DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE: LES ÉTATS MEMBRES RÉAFFIRMENT L’URGENCE DE PASSER DES PAROLES AUX ACTES EN REVITALISANT LE FINANCEMENT DE L’AIDE
| |||
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York |
Assemblée générale
Soixante-troisième session
Séance plénière de haut niveau sur l’Afrique
3e et 4e séances - matin, après-midi et soir
DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE: LES ÉTATS MEMBRES RÉAFFIRMENT L’URGENCE DE PASSER DES PAROLES AUX ACTES EN REVITALISANT LE FINANCEMENT DE L’AIDE
À la veille du débat de la soixante-troisième session de l’Assemblée générale, les chefs d’État et de gouvernement, ministres et représentants des États Membres se sont engagés de nouveau en faveur d’un partenariat mondial renforcé en vue de répondre aux besoins de développement de l’Afrique.
Réunis dans le cadre d’une Réunion de haut niveau convoquée par le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, ils ont réaffirmé par une Déclaration politique adoptée par consensus*, leur détermination à combler le retard dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) dans les pays du continent d’ici à 2015.
Pour la communauté internationale, il esturgent de revitaliser le financement du développement de l’Afrique; de pallier l’absence de capacités institutionnelles suffisantes pour mettre en œuvre des politiques rigoureuses; de mettre fin aux conflits armés récurrents et de limiter les effets conjugués des changements climatiques et de la crise alimentaire sur le développement économique et humain du continent.
Dans leur Déclaration commune, les États soulignent que le préalable à tout développement durable est l’instauration d’une bonne gouvernance à tous les niveaux pour assurer une croissance économique soutenue et lutter efficacement contre les grandes pandémies et éliminer la pauvreté.
Les États demandent notamment que toutes les promesses dans le domaine de l’aide à l’Afrique faites lors du Sommet du G-8 de Gleneagles soient tenues, soulignant en particulier la nécessité que soit respecté l’engagement pris par les pays développés de consacrer 0,7% de leur produit intérieur brut (PIB) à l’aide au développement avant 2015. En outre, ils appellent à la poursuite des efforts engagés pour assurer la viabilité à long terme de la dette.
Les États Membres ont également réaffirmé par ce texte que la consolidation de la paix était indispensable à la réalisation des objectifs liés aux besoins particuliers de l’Afrique, et que l’adaptation du continent aux changements climatiques devait passer par de nouvelles sources de financement. S’agissant de la crise alimentaire, ils ont invité les pays africains et leurs partenaires des secteurs public et privé à œuvrer pour une agriculture plus forte et soucieuse de l’environnement.
Les États recommandent en outre d’établir avant la soixante-cinquième session de l’Assemblée générale un mécanisme destiné à assurer la prompte et intégrale mise en œuvre de tous les engagements concernant le développement de l’Afrique.
L’appel des États Membres contenu dans la Déclaration politique fait écho aux vœux exprimés ce matin à la séance plénière d’ouverture de la Réunion de haut niveau.
À cette occasion, M. Ban Ki-moon a appelé instamment tous les donateurs à mettre en œuvre les engagements pris à Gleneagles en 2005 et à faire plus pour doubler l’aide au développement de l’Afrique. Il a indiqué que les travaux du Groupe de pilotage avaient permis de déterminer que 72 milliards de dollars annuels étaient nécessaires à ce stade pour réaliser les OMD d’ici à 2015.
Le Président de la France, M. Nicolas Sarkozy, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a dénoncé les tentations de présenter la transparence et le respect de l’état de droit comme des conditions « extérieures » qu’imposeraient les bailleurs de fonds. « Démocratie et respect des droits de l’homme sont des aspirations profondes des peuples africains », a-t-il lancé.
De son côté, le Président de l’Assemblée générale, M. Miguel d’Escoto Brockmann, a déclaré que le principe de la responsabilité partagée mais différenciée constituait un élément clef des engagements pris en matière de développement durable. « Les pays développés ont l’obligation morale et juridique d’honorer ces engagements », a-t-il dit.
« C’est à nous qu’incombe au premier chef le développement de l’Afrique », a estimé pour sa part le Président de la Commission de l’Union africaine, M. Jean Ping, qui a affirmé que les pays du continent entendaient assumer « pleinement » la conduite de l’Agenda pour l’Afrique.
Rappelant que c’est un tel esprit d’appropriation qui avait guidé les dirigeants africains à concevoir le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) -désormais rattaché à l’Union africaine et pour lequel une stratégie de financement a été définie-, M. Ping a insisté sur le fait que le NEPAD était une affirmation de la volonté de l’Afrique de prendre en main son destin.
Quatre tables rondes étaient par ailleurs organisées sur les progrès accomplis dans l’application des accords d’appui international au développement de l’Afrique et sur les solutions permettant de répondre aux défis qui continuent de saper l’essor économique du continent. En vue de la Conférence de Doha qui aura lieu sur ce thème en novembre prochain, les débats ont été dominés par les questions liées au financement du développement ainsi qu’à la nécessité d’intégrer davantage l’Afrique à l’économie mondiale en s’appuyant sur ses taux de croissance élevés.
Dans leurs déclarations de clôture, le Président de l’Assemblée générale et le Président de la République-Unie de Tanzanie et Président en exercice de l’Union africaine, M. Jakaya Mrisho Kikwete, ont qualifié d’historique cette « grande journée pour l’Afrique ». Ils ont salué à la fois le signal fort lancé aujourd’hui par les Nations Unies en faveur de l’avenir de l’Afrique et souligné l’urgence de prendre des mesures concrètes pour libérer les fonds nécessaires à son développement.
Outre ceux déjà cités, la Ministre de la coopération économique et du développement, Mme Heidemarie Wieczorek-Zeul; l’Envoyé spécial du Gouvernement du Japon, M. Yoshiro Mori; le Président de la Commission européenne, M. José Manuel Barroso; ainsi que le Représentant permanent d’Antigua-et-Barbuda, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, ont également fait une déclaration.
* A/63/L.1
NOUVEAU PARTENARIAT POUR LE DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE: PROGRÈS ACCOMPLIS DANS LA MISE EN ŒUVRE ET APPUI INTERNATIONAL (57 A): SÉANCE PLÉNIÈRE DE HAUT NIVEAU SUR LE THÈME « LES BESOINS DE DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE: ÉTAT DE LA MISE EN ŒUVRE DES DIFFÉRENTS ENGAGEMENTS, DÉFIS ET PERSPECTIVES »
Rapport du Secrétaire général (A/63/130)
Déclarations
M. MIGUEL D’ESCOTO BROCKMANN, Président de la soixante-troisième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, s’est félicité de ce que l’Assemblée générale commence ses travaux en examinant une question aussi pressante que celle du développement de l’Afrique. Il a rappelé que la communauté internationale a, lors du Sommet du Millénaire, décidé d’accorder une attention particulière aux besoins de l’Afrique. Ce continent, a poursuivi M. d’Escoto Brockmann, a souffert de sacrifices, de pillages, puis d’oubli. Face aux injustices irréparables de l’histoire et aux ravages inhérents à la colonisation, la communauté internationale a pris cet engagement collectif pour les frères africains, a-t-il insisté. Aujourd’hui, près de 10 ans plus tard, le moment est venu d’évaluer les progrès accomplis pour la réalisation des objectifs consacrés par la Déclaration du Millénaire.
Le Président de l’Assemblée générale s’est ensuite félicité de la création du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), ainsi que de la mise en œuvre d’un mécanisme d’évaluation par les pairs au sein du continent africain. L’Afrique s’est mobilisée pour mettre en œuvre les engagements politiques, économiques et sociaux auxquels elle a souscrit, a-t-il déclaré, soulignant qu’il appartient maintenant à la communauté internationale, aux pays donateurs et aux institutions de Bretton Woods de consolider ces efforts en honorant pleinement leurs engagements. L’Afrique, à elle seule, ne parviendra pas à réussir, a-t-il averti. Les progrès réalisés par les pays africains doivent être renforcés par des mesures concrètes, a-t-il insisté, proposant à titre d’exemple de consentir à un allégement plus important de la dette extérieure. Le Président a, à cet égard, fustigé les conditions injustes imposées par les institutions de Bretton Woods et les pays donateurs. Ces conditions ont des effets contraires et contribuent à exacerber les conditions de vie de 10 millions de personnes, a-t-il insisté. L’intégration de l’Afrique dans l’économie mondiale, a-t-il souligné, passe aussi par la garantie d’un accès aux marchés internationaux. Au-delà d’une modeste aide au commerce, la clef de l’accès au commerce international réside dans l’élimination, par les pays développés, de leurs pratiques de subventions, a-t-il ajouté.
En outre, M. d’Escoto Brockmann a attiré l’attention sur la nécessité impérative de sortir l’Afrique de la famine. Il a, à cet égard, relevé l’importance d’assurer le transfert des technologies nécessaires. Les technologies sont également cruciales pour faire face aux conséquences des changements climatiques, a-t-il ajouté. Le principe de la responsabilité partagée mais différenciée, a-t-il insisté, constitue un élément clef des engagements pris en matière de développement durable. Les pays développés ont l’obligation morale et juridique d’honorer leurs engagements. D’un point de vue éthique, cette nécessité devient encore plus pressante, a-t-il précisé. Parmi les autres domaines qui requièrent une aide particulière, le Président a cité notamment la lutte contre les maladies infectieuses et l’accès à l’eau potable. Avant de conclure, il a enjoint la communauté internationale à honorer les engagements en matière de financement du développement qu’elle a pris à Monterrey. « Les peuples africains n’attendent pas de nouveaux engagements mais attendent de nous que nous ayons le courage de tenir parole », a-t-il fait remarquer.
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a estimé que la réalisation dans les délais fixés des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), en dépit des retards, restait d’actualité. Il a rappelé qu’il avait établi le Groupe de pilotage en 2007 précisément en vue de galvaniser l’appui international au développement de l’Afrique et pour catalyser les efforts de huit des principales institutions multilatérales œuvrant dans ce domaine. M. Ban Ki-moon a déclaré que les travaux du Groupe avaient permis de déterminer qu’à ce stade, 72 milliards de dollars annuels sont nécessaires pour réaliser les OMD d’ici à 2015.
« J’appelle tous les donateurs à mettre en œuvre les engagements pris à Gleneagles en 2005 et à faire plus pour doubler l’aide à l’Afrique », a ensuite lancé le Secrétaire général de l’ONU. M. Ban Ki-moon a aussi invité instamment les États Membres à convenir des mesures claires pour lutter efficacement et à court terme contre les effets négatifs des changements climatiques sur le développement de l’Afrique. Cette évolution conduit également à des conflits autour de l’accès aux ressources naturelles, a-t-il dit, estimant qu’opposer un front uni au fléau de la dégradation climatique était plus qu’un devoir moral. Il a ainsi précisé que les récents conflits ayant éclaté en raison de l’accès à la nourriture et aux ressources naturelles montraient combien la sécurité internationale dépendait de la nécessité de parvenir à assurer la prospérité dans le monde en développement.
Après avoir souligné que pour parvenir à instaurer la paix, il fallait faire preuve de « patience et de persévérance », M. Ban Ki-moon a attiré l’attention sur les nombreux défis qui continuent de saper l’essor du continent, parmi lesquels l’impact des pandémies de maladies infectieuses, la violence à l’égard des femmes, les souffrances des innocents au Darfour et en Somalie ou encore l’extrême pauvreté. « Nous avons sous nos yeux des rapports qui indiquent ce qui doit être fait pour changer le cours des choses en Afrique, faisons donc de ce jour celui des débuts de la mise en œuvre des recommandations qu’ils contiennent », a conclu le Secrétaire général de l’ONU.
M. JAKAYA MRISHO KIKWETE, Président de la République-Unie de Tanzanie et Président en exercice de l’Union africaine, a fait remarquer que la liste des besoins de développement de l’Afrique est longue. Citant le rapport du Secrétaire général, il a rappelé que l’élément clef qui s’oppose au développement de l’Afrique est l’insuffisance de ressources. En raison de son faible niveau de développement, l’Afrique ne dispose pas des ressources suffisantes pour s’extirper de la pauvreté, a-t-il fait observer. Le Président de l’Union africaine a souligné que le Groupe de pilotage pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement en Afrique a quantifié les besoins d’assistance. Les gouvernements africains ont, pour leur part, pris des mesures pour veiller à la réalisation des besoins de développement. Tout en saluant la générosité dont a fait preuve la communauté internationale, le Président de l’Union africaine a déploré que les ressources mises à disposition ne suffisent pas pour sortir l’Afrique de la pauvreté.
M. Kikwete a ainsi exprimé la déception de son continent face à la lenteur de la mise en œuvre des engagements souscrits par la communauté internationale lors du Sommet mondial. Il a souhaité qu’un nouvel élan soit donné pour que les États honorent leurs engagements. Il a notamment rappelé que le Consensus de Monterrey prévoyait un cadre fondamental pour le développement. Tout en soulignant que l’adoption du Consensus a été un pas important dans la mobilisation des ressources nationales et des ressources extérieures, il a estimé qu’à l’heure où la communauté internationale évalue les besoins et les avancées de développement de l’Afrique, il est judicieux de faire le bilan des engagements pris à Monterrey.
Le Président en exercice de l’Union africaine s’est à cet égard dit reconnaissant du soutien des pays du G-8 qui ont accordé davantage d’attention au développement de l’Afrique. Toutefois, il a déploré l’écart croissant entre ce qui a été promis et ce qui a été effectivement fait. Le moment est venu pour les pays développés amis de l’Afrique de traduire leurs paroles en actes, a-t-il souligné. M. Kikwete a regretté que l’augmentation de l’aide publique au développement résulte pour l’essentiel de l’allègement de la dette et non de l’octroi de nouveaux fonds. Il n’y a pas eu de changement notable dans les flux de l’aide depuis 2004, a-t-il insisté, attirant l’attention sur l’importance de consentir à une intensification notable de cette aide dès cette année et pour les années à venir. L’Afrique n’est pas un cas désespéré, a-t-il fait remarquer. Si le continent est fermement décidé à sortir de ses difficultés, il n’en demeure pas moins qu’il a besoin de l’appui des pays développés, a-t-il conclu.
M. NICOLAS SARKOZY, Président de la France, s’exprimant au nom de l’Union européenne, a fait remarquer que le continent africain a retrouvé le chemin de la croissance. Depuis 1994, son taux de croissance annuel moyen est proche de 5%; il s’accélère encore et devrait atteindre 6% en 2008, a précisé M. Sarkozy. Toutefois, cette croissance économique reste très théorique pour une majorité d’Africains, a-t-il nuancé. En effet, le continent est confronté à de nombreux défis, qu’il s’agisse de la crise alimentaire ou des effets du réchauffement climatique. En outre, le rapport du Secrétaire général a constaté qu’aucun pays africain n’est dans les temps pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement, a ajouté le Président français.
M. Sarkozy a assuré que les Européens veulent s’engager aux côtés de l’Afrique. Il a ainsi expliqué que le Conseil européen de juin 2008 vient de confirmer l’objectif de l’Union européenne de consacrer 0,7% de sa richesse à l’aide publique en 2015. L’Europe est également résolue à œuvrer au succès du partenariat mondial pour l’agriculture et l’alimentation, a-t-il ajouté. Le monde globalisé a besoin d’une Afrique développée et l’Union européenne, voisine directe du continent africain, a besoin du développement de l’Afrique, a-t-il souligné. Il a, à cet égard, fait remarquer qu’il serait illusoire pour l’Europe de travailler à la sécurité et à la stabilité sans chercher à combler l’écart actuel de développement avec l’Afrique. De même, il serait illusoire d’envisager la prospérité de l’Europe sans travailler à l’émergence d’un partenaire économique majeur à 14 kilomètres de ses côtes.
Le Président français a également souligné que l’éducation et la santé restent au cœur des stratégies d’aide de l’Union européenne. Il a en outre attiré l’attention sur l’importance de créer des emplois et d’assurer à l’Afrique une croissance durable. L’Afrique, a-t-il fait remarquer, a besoin d’une révolution doublement verte qui accroît les rendements tout en préservant l’environnement. Il a également plaidé pour la libération de l’initiative privée africaine et l’intégration du secteur privé dans les stratégies de développement. M. Sarkozy a aussi fait remarquer que le développement n’est pas seulement une affaire d’aide publique ou de croissance économique. Le développement, a-t-il insisté, suppose des préalables politiques essentiels, ceux de la paix, de la sécurité et de la responsabilité des gouvernements devant leurs concitoyens. À cet égard, il a tenu à dénoncer toute tentation de présenter la transparence et le respect de l’état de droit comme des conditionnalités extérieures et inutiles qu’imposeraient les bailleurs de fonds. Démocratie et respect des droits de l’homme sont des aspirations profondes des peuples africains, a-t-il insisté.
Avant de conclure, M. Sarkozy a appelé la communauté internationale à ne pas répéter les erreurs du passé. En ce qui concerne la dette, il a attiré l’attention sur les dangers du ré-endettement. Relevant l’importance de veiller à la valorisation et à la gestion durable des ressources naturelles, il a fait remarquer que l’amélioration des termes de l’échange ne doit pas signifier qu’il faille enfermer l’Afrique dans l’exportation de matières premières. L’Afrique est à un tournant, a-t-il souligné. Elle doit profiter des opportunités nouvelles qui s’offrent à elle.
Mme HEIDEMARIE WIECZOREK-ZEUL, Ministre de la coopération économique et du développement de l’Allemagne, a estimé que la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement ne pouvait être envisagée que si un effort supplémentaire est consenti par les pays donateurs et les pays du continent eux-mêmes. La Ministre a souligné que la prochaine Conférence de Doha sur le financement du développement devrait être l’occasion de renforcer la confiance dans le partenariat lancé à Monterrey. L’Afrique a besoin de vrais partenaires, d’investissements considérables et de financements prévisibles, a-t-elle encore dit. À cet égard, elle a estimé qu’il était vital que les membres du G-8 respectent les engagements pris à Gleneagles de doubler l’aide à l’Afrique d’ici à 2010, afin d’en relever le montant total à environ 50 milliards de dollars. Elle a également plaidé pour la recherche de nouvelles sources de financement et de coopération, évoquant à ce titre l’utilisation novatrice que fait son pays des crédits d’émission de carbone.
La Ministre allemande de la coopération économique et du développement a également proposé que les pays et les entreprises réalisant les profits les plus importants investissent davantage dans l’effort de développement, en particulier pour renforcer le secteur agricole des pays du continent. Elle a en outre plaidé pour des marchés plus transparents et soumis à une réelle régulation, de sorte d’éviter que les efforts internationaux de développement soient éliminés par la succession de crises financières. Avant de conclure, Mme Wieczorek-Zeul a souligné la nécessité de bâtir un système fiscal efficace et juste en Afrique, afin de mettre fin à l’évasion fiscale qui coûte, chaque année, quelque 500 milliards de dollars aux pays en développement, soit cinq fois l’aide publique au développement (APD).
M. YOSHIRO MORI, Envoyé spécial du Gouvernement du Japon, a estimé qu’il était temps que la communauté internationale s’unisse pour que la mobilisation soit plus forte à l’égard de l’Afrique. Évoquant la récente Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD IV), M. Mori a indiqué que la Déclaration finale de cette réunion réaffirmait, notamment, les engagements pris par les pays africains dans les domaines du développement des communautés, de l’éducation, de la santé, de l’eau et de l’hygiène en vue de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. La Déclaration de Yokohama souligne également, a rappelé le Premier Ministre, que le Japon aidera les pays africains à promouvoir la consolidation de la paix, qui est indispensable à la croissance économique, et la bonne gouvernance, qui permet une distribution plus équitable des dividendes de la croissance économique. Il a également noté que le Gouvernement du Japon avait récemment annoncé des mesures d’assistance pour l’Afrique lors de la Conférence, comme la nécessité de doubler l’aide publique au développement d’ici à 2012 et l’assistance pour doubler l’investissement privé vers le continent d’ici à cette même date.
M. Mori a ensuite évoqué le mécanisme de suivi de la Conférence, dont le processus sera périodiquement rendu public puis analysé au niveau ministériel afin d’y apporter d’éventuelles nouvelles propositions. Il a également indiqué que des missions conjointes de promotion du commerce entre le Japon et l’Afrique étaient déjà à pied d’œuvre dans des pays du continent. Il a précisé que l’un des objectifs des missions était la réalisation d’études sur la manière dont le Gouvernement du Japon apporte une assistance complémentaire, y compris l’utilisation de l’APD. Le Gouvernement du Japon est déterminé à mettre en œuvre des mesures dans les domaines de la santé, de l’eau, de l’hygiène, de l’éducation et de l’alimentation afin d’accomplir les OMD, a-t-il encore dit.
M. JOHN ASHE (Antigua-et-Barbuda), faisant lecture de la déclaration du Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de son pays, M. Baldwin Spencer, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a fait remarquer que les besoins de développement et les défis auxquels le continent africain fait face sont bien connus. Il a ainsi rappelé que la communauté internationale a porté son attention sur ces questions lors de plusieurs sommets internationaux. Un certain nombre d’initiatives bilatérales et multilatérales ont été prises. De même, l’Afrique elle-même a déployé des efforts pour assurer son développement. Le représentant a ainsi souligné que le développement du continent africain exige à la fois une action nationale et une importante coopération internationale.
M. Ashe a fait remarquer que le rapport du Secrétaire général et les recommandations du Groupe de pilotage pour les Objectifs du Millénaire pour le développement en Afrique sont clairs: s’ils sont pleinement mis en œuvre, les engagements internationaux existants pourront rapprocher le continent de la réalisation des OMD et lui permettront d’établir les fondements d’une croissance économique robuste. Le mot d’ordre de cette réunion de haut niveau doit être la mise en œuvre, a-t-il préconisé. Le représentant a fait remarquer que les pays africains ont beaucoup fait pour changer l’image du continent, mobiliser des ressources internes, attirer des capitaux et améliorer la gouvernance. Il a également salué la mise en œuvre de programmes ambitieux et de stratégies de développement.
Le représentant a ensuite attiré l’attention sur toute une série de questions cruciales pour le développement de l’Afrique. Parmi elles figurent notamment celle de l’augmentation de l’aide publique au développement (APD) et de l’allègement de la dette. Le régime de la propriété intellectuelle devrait également être réformé pour permettre un accès équitable aux technologies vitales. La communauté internationale devrait s’engager à réduire les émissions de gaz à effet de serre, afin de limiter les conséquences dévastatrices des changements climatiques sur le continent africain. De même, elle devrait soutenir les efforts d’adaptation de l’Afrique face aux conséquences des changements climatiques. En ce qui concerne l’assistance, M. Ashe a souligné l’importance d’assurer une aide flexible et prévisible. Il a cependant regretté que la communauté internationale ne semble pas avoir réalisé l’urgence et l’importance de la réaction face aux besoins de développement de l’Afrique. C’est pourquoi, il a émis l’espoir qu’un mécanisme chargé de surveiller et d’évaluer la mise en œuvre des engagements sera mis sur pied, de sorte que la communauté internationale puisse aider l’Afrique à réaliser les OMD d’ici à 2015.
M. JOSÉ MANUEL BARROSO, Président de la Commission européenne, a souhaité que 2008 ne laisse pas le souvenir d’une année de nouveaux engagements de la communauté internationale à l’égard du monde en développement, mais reste le moment où la communauté internationale a convenu de tenir plus concrètement et plus rapidement ses promesses. Il a rappelé que l’Union européenne est un acteur mondial particulièrement engagé en faveur de tous les pays en développement, accordant 60% de l’aide internationale. Il a souligné que la relation de l’Union européenne avec l’Afrique est unique. « En adoptant la Stratégie commune Afrique–Union européenne en décembre 2007 à Lisbonne, nous avons ouvert un nouveau chapitre de notre relation qui tient compte des nouvelles réalités économiques, politiques et sociales », s’est-il réjoui.
Le Président de la Commission européenne a attiré l’attention sur les trois grands défis actuels auxquels l’Afrique doit faire face. Tout d’abord, s’alarmant de l’augmentation des prix des denrées alimentaires, il a préconisé que des mesures soient prises pour soutenir l’agriculture des pays en développement. À cet égard, il a mentionné que la Commission européenne a proposé un nouveau fonds d’un milliard d’euros destiné à promouvoir la production agricole. M. Barroso a ensuite relevé l’importance de lutter contre les effets des changements climatiques qui pourraient menacer la croissance économique, la paix et la sécurité du continent africain. Il a espéré que la Conférence de Poznan prévue à la fin 2008 et celle de Copenhague en 2009 permettront à la communauté internationale d’aboutir à un nouveau consensus international. Pour ce faire, il est essentiel pour l’Europe et l’Afrique de travailler en étroite collaboration dans les mois à venir et développer un partenariat solide, a-t-il préconisé, avant de préciser que c’est dans cet esprit que la Commission a lancé l’Alliance mondiale contre les changements climatiques entre l’Union européenne et les pays en développement pauvres et vulnérables. Le Président de la Commission européenne a également souligné l’importance de relever le défi énergétique, dans le but d’assurer tant la sécurité énergétique qu’une meilleure utilisation des ressources énergétiques.
Avant de conclure, M. Barroso s’est dit fier du partenariat entre l’Union européenne et l’Afrique, ainsi que des retombées de cette collaboration. L’Europe va continuer à être un partenaire de l’Afrique, mais c’est aux Africains de prendre en mains le destin de l’Afrique, a-t-il insisté.
M. JEAN PING, Président de la Commission de l’Union africaine, a déclaré que l’Afrique, « berceau de l’humanité », méritait à juste titre l’attention de la communauté internationale. Il a suggéré d’éviter de réitérer de nouveau au cours des débats les engagements pris depuis des décennies en faveur du continent, arguant que les besoins de développement de l’Afrique étaient « connus et reconnus », qu’il s’agisse de la lutte contre les fléaux sociaux tels que la pandémie de VIH/sida et d’autres maladies, la lutte contre la pauvreté, la sécurité alimentaire, le développement de l’agriculture ou encore le financement du développement. « Aujourd’hui, nous convenons à l’unisson que l’heure est à la mise en œuvre », a affirmé M. Ping, ajoutant qu’« outre des échéances fermes et des financements adéquats, la confiance dans les acteurs et programmes du développement était indispensable pour avancer ». « C’est à nous qu’incombe au premier chef le développement de l’Afrique », a encore dit Jean Ping, affirmant que « les pays du continent entendaient assumer « pleinement » la conduite de l’Agenda pour l’Afrique ».
C’est cet esprit d’appropriation qui avait guidé les dirigeants africains à concevoir le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique, une initiative désormais arrimée à l’Union africaine et pour laquelle une stratégie de financement a été définie et des projets concrets identifiés, a rappelé M. Ping. Le NEPAD est, par essence, une affirmation de la volonté de l’Afrique de prendre en main son destin, a ajouté M. Ping. Il a également souligné que la stabilité politique du continent faciliterait la mobilisation des ressources. « Nous savons tous que paix et sécurité riment avec développement durable », a dit le Président de la Commission de l’Union africaine, indiquant qu’après s’être résolument engagée dans les opérations de maintien de la paix en Afrique, l’Union africaine mettait actuellement en place sa propre structure de développement répondant aux besoins et attentes des populations ».
M. Ping a ensuite attiré l’attention sur la nécessité de renforcer la coopération internationale pour réaliser les objectifs de paix, de sécurité et de développement en Afrique. Il a salué à ce propos les propositions concrètes du Secrétaire général dans son rapport sur les besoins de développement de l’Afrique, la Stratégie conjointe et le Plan d’action convenus avec l’Union européenne en décembre 2007. « Nous exprimons notre pleine reconnaissance à tous ceux qui ne cessent de nous soutenir à travers les divers mécanismes bilatéraux et multilatéraux », a conclu M. Ping.
Table ronde 1
La première table ronde organisée dans le cadre de cette Réunion de haut niveau sur les besoins de l’Afrique en matière de développement a souligné l’importance des priorités définies pour ce continent dans le cadre du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) ainsi que la nécessité de respecter les engagements pris, notamment en ce qui concerne le financement du développement.
Les coprésidents de cette table ronde, M. JOHN AGYEKUM KUFUOR, Président du Ghana, et M. HARIS SILAJDŽIĆ, Président de la Présidence de la Bosnie-Herzégovine, ont estimé que l’Afrique, dans un contexte mondial marqué par les changements climatiques et les crises énergétique et alimentaire, était confrontée aux mêmes défis que ceux du monde entier. « Ce que nous faisons pour l’Afrique est un investissement nécessaire pour l’avenir à tous », a déclaré M. Silajdžić.
Tous les deux se sont accordés sur l’urgence d’intégrer davantage l’Afrique à l’économie mondiale. M. Kufuor a estimé que l’aide pour le commerce, l’assistance technique mais aussi les difficultés auxquelles se heurtent les négociations commerciales au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sont des questions qui doivent toutes être traitées. MM. Kufuor et Silajdžić ont par ailleurs insisté sur la nécessité de trouver des sources novatrices de financement pour faire face aux besoins de développement de l’Afrique.
Les Présidents de la Slovénie, M. DANILO TÜRK, et de Sao Tomé-et-Principe, M. FRADIQUE BANDEIRA MELO DE MENEZES, ont noté que malgré les richesses du continent et le taux de croissance enregistré depuis quelques années, l’Afrique ne parvenait pas à traduire cette situation en développement social. Comme plusieurs intervenants, ils ont estimé que ce développement social est freiné essentiellement par les besoins considérables du continent. Il faut, ont-ils ajouté, examiné plus à fond la question.
« Le NEPAD confirme la détermination du continent africain à prendre en main son avenir en termes de développement », a ajouté M. HIFIKEPUNYE POHAMBA, Président de la Namibie, tout en notant que les nombreux défis auxquels fait face l’Afrique nécessitent l’engagement de toute la communauté internationale. De même, M. ABDOULAYE WADE, Président du Sénégal, et M. ABDULLAH GÜL, Président de la Turquie, ont rappelé que les priorités du continent, comme l’assistance au développement, l’allègement de la dette et l’accès de l’Afrique aux marchés mondiaux, avaient été identifiées dans le cadre du NEPAD.
M. DIDJOB DIVUNGI DI NDINGE, Vice-Président du Gabon, a rappelé que si le NEPAD avait identifié les volontés africaines, il faudrait désormais établir un agenda réaliste pour financer le NEPAD. « Réduire la dette et améliorer l’accès aux marchés est la meilleure démarche à suivre », a estimé M. IVO SANADER, Premier Ministre de la Croatie. M. MACHADO VENTURA, Premier Vice-Président de Cuba, a fait remarquer, pour sa part, que l’Afrique dépensait aujourd’hui cinq fois plus pour le service de sa dette que pour les deux domaines que sont l’éducation et la santé.
De nombreux intervenants ont jugé que la mise en œuvre des engagements dans les domaines du financement demeurait largement insuffisante, précisant que de rares pays avaient bénéficié du niveau d’aide publique au développement promis. Face à ce constat, certains ont demandé que la mise en place de mécanismes de suivi des engagements figure dans la déclaration politique qui devrait être adoptée, cet après-midi, par les États Membres. D’autres comme M. YOWERI KAGUTA MUSEVENI, Président de l’Ouganda, ont estimé qu’il faudrait éviter les termes trop vagues et œuvrer plutôt en faveur de mesures et actions concrètes.
M. Museveni a été un de ceux qui ont fait remarquer que l’Afrique n’avait pas porté suffisamment d’attention au rôle du secteur privé en matière de développement. La Ministre de la coopération économique et du développement de l’Allemagne, l’Envoyé spécial du Gouvernement du Japon, ou encore le Ministre du Royaume-Uni pour l’Afrique, l’Asie et les Nations Unies, ont partagé cette opinion et ont souligné qu’il était nécessaire de créer les conditions propices pour encourager sa participation. À titre d’exemple, le représentant de « Sumitomo Chemical » a fait part des activités de son entreprise, en partenariat avec les producteurs locaux, notamment en République-Unie de Tanzanie.
Par ailleurs, de nombreux orateurs, dont M. ABBAS EL FASSI, Premier Ministre du Maroc, ont insisté sur le rôle essentiel de l’intégration régionale et de la coopération Sud-Sud, cette dernière demeurant « une stratégie importante pour accélérer les progrès en Afrique » selon M. HASSAN WIRAJUDA, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie.
Les liens entre sécurité et développement ont aussi été mis en avant par plusieurs représentants des États Membres, tels que le Premier Ministre de la Croatie. M. ERNEST BAI KOROMA, Président de la Sierra Leone, a ainsi souligné les problèmes spécifiques des pays émergeant d’une situation de conflit. Il a appelé la communauté internationale à aider ces États, ajoutant que les défis que constituent l’élimination de la pauvreté, la lutte contre les pandémies et l’insuffisance de capacités et d’infrastructures, sont encore plus importants dans ces pays.
Enfin, le représentant de l’ONG « World Vision International » s’est fait l’écho de plusieurs déclarations, en insistant sur le renforcement nécessaire de la société civile afin de progresser en matière de développement. « Il faut donner aux communautés les moyens d’assurer elles-mêmes leur développement. Cela est fondamental pour garantir leur avenir », a-t-il assuré.
Outre ceux déjà cités, ont également pris la parole au cours de cette table ronde les Ministres des affaires étrangères de la Slovaquie, de l’Afrique du Sud, du Myanmar, du Luxembourg, de la Bosnie-Herzégovine, de l’Égypte; la Ministre de la coopération pour le développement du Danemark, le Ministre de la coopération internationale du Soudan, le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, les Vice-Ministres du Pakistan et de l’Espagne ainsi que la Ministre adjointe des affaires étrangères de la Colombie.
Table ronde 2
La seconde table ronde était organisée sur le thème « les besoins en développement de l’Afrique: état de la mise en œuvre des divers engagements, défis, et perspectives », et coprésidée par Mme TARJA HALONEN, Présidente de la Finlande, et M. PAUL KAGAME, Président du Rwanda. Les questions du partenariat au développement, de l’efficacité de l’aide, du rôle du secteur privé, les Objectifs du Millénaire pour le développement, l’importance de l’éducation et de la gouvernance ont été évoqués au cours de la discussion. Les intervenants ont souligné les défis « dantesques » auxquels est confrontée l’Afrique mais ont aussi salué les progrès réalisés dans plusieurs domaines.
En ouvrant la table ronde, M. Kagame a constaté que d’énormes ressources ont été injectées pour résoudre la crise financière mondiale actuelle et il a souhaité voir la même détermination pour prendre des mesures en faveur de l’Afrique. Le continent, a rappelé M. Kagame, est confronté à d’énormes gageures et n’a pas assez progressé dans la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement. Les besoins de l’Afrique sont bien connus et ce qui est nécessaire, ce sont davantage de mesures et une réelle mise en œuvre des engagements souscrits. Estimant que la gouvernance a progressé dans la plupart des pays d’Afrique, M. Kagame a souhaité que les discussions ne soient pas tournées vers le passé mais plutôt centrées sur les moyens de progresser dans l’avenir.
L’ensemble des intervenants ont reconnu que l’Afrique a progressé durant les dernières années, tant en matière de bonne gouvernance, de réduction de la dette ou d’économie. « Tout le monde considère désormais l’Afrique comme une opportunité et non un problème», s’est ainsi réjoui M. LOUIS MICHEL, Commissaire européen au développement et à l’aide humanitaire, qui a estimé qu’une « dynamique générale de croissance existe » et que, si elle peut être soutenue et encadrée, elle devrait faire démarrer une dynamique vertueuse pour que l’Afrique puisse enfin profiter de la mondialisation. M. Michel, tout comme Mme CONDOLEEZZA RICE, Secrétaire d’État américaine, a insisté sur les changements réalisés au cours de ces dernières années dans la nature de l’aide publique au développement. Cette aide, a estimé Mme Rice, est devenue un véritable partenariat mené « dans la dignité ». M. Michel a quant à lui jugé « humiliante » la relation de dépendance entre donateur et bénéficiaire.
Mais de très nombreux intervenants, et notamment africains, ont rappelé, à l’image du Roi MSWATI III du Swaziland ou de M. EMILIO GUEBUZZA, Président du Mozambique, que les États du continent ont souvent trop peu de ressources mobilisables pour réaliser des progrès sans assistance internationale. « Les défis sont effarants », a ainsi jugé la Ministre des affaires étrangères de l’Islande, Mme INGIBJÖRG SÓLRÚN GÍSLADÓTTIR. Mais, comme l’ont rappelé de nombreux intervenants, ils sont aussi bien connus.
Nombreux ont donc été les appels lancés aux pays donateurs à respecter les engagements pris, notamment en matière d’aide publique au développement. M. RALPH GONZALVES, Premier Ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines, a mis en doute le bon vouloir de certains pays donateurs, tandis que M. MARC RAVALOMANANA, Président de Madagascar, a rappelé le risque de voir les ressources destinées à la réalisation des OMD détournées pour résoudre d’autres défis et crises qui, a-t-il affirmé, doivent être financés par des ressources additionnelles et non par une réaffectation des ressources existantes.
Les OMD sont un élément qui doit guider l’aide internationale à l’Afrique, a convenu M. CHARLES MICHEL, Ministre de la coopération de la Belgique, qui a rappelé que la communauté internationale a le devoir de respecter ses engagements financiers et notamment les 0,7% du PIB consacrés à l’aide publique au développement. Toutefois, le Ministre a souhaité que des objectifs qualitatifs soient également fixés. Jugeant ainsi « suicidaire » la réduction de la part de l’APD consacrée au secteur agricole, passée de 17% en 1980 à 6 ou 7% aujourd’hui, le Ministre a proposé un objectif de 10% pour 2010 et 15% pour 2015. La nécessité d’une révolution agricole en Afrique a été abordée par plusieurs autres intervenants. M. PETER POWER, représentant de l’Irlande, a estimé que sans sécurité alimentaire, les autres OMD n’avaient pas de sens et il a cité comme un exemple de réussite les résultats obtenus en quelques années par le Malawi. De son côté, M. JACQUES DIOUF, Directeur exécutif de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a affirmé que l’agriculture avait « 80 fois plus de capacité pour réduire la pauvreté que les autres secteurs » de l’économie.
Plusieurs intervenants ont aussi mis en avant le rôle du secteur privé et de l’éducation des populations. Toutefois, M. Michel a loué les résultats obtenus via l’APD, et le Roi Mswati III a remarqué que son pays devait parfois demander des prêts à des institutions financières internationales pour des projets dans des domaines qui devraient relever du secteur privé mais dans lesquels ce dernier n’agit pas, ou trop lentement. Les gouvernements peuvent prendre l’initiative et envisager ensuite des partenariats avec le secteur privé, a-t-il noté.
Mme Rice a rappelé que les États-Unis aident notamment les pays qui mettent l’accent sur l’investissement dans leur propre population, afin d’être en mesure de saisir les avantages de la mondialisation, alors que le Président malgache a insisté sur la nécessité de mettre fin à la fuite des cerveaux et de faciliter le retour au pays des Africains partis se former à l’étranger. Quant à elle, Mme Halonen a mentionné comme élément le plus important pour le développement du continent « l’éducation, éducation, éducation », tout en rappelant le potentiel encore trop peu exploité des femmes africaines.
La liberté d’entreprise et la liberté en général apparaissent aussi comme un élément clef pour garantir la logique de développement et de prospérité. Toutefois, si certains intervenants, comme M. IVAILO KALFIN, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de Bulgarie, ont parlé de « développement dans le respect des droits de l’homme », M. YANG JIECHI, Ministre chinois des affaires étrangères, a rappelé que l’aide à l’Afrique devrait se faire « dans le respect de la souveraineté des États » tandis que le Ministre des affaires étrangères du Zimbabwe a souligné que l’octroi de l’aide ne doit pas être assorti de conditions ni accompagné de menaces de mesures coercitives internationalement illégales.
Outre les personnalités déjà mentionnées, M. VALDIS ZATLERS, Président de la Lettonie, ainsi que les chefs de gouvernement, ministres ou représentants de pays suivants ont pris la parole lors de la discussion: Bangladesh, Guinée, Nigéria, Jamaïque, Hongrie, Éthiopie, Liban, Togo, Angola et Cameroun. Ont également participé, M. ABDOULIE JANNEH, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et le représentant de MAP International.
Table ronde 3
La troisième table ronde, qui était coprésidée par M. ABDOULAYE WADE, Président du Sénégal, et par M. RALPH GONSALVES, Premier Ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines, était consacrée à l’état d’avancement des engagements pris en faveur de l’Afrique, aux défis en cours et à la voie à emprunter.
En ouverture de la discussion, M. Wade a rappelé que des dizaines de milliards de dollars avaient été promis ces dernières années sans que ces engagements soient toujours suivis d’effet. Il a rappelé que lors du dernier Sommet du G-8 au Japon, il avait fait remarquer aux dirigeants du Groupe des huit: « Messieurs, vous nous avez fait beaucoup de promesses, cette fois ne nous en faites pas mais voyons où nous en sommes de l’exécution des promesses passées ». Au cours du débat, en passant le relais de la présidence de la réunion au Premier Ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines, M. Wade a fait remarquer que si l’on se basait sur leurs promesses, les pays développés devraient beaucoup d’argent.
Auparavant, M. VINCENZO SCOTTI, Vice-Ministreitalien des affaires étrangères, s’était engagé à ce que son pays, qui présidera le prochain Sommet du G-8, plaide auprès de ses partenaires en faveur de l’urgence actuelle envers l’Afrique.
M. BONI YAYI, Président du Bénin, a noté que le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique est un cadre stratégique qui n’a pas encore atteint tout son potentiel. Face à l’immensité de la tâche, les institutions internationales doivent faire preuve de créativité, a-t-il dit. Le Président Wade a souligné que de nombreux projets n’aboutissaient pas en raison de procédures bureaucratiques extrêmement lourdes.
Pour M. BRADFORD MACHILA, Ministre zambien des terres, l’aide n’est pas une question de charité dans la mesure où une Afrique développée profitera au reste du monde.
M. MARIO H. CASTELLÓN DUARTE, représentant du Nicaragua, a non seulement estimé que les promesses d’aide devaient être tenues mais aussi que la dette devait être effacée. L’ouverture des marchés des pays riches et la fin des subventions agricoles constituent aussi des mesures indispensables, a-t-il ajouté.
M. ERIK SOLHEIM, Ministre norvégien de l’environnement, a jugé impardonnable que les engagements n’aient pas été tenus. Il a rappelé que son pays s’était fixé l’objectif de consacrer 1% de son PIB à l’aide au développement, chiffre qui devrait être atteint sous peu. Mais, a-t-il ajouté, il convient dans le même temps de mettre un terme aux flux de capitaux illégaux car il sort plus d’argent des pays en développement qu’il n’en entre. La lutte contre ce phénomène doit être une priorité de la Conférence de Doha, a estimé M. Solheim.
La prochaine Conférence d’évaluation du Consensus de Monterrey sur le financement du développement qui doit se tenir au Qatar du 29 novembre au 2 décembre prochains, vise à faire le bilan des progrès accomplis et à réaffirmer les objectifs et les engagements pris.
Des délégations des pays d’Asie et d’Amérique latine ont rappelé l’étroite coopération et les liens grandissants qui ont commencé à être tissés entre leur continent et l’Afrique. D’ores et déjà, plus de 15 000 étudiants africains étudient dans des établissements indiens, a indiqué M.ANAND SHARMA, Ministre indien des affaires étrangères. Le représentant des Philippines a d’ailleurs constaté que de nombreuses recommandations ne s’appliquaient pas uniquement à l’Afrique mais à tous les pays en développement. Toutefois, a-t-il noté, la coopération Sud-Sud est une des solutions au sous-développement mais elle ne remplace pas les engagements internationaux.
La jeunesse est l’un des piliers sur lequel doit s’appuyer le développement, a souligné un participant - le représentant du Saint-Siège a rappelé que l’Afrique était le plus jeune des continents par sa démographie. Parmi les organisations intergouvernementales s’étant exprimées lors de la réunion, M. KAMALESH SHARMA, représentant du Secrétariat du Commonwealth, a jugé que la jeunesse avait été négligée dans les projets de développement. Si nous ne nous concentrons pas sur les jeunes, nous ne pourrons pas obtenir de résultats probants, a-t-il mis en garde.
M. JAN PETER BALENENDE, Premier Ministre néerlandais, a rappelé les nombreuses menaces au développement, en particulier la hausse des prix de l’énergie et des produits alimentaires. Mais paradoxalement, a souligné M. ALAIN JOYANDET, Secrétaire d’État de la France à la coopération et à la francophonie, la hausse des prix actuelle peut constituer une chance pour l’Afrique. Elle peut y trouver une nouvelle compétitivité et les moyens de relancer des politiques durables permettant de nourrir les populations urbaines tout en redonnant une certaine prospérité aux campagnes. Cela n’est toutefois possible que si chaque pays parvient à l’autonomie alimentaire. M. ALEXANDRE FASEL, Directeur de la Division des Nations Unies au sein du Ministère des affaires étrangères de la Suisse, s’est félicité, lui aussi, du regain d’intérêt pour l’agriculture.
La santé demeure aussi une question clef. Mme THORAYA OBAID, Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP, a rappelé que pendant la durée de ce débat des enfants allaient mourir en raison de l’insuffisance des moyens dévolus à la santé publique. Investir dans les femmes c’est vraiment investir intelligemment car cela profite aux femmes, à la communauté et au pays dans son ensemble, a-t-elle souligné.
Un représentant du secteur privé a regretté la disproportion entre la médiatisation des attentats terroristes, qui font un nombre relativement peu élevé de victimes, alors que le sida ou le paludisme sont des fléaux qui déciment des populations, tuant les personnes les plus productives. Leur impact social et économique sur les sociétés est dévastateur et fournir des médicaments ou des moustiquaires ne suffit pas.
M. BEKEKE GELETA, Secrétaire général de la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a critiqué une assistance arrivant au compte-gouttes et bien souvent trop tard. Il a rappelé que son organisation travaillait avec 4 millions de volontaires compétents en Afrique qu’il convenait d’aider dans leur action.
Outre les délégations citées, se sont également exprimés les représentants de la République centrafricaine, de Monaco, de la Jamahariya arabe libyenne, du secteur privé (Regensys), d’organisations non gouvernementales (African Monitor et World Vision), du Département des affaires sociales et économiques de l’ONU (DESA), du Chili, d’Antigua-et-Barbuda, de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), de Guyana, de la Banque mondiale et du Viet Nam.
Table ronde 4
M. PEDRO VERONA RODRIGUES PIRES, Président du Cap-Vert, qui coprésidait la table ronde, a mis l’accent sur les deux thèmes qu’il jugeait important de débattre lors de cette table ronde. L’éducation, a-t-il dit, constitue un facteur important d’autonomisation, de changement et de progrès afin de permettre aux populations de prendre en main leur propre processus de développement. S’agissant de la santé, M. Pires a plaidé en faveur de systèmes nationaux qui garantissent la prévention et les soins. Il est important d’assurer un accès aux soins de santé et aux médicaments, a-t-il ajouté.
M. LUIZ INÁCIO LULA DA SILVA, Président du Brésil, a indiqué de son côté que son pays se reconnaissait, sous toutes ses facettes, comme une nation africaine. L’Afrique ne peut être éternellement un champ de bataille colonial dans ses anciennes et nouvelles manifestations, a-t-il dit, soulignant la nécessité fondamentale d’aller au-delà de la rhétorique. M. Lula da Silva a par ailleurs jugé faux le prétendu dilemme entre les productions d’aliments et de biocarburants. Il y a de la place pour les deux, a-t-il assuré. Le chef de l’État brésilien a mis l’accent sur la nécessité pour l’Afrique de bâtir son avenir avec ses propres desseins et ses propres outils. Les pays africains n’ont pas besoin d’une attitude paternaliste mais de partenariats qui mettent en valeur, par exemple, leurs ressources humaines et naturelles, a-t-il affirmé. M. Lula da Silva a également exprimé son soutien aux institutions régionales et sous-régionales africaines. Pour éviter les retards dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, il a appelé au respect des engagements pris par les pays développés en vue de consacrer 0,7% de leur produit intérieur brut à l’aide publique au développement.
M. MAHMOUD AHMADINEJAD, Président de l’Iran, a rappelé les crimes commis en Afrique par les colons et les puissances d’occupation qu’il a qualifiés d’irréparables. Les pouvoirs africains ont réussi heureusement à se libérer du colonialisme et à éliminer de la scène les auteurs de ces crimes, a-t-il ajouté. Le chef de l’État iranien a en outre dénoncé le fait que des puissances hégémoniques se tournaient, selon lui, avec convoitise vers l’Afrique. Une Afrique unie et prospère serait contraire à leurs aspirations, a-t-il considéré. Pour M. Ahmadinejad, l’Afrique est le continent le plus durement touché par les défis actuels. Il a mis l’accent sur la bonne coopération entre son pays et l’Afrique. Tous les pays qui en ont les ressources se doivent d’investir en Afrique, notamment les anciennes nations coloniales, et ce, en renonçant à leurs intérêts mesquins et en se fondant sur les priorités déterminées par les peuples africains eux-mêmes, a-t-il également déclaré.
M. HEINZ FISCHER, Président de l’Autriche, a souligné, quant à lui, que son pays était actif dans les domaines critiques que sont la sécurité alimentaire, l’eau et l’énergie. Il a ainsi indiqué que l’Autriche consacrait à l’Afrique plus de 50% de son aide publique au développement. Afin de mieux lutter contre la crise alimentaire, les donateurs et les partenaires en développement doivent investir davantage dans l’agriculture, en particulier en faveur des petits exploitants agricoles. L’Autriche, a précisé M. Fischer, s’est toujours engagée dans des programmes de développement rural et continuera de le faire. Le chef de l’État autrichien a dit également partager l’avis de nombreux experts, en particulier du Président du Groupe de la Banque africaine de développement, selon lequel la promotion de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement pouvait constituer une chance importante de lancer le développement de l’Afrique. De même, a-t-il estimé, le fossé de l’information technologique qui handicape l’Afrique, ses étudiants, ses entrepreneurs et la société civile, ne saurait être comblé sans un meilleur accès à l’énergie. M. Fischer a par ailleurs mis l’accent sur la nécessité, pour assurer les besoins de développement de l’Afrique, de garantir la parité entre les sexes et de poursuivre de manière harmonieuse et stable le processus d’intégration continentale. Le Président autrichien a enfin espéré l’ouverture d’un bureau de l’Union africaine à Vienne d’ici à 2009, comme s’y est engagé M. Jean Ping, Président de la Commission de l’Union africaine.
M. YU MYUNG-MWAN, représentant de la République de Corée, a estimé que l’aide seule n’était pas suffisante. Selon lui, le commerce et les investissements sont des moteurs puissants pour le développement dans la mesure où ils contribuent à favoriser la croissance et à réduire la pauvreté. Il a ainsi souligné que son pays cherchait à promouvoir les investissements consentis en Afrique par le secteur privé par le biais de politiques commerciales pertinentes. M. WYCLIFFE AMBETSA OPARANYA, Ministre d’État, Ministre de la Planification, du Développement national et de la Vision 2030 du Kenya, a estimé pour sa part que l’Afrique souffrait de façon immense d’un déséquilibre en matière des termes de l’échange. La part de l’Afrique dans le commerce international n’est plus que de 1,5% à peine, a-t-il déploré. Les ressources de l’Afrique, a-t-il dit, n’attirent pas comme elles le devraient et ne sont pas rémunérées à leur juste valeur. Il faut que les termes de l’échange soient plus justes, a-t-il insisté, plaidant notamment en faveur d’un meilleur transfert de technologie en faveur du continent.
M. BASILE IKOUÉBÉ, Ministre des affaires étrangères et de la Francophonie du Congo, a souligné que les initiatives prises par les pays africains pour assurer leur propre développement devaient être accompagnées d’une aide conséquente de la communauté internationale et du respect des engagements pris. M. DON PRAMUDWINAI, représentant de la Thaïlande, a en particulier insisté sur les avantages des partenariats multilatéraux en matière de coopération qui, de l’avis de sa délégation, représentent un potentiel énorme. Il a de même indiqué que les expériences de son pays en matière de développement ainsi que ses technologies, ajustées au fil des décennies, pouvaient être profitables au développement de l’Afrique. M. OMAR TOURAY, Secrétaire d’État aux affaires étrangères de la Gambie, a dénoncé pour sa part la politique de distorsion des marchés. Les négociations de Doha doivent placer les pays les moins avancés et les pays en développement au cœur de leur programme de travail, a-t-il ajouté.
M. CARL BILDT, Ministre des Affaires étrangères de la Suède, a estimé que pour assurer la paix et la sécurité, il convenait de garantir des droits et des possibilités égaux pour tous, pour les femmes et pour les enfants. Ces obligations incombent à tous les dirigeants du monde et l’on ne peut tolérer la violence politique, a-t-il notamment affirmé, soulignant les progrès réalisés à cet égard par l’Union africaine. Il a indiqué que son pays accordait une importance particulière au commerce, à la démocratie, à la liberté, aux droits de l’homme et à l’égalité entre les hommes et les femmes. M. SAMUEL OTSILE OUTLULE, son homologue du Botswana, a jugé fondamentale une plus grande synergie des programmes des partenaires pour le développement de l’Afrique. Il s’est dit en outre déçu de l’effondrement des négociations du Cycle de Doha, à Genève, en juillet dernier. Ces négociations doivent reprendre au plus tôt, a-t-il affirmé. Il a mis enfin l’accent sur la nécessité de promouvoir l’autonomisation des femmes et des jeunes, autrement dit les groupes les plus vulnérables en Afrique.
Mme MEDINA, représentante du Venezuela, a estimé que la déclaration politique qui devrait être adoptée avant la clôture de la Réunion de haut niveau devrait mentionner des mécanismes susceptibles de garantir la réalisation des promesses faites et empêcher les organismes financiers internationaux de faire payer un lourd tribut à l’Afrique. Pour M. KONNEH, délégué du Libéria, l’éradication de la pauvreté reste le principal défi auquel l’Afrique est confrontée, cette dernière n’étant certainement pas en mesure de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement. La mise en œuvre des engagements de partenariats vis-à-vis de l’Afrique n’est pas assurée de manière harmonieuse, a-t-il observé. Il convient, a-t-il estimé, d’augmenter l’aide publique au développement en faveur du continent, ainsi que l’appui aux partenariats régionaux et sous-régionaux pour compléter la coopération Nord-Sud.
M. TADESSE, Vice-Président de la Banque de développement du Groupe de l’Afrique australe, a insisté, de son côté, sur le rôle des institutions financières internationales dans la promotion des objectifs globaux de développement du continent. Les besoins de développement de l’Afrique sont énormes et auront besoin d’une stabilisation durable des fonds, a-t-il dit. Mme ANTOINETTE BATUMUBWIRA, représentante du Burundi, a salué la mise en place du Groupe de pilotage pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement en Afrique, tout en lui demandant de redoubler d’ardeur afin d’inciter les pays donateurs à honorer leurs engagements. M. ABRAMOVICH, délégué d’Israël, a affirmé que l’expérience de son pays lui avait enseigné que les progrès allaient de pair avec le partenariat. Il a ainsi annoncé le lancement, dans les jours à venir, d’un accord-cadre, le premier du genre concernant Israël, avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
En conclusion, le Président du Cap-Vert a estimé que le développement était impossible sans la paix, la stabilité et la prévisibilité. M. Verona Pires a ainsi mis l’accent sur le devoir de contribuer à ces objectifs majeurs dans les politiques d’État. L’échec n’est pas une option, a-t-il souligné, ajoutant que le progrès de l’Afrique représentait l’espérance du monde.
Outre les orateurs cités, les représentants de l’Organisation internationale du Travail (OIT), de l’Australie, du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), de l’Estonie, de l’Organisation des femmes panafricaines, du Bélarus, de l’Ukraine, du Qatar et du Koweït ont également pris la parole.
* *** *
À l’intention des organes d’information • Document non officiel