ASSEMBLÉE: LE DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’AIEA VOIT DANS UN NUCLÉAIRE « SÛR » LE MOYEN DE RÉPONDRE AUX CRISES ALIMENTAIRE ET ÉNERGÉTIQUE MONDIALES
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Assemblée générale
Soixante-troisième session
31e et 32e séances plénières – matin et après-midi
ASSEMBLÉE: LE DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’AIEA VOIT DANS UN NUCLÉAIRE « SÛR » LE MOYEN DE RÉPONDRE AUX CRISES ALIMENTAIRE ET ÉNERGÉTIQUE MONDIALES
« L’énergie nucléaire connaît une renaissance car elle semble pouvoir répondre à une demande énergétique en hausse » a estimé, ce matin, devant l’Assemblée générale, le Directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), venu présenter son rapport 2007, qui coïncidait avec le cinquantième anniversaire de l’Agence.
L’accès à la technologie nucléaire n’allant pas sans risque, Mohammed ElBaradei a proposé l’ouverture d’une « banque du combustible nucléaire » sous les auspices de l’AIEA, « ce qui permettrait de placer toutes les activités d’enrichissement et de retraitement sous contrôle multinational ».
Dans un contexte de crises énergétique et alimentaire mondiales, le travail de l’AIEA demeure plus que jamais important pour augmenter les stocks alimentaires, lutter contre les maladies animales ou détecter les zones aquifères inexploitées, s’est expliqué Mohammed ElBaradei.
La communauté internationale porte donc une responsabilité pour veiller à ce que les pays en développement ne soient pas privés d’accès à une technologie dont les applications aux domaines de l’hydrologie, de l’agriculture ou de la médecine nucléaire sont susceptibles de répondre à leurs besoins les plus urgents, a estimé M. ElBaradei, en parlant en particulier de l’Afrique subsaharienne où le nombre de pauvres a pratiquement doublé depuis 1981, passant à 380 millions.
De nombreuses délégations ont présenté des projets entrepris dans le cadre de leur coopération technique avec l’AIEA. L’Éthiopie, par exemple, a présenté une initiative visant à éradiquer par irradiation la mouche tsé-tsé de la vallée du Rift, dont les terres cultivables, d’une superficie de 250 000 km2, sont sous-exploitées en raison de ce grave problème de santé publique.
L’accès élargi à la technologie nucléaire peut s’avérer dangereux. M. ElBaradei a fait état de 250 incidents impliquant le vol ou le détournement de matériaux nucléaires et radioactifs au cours du premier semestre 2008. Dans ce contexte, lereprésentant de la Suisse a jugé que la décision du Groupe des fournisseurs nucléaires de ne plus exiger l’application des garanties généralisées comme condition de la coopération technique avec l’Inde pose de nouveaux défis.
Les États qui maîtrisent l’enrichissement de l’uranium deviennent de facto des États capables de se doter de l’arme nucléaire, a souligné le Directeur général de l’AIEA. Il a regretté que l’Agence ne puisse être en mesure de déterminer avec toute la clarté requise l’absence de matériaux et d’activités nucléaires non déclarés en Iran.
« Notre programme nucléaire était, est et restera entièrement pacifique », a soutenu le représentant iranien, selon lequel, grâce à la coopération avec l’AIEA pendant l’été 2007, toutes les questions liées à l’application de garanties sont désormais résolues. Il a tout de même affirmé que son pays restait ouvert au dialogue.
Son homologue de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a émis des réserves sur la résolution*, adoptée aujourd’hui par consensus, et aux termes de laquelle l’Assemblée a pris notre du rapport de l’AIEA et réaffirmé son appui à l’Agence. Le représentant de la RPDC a regretté que l’Agence ne soit pas revenue sur la « position pleine de préjugés » contre son pays, imputable, selon lui, à l’hostilité des États-Unis.
Il a également mis en cause l’attitude du Japon, qui s’opposerait selon lui à la dénucléarisation de la péninsule coréenne pour avoir un prétexte d’« envahir son pays ». Le représentant japonais a rejeté ces allégations.
Par ailleurs, l’Assemblée a élu** les six membres suivants au Comité des conférences, qui seront appelés à exercer leurs fonctions pour une période de trois ans à compter du 1er janvier 2009: Congo, France, Fédération de Russie, Malaisie, Mozambique et Philippines. Le siège vacant du Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes sera pourvu ultérieurement. Enfin, l’Assemblée générale a décidé de reporter les nominations au sein du Comité du programme et de la coordination (CPC).
La prochaine séance plénière de l’Assemblée générale se tiendra le mercredi 29 octobre à partir de 10 heures. Elle sera consacrée à la question intitulée « Nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier imposé par les États-Unis d’Amérique ».
* A/63/L.6
** A/63/107
RAPPORT ANNUEL 2007 DE L’AGENCE INTERNATIONALE DE L’ÉNERGIE ATOMIQUE (AIEA)
Ayant célébré, en 2007, son cinquantième anniversaire, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) fait le point, dans ce rapport, sur ses trois champs d’activité ou « piliers » que sont la technologie, la sûreté et la vérification.
S’agissant de la technologie, l’AIEA indique que confrontés à une pénurie d’énergie croissante et à la hausse du prix des combustibles fossiles, de nombreux pays se tournent maintenant avec un regain d’intérêt vers l’électronucléaire, qui a l’avantage de n’émettre pratiquement pas de gaz à effet de serre, pour diversifier leur approvisionnement énergétique. À la fin 2007, 34 réacteurs au total étaient en construction dans le monde et 439 réacteurs fournissaient environ 15% de l’électricité mondiale. L’expansion actuelle est restée concentrée en Asie où 19 réacteurs étaient en construction au cours de l’année 2007.
La gestion du combustible usé est l’un des facteurs les plus importants qui influencent l’avenir du nucléaire. La quantité de combustibles nucléaires usés produite annuellement est d’environ 10 500 tonnes de métaux lourds. Or, moins de 20% de ce combustible est actuellement retraité et les premiers dépôts finals ne devraient pas ouvrir avant 2020 – et encore dans quelques pays seulement. Les deux tiers restants sont mis en entreposage provisoire sûr en attendant qu’une décision soit prise sur leur gestion future.
Par ailleurs, en 2007, l’industrie nucléaire a continué d’afficher un niveau élevé de sûreté à travers le monde. Les États se sont entendus sur la nécessité de rester vigilants, compte tenu notamment du regain d’intérêt pour l’électronucléaire. De son côté, l’AIEA accorde une attention encore plus grande à la sûreté sismique des installations.
La menace de terrorisme nucléaire a aussi continué de préoccuper la communauté internationale. Un cadre international de sécurité nucléaire s’édifie à partir des instruments internationaux nouveaux, renforcés et en vigueur. Toutefois, pour qu’il soit efficace, davantage de pays doivent ratifier et mettre en œuvre ces instruments, et plus particulièrement l’amendement à la Convention sur la protection physique des matières nucléaires.
S’agissant de la vérification de l’utilisation pacifique des installations nucléaires, des garanties ont été appliquées en 2007 dans 163 États ayant des accords de garanties en vigueur. Quatre-vingt-deux États avaient à la fois un accord de garantie généralisée et un protocole additionnel en vigueur. Pour 47 de ces États, l’Agence a conclu que toutes les matières nucléaires étaient restées affectées à des activités pacifiques. Pour 35 de ces États, elle n’avait pas encore fini toutes les évaluations nécessaires et ne pouvait donc que conclure que les matières nucléaires déclarées étaient restées affectées à des activités pacifiques.
Depuis décembre 2002, l’Agence n’a pas pu mettre en œuvre des garanties en République populaire démocratique de Corée (RPDC) et ne peut donc tirer aucune conclusion à ce sujet. Toutefois, le 4 novembre 2007, la RPDC a confirmé avoir inactivé les installations nucléaires de Yongbyon, que l’Agence a pu observer et documenter.
Par ailleurs, si l’Agence a pu vérifier, en 2007, le non-détournement de matières nucléaires déclarées en Iran, elle n’a pu donner aucune assurance crédible de l’absence de matières et d’activités nucléaires dans le pays. Bien que le Conseil de sécurité ait adopté en mars 2007 une résolution réaffirmant que l’Iran devait suspendre ses activités d’enrichissement et de retraitement, ce pays a poursuivi l’exploitation de l’installation pilote d’enrichissement de combustible. La construction du réacteur I-40 et l’exploitation de l’usine de production d’eau lourde se poursuivaient aussi à la fin 2007.
Déclarations
M. MOHAMMED ELBARADEI, Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a déclaré que l’Assemblée se réunissait dans un contexte d’anxiété et de vulnérabilité qui touche les pays riches mais aussi et surtout les plus pauvres. Présentant le rapport annuel de l’AIEA pour l’année 2007, il a expliqué que les activités de l’Agence en matière de coopération étaient parfois -à tort– vues comme un aspect secondaire de son travail dans les domaines de la sûreté, de la sécurité et de la non-prolifération. Le Directeur a ensuite rappelé qu’au cours de l’année passée, la flambée des prix des denrées alimentaires avait précipité des millions de personnes dans la pauvreté et la faim. Ceci ne fait que renforcer l’importance du travail effectué par l’AIEA pour augmenter les stocks alimentaires et lutter contre les maladies animales. Par ailleurs, l’Agence joue un rôle unique à bien des égards, comme par exemple dans la technologie de pointe pour détecter les réserves aquifères, qui repose sur le nucléaire.
Un récent rapport de la Banque mondiale montre ainsi que 1,4 milliard de personnes dans le monde vit avec moins de 1,25 dollar par jour, a indiqué M. ElBaradei. En outre, le nombre de pauvres en Afrique subsaharienne a pratiquement doublé depuis 1981, passant à 380 millions. La communauté internationale a donc une responsabilité pour assurer que ces personnes et d’autres ne soient pas empêchées d’avoir accès à des technologies susceptibles d’accélérer leur développement économique et de veiller à répondre à leurs besoins les plus urgents. Selon M. ElBaradei, face aux disparités frappantes qui prévalent dans la consommation d’énergie dans le monde –les pays de l’Organisation de coopération et de développement (OCDE) consommant 170 fois plus d’électricité par an que toute l’Afrique-, il est tout à fait compréhensible que de nombreux pays en développement envisagent l’énergie nucléaire comme une source majeure.
L’énergie nucléaire connaît une renaissance depuis une dizaine d’années, a affirmé M. ElBaradei, qui a expliqué qu’elle était vue maintenant comme un moyen de répondre à une demande énergétique en hausse, aux incertitudes sur les sources d’énergie disponibles et aux changements climatiques. Ainsi, au cours des dernières années, une cinquantaine d’États Membres ont exprimé leur intérêt pour l’énergie nucléaire et sollicité l’appui de l’AIEA à cet égard. Douze d’entre eux sont activement engagés dans le développement de ce type d’énergie, a précisé le Directeur, qui a insisté sur le fait que la demande d’assistance a été particulièrement forte de la part des pays en développement. Pour veiller à ce que les nouveaux venus utilisent le nucléaire de manière efficace, sûre et avec un risque minimal de prolifération, nous insistons auprès d’eux pour qu’ils planifient leurs besoins avec précision, mettent en place les ressources humaines et l’infrastructure appropriée, établissent des mécanismes de régulation et adhérent aux instruments internationaux de sûreté, de sécurité et de non-prolifération, a-t-il dit. La responsabilité première revient aux pays eux-mêmes, a-t-il fait observer.
Une des conséquences de la renaissance du nucléaire est la circulation de matériaux nucléaires dans un nombre de plus en plus important de pays, augmentant ainsi le risque de voir ces matériaux détournés à des fins de fabrication d’armes nucléaires. Les États qui maîtrisent l’enrichissement de l’uranium deviennent de facto des États capables de se doter de l’arme nucléaire, a prévenu M. ElBaradei. Les pays concernés n’ont peut-être aujourd’hui aucune intention de développer des armes nucléaires, mais cela peut changer très rapidement en fonction de l’évolution de leur perception des risques posés à leur sécurité nationale. Et la perception des risques, a-t-il souligné, peut évoluer très vite.
C’est la raison pour laquelle, a-t-il préconisé, il faut réfléchir sérieusement à la possibilité d’un contrôle multinational du cycle du combustible nucléaire. Il faudrait pour cela, donner l’assurance à chaque pays qui souhaite posséder l’énergie nucléaire –et conformément aux accords de garantie– de pouvoir avoir accès à un cycle du combustible qui ne sera pas interrompu pour des raisons politiques, a suggéré le Directeur général. Un tel mécanisme devrait être appliqué au niveau international et sans discrimination, a-t-il précisé. Selon lui, le scénario idéal serait d’ouvrir une « banque » du cycle du combustible nucléaire sous les auspices de l’AIEA, ce qui permettrait de placer toutes les activités d’enrichissement et de retraitement sous contrôle multinational.
En matière de sécurité nucléaire, le Directeur général s’est alarmé du nombre d’incidents impliquant le vol ou le détournement de matériaux nucléaires et radioactifs, près de 250, pendant les six premiers mois de l’année 2008. Ce qui est d’autant plus troublant, c’est que ces matériaux ne sont pas récupérés pour la plupart. S’agissant de la vérification, M. ElBaradei a rappelé qu’en dépit de progrès, seuls 88 sur les 163 États disposant d’accords de garanties avaient fait entrer en vigueur le Protocole additionnel, soit à peine plus de la moitié. Il est également déconcertant, a-t-il poursuivi, que 30 États parties au TNP n’aient toujours pas fait entrer en vigueur leurs accords de garanties généralisées avec l’Agence. En l’absence de garanties, l’Agence ne peut apporter aucune assurance sur les activités nucléaires d’un État, et en l’absence de protocoles additionnels, elle n’est pas en mesure de garantir qu’aucune activité nucléaire non déclarée n’est menée par un État.
Évoquant la situation dans la péninsule coréenne, le Directeur général a indiqué qu’au début du mois d’octobre, les autorités de la République populaire démocratique de Corée avaient rouvert l’accès des installations nucléaires de Yongbyon aux inspecteurs de l’AIEA après une brève suspension des activités de vérification. M. ElBaradei a par ailleurs regretté que l’Agence ne puisse être en mesure de déterminer avec toute la clarté requise l’absence de matériaux et d’activités nucléaires non déclarés en Iran, en raison du manque de progrès sur les questions relevant de la dimension militaire possible du programme nucléaire de ce régime. Il s’est dit cependant confiant que des arrangements pourront être mis en place pour permettre à l’Agence de clarifier les questions en suspens, tout en garantissant le droit légitime de l’Iran de protéger la confidentialité des informations et des activités sensibles. Le Directeur général a exhorté l’Iran à mettre en œuvre, dès que possible, toutes les mesures de transparence nécessaires pour renforcer la confiance dans la nature exclusivement pacifique de son programme nucléaire.
Enfin, M. ElBaradei a salué les conclusions du rapport de la Commission de personnes éminentes qu’il a nommée en vue de faire des recommandations sur l’avenir de l’AIEA. Celle-ci conclut notamment à la nécessité d’aider les « nouveaux venus » à mettre en place les infrastructures nécessaires, de renforcer le programme de coopération technique de l’Agence, d’exhorter les États Membres à négocier des accords juridiquement contraignants, d’établir un cadre mondial de sûreté nucléaire et de renforcer les activités de garanties de l’Agence.
M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France), intervenant au nom l’Union européenne, a estimé que les trois piliers du Statut de l’AIEA étaient plus d’actualité que jamais et que ceux-ci contribuaient de manière importante à promouvoir la paix et la sécurité dans le monde. Il a ajouté que l’AIEA reste l’enceinte la plus qualifiée pour assurer une utilisation responsable du droit inaliénable à l’usage pacifique de l’énergie nucléaire. Appelant ensuite tous les États membres de l’AIEA à mettre en œuvre l’ensemble de leurs obligations au titre de leurs accords de garanties, le représentant a expliqué que l’Union européenne travaille à faire du Protocole additionnel une condition pour les exportations de matières nucléaires.
Rappelant ensuite que des protocoles additionnels sont entrés en vigueur depuis mai 2004 dans tous les États membres de l’Union européenne, le représentant a instamment appelé tous les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier « sans attendre » un tel protocole. Il a également appelé les États qui ne l’ont pas encore fait à signer et faire entrer en vigueur leurs accords de garanties et protocoles additionnels respectifs.
Évoquant ensuite la Lybie, M. de Rivière s’est félicité du fait que l’AIEA avait conclu qu’il n’y avait plus de questions en suspens et que les inspections pouvaient y être poursuivies selon un mode de routine. Il a également indiqué que le renforcement de la capacité des États à détecter et combattre le commerce illicite des matières nucléaires était un domaine significatif de coopération entre l’Union européenne et l’Agence. L’Union européenne s’engage à respecter le Code de conduite adopté par la Conférence générale de l’Agence en 2003, a-t-il poursuivi, demandant ensuite à tous les pays de mettre en œuvre les Orientations pour l’importation et l’exportation de sources radioactives.
Le représentant de la France a également estimé qu’il est temps de mettre au point des mesures concrètes s’agissant des approches multilatérales du cycle de combustible. De son avis, de mécanismes multilatéraux équilibrés contribueraient de manière significative à répondre aux préoccupations des pays bénéficiaires concernant la sécurité d’approvisionnement. Il a notamment évoqué l’accès au combustible nucléaire et la diminution du besoin d’investir dans des technologies du cycle complexes et coûteuses, ainsi que la réduction des préoccupations en matière de prolifération et de sécurité nucléaires. Il a affirmé que l’Union européenne examine actuellement la possibilité d’apporter une contribution financière au projet ambitieux de banque de combustibles sous l’égide de l’AIEA.
M. LUIZ FILIPE DE MACEDO SOARES (Brésil), qui s’est exprimé au nom du Marché commun du Sud (Mercosur) et ses États associés, a rappelé le droit inaliénable de tous les États à développer l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, conformément à l’article 4 du Traité de non-prolifération (TNP). En conséquence, les tentatives de redéfinir l’équilibre délicat entre les droits et les obligations consacrés par le Traité et à mettre en doute la légitimité des aspirations d’un État au développement technologique à des fins exclusivement pacifiques, peuvent contribuer à miner le système créé par le Traité et à multiplier les réticences à y adhérer, a-t-il prévenu.
Par ailleurs, le représentant brésilien a demandé une analyse plus profonde du concept d’« assurances de l’approvisionnement en combustible nucléaire » et du rôle que doit jouer l’AIEA. Il est important que ce concept n’affaiblisse pas les droits consacrés par le TNP ou ne compromette pas l’équilibre délicat entre désarmement et régime de non-prolifération. À propos de la gestion du combustible usé et des déchets, le représentant a souligné qu’elle continue à être un défi, au regard d’une utilisation accrue de l’énergie électronucléaire.
Mme GEORGINA CHABAU (Cuba) a affirmé que le pilier de coopération technique de l’AIEA devrait être renforcé pour permettre aux pays en développement d’atteindre leurs objectifs. Ainsi, à Cuba, la technologie nucléaire est appliquée dans les domaines de la santé publique, de l’agriculture, de l’alimentation, de l’hydrologie et de la protection de l’environnement. L’an dernier, Cuba a respecté ses obligations financières vis-à-vis du Fonds de la coopération technique (FCT) de l’AIEA et mis en œuvre ses projets nationaux à plus de 90%, le pays ayant aussi dépêché une trentaine d’experts et 11 professeurs. Toutefois, l’engagement de Cuba à participer aux activités de l’IAEA au titre de la coopération technique se heurte au blocus imposé par les États-Unis depuis cinq décennies. De plus, des visas sont régulièrement refusés aux experts cubains qui souhaitent participer à des réunions de l’AIEA qui se tiennent dans ce pays. La délégation a aussi indiqué que son gouvernement rejetait toute prétention à favoriser les autres piliers de l’Agence au détriment de la coopération technique, comme toute tentative d’utiliser la fourniture de combustible nucléaire comme moyen de coercition économique ou comme mécanisme de monopole.
La représentante a ensuite indiqué que Cuba accordait une grande importance à la sécurité radiologique. Elle s’est félicité que, quatre ans à peine après la signature du TNP, son pays se trouve dans le groupe des 47 pays dans lesquels l’AIEA n’a jamais détecté des activités non déclarées ou de détournement de matériaux nucléaires. Assurant que la vérification devait être menée de manière impartiale, la représentante a souligné le droit inaliénable de l’Iran, comme de tout pays qui souhaite développer l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, de pouvoir le faire dans le respect de ses obligations en vertu des accords de garanties généralisées. Mme Chabau a enfin regretté qu’en lieu et place de désarmement nucléaire, la course aux armements soit encouragée. Elle a rejeté toute mise en œuvre sélective du TNP.
M. MOHAMMAD KHAZAEE (République islamique d’Iran) a estimé que l’accès à des sources énergétiques « fiables et adéquates » était essentiel pour le développement, ajoutant que l’énergie nucléaire permettrait de répondre aux demandes en énergie, tout en ayant peu d’incidences sur les changements climatiques. Il a estimé qu’il importe de renforcer les activités de coopération technique de l’AIEA destinées à améliorer les capacités des pays en développement dans le domaine de la production d’énergie nucléaire.
M. Khazaee a estimé que la coopération des pays développés avec les pays en développement en matière de technologie nucléaire était peu satisfaisante. Plutôt que de promouvoir la coopération, des « clubs » de détenteurs d’énergie nucléaire, caractérisés par la discrimination et le manque de transparence, ont été créés pour enfreindre l’accès des pays en développement aux technologies nucléaires, en invoquant, de manière fallacieuse, des soucis de non-prolifération, a affirmé le représentant iranien. Il a ajouté que la politisation du travail de l’AIEA, y compris son programme de coopération technique, constituait une violation de son Statut.
M. Khazaee a pointé du doigt une tendance « dangereuse » qui va à l’encontre du régime de garanties du TNP et de son universalité. Ainsi, ceux qui ont choisi de ne pas adhérer au TNP ne sont sujets à aucune pression de le faire et sont même encouragés voire récompensés de diverses manières, dont la coopération nucléaire. Par exemple, a déclaré le représentant, le « régime sioniste » a pu acquérir un stock important d’armes nucléaires, défiant ainsi la volonté des États de la région et de la communauté internationale de transformer le Moyen-Orient en une région exempte d’armes nucléaires.
Mon pays estime, a-t-il dit, que le développement de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques est un droit inaliénable. Le programme nucléaire de l’Iran était, est et restera entièrement pacifique, a-t-il affirmé, rappelant que les rapports de l’AIEA indiquent, depuis novembre 2003, qu’il n’y a aucune preuve d’une diversion de matériaux nucléaires en armes.
Le représentant a ensuite signalé que grâce à la coopération entre l’Iran et l’AIEA pendant l’été 2007, toutes les questions liées à l’application de garanties avaient été résolues. Aussi, l’intention de porter le dossier de l’Iran devant le Conseil de sécurité revient-elle à priver le peuple iranien de ses droits inaliénables. Demander la suspension des activités d’enrichissement est illégal et l’Iran ne l’acceptera jamais, a-t-il lancé. L’Iran est pour le dialogue.
En présentant au Groupe 5+1 son train de mesures pour des négociations constructives, l’Iran, a insisté le représentant, a montré sa ferme détermination à négocier sans conditions pour trouver une solution aux questions nées de l’approche « injuste et préjudiciable » de certaines grandes puissances. Le Groupe des 5+1, a indiqué le représentant, n’a d’ailleurs toujours pas répondu à cette proposition qui date de mai 2008.
L’insistance de certaines puissances de poser la suspension des activités d’enrichissement comme condition préalable aux négociations n’a rien à voir avec la réalité et constitue même une politique irrationnelle et vouée à l’échec, a-t-il dit. Au lieu d’imposer des mesures économiques et d’exercer des pressions politiques, il faut partir des obligations et des préoccupations communes et les considérer comme une alternative viable, a conclu le représentant.
M. ANDREAS BAUM (Suisse) a rappelé, à la suite de Mohammed ElBaradei, que l’AIEA se trouvait désormais à la croisée des chemins. Tout d’abord, le rapport de la Commission de personnes éminentes sur l’avenir de l’Agence a mis en évidence le fait que des progrès en matière de désarmement nucléaire sont indispensables pour faire avancer l’agenda des garanties. Ensuite, la décision prise par le Groupe des fournisseurs nucléaires de ne plus exiger l’application des garanties généralisées comme condition de la coopération nucléaire avec l’Inde pose, selon le représentant, de nouveaux défis à l’objectif d’application du système de ces garanties, y compris le Protocole additionnel. Force est de constater, a-t-il dit, que le régime de non-prolifération actuel est arrivé à un tournant et qu’il faut entamer, sans plus tarder, un travail de réflexion afin de mettre sur pied les bases propres à atteindre l’objectif d’un régime de non-prolifération universel. Le représentant a estimé que ces deux aspects étaient fortement liés et qu’il fallait prendre garde à ce que certains développements récents ne compliquent pas davantage le défi grandissant posé à l’AIEA par l’équilibre qu’elle doit conserver entre, d’une part, ses activités de coopération dans le domaine des technologies nucléaires civiles, et, d’autre part, ses activités de contrôle de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire. La Suisse, qui siège actuellement au Conseil des gouverneurs de l’AIEA, continuera de s’engager fermement pour soutenir l’Agence dans sa mission, a conclu le représentant.
M. ANDREI DAPKIUNAS (Bélarus) a souligné les efforts de l’AIEA pour que l’énergie atomique soit utilisée à des fins pacifiques, tout en plaidant pour un renforcement de la position indépendante de cette Agence. Il s’est ensuite exprimé sur le projet de construction d’une centrale nucléaire dans son pays. Nous menons, a-t-il dit, des travaux d’étude pour déterminer la surface nécessaire à la centrale. Il a exprimé l’intérêt de son pays de travailler étroitement avec l’AIEA et ses experts. Notre priorité est la sécurité nucléaire, a-t-il assuré, avant de rappeler que son pays avait été l’un des plus touchés par la catastrophe de Tchernobyl.
Par ailleurs, le représentant a manifesté l’intention de son pays de se pencher sur les aspects financiers que pourrait représenter l’énergie nucléaire pour échapper à une crise énergétique comme celle que l’on vit actuellement. Il est essentiel que tous les pays du monde puissent bénéficier de l’énergie nucléaire, a-t-il insisté, avant de plaider pour la création au sein de l’ONU d’un mécanisme qui permette le partage des effets positifs de l’utilisation de cette énergie. Il a demandé la mise au point d’un système d’accès à égalité et sans discrimination. Nous ne pouvons accepter que les pays développés bloquent l’accès à ces technologies aux pays en développement, a-t-il insisté.
M. LESLIE M. GUMBI (Afrique du Sud) s’est dit convaincu que le rôle de l’Agence pour mettre en place un environnement de nature à encourager les applications de la technologie nucléaire dans les domaines de la sécurité nucléaire, la stérilisation des insectes nuisibles, la gestion efficace de l’eau ou encore les procédures médicales est de nature à améliorer des normes de vie de la population et à réaliser les OMD. Même si le rapport 2007 de l’Agence indique que l’industrie nucléaire a continué de démontrer un niveau élevé de sûreté et de sécurité nucléaires, cette question mérite une considération particulière, a-t-il toutefois estimé. En effet, a souligné le représentant, au cours de la période à l’examen, peu de progrès ont été accomplis dans la signature et la ratification des diverses conventions relatives à la sûreté, qui sont importantes pour améliorer les normes pertinentes et sensibiliser l’opinion publique. L’Afrique du Sud, a-t-il rappelé, a recommandé à l’Agence de poursuivre ses activités de renforcement de la sécurité des matériaux nucléaires et radioactifs.
Le représentant a ensuite estimé qu’il incombait à tous les États de renforcer la confiance et de fournir l’assurance que leurs capacités nucléaires seront utilisées à des fins strictement pacifiques. À cet égard, il a exhorté la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et la République islamique d’Iran à répondre aux appels qui leur ont été lancés pour qu’ils mettent en œuvre les accords de garanties du TNP. Il a ensuite reconnu le rôle indispensable que le Protocole additionnel pouvait jouer comme mécanisme additionnel pour garantir que les États parties appliquent la technologie nucléaire à des fins pacifiques. M. Gumbi a en conclusion souligné l’importance de doter le Fonds de la coopération technique des ressources indispensables au financement de projets de coopération avec les pays en développement. Cela est tout particulièrement important pour les pays africains qui œuvrent à la réalisation des OMD et du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), a-t-il conclu.
M. ORKELDEEN (Soudan) a indiqué que son pays accorde un attention particulière à l’application des techniques de lutte contre les invasions d’insectes, ainsi qu’aux projets d’irrigation et agricoles à grande échelle. Nous espérons que l’Agence poursuivra ses efforts dans ces domaines, a-t-il dit, évoquant notamment le problème du paludisme. Il a ensuite estimé que les États devaient s’abstenir de politiser le rôle du nucléaire dans le domaine du développement. Le Soudan, a-t-il dit, soutient les efforts visant à rendre certaines régions du monde exemptes d’armes nucléaires, a-t-il indiqué. Il a ensuite regretté que le Moyen-Orient soit loin de réaliser cet objectif, estimant qu’Israël fait fi de tous les appels lancés par la communauté internationale. Le représentant a ensuite demandé plus de ressources pour lutter contre la pauvreté dans le continent africain.
M. TALAL ZAID ABDULLAH AL AZEMI (Koweït) a souligné que le rôle vital et important de l’AIEA pour empêcher l’utilisation du nucléaire à des fins militaires n’est possible que si tous les États Membres se joignent aux efforts. Il a ainsi regretté que les appels de l’AIEA à certains pays pour qu’ils adhèrent au TNP soient restés sans réponse, engendrant des conséquences négatives pour la paix et la sécurité internationales. Dans ce contexte, a-t-il prévenu, les objectifs de paix et sécurité au Moyen-Orient ne pourront être réalisés aussi longtemps qu’Israël continuera d’être le seul pays de la région à refuser de soumettre ses installations au régime de garanties de l’AIEA. La prolongation de cette situation irrégulière peut encourager d’autres États de la région à chercher à posséder des armes nucléaires ou à les fabriquer, en invoquant le laxisme de l’AIEA lorsqu’elle doit faire face à des pays qui refusent d’ouvrir leurs installations à des vérifications, a-t-il prévenu.
Compte tenu de l’intransigeance d’Israël, a-t-il dit, nous exigeons de la communauté internationale qu’elle fasse pression sur ce pays. Il a ensuite réaffirmé le droit de tous les États de la région à acquérir la technologie et les connaissances nécessaires pour développer l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, dans le cadre de ce qui est autorisé par les conventions internationales. Ces mesures feraient du Moyen-Orient une région exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive.
Concernant l’Iran, le représentant koweïtien a d’abord rappelé le besoin de respecter la légitimité internationale et le principe de résolution des conflits par des moyens pacifiques. Il a ensuite appelé « amicalement » l’Iran à continuer de collaborer avec l’AIEA dans la transparence, afin de dissiper les doutes et les craintes entourant la nature de son programme nucléaire. Il a aussi plaidé pour que l’on donne du temps à la diplomatie pour trouver une solution pacifique.
M. WANG QUN (Chine) a salué les efforts déployés en 2007 par l’Agence pour promouvoir l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire. En outre, elle a aussi joué un rôle en facilitant la résolution pacifique des crises qui se posent dans la péninsule coréenne et en Iran. Aujourd’hui, alors qu’il y a un élan manifeste dans le monde en faveur de l’énergie nucléaire, il est crucial pour l’Agence de promouvoir l’utilisation pacifique du nucléaire et de prévenir la prolifération. Dans ce contexte, la Chine est d’avis que le rôle et la fonction de l’Agence devraient répondre aux exigences suivantes. Premièrement, il est essentiel que l’expertise de l’Agence soit renforcée de manière à lui permettre de prêter assistance aux États Membres qui souhaitent accroître les champs d’application de l’énergie nucléaire. Deuxièmement, l’Agence devrait œuvrer à consolider son système de règlementation de la sûreté nucléaire et continuer d’assister les États Membres à établir des systèmes nationaux efficaces, a poursuivi le représentant. Troisièmement, a-t-il dit, l’AIEA devrait continuer de répondre aux questions de vérification de manière impartiale et équilibrée, et renforcer l’efficacité de son système de garanties, de manière à promouvoir l’universalité du Protocole additionnel. Le représentant chinois a enfin remercié l’Agence pour l’aide apportée pour renforcer les conditions de sécurité pendant les Jeux olympiques de Beijing en 2008.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a tout d’abord salué la mise en œuvre, depuis 2000, du Projet international sur les réacteurs nucléaires et les cycles du combustible nucléaire innovants. La Fédération de Russie accorde une attention particulière aux cycles de carburant nucléaires et à l’importance de résoudre le problème de la gestion des déchets nucléaires, a-t-il indiqué. Il a signalé que son pays s’efforçait de créer une infrastructure nucléaire mondiale, conforme aux principes de non-prolifération. Il a notamment expliqué qu’en 2007, la Fédération de Russie avait mis sur pied un Centre international d’enrichissement de l’uranium, en coopération avec le Kazakhstan.
De l’avis du représentant, le moment est maintenant venu d’harmoniser les approches communes dans le domaine de la fourniture de combustible nucléaire. Il a également estimé qu’il importe de renforcer les capacités de l’AIEA dans le domaine de la non-prolifération, précisant que la Fédération de Russie aiderait l’AIEA à renforcer le système de garanties. M. Churkin a aussi insisté sur l’importance de répondre à la menace posée par le terrorisme nucléaire et a engagé tous les États qui ne l’ont pas encore fait à signer et à ratifier la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire ainsi que la Convention sur la protection physique des matières nucléaires.
M. Churkin a ensuite porté son attention sur la coopération technique, et a expliqué que la Fédération de Russie avait participé, en 2007, à des projets d’élimination d’uranium enrichi qui se trouvait dans des réacteurs de fabrication soviétique au Viet Nam, en Pologne et en République tchèque. Il a également indiqué que son pays avait l’intention d’aider l’Ukraine à améliorer la sûreté de la centrale nucléaire de Tchernobyl
M. MAGED ABDELFATTAH ABDELAZIZ (Égypte) a rappelé que son pays a soutenu l’AIEA depuis sa création, convaincu de son rôle important pour améliorer la paix internationale et l’utilisation pacifique de technologies nucléaires. Il a rappelé que tous les États du Moyen-Orient se sont rendu compte de l’importance capitale de se joindre au système des garanties de l’Agence, à l’exception d’Israël. Ce pays, a-t-il regretté, demeure en dehors du système, en dépit de l’adoption par la Conférence générale de l’AIEA d’une résolution annuelle intitulée « Application des garanties de l’AIEA au Moyen-Orient », afin de faciliter la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.
Selon lui, la présence d’installations nucléaires sans garanties au Moyen-Orient, qui ne respectent par les normes internationales, demande une réponse efficace sur les plans régional et international. Il a conseillé aux pays qui ne se sont pas rendu compte de l’importance des appels des pays arabes à l’AIEA pour qu’elle traite sérieusement la question des capacités nucléaires israéliennes, qu’ils réévaluent leur tentative non constructive d’empêcher l’examen par la Conférence générale de l’Agence d’examiner un projet de résolution d’une telle importance. Cette tendance, a-t-il indiqué, s’est à nouveau répétée lors de la session de 2008. Selon lui, cette attitude ne peut conduire, à long terme, qu’à une complication de la crise, à des menaces nucléaires croissantes au Moyen-Orient et, à long terme, à un affaiblissement de l’AIEA elle-même.
M. Abdelaziz a également appelé l’AIEA à élargir ses horizons, compte tenu du besoin croissant des pays en développement de sources d’énergies propres et abordables. Il a expliqué que ce rôle est d’autant plus important que la communauté internationale continue d’être témoin des limites qualitatives et quantitatives au transfert de technologie nucléaire, en regrettant des restrictions injustifiées. L’Égypte, a-t-il souligné, croit que ce genre d’approche met significativement en danger la réalisation de l’universalité du système de garanties et sa non-politisation. Il a ainsi rappelé que son pays recherche l’énergie nucléaire pour son développement et qu’elle collabore avec l’AIEA afin d’utiliser pacifiquement cette énergie.
M. RAYMOND CHOW (Singapour) a réaffirmé son plein appui à l’AIEA au momentoù celle-ci célèbre son cinquantième anniversaire. Alors que l’énergie nucléaire est considérée comme une alternative de plus en plus intéressante par un nombre croissant de pays, le rôle principal de l’AIEA est de veiller à son utilisation à des fins pacifiques, a souligné le représentant. Le Traité de non-prolifération garantit aux États parties le droit souverain de développer l’énergie nucléaire à des fins nucléaires, a-t-il rappelé, soulignant aussi la responsabilité qui en découle dans les domaines de la sûreté et de la sécurité. Malheureusement, en dépit des avancées scientifiques et technologiques, et la construction d’infrastructures antisismiques, des accidents peuvent encore se produire, comme ce fut le cas en juillet 2007 dans la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, au Japon. Si nous pouvons saluer l’approche responsable du Japon dans la gestion de cet incident, nous ne pouvons en revanche nous permettre de nous montrer complaisants, en particulier lorsque d’autres États envisagent de développer l’énergie nucléaire. Les sites où seront construites les nouvelles centrales, et leur configuration, doit être soigneusement étudiés, a préconisé la délégation. Ainsi, lors du douzième Sommet de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), les pays de la région ont réaffirmé leur volonté d’établir un régime de coopération régionale en matière de sécurité nucléaire.
M. MARTY M. NATALEGAWA (Indonésie) a tout d’abord mis l’accent sur l’importance de la coopération technique. Il a estimé que le système actuel de financement de cette coopération, qui dépend de contributions volontaires, ne pouvait répondre aux attentes des pays en développement. Il a prôné une distribution plus équilibrée du budget de l’AIEA ainsi que le renforcement de l’efficacité de l’Agence, saluant ensuite la création de la Commission de personnalités éminentes.
Le représentant s’est ensuite félicité du travail entrepris par l’Agence dans les domaines de l’alimentation et de l’agriculture. Il a également salué le travail de son Programme d’action de lutte contre le cancer, les efforts déployés par l’Agence pour répondre aux défis posés par les changements climatiques ainsi le Projet international sur les réacteurs nucléaires et les cycles du combustible nucléaire innovants. M. Natalegawa a également engagé les États asiatiques à adhérer au Réseau asiatique de sûreté nucléaire.
Le représentant indonésien s’est ensuite dit inquiété du fait que l’universalisation des accords de garanties ne progressait pas aussi vite que prévu. L’universalisation, a-t-il dit, doit s’appliquer tant aux États nucléaires et qu’aux États non nucléaires. Il a estimé que les États devaient s’efforcer de formuler un texte consensuel afin de garantir le succès, en 2010, de la Conférence des parties chargée d’examiner le TNP. Il a ensuite souhaité voir aboutir les efforts internationaux tendant à renforcer le régime mondial de non-prolifération, et à garantir l’adhésion de l’Inde au Traité de non-prolifération ainsi qu’au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE). De son avis, l’usage de la force pour répondre à des allégations de prolifération, comme Israël l’a fait à l’encontre de la Syrie en septembre 2007, est inacceptable et susceptible d’aggraver la situation.
Le représentant a ensuite regretté qu’une zone exempte d’armes nucléaires n’ait pu être établie au Moyen-Orient., saluant cependant les « progrès encourageants » en République populaire démocratique de Corée. Il a également indiqué que l’Indonésie appuyait la coopération de l’Iran avec l’AIEA et a insisté sur l’importance d’établir un climat propice aux négociations. Les sanctions imposées par le Conseil de sécurité à l’Iran ne déboucheront pas sur une solution durable, a-t-il notamment estimé.
M. RAZA BASHIR TARAR (Pakistan) a souligné que l’AIEA peut apporter une contribution significative en garantissant un accès équitable, à des fins pacifiques, aux matériels, à la technologie et aux équipement nucléaires. Afin de garantir le droit de chaque État à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, il est nécessaire de développer des critères universaux et non discriminatoires pour une coopération internationale, a-t-il expliqué. Selon lui, cette approche renforcerait la confiance dans le système de garanties de l’AIEA et le régime de non-prolifération. Il a ensuite rappelé que son pays a été l’un des plus grands bénéficiaires du Programme de coopération technique de l’AIEA, avant de préciser que son pays est disposé à partager son expérience.
Le représentant a rappelé que son pays a développé le cycle complet du combustible nucléaire. Le pays dispose de deux centrales nucléaires en activité et une troisième en construction, a-t-il souligné. Il a précisé que le Pakistan a l’intention d’ouvrir une installation d’enrichissement, afin de faire face aux besoins de ses centrales, qui serait soumise au régime de garanties de l’Agence. Il s’est ainsi réjoui de la collaboration de l’AIEA dans la recherche d’uranium pour le pays, afin que cette source propre d’énergie soit exploitée au maximum pour réduire la dépendance aux combustibles fossiles.
Depuis la création de son programme de développement de l’énergie atomique, le Pakistan a toujours reconnu que la sécurité nucléaire, dans les contextes national et international, était un objectif vital, a-t-il assuré, tout en rappelant la création de l’Autorité régulatrice nucléaire pakistanaise en 2001. Cet organisme a utilisé le régime de garanties de l’AIEA comme base pour la régulation nationale de ses installations nucléaires et la collaboration avec l’Agence a été fructueuse. Il a cependant appelé l’AIEA à chercher des moyens qui faciliteraient le transfert de technologie en matière de sécurité. En conclusion, le représentant pakistanais a assuré que son pays remplit ses obligations et applique des contrôles effectifs, conformes aux normes internationales, sur les exportations de biens ou technologies nucléaires.
M. BYRGANYM AITIMOVA (Kazakhstan) a souligné que le rôle et les objectifs de l’AIEA, l’un des instruments privilégiés au service du régime de non-prolifération, ne pouvaient être sous-estimés. Malheureusement, les conflits et les menaces n’ont pas diminué avec les années, a-t-elle fait observer, la communauté internationale ayant échoué à résoudre les questions de désarmement et de non-prolifération en l’absence de consensus. Au niveau national, le Kazakhstan, a-t-elle dit, est intéressé par le renforcement de la coopération avec l’Agence afin d’accroître la production d’uranium dans le strict respect du contrôle de l’Agence. Notre pays possède près de 19% des réserves d’uranium connues dans le monde, qui se situe à hauteur de 1,5 million de tonnes, et ambitionne de devenir le leader mondial de la production en 2010.
Dans ce contexte, a expliqué la représentante, le Gouvernement kazakh a adopté le Programme national du développement de l’énergie atomique, qui envisage d’intensifier la coopération avec l’AIEA et ses États membres. En outre, il est activement impliqué dans l’élaboration du Code de conduite pour la sécurité et la sûreté des sources radioactives, a ajouté Mme Atimova. Par ailleurs, tout en soulignant la nécessité de poursuivre la lutte contre la menace nucléaire, la représentante a réaffirmé le droit de tout État à développer une technologie nucléaire à des fins pacifiques sous contrôle international. La représentante a appelé en conclusion tous les pays qui ne l’ont pas encore fait à faire entrer en vigueur leurs accords de garanties avec l’AIEA et les protocoles additionnels, seuls moyens de vérifier la nature des programmes nucléaires.
M. HAMIDON ALI (Malaisie) s’est dit préoccupé par les retards enregistrés par le Fonds de coopération technique dans l’examen des demandes des pays en développement. Il a estimé que la crise alimentaire actuelle exigeait une attention particulière de l’AIEA, en collaboration avec l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture. La Malaisie, a-t-il dit, appuie l’idée de rendre obligatoires les contributions au Fonds de coopération technique. Le représentant a insisté sur le droit inaliénable de tous les États de faire usage de la technologie nucléaire à des fins pacifiques. Les pays développés doivent faciliter le transfert d’équipement et de technologie ainsi que des informations scientifiques, a-t-il dit. Il a estimé que toute préoccupation en matière de non-prolifération devait être réglée dans le cadre d’accords multilatéraux non discriminatoires.
Les mesures de contrôle doivent être transparentes et ouvertes à la participation de tous les États, a-t-il déclaré, ajoutant que le Secrétariat de l’AIEA doit maintenir et renforcer son impartialité et son professionnalisme, notamment en ce qui concerne la vérification des garanties. Après avoir engagé les États à faire preuve d’une plus grande volonté politique, M. Ali a signalé que la Malaisie ne voyait pas l’intérêt d’imposer aux États parties au TNP de nouvelles obligations en matière de garantie comme préconditions à l’usage pacifique de la technologie nucléaire. Il a souligné l’importance de ne pas établir un nouveau régime caractérisé par l’opposition entre les pays détenteurs de technologies nucléaires et ceux qui en sont dépourvus. La Malaisie estime que toute approche multilatérale doit se faire pas le biais de consultations approfondies et transparentes entre toutes les parties concernées, a-t-il dit avant de conclure.
M. YUKIO TAKASU (Japon) a rappelé que l’énergie nucléaire présente un grand potentiel pour garantir un accès à l’énergie fiable et propre. Sa valeur a été redécouverte dans les efforts de lutte contre le réchauffement climatique, augmentant le nombre de pays intéressés dans l’introduction et l’expansion de programmes électriques nucléaires, a-t-il souligné.
M. Takasu a cependant souligné le besoin de développer les programmes liés à cette source d’énergie dans les conditions les plus sûres et uniquement à des fins pacifiques. Par conséquent, le rôle de l’AIEA va devenir de plus en plus important, afin d’assurer les garanties de non-prolifération et la sécurité nucléaire, a-t-il souligné. En tant que seul pays au monde à avoir subi un bombardement atomique, le Japon, a-t-il dit, est déterminé à continuer de travailler pour l’élimination de toutes les armes nucléaires.
Le Japon, avec d’autres coauteurs, a présenté une résolution sur le désarmement nucléaire pendant la session actuelle de l’Assemblée générale, a-t-il rappelé, avant d’annoncer que la Commission internationale sur la non-prolifération nucléaire et le désarmement, créée par son pays et l’Australie, a tenu sa première réunion à Sydney, la semaine dernière. Il a espéré qu’elle contribuera au succès de la Conférence d’examen du TNP en 2010. La non-prolifération doit être vérifiée, a-t-il estimé, à travers un système international de garanties « crédible et objectif ». Il a notamment rappelé que son pays avait étroitement collaboré avec l’AIEA, qui a conclu que les objectifs du programme nucléaire japonais étaient exclusivement pacifiques.
M. Takasu a cependant averti que le développement nucléaire entrepris par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) constituait une menace pour la paix et la sécurité, non seulement pour le Japon, mais aussi pour l’est de l’Asie et la communauté internationale. Dans les Pourparlers à Six, ce pays n’a pas accepté un cadre concret de vérification, a-t-il dénoncé. Le Japon, a-t-il assuré, poursuivra ses efforts pour une résolution des questions nucléaires dans le cadre des Pourparlers à Six.
Concernant l’Iran, le représentant japonais a regretté que ce pays ait poursuivi et étendu ses activités d’enrichissement d’uranium, malgré les appels répétés de la communauté internationale. L’Iran doit collaborer pleinement avec l’AEIA et répondre sincèrement aux exigences du Conseil d’administration de l’AIEA et du Conseil de sécurité, a-t-il déclaré. Le Japon, a-t-il assuré, continuera à œuvrer pour une solution pacifique et diplomatique de cette question.
M. LESLIE B. GATAN (Philippines) a estimé qu’il importait d’établir un environnement propice au renforcement de l’ordre nucléaire mondial. Il a prôné la création de partenariats entre les États dotés d’armes nucléaires et ceux qui en sont dotés « de facto », de même qu’avec les États qui sont soupçonnés de détenir l’arme nucléaire. Évoquant ensuite « la renaissance de l’énergie nucléaire », le représentant a souligné l’importance de la formation du personnel et de la conception de réacteurs sûrs, économiques et capables de résister aux proliférations. Il a également insisté sur la bonne gestion des déchets nucléaires et sur la création de systèmes d’intervention « efficaces et rapides » en cas d’urgence. Les Philippines estiment qu’un usage pacifique de l’énergie nucléaire est une source d’immenses bénéfices pour les pays en développement, notamment en matière de développement durable, a poursuivi M. Gatan, pour ensuite demander la création de systèmes de sécurité au niveau national.
Le représentant a ensuite estimé que l’élargissement du mandat de l’AIEA permettrait de renfoncer l’appui que l’Agence offre aux pays en développement. Il a notamment salué le travail effectué par celle-ci dans le domaine de l’agriculture. M. Gatan a également indiqué que les Philippines et l’Agence avaient créé un Programme d’action de lutte contre le cancer, expliquant que le nombre de cas de cancers augmentait dans les pays en développement. L’AIEA doit continuer de jouer son rôle « vital » et aider les pays en développement à mettre la science et la technologie au service du développement, a-t-il dit, évoquant également l’importance de maintenir la paix et la sécurité internationales.
M. FIDELINO LOY DE FIGUEIREDO (Angola) a rappelé les succès importants obtenus dans son pays grâce au partenariat avec l’AIEA et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) dans le développement des techniques nucléaires pour les projets agricoles. Selon lui, ce partenariat permet d’engendrer de nouvelles récoltes avec des qualités spéciales et adaptées à un environnement marginal, de contrôler des insectes nuisibles aux plantes et au bétail et d’améliorer la production et la santé des animaux, ainsi que la sécurité des aliments.
Il facilite également le commerce international, a-t-il souligné, avant de mentionner les huit projets nationaux que met en œuvre son gouvernement avec le soutien de l’AIEA. Ils concernent l’établissement du premier centre radiothérapeutique du pays, l’introduction de médecines techniques nucléaires dans les cliniques, la surveillance des déchets de médicaments vétérinaires ou encore des techniques isotopiques d’études sur les effets de fertilisants biologiques ou non.
Le représentant a exprimé le souhait de son pays de renforcer sa coopération avec l’AIEA dans le domaine de la radiothérapie et de la médecine nucléaire, afin d’améliorer la performance du Centre national d’oncologie. Pour la période 2009-2011, le Gouvernement recherche un soutien pour sept projets, a-t-il précisé. Il a rappelé, pour conclure, que son pays reconnaît le droit de tous les États à utiliser la technologie nucléaire, sans discrimination et dans le respect des statuts de l’AEIA.
M. DESALEGN ALEMU (Éthiopie) a déclaré que son pays était engagé avec l’AIEA dans un certain nombre de projets nationaux et régionaux qui visent à appliquer l’énergie nucléaire dans les domaines de l’agriculture, de la santé humaine, de la gestion des ressources aquifères, de la planification énergétique, des essais non destructeurs et de la protection radiologique. Notre projet de coopération technique le plus important vise à éradiquer la mouche tsé-tsé dans la vallée du Rift sur une superficie de 25 000 kilomètres carrés de terres fertiles et sous-exploitées. La coopération technique, a-t-il poursuivi, a permis à l’Éthiopie de se doter de capacités de base dans l’hydrologie isotopique. Elle a également eu pour résultats, dans les domaines de la santé humaine et de la gestion des ressources aquifères, la mise en place d’infrastructures pour l’application de la médecine nucléaire, la radiothérapie et l’hydrologie isotopique.
Toujours en coopération avec l’AIEA, l’Éthiopie a entrepris d’étendre ses services de radiothérapie et de médecine nucléaire à cinq hôpitaux situés dans différentes parties du pays. Le représentant a par ailleurs réaffirmé l’importance de réunir des ressources financières adéquates pour financer les programmes et projets de l’AIEA. La promotion des programmes nucléaires sont dans l’intérêt de tous les États Membres et de l’humanité dans son ensemble. À cet égard, la ratification et la mise en œuvre du Protocole additionnel aux accords de garanties et du Protocole relatif aux petites quantités de matières contribueraient à renforcer le processus de vérification de l’AIEA, de même que l’universalisation du TNP, a conclu le représentant.
M. DON PRAMUDWINAI (Thaïlande) a estimé que le travail de l’AIEA avait contribué à renforcer la sécurité dans le monde. Il a salué nombre de ses efforts, notamment la création de l’Agence de thérapie contre le cancer. Il s’est également félicité des efforts de coopération entre l’AIEA et la FAO pour répondre aux besoins des États Membres en matière de sécurité alimentaire. Il est important, a-t-il plaidé, que l’Agence dispose de suffisamment de ressources prévisibles afin de s’acquitter de son rôle. Il a salué la création de la Commission de personnalités imminentes, avant de faire part de son soutien à la création de zones exemptes d’armes nucléaires dans le monde.
Il s’est félicité des efforts de la Mongolie dans ce domaine, précisant que ce pays accueillera une conférence sur la question en 2009. Évoquant ensuite l’Iran, le représentant a estimé qu’il importait de veiller à ce que le droit inaliénable des pays d’utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques soit exercé conformément au TNP. Il a également insisté sur l’importance de poursuivre les efforts de négociations. Passant ensuite à la République populaire démocratique de Corée, il s’est félicité de la réussite des Pourparlers à Six, tout en souhaitant la dénucléarisation complète de la péninsule coréenne.
M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a salué les activités de l’AIEA dans le domaine de la sécurité nucléaire. Pour l’Ukraine, le problème de la gestion des déchets radioactifs de la centrale nucléaire de Tchernobyl revêt une importance particulière, a-t-il souligné. Il a rappelé que l’AIEA continue de fournir une assistance dans les territoires ukrainiens affectés et a souhaité que l’intérêt ne diminue pas. Des efforts conjoints de la communauté internationale sont encore nécessaires pour trouver une solution à ce défi, a-t-il assuré. Il a également souligné que parmi les 32 réacteurs démantelés dans le monde, 4 l’ont été dans son pays.
M. Kyslytsya a salué les efforts de l’AIEA dans le domaine des assurances de l’approvisionnement en combustible nucléaire. Mon pays, a-t-il dit, dispose de dépôts suffisants d’uranium et se réjouit de participer à un futur consortium et de fournir du minerai d’uranium pour des besoins utiles. Nous sommes ouverts à la collaboration internationale dans ce domaine, a-t-il dit. Le représentant a réitéré son soutien aux activités qui visent à renforcer et améliorer l’efficacité du système de garanties. Par conséquent, il a salué les efforts de l’AIEA pour empêcher que l’énergie nucléaire ne soit déviée de son utilisation pacifique à des fins militaires.
M. KIM BONG-HYUN (République de Corée) a expliqué que l’universalisation des accords de garanties généralisées de l’AIEA est un moyen essentiel d’améliorer le régime de garanties et de vérification. Il a donc appelé tous les États qui ne l’ont pas encore fait à les conclure et à les faire entrer en vigueur dans les meilleurs délais. Le Protocole facultatif devrait également devenir une norme de vérification, alors que des événements récents suggèrent que les accords de garanties ne suffisent plus pour que l’Agence mène à bien son mandat. Il a dit attacher la plus grande importance à la question d’un nouveau cadre multilatéral pour assurer la fourniture du combustible nucléaire tout en limitant les risques de prolifération.
Il a en outre reconnu le rôle important de l’AIEA dans le renforcement de la sécurité nucléaire, que ce soit aux niveaux national ou international et l’a encouragée à partager ses expériences avec d’autres organisations internationales. M. Bong-hyun a par ailleurs souligné que la résolution pacifique de la question nucléaire en République populaire démocratique de Corée était d’une importance capitale pour la paix et la sécurité de la péninsule coréenne. Il s’est félicité à cet égard de la reprise des Pourparlers à Six, du retrait subséquent, par les États-Unis, de la RPDC de la liste des États qui soutiennent le terrorisme et des mesures prises par Pyongyang. Nous espérons qu’un protocole de vérification pourra être conclu par les Six et que l’AIEA sera en mesure d’établir la véracité des informations présentées par la RPDC, a conclu le représentant.
M. JEAN-FRANCIS R. ZINSOU (Bénin) s’est dit préoccupé par le fait que l’acquisition de la capacité technologique d’enrichissement de l’uranium et de séparation du plutonium fait des pays bénéficiaires de la coopération de l’Agence des acquéreurs potentiels d’armes nucléaires. Ce constat est d’autant plus préoccupant que la demande croissante d’énergie induit une renaissance du nucléaire. Accéder à l’énergie nucléaire est un droit inaliénable de tous les États souverains, a-t-il rappelé, estimant cependant que la communauté internationale doit se donner les moyens de prévenir une croissance exponentielle des pays détenteurs d’armes nucléaires. Le représentant béninois a estimé qu’il importe de renforcer l’autorité de l’AIEA. Il a appuyé la proposition faite par l’Agence de créer une banque multilatérale de matières fissiles. L’incapacité dans laquelle se trouve l’AIEA de fournir des assurances sur les activités nucléaires des États sans le Protocole additionnel n’offre aucune garantie effective quant à l’accès à l’arme nucléaire. Il a donc prôné la promotion du transfert d’une technologie de production qui ne confère pas directement la capacité d’acquérir l’arme nucléaire.
M. Zinsou a estimé que l’AIEA devait davantage s’investir dans la recherche pour accroître l’écart technologique entre la capacité d’utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques et celle de fabriquer l’arme nucléaire. Il s’est dit inquiet du fait que les cas de vols de matières fissiles, au nombre « impressionnant », n’aient pu être élucidés. Il a engagé la communauté internationale à renforcer sa capacité de surveillance de la circulation des matières fissiles et à assurer la récupération des matières volées. Il importe, a-t-il dit, d’exploiter au mieux la résolution 1540 (2004) du Conseil de sécurité sur l’accès des acteurs non étatiques aux armes de destruction massive. Il a également prôné la création d’un réseau mondial de coopération et d’échange d’informations.
Explication de position
Le représentant de la République populaire et démocratique de Corée (RPDC) a exprimé sa ferme opposition à la résolution. La description faite dans le rapport de l’AIEA et le contenu de la résolution permettent de penser que l’Agence n’est pas revenue sur sa position pleine de préjugés contre la RPDC, a-t-il regretté. Il a attribué cette position à la politique hostile des États-Unis. L’AIEA, a-t-il poursuivi, a toujours ignoré nos efforts sincères pour trouver une réponse à cette situation. Une attitude aussi pleine de préjugés de la part de l’Agence ne contribue pas à résoudre les questions qui nous opposent, a-t-il insisté, avant de réclamer une attitude impartiale.
Le représentant a rappelé la position de son gouvernement qui est de rechercher une solution dans le cadre de négociations pacifiques. Aujourd’hui, a-t-il assuré, nous sommes fidèlement engagés à mettre en œuvre les accords conclus lors des Pourparlers à Six. Mais, a-t-il dénoncé, l’attitude du Japon a été négative et a manqué de sincérité. Le Japon a tenté de mettre fin aux discussions alors que la plupart des pays ont accueilli avec satisfaction les derniers développements. Le Japon, a accusé le représentant, a été le seul à répandre ses stéréotypes et à multiplier les plaintes. Ce pays est un fauteur de trouble qui ne voit aucun intérêt à ce que la question de la dénucléarisation de la péninsule de Corée soit réglée car il n’y aurait dès lors plus de prétexte à invasion de la région et du « territoire sacré de la RPDC ». Le représentant a également accusé le Japon de continuer de nier ses crimes contre l’humanité. Si le Japon était exclu des Pourparlers à Six, la dénucléarisation de la péninsule coréenne progresserait plus rapidement, a-t-il estimé.
Droit de réponse
Répondant aux propos de son homologue de la RPDC, le représentant du Japon a déclaré que ces allégations étaient entièrement infondées. La RPDC a créé un grand danger lorsqu’elle a indiqué qu’elle effectuait un nouvel essai nucléaire, a-t-il affirmé, en s’appuyant sur les déclarations et résolutions du Conseil de sécurité à ce sujet. La RPDC doit continuer ses efforts pour appliquer les décisions de septembre 2005, a-t-il voulu. Les activités nucléaires de la RPDC sont une menace pour le Japon, l’Asie de l’Est et l’ensemble de la planète, a-t-il souligné.
Mon homologue du Japon n’a pas saisi le sens de l’allocution que j’ai prononcée, a rétorqué le représentant RPDC. Il est de notre devoir, a-t-il dit, de faire part à la communauté internationale de l’attitude du Japon qui tente de mettre fin au processus de dénucléarisation de la Péninsule coréenne. L’insistance du Japon pour ne pas participer aux discussions économiques signifie qu’il résiste délibérément à la mise en œuvre de l’Accord du 3 octobre. La RPDC rejette les résolutions du Conseil de sécurité, y compris la résolution 1718, car elles sont le produit d’une politique injuste, a réaffirmé le représentant.
Le fait que la RPDC reconnaisse qu’il rejette les résolutions du Conseil de sécurité en dit long sur son attitude, a commenté le représentant du Japon.
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