LA COMMISSION DES QUESTIONS POLITIQUES SPÉCIALES ET DE LA DÉCOLONISATION ENTEND LA SUITE DES INTERVENTIONS CONCERNANT LE SAHARA OCCIDENTAL
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Quatrième Commission
4e séance – après-midi
LA COMMISSION DES QUESTIONS POLITIQUES SPÉCIALES ET DE LA DÉCOLONISATION ENTEND LA SUITE DES INTERVENTIONS CONCERNANT LE SAHARA OCCIDENTAL
La Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) a entendu cet après-midi les pétitionnaires qui avaient demandé à s’exprimer sur la situation au Sahara occidental, certains d’entre eux défendant la proposition du Maroc, aux termes de laquelle une large autonomie serait accordée au territoire au sein du royaume, tandis que d’autres affirmaient que le droit des Sahraouis à l’autodétermination n’est pas négociable.
C’est ce message qu’a réaffirmé le représentant du Front POLISARIO tout en laissant ouverte la porte à un possible « compromis » qu’il n’a pas précisé. Il a cependant constaté que les négociations entamées avec le Maroc, l’an dernier à Manhasset près de New York, ne progressaient guère.
De nombreux orateurs ont évoqué la prise de position de Peter Van Walsum, ancien Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU au Sahara occidental qui avait conclu l’an dernier que l’option de l’indépendance était à la fois « irréaliste et irréalisable ». Un universitaire français, Aymeric Chauprade, a plaidé en faveur de ce qu’il a appelé le « juste milieu » entre souveraineté et autonomie, un juste milieu qui permettrait une solution juste et pragmatique non seulement pour le Sahara occidental, mais aussi pour de nombreux autres territoires au statut disputé, du Kosovo à l’Ossétie ou d’Aceh ou aux provinces autonomes chinoises.
M. Jorge Reinaldo Vanossi, ancien ministre argentin de la justice, a estimé souhaitable lui aussi de parvenir à une autonomie du Sahara occidental plutôt qu’à l’indépendance, soulignant l’interdépendance croissante des pays du monde. Il a proposé que soit attentivement étudiée la proposition d’autonomie avancée par le Maroc, à condition que celle-ci soit approuvée par référendum.
M. Erik Jensen, ancien Représentant spécial du Secrétaire général pour le Sahara occidental de 1993 à 1998, a mis en garde contre le risque de reprise des hostilités après avoir estimé que le Maroc devait faire des concessions, tandis que le POLISARIO devrait renoncer à certaines de ses aspirations.
Plusieurs pétitionnaires ont déploré le rôle joué par l’Espagne qui, en tant qu’ancienne puissance coloniale en 1975, a abandonné le territoire en facilitant ainsi son occupation par le Maroc. Des ressortissants originaires du territoire ont enfin apporté leur témoignage, certains étant favorables au Maroc tandis que d’autres exprimaient leur hostilité au royaume. D’autres ont dénoncé la séparation forcée des enfants de leur famille, qu’ils ont accusé le POLISARIO de pratiquer à des fins politiques pour obliger les familles concernées à demeurer dans les camps de réfugiés de Tindouf en Algérie.
Demain après-midi, la Quatrième Commission entendra les 14 derniers pétitionnaires ayant demandé à s’exprimer sur la question du Sahara occidental ainsi que sur ceux intéressés par la question de la Nouvelle-Calédonie.
AUDITION DE PÉTITIONNAIRES
M. TXOMIN AURRECHOECHEA IZA, Coordonnateur des Institutions solidaires avec le Sahara occidental au niveau de l’État espagnol, a pointé du doigt le rôle du Conseil de sécurité qui, depuis 33 ans, « n’est ni en mesure de respecter, ni de faire respecter les accords » de 1991 et de 1998 entre le Front POLISARIO et le Royaume du Maroc. Il a mis en avant la générosité du « grand peuple et du gouvernement algériens » envers le peuple sahraoui. Par ailleurs, il a appelé la Quatrième Commission à dénoncer « l’invasion par le Maroc d’un territoire non autonome » et « les graves violations des droits de l’homme » qui ont lieu au Sahara occidental.
Le Coordonnateur a salué les efforts déployés par le Secrétaire général des Nations Unies afin de rechercher les conditions d’un nouvel accord entre les parties au litige, dans le cadre des pourparlers directs entre le Front POLISARIO et le Royaume du Maroc. Il a souhaité que les questions ayant trait aux coûts financiers, à l’habilitation des réfugiés et à la situation des colons soient réglées une fois que le territoire non autonome du Sahara occidental sera décolonisé. Le peuple sahraoui reste un peuple plus fort et plus uni que jamais, a dit M. Aurrechoechea IZA. Il a conclu son propos en demandant au Gouvernement espagnol de modifier « sa position ambigüe des dernières années » et de se déclarer en faveur d’un accord entre les parties et notamment, d’un accord qui permettra au peuple sahraoui d’être consulté en toute liberté sur son avenir.
M. ANTONIO LÓPEZ ORTIZ, de la Fédération nationale des institutions solidaires avec le peuple sahraoui, a mis en lumière la solidarité et le travail de coopération humanitaire de plus de 500 autorités locales espagnoles. Il a souhaité, au nom de sa Fédération, que le plan de paix de l’ONU qui tente d’organiser un référendum d’autodétermination au Sahara occidental, sous l’égide de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), soit tenu.
M. Lopez Ortiz a dénoncé le rôle joué par le Gouvernement espagnol en 1975, lorsqu’en tant qu’ancienne colonie, il a « facilité l’occupation illégale du territoire », allant ainsi à l’encontre des résolutions des Nations Unies et du droit du peuple sahraoui reconnu par la Cour internationale de Justice (CIJ). Il a rappelé que depuis le cessez-le-feu de 1991 entre le Royaume du Maroc et le Front POLISARIO, tous les espoirs des Sahraouis sont désormais tournés vers les Nations Unies. Il a regretté que le royaume du Maroc et son administration répètent continuellement qu’ils n’accepteront qu’« un référendum garantissant au pays des règles sur le Sahara ». Le temps est venu d’imposer une solution, a-t-il conclu.
Mme MARIA LÓPEZ BELLOSO, Chercheur en relations internationales et en droit international, a rappelé que le conflit au Sahara occidental a commencé en 1975, après l’abandon du territoire par les administrations espagnoles et son occupation par le royaume du Maroc. Durant 30 ans, le droit international a été violé par le Maroc, a-t-elle déclaré. À cet égard, elle a déploré les difficultés que rencontrent les organisations humanitaires quand elles veulent porter assistance aux victimes du conflit, ou quand elles essaient d’avoir accès aux prisonniers politiques sahraouis.
Par ailleurs, la situation humanitaire se détériore dans les camps et le Croissant-Rouge sahraoui fait face à des problèmes tels que des pénuries en produits alimentaires de base, a indiqué Mme Lopez Belloso. Elle a ajouté que les enfants et les femmes sont les premières victimes de la malnutrition qui règne dans les camps de réfugiés sahraouis. Elle a interpellé l’Organisation des Nations Unies sur la souffrance des centaines de milliers de réfugiés vivant dans ces camps et a rappelé que le droit international humanitaire, n’est pas seulement de reconnaître le droit des victimes vivant dans des situations de conflits armés à recevoir une assistance humanitaire, mais aussi d’obliger la communauté internationale à fournir une assistance à ces victimes. Elle a rapporté les difficultés que rencontre le peuple sahraoui, obligé de vivre sous occupation, et de travailler dans un territoire non autonome où ont lieu les pires persécutions et répressions contre son identité et sa culture.
Mme ARANZAZU CHACON ORMAZABAL, du groupe « Asociacion de Vitoria-Gasteiz », a rappelé que la Quatrième Commission des Nations Unies permettait à ceux qui prennent part à ses travaux d’aller à la racine des problèmes qu’elle examine. Ce que subit le peuple sahraoui, et qui est la violation de ses droits fondamentaux, provient de la violation non seulement des textes fondamentaux de l’ONU eux-mêmes, mais aussi de ceux du royaume du Maroc, a-t-elle affirmé. L’intervenante a souligné la violation constante des droits de la population sahraouie par les autorités marocaines. L’impossibilité de fonder des associations et des syndicats indépendants est illustrée par l’arrestation des militants qui tentent de s’organiser, a déploré Mme Chacon Ormazabal. Elle a évoqué les « persécutions administratives » qui s’accompagnent de fortes amendes et qui sont infligées aux Sahraouis. Elle a mis en cause dans ces abus la responsabilité directe de nombreux pays dont les délégations sont présentes dans la salle. Cela s’explique, a-t-elle ajouté, par l’exploitation des ressources naturelles du territoire du Sahara occidental. Il s’agit d’une violation des droits économiques du peuple sahraoui, a-t-elle accusé.
M. ALBERTO RUIZ DE AZUA SOLOZABAL, Président de la Fondation Euskal, qui s’est exprimé en tant que maire d’Arrigorriaga et au nom du peuple basque, a dénoncé l’occupation du Sahara occidental par le Maroc en dépit de la résolution 1514 des Nations Unies. Les Nations Unies ont une responsabilité particulière en matière de décolonisation, a-t-il poursuivi. Il faut permettre l’organisation d’un référendum sur l’autodétermination du Sahara occidental, a-t-il précisé, rappelant que ce qui se passe dans ce territoire non autonome n’est ni un conflit ethnique, ni un conflit religieux entre deux peuples pour le contrôle d’un territoire, mais clairement un cas d’occupation illégale et forcée d’une terre.
Résoudre le problème du Sahara occidental est possible, a estimé Ruiz de Azua Solozabal. Mais la communauté internationale doit contraindre le Maroc à accepter le droit et les lois internationaux pour le bien-être du peuple sahraoui. Il a fermement condamné l’attitude du Gouvernement espagnol et « ses relations privilégiées avec la monarchie alaouite ». En tant qu’ancienne administration occupante, le Gouvernement espagnol doit contribuer honnêtement à la résolution du contentieux en trouvant une solution juste et définitive au conflit du Sahara occidental et il doit s’abstenir de fournir des matériels et des équipements militaires au Maroc comme il l’a fait deux fois l’année dernière aux mois de janvier et de juin, a estimé le Président de la Fondation Euskal.
M. JASON POBLETE, de la « DefenseForum Foundation », a noté que le projet de référendum au Sahara occidental demeurait « irréaliste ». Il a rappelé que le plan Baker avait été rejeté par le Maroc, ce qui a conduit à la démission en 2004, qui a été fêtée par le Maroc, du diplomate américain. M. Poblete s’est insurgé contre toute tentative de manipuler les Nations Unies. La situation s’est aggravée depuis cette date, ce qui n’empêche, cependant pas, la population sahraouie de continuer d’aspirer à l’indépendance, a-t-il ajouté. M. Poblete a souligné que la seule solution était d’organiser un référendum équilibré et équitable. C’est, a-t-il dit, la seule façon de permettre à la région du Maghreb de se concentrer sur son développement.
Il a souligné que la Commission devait se saisir à nouveau de la question du Sahara pour lui rechercher activement une solution. Il faut un plan clair permettant l’organisation d’un référendum, a-t-il dit. Les États Membres doivent faire preuve de responsabilité et s’engager en ce sens. Au premier rang des pays doit être l’Espagne, a ajouté M. Poblete. Après s’être exprimé en anglais, l’orateur a achevé son intervention en espagnol en confiant qu’il était fils et neveu de réfugiés politiques, et qu’il estimait qu’il avait une certaine obligation morale de soutenir les peuples en quête de liberté.
M. JOSE MANUEL DE LA FUENTA SERRANO, Observateur des droits de l’homme, a dénoncé « le génocide du peuple sahraoui » et les violations des droits de l’homme qui ont été identifiés dans le territoire. Il a rappelé que le royaume du Maroc occupe le territoire du Sahara occidental sans aucune légitimité, mais avec la connivence de la communauté internationale et le silence de tous les pays. En tant qu’Observateur, M. De La Fuenta Serrano a indiqué qu’il s’est rendu plusieurs fois au Sahara occidental depuis avril 2002. Il a noté la situation désespérée dans laquelle vivent les civils sahraouis qui n’ont pas d’armes. Il y a de nombreuses violations des droits de l’homme, des détentions arbitraires, des tortures, a-t-il énuméré. C’est un régime d’oppression et de violation des droits de l’homme qui est imposé aux Sahraouis, a-t-il dit avec force. Il a rappelé que les victimes sont sans défense. Les gens sont expulsés lorsqu’ils essaient de se plaindre et il est urgent d’agir et de faire face à la situation qui persiste et perdure depuis tant d’années au Sahara occidental, a imploré l’Observateur des droits de l’homme. Les militants des droits de l’homme sont persécutés au Sahara occidental pour leurs activités, a-t-il déploré.
Mme SAÂDANI MAOULAININE, de l’ONG « Asociacionde Proteccion de Derechos Humanos », a évoqué les souffrances qu’elle avait subies elle-même en tant que réfugiée. Elle a déclaré que sa mère avait assisté à des actes de torture infligés à son père qui était accusé d’être un membre du POLISARIO. L’intervenante a expliqué que par la suite, alors qu’elle avait été transplantée à Cuba contre son gré, le POLISARIO l’avait complètement coupée de sa famille.
La représentante de Cuba a demandé à prendre la parole et fait alors valoir une motion d’ordre en exhortant le Président de la Quatrième Commission à demander à l’intervenante de limiter sa déclaration à l’évocation de faits liés au point de l’ordre du jour de la réunion sans mentionner ou évoquer l’État Membre, Cuba.
L’intervenante, Mme Saadani Maoulainine, a poursuivi sa présentation en indiquant que sa déclaration ne comportait aucune forme d’hostilité envers Cuba, et que, bien au contraire, elle avait bénéficié de l’accueil de la population de ce pays où elle avait aussi pu poursuivre ses études avec succès. Mais de nombreux réfugiés sahraouis vivant à Cuba n’ont pas toujours eu cette chance en raison des limites drastiques que leur a imposées le POLISARIO dans la conduite de leurs relations avec les familles restées au pays, a-t-elle déploré, en indiquant que lorsqu’elle est rentrée au Sahara occidental après 16 ans à Cuba, elle a appris que son père était mort. Elle a conclu son intervention en mettant en cause les violations des droits de l’homme commises par le POLISARIO, qui selon elle, a séparé de très nombreux enfants de leurs familles. « J’accuse l’Algérie d’être responsable de la déportation de milliers d’enfants sahraouis », a-t-elle lancé, en appelant cet État à ne plus permettre au POLISARIO « de détruire ainsi les familles en exilant les enfants à des milliers de kilomètres de chez eux sans leur permettre de maintenir un minimum de liens avec les leurs ».
S’exprimant au nom de l'Association des amis de la République arabe sahraouie démocratique, Mme FRANCE WEYL, Avocate, de la France, a mis en lumière la situation qui prévaut au Sahara occidental. Elle a déploré que des manifestations pacifiques soient violemment réprimées par « les forces de police et l’armée marocaine ». La répression est caractérisée par la multiplication des procès et des poursuites de militants sahraouis, a-t-elle indiqué.
Elle a poursuivi sa déclaration en expliquant que la simple participation à des manifestations ou simplement, l’appartenance à une association sahraouie, sont passibles de poursuites de la part du Maroc. Ceux qui tiennent des propos de revendication de la nationalité sahraouie sont également réprimés, a dit Mme Weyl. En tant qu’avocate, a-t-elle déclaré, « j’ai participé à deux missions d’enquête et d’observation dans le territoire ». Elle a souligné la difficulté qu’ont les observateurs à jouer leur rôle. La tâche des avocats est rendue très difficile par les autorités et ils sont victimes de « harcèlements, de persécutions et de discriminations ». Elle a conclu son propos en demandant le respect du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui et la tenue du référendum au Sahara occidental.
Mme ANNA MARIA STAME CERVONE, de l’Internationale des femmes démocrates-chrétiennes, a déclaré que le conflit du Sahara occidental avait été « fabriqué » par les autorités algériennes afin de mettre la main sur ce territoire. Elle a mis en cause les obstacles soulevés par le pouvoir algérien afin de saboter toute proposition qui ne lui convient pas, « face aux droits légitimes » du Maroc. Seuls les « nostalgiques de mauvaise foi » osent encore défendre l’idée de l’indépendance du Sahara occidental, a-t-elle estimé.
L’oratrice a rendu un hommage vibrant à l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU, M. Peter Van Walsum, pour son courage, sa probité et son honnêteté intellectuelle. « Il aura fallu plus de 30 ans pour voir surgir des rangs de l’ONU un diplomate d’une telle envergure ayant le courage de dire tout haut ce que tout le monde pense », c’est-à-dire que l’indépendance du territoire est une « option irréaliste et irréalisable », a estimé Anna Maria Stame Cervone. « Peter Van Walsum savait que cette déclaration lui vaudrait une avalanche de critiques de la part de l’Algérie et qu’elle pourrait lui coûter son poste », a-t-elle ajouté. « Il aurait pu imiter d’autres diplomates et se taire », a-t-elle souligné, achevant son intervention par un appel lancé à la Commission pour qu’elle « prête attention au drame des enfants sahraouis déportés par le POLISARIO à Cuba ».
La représentante de Cuba a interrompu ce discours en soulignant que Cuba n’était pas à l’ordre du jour des travaux de la Commission.
Mme Stame Cervone a repris sa déclaration en estimant qu’il ne s’agissait en aucun cas d’une attaque contre Cuba et qu’elle aurait fait la même observation au sujet de l’Italie « si cette déportation avait eu lieu en Italie ». Elle s’est interrogée sur la raison du transfert d’enfants « vers une île d’où ces enfants ne pouvaient s’échapper ». Selon elle, le POLISARIO « a préféré éloigner les enfants afin d’obliger les familles à rester dans les camps ».
M. ROBERTO GOIRIZ OJEDA Canaries, a regretté le contentieux « long », « fatiguant » et « désespérant » qui se déroule au Sahara occidental. Il a fait part de son respect envers les négociations engagées entre les parties pour trouver une solution définitive qui garantisse la stabilité du territoire et de la région. Par ailleurs, il a lancé un appel aux parties afin qu’elles ne ménagent aucun effort pour aboutir à une solution. Représentant des Canaries, il a mis en avant la situation qui prévaut aux Îles Canaries. Le conflit du Sahara occidental est suivi de près dans les Îles Canaries et aura une éventuelle répercussion sur le territoire des Canaries, a-t-il estimé.
M. SYDNEY S. ASSOR a déploré que lors des conflits armés, les Nations Unies semblent être seulement concernés par les joutes politiques et gardent le silence sur les questions liées à l’humanitaire comme si la souffrance était un phénomène naturel qu’il convenait d’accepter. L’indifférence s’installe, a-t-il déploré. On oublie trop souvent le volet humanitaire comme si la souffrance était une fatalité, a-t-il regretté. Il a rappelé la question des prisonniers qui ont un besoin d’assistance et a souhaité qu’un recensement soit, à cet égard, mené. L’aide alimentaire est détournée et elle est utilisée à d’autres fins, a-t-il dit en indiquant qu’en dépit des flux massifs d’aide humanitaire qui sont envoyés, les femmes et les enfants profitent très peu de cette assistance qui, théoriquement, leur est en premier lieu destinée. Il a accusé le POLISARIO de demander de l’aide et dans le même temps, de dépenser des sommes importantes en armements et équipements militaires. Les membres du POLISARIO trompent la communauté internationale sur le conflit au Sahara, a-t-il conclu.
M. JOSE M. ROMERO GONZALEZ, Avocat, a indiqué qu’il avait pu rencontrer de nombreux Sahraouis, ce qui lui a permis de constater que des violations des droits fondamentaux de l’homme avaient été commises dans le territoire du Sahara occidental. Aujourd’hui, je n’ai aucun doute sur ce qui s’est passé, a-t-il dit. Des milliers de personnes sont détenues contre leur gré, les objectifs politiques étant souvent placés au-dessus de l’intérêt des gens et des enfants, en particulier. Il est honteux que des milliers de personnes vivent dans de telles conditions, a-t-il déploré. Dernièrement, l’Envoyé spécial des Nations Unies s’est dit préoccupé par la situation, a indiqué M. Romero Gonzalez. Nous devons trouver une solution et examiner les rapports des Nations Unies, en particulier celui du 14 avril dernier, a-t-il recommandé. La solution à trouver à la question sahraouie doit reconnaître que les exilés ont le droit de rentrer pour participer au développement d’un territoire qui, lui-même, doit bénéficier d’un statut politique viable si la communauté internationale veut éviter que le conflit ne perdure pendant plusieurs autres décennies.
M. AHMED BOUKHARI, du Front POLISARIO, a évoqué les atrocités commises par des militaires marocains contre les populations sahraouies en citant l’aveu « qu’a fait à ce sujet un diplomate marocain, membre de la délégation aux négociations de Manhasset ». Plus de 600 civils et 151 militaires sahraouis sont toujours portés disparus depuis 1975, a indiqué M. Boukhari.
On se souvient, a-t-il poursuivi, qu’en 1991, le Maroc avait accepté un plan de règlement prévoyant un référendum d’autodétermination incluant la possibilité de l’accession à l’indépendance. Le Maroc avait aussi accepté le déploiement de la MINURSO. Cet engagement n’a pas été honoré, a regretté M. Boukhari. Ainsi, a-t-il ajouté, 18 ans plus tard, la MINURSO est toujours présente dans le territoire, humiliée et impuissante. Comment est-il possible que tout cela ait eu lieu sous les yeux de l’ONU?, a demandé l’orateur.
Nous sommes un peuple pacifique victime d’un acte d’injustice sans précédent dans l’Afrique postcoloniale, a poursuivi le représentant sahraoui. Le prix en est, et en sera élevé, a poursuivi M. Boukhari qui a indiqué que le Front POLISARIO était déterminé à poursuivre un combat et une résistance légitimes jusqu’à ce que la population sahraouie puisse exercer, de manière pleine et entière, son droit inaliénable à l’autodétermination. Aujourd’hui, le Maroc parle ouvertement de réalisme politique comme substitut au droit international, a-t-il noté. Le peuple sahraoui a, quant à lui, le droit de choisir librement entre l’indépendance et toute autre option, y compris l’intégration au Maroc, a-t-il ajouté. Le Front POLISARIO continue de croire à la primauté du droit international, a souligné M. Boukhari. Il a émis l’espoir qu’un compromis puisse être trouvé dans le cadre de négociations sérieuses et a constaté que celles entamées à Manhasset « ne progressaient pas ». Ce compromis n’inclut toutefois pas que le POLISARIO puisse renoncer au droit de la population du territoire à l’autodétermination, a-t-il tenu à souligner.
M. LUCIANO ARDESI, de l’Association italienne pour le peuple sahraoui, a rappelé que le Sahara occidental n’appartient pas au royaume du Maroc ni de droit, ni de fait. Il a, par ailleurs, mentionné l’Accord de Madrid de 1975, dans lequel l’Espagne cède sa colonie au Maroc et à la Mauritanie. Cet accord n’a été reconnu nulle part, a-t-il poursuivi. Le Maroc a participé à toutes les phases préparatoires du référendum du Sahara occidental, a-t-il noté. Mais par la suite, s’est-il-étonné, le Maroc a rejeté les résolutions de l’ONU. Le problème de la décolonisation existe donc toujours au Sahara occidental, a-t-il conclu.
Mme MILDRED THULIN, ancienne députée au Parlement de la Suède, a rappelé qu’une soixantaine d’États ont reconnu la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Je propose à chacun de vous de suggérer à vos gouvernements respectifs de reconnaître la RASD, a-t-elle ajouté, à l’intention de l’Assemblée. L’ex-parlementaire a évoqué les violations des droits de l’homme commises au Sahara occidental en mentionnant le fait que celles-ci avaient été dénoncées devant la Commission des droits de l’homme. Elle a dénoncé en particulier la construction du mur par l’armée marocaine et la dispersion de dizaines de milliers de mines aux confins de la frontière algérienne.
L’autonomie proposée par le Maroc n’est pas une option, a dit Mme Thulin. Les Nations Unies doivent demander à l’Espagne de reprendre le rôle qui lui revient, a-t-elle ajouté, tandis que l’ONU doit exercer elle aussi son propre rôle pour empêcher l’exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental par le Maroc. Elle a dénoncé en particulier la signature, par le Maroc, d’un accord de pêche avec l’Union européenne qui inclut l’exploitation des ressources halieutiques le long des côtes sahraouies et a demandé à l’ONU de dénoncer cet accord.
Mme TANYA WARBURG, de l’Association « Freedom for All », a dénoncé les abus des droits de l’homme perpétrés dans les camps de Tindouf, dans le sud-est de l’Algérie et qui sont gérés par le Front POLISARIO. Elle a déploré les abus à l’encontre des populations civiles de Tindouf « qui perdurent depuis 30 ans ». Une solution rapide doit être trouvée, a-t-elle estimé. Mme Warburg s’est exprimée au nom de son Association qui appuie le plan d’autonomie qui « permettrait de garantir les libertés de tous les Sahraouis ». Elle a mis en lumière « les conditions insoutenables qui prévalent dans les camps de réfugiés sahraouis où les femmes, les époux, les enfants sont séparés par la force et vivent séparément ». Cela va à l’encontre de la Convention sur le statut des réfugiés, a-t-elle rappelé. « Les enfants de cinq ans sont souvent envoyés ailleurs comme une main-d’œuvre peu chère et les garçons sont envoyés en formation militaire sans l’autorisation des parents », a dit Mme Warburg.
Selon elle, le POLISARIO abuse de l’aide humanitaire octroyée par la communauté internationale, ce qui aggrave la situation dans les camps de Tindouf. Elle a poursuivi en précisant que l’argent de l’aide est utilisé par le POLISARIO pour l’achat d’armes. Le POLISARIO dépense plus pour les armes que le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), a estimé Mme Warburg qui a conclu son propos en appelant au lancement d’une enquête internationale sur les disparitions des réfugiés du camp de Tindouf.
M. ALOUAT HAMOUDI, étudiant sahraoui, a indiqué qu’il n’avait appris l’histoire du peuple sahraoui ni dans les livres, ni à travers la propagande marocaine. Précisant qu’il était étudiant dans le Missouri, il a indiqué qu’il était né dans un camp de réfugiés dans le Sud algérien où il avait grandi, précisant que sa famille s’y trouvait toujours 30 ans plus tard. À l’âge de 13 ans, il a dû quitter sa famille pour pouvoir étudier en Algérie, a-t-il indiqué. Je suis ensuite allé étudier en Italie grâce à une bourse, dans un établissement international, ressemblant à une mini-ONU mais qui serait basée sur la compréhension internationale, la paix, la justice et le respect de tous. Je n’ai jamais vu mon pays même si je le vois dans les yeux des miens, a-t-il ajouté.
Évoquant les violations des droits de l’homme, l’étudiant sahraoui a souligné que les réfugiés souffraient tout autant que les locaux dans les zones occupées. Il a constaté que le Maroc s’efforçait de convaincre la communauté internationale de cesser d’apporter une aide aux réfugiés sahraouis. Notre droit à l’autodétermination a été reconnu par la communauté internationale mais celle-ci ne nous a pas permis de le mettre en œuvre, a-t-il regretté. Seule l’ONU peut convoquer un référendum qui permettrait aux Sahraouis de faire un choix. Si celui-ci n’a pas lieu, il ne nous restera plus d’autre choix que la guerre, a-t-il souligné. Il n’y a pas de paix sans justice, a-t-il conclu.
M. ALBERTO CID, Sénateur de la République d’Uruguay, s’est exprimé en tant qu’observateur international lors des élections législatives qui se sont déroulées au Maroc en septembre 2007. Il a constaté les efforts du Maroc pour garantir la transparence du processus démocratique. Il a souhaité que les efforts des Nations Unies progressent pour parvenir à des solutions acceptables. Il a mis en avant la proposition d’autonomie présentée par le Gouvernement marocain afin d’avancer vers une solution. Le Groupe de Rio, dont l’Uruguay fait partie, a publié un document reprenant les aspects fondamentaux de la décolonisation débattus devant la Quatrième Commission, a rappelé M. Cid. À travers ce texte, le Groupe de Rio espère et appelle de ses vœux une solution politique juste, durable et acceptable par tous sur la question du Sahara occidental, a conclu Alberto Cid.
M. ERIK JENSEN, ancien Représentant spécial du Secrétaire général pour le Sahara occidental (1993-1998), a constaté qu’il était impossible de réconcilier les positions incompatibles du POLISARIO et du Maroc au sujet de la composition du corps électoral dans le cadre de la préparation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental. Le processus d’identification a été entamé. Après cinq ans au Sahara, j’ai délégué ma responsabilité à mon successeur et j’ai rédigé un livre dans lequel j’explique pour quelle raison le processus d’identification ne peut aboutir, a dit M. Jensen. J’ai donc plaidé en faveur d’un règlement politique par la voie de négociations directes entre les deux parties, a-t-il ajouté. Peter Van Walsum, qui m’a succédé, a pris les mêmes orientations que les miennes en soulignant que l’indépendance n’était pas une option réaliste, a constaté Erik Jensen. La population du Sahara occidental mérite un avenir décent et sûr, a-t-il ajouté, en constatant le rôle clef joué par des pays voisins comme l’Algérie. Il a mis en garde contre le risque de reprise des hostilités après avoir estimé que le Maroc devait faire des concessions, tandis que le POLISARIO devrait renoncer à certaines de ses aspirations.
M. CARDELO VIDALIN, (Uruguay), a souhaité qu’un dialogue fructueux prenne place entre les parties dans l’intérêt des populations. Il s’est exprimé avec l’objectif de soutenir les efforts des Nations Unies pour trouver une solution au conflit qui perdure au Sahara occidental. Selon lui, les parties en conflit doivent trouver des points communs permettant la résolution de la situation. M. Vidalin a dit qu’il avait participé en tant qu’observateur international aux élections législatives marocaines de septembre 2007 et qu’il avait, à cet égard, noté la volonté de la population de parvenir à la paix et de trouver un compromis.
M. AYMERIC CHAUPRADE, de l’Université de la Sorbonne, a évoqué un conflit hérité de la guerre froide. Il a évoqué le mandat de Peter Van Walsum, Représentant spécial qui a multiplié les contacts pendant trois ans aussi bien dans le territoire sahraoui que dans les camps de Tindouf. Sa conclusion, après avoir mûrement réfléchi, a été celle-ci, a dit M. Chauprade: « le 15 avril 2007, il a déclaré devant le Conseil de sécurité que l’option de l’indépendance était à la fois irréaliste et irréalisable ». L’avenir c’est un Sahara libre autonome au sein d’un Maroc indépendant, a estimé l’orateur qui a évoqué le « juste milieu » entre souveraineté et autonomie, un juste milieu qui permet une solution juste et pragmatique non seulement pour le Sahara occidental mais aussi pour de nombreux autres territoires. Aymeric Chauprade a cité les exemples d’un Kosovo autonome au sein d’une Serbie souveraine, d’une Ossétie du Sud réunie à sa partie septentrionale, d’Aceh et de l’Indonésie, ainsi que la consolidation de la souveraineté chinoise sur ses régions déjà formellement autonomes. Il a mis en cause « les séparatismes fabriqués » et « bien souvent instrumentalisés par des pays voisins ».
Mme ENNABA EL MOUSSAOUI, de l’Association sahraouie pour l’unité et la réconciliation, s’est exprimée en tant que femme vivant dans les camps de réfugiés sahraouis. Elle a dit qu’elle rejetait certaines des politiques du POLISARIO. « Nous en avons assez de souffrir et nous n’en pouvons plus de cette police secrète algérienne qui profite de la situation », a-t-elle ajouté. Elle a appelé à l’autonomie du Sahara occidental, soulignant que le peuple sahraoui avait des droits lui permettant de déterminer son avenir.
M. EL MAMI BOUSSIF, du Conseil de la région du Rio de Oro, a indiqué avoir fait le choix de l’unité de son pays, du développement et d’une vie décente. Comme tous les Sahraouis du Maroc qui ont participé aux élections, j’ai pu participer au choix de nos représentants, a-t-il indiqué. Il a dénoncé ceux qui prônent une culture de la séparation et du séparatisme à l’ère de la mondialisation. Notre objectif est de mettre un terme à la séparation des familles en réunissant tout le peuple sahraoui, a-t-il dit. L’orateur a mis en cause « les projets expansionnistes de l’Algérie ». Il a ensuite repris les propos de Peter Van Walsum sur le caractère irréaliste de la revendication indépendantiste, rappelant que le responsable onusien avait étudié la question sahraouie en profondeur au cours de son mandat. Une autonomie élargie au sein d’un État unifié du Maroc est la meilleure solution, selon l’orateur qui a appelé la communauté internationale « à mettre un terme à une tragédie imposée par l’Algérie ».
Mme MARSHELLA GONCALVES-MARGERIN qui s’est exprimée au nom de la Fondation Robert Kennedy pour les droits de l’homme, a exprimé son inquiétude concernant la situation au Sahara occidental. Elle a pointé du doigt les conditions de vie des civils sahraouis qui sont souvent poursuivis à cause de leurs opinions politiques. Elle a cité un certain nombre d’arrestations arbitraires, de nature politique, d’autres violations de la liberté d’expression et des droits de l’homme perpétrées au Sahara occidental.
Lors d’une manifestation pacifique, l’État marocain a lancé une grande campagne à l’encontre des militants sahraouis et les peines de prison ont été de plus de 20 ans pour des personnes qui se battent pour l’autodétermination et l’indépendance de leur peuple, a-t-elle poursuivi. Elle a souhaité que la réalité actuelle qui oblige les jeunes sahraouis à migrer et à risquer leurs vie en partant en bateau prenne fin. Elle a conclu son propos en rappelant que la question de la décolonisation du Sahara occidental est une question qui date depuis plusieurs décennies. Les deux adversaires et parties au contentieux ont participé à des négociations directes qui en sont à leur quatrième cycle, sans parvenir à un accord. Les Nations Unies sont responsables de cette impasse et elles doivent intervenir pour mettre un terme à la situation désastreuse dans laquelle sont les Sahraouis, a dit Mme Gonçalves-Margerin.
Mme EL AAFIA HAMMAIDI, de l’Association de défense des femmes sahraouies, a apporté son témoignage concernant les souffrances subies dans les camps. Nous étions constamment surveillées, a-t-elle affirmé, en dénonçant « la politique du POLISARIO » et « le blocus » mis en place par les autorités algériennes autour des camps de Tindouf. Jusqu’à aujourd’hui, les forces du POLISARIO contrôlent l’éventualité de la réunion des familles, a-t-elle dit. Elle a affirmé avoir été séparée de son époux et de ses enfants lorsqu’elle est retournée au Maroc et avoir été confrontée au dilemme d’un choix déchirant à faire. Finalement, ses enfants ont pu la rejoindre au Maroc. Mais, a-t-elle ajouté, le POLISARIO et l’Algérie ne devraient pas avoir la possibilité de « prendre les enfants en otage ». Elle a appelé l’ONU à fournir l’assistance nécessaire pour la réunion des familles.
M. JORGE REINALDO A. VANOSSI, ancien ministre de la justice d’Argentine, a jugé que la situation du Sahara est complexe, car les États voisins prennent des mesures et que les groupes de militants font la même chose sans que l’on se soucie de l’avenir du Maghreb. Il faut trouver une solution et sortir de l’impasse et notamment, trouver une solution qui tienne compte de l’intérêt de tous les acteurs et permette de parvenir à une autonomie du Sahara occidental plutôt qu’à sa souveraineté totale, a-t-il poursuivi.
Il a mis en avant la proposition du Maroc d’octroyer l’autonomie au Sahara, qui doit être étudiée minutieusement. M. Vanossi a surtout suggéré de trouver une solution permettant de réconcilier les points de vue des différentes parties. Par ailleurs, il a envisagé la possibilité de mettre en place des élections au Sahara occidental afin d’y élire des dirigeants en reflétant ainsi la volonté de la population sahraouie. Le Maroc accepte cette possibilité, il a d’ailleurs fait une proposition qui respecte le principe de la subsidiarité, a dit M. Vanossi. Mais, s’il le faut, la proposition du Maroc peut être amendée, a-t-il poursuivi. Il a conclu son propos en précisant que la tenue du référendum est extrêmement importante.
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