AU COURS DU DÉBAT DE HAUT NIVEAU, LES ÉTATS MEMBRES PRÉSENTENT LES MESURES QU’ILS ONT PRISES POUR FAVORISER LE DÉVELOPPEMENT DURABLE
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Commission du développement durable
Quinzième session
9e et 10e séances – matin et après-midi
AU COURS DU DÉBAT DE HAUT NIVEAU, LES ÉTATS MEMBRES PRÉSENTENT LES MESURES QU’ILS ONT PRISES POUR FAVORISER LE DÉVELOPPEMENT DURABLE
La question des partenariats est abordée avec les représentants des grands groupes, des institutions de Bretton Woods et des organismes des Nations Unies
La poursuite, aujourd’hui, de la Réunion de haut niveau de la quinzième session de la Commission du développement durable a été l’occasion d’entendre des Ministres des États Membres présenter les mesures prises par leurs gouvernements en vertu des termes de la Convention-cadre des Nations Unies contre les changements climatiques (UNFCCC) et de son Protocole de Kyoto, afin de promouvoir le développement durable tout en combattant la dégradation de l’environnement de la planète.
Aussi bien les pays industrialisés que les États en développement ont unanimement souligné la pertinence des trois piliers identifiés comme base d’un développement durable harmonieux. Ces piliers sont ceux de la préservation de l’environnement, de la maîtrise des énergies renouvelables et de la promotion d’une industrialisation usant de procédés de production propres. Soulignant l’urgence de la situation à laquelle fait face la communauté internationale, les délégations ont estimé qu’il fallait agir au plus vite en mettant les énergies renouvelables au service d’un tel développement; assurer une croissance industrielle respectueuse de la protection de l’environnement et lutter contre les répercussions du changement climatique, aussi bien en prenant des mesures d’atténuation de ses impacts que d’adaptation aux nouvelles réalités que crée le réchauffement de la planète .
Le Ministre de l’énergie de la Nouvelle-Zélande a par exemple déclaré que la mise en place d’un développement durable passait par la diversification du « bouquet » énergétique actuellement disponible, indiquant à titre d’exemple que 70% de l’électricité consommée dans son pays étaient produits à partir de sources d’énergies renouvelables comme l’énergie éolienne et l’énergie solaire. Pour sa part, le Secrétaire d’État à l’énergie de la Suède a estimé qu’il fallait réduire le coût des investissements que doivent opérer les industries, afin que celles-ci soient incitées à modifier leurs outils et leurs modes de production.
Les intervenants au débat ont à cet égard, insisté sur l’importance des partenariats. Ils ont particulièrement estimé qu’il fallait renforcer les transferts de technologies vers les pays en développement, afin de les aider à opérer avec réussite une reconversion vers les énergies renouvelables et l’usage de technologies non polluantes. La délégation du Brésil a cité le fait que la quasi-totalité des véhicules et des transports en commun y fonctionnent à base de biocarburants, notamment l’éthanol.
La question des partenariats a été longuement évoquée dans le cadre d’une discussion interactive, à laquelle ont pris part les organismes des Nations Unies, les Commissions régionales, les institutions spécialisées et les institutions de Bretton Woods. Le Coordonnateur des commissions régionales des Nations Unies a indiqué au cours de ce débat que ces institutions s’étaient, entre autres, fixées pour objectif d’encourager les changements qui pourraient faciliter des partenariats public-privé destinés à élargir l’accès des populations défavorisées à des sources modernes et durables d’énergie.
Au cours d’une seconde discussion interactive, les représentants des grands groupes ont exprimé leurs inquiétudes devant les difficultés que rencontrerait, à leur avis, la CDD-15 dans sa volonté de concrétiser les engagements pris par les États en actions visibles.
Le débat de haut niveau de la Commission du développement durable se poursuivra demain, vendredi le 11 mai, à 12 heures. Il sera précédé, à 10 heures, d’une discussion interactive.
MODULE THÉMATIQUE DU CYCLE D’APPLICATION 2006-2007
A-Énergie au service du développement
B-Développement industriel
C-Pollution atmosphérique/atmosphère
D-Changements climatiques
Débat de haut niveau
Débat interactif avec les organismes des Nations Unies, les Commissions régionales, les institutions spécialisées et les institutions de Bretton Woods
M. ANNA KAJUMULO TIBAIJUKA, Secrétaire générale adjointe et Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), a déclaré que la situation des personnes vivant en milieu urbain a parfois été rejetée au second plan, par rapport à celle des pauvres vivant en milieu rural. Or, ce n’est pas une coïncidence si le changement climatique est devenu une priorité au moment où le phénomène de l’urbanisation a atteint un niveau difficilement contrôlable, en rendant la consommation d’énergie extrêmement élevée dans les villes. Dans le débat qui a lieu sur le développement durable, il faut reconnaître que l’assainissement constitue un élément essentiel de la lutte contre le changement climatique, a estimé Mme Tibaijuka. Le réchauffement de la planète et l’accélération du changement climatique rendent nécessaire un recours plus systématique à des énergies plus propres, notamment en ce qui concerne le fonctionnement des transports en commun, a recommandé la Directrice exécutive d’ONU-Habitat.
M. ACHIM STEINER, Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a estimé pour sa part que la solution au problème du changement climatique réside dans la mise en œuvre des efforts conjoints que doivent déployer les grandes organisations internationales en charge des questions d’environnement. À cet égard, le PNUE a renforcé ses partenariats avec d’autres agences des Nations Unies, comme le PNUD, et a lancé un programme visant à améliorer les efforts d’adaptation au changement climatique, a dit M. Steiner. S’agissant de la promotion de l’usage des biocombustibles, certains pays, comme le Brésil, ont opéré avec succès une reconversion sans que cela n’entame leur croissance économique, a-t-il fait remarquer.
M. KANDEH YUMKELLA, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), a rappelé le lien existant entre changement climatique et énergie. Il a ensuite indiqué qu’au cours des décennies écoulées, la promotion du développement industriel avait été un aspect fondamental de la lutte contre la pauvreté dans les pays en développement. Il faut maintenant assujettir ce développement à la nécessité de réduire la pollution et de lutter contre les conséquences du changement climatique, en s’appuyant en priorité sur des partenariats public-privé, a dit M. Yumkella.
Mme MONIQUE BARBOUT, Administratrice du Fonds pour l’environnement mondial (FEM), a déclaré qu’il suffirait d’un milliard de dollars investi au travers de ce Fonds pour qu’il serve de catalyseur des politiques nationales et internationales et permette d’obtenir des résultats concrets dans la lutte contre le changement climatique. Il faut œuvrer à la fois pour l’atténuation des impacts du changement climatique et l’adaptation à ses conséquences dans les pays en développement. Il est indispensable, à cet égard, de mobiliser dès maintenant 65 millions de dollars pour favoriser la mise en place d’un développement industriel qui ne nuise pas à l’environnement, a recommandé Mme Barbout.
M. JOSÉ LUIS MACHINEA, Secrétaire général adjoint, Secrétaire exécutif de la Commission économique de l’ONU pour l’Amérique latine et les Caraïbes, et actuellement Coordonnateur des commissions régionales, a déclaré, au nom de toutes les commissions régionales des Nations Unies, que ces commissions jouaient un rôle important dans la résolution de toutes les questions inscrites à l’ordre du jour de la CDD-15. Nous sommes prêts à encourager les changements qui permettraient de conclure des partenariats entre les secteurs public et privé, a-t-il assuré, en citant notamment la question de l’accès aux sources d’énergie par les populations les plus pauvres. Pour ce qui concerne les changements climatiques, le rôle des commissions régionales est de conseiller les pays sur les mesures d’adaptation et les conséquences qu’elles peuvent avoir, a indiqué M. Machinea. L’assistance technique des commissions pourrait aussi encourager l’utilisation d’énergies renouvelables, a-t-il estimé. Concernant toujours le secteur énergétique, il a précisé que les commissions régionales pouvaient aider les États et les entreprises à adopter des normes écologiques, comme l’étiquetage des équipements industriels.
Mme KATHERINE SIERRA, Vice-Présidente chargé du Réseau pour le développement durable à la Banque mondiale, a reconnu les changements qui ont été identifiés à l’issue des travaux de la dernière session de la CDD, en faisant notamment référence aux données exposées par le Groupe intergouvernemental d’experts sur les changements climatiques (GIEC). Le moment est venu de passer à l’action et la Banque mondiale veut participer aux efforts conjoints, a-t-elle assuré. Elle a tenu à rappeler le droit au développement reconnu aux pays en développement et la nécessité pour les pays développés de réduire leurs émissions de carbone. Nous avons déjà constaté des changements dans les pays de l’OCDE, s’est-elle réjouie. Elle a cependant constaté que les activités s’opérant au sein du marché du carbone avaient triplé ces derniers temps et a noté que cette tendance s’affirmait. Elle a émis l’espoir que la communauté internationale parvienne à créer davantage de prévisibilité dans ce domaine. Nous continueront à travailler avec nos partenaires, comme les banques régionales de développement, ainsi qu’avec le secteur privé, a-t-elle affirmé. Notre plan d’action a été soumis à la CDD, a enfin indiqué Mme Sierra.
M. AD MELKERT, Secrétaire général adjoint et Administrateur associé du PNUD, a rappelé que près de 2 milliards de personnes sont privées d’accès aux sources modernes d’énergie, et que ce chiffre était constant depuis environ 20 ans. Cela condamne ces personnes, et notamment les femmes, à la pauvreté, a-t-il déploré. L’accès des pauvres à des services énergétiques utilisant des combustibles fossiles pourrait se faire avec un impact négligeable sur le climat, a estimé M. Melkert, en soulignant que des technologies propres pourraient aussi être promues pour assurer une transition en douceur vers la création d’un environnement durable et plus sain. Au PNUD, nous appuyons les efforts des pays qui essayent de transformer leurs promesses en actes, a dit l’Administrateur associé. Parmi nos priorités en matière d’énergie, nous souhaitons introduire les besoins des pauvres dans les stratégies de développement et encourager les pays à aligner leurs budgets sur les besoins énergétiques de leurs populations les plus défavorisées. Nous avons d’autre part décidé de renforcer notre coopération avec la Banque mondiale, a ajouté M. Melkert.
M. ABDULLA SALEM EL BADRI, Secrétaire général de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), a rappelé que l’OPEP était favorable à la diversification du bouquet énergétique et à l’introduction sur le marché de biocombustibles, qui seront indispensables pour assurer les besoins énergétiques des générations futures, qui s’avèrent de plus en plus importants. Par ailleurs, le captage et le stockage de carbone pourrait contribuer à réduire de 40% les émissions de gaz à effet de serre d’ici à la moitié du siècle, a-t-il souligné.
M. AHMED DJOGHLAF, Secrétaire exécutif de la Convention sur la diversité biologique, a expliqué que l’on ne pourrait pas réaliser les objectifs de la Convention-cadre sur les changements climatiques sans les mettre tous simultanément en œuvre. Il a indiqué que le coût de l’inaction face au changement climatique avait été évalué par le rapport Stern à plus de 5 000 milliards de dollars. Il a également souligné que le report d’une action appropriée n’était plus envisageable, sous peine de mettre en danger la biodiversité de la planète.
M. SULEIMAN JASIR AL-HERBISH, Directeur général du Fonds pour le développement international de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (FDI-OPEP), a estimé que la lutte contre la pauvreté devait prendre en compte la diffusion de biotechnologies propres dans les pays les plus pauvres. Il a en effet rappelé que, d’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 1,5 million de personnes mouraient chaque année de l’inhalation des fumées dégagées par la biomasse. L’élimination de la pauvreté dans les pays les plus pauvres constitue l’objectif principal du FDI-OPEP, dont 20% des projets sont liés à l’énergie.
Le représentant de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, a relevé que 1,8 milliard de personnes vivent sur des terres arides qui sont des écosystèmes en danger, ce qui entraîne des conséquences géopolitiques importantes. Ces régions représentent toutefois des opportunités de stockage du carbone dans les terres. Les populations concernées n’ont pas d’autres choix que d’utiliser des ressources naturelles rares, a expliqué le représentant. Il est donc important de lutter contre la désertification, a-t-il insisté, et tout d’abord contre les effets de la désertification qui doivent pouvoir être atténués.
M. HALLDOR THORGEIRSSON, Vice Secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, a expliqué que le système onusien se base sur le fait que les mécanismes doivent être transsectoriels. Lundi, à Bonn, aura lieu un événement se concentrant sur le cadre de Nairobi, a-t-il indiqué. Nous devons aussi nous concentrer sur le financement du captage et du stockage du carbone et mobiliser les investissements du secteur privé ainsi que les bonnes volontés de ce dernier, a recommandé M. Thorgeirsson. Par le biais du Programme de Nairobi, on se concentre sur l’adaptation au changement du climat et l’impact de ce phénomène sur les vulnérabilités dont souffrent déjà de nombreux pays, a ajouté M. Thorgeirsson. Il a enfin déclaré apprécier que les institutions du système de l’ONU participent à ces activités.
M. DAVID HARCHARIK, Vice Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a évoqué la relation qui existe entre la sécurité alimentaire et la bioénergie. Nous sommes préoccupés par le niveau des prix et la répercussion sur la vie des agriculteurs, a-t-il indiqué. Nous savons que les biocarburants peuvent promouvoir la sécurité énergétique et améliorer les changements climatiques, mais la situation est complexe et les problèmes posés ne sont pas faciles à résoudre. Une manière de les aborder serait de faire des recherches sur les biocarburants tirés de produits non alimentaires, a précisé M Harcharik. Il faudrait aussi analyser les cultures vivrières qui pourraient être utilisées comme biocarburants, a-t-il dit. Il s’est par ailleurs félicité du partenariat onusien créé pour élaborer un cadre destiné aux employeurs et encourager les partenariats entre décideurs. Nous essayons de transmettre des informations aux décideurs sur toutes ces questions de bioénergie, a-t-il assuré.
Mme ANARFI ASAMOA-BAAH, Directrice générale adjointe de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a expliqué les répercussions qu’avait le changement climatique dans l’apparition et la propagation de maladies telles que le paludisme. Elle s’est ensuite déclarée satisfaite par l’attention accordée par la CDD-15 à la question de la pollution atmosphérique, responsable dans 20 pays, principalement d’Afrique et d’Asie du Sud, de 5% des décès. Ces décès sont imputables à l’inhalation de fumées toxiques issues de la combustion de combustibles ligneux ou tirées de la biomasse pour la cuisine et le chauffage en milieu fermé. Il est donc devenu indispensable de passer du diagnostic au lancement d’actions concertées et le secteur de la santé doit être pris en considération dans les politiques de lutte contre le changement climatique, a dit Mme Asamoa-Baah
M. ARNE WHALTER, Secrétaire général du Forum international sur l’énergie, a indiqué que les pays développés et les pays en développement avaient confirmé la nécessité de mettre l’accent sur le captage et le stockage du carbone. Le temps de concrétiser les engagements en action est venu, a-t-il dit, ajoutant que l’énergie était au cœur des préoccupations de la communauté internationale.
Le représentant de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) a déclaré que les normes d’efficacité et de « propreté » des avions actuellement en service avaient été améliorées. L’OACI a pris des mesures dans différents domaines et afin de réduire la consommation de carburants des avions. Elle a élaboré des directives à l’intention des États Membres et lancé un programme d’échanges de certaines émissions. Nous avons aussi une méthode pour réduire les émissions de CO2, a ajouté le représentant, avant de rappeler qu’un colloque de trois jours serait prochainement organisé par l’OACI sur la question de l’environnement.
Le représentant de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a expliqué que l’AIEA fournissait des donnés et des conseils sur les politiques en matière énergétique. Il a lancé un avertissement contre les risques que pose l’utilisation des biocarburants traditionnels. Nous sommes chargés de rédiger des stratégies qui permettent d’envisager un avenir énergétique propre, concurrentiel et accessible, a-t-il indiqué. En combinant toutes les technologies disponibles, des progrès pourront être accomplis, a-t-il assuré. Ces technologies existent et permettront de s’assurer d’un avenir énergétique plus durable, a-t-il insisté.
M. JOSÉ ANTONIO OCAMPO, Secrétaire général adjoint en charge du Département des affaires économiques et sociales (DESA), est revenu sur les propos tenus par le représentant du PNUD sur l’accès à l’énergie. Il a estimé que la présente session de la CDD devait faire passer un message fort sur l’importance d’améliorer cet accès, et en a souligné toutes les conséquences positives, notamment en matière de santé. Tous les moyens d’adaptation et toutes les technologies doivent être pris en compte, a-t-il souhaité. M. Ocampo a aussi déclaré que les efforts déployés dans le domaine de l’efficacité énergétique profitaient à tout le monde. Les technologies relatives à la fabrication et à l’usage de carburant propre sont vitales, a-t-il aussi souligné, rappelant que les carburants fossiles resteront quand même les sources principales d’énergie dans un avenir prévisible. Tout ce qu’on pourra faire pour développer des technologies propres d’utilisation des carburants fossiles doit être fait, a-t-il plaidé. Il a aussi rappelé que le combustible écologiquement viable doit aussi être économiquement viable. Sur la question des biocarburants, il a noté les incidences qu’ils peuvent avoir sur la sécurité alimentaire. Il faut aussi étudier le coût énergétique de la transformation de ces biocarburants, a-t-il indiqué.
Le représentant de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a déclaré que des partenariats mondiaux pour la promotion de la bioénergie et des programmes de coopération avec les milieux universitaires du monde entier avaient été lancés par la CNUCED pour lutter contre le changement climatique.
La représentante de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a déclaré pour sa part que les aspects des négociations de Doha portant sur le commerce et l’environnement avaient permis d’harmoniser les exigences propres à ces deux domaines. Le secteur de l’énergie renouvelable intéresse les pays en développement, que ce soit à l’importation ou à l’exportation, avec l’existence d’un marché de plus en plus important, a-t-elle expliqué, avant de dire que lorsque les négociations prendront fin, ces pays deviendront plus concurrentiels.
Débats ministériels et déclarations officielles: Concrétiser les engagements, unir les efforts dans le cadre d’un partenariat
M. COME ZOUMARA, Ministre des affaires étrangères, de l’intégration régionale et de la francophonie de la République centrafricaine, a relevé les conséquences déplorables du réchauffement climatique, tout en rappelant l’origine de ce changement, qui est largement liée aux émissions des gaz à effet de serre. En République centrafricaine (RCA), un programme d’adaptation respectueux des termes de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques a été adopté, a-t-il indiqué, en soulignant cependant que malgré cela, beaucoup restait à faire. La RCA attend notamment un transfert de technologies qui pourrait lui permettre de renforcer et d’augmenter ses capacités d’adaptation. En République centrafricaine, nous assistons à une avancée du désert et les vents violents se multiplient, a poursuivi M. Zoumara. Le secteur agricole a une grande chance d’être dévasté, alors qu’il emploie 56% de la population. La déforestation et le manque d’eau sont d’autres risques auxquels doit faire face le pays, a-t-il prévenu, en plaidant pour que la RCA reçoive une aide internationale, tant financière que technologique.
M. FRANCIS D. NHEMA, Ministre de l’environnement et du tourisme du Zimbabwe, a déclaré que pour les pays en développement, le développement industriel était nécessaire pour une croissance économique durable, l’éradication de la pauvreté, et la création d’emplois. Toutefois, l’industrialisation doit se faire dans le respect de l’environnement et doit éviter la surexploitation des ressources naturelles, a-t-il souligné. La CDD-15 est le forum habilité à mettre en place des politiques et des actions capables d’aller dans ce sens, a estimé M. Nhema. Elle doit avoir un rôle de coordination et d’examen et demander en particulier aux pays développés de prendre des mesures en vue de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, dont souffrent les pays en développement, et permettre aux générations futures de réaliser leurs aspirations.
M. VAN SCHALKWYK, Ministre des affaires environnementales et du tourisme de l’Afrique du Sud, a assuré que son pays s’est engagé à travailler avec ses partenaires pour la mise en œuvre du plan d’action de Johannesburg. Nous devons à long terme renforcer les arrangements institutionnels internationaux et nous assurer que la pertinence de la CDD sera améliorée dans le cadre de la réforme des Nations Unies, a-t-il demandé. Nous devons en effet éviter une dérive des mandats à la CDD, en conservant un vrai lien entre les sessions consacrées à l’examen de fond et les sessions politiques, a ajouté le Ministre. Il a estimé que ce n’était pas la peine de prévoir un nouveau mandat pour la CDD, mais qu’il fallait savoir qu’elle faisait face à des contraintes importantes, notamment en matière de ressources.
M. DAVID PARKER, Ministre de l’énergie de la Nouvelle-Zélande, a relevé que l’énergie et le changement climatique étaient des questions essentielles pour notre époque. Le Protocole de Kyoto et le Mécanisme de tarification du carbone sont les instruments adéquats pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, a-t-il fait observer. Il faut donc éviter de gaspiller des ressources précieuses, et il faut plutôt permettre la mise en place d’une économie durable, comme le fait actuellement le cas de la Nouvelle-Zélande, dont 70% de l’électricité est, par exemple, produite par des sources d’énergies renouvelables. Notre expérience prouve que les partenariats peuvent donner des résultats probants dans le domaine de la protection de l’environnement, a fait valoir le Ministre de l’énergie néo-zélandais, qui a conclu en disant que son pays jouait aussi un rôle clef dans la propagation d’idées sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ceci s’observe notamment dans le choix de ses techniques agricoles.
M. TOSHIRO KOJIMA, Vice-Ministre des affaires environnementales mondiales au Ministère de l’environnement du Japon, a insisté sur l’importance de l’amélioration de l’accès à l’énergie pour les populations pauvres. Le changement climatique a des répercussions importantes sur l’écosystème mondial et sur la survie des êtres humains, a-t-il rappelé. « Nous devons donc réfléchir en termes de sécurité », a recommandé M. Kojima. Si l’on ne réduit pas les émissions de gaz à effet de serre le plus vite possible, nous devrons alors nous préparer à faire face aux graves conséquences de ces émissions, a-t-il averti. Le Ministre a rappelé également que, selon le Protocole de Kyoto, les pays développés doivent être les pionniers en matière de réduction des émissions. Le Japon essaie de se conformer à cette exigence. Tous les pays doivent rapidement modifier leurs schémas socioéconomiques pour parvenir à un développement durable, a ajouté M. Kojima, en estimant que ce type de mesure est un investissement dans la réduction des émissions de carbone. Les mesures de lutte contre la pollution de l’air sont aussi essentielles, a-t-il souligné. Le Japon organise une réunion en 2008 sur le développement de l’Afrique, a-t-il ensuite indiqué, en ajoutant que le Sommet du G8 allait se tenir sur ces questions.
M. OLA ALTERA, Secrétaire d’État à l’énergie de la Suède, a déclaré que la situation actuelle n’était guère réconfortante. L’ONU a montré que le succès ne pourrait être atteint que si la communauté internationale travaillait de concert. Un développement durable à trois dimensions – environnemental, économiques social – doit devenir l’objectif commun de tous les États Membres, a-t-il insisté. Le Secrétaire d’Etat a dit qu’il entrevoyait des possibilités dans les technologies propres et les énergies renouvelables, qui doivent devenir plus présentes à tous les niveaux, en particulier dans le domaine agricole. Il faut en outre renforcer les transferts de technologies et réduire le coût des investissements des industries pour inciter celles-ci à modifier leurs outils et modes de production. Notre expérience prouve que la croissance économique et la réduction des émissions de gaz à effet de serre peuvent aller de pair, a conclu M. Altera.
M. TAN YONG SOON, Premier Secrétaire au Ministère de l’environnement et des ressources en eau de Singapour, a indiqué que 80% de l’électricité consommée à Singapour est tirée du gaz naturel, qui est une source d’énergie plus propre que les autres combustibles fossiles. Nous assurons en outre la construction de bâtiments plus écologiques et mettons en place un système d’étiquetage pour inciter les consommateurs à choisir des équipements plus propres. La qualité de l’air est bonne à Singapour, mais nous connaissons des problèmes de déforestation, a ajouté le représentant. Il a précisé que l’abattage d’arbres et la technique du brûlis augmentent les émissions de gaz à effet de serre en Asie du Sud-Est. Nous avons besoin de l’expertise internationale pour minimiser la déforestation et appelons la communauté internationale à nous apporter sa contribution dans ce domaine, a-t-il déclaré. En matière de développement industriel, Singapour bénéficie d’une bonne croissance économique, tout en maintenant un environnement propre. Ville-État dépendante du combustible fossile, Singapour a peu de ressources et nous devons relever un grand nombre de défis, a fait remarquer le représentant. Il a conclu en expliquant que la recherche de nouveaux modes de développement était un élément clef pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
M. TOM O’MAHONY, Sous-Secrétaire chargé de la Division de l’environnement au Département de l’environnement, du patrimoine et de la gouvernance locale de l’Irlande, a déclaré que les politiques de son pays étaient déterminées par la nécessité d’assurer un développement durable. Le Gouvernement de l’Irlande a notamment adopté une stratégie, qui a été révisée, pour lutter contre le changement climatique. Cette stratégie touche l’ensemble des domaines concernés, du logement à l’agriculture, en passant par l’industrie. Cet effort vise à réduire la dépendance de notre économie au carbone, a ajouté M. O’Mahony, avant d’encourager la communauté internationale à faire de même.
M. PRODIPTO GHOSH, Secrétaire au Ministère de l’environnement et des forêts de l’Inde, a invité les participants à intensifier la recherche et l’exploitation de toutes les technologies disponibles en matière d’énergies propres, grâce notamment au partenariat public-privé. Il a aussi plaidé en faveur de la diversification des sources d’énergie, tout en relevant les risques attachés à l’usage de ces différentes sources, qui doivent être bien analysés. Dans les pays en développement, il y a des sources d’énergies qui ne sont pas utilisées parce que leur exploitation est très coûteuse, a-t-il fait remarquer. En la matière, il a appelé au partage des informations en tenant compte des objectifs mondiaux de développement durable. On doit adopter une attitude novatrice dans le partage des technologies comme on l’a fait dans le domaine pharmaceutique, a estimé M. Ghosh. Le représentant indien a aussi demandé que les modes de consommation et d’alimentation soient modifiés, afin de les rendre plus durables.
M. CONSTANTION MIHAILESCU, Ministre de l’écologie et des ressources naturelles de la République de Moldova, a indiqué que son pays avait réduit ses émissions industrielles de gaz à effet de serre de 25% au cours des 15 dernières années. Afin de mettre en œuvre la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et le Protocole de Kyoto, notre Ministère a lancé un ensemble d’activités en vue d’élaborer une stratégie d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre, a indiqué M. Mihailescu. Les trois priorités de la République de Moldova sont: une production énergétique axée sur la promotion des énergies renouvelables; le recyclage des déchets et le captage du carbone; et la reforestation et l’efficacité énergétique. S’agissant du changement climatique, le Ministre a indiqué que son pays était touché par des phénomènes de désertification et de violentes intempéries qu’il s’agit de combattre dans le cadre d’une action plus concertée avec les autres partenaires et notamment les Nations Unies, a-t-il préconisé.
M. BAKI ILKIN, Représentant permanent de la Turquie auprès des Nations Unies, a indiqué que son gouvernement, qui a mis en place la notion de développement durable depuis les années 1990, est convaincu de l’importance d’assurer une cohérence entre les trois piliers du développement durable qui sont dans le choix des politiques économique, sociale et environnementale. De par sa situation géopolitique, la Turquie continuera à jouer son rôle dans la sécurité mondiale en matière énergétique, a assuré le représentant. Dans le commerce des hydrocarbures, la Turquie est un pays de transit. Conformément au plan d’action de Johannesburg, nous avons pris des mesures législatives pour augmenter le niveau d’utilisation des énergies renouvelables, a indiqué M. Ilkin, qui a aussi évoqué la création d’un centre international de la promotion de l’hydrogène à Istanbul.
M. MUHAMMAD ALI SORCAR (Bangladesh) a plaidé en faveur de la coopération Nord-Sud et de la coopération triangulaire, qui sont essentielles pour trouver une solution aux problèmes énergétiques dans le cadre du développement durable. Les changements climatiques représentent un défi qui peut mettre en danger toute la promotion du développement durable, a-t-il aussi relevé, en notant que les petits États sont les plus vulnérables en la matière. Les inondations répétées ont causé une réduction de la productivité dans la production de céréales, a indiqué le représentant. Nous devons, à cet égard, trouver un cadre d’action qui aille au delà de 2012, a-t-il souhaité. M. Ali Sorcar a aussi demandé qu’un plan d’action soit élaboré en faveur des PMA et des États en développement, en espérant que la CDD-15 le permettra. Nous sommes prêts à partager notre expérience avec d’autres pays qui se trouvent dans la même situation que nous, a enfin indiqué le représentant du Bangladesh.
Mme CONNIE HEDEGAARD, Ministre de l’environnement du Danemark, s’est demandée si les États étaient à la hauteur de leurs responsabilités en matière de promotion du développement durable, en notant tous les obstacles qui les empêchent de prendre des mesures énergiques. Il faut introduire les actions les plus utiles dans les plans nationaux, a-t-elle précisé, en ajoutant qu’il fallait aussi séparer la croissance économique de la consommation énergétique. Le Danemark a réussi à augmenter de 70% son PNB au cours des dernières années sans pour autant augmenter sa consommation d’énergie, a précisé la Ministre de l’environnement. Les gouvernements devraient adopter des échéanciers pour l’accès aux énergies renouvelables, a-t-elle estimé. Elle a également souhaité que soit mis en place un suivi efficace de cette quinzième session de la CDD, avec des moyens de contrôle et de suivi efficaces. Si l’on veut que les politiciens viennent participer aux sessions de la CDD, il faut que cette session fasse des progrès et prenne des décisions qui répondent aux attentes de chacun, a-t-elle recommandé.
M. CHAKIB KHELIL, Ministre de l’énergie et des mines de l’Algérie, a déclaré que les actions les moins coûteuses et donc les plus faciles à entreprendre, consistent en la mise en place de cadres législatifs et règlementaires favorisant le développement durable ainsi que la création d’institutions à même d’en assurer l’application. Par ailleurs, la mise en œuvre de politiques judicieuses de développement durable requiert des infrastructures énergétiques qui permettraient un accès plus large de la population à l’énergie. L’Algérie a déployé pour sa part des efforts considérables à travers le développement de l’utilisation du gaz naturel et du GPL, qui sont des énergies propres dont le taux de pénétration en Algérie avoisine les 70%. Par ailleurs, une politique volontariste de réduction du torchage du gaz a été entreprise pour réduire celui-ci de 80%, a indiqué le Ministre de l’énergie et des mines de l’Algérie, qui a également détaillé un projet d’électrification solaire au profit des populations isolées que son pays a choisi.
M. MOK MARETH, Ministre de l’environnement du Cambodge, a constaté la lenteur des progrès accomplis dans la mise en œuvre du plan d’action de Bali pour le renforcement des capacités et le transfert des technologies. Il a donc souhaité que cette mise en œuvre se fasse plus rapidement. Il a ensuite plaidé en faveur de l’adoption de moyens qui permettraient d’intégrer l’accès à l’énergie dans les stratégies de réduction de la pauvreté, les stratégies de développement et la coopération. Pour atteindre un développement industriel durable, il faut corrélativement arriver à la croissance économique et au développement social, a-t-il ajouté. En ce qui concerne les changements climatiques, le Cambodge est vulnérable à ses conséquences et participe aux efforts mondiaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre, a-t-il indiqué.
M. LULAMA XINGWANA, Ministre de l’agriculture et des affaires agricoles de l’Afrique du Sud, a rappelé les conclusions du Congrès mondial des femmes rurales, que son pays avait accueilli pour sa quatrième édition du 23 au 26 avril derniers. À cette occasion, les participants ont appelé à travailler en coopération avec cette catégorie de la population, a indiqué le Ministre de l’agriculture sud-africain. Le Congrès a déclaré que l’élimination de la pauvreté rurale devrait pleinement être intégrée aux stratégies et aux politiques élaborées, en mettant l’accent sur l’autonomisation des femmes, leur emploi et leur éducation, dans le contexte d’un développement durable.
M. ABRAHAM DWUMA ODOOM, Vice-Ministre chargé de la gouvernance locale, du développement rural et de l’environnement du Ghana, a souhaité que les pays soient encouragés à améliorer leurs compétences sectorielles en matière de développement durable. Il faut encourager le développement et l’usage de la bioénergie, a-t-il estimé. Le Ghana a toujours considéré la coopération régionale comme un outil essentiel de développement et travaille en ce sens avec les autres pays africains pour renforcer les piliers du développement durable et éliminer la pauvreté, a dit M. Dwuma Odoom. « Nous demandons aux pays d’évaluer leurs performances avec, en particulier, l’usage des évaluations par les pairs, a précisé le Ministre ghanéen. Il a aussi évoqué le besoin de créer plus de partenariats avec les partenaires de développement. Il a enfin appelé les pays africains frères à améliorer leur gouvernance.
Mme AGNIESZKA BOLESTA, Vice-Ministre de l’environnement de la Pologne, a regretté que la sécurité énergétique soit toujours un problème non résolu aujourd’hui à travers le monde. La Pologne estime qu’il convient de mettre au point une stratégie mondiale en la matière avec la coopération des pays qui se développent rapidement. La Pologne accorde une importance particulière à la question du changement climatique, a dit Mme Bolesta, en soulignant que la Pologne était parvenue à une réduction de 32% de ses émissions de gaz à effet de serre. Elle a rappelé, à cet égard, le rôle que les forêts et les sols pouvaient jouer dans la séquestration du carbone. Elle a enfin estimé que la libéralisation du secteur énergétique devait se faire en conformité avec les exigences d’un développement durable.
Mme TATYANA STARCHENKO, Vice-Ministre de l’économie du Bélarus, a indiqué que son pays connaissait une croissance économique stable et assurait le bien-être de sa population. Dans le domaine énergétique, le Gouvernement du Bélarus prévoit une augmentation des investissements dans les années à venir, a-t-elle précisé. Il est favorable à des mesures qui auront pour but de stabiliser les marchés, afin d’éviter les changements de prix soudains. Hier et aujourd’hui, a-t-elle noté, les ministres de plusieurs pas développés ont lancé des appels pour renforcer l’efficacité des techniques employées dans le domaine des énergies renouvelables. Le problème est que les pays en transition et les pays en développement ont besoin d’un financement dont ils ne disposent pas, a noté la Ministre. Elle a donc demandé que les investissements soient stimulés dans ces pays, pour contribuer à la réalisation du Plan « Action 21 ».
CHEIKH ALFADHL BIN MOHAMMAD BIN AHMED AL-HARTHY, Secrétaire général adjoint aux affaires du développement du Sultanat d’Oman, a déclaré que pour ce qui est du développement industriel, des cadres règlementaires avaient été mis en place à Oman par son gouvernement afin d’inciter le secteur privé à investir dans le développement de technologies propres. Oman s’efforce en outre de promouvoir des politiques permettant la création d’une vision commune entre les secteurs public et privé, a ajouté le représentant. Enfin, la question de la pollution atmosphérique est pleinement intégrée dans les politiques du Sultanat, a-t-il dit, en rappelant qu’Oman était partie à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (UNFCCC) et au Protocole de Kyoto.
Mme MARGARITA SONGCO, Directrice générale adjointe à l’Autorité nationale de l’économie et du développement des Philippines, a indiqué que son pays continuait de progresser dans ses efforts de lutte contre la pauvreté. Les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) sont repris dans notre stratégie de développement national, a-t-elle précisé. Pour la promotion des biocarburants, une loi permet notamment la diversification des sources énergétiques, a indiqué Mme Songco. Étant donné la corrélation entre les domaines considérés comme étant les piliers du développement durable, il faut promouvoir une action commune au niveau de la CDD, a-t-elle estimé. Elle a plaidé en faveur de l’utilisation des énergies localement disponibles et renouvelables. Aux Philippines, on considère également très importants les réglementations et le suivi de la pollution atmosphérique, a souligné la représentante. « Au plan national, nous examinons l’intégration des mécanismes « verts », en tant que mécanismes d’adaptation aux changements climatiques, mais cette intégration requiert des financements qui ne sont pas toujours disponibles, a fait remarquer Mme Songco. Elle a conclu en espérant qu’une bonne collaboration s’établira entre toutes les délégations partenaires à la CDD.
M. RONALDO MOTA SARDENBERG (Brésil) a estimé que les pays en développement avaient le devoir de sortir leurs citoyens de la pauvreté en promouvant un développement durable. « Comme Mme Brundtland l’a dit hier, ce développement doit tenir compte des besoins des générations futures », a-t-il rappelé. Selon les données les plus récentes, les pays en développement subiront les premiers les conséquences du réchauffement climatique, tandis que les pays industrialisés, qui en sont les principaux responsables, devraient accepter le principe de l’aide qu’ils doivent fournir aux pays les plus pauvres et les plus vulnérables pour qu’ils fassent front aux effets dévastateurs du réchauffement de la planète, a affirmé le représentant. Rappelant enfin l’importance prise par l’utilisation des biocarburants dans son pays, qui est souvent cité en exemple, le représentant du Brésil a souligné la nécessité de développer un marché de biocarburants compétitifs au niveau international.
M. JOHAN VERBEKE (Belgique) a rappelé que l’usage d’énergie en Europe y cause 80% de toutes les émissions de gaz à effet de serre. Il a estimé qu’il est de la responsabilité de ces pays d’agir en la matière. Il a aussi souligné la nécessité de consacrer davantage de ressources à la recherche et au développement pour les technologies d’énergies renouvelables, dans le but d’éliminer progressivement l’utilisation des énergies non renouvelables. Pour réaliser l’objectif ambitieux du développement durable, il faut beaucoup de coordination et une bonne intégration des données économiques et sociales du développement, a-t-il estimé. La Belgique s’est toujours inspirée de la CDD, processus multilatéral dynamique et stimulant qui invite à examiner les questions transversales, a dit M. Verbeke. La Belgique est fière des résultats de sa stratégie au plan national, a-t-il aussi indiqué.
M. AUGUSTIN FRÉDÉRICK KODOCK (Cameroun) a rappelé que son pays avait engagé, depuis l’atteinte du point d’achèvement de l’Initiative de réduction de dette en faveur des pays pauvres très endettés (Initiative PPTE), le 28 avril 2006, de grands chantiers dans le secteur de l’énergie, du développement industriel et de la protection de l’environnement. Dans ces secteurs cruciaux où la coopération régionale, sous-régionale et internationale, est essentielle, le Cameroun a lancé un appel aux pays industrialisés et aux institutions financières régionales et internationales pour qu’ils apportent un appui déterminant aux programmes de développement ambitieux des pays africains, a indiqué M. Kodock.
M. HJALMAR HANNESSON, Représentant permanent de l’Islande, a indiqué que presque toute l’énergie utilisée dans son pays provenait de sources d’énergies renouvelables. Nous pouvons donc transmettre cette capacité et le savoir que nous avons acquis sur ces technologies aux pays en développement, a dit M. Hannesson. Nous avons établi une utilisation durable de nos ressources, notamment dans le domaine de la pêche. L’Islande est à la pointe des technologies permettant d’exploiter les ressources d’énergie écologiquement fiables, comme l’énergie géothermale, a précisé le représentant. Le Gouvernement islandais a décidé d’appuyer des initiatives dans les Caraïbes, dont un projet pilote d’utilisation de l’énergie géothermique. Il y a des options politiques sur lesquelles on peut trouver un consensus, notamment sur la question de la gestion de l’énergie pour le développement durable, a assuré M. Hannesson.
Mme MARIA DE FATIMA LIMA DA VEIGA (Cap-Vert) a rappelé que le règlement des questions intersectorielles appelait par définition des réponses d’ordre politique. Seules des politiques intégrées peuvent y répondre. Il faut avoir la volonté de respecter les engagements pris à Rio, à Johannesburg et à Bali, a-t-elle déclaré. S’agissant de la diversification énergétique, elle s’est félicitée des propositions de l’Union européenne visant à améliorer l’efficacité énergétique. Malgré de grandes possibilités, seulement 3% de l’électricité produite dans l’archipel du Cap-Vert le sont par des sources d’énergie renouvelable en raison d’un manque d’investissements, a regretté Mme Da Veiga. La représentante a demandé, en conclusion, la nomination d’un Envoyé spécial pour les petits États insulaires en développement.
M. ALI HACHANI, Représentant permanent de la Tunisie, a constaté la nature interactive des thèmes discutés qui montre qu’ils ne peuvent être traités séparément mais plutôt de façon holistique. Il a aussi constaté que les problèmes posés ne peuvent être résolus individuellement par les États, mais que la communauté internationale devrait les résoudre par des efforts communs. Le modèle de politique adopté en Tunisie pour le développement durable comprend un recours plus intensif aux énergies renouvelables, a indiqué M. Hachani. Il a aussi évoqué l’existence de tout un arsenal institutionnel et réglementaire qui régit le traitement de ces questions, en citant comme exemple la réduction des émissions de gaz à effet de serre et de la pollution atmosphérique. Un programme environnemental visant l’amélioration de l’air a été mis en œuvre par les entreprises tunisiennes, a précisé le représentant. La Tunisie a besoin d’un appui plus soutenu de la part de la communauté internationale, notamment pour un réel transfert de technologies, a-t-il plaidé.
Mgr. CELESTINO MIGLIORE, Observateur permanent du Saint-Siège, a déclaré que la volonté de collaborer au niveau international ne suffira pas pour atténuer les effets du changement climatique. Il faudra aussi des programmes éducatifs pour encourager les changements qui s’imposent non seulement dans les habitudes de vie quotidiennes des individus, mais aussi dans les activités de transport, de construction et de conduite de différents types d’affaires. Les solutions aux problèmes actuels ne sont pas forcément hors de portée, mais nous devons faire attention de ne pas emprunter un chemin qui aggrave la situation, en particulier pour les pays les plus pauvres, a prévenu le représentant du Saint-Siège. Nous ne pouvons pas défaire le monde moderne, mais nous devons mettre les technologies et l’éducation au service du développement durable, a-t-il conclu.
La représentante de l’Organisation internationale pour les migrations (OMI), a indiqué que, d’après les rapports publiés sur la question, il y aura d’ici 2010 près de 50 millions de migrants écologiques, individus et familles obligés de quitter leurs lieux d’origine pour des raisons environnementales dont notamment les changements climatiques. Le déplacement des communautés et les transformations des cultures sont inquiétants, a-t-elle averti. Elle a partagé les conclusions d’un atelier qui s’est récemment tenu à Bangkok avec l’OMI et le FNUAP et qui a posé plusieurs questions. Est-ce que la migration est la seule réponse aux changements écologiques? C’est une des questions posées, a indiqué la représentante. La migration reste un moyen d’adaptation classique, a-t-elle néanmoins relevé. Mais les gouvernements doivent essayer d’équiper leurs pays pour lutter contre les changements de l’environnement, surtout lorsque l’on sait que la situation ne peut qu’empirer, a-t-elle conclu.
M. JAMAL SAGHIR, Directeur du Département de l’énergie, des transports et de l’eau à la Banque mondiale, a souligné le triple objectif que s’est fixé la Banque mondiale, qui est de veiller aux besoins énergétiques des pays les plus pauvres; de financer ceux-ci pour les aider à atténuer l’impact des émissions de gaz à effet de serre et à produire aussi peu de carbone que possible; et de les aider à s’adapter aux effets du changement climatique. Le programme de travail de la Banque mondiale, à cet égard, comprend 120 projets pour l’année 2007. La Banque a notamment mis en place un Plan d’action pour l’accès énergétique en Afrique, en consultation avec les pays partenaires de la région, a souligné M. Saghir.
Le représentant de l’Organisation maritime internationale a expliqué que le rôle de cette Organisation est de promouvoir la sécurité maritime et celle de l’environnement marin. Quatre-vingt-dix pourcent du transport commercial mondial se font par voie maritime, a-t-il rappelé. La pollution de l’air et les émissions de gaz à effet de serre sont liées, a-t-il fait remarquer. En réduisant une source d’émission, il faut veiller à ne pas en augmenter une autre, a-t-il souligné. À l’OMI, nous avons un plan d’action avec un échéancier de mise en œuvre. Il vise à limiter et à réduire le niveau des émissions de carbone que cause le transport maritime international.
Débat interactif avec les grands groupes
Premier échange interactif
Le représentant du Groupe des agriculteurs a noté que les agriculteurs constituaient le groupe qui allait être le plus touché par les changements climatiques. Dans le rapport de l’OMS, il est prévu que d’ici 2015, il y aura plus de pauvres en milieu rural qu’en milieu urbain, a-t-il relevé. Il a noté que la possibilité de développer des biocarburants de première et de deuxième génération, avec l’énergie solaire et éolienne, peut être stimulée en milieu rural. Il a aussi évoqué les avantages des biocarburants, qui pourraient bénéficier aux populations africaines, sachant qu’en Afrique 90% de la population n’a pas d’électricité.
Le représentant du Groupe de la communauté scientifique et technologique a estimé que disposer d’énergie durable est une condition sine qua non du développement durable. Il a estimé que, pour permettre une utilisation quotidienne d’énergie durable, il faudrait favoriser un véritable appui au transfert des technologies vers les pays en développement. Chaque pays doit d’ailleurs explorer un portefeuille d’options diverses, a-t-il suggéré. Davantage de recherche sur le changement climatique et un renforcement des systèmes d’information mondiaux sont des conditions à remplir d’urgence, a déclaré le représentant.
Le représentant du Groupe des entreprises et des industries a indiqué que tous les hommes d’affaires du monde savent maintenant que le changement climatique et le réchauffement mondial sont la source des problèmes environnementaux les plus graves. Il a espéré que la CDD-15 prendra des décisions importantes dans ce domaine. Les gouvernements ont été trop réticents à l’introduction de lois sur la réduction des émissions de gaz et sur la nécessité de promouvoir l’efficacité énergétique, a aussi estimé le représentant. Le consensus auquel nous parvenons aujourd’hui montre qu’il vaut mieux avoir une réglementation qu’être dans l’incertitude, a-t-il rappelé.
Deuxième échange interactif
Ouvrant un deuxième échange interactif, la représentante des syndicats et des travailleurs a demandé que ces deux catégories sociales soient pleinement associées aux consultations portant sur le développement durable. Elle a demandé le renforcement des capacités des syndicats sur leur lieu de travail et a exigé la mise en place de mesures de suivi équitables.
Pour sa part, la représentante des autorités locales a rappelé que celles-ci prenaient des mesures en vue d’améliorer la qualité de l’air dans les agglomérations. Nous sommes venus ici avec l’espoir que la CDD-15 serait capable de faire preuve de la volonté politique nécessaire pour pousser les États à adopter des politiques au niveau national. Bien que cela ne ressorte pas des délibérations, la représentante a affirmé que les maires et les municipalités du monde entier continueraient à faire de leur mieux pour poursuivre l’application de politiques de développement durable à leur niveau.
Prenant ensuite la parole, le représentant du Groupe des ONG a estimé qu’il n’était possible de concrétiser des engagements que lorsqu’il y en a. Or, à ce stade des travaux de la CDD-15, force est de constater l’absence d’objectifs concrets, a-t-il affirmé. Un effort particulier doit donc être déployé en la matière par la Commission, qui doit renoncer à toute vision à court terme. Se déclarant déçu par la proposition de certaines délégations d’introduire l’option nucléaire dans la réflexion sur la recherche de solutions à la question de l’énergie, le représentant des ONG a affirmé que ceci était contraire au principe de la sécurité énergétique. Rappelant enfin que toute action découle de la volonté d’assumer ses responsabilités, le Groupe des ONG a demandé en conclusion aux délégations de pleinement assumer les leurs.
Le représentant du Groupe des peuples autochtones a indiqué que les économies de marché d’aujourd’hui ne sont pas durables et menacent les lois naturelles. Les secteurs des industries d’extraction et énergétiques contribuent énormément aux changements climatiques et aux émissions de gaz à effet de serre, a-t-il rappelé. Malgré cette prise de conscience, il a déploré que le niveau de ces émissions continue d’augmenter et a relevé qu’à travers le monde entier les communautés autochtones doivent se battre pour leur survie. Le renforcement des capacités pour une adaptation face aux changements climatiques doit tenir compte des besoins des peuples autochtones, a-t-il ajouté. Il a aussi estimé que, dans le monde industrialisé, il manque aux populations une connexion spirituelle avec la terre.
De son côté, la représentante du Groupe des enfants et de la jeunesse a indiqué être terrorisée par la situation dans laquelle se trouve aujourd’hui la Terre. Les carburants fossiles et l’énergie nucléaire ne sont pas durables, a-t-elle rappelé avec force. Elle a demandé que les pays développés prennent les initiatives nécessaires pour assurer la transition vers les énergies nouvelles. Il faut aussi que les partie prenantes mettent en place des indicateurs au niveau économique et encouragent la planification. « S’il vous plaît, ne nous faites pas perdre l’espoir en l’avenir », a imploré la représentante.
À son tour la représentante du Groupe des femmes a évoqué l’importance de l’introduction de la dimension sexospécifique dans les promotions de programmes de développement durable, notamment en ce qui concerne la réduction de la pauvreté. Entre autres mesures qu’elle a proposées, elle a demandé la présentation de données ventilées par sexe et des approches intégrant les femmes dans les politiques énergétiques et les stratégies de développement. Dans les pays en développement, les femmes devraient pouvoir utiliser des technologies novatrices, a-t-elle plaidé. Concernant la lutte contre les changements climatiques, elle a rappelé la contribution que les femmes peuvent y apporter.
Pour commenter les interventions précédentes, le Président de la CDD-15, M. Abdullah bin Hamad Al-Attiyah, du Qatar, a évoqué les progrès considérables accomplis en matière d’espérance de vie dans son pays depuis un demi-siècle. Grâce à la découverte du pétrole, l’espérance de vie a en effet augmenté d’une trentaine d’années au Qatar et les enfants n’y connaissent plus la mortalité élevée d’autrefois. Il ne faut donc pas être trop radical en demandant l’arrêt de toute extraction d’énergie fossile, a-t-il suggéré, car beaucoup de populations et de pays en pâtiraient. Au Qatar, du fait de la rareté de l’eau, on est obligé de désaliniser l’eau de mer, a indiqué le Président. En outre, nous importons 99% de notre alimentation. Il y a donc un certain équilibre des choses dans le monde, a-t-il conclu.
Pour sa part, la représentante de la Norvège a considéré que des choix plus sages pouvaient être faits par certains pays, tout en reconnaissant que d’autres n’avaient pas beaucoup de choix. Ceux qui ont le luxe de pouvoir choisir doivent donc faire les bons choix, a-t-elle demandé. Répondant au Président, la représentante de la jeunesse a précisé sa position, qui est de faire prendre conscience aux gens que les énergies fossiles ne sont pas celles de l’avenir. Le représentant du Saint-Siège a estimé que la question soulevée par les jeunes était une question d’éthique et de morale à laquelle il se ralliait. Nous n’avons pas hérité du monde de nos parents, mais nous l’avons emprunté pour nos enfants, a-t-il rappelé. Le représentant du Groupe des ONG a ensuite parlé de l’expérience de son propre pays, le Nigéria. Avec l’exploitation des champs pétroliers, les populations locales perdent leurs champs agricoles et l’économie de la région en est bouleversée, a-t-il constaté, soulignant ainsi que le bilan n’est pas toujours très positif. Rebondissant sur ces commentaires, le représentant du Qatar a fait remarquer que les engrais, qui enrichissent l’agriculture, sont produits à partir des hydrocarbures.
Pour réagir à l’intervention du représentant des peuples autochtones, le représentant du Cameroun a souhaité que se mette en place une véritable « pensée du développement », qui ne soit pas forcément bloquée dans une logique de réalisme et de pragmatisme. L’idée de base est que le système dont on dispose menace l’être humain et doit être repensé, a-t-il dit. Le représentant des agriculteurs a, quant à lui, donné un exemple concret pour démontrer l’impact des changements climatiques et des émissions sur ce secteur d’activités, expliquant qu’un seul problème, lié à la météo, peut entraîner une pénurie. Le représentant des autochtones a pour sa part rappelé combien les Inuits, populations vivant sous les latitudes polaires, pâtissaient déjà du réchauffement de la planète.
La représentante des Pays-Bas a ensuite évoqué les avantages de la biomasse, tout en rappelant qu’elle doit être utilisée de façon durable. Elle s’est demandée comment les efforts internationaux pouvaient être unis pour promouvoir l’utilisation de la biomasse. En outre, elle a demandé au PNUD et à la Banque mondiale quelles mesures seraient utiles pour renforcer les contributions des donateurs. La représentante des femmes a quant à elle recommandé un programme d’investissement pour renforcer le rôle des femmes et elle a encouragé le développement d’entreprises utilisant des énergies propres. Enfin, le représentant des syndicats a exhorté chaque délégation à repartir de cette session de la CDD en adoptant des comportements respectueux de l’environnement.
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