse précise.
M. TARIQ ANWAR (Inde) a constaté que les objectifs fixés par la communauté internationale dans le document « un monde digne pour les enfants » n’ont pas été atteints puisqu’il existe encore 73 millions d’enfants de par le monde qui ne bénéficient d’aucune sorte d’éducation primaire et que le taux de scolarisation dans l’enseignement secondaire demeure faible. Seulement 53% des enfants de la tranche d’âge concernée ont pu accéder au cycle d’enseignement secondaire et ce pourcentage chute à 25% en Afrique subsaharienne, a–t-il précisé. Dans le domaine de la santé, là encore, les progrès ne sont pas uniformes et un nombre considérable de pays ne sera pas en mesure d’atteindre, en 2015, l’objectif de réduire de deux tiers la mortalité infantile. Cela s’explique par le fait que les causes premières de la mortalité des enfants de moins de cinq ans ne sont pas traitées comme il se doit. S’attaquer aux problèmes plus larges tels que l’élimination de la pauvreté, l’accès à l’eau potable, et l’assainissement de l’environnement favorisera une mise en œuvre efficace des programmes spécifiques aux enfants, a indiqué le représentant. Réagissant au rapport de la Représentante spéciale sur les enfants et les conflits armés, M. Anwar a regretté que plus de 2 millions d’enfants aient péri dans les zones de conflit et 6 millions d’autres mutilés à vie. Il incombe à la communauté internationale de faire en sorte que la plus haute priorité soit accordée au problème des enfants dans les situations de conflit armé.
Au niveau national, l’Inde développe les services de développement intégré en faveur des enfants qui visent à assurer de manière systématique le développement des enfants de moins de 6 ans, le suivi des femmes enceintes et des mères qui allaitent. Actuellement, 41 millions de personnes bénéficient de ce programme. En outre, un nouveau plan pilote intitulé « Conditional Cash Transfer for Girl Child with Insurance Cover » qui consiste à transférer, sous certaines conditions, de l’argent en espèces à toute famille ayant une fille pour lui assurer une couverture médicale, sera lancé avant la fin de l’année. Le représentant a ajouté qu’un programme novateur intitulé « Integrated Child Protection Scheme », lancé récemment, tend à créer un environnement propice au développement de l’enfant, en particulier au bien-être de ceux vivant dans des conditions difficiles. L’Inde a révisé en 2000 sa législation en matière de justice juvénile et rééquilibre ses allocations budgétaires et ses dépenses pour les secteurs ayant un impact sur le bien-être des enfants. Dans le but de garantir une éducation universelle, le pays a alloué 6% de son PNB à ce secteur pour la période 2007-2012, a indiqué M. Anwar.
Mme SANDRA SIMOVICH (Israël) a fait remarquer que le sujet des enfants et des conflits armés, source d’inquiétude dans le rapport de GraçaMachel, de 1996, constituait toujours, plus de 10 ans plus tard, un motif de préoccupation, peut-être même plus important, compte tenu des conflits en cours et du terrorisme. Dans certaines régions, des acteurs non étatiques sont devenus parties à des conflits, en conduisant régulièrement des opérations parmi la population civile. Les civils, a-t-elle fait remarquer, deviennent d’ailleurs régulièrement des cibles de leurs actions. Les enfants, dont la vulnérabilité est reconnue par tous, sont néanmoins utilisés pour des opérations-suicides, endoctrinés par les tenants d’idéologies extrêmes, en violation de leurs droits. Ainsi au Moyen-Orient par exemple, les rumeurs sur les pseudo camps d’été de jeunes organisés par le Hamas sont parfaitement alarmantes, a signalé la représentante.
Au lieu de jouer, les enfants sont entraînés à des techniques de combat et de lancement de missiles. Des générations entières seront sacrifiées ainsi, si la communauté internationale n’intervient pas pour mettre fin à ces camps qui conduisent directement au terrorisme, a averti la représentante. Il ne faut pas non plus que la communauté internationale continue de tolérer les violences dont les enfants sont victimes, y compris les violences de nature sexuelle. La politique de tolérance zéro prônée par les Nations Unies doit s’appliquer de manière urgente dans tous ces cas, a estimé la représentante, en appelant l’Organisation à mettre en œuvre cette impunité zéro.
Tout n’est cependant pas sombre, a nuancé la représentante, en mettant l’accent sur les avancées réalisées en ce qui concerne la situation des enfants dans son pays. Cette année, Israël a ratifié le Protocole facultatif sur la vente des enfants, la prostitution et la pornographie impliquant des enfants, a-t-elle indiqué, en faisant remarquer que son pays est désormais partie aux trois instruments internationaux pour la protection des enfants. La représentante a souhaité que le représentant spécial sur la violence à l’encontre des enfants soit rapidement nommé, soulignant que les enfants devaient avant tout pouvoir se sentir en sécurité à la maison et à l’école. Le châtiment corporel est totalement interdit en Israël car il institutionnalise une culture où la violence devient le moyen privilégié d’arriver à ses fins, a assuré la représentante avant de conclure.
M. JOEL M. NHLEKO (Swaziland) a souligné que les droits fondamentaux et libertés des individus, parmi lesquels les droits de l’enfant, étaient inscrits dans la Constitution du pays. La Constitution, a-t-il précisé, reconnaît le droit à une éducation primaire gratuite pour les enfants, garantissant ainsi la réalisation du deuxième des OMD sur l’accès universel à l’éducation primaire. Le représentant a, en outre, fait état de la mise en place de différents programmes pour les enfants visant à obtenir des progrès dans la lutte contre la pandémie de VIH/sida, déclarée comme étant une catastrophe nationale en 2001 par le Roi Mswati III. Le Gouvernement a ainsi mis en place un Plan national d’action 2006-2010, qui a pour objectif de permettre aux orphelins et aux enfants vulnérables d’avoir accès à l’eau, à la nourriture, à un logement et à une éducation de base. Il a, par ailleurs, dit attendre avec impatience la nomination du Représentant spécial du Secrétaire général sur la violence faite aux enfants. Il a, toutefois, noté avec inquiétude le fait que l’Assemblée générale ne dispose pas, en attendant, d’un rapport annuel.
M. LESLIE CHRISTIAN, (Ghana), a déclaré que le développement de l’Afrique dépendait des programmes mis en œuvre pour protéger l’enfance, les enfants représentant environ 50% de la population de chaque pays du continent. En adoptant l’Action accélérée pour la mise en œuvre du plan d’action pour une Afrique digne des enfants, l’Afrique s’est engagée à agir de manière spécifique dans ce sens d’ici, à 2012, a-t-il indiqué. De même, le Ghana a adopté un certain nombre de lois, de réformes et de programmes visant à garantir l’accès à l’éducation pour tous les enfants, à lutter contre le paludisme, à prévenir le VIH/sida, à combattre les violences faites aux enfants et à leur assurer une nutrition suffisante, a-t-il expliqué. Ainsi, la Stratégie nationale de protection de l’enfant a-t-elle été finalisée en 2007, avec le soutien de l’UNICEF, afin de protéger les enfants pauvres et vulnérables contre toutes les formes d’abus, de négligence, d’exploitation par le travail ou de pratiques traditionnelles douloureuses. Rappelant que l’étude de l’ONU en 2006 sur la Violence à l’encontre des enfants montrait toutefois qu’il reste beaucoup à faire dans ce domaine. M. Christian a appelé à la pleine application de la Convention sur les droits de l’enfant et de la Déclaration et du plan d’action contenus dans le programme « Un monde digne des enfants ».
Mme MARIAMME NADJAF (Afghanistan) a déclaré que le Gouvernement afghan s’efforce de reconstruire le pays, ravagé par 30 années d’une guerre qui a affecté d’une manière dramatique la vie des enfants, en particulier des filles. Les principales victimes de la guerre en Afghanistan sont nos enfants, a-t-elle insisté, ajoutant que des années de conflit ont détruit les infrastructures de base telles qu’un logement adéquat, l’eau et la nourriture, l’accès aux écoles et aux structures de soins de santé, et ont détruit les relations au sein de la cellule familiale. La guerre a aussi causé de graves problèmes au sein de la société et une anxiété permanente. Elle a néanmoins réaffirmé la détermination de son gouvernement à alléger le fardeau des enfants grâce à la mise en œuvre des OMD et de ceux figurant dans le document « Un Monde digne des enfants », notamment par le biais de la Stratégie nationale pour le développement de l’Afghanistan. Depuis la chute des Taliban et malgré les nombreux défis à relever, l’Afghanistan a accompli des progrès dans la protection des droits de l’enfant. En 2002, il a ratifié la Convention relative aux droits de l’enfant et ses deux Protocoles facultatifs, et a inclus dans sa législation nationale des lois visant à la protection des droits de l’enfant. D’autre part, le Président Karzaï a appuyé le Mécanisme de suivi et de présentation de rapports périodiques, conformément à la résolution 1612 du Conseil de sécurité de l’ONU, à l’issue de la visite en juillet 2008 de Mme Coomaraswamy en Afghanistan.
En matière d’éducation, environ 6 millions d’enfants ont repris le chemin de l’école, dont 35% sont des filles, a indiqué la représentante. Elle a remarqué toutefois qu’un grand nombre d’enfants, notamment en milieu rural, ne peuvent toujours pas se rendre à l’école. À ce jour, près de 1,2 million de filles en âge scolaire restent à la maison et ce, en raison de facteurs liés à l’insécurité et à des conditions sociales et économiques très difficiles, a expliqué la représentante. C’est pourquoi elle a invité les partenaires internationaux à appuyer la mise en œuvre du Plan afghan pour l’éducation, dont les objectifs incluent le développement d’écoles à proximité des communautés. En matière de santé, le taux de mortalité infantile et maternelle a diminué de 85 000 à 40 000 par an, plus de 5 millions d’enfants sont immunisés contre la polio et 81% de la population bénéficie désormais de soins médicaux. Elle a rappelé que le terrorisme constitue la principale menace et affecte d’une manière significative la vie des enfants qui restent ses premières victimes. En effet, dans le cadre de leur campagne d’intimidation, les Taliban et Al-Qaïda ont recours à des actes de brutalité et à de nouvelles tactiques telles que le recrutement, l’entraînement et l’exploitation des enfants comme combattants, et les envoient effectuer des opérations-suicide. Elle a exprimé sa profonde inquiétude face au nombre, chaque fois plus élevé, d’enfants tués et blessés par les Taliban et par leur tentative de remettre en question les acquis enregistrés au cours des sept dernières années en matière d’éducation et d’autonomisation de la femme.
M. ADE PETRANTO (Indonésie) s’est réjoui qu’en dépit des nombreux défis auxquels les enfants sont encore confrontés, des progrès avaient été accomplis pour assurer aux enfants de meilleures conditions de vie. L’eau potable et les services sanitaires sont désormais accessibles à près de 10 millions de personnes supplémentaires, a déclaré le représentant. Les enfants sont plus nombreux à être scolarisés, les campagnes de vaccination ont permis de sauver 2,5 millions d’enfant chaque année, jusqu’à rayer presque entièrement la polio des menaces pesant sur les enfants, a indiqué le représentant. Il faut pourtant prendre garde aux crises alimentaires qui appauvrissent encore davantage ceux qui n’avaient déjà pas grand chose, a averti le représentant. La crise économique constitue indéniablement une menace pour les progrès accomplis en matière de droit des enfants, a estimé le représentant. Il est donc essentiel d’aider les États Membres à maintenir à flot leur politique nationale, notamment lorsqu’il s’agit des enfants, a considéré le représentant.
Compte tenu du fait que la famille constitue la structure de base la plus appropriée pour aider l’enfant à s’épanouir, il ne faut pas perdre de vue le sort des mères, a-t-il insisté. Il faut assurer une éducation aux mères, a-t-il préconisé, car elle sera forcément profitable à leurs enfants. Il a également appelé la communauté internationale à mettre fin à l’impunité de ceux qui exploitent les enfants, notamment dans les conflits armés. Il a conclu en disant que les projections statistiques permettaient à son pays d’espérer atteindre d’ici à 2013 les engagements contenus dans le document intitulé « Un monde digne des enfants ». Dans le domaine de l’éducation, le pays pense arriver à assurer la scolarité des enfants pendant 12 ans d’ici à la date butoir de 2015. Mais les contraintes financières étant toujours d’actualité, les partenariats sont vitaux pour l’Indonésie, a indiqué le représentant, avant de conclure.
M. GILLES NOGHÈS (Monaco) a rappelé que l’année passée, l’Assemblée générale a adopté une déclaration dans laquelle « nous réaffirmions notre volonté politique d’intensifier l’action que nous menons afin de bâtir un monde digne des enfants ». La Principauté de Monaco n’a pas manqué à ses engagements à cet égard, notamment en devenant le treizième État à signer un accord-cadre de coopération avec le Fond des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) d’une durée de trois ans, renforçant la prévention de la transmission du VIH/sida de la mère à l’enfant. Ce projet permettra à chaque femme concernée d’avoir accès à ce type de service et à chaque nouveau-né de bénéficier d’un traitement approprié. À terme, 70% des femmes enceintes pourraient profiter de ce genre de prestation, a expliqué le représentant. Les crimes commis à l’encontre des enfants sont ceux qui heurtent le plus la conscience de l’humanité, a-t-il encore déclaré, en déplorant que la violence envers les enfants ne recouvre aucune réalité criminelle homogène et se présente de plus en plus comme un phénomène polymorphe.
Il a fait part de la préoccupation de son gouvernement face aux proportions croissantes de la traite internationale d’enfants et a exhorté à un accroissement de la coopération internationale afin de combattre des fléaux tels que la vente d’enfants, la prostitution et la pornographie les mettant en scène, la pratique répandue et endémique du tourisme sexuel ou l’offre croissante de matériels pornographiques, notamment sur l’Internet ou d’autres supports. Il a souhaité qu’un représentant spécial sur la violence à l’encontre des enfants soit sélectionné le plus rapidement possible et que ses activités soient coordonnées avec celles de la Représentante spéciale pour les enfants et les conflits armés. Il a pleinement soutenu la mise en place en septembre dernier, à l’initiative de la France, d’un suivi des Principes de Paris qui représentent une initiative majeure dans le domaine de la démobilisation et de la réintégration des enfants victimes de conflits armés.
Mme MARIAM JOY MWAFFISI (République-Unie de Tanzanie) a déclaré qu’on ne saurait assez souligner l’importance de la promotion et la protection des enfants, qui constituent 50% de la population totale en Tanzanie et sont notre ressource du futur. Le pays a développé des mesures générales incluant la politique à l’égard des enfants (2008), émanant de celle de 1996 et qui offre des orientations pour la survie de l’enfant, sa protection contre les abus, la violence et l’exploitation, et son développement dans tous ses aspects. Un autre plan, s’étalant de 2007-2010 s’attache aux droits des enfants les plus vulnérables y compris les orphelins, les enfants de la rue, les enfants au travail, les enfants exploités sexuellement, les handicapés et ceux victimes de la traite des personnes humaines. Elle a signalé que son pays s’achemine vers la réalisation de l’objectif d’éducation avant le délai imparti mais que celui de la santé accuse du retard puisque la mortalité infantile n’a diminué que de 99 à 68 pour 1000 naissances, et celle des moins de 5 ans de 147 à 112 pour 1 000 naissances.
Elle a noté que ces taux demeuraient élevés et que la décentralisation; la fourniture de moustiquaires imprégnés, de vitamine A et la vaccination ont contribué à la diminution de la mortalité chez les enfants. En dépit des quelques avancées résultant de telles initiatives, la Tanzanie est en butte à des défis majeurs comme la pauvreté, les ressources humaines et financière inadéquates, le manque de services médicaux, l’absence d’accès adéquat à l’eau, en particulier dans les zones rurales, le taux élevé de prévalence du VIH/sida et les dispositions relatives aux droits de l’enfant, qui sont éparpillées dans différents codes et ne sont pas systématiquement appliquées. Sur les enfants dans les situations de conflits armés, elle a appuyé le travail de Mme Coomaraswamy consistant à analyser les causes profondes des conflits et attend les conclusions qui émaneront de cet exercice.
Mme SOUHAD KHRIESAT (Jordanie) a déclaré qu’à mi chemin de la date butoir pour atteindre les OMD, 75 millions de filles et de garçons dans le monde n’ont toujours pas accès à l’école, 774 millions d’adultes ne savent ni lire ni écrire, et une femme sur quatre ne jouit même pas des bases élémentaires pour lire et écrire. À ce jour, 113 pays n’ont toujours pas réussi à atteindre la scolarisation universelle dans l’enseignement primaire, a-t-elle indiqué. Une forte volonté politique demeure vitale si l’on veut réellement traduire les principes et objectifs de la session extraordinaire sur les enfants en stratégies et plans d’action concrètement appliqués sur le terrain, a encore déclaré la représentante, qui a souligné qu’il s’agira également d’accompagner cette volonté de ressources financières substantielles. La Jordanie occupe une place de choix dans la région et figure parmi les pays à revenus moyens en ce qui concerne la prestation de soins médicaux. La Jordanie, a-t-elle précisé, assure une couverture médicale à 98% de sa population. La mortalité infantile a diminué, avec 22 décès pour 1 000 naissances. Le pays ne connaît plus de cas de poliomyélite ni de diphtérie depuis 1995. Le Gouvernement jordanien continue de venir en aide aux enfants palestiniens et iraquiens qui, a-t-elle rappelé, méritent que le monde ne les oublie pas, en particulier pour garantir le respect de leurs droits fondamentaux, du droit de jouir de leur enfance et de leur droit à la sécurité. Il faudrait que la communauté internationale assume ses responsabilités à leur égard, a-t-elle insisté.
Mme SABA HABTE (Érythrée) a considéré que la communauté internationale avait l’obligation morale de soutenir les enfants, qui souffraient en priorité des conséquences des crises actuelles. L’Érythrée a produit des efforts conséquents pour s’adapter aux instruments internationaux de protection des droits de l’enfant, a poursuivi la représentante dont le pays vient de soumettre deux rapports périodiques au Comité des droits de l’enfant.
Le Gouvernement a fait construire davantage d’hôpitaux et d’installations de santé qui ont bénéficié aux mères et à leurs enfants, a déclaré la représentante. Le programme de vaccination touche désormais 73% des enfants et le taux de mortalité infantile a fortement décliné ces dernières années, grâce à des actions contre le paludisme ou le tétanos, et aux apports nutritionnels distribués aux enfants, ce qui permet toujours à l’Erythrée de parvenir à atteindre l’OMD nº4 dans les délais fixés. S’agissant du VIH/sida, la propagation aux zones reculées de la pandémie a été empêchée, a indiqué la représentante.
Le taux de scolarisation a presque doublé en primaire, a ajouté la représentante. Les enfants handicapés ont été intégrés au système éducatif tout comme les enfants des rues, autre groupe vulnérable. Il est par ailleurs désormais interdit de mutiler sexuellement les petites filles et de vendre du tabac à des jeunes. Un plan d’action national de prévention de l’exploitation des enfants a été élaboré et 15 600 familles d’accueil d’enfants vulnérables ont trouvé là un moyen d’obtenir des revenus supplémentaires. Un centre de détention et de réhabilitation spécifique aux jeunes a été créé, après un passage dans des centres d’audience où ils ont entendu séparément des adultes, a encore expliqué la représentante.
Mme JANE ASANI-NDELEMANI, (Malawi), a estimé que l’accomplissement du programme « Un monde digne des enfants » était le moyen le plus sûr d’atteindre les OMD d’ici à 2015. Notant que le Malawi avait soumis au début de 2008 son deuxième rapport périodique à la Commission sur les droits de l’enfant, elle a détaillé les mesures prises par son gouvernement dans ce domaine. Elle a ainsi cité l’exemple de la gestion intégrée des maladies infantiles, qui a permis des progrès dans la distribution de médicaments de base et de moustiquaires, ou dans la formation des travailleurs de santé. À ce titre, elle a déploré que beaucoup de ces travailleurs partent exercer leur profession dans des pays développés, mettant ainsi en danger l’action du Malawi, et a souhaité que cette question soit abordée lors du Forum mondial sur la migration et le développement qui se tiendra aux Philippines le mois prochain.
Un deuxième Plan pour l’éducation, couvrant la période 2005-2012, a été élaboré et une loi sur les soins, la protection et la justice pour les enfants a été adoptée, a par ailleurs indiqué Mme Asani-Ndelemani. Plusieurs projets, tels que la Campagne pour mettre fin aux abus contre les enfants lancée en 2007, ont également été mis en œuvre, tout comme des exercices de sensibilisation au trafic des enfants, avec l’aide de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Rappelant que quatre millions d’enfants vivaient dans la pauvreté au Malawi, elle a conclu en évoquant le schéma de transfert de liquidités appliqué par le Gouvernement pour lutter contre la malnutrition, la faible alphabétisation ou la transmission du VIH/sida. Sur ce dernier point, elle a expliqué qu’un Plan national d’action pour les orphelins et les enfants vulnérables pour la période 2005-2009 avait été élaboré, et que l’information sur le VIH/sida avait été intégrée aux cursus scolaires.
Mme MIRA WOLDBERG (Pays-Bas) a déclaré que sa délégation attendait avec impatience la nomination du nouveau Représentant spécial sur la violence à l’encontre des enfants, dont le principe a été approuvé à la clôture des travaux de la première partie de la soixante-deuxième session de l’Assemblée générale. Elle a estimé que les États Membres et le système des Nations Unies devraient s’impliquer davantage pour répondre aux défis posés par les violences à l’encontre des enfants, car c’est un problème que connaissent toutes les régions du monde. La représentante a indiqué qu’au début de 2009, les Pays-Bas accueilleront une conférence internationale sur la violence contre les enfants, qui aura pour thème les violences domestiques. Les experts et décideurs devront partager leurs meilleures pratiques pour répondre aux défis. Ces défis, qui sont exposés par le Professeur Pinheiro dans son rapport de 2006, restent malheureusement d’actualité, a indiqué la représentante.
Les enfants victimes d’abus et d’exploitation souffriront toute leur vie, et c’est pourquoi, il faut briser le cycle infernal des violences, a déclaré la représentante. Elle a souhaité obtenir des informations de fond sur le travail des enfants lors du prochain rapport du Secrétaire général et a demandé aux États Membres de ratifier rapidement les Conventions de l’OIT relatives au travail des enfants.
M. WAHEED ABDULWAHAB AHMED AL-SHAMI (Yémen) a affirmé que son pays n’épargnerait aucun effort pour assurer le développement et l’épanouissement des enfants, comme il l’a toujours fait en étant un des premiers pays signataires des instruments juridiques internationaux de protection des enfants. La loi sur les droits des adolescents dès 1992, puis celle sur les droits des enfants en 2002 témoignent également des efforts entrepris par le Yémen pour mettre en œuvre efficacement la Convention sur les droits de l’enfant et ses deux Protocoles facultatifs, a précisé le représentant. Des instruments institutionnels tels que le Conseil supérieur de la maternité et de l’enfance, ainsi que le Conseil des droits de l’homme traitent, en priorité, des questions relatives aux enfants. En juin 2007, a ajouté le représentant, le Yémen a adopté un plan stratégique d’action en faveur des enfants et des jeunes et créé un conseil national de la jeunesse.
La société civile s’implique également dans les efforts visant à garantir le respect des droits de l’enfant. L’UNICEF joue aussi un rôle important dans ce cadre en assistant le Gouvernement du Yémen à mettre en œuvre divers programmes, a indiqué le représentant, qui a demandé à la communauté internationale d’agir pour que tous les enfants palestiniens puissent s’épanouir librement comme ils le méritent, après tant d’années d’occupation.
Mme NADARIYA NOPAKUN PHROMYOTHI (Thaïlande) a estimé que six ans après l’adoption de l’initiative « Un monde digne des enfants », il restait encore beaucoup à faire. Elle a indiqué que la Thaïlande avait mis en place une Stratégie nationale et un Plan d’action pour la période 2007-2016 qui met l’accent sur la santé, l’éducation, la protection et la lutte contre le VIH/sida. La représentante s’est également félicitée du fait que la Thaïlande avait réussi à établir la parité dans l’enseignement primaire et secondaire, et ce, dix ans avant la date butoir des Objectifs du Millénaire pour le développement. Elle a ajouté que son pays s’atèle à présent à fournir une éducation secondaire universelle.
Mme Phromyothi a ensuite indiqué que le système judiciaire thaïlandais contient de nouvelles mesures qui ambitionnent de protéger les femmes et les enfants de toutes formes d’abus et d’exploitation. Une législation destinée à enrayer la traite des personnes vise à protéger tous les enfants qui en sont victimes, quelle que soit leur nationalité, tandis qu’un Acte d’inscription civique, adopté en 2008, stipule que tout enfant né sur le territoire national a le droit d’obtenir un certificat de naissance. La Thaïlande aimerait aussi souligner le fait que les droits des enfants doivent être mis en œuvre par l’intermédiaire de la famille, a-t-elle poursuivi, ajoutant que cette « unité fondamentale de la société » devrait être renforcée afin qu’elle puisse fournir la protection nécessaire. La représentante a également souligné l’importance d’informer les enfants de leurs droits. Elle a également engagé les États Membres à inclure plus de délégués de la jeunesse dans leur délégation et à appuyer la candidature de la Thaïlande pour siéger au sein du Comité des droits de l'enfant.
M. BERENEDO VUNIBOBO (Fidji) a considéré que la structure familiale, attaquée de toute part, était prioritaire pour l’épanouissement des enfants. Il est indispensable d’insister sur le rôle qui revient à la structure familiale et qui mérite le soutien et la protection de l’État. Les parents ont le devoir d’élever leurs enfants en conformité avec leurs valeurs et ce n’est pas à l’État de se substituer à eux, a déclaré le représentant. Il a regretté qu’il soit trop souvent question de droits dans l’enceinte de l’ONU, sans que les responsabilités correspondantes ne soient mentionnées. Les droits et les responsabilités doivent se soutenir et se renforcer mutuellement, a préconisé le représentant, car si les enfants ont droit aux soins et à l’éducation fournis par leurs parents, ils leur doivent obéissance et respect en échange. Les parents eux aussi ont des droits et des devoirs. Conscient que ces propos pouvaient paraître archaïques aux yeux de certains, le représentant a insisté en disant que la famille était la forteresse que les enfants pouvaient quitter, en étant devenus des adultes responsables.
Ainsi, a poursuivi le représentant, s’agissant du soutien des gouvernements aux familles, les conseils ne doivent pas être imposés du haut vers le bas, et certainement pas venir d’endroits aussi éloignés que New York ou Genève. Il s’est référé à la Déclaration universelle des droits de l’homme pour rappeler que c’est de la base familiale, le groupe naturel et fondamental de la société, que devaient venir les suggestions pour l’éducation des enfants. L’article 26 de la Déclaration précise que les parents ont le droit de choisir l’éducation qu’ils souhaitent donner à leurs enfants. Parler des droits de l‘enfant revient à parler des droits de leurs parents et de la famille dans son ensemble, a déclaré le représentant. C’est avec cet esprit que Fiji compte travailler étroitement avec les autres Etats Membres et les entités des Nations Unies, a-t-il conclut.
Mme ENKHTSETSEG OCHIR (Mongolie) a expliqué que son gouvernement avait adopté et mis en œuvre un programme d’action national pour la protection et le développement des enfants couvrant la période de 2002 à 2010, afin d’adapter à la Mongolie les objectifs du Plan d’action d’un « Monde digne des enfants ». Ce programme couvre six domaines, a-t-elle indiqué, à savoir des réformes juridiques, un environnement sain pour les enfants, une éducation de qualité, la politique familiale, la participation et l’accès des enfants et des adolescents à l’information, et le renforcement des capacités des organisations nationales s’occupant des droits de l’enfant. Dans tous ces secteurs, de nouvelles lois et des amendements aux textes existants ont été adoptés, permettant d’améliorer la condition des enfants, a assuré Mme Ochir.
Elle a notamment cité la réduction de la malnutrition, la baisse du taux de mortalité infantile de 64,4 à 19,9 pour mille entre 1990 et 2006, et celui pour les enfants de moins de cinq ans de 88,8 à 23,2 pour mille sur la même période. L’évaluation après cinq ans de ce programme d’action national a toutefois fait apparaître plusieurs défis pour le pays, a indiqué Mme Ochir. Il en va ainsi de la lutte contre la pauvreté, qui touche un tiers du pays, de la protection des enfants handicapés ou de la réduction du travail des enfants de Mongolie, qui sont au nombre d’un million, soit la moitié de la population du pays. Les lois déjà votées dans ces domaines s’inscrivent dans une stratégie à long terme basée sur les OMD, a-t-elle conclu.
Droits de réponse
Le représentant de la Fédération de Russie a souhaité répondre à la déclaration faite par la Géorgie. Il a dit que ce n’est pas la Russie qui a déclenché cette guerre si néfaste pour les enfants, y compris pour les enfants géorgiens. C’est la Géorgie qui a ouvert le feu dans la nuit du 8 août, frappant des gens pacifiques et tirant sur des soldats. Des morts et des blessés sont à déplorer, des dizaines de milliers de personnes dont des enfants ont été forcés de quitter leur foyer, un exode pour les Ossètes dont les habitations ont été réduites en ruines, a déclaré le représentant. Il est triste bien sûr que dans plusieurs écoles de la Géorgie l’année scolaire ait commencé en retard mais d’autres enfants, tués par des soldats géorgiens, ne retourneront jamais à l’école, a enchaîné le représentant. Le peuple russe et le peuple géorgien qui ont toujours eu des liens chaleureux sauront se retrouver à l’avenir, a déclaré le représentant, estimant que dans sa folie politique, le dirigeant géorgien était passé au-dessus de l’intérêt des enfants.
La représentante de la Géorgie a dit que ce commentaire de la Fédération de Russie est infondé et faux. Nous sommes toujours ouverts à toute enquête internationale à laquelle la Fédération de Russie s’est toujours refusée pour l’instant, a répondu la représentante de Géorgie.
À son tour, le représentant de la Fédération de Russie a réfuté ce que vient de dire la représentante de la Géorgie. Ces propos ne sont pas fondés, a-t-il dit, ajoutant qu’il n’allait pas s’engager dans un débat juridique. Il a cité des rapports émanant de plusieurs ONG, établis dans les premières heures du déclenchement du conflit de l’été dernier, citant les noms de victimes et les circonstances des décès de citoyens d’Ossétie du Sud.
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