CONFÉRENCE DE PRESSE DU COORDONNATEUR DES SECOURS D’URGENCE SUR LA SITUATION HUMANITAIRE DANS LA CORNE DE L’AFRIQUE
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CONFÉRENCE DE PRESSE DU COORDONNATEUR DES SECOURS D’URGENCE SUR LA SITUATION HUMANITAIRE DANS LA CORNE DE L’AFRIQUE
John Holmes, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a tiré la sonnette d’alarme, cet après-midi au Siège des Nations Unies, au sujet de la disette dans la corne de l’Afrique où 14 millions de personnes sont menacées de famine depuis l’Érythrée au nord jusqu’au Kenya au sud. Cette « urgence humanitaire » est due à une combinaison de facteurs, en premier lieu la sécheresse et l’augmentation des prix des aliments et de l’énergie, a indiqué M. Holmes.
« Nous devons intensifier nos efforts », a-t-il dit, en expliquant qu’il ne s’agissait pas uniquement de fournir des vivres mais aussi des semences, des engrais et du fourrage. Il s’agit de permettre aux cultivateurs et aux éleveurs de faire la soudure, en profitant de la saison des pluies pour pouvoir semer, dans le premier cas et pour qu’ils ne soient pas contraints d’abattre leur troupeau, dans le second.
John Holmes, qui a brossé le tableau de la situation pays par pays, a indiqué que 4,6 millions de personnes étaient menacées de famine dans le sud de l’Éthiopie, soit 2,2 millions de plus qu’au premier trimestre de cette année. Les estimations font état de 75 000 enfants sévèrement mal nourris ayant besoin de suppléments alimentaires. Ces 4,6 millions s’ajoutent aux 5,7 millions de personnes déjà aidées par l’État éthiopien car elles vivent dans des régions où l’insécurité alimentaire est chronique.
C’est la raison pour laquelle l’Éthiopie et les organisations humanitaires ont lancé un appel de fonds, le 12 juin, à hauteur de 325 millions de dollars pour faire face à la situation. Les populations sont aussi menacées par un certain nombre de maladies comme la dysenterie, la rougeole et la méningite. S’ajoute à cette situation, le conflit à Ogaden qui ne facilite pas l’acheminement de vivres, a-t-il souligné.
En Somalie, outre la sécheresse et la situation politique troublée, la dévaluation du schilling somalien, qui a chuté de plus de 30% par rapport au dollar américain, depuis janvier, a renchéri les prix des produits de base. Ainsi, le prix du riz importé a flambé de 200 à 350% entre janvier 2007 et mai 2008. Le nombre de personnes dans le besoin s’est accru de 40% depuis le début de l’année, pour atteindre 2,6 millions de Somaliens, soit 35% de la population.
Les régions les plus affectées sont le centre et le sud du pays, ainsi que la capitale Mogadishu où, face à l’inflation, une partie des habitants n’a plus les moyens de s’acheter à manger. Selon les régions, la malnutrition atteint de 18 à 24%, alors que 15% est le seuil à partir duquel on considère que l’on fait face à une situation de crise aiguë.
Si le Kenya est confronté à une situation moins critique, la sécheresse et la hausse des prix des produits alimentaires frappent néanmoins durement certaines régions. Environ 1,2 million de Kényens ont besoin d’une aide d’urgence, particulièrement dans le nord-ouest. En Ouganda, c’est la région du Karamojo dans le nord-est, qui est affectée par la sécheresse depuis trois ans, aggravée par un conflit avec le pouvoir central. Une aide alimentaire est fournie à 700 000 personnes, soit 70% de la population locale.
En Érythrée, on espère une meilleure saison des pluies entre juin et septembre de cette année, alors que le déficit pluviométrique est grave. Enfin, à Djibouti où ce déficit est de 50%, la malnutrition frappe particulièrement les enfants de moins de 5 ans avec des taux allant de 17 à 25% dans le nord-ouest. On estime que 80 000 Djiboutiens ont besoin d’aide.
John Holmes a rappelé que « les effets de la malnutrition et de la faim pouvaient être profonds et durables même lorsque l’on est en mesure d’empêcher la mort immédiate car les enfants les plus jeunes, en particulier, subissent des retards de croissance, voire des déficiences intellectuelles. En outre, a-t-il averti, les gens mal nourris sont plus sujets à toutes sortes de maladies, y compris le VIH/sida.
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