CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL: EXAMEN MINISTÉRIEL DE L'ÉTHIOPIE, DU GHANA, DU CAMBODGE ET DU CAP-VERT
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CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL: EXAMEN MINISTÉRIEL DE L'ÉTHIOPIE, DU GHANA, DU CAMBODGE ET DU CAP-VERT
(Publié tel que reçu)
Genève, 3 juillet (Service d’information des Nations Unies) –- Le Conseil économique et social a poursuivi cet après-midi le processus d'examen ministériel annuel sur le thème du «renforcement de l'action menée pour éliminer la pauvreté et la faim, notamment grâce au partenariat mondial pour le développement». À cet égard, un dialogue interactif s'est tenu avec des délégations de haut niveau de l'Éthiopie, du Ghana, du Cambodge et du Cap-Vert venues présenter leurs actions en vue de l'élimination de la pauvreté et de la faim.
Le Ministre des finances et du développement économique de l'Éthiopie a souligné que depuis les années 1990, la politique générale de développement du pays se concentre sur la lutte contre la pauvreté, objectif fondamental en fonction duquel sont élaborés tous les programmes sectoriels. Parmi les principaux résultats enregistrés par le pays en matière de lutte contre la pauvreté, figurent la croissance du PIB et le déclin de l'indice de pauvreté, a-t-il notamment fait valoir. Un décollage est possible en Éthiopie, a-t-il déclaré, assurant que le Gouvernement éthiopien est résolu à en finir avec la misère.
Le Vice-Ministre des finances et de la planification économique du Ghana, a souligné que pour faire face à la pauvreté qui touchait en 2000 la moitié de la population, le pays a suivi une politique de développement axée sur la stabilité macroéconomique associée à des programmes de développement. Ainsi, des progrès considérables ont-ils d'ores et déjà été réalisés, la pauvreté ayant été ramenée en 2006 à 26,5% de la population, ce qui place le Ghana sur la voie de la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement.
Dans son exposé, le Ministre du plan du Cambodge, a déclaré que, malgré une réduction de la pauvreté au cours des dix dernières années, une proportion encore trop élevée de la population reste pauvre. Les priorités à moyen terme consistent à renforcer le système bancaire, à étendre les microfinancements et à inciter à la création de petites et moyennes entreprises.
Le Ministre cap-verdien des affaires étrangères, a pour sa part souligné que, du fait de son statut de petit État insulaire en développement, la situation du Cap-Vert ne saurait être appréhendée hors du contexte et des problèmes associés à ce type de pays. Depuis son indépendance, le pays a connu un rythme constant de développement, a-t-il souligné, ajoutant toutefois que l'on ne peut pas à la fois citer un pays en exemple et simultanément prendre, en raison de son parcours positif, des décisions qui reviennent à le pénaliser.
Ont participé au dialogue interactif qui a suivi ces présentations les délégations des pays suivants: Bénin, Guinée-Bissau, Madagascar, Philippines, Brésil, Royaume-Uni, Allemagne, Pakistan, Guinée, Japon, Luxembourg, Mauritanie, Namibie, Afrique du Sud, Pays-Bas, Barbade, États-Unis et Portugal, ainsi que le Directeur exécutif de la Commission économique et sociale pour l'Asie et le Pacifique (CESAP) et une représentante du Bureau du Haut Représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement.
En début de séance, le Conseil économique et social a également entendu M. Nikolai Zaichenko, Ministre de l'économie du Bélarus, dans le cadre du débat général au titre de l'examen ministériel annuel.
Lors de sa prochaine séance, demain à 9h30, le Conseil tiendra un débat général sur le thème de l'examen ministériel annuel.
Examen ministériel annuel
Intervention du Ministre de l'économie du Bélarus
M. NIKOLAI ZAICHENKO, Ministre de l'économie du Bélarus, a indiqué que, dans le contexte des questions faisant l'objet du présent examen ministériel annuel, l'objectif principal de la politique sociale du Bélarus consiste à garantir une croissance stable du niveau de vie de la population. Il a insisté sur l'orientation sociale de la politique économique suivie par le pays et les bienfaits que l'on peut en espérer du point de vue de l'atténuation de certaines tendances négatives. Les mesures adoptées par l'État ont permis d'obtenir une augmentation réelle des salaires ainsi qu'une réduction de la proportion de personnes à faibles revenus. Le salaire minimum a commencé à fonctionner comme une garantie sociale, a insisté le représentant. Le Gouvernement du Bélarus a réussi à maintenir la situation du marché du travail sous contrôle et le chômage à un faible niveau. Pour autant, le Bélarus reste préoccupé par la persistance d'une situation tendue sur le marché du travail dans les petites villes et en milieu rural.
L'esprit d'entreprise est un facteur clé pour garantir une croissance économique stable, a ajouté le ministre bélarussien. Il a en outre attiré l'attention sur l'amélioration notable que connaît son pays dans le domaine de la santé. L'un des éléments clés pour garantir le développement durable est l'éducation, a-t-il poursuivi, insistant sur l'importance particulière que revêt la question de l'accès à l'éducation. Le Bélarus a donc opté pour une politique basée sur l'économie de marché qui permet de réaliser pleinement les garanties sociales pour la population grâce au développement économique.
Présentation nationale volontaire de l'Éthiopie et débat interactif
M. ATO MEKONNEN MANYAZEWAL, Ministre des finances et du développement économique de l'Éthiopie, a fait part de la stratégie de développement mise en place par son pays et expliqué la manière dont les objectifs du Millénaire pour le développement ont été intégrés à cette stratégie. Depuis les années 1990, a-t-il indiqué, la politique générale de développement de l'Éthiopie se concentre sur la lutte contre la pauvreté. Tous les programmes sectoriels sont élaborés en fonction de cet objectif fondamental. Le cadre stratégique actuel de lutte contre la pauvreté se fonde sur les objectifs du Millénaire pour le développement et s'inscrit dans une perspective décennale. Il se base sur l'évaluation des besoins et identifie les interventions nécessaires et les ressources à mobiliser pour éradiquer la pauvreté. Le Ministre éthiopien des finances a expliqué que ce plan repose sur plusieurs piliers, qui se renforcent mutuellement, comme le développement des capacités au niveau des régions et l'accélération de la croissance qui, dans le contexte de l'Éthiopie, repose sur l'agriculture et le développement rural. On s'efforce de tirer parti de la croissance démographique et du potentiel des femmes éthiopiennes, a ajouté le Ministre. Il s'agit également de renforcer les infrastructures, notamment de transport, d'attirer les investissements et d'assurer un véritable développement humain.
Parmi les principaux résultats enregistrés dans le domaine de la lutte contre la pauvreté, figurent la croissance du PIB national et du PIB par habitant et le déclin de l'indice de pauvreté. De plus, l'égalité entre les sexes a fait des progrès et des améliorations notables ont été enregistrées dans le domaine de la santé. Le Ministre éthiopien des finances a insisté sur l'importance de mettre en œuvre un système de surveillance destiné à contrôler les progrès accomplis. Une réforme fiscale est en train d'être mise en place en vue de mobiliser des ressources, a-t-il par ailleurs indiqué. Il convient maintenant de poursuivre les efforts et de respecter les engagements qui ont été pris en matière de développement, a-t-il déclaré. M. Manyazewal a souligné que son Gouvernement était fermement engagé en faveur d'un État respectable ayant pour priorités la démocratie et le développement. Un décollage est possible en Éthiopie, a insisté le Ministre. Nous connaissons les problèmes, mais les opportunités sont là, comme le prouvent les progrès effectués jusqu'ici, a-t-il fait valoir. Notre gouvernement est résolu à en finir avec la misère, a conclu le Ministre.
M. JAMES RUBIN, commentateur des questions internationales à la télévision américaine et modérateur du débat, a souhaité savoir dans quelle mesure la sécurité a une incidence sur la pauvreté. Il a également fait remarquer que l'Éthiopie supporte plusieurs opérations militaires en cours, notamment en Somalie. Par conséquent, beaucoup d'efforts intellectuels et physiques sont consacrés aux efforts militaires, a-t-il insisté.
MME FERNANDE A. HOUMGBEDJI (Bénin) a souhaité en savoir davantage sur l'impact de la dimension régionale sur la politique nationale d'un pays. Il s'agit là d'un problème important pour les pays africains en raison de la porosité des frontières, a-t-elle souligné.
M. ALFREDO CABRAL (Guinée-Bissau) a rappelé qu'il convient de faire en sorte que la pauvreté soit éradiquée et que soit offerte aux populations la possibilité de survivre et d'aspirer à un devenir meilleur. La Guinée-Bissau souhaiterait voir, au travers des expériences vécues, quels ont été les succès mais aussi les échecs enregistrés. Rappelant que l'Éthiopie est souvent affectée par des cycles de famine dus à la sécheresse, le représentant de la Guinée-Bissau s'est également enquis des mesures prises à cet égard afin d'assurer une certaine autosuffisance alimentaire. Quelles sont les conséquences de l'instabilité politique de la région sur la pauvreté, a également demandé le représentant?
M. JEAN-GABRIEL RANDRIANARISON (Madagascar) a souhaité savoir quelles sont les branches d'activités qui, en Éthiopie, ont connu une forte croissance. Il s'est également enquis du niveau de la pression fiscale par rapport au PIB. Quelle politique de redistribution des revenus a mené l'Éthiopie pour répartir la croissance du PIB?
M. ABDOULIE JANNEH (Commission économique pour l'Afrique) s'est réjoui du succès de l'Éthiopie et a fait observer que l'Éthiopie a eu, pour un pays sortant d'un conflit, un parcours remarquable. Le moteur de cette croissance est multiple, a-t-il expliqué. Il a salué la constance de la politique économique de l'Éthiopie, la restructuration administrative opérée par le pays, ainsi que le renforcement des capacités qui a été mené par ce pays. Il a par ailleurs rappelé l'importance du rôle joué par l'aide publique au développement. Il a en outre attiré l'attention sur l'importance prépondérante de l'articulation actuelle des relations internationales, évoquant notamment le rôle de la Chine. Pour conclure, il a souhaité que l'aide de la communauté internationale à l'Éthiopie ne faiblisse pas.
M. ROMULO NERI NERI (Philippines) a insisté sur la nécessité pour les pays développés de ne pas hésiter à transférer leurs connaissances. Il a ainsi expliqué que l'Ambassadeur de France à Manille a montré comment produire du fromage et celui d'Italie comment faire du vin de coco. Nous n'avons pas besoin de l'argent du Nord mais de ses connaissances, car nous ne payons pas d'intérêts pour les connaissances, a-t-il insisté.
En réponse à ces différentes interventions, M. MEKONNEN MANYAZEWAL (Éthiopie) a indiqué qu'il reste un combat à livrer: celui contre la pauvreté. Pour cela, point n'est besoin d'armes; il suffit de frapper aux bonnes portes. Il convient de défendre nos acquis, les droits de nos citoyens et leur bien-être, a poursuivi le représentant. L'Éthiopie s'efforce de protéger ses citoyens en investissant dans les secteurs clés, comme celui de la santé, a-t-il insisté. Quand un différend se présente, le pays recourt aux moyens diplomatiques, a-t-il poursuivi. La sécheresse et la famine sont nos ennemis, a par ailleurs souligné le représentant, rappelant que l'Éthiopie possède une agriculture de subsistance. Il a insisté sur l'importance que revêt pour le pays l'apport technologique qui, grâce à la recherche, peut permettre que l'eau soit disponible partout. Pour ce qui est de la question de la sécurité alimentaire, un «filet de secours productif» est en voie de construction, a indiqué le représentant. Il a souligné que l'industrie de transformation de produits agricoles et le bâtiment (en particulier la construction de centres de santé et d'écoles) sont deux secteurs dans lesquels le pays investit beaucoup.
Présentation nationale volontaire du Ghana et débat interactif
M. GEORGE GYAN-BAFFOUR, Vice-Ministre des finances et de la planification économique du Ghana, a expliqué que son pays a lancé en 1983 un programme de récupération économique pour corriger les déséquilibres macroéconomiques graves, réglementer le marché et générer un nouveau régime de croissance et de développement. En 2000, en dépit des progrès réalisés, l'économie est restée essentiellement inchangée: de taille réduite et très dépendante. La croissance économique tourne autour de 5% depuis 20 ans. Les investissements sont restés au plus bas en 2000 et la pauvreté touche près de 50% de la population totale et 63,9% de la population rurale. Ces faits, a poursuivi le Vice-Ministre, limite sévèrement la capacité du Ghana à remédier au niveau élevé de pauvreté. Pour y faire face, le pays a essayé d'accéder à l'initiative pour les pays pauvres très endettés, afin d'alléger le lourd fardeau de la dette.
La politique de développement du Ghana est axée sur la stabilité macroéconomique, couplée à des programmes et des politiques de développement. Les objectifs du Millénaire constituent un minimum et ont été incorporés dans la stratégie comme référence du minimum auquel le pays doit parvenir. M. Gyan-Baffour a expliqué que depuis 2000, des progrès notables ont été réalisés, notamment en matière d'éducation et de santé. Ces progrès ont permis d'effectuer des progrès considérables dans la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement: la pauvreté est passée de 51,7% en 1991/1992 à 26,5% en 2006, ce qui place le Ghana sur la voie de la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement d'ici à 2015. Le Vice-Ministre ghanéen a également expliqué que la stratégie pour la croissance et le développement se base sur quatre piliers centraux: une stabilité macroéconomique constante, un secteur privé compétitif, le développement de ressources humaines solides et une bonne gouvernance. Parmi les objectifs et les politiques prioritaires jusqu'à 2009 figurent notamment la modernisation de l'agriculture, l'augmentation de la participation à l'éducation et l'amélioration de la qualité de l'éducation, la bonne gouvernance et le renforcement institutionnel. Il s'agit également de parvenir à une croissance de 8% d'ici 2009 et d'accroître le revenu par habitant à 686 dollars. En outre, le pays compte développer son partenariat mondial pour le développement.
Pour conclure, le Vice-Ministre ghanéen a confié avoir hésité à montrer ces résultats encourageants. En effet, dans cette assemblée se trouvent les institutions financières internationales qui ont plutôt tendance à aider les pays qui peinent à faire des progrès. M. Gyan-Baffour a ainsi plaidé pour que la communauté internationale sache aussi encourager et soutenir les efforts.
Le modérateur, M. RUBIN, a rappelé que certains pays qui n'ont pas fait les efforts que le Ghana a faits pour améliorer sa gouvernance reçoivent pourtant plus de ressources financières. Quelqu'un pourrait-il expliquer comment on peut à l'avenir éviter ce genre de paradoxe, a demandé le modérateur.
MME MARCIA HELENA CARVALHO LOPES (Brésil) a rappelé que la mise en place de modèles institutionnels est primordiale pour affronter la pauvreté. Au-delà des ressources financières nécessaires, il convient de mettre en place des programmes et des services à la mesure des objectifs du Millénaire pour le développement au moyen de systèmes publics intégrés qui tiennent compte des différentes réalités. Il est important d'édifier des modèles de gestion pour éradiquer la pauvreté. Le Brésil aimerait connaître les expériences et les modèles qui s'appliquent au Ghana.
M. ALISTAIR FERNIE (Royaume-Uni) a estimé que les organisations humanitaires ont de meilleures possibilités de mettre en œuvre des programmes et des modèles d'assistance pour allouer de l'aide. L'aide bilatérale est davantage caractérisée par un aveuglement face aux besoins de la population et par l'histoire et la géographie. Sur la base des besoins de la population, deux facteurs devraient être reconnus par les donateurs bilatéraux: prendre en compte l'incidence marginale de l'assistance et l'opinion publique du pays. Le Royaume-Uni a indiqué vouloir poursuivre cette discussion avec les pays.
M. ALFREDO CABRAL (Guinée-Bissau) s'est dit impressionné par la présentation du Ministre du Ghana. Cet exposé a montré les progrès énormes qui ont été réalisés en peu de temps, a-t-il expliqué. Soulignant que le Ministre a tenu à mettre en exergue les mérites d'une économie de marché, il a rappelé que le Ghana a pu trouver dans la dérégulation une économie qui répond mieux à la nécessité d'assurer que les investissements puissent profiter aux couches défavorisées. Il a également attiré l'attention sur le rôle prépondérant joué dans ces réussites par la bonne gouvernance et tenu à souligner que le Ghana a investi très tôt dans l'éducation. Le représentant a ainsi voulu féliciter la délégation du Ghana pour ces succès. Ces succès peuvent nous stimuler, nous les pays en retard, a-t-il insisté. Et nous avons besoin d'exemples à suivre. C'est bien là le mérite de cette discussion, a-t-il conclu.
MME FERNANDE A. HOUMGBEDJI (Bénin) a rappelé que le succès du Ghana s'explique par une politique mise en œuvre sur le long terme. Au sujet de la crise énergétique qu'a connue la région ces derniers temps et étant donné que le Bénin et le Togo comptent sur le Ghana pour leur fournir de l'énergie, le Bénin aimerait savoir quelles sont les perspectives pour le futur et si cette crise se répétait, que les objectifs prévus par le plan pour 2007-2009 seraient-ils atteints?
M. ABDOULIE JANNEH (Commission économique pour l'Afrique) a déclaré que le Ghana continue d'apporter de bonnes nouvelles et montre ce que l'on peut réaliser au moyen d'une politique de gestion raisonnable. Le Ghana est une destination d'investissements importants. Le pays a beaucoup bénéficié de l'aide publique au développement et il ne faudrait pas le punir pour ses efforts fructueux. Lorsqu'il y a une paix relative dans le voisinage et une bonne gestion politique et économique, des progrès sont enregistrés, a constaté le représentant.
M. RUDOLF FETZER (Allemagne) a estimé que se met aujourd'hui en place au Conseil économique et social une innovation très positive. Des pays en développement présentent leurs succès, font part de leurs réalisations et permettent à d'autres de tirer des enseignements de leurs pratiques. C'est bien la voie dans laquelle le Conseil doit s'engager, a-t-il ajouté. S'adressant directement à la délégation ghanéenne, il a souhaité comment s'explique l'amélioration notable de sa production agricole.
M. JEAN GABRIEL RANDRIANARISON (Madagascar) a demandé des précisions sur la méthodologie utilisée par le Ghana, notamment en matière de politique monétaire et celle du recouvrement fiscal. Rappelant que la performance du pays est particulièrement frappante, il a souhaité savoir quel type de fiscalité a été mis en place. Enfin, le représentant malgache s'est demandé comment le Ghana compte combler le fossé au niveau des infrastructures s'il ne dispose pas de financement.
M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a rappelé que la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement dépend à la fois des efforts déployés aux différents niveaux nationaux et du partenariat mondial. Il est triste de constater qu'aucun des pays développés n'a accepté de soumettre son plan de mise en œuvre à un examen par ses pairs. Pour l'année prochaine, il serait bon d'avoir une certaine équité de ce point de vue, a insisté le représentant pakistanais. La corruption revêt certes une dimension nationale, mais de nombreux aspects de la corruption sont également liés à l'existence de paradis fiscaux et à la fuite des capitaux vers ces paradis, a-t-il souligné. La corruption a donc aussi une dimension internationale qui requiert une coopération Nord-Sud si l'on veut l'éliminer.
M. ALPHA SAW (Guinée) a souhaité connaître le poids de la dette ghanéenne et plus particulièrement le ratio d'endettement du pays. Le Ghana considère-t-il le rythme de l'inflation, qui a certes chuté de 40% à 10%, comme pouvant constituer un obstacle pour le développement du pays? La Guinée aimerait aussi connaître l'opinion du Ghana au sujet de l'intégration de la zone monétaire régionale. Le Ghana pense-t-il que cette intégration s'accélèrera ?
M. ALISTAIR FERNIE (Royaume-Uni), réagissant à la proposition du Pakistan, a estimé que soumettre les donateurs à un examen est une bonne idée. Il a espéré que la discussion sur ce sujet pourra être prolongée à New York. Si le conseil économique et social examine les activités dans les pays développés, il doit le faire dans une large gamme de pays différents, a-t-il ajouté.
Répondant aux diverses interventions, M. GEORGE GYAN-BAFFOUR, Vice-Ministre des finances et de la planification économique du Ghana, a expliqué que son pays, lourdement endetté, a opté pour l'Initiative d'allègement de la dette pour les pays pauvres très endettés. Aujourd'hui, le Ghana n'est plus lourdement endetté, même s'il reste un pays très pauvre, a-t-il indiqué. S'agissant de l'inflation, il a fait savoir que parvenir à un taux d'inflation à un chiffre a été et reste encore l'objectif du Ghana. La politique monétaire appliquée par le pays se base sur des efforts de stabilisation, a poursuivi le Vice-Ministre. L'idée est d'éviter d'emprunter plus de 10% des recettes de l'année précédente. Chaque année, toute économie réalisée sera affectée, à hauteur de 20%, au remboursement de la dette, a-t-il précisé. Il a ensuite attiré l'attention sur l'importance du rapport dette/PIB, soulignant que ce rapport est le principal point de repère pour éviter de grever le secteur privé et la croissance.
Le Royaume-Uni, donateur bilatéral, reste un des champions des contributions apportées au Ghana, a indiqué M. Gyan-Baffour. Il a ainsi tenu à remercier le Royaume-Uni pour son attitude si flexible à l'égard du Ghana. M. Gyan-Baffour s'est par ailleurs réjoui de l'initiative régionale ouest-africaine destinée à partager les ressources énergétiques entre voisins et à développer une zone monétaire. La seule chose qui fasse obstacle à ce projet est la barrière linguistique, a-t-il indiqué, avant d'expliquer que son Gouvernement a donc pour projet de promouvoir l'apprentissage du français. Il a par ailleurs indiqué que le cacao est le principal produit dont la production a augmenté. En 2003, le Gouvernement ghanéen a décidé de redistribuer gratuitement des insecticides aux agriculteurs, a-t-il expliqué, soulignant que c'est ce qui a permis d'accroître la production de cacao.
Présentation nationale volontaire du Cambodge et débat interactif
M. CHHAY THAN, Ministre du plan du Cambodge, a souligné que ces huit dernières années, le Cambodge a bénéficié d'une période de paix et de croissance. La stabilité politique et économique est un élément fondamental pour parvenir aux objectifs fixés et constitue un élan pour le développement de notre peuple, a-t-il affirmé. Le Cambodge a atteint un taux de croissance annuel de 9,4% en 2006 et de 13,5% en 2005. Le revenu par habitant a atteint 513 dollars en 2005. L'inflation s'est maintenue en dessous de 3% et les taux de change ont été stables. Le taux d'accroissement démographique diminue mais la population croît. Quant au taux d'incidence du VIH/sida, il se situe à 2,3%, a indiqué le Ministre.
Le Cambodge a réussi à réduire le taux de pauvreté ces dix dernières années; mais une proportion encore trop élevée de la population reste pauvre, a-t-il regretté. Les succès du Cambodge sont également dus à nos partenaires, l'efficacité de l'utilisation de l'aide extérieure ayant été remarquable. La bonne gouvernance, la lutte contre la corruption et la mise en œuvre de la réforme juridique ont aussi permis d'améliorer l'administration publique. Le Gouvernement a présenté au Parlement une loi anti-corruption et la lutte contre la corruption va être renforcée. Les priorités à moyen terme consistent à renforcer le système bancaire et à étendre les microfinancements tout en incitant à la création de petites et moyennes entreprises. Il convient de redoubler d'efforts pour surmonter les difficultés, mais les progrès ont déjà été remarquables, a affirmé le Ministre. La croissance économique s'est appuyée sur quelques secteurs urbains, ce qui a donné lieu à quelques inégalités avec les zones rurales, a-t-il reconnu. Si le Gouvernement n'a pas manqué de consacrer des ressources croissantes à l'investissement, les infrastructures - notamment en termes de routes, de télécommunications, de santé et d'éducation - doivent encore être renforcées.
Le Gouvernement apprécie les efforts consentis par les différents pays pour aider le Cambodge à atteindre les objectifs fixés pour le long terme. Le Cambodge semble être sur la bonne voie, a déclaré le Ministre. Le Gouvernement a travaillé main dans la main avec ses partenaires et a beaucoup avancé, en particulier du point de vue du renforcement de ses capacités. Le Cambodge a besoin de gens et de partenaires prêts à agir, a affirmé le Ministre. Le chemin est encore long mais nous parviendrons à notre but, a-t-il conclu.
M. KOJI TSUVUOKA (Japon) a félicité le Ministre cambodgien pour sa présentation et pour le parcours de son pays. Il a par ailleurs estimé que la présentation nationale volontaire faite ce matin par le Bangladesh était également d'une grande qualité. Rappelant le rôle de partenaire du développement joué par son pays, il a insisté sur la nécessité d'œuvrer ensemble en faveur du développement en s'assurant que les pays concernés s'identifient aux projets conjoints. Le représentant a par ailleurs indiqué que le Japon allait prochainement organiser une réunion sur le développement de l'Afrique. Tous les dirigeants des États africains ainsi que d'autres acteurs intéressés ont été invités, a-t-il précisé. Le débat devrait notamment porter sur le développement durable et sur la protection de l'environnement, a-t-il ajouté. Aussi, tous ceux qui souhaitent contribuer au développement de l'Afrique sont-ils invités à participer à cette réunion.
M. KIM HAK-SU, Secrétaire exécutif de la Commission économique et sociale de l'ONU pour l'Asie et le Pacifique, (CESAP), a souligné que le Cambodge a enregistré des résultats remarquables. Il s'est notamment félicité du taux de croissance particulièrement élevé obtenu par ce pays et a considéré que le Cambodge est un exemple pour ce qui est de la réduction de la prévalence du VIH/sida chez les adultes. Le Cambodge continue néanmoins d'avoir besoin d'une aide au développement, tout comme d'un accès aux marchés, a souligné le représentant de la CESAP.
MME ZAMIRA ESHMAMBETOVA (Bureau du Haut Représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement) a rappelé que son bureau travaille avec les pays les plus vulnérables, les pays les moins avancés, comme le Botswana, par exemple. Le Cap-Vert, en ce qui le concerne, est sorti de ce groupe de pays et se trouve maintenant dans une période de transition, a-t-elle souligné. Aussi, s'est-elle enquise de la manière dont ce pays planifie les choses en cette période de transition. L'utilisation très efficace des ressources est un gage de réussite, a-t-elle souligné. Pour les pays sans littoral au contraire, le plus grand défi concerne l'accès à la mer, qui se traduit par des coûts de transport très élevés, a-t-elle rappelé. Elle a fait observer que la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement n'est pas une fin en soi car chaque pays a une vision à long terme qui prend la forme d'une stratégie de développement à long terme.
M. ALFREDO CABRAL (Guinée-Bissau) a affirmé qu'il était important de se rappeler que le Cambodge est en train de renaître des cendres d'une période terrible. C'est un réconfort pour les autres pays que de constater les progrès accomplis au Cambodge, a-t-il déclaré. Il a dit espérer que les pays donateurs seront généreux à l'égard du peuple cambodgien, pour faire en sorte que le Cambodge puisse continuer dans sa lancée.
M. CHHAY THAN, Ministre du plan du Cambodge, a adressé ses sincères remerciements à ses partenaires du développement.
Présentation nationale volontaire du Cap-Vert et examen
M. VICTOR BORGES, Ministre des affaires étrangères du Cap-Vert, a présenté les stratégies de réduction de la pauvreté et de l'insécurité alimentaire de son pays. Il a rappelé que le Cap-Vert est un petit pays insulaire, un micromarché fragmenté, qui a besoin d'investissements accrus. Le Ministre a ainsi souligné que le Cap-Vert est tributaire des coûts de son insularité, de sa taille réduite et de sa nature volcanique. Du fait de son statut de petit État insulaire en développement (PEID), la situation du Cap-Vert ne saurait être comprise en dehors des problèmes que rencontre ce type de pays, a expliqué M. Borges. Il a rappelé les engagements pris par la communauté internationale en faveur des PEID à travers le programme d'action de la Barbade et de la Stratégie de Maurice. Il a ensuite attiré l'attention sur les facteurs qui exacerbent la vulnérabilité du pays, soulignant notamment que le pays est dépourvu de ressources naturelles. Seul 10% des terres sont arables et l'eau manque. Le pays est donc dans un état de grande dépendance face aux apports externes comme l'aide publique au développement ou les transferts de fonds de la part des émigrés. Toutefois, le pays a connu un rythme constant de développement depuis son indépendance. En outre, le Cap-Vert a réussi la transition démocratique en 1990 et a fait le pari de la bonne gouvernance dans toutes ses dimensions.
Dans le cadre de la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement, le pays a mis en œuvre une stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté pour les années 2004-2007, une stratégie nationale de la sécurité alimentaire pour les années 2002-2015, un programme quinquennal de sécurité alimentaire pour les années 2002-2007 et une stratégie nationale pour le développement de l'agriculture jusqu'en 2015. Pour réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement, il faut absolument que le Gouvernement, les partis politiques, les élus nationaux et locaux et la société civile en assument la responsabilité, a-t-il estimé. Il a d'autre part indiqué que l'insécurité alimentaire touche 21% de la population. Il a toutefois tenu à souligner que s'il existe, certes, un déficit alimentaire structurel dû à l'insuffisance de la production, les manques en nourriture sont dus à la difficulté d'accès financier aux produits et non pas à une prétendue crise alimentaire. Parmi les objectifs que s'est fixés le Cap-Vert figure notamment la réduction de la pauvreté de 37% à 20%. Le Ministre a insisté sur l'importance d'éviter le piège bureaucratique, arguant que la gestion du développement est une question plus complexe que des croix cochées sur un cahier. Pour conclure, il a estimé qu'on ne peut pas citer un pays comme exemple et simultanément le pénaliser à cause de son parcours positif. «On ne coupe pas l'essence à un avion au moment du décollage», a-t-il souligné. Il a ajouté que son pays n'insiste pas pour être retiré de la liste des pays les moins avancés, puisque son objectif est bien de réaliser des progrès en matière de développement.
M. JEAN FEYDER (Luxembourg) a indiqué que son pays n'était pas prêt d'arrêter son partenariat avec le Cap Vert. Un programme indicatif de coopération est conclu pour une période de quatre années. Les secteurs prioritaires dans lesquels nous voulons travailler sont ceux de la santé, de l'eau et de l'éducation.
M. MOHAMMED OULD TOLBA (Mauritanie) a salué le succès du Cap Vert qui est flagrant de la bonne gouvernance. En matière d'immigration, il s'agit d'un facteur économique important pour développer les ressources locales. Ces résultats probants devraient ouvrir d'autres opportunités en matière de développement durable. La Mauritanie salue les résultats éblouissants accomplis au Cap Vert.
MME FERNANDE A. HOUMGBEDJI (Bénin) a souligné que le Cap-Vert est une source d'inspiration pour les pays les moins avancés. Elle a expliqué que son exemple montre que la bataille du développement pour les PMA n'est pas perdue. Elle a enfin suggéré que le Cap-Vert revienne s'exprimer au Conseil dans deux ou quatre ans pour exposer sa situation après être sorti du groupe des PMA.
M. ALFREDO CABRAL (Guinée-Bissau) a souligné que le Cap-Vert est un pays confronté à de nombreuses difficultés de tout ordre. Son exemple montre ce qui peut advenir à un peuple lorsqu'il prend en main son développement avec détermination et courage. Et il faut faire preuve de beaucoup de détermination pour se hisser hors de l'eau et assurer le développement économique et social, a-t-il insisté. Pour faire suite à la métaphore du décollage de l'avion, il a illustré la situation par un principe très simple de physique qui rappelle que lorsqu'un satellite est en orbite, il ne faut pas diminuer sa vitesse, sinon il tombe. Le Cap-Vert a décollé, il faut maintenant faire preuve de beaucoup de générosité à son égard, a-t-il conclu.
M. HELMUT K. ANGULA (Namibie) a félicité le Cap Vert pour son parcours. Cette réussite est incontestable, elle est due à la volonté du gouvernement et du peuple du Cap Vert. La Namibie tient à souhaiter la bienvenue au Cap Vert au sein du groupe des États à revenus intermédiaires, qui sont pénalisés malgré leur réussite. Il est très important que la communauté internationale envisage les instruments pour permettre à ces pays de passer au niveau supérieur.
M. HENRI RAUBENHEIMER (Afrique du Sud) a souligné que ces pays qui ont présenté aujourd'hui leurs actions ont pris leurs responsabilités pour leur propre développement mais les partenaires sont indispensables. Nous ne sommes pas ici pour montrer les autres du doigt, cela ne fonctionnera pas ainsi, a ajouté le représentant sud-africain.
M. JEROEN STEEGHS (Pays-Bas) a estimé que cette journée a été très intéressante et enrichissante et que cette innovation dans le débat de haut niveau a été couronnée de succès. Il a expliqué que les Pays-Bas, petit pays, ne peut pas aider tous les pays en développement. Actuellement, il concentre son aide sur près de 36 pays, ce qui est déjà énorme. Le partenariat mondial pour le développement est un effort remarquable auquel nous sommes attachés, a-t-il ajouté, avant de rappeler que le Cap-Vert est l'un de ses partenaires de développement. Nous croyons aux relations à long terme, nous n'allons pas laisser tomber le Cap-Vert maintenant, a assuré le représentant néerlandais; c'est aussi pour cette raison que les Pays-Bas concentrent leur aide sur un certain nombre de pays.
M. PIRAGIBE DOS SANTOS TARRAGO (Brésil) a souhaité connaître l'importance de l'aide internationale par rapport aux efforts nationaux et aux réussites auxquelles le pays est parvenu. Il a ainsi demandé dans quelle mesure cette aide entrera à l'avenir dans le budget du Cap-Vert. L'aide internationale en faveur du Cap-Vert va-t-elle se maintenir dans les mêmes proportions qu'aujourd'hui?
M. HUGH SEALY (Barbade) a souhaité savoir quels sont les engagements qu'ont pris les bailleurs de fonds envers le Cap-Vert.
M. RICHARD T. MILLER (États-Unis) a souligné que les pays donateurs ne veulent pas punir les pays pour leur succès. Lorsque l'on passe du statut de pays faisant partie des pays les moins avancés (PMA) au statut de pays à revenus intermédiaires, l'aide ne devrait pas se tarir brusquement; il conviendrait alors de veiller à ce que l'aide extérieure évolue vers des flux d'investissements extérieurs traditionnels. Les États-Unis aimeraient pouvoir voir des politiques qui encouragent ce genre de transformation, afin d'assurer que la transition soit aussi douce que possible.
M. PEDRO MARQUES (Portugal) a jugé très positifs les résultats enregistrés par le Cap-Vert. Ce pays est un exemple et témoigne des réussites qui peuvent intervenir lorsqu'une bonne gouvernance est mise en place. Ce pays est un modèle de développement et marque une réussite des efforts menés conjointement aux niveaux international et national, a insisté le représentant portugais. Il a par ailleurs tenu à assurer que son pays, qui est un partenaire du développement du Cap-Vert, le restera dans les années à venir.
En réponse aux diverses interventions concernant son pays, M. BORGES, Ministre des affaires étrangères du Cap-Vert, a affirmé avoir du mal à accepter les expressions d'«exemple» et de «leçons à tirer» associées à son pays. Il a dit souhaiter que le Cap-Vert partage ses expériences et non pas qu'il tombe dans ce discours d'exemplarité. Il a par ailleurs rappelé l'importance considérable que revêt la question du financement du développement. L'aide au développement est fondamentale et nécessaire pour garantir la continuité du développement, a-t-il insisté. Enfin, le Ministre a précisé que la «graduation» est aussi une nouvelle chance d'attirer les investisseurs au Cap-Vert.
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