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CPSD/397

LA COMMISSION DES QUESTIONS POLITIQUES SPÉCIALES ET DE LA DÉCOLONISATION ENTEND DES INTERVENTIONS SUR GIBRALTAR, GUAM ET LE SAHARA OCCIDENTAL

7/10/2008
Assemblée généraleCPSD/397
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Quatrième Commission

3e séance – après-midi


LA COMMISSION DES QUESTIONS POLITIQUES SPÉCIALES ET DE LA DÉCOLONISATION ENTEND DES INTERVENTIONS SUR GIBRALTAR, GUAM ET LE SAHARA OCCIDENTAL


La Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) a entamé cet après-midi l’audition des pétitionnaires ayant demandé à s’exprimer sur la situation à Gibraltar, à Guam et au Sahara occidental.  Plusieurs orateurs ont déploré le statu quo dans le dernier cas, qui a pour conséquence le maintien de plusieurs milliers de réfugiés sahraouis dans les camps de Tindouf en Algérie.


Concernant Gibraltar, M. Peter Richard Caruana, Chef du Gouvernement local, a rappelé que le statut d’autonomie du territoire avait été approuvé par la population en 2006.  La situation ne relève par conséquent pas d’une décolonisation en suspens.  Il a demandé expressément que Gibraltar soit retiré de la liste des territoires non autonomes de l’ONU, en reprochant à la Commission de ne pas tenir suffisamment compte des souhaits des territoires.  Il a conclu son intervention en souhaitant que la « décolonisation naissante » de Gibraltar soit reconnue.


Répondant à l’intervention de l’Espagne dont le représentant avait évoqué l’intégrité territoriale incomplète du Royaume, la délégation du Royaume-Uni a souligné qu’une relation moderne existait désormais entre Gibraltar et le Royaume-Uni, laquelle ne peut être qualifiée de coloniale.


La Quatrième Commission a ensuite entendu quatre pétitionnaires représentant les intérêts de la nation Chamorro de Guam, qui ont dénoncé le fait que la population de l’île soit devenue minoritaire sur son propre territoire.  Ils ont dénoncé en particulier la militarisation croissante de l’archipel qui empêche, selon eux, toute possibilité véritable d’autodétermination, les militaires ayant le droit de vote en cas de référendum.


Concernant les Îles Vierges américaines, un représentant de l’archipel a souhaité que les Nations Unies continuent d’appuyer le processus d’autodétermination de sa population.


La Commission a enfin entendu 13 pétitionnaires sur le Sahara occidental qui ont regretté de devoir faire les mêmes constats année après année, en particulier en ce qui concerne les effroyables conditions de vie à Tindouf.


Un intervenant, M. Charles Wilson de l’« U.S. Western Sahara Foundation », a constaté que les accusations réciproques concernant les violations des droits de l’homme ne faisaient guère progresser les choses.  Il a estimé que la proposition du POLISARIO d’ouvrir les camps devait être acceptée afin qu’une inspection permette de savoir ce qu’il en est réellement.


La même chose devrait être faite dans la partie marocaine du Sahara occidental, afin de tirer au clair « rumeurs et allégations ».  Quant à la question de savoir qui mènerait ces enquêtes, M. Wilson a suggéré que le Haut Commissariat aux droits de l’homme des Nations Unies en soit chargé.


M. Vincent Chapaux, professeur à l’Université libre de Bruxelles (ULS), a indiqué que le Maroc bénéficiait d’un état de fait alors que les Sahraouis étaient fondés à revendiquer un droit à l’autodétermination.  Il s’est insurgé contre le fait que le droit des uns doive céder devant le fait accompli des autres. 


Demain après-midi, la Quatrième Commission entendra les autres pétitionnaires ayant demandé à s’exprimer sur la question du Sahara occidental.



DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUTES LES QUESTIONS DE DÉCOLONISATION


Déclarations


M. JUAN ANTONIO YÁÑEZ-BARNUEVO (Espagne) a souligné l’importance de Gibraltar pour son pays et a déploré la « situation coloniale de Gibraltar », qui sape l’unité nationale et territoriale de l’Espagne.  Afin de respecter la doctrine établie par les Nations Unies, l’Espagne et le Royaume-Uni ont souhaité régler leur différend en recherchant une solution définitive à laquelle ils espèrent parvenir par la négociation et dans le respect des intérêts des parties.  Dans cet esprit, en 1984, a été adoptée la Déclaration de Bruxelles qui est à l’origine du processus du même nom, a rappelé M. Yáñez-Barnuevo.  Mais force est de constater, a-t-il souligné, que ce processus est en panne depuis 2002, date de la dernière réunion bilatérale entre l’Espagne et le Royaume-Uni.  La situation coloniale de Gibraltar demeure donc, et par voie de conséquence, le statut de Gibraltar reste à l’ordre du jour, a ajouté le représentant de l’Espagne.  On ne peut pas appliquer les normes d’autodétermination au cas de Gibraltar, a indiqué le représentant, en ajoutant que l’Espagne est disposée, toutefois, à contribuer à l’amélioration de la vie quotidienne de la population.  Elle s’est, à cet égard, engagée en faveur du règlement de questions d’intérêt local, ce qui ne contredit pas la position du Gouvernement espagnol concernant ce différend de souveraineté avec le Royaume-Uni.  


M. PETER RICHARD CARUANA, Chef du Gouvernement de Gibraltar, a défendu le nouveau statut d’autonomie de Gibraltar.  Il s’est impatienté devant la Quatrième Commission et a rappelé que la question de Gibraltar n’était plus un cas de décolonisation en attente.  Il a demandé expressément que Gibraltar soit retiré de la liste des territoires non autonomes de l’ONU. 


Le statut d’autonomie de Gibraltar a été approuvé par référendum en 2006, a rappelé le Chef du gouvernement.  Il a mis en avant la relation souhaitée par le peuple de Gibraltar avec le Royaume-Uni et, à ce titre, avec l’Union européenne.  Cette nouvelle relation n’est pas de nature coloniale, mais c’est un acte d’autodétermination du peuple de Gibraltar, un modèle d’indépendance, a poursuivi M. Caruana. 


Les Nations Unies ne tiennent pas suffisamment compte des souhaits des territoires et ne respectent pas la résolution que l’Assemblée générale a adoptée le 24 octobre 1970, a déploré le Chef du Gouvernement.  La nouvelle relation avec le Royaume-Uni donne au peuple de Gibraltar une grande autonomie et dans laquelle, en tant que Chef de Gouvernement, j’ai les pleins pouvoirs, a insisté M. Caruana. 


Il a décidé de « continuer ces relations sans le Comité spécial de la décolonisation », en dénonçant une confusion des problèmes.  Les critères actuels sont anachroniques et devraient être modifiés.  Gibraltar n’appartient pas à l’Espagne, a-t-il insisté, demandant à la Commission d’arrêter de demander au Secrétaire général des rapports sur Gibraltar.  Il a conclu son propos en souhaitant que la « décolonisation naissante » de Gibraltar soit reconnue. 


M. JOE BOSSANO, Chef de l’opposition de Gibraltar, a rejeté la revendication territoriale de l’Espagne sur Gibraltar.  Il a aussi dénié à la Commission toute compétence en matière de différend territorial entre les deux États.  M. Bossano a rappelé que Gibraltar ne faisait plus partie du Royaume d’Espagne depuis 304 ans, l’Espagne ayant renoncé pour toujours à sa souveraineté, en vertu du Traité d’Utrecht de 1713, et le Royaume-Uni a souligné qu’il ne négociera pas sur la question de la souveraineté espagnole, sauf si le territoire de Gibraltar le demande.  Rien n’indique, a souligné le Chef de l’opposition, que ce territoire est désireux de faire une telle requête à l’heure actuelle. 


La décision à prendre est de garantir la décolonisation de Gibraltar, a estimé le chef de l’opposition, en soulignant que, contrairement à la position du Royaume-Uni, elle n’a jamais eu lieu.  L’approche du Royaume-Uni est mal conçue et ingérable, a-t-il tranché.  Personne dans le territoire ne désire discuter avec l’Espagne ou permettre au Royaume-Uni de discuter avec l’Espagne sur le transfert d’une quelconque fraction de notre souveraineté.  Nous ne donnerons jamais à l’Espagne un seul grain de sable de notre patrie, a-t-il promis.  Le processus de négociation entre le Royaume Uni et l’Espagne, visant à décoloniser notre pays et à décider de l’avenir de notre peuple, n’aura jamais lieu car nous, peuple de Gibraltar, ne le permettrons jamais, a conclu M. Bossano. 


Mme VICTORIA LOLA LEON GUERRERO, représentante de la Nation Chamorro à Guam, a regretté d’avoir encore à répéter, après deux décennies, que son peuple continue de lutter contre la colonisation et la militarisation de Guam.  Notre message est fort et clair et nous méritons le droit à l’autodétermination, a-t-elle poursuivi.  Malgré les résolutions pertinentes des Nations Unies, Guam est toujours colonisé par les États-Unis.  La représentante a appelé la Commission à travailler pour l’intérêt de son peuple.  Les États-Unis, a-t-elle dénoncé, prétendent que la question du peuple Chamorro est une question interne qui ne doit pas être examinée dans le cadre des Nations Unies.  Or, « des milliers de marines doivent être transférés sur notre île », a-t-elle annoncé, en exprimant son inquiétude.  La population de Guam augmentera en effet de 34%, faisant des Chamorro une minorité.  Des bases militaires sont en cours de construction, a-t-elle poursuivi, en soulignant les conséquences sur la population et l’environnement.  La Commission doit prendre des mesures urgentes, a-t-elle plaidé en concluant. 


M. CRAIG SANTOS PEREZ, Guahan Indigenous Collective, a dénoncé la militarisation de l’île de Guam.  Il a rappelé que si jadis l’introduction de serpents de l’île avait décimé la faune, une autre espèce de « prédateurs », sous la forme de 19 000 militaires, devaient s’installer prochainement dans l’île en provenance d’Okinawa, s’ajoutant ainsi aux milliers d’autres déjà présents.  Or, ces militaires auraient le droit de voter en cas de référendum d’autodétermination, a souligné l’orateur qui a aussi dénoncé les atteintes à l’environnement commises par ce qu’il a appelé « l’hypermilitarisation » de l’île.  Le peuple Chamorro ne représentait plus que 37% de la population de l’île en 2000, a-t-il dénoncé, soulignant que les prix de l’immobilier atteignaient des sommets, alors que la population locale a les plus grandes difficultés à se loger. 


S’exprimant au nom du sénateur Vicente Pangelinan, Mme AILENE QUAN, a souhaité que la Commission agisse en faveur de la population de Guam et que des moyens financiers soient fournis à l’île.  Mettant aussi l’accent sur une présence de plus en plus importante de militaires américains, elle a appelé au respect des résolutions pertinentes des Nations Unies sur l’autodétermination de Guam.  Cette Commission doit agir de façon immédiate pour la décolonisation de notre territoire et pour son peuple colonisé, a-t-elle insisté.  Elle a demandé à l’ONU de mettre en place une campagne d’information à destination des populations autochtones de Guam afin de leur présenter les différentes options qui s’offrent à elles en matière de décolonisation.  


M. MICHAEL TUN’CAP, « GUAM Famoksaiyan Collective  », a commencé son discours dans le dialecte de Guam en constatant qu’il n’y avait personne pour le traduire.  Il a poursuivi en anglais en dénonçant l’occupation militaire de l’île qui empêche le peuple chamorro de vivre.  Il a souligné que ces 20 dernières années, la Quatrième Commission avait pu entendre de nombreux témoignages sur la situation à Guam.  Il s’est élevé contre le renforcement de la présence militaire depuis le 11 septembre 2001.  Il a aussi dénoncé le racisme envers la population locale, ainsi que « l’idéologie raciale américaine ».  Il a demandé à la Commission d’enquêter sur le non-respect des traités ratifiés par les États-Unis concernant le bien-être de la population locale.  Il a souligné que le temps travaillait contre le peuple de Guam et son avenir. 


L’intervention de l’orateur s’est achevée par un chant entonné par lui-même et l’oratrice précédente, Victoria Lola Leon Guerrero.  Il a précisé qu’il s’agit d’une prière pour la sécurité du peuple chamorro.  


M. EDWARD BROWNE, représentant des îles Vierges américaines, a souhaité que les Nations Unies continuent d’appuyer le processus d’autodétermination des peuples et en particulier des îles Vierges.  Il a dénoncé l’esclavage et le colonialisme qui sévissent dans son pays.  Il a souhaité que le Président des États-Unis fasse ce qui est nécessaire pour commencer le processus d’émancipation des îles Vierges.  Le peuple continuera de demander justice et égalité par des moyens pacifiques.  D’ailleurs, a-t-il souligné, ce peuple en est déjà à la dernière étape de la rédaction d’une constitution.  Il a conclu en rappelant aux Nations Unies leur mission essentielle de corriger les injustices du siècle passé.  


M. CHARLES WILSON, « US Western Sahara Foundation », a souligné les facteurs faisant obstacle au règlement du conflit en citant comme premier d’entre eux, les accusations de violations des droits de l’homme.  M. Wilson s’est dit convaincu que l’on entendrait de nombreuses communications concernant cette question lors des exposés devant la Commission.  Des réfugiés seraient empêchés de quitter les camps tandis qu’un documentariste, dont le film doit sortir prochainement, fait état de cas d’esclavage.  En outre, on accuse le POLISARIO d’avoir exagéré le nombre de réfugiés pour obtenir des fonds plus importants.  De même, a souligné l’orateur, affirme-t-on que la population sahraouie est victime de graves violations de la part des autorités marocaines.  On ne peut faire de progrès dans le processus de paix dans de telles circonstances, a-t-il noté. 


L’orateur, qui a affirmé avoir passé beaucoup de temps dans les camps de réfugiés, s’est interrogé sur ce qui pouvait être fait.  La proposition du POLISARIO d’ouvrir les camps devrait être acceptée afin qu’une inspection permette de savoir ce qu’il en est réellement.  La même chose devrait être faite dans la partie marocaine du Sahara occidental, afin de tirer au clair « rumeurs et allégations ».  Quant à la question de savoir qui mènerait ces enquêtes, M. Wilson a suggéré que le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme s’en charge, ainsi que diverses organisations intéressées par la question. 


Mme NANCY HUFF, Association des réfugiés sahraouis, a souhaité que les Nations Unies parviennent au règlement d’un conflit qui dure depuis 23 ans.  Elle a par ailleurs insisté sur le rôle que doit jouer les Nations Unies dans la divulgation des informations.  Selon elle, une meilleure communication sur le dialogue entre les différentes parties en présence à savoir le Maroc, l’Algérie et le POLISARIO, permettrait d’aller de l’avant et de faciliter l’information des Sahraouis qui vivent dans les camps de réfugiés.  


Il faut collecter des données sur tous les aspects de la situation, a-t-elle insisté et, maintenir des pourparlers avec toutes les parties impliquées.  Nous devons savoir ce que font les Nations Unies.  Elle a d’ailleurs suggéré la publication régulière de rapports qui feraient état des négociations et des discussions et permettraient aux personnes sur le terrain d’avoir une vision de la situation, qui « semble ne pas avoir de fin ». 


L’absence de dialogue provoque un peu plus l’agonie des Sahraouis qui vivent dans les camps de réfugiés et dans les territoires occupés, a-t-elle dénoncé.  Elle a par ailleurs alerté la Commission sur les rumeurs de trafic entre les camps de réfugiés et la Mauritanie.  Je vous demande de vous réveiller et de révéler au public ce qui se passe, a conclu la représentante.  


Mme HELEN HARDIN, Bureau de Zach Wamp représentant au Congrès américain, a constaté que la question du Sahara occidental n’avait toujours pas évolué.  Il y a toujours quelque 150 000 personnes sous des tentes en plein désert, vivant dans des conditions extrêmes, glaciales la nuit et torrides le jour.  Mme Hardin, qui a brossé un tableau effrayant de la vie en plein désert, a notamment évoqué l’alimentation frugale et répétitive à laquelle ont droit les réfugiés, ce qui entraîne une malnutrition grave, a-t-elle indiqué.  Malgré ces conditions terribles, le peuple sahraoui est l’exemple même du triomphe de l’esprit humain, selon l’oratrice qui a évoqué ses visites dans les camps.  Elle a précisé que les taux de fréquentation dans l’enseignement primaire étaient très élevés, les familles y accordant une grande importance. 


Elle a souligné que les femmes géraient des comités d’assainissement et a insisté sur le rôle prééminent de celles-ci.  C’est un exemple à suivre dans bien de pays et bien de régions du monde, selon elle.  Malgré tout, la frustration et la désillusion règnent compte tenu du manque de perspectives de retour dans la mère patrie.  Leur seul espoir est que vous, mesdames et messieurs, preniez des décisions susceptibles de permettre leur retour, a-t-elle lancé en s’adressant à la Commission.  Qu’allez-vous faire?, a-t-elle insisté. 


M. JANET LENZ, « Christ the Rock Community Church  », a brossé le tableau de la situation dans les camps en soulignant que la nourriture comme les jouets étaient rares.  Elle a décrit des conditions précaires d’instruction et mis l’accent sur les problèmes des jeunes en conflit avec leurs parents et envahis par le désespoir.  Elle a insisté sur la frustration et la colère croissantes.  Elle a évoqué la séparation des familles entre les deux parties du territoire, celle sous domination marocaine et celle sous l’autorité du POLISARIO.  Les Sahraouis, a-t-elle assuré, sont prêts à accepter le résultat d’un référendum.  Le moment est venu de mettre un terme à cette tragédie humaine qui dure depuis près de trente ans, a-t-elle conclu.  


M. AGAILA ABBA HEMEIDA, avocate du peuple sahraoui, a raconté avec émotion son histoire dans un camp de réfugiés sahraouis où elle a grandi aux côtés de son grand-père malade.  Cela me brise le cœur de voir mon peuple souffrir, a-t-elle lancé comme un appel au Président de la Commission.  Trois décennies se sont écoulées et les Sahraouis vivent toujours dans des territoires occupés et souffrent encore plus et notamment, des violences infligées par les Marocains, a-t-elle dénoncé. 


Elle a, au nom de son peuple, refusé la proposition du Maroc de faire du peuple sahraoui des citoyens marocains, en les privant de leur identité et en les soumettant à une monarchie à laquelle ils n’appartiennent pas.  Combien de temps encore ce cauchemar va durer?, a-t-elle demandé.  Combien de temps le rêve de liberté du peuple sahraoui continuera d’être brisé?  « Non aux violations des droits de l’homme dans les territoires occupés et non à la propagande marocaine », a-t-elle scandé. 


M. VINCENT CHAPAUX, Université Libre de Bruxelles, a indiqué que le Maroc bénéficiait d’un état de fait alors que le droit est en faveur des Sahraouis.  Il s’est insurgé contre le fait que le droit des uns doit céder devant celui du fait accompli des autres.  Est-ce qu’avec le temps, le droit doit céder?, a-t-il demandé.  Il n’en est rien.  En droit international, ni le fait accompli ni le temps qui passe ne doivent rendre caduques les normes.  Les normes juridiques internationales meurent ou se transforment dès que les États ici présents le décident.  Dans ce cas, la question est simple: l’avez-vous décidé?, a-t-il demandé.  Le droit à l’autodétermination reste applicable comme vous le répétez, année après année, a déclaré l’orateur.  Le droit doit triompher du fait, la plume pour une fois doit être plus forte que l’épée, a-t-il dit.  De la violation d’un droit ne naît pas un droit, a conclu l’orateur. 


Mme HILT TEUWEN, « Oxfam Solidarity », a tiré la sonnette d’alarme sur la situation dans les camps de réfugiés sahraouis.  Elle a dénoncé les invasions de l’armée marocaine et le nombre d’enfants, de femmes et de personnes âgées qui ont dû fuir vers l’Algérie.  Elle a rappelé que la Croix-Rouge a fourni une assistance aux réfugiés qui s’est rapidement révélée insuffisante.  Les dépôts sont vides et les problèmes de stocks et de santé persistent.  Elle a espéré qu’une solution sera trouvée pour assurer une fourniture régulière de denrées alimentaires variées.


SENIA BACHIR, « Sahrawi Youth Union », a constaté le manque d’évolution de la situation au Sahara.  Elle a dénoncé l’exploitation des ressources naturelles et les violations des droits de l’homme alors que le reste du monde regarde en silence.  Les installations scolaires sont minimales et nombreux sont les jeunes qui doivent s’expatrier pour pouvoir étudier, a-t-elle souligné.  Elle a dit avoir une grande chance de pouvoir étudier aux États-Unis, ce qui n’est pas le cas de nombreux jeunes sahraouis dans la partie occupée du territoire.  L’oratrice a dénoncé la répression exercée par les autorités marocaines et s’est demandé pourquoi le monde continue de fermer les yeux.  Pour quelle raison, le droit de tous à vivre libres et égaux ne s’appliquerait-il pas au peuple sahraoui? a-t-elle encore demandé. 


Mme CYNTHIA BASINET a, à son tour, alerté la Commission sur la situation dans les camps de réfugiés.  Il faut qu’il y ait un changement d’état d’esprit, a-t-elle plaidé avant de se dire préoccupée par la faiblesse de l’aide apportée au peuple sahraoui et par la détérioration de leurs problèmes de santé.  Elle a rappelé qu’en 2004, plus de 20% des femmes enceintes souffraient d’un problème de vision conduisant à la perte de la vue et lié à un problème d’iode.  


Elle a, par ailleurs, souligné que 90% de la population vivant dans les camps de réfugiés était analphabète.  Elle a mis en avant la présence, découverte récemment, de mines terrestres qui ont déjà coûté la vie à huit jeunes.  Le peuple doit vivre et connaître l’autodétermination, a-t-elle souhaité.  Les Nations Unies ne peuvent pas continuer à être le témoin de la suppression d’une société de la carte du monde, a-t-elle conclu. 


M. JEAN ABBOUD, Juriste, a rappelé la Déclaration universelle des droits de l’homme, citant plusieurs articles dont ceux portant sur le droit à une justice équitable.  Il a évoqué les sévices endurés, estimant que des violations des droits de l’homme avaient été perpétrées par des membres du POLISARIO dans le Sud de l’Algérie.  Ces faits « avérés » impliquent l’ouverture d’une enquête devant un tribunal pénal spécial.  Enlèvements, détentions arbitraires, génocide et actes barbares tel le cannibalisme, a énuméré l’orateur, qui a parlé d’une violation flagrante et méthodique des droits de l’homme.  Le prélat a indiqué avoir exhorté M. Ban Ki-moon à ouvrir une enquête sur ces pratiques.  Il a dit avoir suggéré aux autorités algériennes, marocaines et mauritaniennes l’arrestation des tortionnaires dont plusieurs milliers de personnes ont été victimes. 


Mme DELPHINE BOURGEOIS, Présidente de la MED EURO CAP, a pointé du doigt les violences commises par le POLISARIO et a demandé l’instauration d’un tribunal international pour juger ces crimes.  Elle a souhaité que la justice soit rendue et qu’une enquête, comprenant l’audition des témoins et des victimes, soit diligentée sur ces violations commises dans les camps de Tindouf.  Elle a expliqué avoir rencontré les ex-détenus des membres du POLISARIO qui ont décidé de rendre public les faits.  Elle s’est dite choquée par les traitements barbares infligés par le POLISARIO, en citant les détentions arbitraires, les génocides voire des actes de cannibalisme. 


M. MIGUEL ORTIZ ASIN, Forum Canario-Saharaui, a indiqué que son association militait en faveur du retour des réfugiés sahraouis sur leurs terres.  M. Ortiz a constaté que le processus de règlement restait pratiquement bloqué alors que le problème se doublait d’une grave situation humanitaire pour la population réfugiée dans la région de Tindouf en Algérie.  Seule une solution pacifique est envisageable, a indiqué l’orateur qui a rappelé la proposition d’autonomie formulée par la partie marocaine.  Ce régime d’autonomie pourrait être considéré comme acceptable si on considère celui qui est en vigueur en Espagne, a noté M. Ortiz.  Il a noté par ailleurs que la jeunesse du territoire ne voyait pas de perspectives d’avenir.  Il a mis en garde contre la tentation d’actions belliqueuses.  Seule une solution juste dans le cadre des Nations Unies peut permettre de résoudre le drame humanitaire vécu par les populations, a-t-il conclu. 


M. FELIPE BRIONES VIVES, Association internationale des juristes pour le Sahara occidental, a réclamé un élargissement des compétences de la Mission des Nations Unies pour l’Organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO).  Le référendum a été torpillé par le Royaume du Maroc qui est devenu une partie au conflit, appuyée par certains pays du Conseil de sécurité.  Les principes fondamentaux ont été bafoués et le conflit se perpétue.  Le représentant a regretté l’incapacité d’édifier un Maghreb uni.  L’union est gelée, les tensions dans les relations franco-algériennes perdurent et les menaces que font peser les tensions entre le Maroc et l’Algérie, et notamment la course aux armements, s’accroissent.  Selon lui, la revendication sahraouie est légitime alors que celle du Maroc ne l’est pas.  Il faut organiser un référendum, a-t-il conclu.  


Droit de réponse


En vertu de son droit de réponse, le représentant du Royaume Uni a souhaité répondre à la déclaration de l’Espagne.  Il a évoqué les derniers pourparlers qui ont eu, selon lui, un effet favorable sur la vie quotidienne du territoire, sans préjuger, pour autant, de la position du Royaume-Uni et de celle de l’Espagne concernant la souveraineté.  Il existe une relation moderne entre Gibraltar et le Royaume-Uni et nous ne croyons pas qu’elle puisse être qualifiée de coloniale, a souligné le représentant britannique.  Mon Gouvernement n’entamera aucun processus de négociations sur la souveraineté qui ne satisferait pas Gibraltar, a-t-il encore déclaré en rappelant que le Royaume-Uni entretenait de bonnes relations avec l’Espagne et qu’il entendait que celles-ci perdurent.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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