AG/COL/3176

LE COMITÉ DES VINGT-QUATRE DEMANDE INSTAMMENT AUX ÉTATS-UNIS D’ENGAGER LE PROCESSUS DE DÉCOLONISATION DE PORTO RICO

9/06/2008
Assemblée généraleAG/COL/3176
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Comité spécial chargé d’étudier la situation

en ce qui concerne l’application de la Déclaration

sur l’octroi de l’indépendance aux pays

et aux peuples coloniaux

Reprise de la session

4e et 5e séances – matin et après-midi


LE COMITÉ DES VINGT-QUATRE DEMANDE INSTAMMENT AUX ÉTATS-UNIS D’ENGAGER LE PROCESSUS DE DÉCOLONISATION DE PORTO RICO


Le Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux (Comité des Vingt-Quatre) a demandé, aujourd’hui, au Gouvernement des États-Unis d’Amérique d’assumer la responsabilité qui lui incombe d’engager un processus permettant au peuple portoricain d’exercer pleinement son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance, conformément à la résolution 1514 de l’Assemblée générale et aux résolutions et décisions adoptées par le Comité spécial sur Porto Rico.


Par un projet de décision adopté sans vote et présenté par la délégation de Cuba, le Comité spécial a également prié le Gouvernement américain de mener à son terme la restitution au peuple portoricain de l’ensemble des terrains anciennement occupés et des installations de Vieques et de Ceiba, de veiller au respect des droits fondamentaux tels que le droit à la santé et le droit au développement économique et d’accélérer l’exécution et la prise en charge des coûts du nettoyage et de la dépollution des zones d’impact ayant servi à des manœuvres militaires sur l’île de Vieques.


Comme l’an dernier, le Comité des Vingt-Quatre a aussi demandé au Président des États-Unis d’Amérique de mettre en liberté tous les prisonniers politiques portoricains qui purgent des peines dans des prisons américaines pour des raisons touchant à la lutte pour l’indépendance de Porto Rico.  Par l’adoption, pour la neuvième année consécutive, de ce projet de résolution, le Comité des Vingt-Quatre a par ailleurs prié l’Assemblée générale de l’ONU d’examiner la question de Porto Rico de manière approfondie et sous tous ses aspects.


Avant l’adoption de ce texte à l’unanimité, le Comité spécial avait entendu une trentaine de pétitionnaires s’exprimer sur la situation politique actuelle dans l’île et l’avenir de son statut. 


Les intervenants, qui étaient notamment des représentants d’associations de juristes, de travailleurs sociaux et de défense des droits de l’homme, ont déclaré qu’un consensus existait sur l’effet négatif des violations du droit à l’autodétermination pratiquées par les États-Unis sur le développement de l’île de Porto Rico.  Onix Maldonado López, du mouvement « Estudiantes de Estudios Pre-Juridicos », a ainsi évoqué les problèmes rencontrés par les citoyens portoricains du fait de l’application de lois fédérales américaines « inadaptées » à la situation dans l’île.  Déplorant un coût de la vie « exorbitant », il a rappelé que les lois de cabotage régissant l’intense transport maritime entre Porto Rico et les États-Unis coûtaient quelque 500 millions de dollars en fret par an au peuple portoricain.  


Le sort des prisonniers politiques, dont certains sont emprisonnés depuis plus d’un quart de siècle, a fait l’objet de plusieurs déclarations stigmatisant une politique américaine des droits de l’homme « incohérente ».  Eduardo Villanueva Muñoz, du Comité des droits de l’homme pour Porto Rico, a demandé comment l’on pouvait réclamer la libération de prisonniers politiques en Chine, à Cuba et ailleurs dans le monde, et persécuter ceux qui luttent pour l’indépendance et contre un régime colonial à Porto Rico.


Les pétitionnaires ont par ailleurs estimé que la mise en place d’une assemblée constituante donnerait aux Portoricains les moyens de réellement peser sur l’avenir politique et économique de leur territoire, le statut actuel de libre association entre Porto Rico et les États-Unis ne le permettant pas.  Ce changement de statut permettrait également de renforcer l’unité de la région latino-américaine et des Caraïbes, ont-ils souligné.


Un sénateur portoricain a souhaité que l’ONU joue pleinement son rôle pour que soit mis un terme à ce qu’il a qualifié de « situation d’infériorité politique ».  L’Assemblée générale, a-t-il dit, doit se livrer à un examen complet de la question du statut de Porto Rico, tout en évitant de pencher du côté de la fédéralisation de l’île ou en faveur de sa transformation en un État indépendant.  


Les pétitionnaires ont de plus appelé l’Assemblée générale à se pencher sur les répercussions négatives sur la santé de la population et l’état de l’environnement de l’île de Vieques, des bombardements et manœuvres militaires américains.  À ce sujet, le représentant du Nicaragua a salué les efforts continus des populations locales ayant conduit au retrait de la marine de guerre des États-Unis, cela après 60 années de pratiques dangereuses et de détérioration de l’environnement.  Pour ce qui est du nettoyage des terrains anciennement occupés de Vieques, plusieurs autres États Membres ont estimé que les États-Unis, État pollueur dans cette affaire, devaient assumer la totalité des opérations de dépollution. 


La prochaine réunion publique du Comité spécial aura lieu mercredi, le 11 juin, à 10 heures. 


PRÉSENTATION DU PROJET DE DÉCISION DU COMITÉ SPÉCIAL EN DATE DU 14 JUIN 2007 CONCERNANT PORTO RICO (A/AC.109/2008/L.7)


Le représentant de Cuba a présenté le projet de décision publié sous la cote A/AC.109/2008/L.7 et concernant Porto Rico, en notant d’emblée le grand nombre de pétitionnaires présents aujourd’hui dans la salle.  Le représentant s’est félicité de cette forte participation qui démontre, aux yeux de sa délégation, l’importance de la question de Porto Rico pour l’ONU.  Il a rappelé qu’en 30 ans, peu de progrès ont été enregistrés sur la voie de l’exercice du droit d’autodétermination du peuple portoricain.  La « puissance coloniale » accroît sa domination politique et sociale sur Porto Rico, ce pays frère d’Amérique latine et des Caraïbes, a dit le représentant cubain.  Il a estimé qu’il était désormais urgent que les États-Unis assument leurs responsabilités en rendant possible l’« élaboration d’un processus de décolonisation répondant aux aspirations de tous les Portoricains ».


Se référant ensuite au texte du projet de décision, le représentant de Cuba a indiqué que celui-ci priait, cette année encore, le Gouvernement des États-Unis de mener à son terme la restitution de l’ensemble des terrains anciennement occupés et des installations de Vieques et de Ceiba, de veiller au respect des droits fondamentaux des Portoricains, tels que le droit à la santé et le droit au développement économique, et d’accélérer l’exécution et la prise en charge des coûts du nettoyage et de la dépollution des zones d’impact résultant de l’utilisation de Vieques à des fins de manœuvres militaires.  Il a également dit que le projet de décision demandait de nouveau au Président des États-Unis d’Amérique de mettre en liberté tous les prisonniers politiques portoricains qui, depuis plus de 27 ans, purgent des peines dans des prisons américaines pour des raisons touchant à la lutte pour l’indépendance de Porto Rico, ainsi que ceux qui sont détenus pour des motifs liés au combat pour la paix à Vieques. 


AUDITION DE PÉTITIONNAIRES (AIDE-MÉMOIRE 04/08 ET ADD.1)


Mme CELINA ROMANY SIACA, Colegio de Abogados de Puerto Rico, a longuement plaidé en faveur du droit à l’autodétermination de Porto Rico, de son droit à accéder à l’indépendance politique et du respect de son identité nationale.  Elle a été suivie par de nombreux orateurs, dont M. HIRAM LOZADA, Association américaine des juristes, qui a assuré que l’indépendance totale était la seule forme d’autodétermination acceptable pour l’île.  De son côté, M. RUBÉN BERRIOS, Parti indépendant de Porto Rico, a rappelé que Porto Rico demeurait le seul « pays » d’Amérique latine encore sous colonisation et que son indépendance serait le début d’une nouvelle ère pour l’émancipation du continent latino-américain.


Mme JAN SUSLER, National Lawyer’s Guild International Committee, a indiqué que son association avait largement documenté la répression lancée contre les activistes du mouvement indépendantiste portoricain.  Elle a exigé la libération de prisonniers politiques, dont certains, a-t-elle souligné, ont été emprisonnés depuis une période plus longue que celle que Nelson Mandela passa à Rhoben Island.  M. RÓGER CALERO, Socialist Working Party, a protesté contre les tentatives d’intimidation lancées par le Gouvernement américain contre les militants indépendantistes portoricains, notamment par l’intermédiaire de procédures dans le cadre du grand jury fédéral.  Ces propos ont été appuyés par M. PEDRO COLÓN ALMENAS, Movimiento Socialista de Trabajadores.


Pour sa part, M. EMILIO SOLERMARI, Fondation pour l’action démocratique, a demandé que le Comité spécial des Vingt-Quatre recommande à l’Assemblée générale l’examen de la question de Porto Rico lors de sa prochaine session.  Il a estimé en effet que la mise en place d’une assemblée constituante donnerait aux Portoricains les moyens de réellement peser sur l’avenir politique et économique de leur île.  Le statut actuel de libre association entre Porto Rico et les États-Unis ne le permet pas, a-t-il indiqué.  M. ANIBAL ACEVEDO-VILÁ, Gouverneur de Porto Rico, a abondé en ce sens, précisant avoir demandé ce matin l’appui du Président de l’Assemblée générale pour que la question de Porto Rico soit portée devant l’Assemblée.  Il a également affirmé que les États-Unis traitaient Porto Rico « comme une marchandise » et considéraient l’île « comme la propriété officielle du Gouvernement fédéral ».  Soulignant qu’il s’exprimait aujourd’hui au nom de millions de Portoricains qui demandent l’autonomie politique, le Gouverneur a déclaré qu’il fallait respecter le souhait qu’émet une majorité écrasante de ses concitoyens.


M. EDUARDO VILLANUEVA MUÑOZ, Comité des droits de l’homme pour Porto Rico, a estimé qu’il existe désormais un consensus sur la question des violations du droit à l’autodétermination pratiquées par les États-Unis.  Il a déploré l’imposition de la peine de mort dans l’île comme une mesure allant contre le processus constitutionnel à Porto Rico.  Le pétitionnaire a attiré l’attention sur la situation des prisonniers politiques portoricains, qui, a-t-il dit, purgent des peines de prison de près de 30 ans dans des conditions « effroyables ».  M. Muñoz a déclaré que condamner et persécuter ceux qui luttent pour l’indépendance et contre un régime colonial, relevait d’une attitude antidémocratique.  Les États-Unis doivent être cohérents dans leur politique des droits de l’homme, eux qui réclament la libération de prisonniers politiques en Chine, à Cuba et ailleurs dans le monde, a encore dit le pétitionnaire. 


M. ONIX MALDONADO LÓPEZ, Estudiantes de Estudios Pre-Juridicos, a évoqué les problèmes quotidiens rencontrés par les citoyens portoricains du fait de l’application dans l’île de lois fédérales américaines « inadaptées » à la situation de Porto Rico.  Déplorant un coût de la vie « exorbitant » dans l’île, il a rappelé que les lois de cabotage régissant le transport maritime entre Porto Rico et les États-Unis coûtaient quelque 500 millions de dollars en fret par an au peuple portoricain.  Il a également déploré qu’aucune représentation portoricaine au Congrès américain ne permette d’y discuter de ces questions. 


M. CARLOS M. HERNANDEZ LOPEZ, Front autonomiste de Porto Rico, a dit que même s’ils accordaient un certain niveau de prérogatives de gouvernance aux autorités nationales portoricaines, les États-Unis intervenaient à leur guise dans toutes les affaires intérieures de l’île.  Ce contrôle permanent, a-t-il ajouté, s’effectue au profit des citoyens américains et aux dépens du développement économique et culturel de l’île.  Pour mettre fin à ce qu’il a qualifié de « relation de dépendance », il a souhaité que la question du statut de l’île soit discutée de manière approfondie devant l’Assemblée générale de l’ONU, en vue d’établir une relation d’association non coloniale conforme au droit international. 


M. JOSÉ CASTILLO, Parti nationaliste portoricain, s’est rallié à la déclaration de M. López, ajoutant qu’il était vital que cesse le harcèlement politique pratiqué selon lui par le Bureau fédéral d’investigation (FBI) contre les Portoricains, et qui pèse sur tous les droits de l’homme de la population de l’île.  M. JOSÉ GARRIGA PICO, Sénateur d’État de Porto Rico, est intervenu pour demander au Comité des 24 que l’ONU joue pleinement son rôle pour que soit mis un terme à la situation d’infériorité politique actuelle de l’île qui ne satisfait « personne ».  L’ONU doit se livrer à un examen complet de la question du statut de Porto Rico, tout en évitant de pencher du côté de la fédéralisation de l’île ou en faveur de sa transformation en un État indépendant, a dit le Sénateur. 


Comme de nombreux autres intervenants, M. LUIS VEGAS RAMOS, Chambre des représentants de Porto Rico, a estimé que la création d’une assemblée constituante était la seule base légitime de négociation pour décider de l’avenir politique de Porto Rico.  L’Assemblée générale doit donc être saisie de cette question, a-t-il lancé.  M. HECTOR IVAN SANTOS, Président de PROELA, une association qui défend depuis 27 ans la décolonisation de l’île de Porto Rico, a rappelé les propos du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, qui a déclaré que la colonisation n’avait plus sa place dans le monde moderne.  Il a dénoncé l’intervention du Congrès et de la Cour suprême américains pour contrecarrer les perspectives d’une autonomie politique de Porto Rico.  Récemment, la très pauvre participation électorale aux primaires démocrates, 15% à peine de l’électorat, a démontré au besoin le manque d’intérêt des Portoricains pour la politique américaine, a souligné M. Santos. 


Prenant ensuite la parole, Mme CARMEN GONZALEZ, Coalition portoricaine contre la peine capitale, a indiqué qu’en vertu de la législation fédérale américaine, cette peine était applicable à Porto Rico, alors que la population de l’île y est largement hostile.  Les autorités portoricaines ont donc demandé au Congrès américain de lever cette disposition, une demande qui est pour l’instant restée sans réponse.  De son côté, M. ANTONIO CAFIERO, association mexicaine COPPPAL, a affirmé que l’Assemblée générale devait contribuer à mettre fin au régime d’assujettissement colonial qui pèse sur Porto Rico.  M. KENNETH D. MCCLINTOCK, Président du Sénat de Porto Rico, a relevé quant à lui que les demandes du peuple portoricain « allaient dans le sens d’une adhésion massive à l’État-nation ».


M. JORGE L. LIMERES, Comité pour l’indépendance de Porto Rico, du Connecticut, a insisté sur le déracinement perturbant que subissent des générations de Portoricains privés d’identité nationale.  Mme WILMA REVERÓN-COLLAZO, COPRONU, a ensuite rappelé que des problèmes de statut politique avaient artificiellement divisé les Portoricains entre diverses options concernant le statut de l’île, « alors que le pays ayant usurpé notre souveraineté ignore les demandes de tout un peuple qui exige à l’unisson la fin de la colonisation ».  Estimant que la colonisation constituait un affront pour son peuple, M. VALENTIN ROSARIO, Portoricain pour l’indépendance, a demandé à l’ONU de prendre des dispositions pour porter cette question devant l’Assemblée générale, afin que la communauté internationale reconnaisse à Porto Rico son droit inaliénable à la souveraineté.  Le représentant a également souhaité que l’on ordonne aux États-Unis « de mettre fin à l’occupation illégale de l’île ».  M. ROGELIO FIGUERA GARCIA, Portoricains pour Porto Rico, a passé en revue les différentes positions défendues en ce qui concerne le statut de l’île.  Affirmant que les partis dits « du statut » étaient des formations au service d’intérêts privés, il a déclaré qu’il appartenait au peuple portoricain de prendre l’initiative de l’autodétermination sans plus tarder.


Pour sa part, Mme RAQUEL DELGADO, La Nueva Escuela, a dénoncé le fait que, depuis plus d’un siècle, le droit à la liberté des Portoricains était bafoué par une « puissance impérialiste ».  Depuis l’invasion de 1898, le régime colonial a tout mis en œuvre pour étouffer les velléités d’indépendance des Portoricains, notamment par la mise en place du programme COINTELPRO du FBI, qui visait à démanteler les mouvements jugés séditieux.  M. FERNANDO J. MARTIN, Internacional Socialista, a déclaré que cette formation avait toujours rejeté le colonialisme sous toutes ses formes, soulignant lui aussi que le Comité devait recommander le renvoi de cette question devant la plénière de l’Assemblée.  M. RODRIGO BORJA, l’ancien Président de l’Équateur, a apporté son appui au projet de décision sur l’indépendance de Porto Rico, qui a été présenté ce matin par le représentant du Cuba.


Débat sur le projet de décision du Comité spécial en date du 14 juin 2007 concernant Porto Rico (A/AC.109/2008/ L.7)


La représentante de l’Équateur a déclaré que sa délégation appuyait le consensus croissant sur le besoin de mettre en marche un mécanisme d’autodétermination basé sur le droit international.  Elle a ajouté qu’il était impératif dans ce cadre de porter la question de Porto Rico devant Assemblée générale afin que les États Membres l’examinent sous tous ses aspects.  En tant que « nation latino-américaine et caribéenne dotée de sa propre identité nationale », Porto Rico devrait pouvoir intégrer le concert des nations, a dit la représentante de l’Équateur.


Le représentant de la Bolivie a estimé que la situation politique qui prévaut actuellement sur l’île, en ce XXIe siècle, relevait de l’anachronisme.  Il a notamment stigmatisé « la politique d’expansion du colonialisme pratiquée par les États-Unis », et qui, pour la Bolivie, est indigne du comportement que devrait avoir un pays qui se déclare lui-même le « champion de la démocratie ».  Il a souhaité avec insistance que l’Assemblée générale aide les Portoricains à devenir les seuls juges du destin de Porto Rico. 


Le représentant du Nicaragua a lui aussi fait part de son espoir que l’Assemblée générale de l’ONU examine sous tous ses aspects la question coloniale de Porto Rico.  S’agissant de l’île de Vieques, rattachée à Porto Rico, il a salué les efforts continus des populations locales qui ont contribué au retrait de la marine de guerre des États-Unis, cela après 60 années de pratique d’exercices militaires dangereux et de détérioration de l’environnement.  Il a ensuite félicité les Portoricains pour leur engagement à maintenir vivante leur identité nationale latine.  Donnons-leur maintenant les moyens juridiques d’exister aux yeux du monde en tant que nation indépendante, a dit le représentant, en ajoutant que la réalisation de l’unité de la région latino-américaine et des Caraïbes dépendait en partie de ce progrès.


Le représentant du Panama a, à son tour, plaidé pour l’intégration de Porto Rico à l’ensemble régional de l’Amérique du Sud.  Il a souhaité que les résolutions et décisions adoptées depuis 30 ans permettent de régler la situation à l’amiable sur la base d’un processus de décolonisation établi dans le cadre de l’Assemblée générale de l’ONU.


La représentante de la République bolivarienne du Venezuela a demandé au Gouvernement des États-Unis de renoncer à la domination politique, économique et sociale, qu’il exerce sur le territoire de Porto Rico et de permettre aux habitants de l’île de prendre en main leur propre destin. 


Les représentant de la République dominicaine, qui s’exprimait au nom du Mouvement des non-alignés; de la République arabe syrienne; de la République islamique d’Iran et de Saint-Vincent-et-les Grenadines sont également intervenus pour défendre le droit inaliénable du peuple portoricain à l’autodétermination, qui est consacré dans la résolution 1514 de l’Assemblée générale.  Ils ont de plus demandé instamment aux États-Unis de mener à bien les activités de dépollution de Vieques.  La responsabilité incombe logiquement au pollueur, ont-ils dit.


Explication de position après adoption


Le représentant de Cuba s’est dit satisfait de l’adoption par consensus du projet de résolution publié sous la cote A/AC.109/2008/L.7.  Ce texte vient d’être adopté pour la neuvième année consécutive, a-t-il rappelé.  Il a insisté sur le fait que le texte réitère la demande que l’Assemblée générale de l’ONU examine la question du statut politique de Porto Rico sous tous ses aspects.  Saluant le soutien de plus en plus important manifesté envers le projet de résolution, il a estimé que cet appui signifiait qu’il est urgent de s’engager dans un véritable processus de décolonisation de l’île.  Cuba, a conclu le représentant, est historiquement attaché à indépendance du peuple frère de Porto Rico. 


Audition des pétitionnaires (suite)


Plusieurs autres pétitionnaires ont pris la parole cet après-midi après l’adoption de la décision sur Porto Rico.  M. YAMIL MISLA, groupe Jeunes professionnels pour une démocratie portoricaine, a rappelé que même après l’établissement d’un Gouvernement constitutionnel en 1952, l’île était restée de facto sous l’autorité des États-Unis.  M. MANUEL RIVERA, représentant de Portoricains unis dans l’action, a relevé que les États-Unis avaient remplacé des gouvernements élus, implanté des dictatures militaires, et étaient intervenus militairement dans des pays souverains.  Le moment est donc venu de remettre en cause ces politiques impérialistes, en réalisant la décolonisation de Porto Rico et en libérant les nombreux prisonniers politiques incarcérés aux États-Unis, a dit le pétitionnaire.


M. FRANCISCO VELGARA, Vieques Support Campaign, a dénoncé l’impact environnemental et économique causé par les opérations de la marine américaine sur l’île de Vieques, une municipalité portoricaine.  Ces opérations consistent pour l’essentiel en des essais d’armes, qui menacent les industries locales de la pêche et du sucre.  Les appels se sont pourtant multipliés pour que la situation de Vieques et de Porto Rico soit portée à l’ordre du jour de l’Assemblée générale, a-t-il rappelé.  M. ROMENIO PEREIRA, Parti des travailleurs, a rejeté les politiques néolibérales qui ont une influence néfaste sur tous les régimes qui ont commis l’erreur de s’aligner sur leurs diktats.  Nous invoquons le droit de ce pays à organiser son assemblée constituante en vue de lui permettre de décider de son avenir politique, a-t-il dit.  Parmi les autres pétitionnaires à soutenir l’indépendance de Porto Rico, M. BENJAMIN RAMOS ROSADO, groupe ProLibertad Freedom Campaign, a plaidé pour la libération des trois plus anciens politiques portoricains.  Mme NORMAHIRAN PEREZ, FMPR Support Committee, a, quant à elle, mis l’accent sur le « colonialisme syndical » dont a été et est toujours victime Porto Rico, en particulier au sein de son système éducatif, qui reflète les priorités de la puissance américaine.  Enfin, M. ELLIOTT MONTEVERDE TORRES, groupe Grand Jury Resistance Campaign, a dénoncé les menaces d’arrestation qui pèsent sur deux militants de cette formation s’ils se rendent aux États-Unis.


M. JOSÉ F. APONTE-HERNÁNDEZ, Président de la Chambre des représentants, a déclaré que le statut de Porto Rico ne pourrait pas être réglé tant que le Congrès américain n’agirait pas de manière proactive.  Mme NILDA LUZ REXACH, National Advancement for Puerto Rican Culture, a plaidé pour l’intégration de Porto Rico aux États-Unis, dont elle a souhaité que l’île devienne le cinquante et unième État.  M. JOSE ADAMES, Centre culturel Anancaona, a abondé en ce sens, expliquant que 110 années de discrimination avaient empêché Porto Rico de jouir des mêmes droits et privilèges que les autres États américains.  Si Porto Rico devient indépendant, a-t-il soutenu, la situation économique y deviendra intenable en raison de l’augmentation des taxes qui provoquera le départ des grandes compagnies qui se trouvent actuellement dans l’île.  En conclusion, M. SANTIAGO FELIX, Ministerio Latino, a axé son intervention sur l’impossibilité, anormale, pour les Portoricains de prendre part à l’élection du Président des États-Unis.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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