PREMIÈRE COMMISSION: LES ÉTATS RÉAFFIRMENT LEUR VOLONTÉ DE COMBATTRE LA CIRCULATION ANARCHIQUE DES ARMES À FEU ET LA NÉCESSITÉ DE LIER DÉSARMEMENT ET DÉVELOPPEMENT
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Première Commission
15e séance - matin
PREMIÈRE COMMISSION: LES ÉTATS RÉAFFIRMENT LEUR VOLONTÉ DE COMBATTRE LA CIRCULATION ANARCHIQUE DES ARMES À FEU ET LA NÉCESSITÉ DE LIER DÉSARMEMENT ET DÉVELOPPEMENT
Les délégations de la Première Commission ont renouvelé leur engagement de mener efficacement la lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre (ALPC) et ont appelé à l’adoption de mesures de désarmement soucieuses de l’environnement et en phase avec les efforts internationaux de développement.
Elles poursuivaient, ce matin, les débats thématiques de cette session 2008 de la Commission de l’Assemblée générale chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale. Les membres de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest, notamment, ont fait entendre leur voix.
Plusieurs pays ont, d’autre part, présenté des projets de résolution qui seront soumis pour adoption à partir de la semaine prochaine.
L’Ambassadeur du Sénégal et ancien Président de la Première Commission, M. Paul Badji, rappelant que l’Afrique de l’Ouest souffrait tout particulièrement des ravages causés par les armes classiques, a déclaré que les États membres de la CEDEAO, pour mieux combattre ce « fléau », avaient décidé, dès 2006, de transformer leur moratoire sur les ALPC en convention juridiquement contraignante. Il a appelé à la création d’un instrument de cette nature pour mettre fin au courtage illicite, dont les conséquences néfastes risquent selon lui de saper l’ensemble des actions entreprises dans le cadre du Programme d’action de l’ONU sur les ALPC.
L’adoption d’un tel instrument serait un pas décisif vers une meilleure régulation des transferts d’armes légères, surtout en direction d’acteurs non-étatiques, a-t-il estimé.
Le représentant du Togo a emboîté le pas à son homologue sénégalais.
M. Boyode a ainsi indiqué que son pays, au plan régional, soutenait activement les travaux de la Convention de la CEDEAO ainsi que la création d’un registre des armes légères pour l’Afrique, un instrument de promotion de la transparence dans le transfert d’armes entre pays participants au projet « Régime de transparence et de surveillance des armes légères en Afrique ».
D’autres représentants africains, comme le Gabon, ont indiqué qu’un traité juridiquement contraignant sur le commerce des armes classiques pourrait permettre aux pays du continent de répondre à leurs aspirations en matière de paix et de développement. Le représentant de ce pays, M. Alfred Moussotsi, a ainsi demandé qu’un éventuel instrument sur cette question interdise les ventes d’armes vers des États en situation de conflit et inclue les principes consacrés par le droit humanitaire.
Au titre des présentations de projets de résolution, l’Indonésie, au nom du Mouvement des pays non alignés, a appelé au respect de normes environnementales dans l’élaboration d’accords multilatéraux de désarmement et de contrôle des armements.
Nous demandons aux États de tenir compte des progrès scientifiques dans le domaine de l’environnement lors de la négociation de nouvelles mesures de sécurité, a déclaré M. Febrian A. Ruddyard, et ce afin que le désarmement contribue au développement durable.
Le représentant a également plaidé en faveur d’une redirection des ressources financières consacrées au désarmement vers l’action commune de développement.
La délégation cubaine a appuyé les propos de l’Indonésie, en soulignant que Cuba, qui préside actuellement le Mouvement des pays non alignés, proposait depuis longtemps de créer un fonds des Nations Unies qui gérerait l’équivalent de 50% des budgets militaires mondiaux alloués aux programmes de développement.
Par ailleurs, la République de Corée a présenté un projet de résolution inédit à la Première Commission sur le courtage illicite des armes classiques, ce texte invitant la communauté internationale à prévenir la prolifération des armes légères en prenant des mesures d’élimination des activités illégales de courtage.
Les pays suivants ont pris la parole: Équateur, Allemagne, Kenya, Pays-Bas, Paraguay, Zambie, Mexique, Irlande, République islamique d’Iran, Jamahiriya arabe libyenne, Fédération de Russie, Singapour et Japon.
La Première Commission poursuivra ses travaux demain, jeudi 23 octobre, à 10 heures.
DÉBATS THÉMATIQUES ET PROJETS DE RÉSOLUTION
Question des armes classiques
Déclarations
M. ALFRED MOUSSOTSI (Gabon) a déclaré que les nombreux conflits qui sévissent en Afrique étaient alimentés et exacerbés par un commerce irresponsable et anarchique des armes classiques. Il a estimé que le document final de la troisième Réunion biennale de juillet 2008 était désormais une source de référence sur la voie de la mise en œuvre du Programme d’action des Nations Unies sur les ALPC. Le représentant a ajouté que le coût humain occasionné par l’usage irresponsable des armes classiques exigeait que la communauté internationale se dote d’un instrument juridiquement contraignant. Il a ainsi indiqué qu’un traité de cette nature sur le commerce des armes classiques pourrait répondre aux aspirations des pays africains et contribuer à favoriser la paix et le développement. M. Moussotsi a demandé que le futur traité interdise les ventes d’armes vers des États en situation de conflit et inclue les principes consacrés par le droit humanitaire.
M. KANG YONG (Chine) a indiqué que son pays était concerné par les aspects humanitaires qui sont liées à la question de l’utilisation des armes classiques. Elle soutient ainsi les mécanismes pertinents dans ce domaine tout en tenant compte des préoccupations sécuritaires légitimes des États. En ce qui concerne les armes à sous-munitions, la Chine fournit déjà une assistance technique et/ou financière à une dizaine d’États en Afrique et en Asie. Elle a notamment fourni une assistance dans ce domaine dans le Nord et le Sud-Soudan, en Éthiopie, au Pérou, en Équateur et en Égypte. L’intervenant a insisté sur les multiples effets destructeurs du commerce illicite des armes, affirmant que la Chine est prête à apporter sa contribution à la lutte dans ce domaine. L’intervenant a déclaré toutefois que cette question était complexe et qu’il fallait l’aborder de manière graduelle. Il a fait observer qu’il existait un certain nombre d’instruments internationaux, tel le Programme d’action, qu’il convenait d’utiliser et de mettre en application. Enfin l’intervenant a déclaré que son pays était attaché à la transparence en matière d armements et a fourni d’amples détails sur ses dépenses militaires de 2007. La Chine est résolue à accroître ses efforts dans ce domaine.
Mme MARIA FERNANDA ESPINOSA (Équateur) a souligné que la facilité d’acquisition des armes légères et de petit calibre constitue un facteur important de l’augmentation des conflits intérieurs et internationaux, ainsi que de l’escalade de la violence et de la désintégration sociale qui menace de nombreux pays. À ses yeux, les efforts nationaux sont fondamentaux pour éviter que le trafic illicite de ces armes porte atteinte à la sécurité interne. Elle a cependant plaidé pour des mesures régionales et universelles, comme le contrôle des exportations, importations et le trafic, qui permettent de limiter leur commerce à des entités et à des organisations autorisées, a-t-elle déclaré. Des mesures pour combattre leur trafic sont urgentes, a-t-elle ajouté.
Mme Espinosa a rappelé que son pays et le Pérou, une décennie après les Accords de paix de Brasilia, ont déposé à Genève une demande de prolongation de huit ans du délai prévu dans la Convention d’Ottawa pour terminer le déminage de leur territoire. Elle a souligné l’importance de la coopération internationale pendant cette période. Par ailleurs, elle s’est réjouie que son pays accueillera, au début de novembre, la prochaine Conférence régionale d’Amérique latine et les Caraïbes sur les armes à sous-munitions.
M. BERNHARD BRASACK (Allemagne) a présenté deux projets de résolution. Le premier, consacré aux problèmes découlant de l’accumulation des stocks de munitions classiques en surplus, vise à maintenir la prise de conscience sur la question du contrôle négligé des munitions classiques. Pour l’essentiel, a-t-il dit, les stocks en surplus deviennent dangereux pour la sécurité des pays et des régions car ils font l’objet d’une gestion inappropriée. Le projet de résolution plaide en faveur d’une aide accrue aux pays qui en ont besoin en vue d’améliorer leurs capacités de contrôle des stocks.
Le second projet de résolution présenté par le délégué allemand concerne la consolidation de la paix grâce à des mesures pratiques de désarmement. Ce texte promeut une approche intégrée en matière de désarmement et de sécurité, qu’il s’agisse de pays en situation de conflit ou qui sortent d’un conflit, a précisé le représentant. Il a attiré l’attention sur le rôle, dans ce cadre, du Groupe des États intéressés, dont l’un des objectifs est de faciliter la mise en œuvre du Programme d’action des Nations Unies sur les ALPC, en encourageant notamment la participation de la société civile et des ONG, et d’accompagner les programmes de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR).
M. PAUL BADJI (Sénégal) a rappelé que l’Afrique souffrait particulièrement des ravages causés par les armes classiques, ajoutant que c’était l’une des raisons pour lesquelles un traité sur le commerce des armes classiques suscitait tant d’enthousiasme, a-t-il dit. L’accès facile aux ALPC ainsi que leur circulation illicite demeure toujours une source de grave préoccupation pour les États membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). C’est pour mieux prendre en charge ce fléau que la CEDEAO a décidé de transformer son moratoire sur les ALPC en une convention créant des obligations contraignantes. Le Sénégal appelle à l’adoption d’un instrument sur le courtage illicite qui est un fléau qui risque de miner l’ensemble des actions entreprises dans le cadre du Programme d’action. L’adoption d’un tel instrument serait un pas décisif vers une meilleure régulation des transferts d’armes légères, surtout en direction des acteurs non étatiques (ANE).
Le Sénégal constate avec satisfaction que la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel continue de bénéficier d’un soutien fort et constant de la part des États Membres. La finalisation à Dublin, le 30 mai 2008, de la Convention sur les armes à sous-munitions constitue une avancée décisive dans la voie de la protection des civils et du renforcement du droit international humanitaire. L’entrée en vigueur de cette Convention, dès mai 2009, devrait demeurer une priorité pour la communauté internationale, a estimé l’intervenant. Cette entrée en vigueur, combinée avec des avancées significatives sur la voie d’un traité sur le commerce des armes, fera de l’année 2009 une étape repère dans la maîtrise des armes conventionnelles.
M. PHILIP RICHARD O. OWADE (Kenya) est intervenu brièvement pour apporter le soutien de son pays à l’idée d’un traité sur le commerce des armes. Il a indiqué, à cet égard, que son pays avait tenu un atelier régional en septembre dernier pour promouvoir cette initiative en Afrique. Il a précisé que les participants avaient souligné la nécessité qu’un traité de ce type devait avoir une portée suffisamment large pour englober toutes les armes classiques, y compris les armes légères et de petit calibre et leurs munitions, leurs composantes et les équipements à double usage. Il a ajouté que pour les pays africains, il est indispensable que le futur traité contienne des provisions sur la coopération internationale en vue de permettre au pays en développement de se doter des capacités nécessaires à la mise en œuvre de cet instrument au niveau national.
M. JOHANNES C. LANDMAN (Pays-Bas) a présenté le projet de résolution A/C.1/L.51 portant sur la transparence dans le domaine des armements, qui bénéficie du soutien de 74 États Membres. La logique qui sous-tend ce texte, a-t-il dit, est que la transparence sur les questions militaires, en particulier dans le domaine des transferts d’armements, contribue à la confiance et au renforcement de la sécurité. À cet égard, M. Landman a rappelé que c’est une résolution de 1991 portant sur la transparence dans le domaine des armements qui avait établi le Registre des Nations Unies sur les armes classiques. Le projet de résolution de 2008 note donc l’importance de progresser de manière continue et de parvenir à un niveau plus élevé de transparence dans le domaine des armements afin de renforcer la confiance entre les États Membres et leur sécurité, de même que la contribution du Registre des Nations Unies sur les armes classiques dans ce domaine.
M. Landman est aussi intervenu en tant que Président de la Première Conférence en 2007 des Hautes Parties contractantes au Protocole V de la Convention sur l’interdiction de certaines armes classiques, Protocole relatif aux restes explosifs de guerre. L’intervenant a déclaré que depuis l’année dernière, 13 États avaient notifié leur intention de ratifier ce protocole, ce qui amènerait à 48 le total des États parties. C’est un accroissement significatif, mais il faut encore faire plus, a-t-il dit.
Mme DORIS ROMÁN GONZÁLEZ (Paraguay) a estimé que seuls des efforts conjoints peuvent permettre de faire face efficacement au fléau des ALPC. C’est ainsi que nous faisons tout pour mettre pleinement en œuvre le Programme d’action des Nations Unies sur ces armes au plan national, a-t-elle dit. La représentante a estimé qu’il était indispensable de continuer à faire des recommandations pour améliorer le traitement de la question des armes légères et développer des instruments juridiquement contraignants pour renforcer le processus multilatéral sur ce problème. Le Paraguay s’efforce de mener des campagnes de sensibilisation aux conséquences terribles de l’utilisation des armes à feu, à la fois sur la sécurité des populations mais aussi sur leur essor économique et social, a encore dit la déléguée. Elle a ensuite plaidé en faveur d’un instrument juridiquement contraignant pour réguler le commerce des armes. La violence armée, attisée par la présence excessive des armes à feu, sape la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-elle dit, concluant que son pays appuyait la résolution présentée par l’Argentine concernant un traité sur le commerce des armes.
M. BOB D. KULIMA (Zambie) a rappelé que le problème du commerce illicite des ALPC en Zambie provenait de la période des luttes de libération en Afrique australe. Les guerres civiles et les conflits dans les pays voisins ont aussi contribué à ce problème. Le transfert irresponsable d’armes fournies par des producteurs et des courtiers a eu un impact négatif sur la paix et la sécurité et le développement en Zambie et dans la sous- région. Afin de lutter contre les effets des ALPC, la Zambie a ainsi mis en place un Centre de coordination national et impliqué sur cette question la société civile. Elle a par ailleurs accru ses efforts aux niveaux régional et global en participant activement à des initiatives régionales et internationales afin de réduire la prolifération des ALPC. Notant que l’Instrument international de traçage n’est pas juridiquement contraignant, l’intervenant a dit que la Zambie souhaite joindre sa voix à celle des autres États Membres et des organisations de la société civile qui appellent à la pleine mise en place d’un instrument international de traçage juridiquement contraignant.
M. PALAKIYEM BOYODE (Togo) a axé sa déclaration sur les activités menées dans le cadre de la Commission nationale de lutte contre la prolifération, la circulation et le trafic illicites des armes légères et de petit calibre. Il a notamment indiqué que sous l’égide de cet organisme, le Togo avait procédé à la collecte et à la gestion d’importants stocks d’armes de ce type et à leur destruction. Nous avons en outre conduit des campagnes de sensibilisation des populations aux conséquences dramatiques de l’usage des armes légères. L’intervenant a ainsi évoqué la campagne de 2007 destinée à encourager la culture de la paix et de la non-violence en milieu scolaire. Dans le cadre des élections législatives de cette même année, a ajouté le représentant, la Commission a fait campagne en faveur d’un scrutin sans armes, contribuant ainsi à la tenue d’élections sereines. Au plan régional, le délégué a indiqué que son pays soutenait activement les travaux de la Convention sur les armes légères de la CEDEAO, adoptée en juin 2006. Il a également salué la création d’un registre des armes légères pour l’Afrique, en vue d’encourager la transparence dans le transfert d’armes entre pays participants au projet intitulé « Régime de transparence et de surveillance des armes légères en Afrique. »
M. CLAUDE HELLER (Mexique) s’est félicité de la négociation et de l’adoption, en un temps record, de la Convention sur les armes à sous-munitions. Le Mexique a l’intention de souscrire à cette Convention qui est particulièrement importante pour répondre à l’impact humanitaire de ces armes. Poursuivant sur la question des ALPC, le représentant a déclaré que seule une combinaison de moyens nationaux, bilatéraux, régionaux et globaux pourrait permettre de faire face aux organisations criminelles qui ignorent les frontières. Le Mexique a sur ce point rappelé qu’il avait mené des actions intensives en vue de lutter contre le trafic d’armes, ayant déjà saisi 37 000 armes à feu, deux millions de cartouches et près de 2 000 grenades à fragmentation et ceci en moins de deux ans seulement. Mais ces actions seront toujours limitées sans une coopération internationale régie par le principe de coresponsabilité. L’intervenant a, par ailleurs, appuyé le processus lancé par la résolution 61/89 portant sur un traité sur le commerce des armes et a indiqué qu’il soutenait la mise en place d’un groupe à composition non limitée afin de pouvoir mener des consultations larges sur cette question.
Mme ALISON KELLY (Irlande) a présenté un projet de résolution sur la Convention d’interdiction des armes à sous-munitions. Elle a expliqué que ce texte avait une valeur strictement procédurale, son objectif étant de demander au Secrétaire général des Nations Unies de mobiliser l’aide nécessaire pour lui permettre de réaliser les tâches administratives que la Convention lui a confiées en tant que dépositaire de ce nouvel instrument.
M. SEYED MOHAMMAD ALI ROBATJAZI (République islamique d’Iran) a déclaré que la question des armes classiques devait être abordée sous l’angle de l’Article 51 de la Charte des Nations Unies. Son pays est préoccupé par les effets humanitaires du commerce illicite des armes classiques mais cette lutte contre le commerce exige une approche intégrée et devait se faire sur une base consensuelle. Il a tenu à préciser que le commerce licite des armes ne posait pas de problème car il n’y avait pas de besoin urgent pour traiter cette question à ce jour. Comme cela est rapporté dans le système du Registre des Nations Unies, la grande majorité des catégories d’armes classiques est transparente et est couverte par ce registre.
L’intervenant a ajouté qu’étant donné le temps et l’argent qui avaient été dépensés par les États Membres dans la conclusion et la mise en place du Programme d’action ainsi que les désaccords sur des questions substantielles durant la Conférence d’examen de 2006, il n’était pas approprié d’augmenter encore les charges qui pesaient sur les épaules des États Membres, en particulier ceux en développement, en créant un nouveau circuit de discussions qui ne soient pas consensuelles.
Le commerce illicite des petites armes continue de constituer le facteur le plus déstabilisant, et il est souvent associé au terrorisme, au trafic de drogues et au crime organisé. Il est donc nécessaire pour les Nations Unies de continuer à se focaliser sur les mesures ayant pour but d’éradiquer le commerce illicite de ces armes. L’intervenant a cependant ajouté que les procédures et les méthodes de travail de la Réunion biennale des États pour l'examen de la mise en œuvre du Programme d'action, très en deçà des standards des Nations Unies, notamment dans le domaine de la transparence et d’une participation sans exclusive, avait causé des déséquilibres alors que le mandat de la Réunion affirme la validité et l’importance d’une approche globale.
En ce qui concerne le Moyen-Orient, il a affirmé qu’Israël allait bénéficier de plus de 30 milliards de dollars d’armements, ce qui comprend des armes offensives sophistiquées. Cela ne peut que conforter ce pays dans sa course aux armements, sa politique d’expansion et de déstabilisation de la région.
L’intervenant a terminé son allocution en réaffirmant le droit inhérent des États à avoir une production nationale conformément à l’Article 51 de la Charte des Nations Unies ainsi que le droit de se fournir en armes dans le cadre d’un commerce licite et à condition que ses armes soient marquées.
M. ABDURRAHMAN ELGANNAS (Jamahiriya arabe libyenne) a pris la parole pour demander que la Convention d’Ottawa d’interdiction des mines antipersonnel et le Registre des armes classiques de l’ONU soient réexaminés en tenant compte des besoins réels et des préoccupations de tous les États. Il a notamment souhaité que la portée du Registre soit élargie aux armes de destruction massive et que la Convention permette que certains pays vulnérables puissent acquérir des mines antipersonnel afin de défendre leurs frontières.
Autres mesures de désarmement et de sécurité internationale
Déclarations
M. FEBRIAN A. RUDDYARD (Indonésie) a présenté quatre projets de résolution au nom du Mouvement des pays non alignés. Le premier des trois textes encourage la promotion du multilatéralisme dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération, a-t-il indiqué. Il a ensuite déclaré que le second projet de résolution portait sur le respect de normes environnementales dans l’élaboration d’accords de désarmement et de contrôle des armements. Nous appelons, par ce texte, tous les États à tenir compte des progrès scientifiques dans le domaine de l’environnement lors de la négociation de mesures de sécurité, a-t-il précisé, et ce afin que le désarmement contribue au développement durable. Concernant le projet de résolution suivant, le représentant a indiqué qu’il était intitulé « Relation entre le désarmement et le développement » et qu’il plaidait en faveur d’une redirection des ressources financières consacrées au désarmement vers l’action commune de développement. Le représentant a, enfin, présenté un projet de résolution sur les effets de l’utilisation d’armes et de munitions contenant de l’uranium appauvri. Il a précisé que ce texte reflétait, en l’état actuel des connaissances scientifiques sur ces armes, l’inquiétude légitime de la communauté internationale quant à leurs effets potentiels sur la santé.
M. VICTOR VASILIEV (Fédération de Russie) a affirmé que le développement rapide et l’introduction universelle des technologies les plus avancées dans le domaine de l’information et des télécommunications (ITT) étaient l’une des caractéristiques des temps modernes. Les ITT ont ouvert au monde un nouvel espace virtuel. La nature spécifique des systèmes de sécurité internationale est liée à cette question lorsque les ITT sont utilisées avec des intentions hostiles; il est alors impossible de parler d’applications militaires dans un sens traditionnel, ces ITT étant des technologies civiles ou à double usage. Néanmoins, la portée des conséquences de leur utilisation hostile peut être comparée au dommage causé par les armes classiques, voire des ADM. Une fois de plus, conjointement avec les coauteurs, la Russie présente un projet de résolution portant sur les développements dans le domaine de l’information et des télécommunications dans le contexte de la sécurité internationale et du désarmement. Il est en effet nécessaire de poursuivre les recherches sur la nature et les spécificités des nouveaux défis dans cette sphère afin de définir des approches communes acceptables qui puissent prendre en compte ces problèmes.
M. TAN JEE PIAU (Singapour) a indiqué que son pays, face aux nouvelles menaces, prenait au sérieux ses obligations relevant de la résolution 1540 du Conseil de sécurité, laquelle appelle tous les États Membres à mettre en œuvre des mesures efficaces de contrôle contre le trafic d’articles liés aux armes de destruction massive. Il a également estimé que les régimes multilatéraux de non-prolifération étaient une coquille vide s’ils n’étaient pas accompagnés d’une mise en œuvre efficace au plan national. Des efforts nationaux entrepris individuellement par des États sont essentiels à la lutte contre la prolifération, a-t-il assuré. Le représentant a ensuite mis l’accent sur les efforts de Singapour en vue de la non-prolifération globale, citant notamment les mesures prises dans le domaine des systèmes de contrôle, sa participation à l'Initiative de sécurité contre la prolifération et sa contribution à la Convention sur les armes chimiques. En janvier 2008, par exemple, le pays a inclus dans ses listes de contrôle de produits stratégiques exportables tous les articles visés par les quatre régimes multilatéraux de non-prolifération.
Mme GARCIA JORDAN (Cuba) a appuyé les projets de résolution présentés par l’Indonésie au nom du Mouvement des pays non alignés. Rappelant que Cuba présidait actuellement le Mouvement, elle a indiqué que le cadre multilatéral était le plus pertinent pour négocier et assurer le suivi des accords de désarmement et de non-prolifération. S’agissant du lien entre désarmement et développement, elle a noté qu’il existait un contraste inacceptable entre les montants des dépenses militaires et ceux dévolus à l’essor des pays pauvres. Nous proposons de créer un fonds de l’ONU qui gérerait l’équivalent de la moitié des ressources consacrées aux dépenses militaires redirigées vers l’effort international de développement, a-t-elle dit. Pour ce qui est du respect des normes environnementales dans le cadre de l’élaboration d’accords de désarmement, la représentante a indiqué que son pays avait adopté plusieurs lois de sécurité soucieuses de l’environnement. Nous appelons à une convention sur le désarmement nucléaire tenant compte des défis écologiques de demain, a-t-elle renchéri. Elle a conclu en estimant que le projet de résolution sur les armes contenant de l’uranium appauvri reflétait l’inquiétude légitime de la communauté internationale quant aux effets potentiels de ces armes sur la santé. Le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont recommandé de poursuivre la recherche sur les effets de ces armes à long terme.
M. HAMID ALI RAO (Inde) a présenté un projet de texte A/C1./63/L.23 qui propose que soit inclus dans l’ordre du jour de la soixante-quatrième session de l’Assemblée générale le point portant sur le rôle de la science et de la technique dans le contexte de la sécurité internationale et du désarmement. Il a déclaré qu’il était évident que les progrès scientifiques et technologiques et que la coopération internationale dans le domaine de l’utilisation des sciences et des technologies à travers le transfert et l’échange de savoir-faire technologique à des fins pacifiques devaient être promus pour le développement socioéconomique de tous les États. Il y a en effet un besoin pour les pays en voie de développement d’avoir accès aux développements scientifiques. L’Inde n’a pas proposé de résolution cette année mais considère qu’il serait bon de retenir le point susmentionné dans le cadre de l’ordre du jour de la soixante-quatrième session de l’Assemblée générale. L’Inde espère que la Première Commission adoptera ce projet de décision.
Mme EMMA RODRIGUEZ (Mexique) a présenté deux projets de résolution. Le premier porte sur l’étude des Nations Unies sur l’éducation pour le désarmement et la non-prolifération. Ce texte défend l’idée que l’éducation profite à la sécurité mondiale et au développement dans un monde de plus en plus interdépendant, a-t-elle dit, souhaitant que cette année encore ce projet de résolution soit adopté sans vote. Le second projet de résolution présenté par la déléguée mexicaine concerne le Programme d’information des Nations Unies sur le désarmement. Ce document demande la poursuite de campagnes mondiales d’information sur le désarmement multilatéral en vue de permettre une meilleure compréhension du public dans ce domaine, a indiqué la représentante, qui, de nouveau, a souhaité que ce projet de résolution soit adopté sans être mis au vote la semaine prochaine.
M. SUMIO TARUI (Japon) a déclaré que l’éducation était une des clefs en vue de promouvoir le désarmement et la non-prolifération, en fournissant une base pour des efforts de concertation internationale. À cet égard, la coopération avec la société civile ne peut être surestimée. Cette année, une résolution biannuelle sur l’étude par les Nations Unies sur l’éducation dans le domaine du désarmement et la non-prolifération a été soumise par le Mexique. Le Japon a été un de ses parrains et espère que cette résolution sera adoptée une nouvelle fois par consensus.
M. IM HAN-TAEK (République de Corée) a présenté un projet de résolution relatif au courtage illicite des armes classiques. Il a notamment déclaré que la communauté internationale était invitée par ce texte à prévenir la prolifération des armes légères en prenant des mesures efficaces destinées à juguler les activités illégales de courtage. Il a précisé que ce texte était présenté pour la première fois à la Première Commission de l’Assemblée générale.
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