LE CONSEIL DE SÉCURITÉ EXAMINE LES TRAVAUX DE LA COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX
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Conseil de sécurité
5627e séance – matin et après-midi
LE CONSEIL DE SÉCURITÉ EXAMINE LES TRAVAUX DE LA COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX
Les délégations soulignent les progrès réalisés au Burundi et en Sierra Leone et appellent à une coordination accrue entre la Commission et ses partenaires
Le Conseil de sécurité s’est penché aujourd’hui sur l’état d’avancement des travaux de la Commission de consolidation de paix (CCP), l’organe intergouvernemental créé en 2005 à la suite du Sommet mondial pour appuyer les pays sortant d’un conflit et pour lesquels une paix durable passe par le renforcement de leurs capacités institutionnelles et la relance de leur économie.
Rappelant la mission de la Commission, le représentant de la France, M. Jean-Pierre Lacroix, a estimé qu’elle pouvait devenir un outil essentiel pour ancrer les pays sortant de crise dans la paix et le développement, en identifiant les objectifs et priorités communs à tous les intervenants et assurant la coordination des actions selon un calendrier d’engagement durable et adapté aux priorités immédiates.
Abordant les premières réunions spécifiques au Burundi et à la Sierre Leone, M. Lacroix a estimé que les acteurs concernés devraient être en mesure de disposer d’une feuille de route susceptible de constituer la base d’un engagement adéquat et durable de la communauté internationale.
Les délégations ont reconnu que sur ces dossiers, des progrès notables avaient été accomplis, grâce aux efforts conjugués du Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix, des coordonnateurs norvégien et néerlandais, du Bureau d’appui à la consolidation de la paix et des gouvernements intéressés. Le Président du Comité, M. Ismael Abraão Gaspar Martins, de l’Angola, a ainsi souhaité que compte tenu de la complexité des problématiques liées à la consolidation de la paix, le débat d’aujourd’hui contribue à clarifier le mandat de la Commission en rendant les enjeux aussi concrets que possible. « Pour les victimes des conflits armés sur le terrain, seule une aide efficace a un sens, a-t-il dit, soulignant qu’il n’était pas nécessaire de lancer des débats trop théoriques, au Siège, à New York. »
Souscrivant à cette déclaration, la Sous-Secrétaire générale au Bureau d’appui à la consolidation de la paix, Mme Carolyn McAskie, a estimé qu’il appartenait à la Commission de consolidation de la paix de réunir toutes les parties concernées, le Conseil de sécurité, l’ECOSOC, l’Assemblée générale ainsi que les institutions financières et les donateurs, pour qu’elles œuvrent de manière coordonnée et cohérente. Pour plus d’efficacité, a-t-elle indiqué, ce travail devrait se faire au niveau du pays inscrit à son ordre du jour, la communauté internationale pouvant ainsi se faire une idée précise de la validité de cette approche dans les cas du Burundi et de la Sierra Leone.
De son côté, le représentant du Burundi, soulignant l’étendue des besoins du pays après 10 ans de guerre civile, a indiqué que l’action du Gouvernement burundais pour sortir du marasme avait été saluée par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. Par ailleurs, M. Joseph Ntakirutimana a invité la Commission de consolidation de la paix à exprimer son soutien, lors de la table ronde des donateurs que son pays tiendra en mars prochain, en mobilisant activement la famille des bailleurs de fonds.
Intervenant également sur la question du financement de la Commission, le représentant de la Sierra Leone, M. Sylvester Rowe, a rappelé que si le Fonds de consolidation de la paix avait déjà versé pour l’effort de redressement de son pays une enveloppe de 25 millions de dollars, les besoins excédaient largement ce premier apport. La Commission devra aider les pays à poser les fondements du développement durable, a-t-il lancé, en précisant que la situation en Sierra Leone était à la fois celle d’un pays sortant d’un conflit et affecté par un sous-développement endémique.
Les États-Unis, pour leur part, ont critiqué l’insistance de la plupart des délégations qui ont réclamé davantage de fonds pour permettre à la Commission de s’acquitter efficacement de son mandat. La problématique de la consolidation de la paix ne se limite pas à la question des ressources, a jugé le représentant américain, M. Richard Miller, qui a estimé que l’essentiel dans ce domaine portait sur l’utilisation rationnelle des fonds disponibles.
La délégation de l’Afrique du Sud s’est élevée contre cette position en affirmant qu’il était déplacé de dire que la Commission de consolidation de la paix ne doit pas devenir un simple organisme de bailleurs de fonds. En revanche, son représentant a recommandé la tenue d’une conférence sous l’égide de la Commission sur le rôle, encore faible à ce stade, des grandes institutions financières dans l’appui aux programmes de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR). M. Kumalo a en outre estimé que, renforcée financièrement, la Commission pourrait appuyer d’autres pays que le Burundi et la Sierra Leone.
De nombreuses délégations, à l’instar de celle de l’Indonésie, ont souhaité que les priorités formulées par les autorités nationales permettent à celles-ci de s’approprier le processus de consolidation de la paix et de redressement postconflit, de manière à éviter que les donateurs ne s’arrogent un droit de regard trop important sur ces activités. De même, les délégations ont répété que les acteurs régionaux et sous-régionaux ainsi que la société civile et les ONG -en premier lieu les organisations de femmes- devaient être d’incontournables parties prenantes à ce processus.
Enfin, dans un souci d’examiner plus avant la poursuite des travaux de la Commission, plusieurs pays, comme la Jamaïque, au nom du Mouvement des non-alignés, se sont dits convaincus que le prochain débat au sein de l’Assemblée générale permettrait de dresser un bilan plus complet sur cette question.
CONSOLIDATION DE LA PAIX APRÈS LES CONFLITS
Déclarations
M. DALIUS ĈEKUOLIS (Lituanie), Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a noté la forte corrélation entre la faiblesse du niveau de développement et les conflits violents. En effet, neuf pays sur les 10 ayant les plus bas niveaux de développement humain ont connu un conflit à un moment ou à un autre depuis 1990, a-t-il fait remarquer. Selon les données de la Banque mondiale, a-t-il indiqué, une guerre civile dure sept ans en moyenne, qui a pour conséquence une réduction du taux de croissance de l’économie locale de 2,2% par an. Et la spirale de déclin vers la pauvreté est difficile à inverser.
À son avis, l’aide internationale peut jouer un rôle majeur au moment de la sortie de conflits, permettant aux pays qui en sont touchés de relancer leurs économies. Les recherches indiquent, dit-il, que la meilleure période pour absorber une aide accrue est pendant les six années suivant la conclusion d’un accord de paix. Le Président de l’ECOSOC a réaffirmé que son organe était prêt à aider la Commission de consolidation de la paix (CCP) à mettre au point ses programmes et activités dans ce domaine, notamment en matière d’emploi des jeunes, ceux-ci étant traditionnellement les cibles de choix des groupes armés en quête de recrues.
Citant notamment l’Afrique et le Moyen-Orient comme des régions où le chômage des jeunes et le risque de conflits s’alimentaient mutuellement, M. Cekuolis a par ailleurs donné en exemple Haïti, la Guinée-Bissau et le Burundi comme des pays où les groupes consultatifs spéciaux de l’ECOSOC avaient réussi à mobiliser les donateurs en faveur de programmes de reconstruction à plus long terme et à coordonner l’action des institutions des Nations Unies et d’autres organisations régionales et sous-régionales dans la fourniture d’une aide économique et financière. Selon lui, la réunion d’aujourd’hui devrait faciliter la promotion des meilleures méthodes et pratiques d’aide aux pays qui sortent d’un conflit. Pour sa part, a-t-il assuré, l’ECOSOC est déterminé à contribuer à la définition des objectifs stratégiques et d’une politique de consolidation de la paix durable dont la Commission de consolidation de la paix pourra s’inspirer.
M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola), Président du Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix, a estimé que l’occasion qui lui était donnée de s’exprimer devant le Conseil de sécurité devrait contribuer à faire le point sur l’apport de cet organe, un an seulement après sa création. Il a d’emblée noté que la consolidation de la paix était un sujet complexe qui nécessite un engagement constant et à long terme des acteurs. C’est en ce sens que l’intervenant a exprimé le souhait que ce débat permettra de clarifier la mission de la Commission, en rendant les enjeux aussi concrets que possible. Pour les victimes des conflits armés sur le terrain, seule une aide efficace a un sens, a-t-il dit, soulignant qu’il n’était pas nécessaire de s’embarrasser de débats trop théoriques, au Siège, à New York. M. Gaspar Martins a ajouté que la Commission ne fonctionnerait efficacement que si la coordination entre donateurs, organisations régionales, institutions financières multilatérales, gouvernements et acteurs de la société civile, était renforcée. Selon lui, la confiance dans les pays sortant d’un conflit doit passer par la consolidation de ce partenariat entre les parties prenantes, et ce, pour éviter toute recrudescence de conflit et pour faciliter la transition vers la paix et le développement durable. M. Gaspar Martins a salué les contributions récemment faites au Fonds de consolidation de la paix pour le Burundi et la Sierra Leone. Cette tendance est encourageante, a-t-il dit, tout en soulignant que les besoins dans ces deux pays excédaient les fonds alloués à leur reconstruction. Il a enfin félicité les Gouvernements du Burundi et de la Sierra Leone d’avoir fourni le cadre juridique nécessaire à la bonne marche des activités de la Commission sur le terrain. Il a encore dit que conformément au souhait de l’ancien Secrétaire général Kofi Annan, il incombait aux pays sortant de conflit de prendre en main eux-mêmes le processus de consolidation de la paix.
Mme CAROLYN MCASKIE, Sous-Secrétaire générale au Bureau d’appui à la consolidation de la paix, a noté que la création de nouveaux mécanismes constituait une nouvelle occasion d’examiner la manière dont il fallait aborder la période sensible et fragile dans l’existence d’un pays victime d’un conflit. Il appartient donc à la Commission de consolidation de la paix de réunir toutes les parties intéressées, notamment le Conseil de sécurité, l’ECOSOC, l’Assemblée générale, ainsi que les institutions financières et les donateurs, et de les faire travailler d’une manière coordonnée et cohérente. Pour plus d’efficacité, a-t-elle indiqué, ce travail devait se faire au niveau du pays, affirmant que la communauté internationale pourra se faire une meilleure idée de la validité de cette approche dans les cas du Burundi et de la Sierra Leone.
Elle a estimé par ailleurs que l’une des priorités de la Commission serait de réunir les ressources nécessaires, rappelant à ce sujet que le Secrétaire général avait annoncé l’octroi d’un montant de 35 millions de dollars pour le Burundi dans le cadre du Fonds de consolidation de la paix, et que le montant accordé à la Sierra Leone serait connu prochainement. Toutefois, a-t-elle souligné, cela ne constitue qu’un début et, pour réussir dans cette entreprise, la Commission devait mobiliser l’ensemble de la communauté internationale. Elle a réaffirmé la volonté de son Bureau d’aider la Commission à parvenir à cette fin.
M. JOHAN L. LOVALD (Norvège) a rappelé que le Gouvernement du Burundi s’était engagé dans un effort de planification et de consultations pour accélérer le processus de développement. Ces stratégies s’appuient sur l’effort concerté de tous les d’acteurs, en collaboration étroite avec la Commission de consolidation de la paix, a-t-il dit. En dépit de cette avancée au niveau national, la situation sur place reste fragile et un appui international continu demeure nécessaire, a-t-il constaté. Le représentant a par ailleurs indiqué qu’au cours des deux réunions organisées par la Commission au Burundi à l’automne dernier, trois priorités avaient été identifiées, à savoir la promotion d’une bonne gouvernance, le renforcement de l’état du droit et de la sécurité, et le relèvement. Pour régler ces problèmes, il fallait relancer le dialogue au niveau national, accélérer la participation des femmes au processus de consolidation de la paix, et s’appuyer davantage sur le soutien politique et financier extérieur. Le représentant a salué l’annonce du Secrétaire général relative au versement de trois millions de dollars au Fonds de la Commission de consolidation aux projets de relèvement du Burundi. Toutefois, il a signalé que la situation nécessitait d’avantage de fonds pour réaliser les objectifs de développement sur le terrain. C’est pourquoi, le représentant a formé le souhait que la table des donateurs, qui se tiendra les 15 et 16 mars prochains soit l’occasion d’identifier au mieux les besoins et relancer l’effort de consolidation de la paix au Burundi.
M. FRANK MAJOOR (Pays-Bas), dont le pays suit particulièrement le dossier sierra-léonais, a déclaré que des progrès avaient été accomplis dans ce pays. Il a ensuite énuméré les principaux points à mettre à l’actif de la Commission de consolidation de la paix pour ce pays, dont l’appel lancé à la communauté internationale, pour qu’elle fournisse non seulement des moyens mais aussi qu’elle assiste dans l’organisation des prochaines élections présidentielles et législatives. Il a rappelé que lors de la dernière réunion consacrée à la Sierra Leone, les membres de la Commission avaient aussi évoqué la question de l’allègement de la dette face aux progrès accomplis par ce pays. Par ailleurs, des questions touchant à l’organisation de la police ou à l’élaboration d’un code de conduite des médias ont bien avancé.
Le représentant néerlandais a rappelé que la semaine prochaine, se tiendrait à New York une réunion consacrée à un plan de travail de la Commission de consolidation de la paix pour la Sierra Leone, plan qui constituera la feuille de route pour les prochains mois avant la tenue de la réunion spéciale prévue pour mars ou avril. Ce plan définira un calendrier et les actions à entreprendre par le Gouvernement sierra-léonais, le système de l’ONU et d’autres parties prenantes. Une coordination étroite entre New York et les acteurs nationaux est cruciale, a-t-il estimé. M. Majoor s’est dit convaincu qu’un débat fructueux allait se poursuivre autour des projets concernant la Sierra Leone. Il s’est félicité, en conclusion, de l’appui constant du Conseil de sécurité à la Commission de consolidation de la paix.
M. OSCAR A. AVALLE, Représentant de la Banque mondiale auprès des Nations Unies, a rappelé qu’au cours de la dernière décennie, son institution avait sensiblement multiplié ses activités dans les pays sortant d’un conflit. Il a expliqué que la Banque avait lancé des programmes de recherche dans le domaine du développement et mis sur pied des mécanismes de financement plus souples pour aider ces pays à passer de la violence armée à l’essor économique et social. M. Avalle a ensuite indiqué que plus d’un milliard de personnes dans le monde étaient affectées directement par les guerres civiles et qu’aujourd’hui encore les pays les plus pauvres étaient également les plus exposés au risque d’éclatement de conflit. Pour l’intervenant, en vue de sortir du cycle de la violence et de la pauvreté, il convient de reconnaître le lien organique entre sécurité et développement. C’est en ce sens qu’il a déclaré que la pertinence et l’utilité de la Commission reposaient sur le renforcement de la coordination et de la coopération entre les acteurs. La Banque mondiale a activement soutenu l’action de la Commission, à la fois sur le terrain et au Siège des Nations Unies. De plus, la Banque mondiale a facilité la participation des autorités nationales burundaises et sierra-léonaises en vue de permettre à ces pays de prendre eux-mêmes en main le processus de consolidation de la paix.
M. REINHARD MUNZBERG, Représentant spécial du Fonds monétaire international auprès des Nations Unies, a rappelé que son organisation participait à des actions de la Commission de consolidation de la paix dans nombre de pays dont les deux premiers pays ayant signé un accord avec elle, à savoir le Burundi et la Sierra Leone. Il a estimé que celle-ci était une instance importante où toutes les questions pertinentes se posant dans un pays qui sort d’un conflit peuvent être posées de manière globale. Nos activités et celles de la Commission de consolidation de la paix doivent être intégrées dans la même stratégie, a-t-il souligné. M. Munzberg s’est dit heureux que le FMI soit invité au Comité d’organisation de la Commission et a demandé une clarification de la question de la participation au Comité d’organisation.
M. JOSEPH NTAKIRUTIMANA (Burundi) a rappelé qu’au mois de juillet 2006, son pays avait pu présenter aux membres de la Commission une image globale du Burundi, ceux-ci ayant pu se rendre compte de l’état de désolation et de misère dans lequel évoluait son pays après plus de 10 ans de guerre civile. Soulignant l’étendue des besoins auxquels fait face son gouvernement, le représentant a indiqué que l’action de ce dernier pour sortir du marasme avait été saluée par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. Le représentant a ajouté que, suite à la réunion d’évaluation du mois d’octobre, les autorités de son pays avaient mis sur pied une Commission nationale de consolidation de la paix travaillant avec l’ONUB et la société civile. Il a par ailleurs rappelé que le 12 décembre dernier, le Bureau d’appui de la Commission s’était engagé, au cours d’une seconde réunion, à fournir une aide financière à la réalisation des projets présentés à l’occasion de cette réunion.
Revenant sur le travail accompli par la Commission depuis sa création, le représentant a souhaité que celle-ci soit rapidement opérationnelle et se préoccupe uniquement de l’exécution des projets retenus en décembre 2006. Il a également souhaité connaître le mécanisme de décaissements des fonds alloués. De plus, le représentant a invité la Commission à exprimer son soutien lors de la table ronde des donateurs qui se tiendra en mars 2007 dans son pays, en participant à cette manifestation et en mobilisant la famille des bailleurs de fonds.
M. SYLVESTER EKUNDAYO ROWE (Sierra Leone) a dit espérer que la première expérience dont bénéficiait son pays constituerait un modèle pour l’avenir. Mais les fonds nécessaires doivent être assurés, a-t-il estimé, si l’on entend parvenir à ce résultat. Il a assuré que son pays était attaché à la démarche intégrée définie par la Commission de consolidation de la paix (CCP). La Sierra Leone attend beaucoup de la Commission, et les espoirs du Gouvernement et de la population de la Sierra Leone sont très forts, a souligné le représentant, qui a reconnu qu’il était encore prématuré de tirer un bilan de son action. Il a rappelé que son pays avait obtenu une première enveloppe de 25 millions de dollars, comme contribution initiale pour la mise en œuvre des programmes prioritaires. La réalisation des objectifs de la CCP est subordonnée à la disponibilité des ressources, a lancé le représentant de la Sierra Leone. La Commission devra aider les pays à poser les fondements du développement durable, a-t-insisté.
La délégation sierra-léonaise est satisfaite de la priorité donnée à débloquer les fonds en janvier pour mettre en œuvre immédiatement les priorités définies à court terme. En outre, la coordination est aussi essentielle que la prestation elle-même. Le représentant sierra-léonais a rappelé que son pays était déjà l’un des moins développés au monde avant la guerre civile. La Sierra Leone a donc les problèmes d’un pays sortant d’un conflit auxquels s’ajoutent ceux résultant du sous-développement, ce qui en fait un cas unique en un sens, a fait remarquer son représentant. Il a émis l’espoir que dans les prochains jours, le Secrétaire général annoncerait l’allocation d’un montant consistant du Fonds de consolidation de la paix approprié aux besoins particuliers et aux priorités critiques définies l’an dernier.
M. RICARDO ALBERTO ARIAS (Panama) a rappelé que la Commission de consolidation, initiative du Sommet mondial de 2005, avait pour mission de coordonner les efforts visant à instaurer la paix et à rétablir la réconciliation dans les pays sortant d’un conflit. La Commission de consolidation de la paix est encore à un stade embryonnaire mais elle a déjà réalisé des résultats considérables en obtenant notamment du Burundi et de la Sierra Leone la volonté politique qu’ils s’engageront sur la voie du développement. Le représentant a également salué l’élaboration de plans détaillés à la demande des Gouvernements burundais et sierra-léonais. Ces signes positifs laissent espérer qu’une fois que la Commission de consolidation de la paix aura trouvé son « rythme de croisière », cet organe se distinguera par son efficacité et sa transparence. C’est pourquoi, le représentant a souhaité que la Commission reçoive dans les délais impartis les contributions que les États Membres se sont engagés à verser pour aider au redressement du Burundi et de la Sierra Leone.
M. JORGE VOTO-BERNALES (Pérou) a rappelé que la Commission de consolidation de la paix (CCP) était l’une des émanations du Sommet mondial de 2005 qui confirme la confiance des États dans le multilatéralisme pour répondre aux nouveaux défis afin d’assurer la stabilité et le développement. Le Pérou appuie tous les efforts de l’Organisation des Nations Unies. Il rappelle que le retrait prématuré des missions de maintien de la paix laisse des pays confrontés à la crise et à la violence. Le développement, a-t-il souligné, est un élément indispensable à la consolidation de la paix. Si la population ne constate pas d’amélioration de sa situation, le risque de recrudescence de la violence est alors flagrant, a-t-il rappelé. Il faut des processus d’inclusion, de participation pour créer des relations d’interdépendance entre les parties prenantes. La Commission de consolidation doit promouvoir le développement des capacités nationales, a-t-il souligné.
Pour le représentant du Pérou, il faut à cet égard établir des indicateurs qui permettent de mesurer les progrès accomplis. Le redressement d’un pays sortant d’un conflit est un processus qui doit interpeller les entreprises nationales et internationales. Il faut donc mettre en place des programmes axés sur le secteur privé tout en veillant à ce qu’ils coïncident avec l’intérêt général. En conclusion, la délégation péruvienne a affirmé que son pays suivait avec intérêt les cas de la Sierra Leone et du Burundi.
M. JEAN-PIERRE LACROIX (France) a estimé que la valeur ajoutée de la Commission de consolidation de la paix tient à sa capacité à intervenir sur des problématiques spécifiques aux processus de consolidation de la paix de manière concentrée, et en s’attaquant aux défis les plus pressants. La participation aux travaux de la Commission de tous les acteurs pertinents sur le terrain, en particulier les États de la région et les donateurs institutionnels et bilatéraux, est à cet égard fondamentale. Le représentant a ainsi fait valoir que dans bien des cas, les questions relevant du renforcement des institutions, notamment celles liées à l’état de droit, à la bonne gouvernance et à la réforme du secteur de la sécurité dépassent les champs d’intervention des acteurs du développement. Dans ce contexte, il a estimé que la Commission pouvait devenir un outil essentiel pour ancrer les pays sortant de crise dans la paix et le développement, en identifiant les objectifs et priorités communs à tous les intervenants et en assurant la coordination des actions selon un calendrier d’engagement durable adapté aux priorités immédiates.
Abordant les premières réunions spécifiques au Burundi et à la Sierre Leone, le représentant a estimé que les acteurs concernés devraient disposer d’une feuille de route susceptible de constituer la base d’un engagement adéquat et durable de la communauté internationale. Il nous semble, a-t-il précisé, que la Commission de consolidation de la paix devrait concentrer ses efforts dans l’immédiat sur la préparation de réunions relatives aux points de son ordre du jour et, dans ce contexte, le bureau d’appui, qui est maintenant opérationnel, a un rôle essentiel à jouer. Un autre point essentiel est la diffusion rapide et adéquate aux membres de la Commission des informations relatives aux pays concernés. Par ailleurs, l’inventaire des actions engagées doit maintenant servir de base à l’identification des lacunes et à une meilleure coordination des acteurs de la consolidation de la paix dans ces deux pays. Le représentant a enfin insisté sur la nécessité de parvenir à une meilleure allocation des ressources et à une implication renforcée de tous les acteurs, à commencer par les autorités des pays concernés.
M. JOHAN C. VERBEKE (Belgique) a indiqué que son pays s’était beaucoup investi dans les premiers travaux de la Commission de consolidation de la paix et qu’il continuerait à le faire. Il a tenu à rappeler le caractère multidimensionnel de la Commission qui se trouve à la charnière entre des questions de sécurité, de reconstruction et de développement. La tâche première de la Commission est, selon lui, de promouvoir une approche intégrée qui tienne compte des besoins particuliers d’États fragiles et de risques potentiels pour la paix et la stabilité dans ces États. Cette approche devra clairement identifier les risques, les priorités, les failles et les faiblesses qui demandent une attention spécifique, et c’est la qualité de cette approche qui convaincra les bailleurs de fonds de s’y rallier. Il est essentiel que tous les acteurs, à commencer par le pays concerné, soient pleinement impliqués dans l’élaboration de ces stratégies, a ajouté M. Verbeke. Il a poursuivi en précisant que cette approche devrait englober l’ensemble des dimensions de la reprise et de la réhabilitation postconflit, en vue notamment d’éviter la rechute d’un pays dans une situation de conflit. Le représentant a aussi considéré que la stratégie de consolidation de la paix devait s’atteler à des questions difficiles qui relèvent non seulement du politique, de la sécurité et de la justice, mais aussi du retour des réfugiés, de l’emploi des jeunes ou des différends fonciers. M. Verbeke a estimé que le Conseil de sécurité devrait soutenir le travail de la Commission en instaurant une interaction plus régulière et systématique avec elle.
M. MARCELLO SPATAFORA (Italie) a estimé que les populations qui souffraient des retombées des conflits sur le terrain portaient leurs espoirs sur l’action concrète de la CCP. C’est pourquoi il a appelé au soutien au Comité d’organisation de la Commission. Le Comité, a-t-il dit, doit pouvoir s’appuyer sur le système onusien tout entier pour être efficace. Souhaitant que souplesse et capacités d’adaptation prévalent au niveau du Comité, le représentant a jugé indispensable que sa présidence reçoive d’urgence l’appui financier requis, affirmant qu’elle devait devenir autre chose qu’un simple mécanisme de coordination et une simple conférence de donateurs. Le représentant a, par ailleurs, appelé à la mise en place d’une stratégie viable, qui mette l’accent sur le relèvement des institutions nationales des pays considérés par la Commission. Cela aurait pour effet, à son avis, de renforcer la crédibilité de ces États et de les rendre plus intéressants aux yeux des investisseurs étrangers. L’objectif à plus long terme, a-t-il poursuivi, est de permettre aux pays sortant d’un conflit de s’assumer le processus de consolidation de la paix, et la Banque mondiale et le FMI doivent favoriser cette entreprise.
M. JAMAL NASSER AL-BADER (Qatar) a estimé que le rôle de la Commission de consolidation de la paix est essentiel pour éviter que les pays sortant de conflit ne sombrent à nouveau dans la violence. Dans le même temps, la Commission de consolidation de la paix est un organe récemment créé au sein des Nations Unies, qui a reçu une réponse favorable des deux premiers pays concernés, le Burundi et la Sierra Leone. Un succès dans ces deux pays, a-t-il estimé, complèterait de manière considérable les travaux du Conseil de sécurité. La Commission, qui a reçu un mandat de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, doit fonctionner de manière très coordonnée avec les principaux organes des Nations Unies, a-t-il souligné. Mais la Commission de consolidation de la paix doit aussi travailler de façon étroite avec les organisations de la société civile des pays concernés ainsi qu’avec les ONG. Il ne fait pas de doute que plusieurs autres pays pourraient être candidats pour bénéficier de l’aide de la Commission. Celle-ci, organe consultatif, a aussi un mandat pour mobiliser les ressources nécessaires sur le plan international. Le représentant a conclu en lançant un appel à la communauté internationale pour qu’elle ne se montre pas avare de ses contributions.
M. PASCAL GAYAMA (République du Congo) a estimé que la création de la Commission de consolidation de la paix (CCP) constituait un acte majeur résultant de la volonté clairement affichée par les dirigeants du monde lors du Sommet mondial de 2005. Le représentant a ajouté que le Fonds pour la consolidation de la paix, récemment lancé, indiquait la nature en devenir de la CCP, « un organe cherchant toujours sa voie ». Il a estimé que s’il devait y avoir un bilan, celui-ci devait porter sur l’assistance dont bénéficie le Fonds de la part de ceux qui l’ont établi, plutôt que la Commission elle-même. Toutefois, estimant que ce débat était opportun, le représentant a évoqué quelques règles à suivre pour assurer la bonne coordination de l’engagement collectif et constructif des États Membres au processus de consolidation de la paix. Il convient, a estimé M. Gayama, de bien répartir les rôles des partenaires impliqués, d’éviter les chevauchements, de permettre un débat ouvert et transparent au sein de la CCP et d’agir de concert pour mobiliser tous les acteurs locaux, régionaux et internationaux. Pour être crédible, la CCP doit agir sur le terrain comme un catalyseur capable de mobiliser tout le dispositif nécessaire au succès de son mandat, a ajouté le représentant.
Abordant les dossiers du Burundi et de la Sierra Leone, le représentant a estimé que les réunions consacrées à ces pays laissaient clairement apparaître que des obstacles sociaux et politiques continuaient de faire peser des menaces réelles sur leur stabilité. Il a de ce fait plaidé pour le renforcement rapide des capacités économiques et sociales du Burundi et de la Sierra Leone, un tel effort passant par l’amélioration de la gestion publique et de la lutte contre la corruption, ainsi que de la bonne gouvernance. « Une situation apparemment normalisée peut toujours receler des menaces pour peu que l’on néglige tel élément impondérable », a affirmé M. Gayama, estimant que l’expérience du Timor Leste était un parfait exemple dans ce sens. En conclusion, le représentant a estimé que, pour gagner en fiabilité, tout processus de consolidation devrait être approprié par les compétences nationales concernées.
M. PETER BURIAN (Slovaquie) a estimé que la Commission de consolidation de la paix pourrait bénéficier d’une interaction plus structurée avec les organes concernés de l’ONU, de même que le Conseil de sécurité pourrait bénéficier de l’avis de la Commission sur la manière de répondre aux situations d’après-conflit. Les premiers résultats obtenus par la Commission montrent que la création de ce nouvel organe était une bonne initiative. Dans le même temps, il faut continuer à œuvrer pour qu’elle trouve sa propre place dans le système des institutions de l’ONU afin d’éviter les doublons inutiles et d’utiliser efficacement ses capacités uniques et avantages comparatifs. Nous croyons aussi que la Commission doit orienter son travail dans la recherche de solutions concrètes aux problèmes complexes que pose la consolidation de la paix. Il faut s’orienter, selon la délégation slovaque, vers la création de groupes de travail pour débattre de manière globale de certains des aspects spécifiques de la consolidation de la paix tel que l’état de droit.
M. Burian a annoncé que son pays, qui présidera le Conseil de sécurité au cours du mois de février, prévoit d’organiser un débat thématique sur un aspect important de la consolidation de la paix, à savoir la réforme du secteur de la sécurité. Nous croyons, a-t-il ajouté, qu’une approche plus cohérente et systématique de la part de la communauté internationale est nécessaire pour régler cette question et pour parvenir à un fonctionnement efficace des forces de sécurité dans un pays sortant d’un conflit. À cet égard, la Commission peut, selon lui, jouer un rôle crucial en aidant les pays à régler cette question de manière globale et à générer un soutien à long terme ainsi que des ressources adéquates pour assurer la cohérence et la pérennité du processus sur le long terme. Nous croyons, a ajouté le représentant, que le Conseil de sécurité doit mieux utiliser la Commission de consolidation de la paix comme un organe consultatif sur les stratégies et les mandats en matière de consolidation de la paix. La Slovaquie estime que le programme de la Commission pourrait être progressivement élargi à des pays comme Haïti, Timor-Leste ou la République démocratique du Congo. M. Burian a enfin dit attendre du débat d’aujourd’hui l’émergence de nouvelles idées permettant de nouvelles dynamiques au travail de la Commission et renforçant l’interaction du Conseil avec elle.
M. RICHARD T. MILLER (États-Unis) est intervenu brièvement pour déclarer qu’il était important de faire de la Commission de consolidation de la paix un organe actif pouvant justifier rapidement de résultats concrets. Les citoyens meurtris par des années de guerre civile, a-t-il fait remarquer, n’attendent pas des Nations Unies et de la communauté internationale des rapports rendant compte de nos débats. Le représentant a indiqué qu’il faudrait renforcer la capacité de la Commission de consolidation de la paix pour aider les sociétés à se doter rapidement d’instruments et mécanismes efficaces pour prévenir la recrudescence de la violence et catalyser l’effort de redressement. Il a ajouté que le rôle principal de la Commission était de faciliter la coordination entre l’élément sécurité et l’effort de stabilisation postconflit, qui constitue, à ses yeux, la condition préalable au développement durable. La Commission de consolidation de la paix doit être une tribune où les institutions du système des Nations Unies, les gouvernements et les organisations régionales notamment se réunissent dans le souci de faire partager leurs expériences, leurs plans de travail et présenter des recommandations au Conseil de sécurité. Le représentant des États-Unis a conclu en disant que la problématique de la consolidation de la paix ne se limitait pas à la question des ressources, l’essentiel dans ce domaine portant plutôt sur l’utilisation rationalisée des fonds disponibles.
Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a rappelé que la Commission de consolidation de la paix existait depuis bientôt sept mois et qu’il était temps d’en dresser un premier bilan, qui de l’avis de sa délégation est positif. Il y avait une « lacune » dans la situation de l’après-guerre et c’est la raison d’être de la Commission, a-t-elle rappelé. Nous devons pouvoir nous enorgueillir de l’impact du travail de cet organe sur le terrain. La représentante du Royaume-Uni a énuméré ensuite un certain nombre de points pour évaluer les objectifs de la Commission de consolidation de la paix dont une analyse approfondie des problèmes, ainsi que le suivi des mesures prises et les enseignements à tirer de l’expérience dans les pays sortant de conflit. Le Conseil de sécurité devra écouter attentivement la Commission de consolidation de la paix pour prendre ses décisions, a souligné la représentante, qui a évoqué les travaux du Bureau d’appui à la consolidation de la paix dont le rôle est essentiel, a-t-elle dit. Nous espérons qu’à l’occasion du premier anniversaire de sa mise en place, la Commission aura eu un impact important sur le terrain, a conclu la représentante.
M. DUMISANI S. KUMALO (Afrique du Sud) a déclaré qu’il était trop facile de dire que la CCP n’est pas un organisme de bailleurs de fonds, alors que ces ressources ne sont pas comparables à celles du PNUD, de la Banque mondiale ou du FMI. Rappelant la mission de la Commission, le représentant a insisté sur le fait qu’en dépit de la nature vague de son rôle, celle-ci se devait d’avoir un impact réel sur le terrain. À cet égard, il a souligné la nécessité de renforcer la confiance des pays concernés, pour leur permettre de s’approprier le processus de consolidation de la paix sans avoir à subir des solutions imposées de l’extérieur. Le représentant a par ailleurs estimé que le Conseil de sécurité pouvait profiter des avis de la CCP en amont du déploiement des opérations de la paix des Nations Unies. Il a par également recommandé la tenue d’une conférence sous l’égide de la Commission sur le rôle, encore faible à ce stade, des grandes institutions financières dans l’appui aux programmes de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR). Enfin, M. Kumalo a jugé essentiel que les activités de la CCP s’appliquent à d’autres pays que ceux visés pour l’instant, à savoir le Burundi et la Sierra Leone.
M. NANA EFFAH-APENTENG (Ghana) a noté que seule une Commission de consolidation de la paix (CCP) pouvait assurer que les investissements énormes faits par la communauté internationale dans la paix et la stabilité dans les régions instables du monde aboutiraient à des résultats positifs, durables et irréversibles. Il est important de comprendre, a-t-il ajouté, que tant que persistent les causes de conflit, le terrain demeure mouvant. Dans ces conditions, a-t-il dit, il appartient à la CCP d’identifier ses ressources limitées et d’en ventiler la distribution de manière à répondre de la manière la plus efficace aux énormes défis que pose la restauration de la paix et la relance économique. Dans ce sens, la CCP s’avère être un partenaire utile pour les gouvernements concernés en les aidant à adopter les meilleures pratiques de gouvernance, sont l’application est indispensable à la réconciliation durable et à la stabilité, tout en assurant une période de transition harmonieuse.
Le Représentant ghanéen a par ailleurs convenu de la nécessité d’une relation organique entre le Conseil de sécurité et la CCP et, par extension, avec les autres organes de l’ONU, particulièrement l’ECOSOC et l’Assemblée générale. La CCP doit être une instance de coordination et offrir une approche intégrée des organes concernés. Pour ce faire, elle doit disposer des ressources nécessaires, a-t-il estimé, jugeant que le niveau des ressources actuelles ne correspondait pas aux besoins énormes des pays en période de postconflit. À son avis, la CCP est bien placée pour tracer une nouvelle voie en matière de coopération internationale en s’inspirant de l’expérience et des compétences accumulées par l’ONU, les bailleurs de fonds, les femmes, les ONG et la société civile afin de mettre au point des programmes. Mais, en fin de compte, il faut bien reconnaître que la Commission ne peut de favoriser la paix, elle ne peut pas l’édifier, a-t-il souligné. C’est aux gouvernements et peuples concernés de préserver la paix et changer le cours de leur histoire, a-t-il conclu.
M. HASSAN KLEIB (Indonésie) a estimé que le travail de la CCP serait facilité si l’interaction entre les différents organes pertinents des Nations Unies était renforcée. C’est pourquoi le représentant a souhaité que le prochain débat sur la Commission qui se tiendra en plénière de l’Assemblée générale soit l’occasion de débattre plus avant des moyens à mettre en œuvre pour appuyer plus efficacement la Commission dans sa mission. Le représentant a estimé que cette tâche devait être conduite de manière intégrée et en tenant compte des réalités changeantes du terrain, afin de répondre au mieux aux besoins et priorités identifiés par les pays récipiendaires de l’aide internationale. Ces priorités doivent être formulées par les autorités nationales en vue de permettre à terme à celles-ci de s’approprier le processus de consolidation de la paix et de redressement postconflit, de manière à éviter que les donateurs s’arrogent un droit de regard trop important sur ces activités. Par ailleurs, déplorant que les résolutions relatives à la CCP soient dépourvues de dispositions claires sur la participation des acteurs régionaux et sous-régionaux, M. Kleib a estimé que ceux-ci devaient être d’incontournables parties prenantes au processus de reconstruction des pays sortant d’un conflit. De même, il a estimé que la société civile, les ONG, y compris les organisations de femmes, joue un rôle actif dans le processus de consolidation de la paix à tous les niveaux.
M. LIU ZHENMIN (Chine) a constaté que, malgré 60 ans d’expérience, l’ONU connaissait certaines difficultés à aider les pays sortant d’un conflit à rétablir une paix durable. Il a émis l’espoir que la Commission de consolidation de la paix jouerait enfin son rôle, en contribuant à la formulation de stratégies intégrées par les pays victimes de conflits. Ces pays sont, en quelque sorte, des « clients » de la CCP, a-t-il souligné. La complémentarité et la non-concurrence doivent présider à l’action entreprise par les différents organes concernés, a-t-il souligné. La CCP doit accomplir à son avis un travail pratique et efficace, tout en s’efforçant à poursuivre des objectifs réalistes et réalisables. La communauté internationale et les pays en développement attendent beaucoup de la CCP, a poursuivi le représentant, en exprimant l’espoir que le bilan dressé lors du premier anniversaire de cet organe sera positif et plein de promesses.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a estimé que la paix durable ne pouvait être réalisée que par une démarche globale combinant les efforts de prévention et les mesures de redressement qui s’appuient sur une stratégie viable et coordonnée. La création de la Commission de consolidation de la paix émane de la volonté politique internationale d’accomplir une telle mission visant la stabilité de pays sortant d’un conflit et la prévention d’une reprise de la guerre dévastatrice pour la situation économique et sociale du pays qui saperait le développement durable de régions entières. À l’aube des résultats récents de la Commission de consolidation de la paix au Burundi et en Sierra Leone, le représentant a espéré qu’elle devienne à moyen terme un organe d’une portée pratique considérable. Saluant les efforts du Président du Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix, le Représentant permanent de l’Angola et ses coordonnateurs, les Représentants permanents de la Norvège et des Pays-Bas, chargés respectivement des dossiers concernant le Burundi et la Sierra Leone, M. Churkin a souhaité que les membres de la Commission s’attachent à l’avenir à trouver une position commune claire sur les besoins des futurs pays récipiendaires de l’appui que leur fournirait la Commission de consolidation de la paix.
M. THOMAS MATUSSEK (Allemagne), qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, de pays candidats et pays associés, a estimé que la création de la Commission de consolidation de la paix constituait un grand succès du processus de réforme de l’ONU. Avec le Bureau de consolidation de la paix et le Fonds afférent, elle est au cœur de la nouvelle architecture de consolidation de la paix, a-t-il estimé. En tant qu’instrument souple, elle développe son expérience par l’examen des dossiers dont elle est saisie. M. Matussek a rappelé les liens entre sécurité, développement, droits de l’homme et état de droit à la base de l’action de la Commission de consolidation de la paix. Il a aussi rappelé la contribution de l’Union européenne à la consolidation de la paix dans diverses parties du monde. C’est la raison pour laquelle l’Union européenne appuie la Commission de consolidation de la paix qui a, selon lui, pris un bon départ en Sierra Leone et au Burundi.
Les recommandations de la Commission doivent maintenant être appliquées. Et c’est là que devient nécessaire l’appui des organes de l’ONU, au premier rang desquels l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et l’ECOSOC. La Commission de consolidation de la paix, a-t-il estimé, devra être ambitieuse. L’Union européenne entend contribuer à la discussion au sein de la Commission sur la coordination de son travail. Si elle a défini des priorités, cette réflexion doit être poussée encore plus loin, en consultation avec les États Membres, les bailleurs, la société civile et le secteur privé. Elle doit aussi constamment tirer la leçon de ses activités, selon le représentant de l’Allemagne. L’Union européenne reste attachée à travailler à des stratégies de consolidation de la paix avec les pays intéressés et avec la Commission, a conclu M. Matussek.
M. RAYMOND WOLFE (Jamaïque) a fait part de la préoccupation du Mouvement des non-alignés, au nom duquel il s’exprimait, quant à l’examen du travail de la Commission de consolidation de la paix à ce stade de son existence. Estimant que cet examen était prématuré, il a rappelé que la Commission s’était réunie quatre fois depuis sa création, notamment pour évaluer la situation du Burundi et de la Sierra Leone et autoriser un soutien financier à ces deux pays. Il a indiqué que le Mouvement des non-alignés attachait une grande importance à la Commission, respectueuse des initiatives nationales de consolidation de la paix. De plus, il a souligné le rôle du Comité d’organisation dans la préparation des réunions spécifiques à un pays et dans l’évaluation des progrès effectués dans chacun de ces États.
Toutefois, M. Wolfe s’est inquiété de certaines lacunes qui pourraient, selon lui, réduire l’efficacité de la Commission. À cet égard, il a recommandé des réunions plus fréquentes du Comité d’organisation et le renforcement de son rôle en tant qu’organe directeur du travail de la Commission de la consolidation de la paix. Il a, en outre, souhaité que l’on identifie les moyens de faire parvenir plus rapidement les fonds approuvés aux pays récipiendaires. Enfin, il s’est dit convaincu que le prochain débat au sein de l’Assemblée générale sur cette question mettrait en avant les progrès accomplis par la Commission.
M. HERALDO MUÑOZ (Chili) a estimé que la Commission de consolidation de la paix doit clairement énoncer ses fonctions, et ce, en accord avec les mandats des résolutions qui l’ont créée. Son avenir dépendra de son efficacité et c’est pourquoi la Commission doit faire preuve de leadership pour mobiliser et coordonner les ressources et efforts nécessaires afin d’aider les pays sortant d’un conflit. Elle doit renforcer les liens déjà existants avec les organisations financières internationales ainsi qu’avec les pays donateurs. Par ailleurs, la Commission doit également adopter des mesures pour assurer la pleine participation de tous les acteurs impliqués ainsi que celle de la société civile.
À cette fin, M. Muñoz a indiqué que le Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix doit élaborer une liste de conditions auxquelles les pays sortant d’un conflit doivent être conformes avant de pouvoir recevoir une aide internationale. Il importe également de renforcer le rôle et le travail du Comité d’organisation, d’assurer une action coordonnée entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité ainsi qu’avec le Conseil économique et social. Le représentant chilien a également estimé que la Commission de consolidation de la paix devait participer à la définition des priorités nationales d’un pays sortant d’un conflit. M. Muñoz s’est félicité du travail de la Commission concernant le Burundi et la Sierra Leone, faisant cependant remarquer qu’il était prématuré à ce stade de procéder à des débats d’évaluation sur le rôle de cette nouvelle institution.
Mme CARMEN MARÍA GALLARDO-HERNÁNDEZ (El Salvador) a évoqué les 15 années écoulées depuis la conclusion de l’accord de paix qui a mis fin à la guerre civile dans son pays. Compte tenu de cette expérience, a-t-elle expliqué, El Salvador a voulu faire partie de la Commission de consolidation de la paix. À son avis, les leçons apprises sur le terrain permettront à son pays d’apporter une contribution importante à l’élaboration de stratégies globales de la CCP en matière de rétablissement de la paix et de reconstruction économique au lendemain d’un conflit. Elle a salué à ce propos la décision prise par les membres de la Commission d’établir un groupe de travail chargé de tirer les leçons de l’expérience acquise, avec la participation des acteurs nationaux, des représentants de la société civile et des Nations Unies. Les débats de toutes ces composantes permettront à la Commission de renforcer les stratégies élaborées en faveur des pays examinés, a-t-elle précisé.
Affirmant qu’en dépit des origines très diverses des conflits, on retrouvait des similitudes à leur conclusion, la représentante a insisté sur l’importance de la paix sociale, au-delà des moyens matériels investis dans le processus de paix. La sensibilisation à la paix et à la tolérance, la crédibilité des nouvelles institutions, le respect de l’état de droit, la participation de la société civile et du secteur privé aux efforts de développement national constituent également, à son avis, des éléments fondamentaux qui facilitent la réconciliation nationale. La représentante a également mis l’accent à ce sujet sur l’importance de la participation des femmes dans les prises de décision.
M. COLY SECK (Sénégal) a estimé que la création de la Commission de consolidation de la paix a été un jalon déterminant dans le processus de réforme devant permettre aux Nations Unies de répondre aux défis du nouveau millénaire. Ceci est d’autant plus vrai, a-t-il ajouté, que les pays qui sortent de conflit sont comme des malades en convalescence qui doivent recevoir un suivi rigoureux afin de leur éviter une rechute qui pourrait être fatale. Parmi les réformes et les mesures à prendre, l’implication des femmes et des jeunes est d’autant plus souhaitable, a souligné le représentant du Sénégal, que ces groupes constituent en général la majorité de la population dans ces pays. Le Sénégal invite donc les États Membres à poursuivre leurs efforts pour la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) sur les femmes, la paix et la sécurité.
Consolider la paix, a rappelé M. Seck, c’est aussi mettre en place des programmes de réinsertion des anciens combattants et trouver des solutions au problème de l’emploi des jeunes qui, selon lui, sont des proies faciles pour des chefs de guerre sans scrupule. Il a estimé que pour parvenir à ses objectifs, la Commission de consolidation de la paix doit disposer de « moyens conséquents ». Le Sénégal appelle donc les donateurs traditionnels, les partenaires de la société civile internationale à faire du Fonds de consolidation de la paix un instrument viable et efficace.
M. KENZO OSHIMA (Japon) a rappelé que sa délégation avait insisté, au cours de l’année écoulée, sur la nécessité d’améliorer la coopération entre les organes des Nations Unies, en particulier entre la Commission de consolidation de la paix et le Conseil de sécurité. À ce titre, le représentant a souhaité que la Commission donne un coup d’accélérateur à ses travaux en s’appuyant sur une stratégie intégrée, développée en collaboration avec les gouvernements intéressés et les donateurs bilatéraux, les équipes de pays, la Banque mondiale, le FMI et la société civile. Par ailleurs, afin de renforcer l’efficacité de la Commission de consolidation de la paix sur le terrain, le représentant a estimé que la Commission et le Conseil de sécurité devraient réfléchir à un mécanisme qui permettrait la mise en œuvre harmonisée de cette stratégie. Pour M. Oshima, même si ce pays n’a pas été sélectionné par la Commission, le Conseil commun de coordination et de suivi en Afghanistan offre un modèle intéressant.
S’agissant du passage de la phase de reconstruction à celle de développement, le représentant a indiqué que la stratégie de la Commission de consolidation de la paix devrait incorporer les stratégies de sortie en vigueur dans les opérations de maintien de la paix et les Bureaux intégrés des Nations Unies. De l’avis de sa délégation, il incombe au Conseil de sécurité de décider à quel moment les missions considérées doivent être retirées afin d’y substituer les équipes de suivi. Le représentant du Japon a par ailleurs proposé que des réunions entre le Président du Conseil de sécurité et de la Commission de consolidation de la paix soient organisées plus fréquemment. De même, s’agissant toujours des questions de procédure, M. Oshima a suggéré qu’il serait utile que le Président du Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix participe aux débats publics du Conseil sur la situation des pays dont la Commission est saisie.
M. JOHN MCNEE (Canada), s’exprimant aussi au nom de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (CANZ), a réaffirmé le soutien des trois pays à la Commission de consolidation de la paix, estimant qu’elle avait un rôle crucial à jouer dans la coordination des activités en période postconflit. Toutefois, a-t-il souligné, malgré certains succès, les trois pays étaient déçus de l’attention disproportionnée que certains membres de la Commission accordaient aux questions procédurales au détriment de la substance même de la consolidation de la paix. Le représentant a invité la Commission à trouver de nouvelles méthodes de travail adaptées aux défis qu’elle doit relever, et notamment à travailler de façon informelle comme de besoin, afin de « maximiser » le volume de travail accompli au cours de la phase initiale actuelle. Le représentant a estimé que la Commission devait renouer avec son mandat consistant à conseiller les organes de l’ONU sur les stratégies intégrées de consolidation de la paix après les conflits, à consacrer du temps et des ressources aux efforts de reconstruction et de renforcement des institutions et à constituer un forum de convergence pour les débats politiques liés aux transitions entre guerre et paix. Ce mandat, a-t-il poursuivi, doit être approché avec pragmatisme et souplesse, assorti de résultats précis et réalisables.
Le représentant a, par ailleurs, souligné que la Commission devait se concentrer sur les cas où son influence était la plus grande, se félicitant du rôle du Bureau d’appui à la consolidation de la paix au Burundi et en Sierra Leone. Il a trouvé particulièrement encourageant que la Commission juge indispensable la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) sur les femmes, la paix et la sécurité dans le processus de consolidation de la paix dans ces deux pays.
M. CHIJIOKE W. WIGWE (Nigéria), se ralliant à la position exprimée par la Jamaïque au nom du Mouvement des pays non alignés, a estimé que la Commission de consolidation de la paix s’était bien acquittée jusqu’à présent de sa tâche comme le montre l’organisation réussie de deux réunions spécifiques à des pays. Elle a ainsi identifié des domaines prioritaires pour les deux pays en question. Le représentant a toutefois précisé six points: l’organisation de réunions spécifiques aux pays offre la meilleure occasion de rapprocher la Commission des bénéficiaires de son travail; le Comité d’organisation devrait avoir des réunions plus régulières pour garantir que des décisions sont prises rapidement; la Commission de consolidation de la paix devrait effectuer des missions de visite dans les pays concernés; la Commission de consolidation de la paix devrait en outre accorder davantage de temps à la mobilisation de ressources et enfin, la Commission devrait axer ses travaux sur des mesures concrètes, étant donné que son succès dépendra des progrès réalisés dans les pays qu’elle a assistés après un conflit.
M. YOUNG-JIN CHOI (République de Corée) a affirmé que la consolidation de la paix des pays sortant d’un conflit représentait un défi majeur à la responsabilité des Nations Unies, garantes de la paix et de la sécurité internationales. Dans ces pays, la paix, le développement, les droits de l’homme et la démocratie sont menacés par de nouveaux risques de conflit. Le représentant a ajouté qu’il incombait aux États Membres de réduire ce risque. Poursuivant, M. Choi a déclaré que la Commission de consolidation de la paix avait précisément été créée pour renforcer la coordination des parties prenantes, au sein des Nations Unies et au-delà, à l’effort de reconstruction des sociétés passant de la guerre à la paix et au développement durables.
S’agissant des cas spécifiques du Burundi et de la Sierra Leone, le représentant a noté que les versements au Fonds de consolidation de la paix permettaient dès maintenant à la Commission de consolidation de la paix de fonctionner véritablement. Il a estimé que son efficacité et sa crédibilité seraient renforcées par le développement accru de la coopération qu’elle établirait avec le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et le Conseil économique et social (ECOSOC). Enfin, M. Choi a souligné qu’il était essentiel pour les pays sortant d’un conflit de prendre en main eux-mêmes le processus de redressement. Toutefois, en attendant que de telles situations voient le jour, il convient de déployer les efforts de consolidation de la paix en faveur des pays dépourvus de capacités institutionnelles et administratives suffisantes, a-t-il dit.
Mme MIRJANA MLADINEO (Croatie) a rappelé que son pays avait soutenu la création de la Commission de consolidation de la paix, organe dont le rôle est de suivre des voies novatrices dans la résolution de situations postconflit, a-t-elle précisé. L’objectif de la Commission est, à son avis, d’apporter une aide concrète aux efforts de reconstruction et de consolidation des institutions, et de poser les bases d’un développement durable. Les réunions consacrées aux deux pays qu’elle doit aider indiquent, à son avis, qu’elle était sur la bonne voie. Afin de gagner en efficacité, a-t-elle dit, il faudrait resserrer les liens qui existent entre le processus de maintien de la paix et d’édification de la paix, et, dans ce domaine, la coopération entre la Commission et le Conseil de sécurité est indispensable, a-t-elle dit. C’est pourquoi, a-t-elle estimé, la récente création d’un bureau intégré de l’ONU, à l’instar de ceux en place pour le Burundi et la Sierra Leone, constitue un pas dans la bonne direction. Affirmant que le débat actuel au Conseil de sécurité était particulièrement utile pour les deux pays qui sont à l’ordre du jour, la représentante a estimé que la Commission devrait élaborer une stratégie et une feuille de route avec des points de repère concrets et réalistes, facilitant les efforts des autorités nationales de mener à bien le processus de paix dans leurs pays respectifs.
M. RONALDO MOTA SARDENBERG (Brésil) s’est félicité de l’intérêt porté par le Conseil de sécurité aux positions des États Membres dans l’établissement d’un premier bilan de la Commission de consolidation de la paix. Le Brésil, a expliqué le représentant, demande depuis plus de 10 ans la création d’un mécanisme capable d’établir des liens solides entre pacification, consolidation de la paix et développement durable. Il ne s’agit pas d’étapes successives d’un processus, mais plutôt d’un ensemble d’actions complémentaires visant à permettre à un pays en conflit ou émergeant d’une guerre de bâtir une paix durable et une société juste et viable, a-t-il dit.
Le représentant a, par ailleurs, estimé que la CCP pourrait avoir une meilleure représentativité en ne se cantonnant pas aux donateurs traditionnels. Rappelant que même si la Commission est étroitement liée au Conseil de sécurité, elle devait néanmoins rendre des comptes aux États Membres, dont la représentation la plus démocratique est incarnée par l’Assemblée générale. Le nouvel organe a donc encore du travail à faire pour améliorer ses méthodes de travail s’il veut agir de manière efficace, a-t-il estimé. Il est en effet préoccupant à son avis que trop peu d’attention ait été portée à l’élaboration des méthodes procédurales, ce qui a conduit à de longs débats stériles sur des questions peu pertinentes. Après avoir salué le choix du Burundi et de la Sierra Leone pour une intervention post-conflictuelle de la Commission, le représentant a néanmoins estimé que celle-ci avait également un rôle à jouer dans les pays encore en guerre pour les aider à définir des stratégies de sortie de crise.
M. JORGE SKINNER-KLÉE (Guatemala) a rappelé que l’on avait coutume de dire que la moitié des pays qui concluent des accords de paix après avoir connu un conflit risquent de tomber à nouveau dans la guerre. Compte tenu de son expérience historique, le Guatemala estime qu’il pourrait contribuer utilement aux travaux de la Commission de consolidation de la paix. En dépit des progrès significatifs, a-t-il cependant fait remarquer, la société guatémaltèque n’est toujours pas pleinement réconciliée, 10 ans après la signature des accords de paix. Il lui convient encore d’asseoir les bases d’une société plus équitable et participative, de raccommoder le tissu social et de créer des possibilités de développement sans exclusion. Le Guatemala est convaincu que la Commission de consolidation de la paix a comblé une grande lacune dans le système des Nations Unies. Avec elle, a conclu le représentant, l’ONU dispose d’un système complet pour traiter et éradiquer toutes les étapes d’un conflit, de la prévention, à la consolidation de la paix en passant par son maintien.
M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a indiqué que pour son pays, la création de la Commission de consolidation de la paix constituait, à l’égal de la création du Conseil des droits de l’homme, un des résultats les plus concrets dans l’actuel processus de réforme de l’ONU. Non seulement, a rappelé M. Rosselli, les pays sortant de la guerre ont besoin d’une assistance mais ils ont aussi besoin d’être aidés pour ne pas y retomber rapidement. Évoquant le cas d’Haïti, le représentant de l’Uruguay a rappelé que l’on en était à la cinquième mission de stabilisation dans ce pays. Cela illustre, selon lui, le coût élevé qu’il faut payer quand l’attention et l’aide internationales privilégient la fin de la violence armée en négligeant les autres dimensions du conflit.
Le représentant de l’Uruguay a réaffirmé que son pays attachait une grande importance à l’action de consolidation de la paix, rappelant qu’il occupait le septième rang parmi les contributeurs de troupes dans les opérations des Nations Unies. Il jouit donc d’une grande expérience en la matière. L’Uruguay regrette donc la faible représentation de l’Amérique latine et des Caraïbes au sein de la Commission de consolidation de la paix. Le représentant a estimé que la composition de la Commission doit refléter la participation des pays impliqués dans les missions de maintien de la paix, afin de prendre en compte les recommandations des différents acteurs impliqués. L’Uruguay renouvelle son engagement et réitère sa vocation à faire partie de la Commission de consolidation de la paix, une Commission qui doit puiser, selon lui, dans l’expérience des pays engagés dans la préservation de la paix mondiale.
M. MAGED A. ABDELAZIZ (Égypte) a estimé essentielle une complémentarité des trois organes chapeautant la Commission de consolidation de la paix, à savoir le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et le Conseil économique et social. S’il estime qu’il est trop tôt pour dresser un bilan du travail de la Commission de consolidation de la paix, il pense toutefois que l’on peut d’ores et déjà lui adresser un certain nombre d’observations, notamment en ce qui concerne son règlement intérieur. Les derniers mois ont démontré que la règle du consensus avait ses avantages et ses inconvénients. Ceux-ci ont prouvé qu’il y avait un grand besoin de règles de procédure précises régissant les activités de la Commission en l’absence de précédents. Des améliorations institutionnelles s’avèrent indispensables, a estimé le représentant de l’Égypte. Par ailleurs, il a estimé qu’il ne doit pas y avoir de discrimination entre pays donateurs et non-donateurs, ni de relations spéciales entre donateurs. Il a rejeté l’idée de transformer la Commission en un conseil de tutelle qui placerait sous son contrôle l’avenir des pays émergeant d’un conflit. Notre approche face à la consolidation de la paix est basée sur la transparence et sur la responsabilité commune du Conseil de sécurité, de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social sans qu’aucun de ces organes ne prenne le dessus, a ajouté le représentant de l’Égypte.
M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a affirmé que la Commission était un outil fondamental qui permettra à l’avenir d’entreprendre directement une action coordonnée en faveur de la reconstruction dans les pays sortant d’un conflit. Dans ce cadre, a-t-il dit, l’établissement du Fonds de consolidation de la paix devrait permettre à la communauté internationale à la fois d’agir pour répondre aux besoins d’urgence durant la phase de redressement, et à accompagner les efforts de reconstruction postconflit à long terme.
Le représentant s’est ensuite félicité de ce que la Commission de consolidation de la paix ait déjà tenu des réunions spécifiques consacrées au Burundi et à la Sierra Leone, et ce, en présence de membres des gouvernements des deux pays. À cet égard, M. García Moritán a estimé qu’il serait judicieux d’entendre, à chaque fois que cela est possible, les commentaires et recommandations des représentants des autorités locales et des gouvernements des pays inscrits à l’ordre du jour de la Commission. Ces informations complémentaires contribueraient à mieux identifier les priorités et à évaluer les ressources requises en tenant compte des besoins clairement définis.
M. ZAHIR TANIN (Afghanistan) a déclaré que l’établissement de la Commission de consolidation de la paix, le 20 décembre 2005, avait marqué une étape majeure en vue de faire des Nations Unies une organisation internationale plus efficace. Il a également marqué un tournant dans les efforts déployés par l’ONU en matière de paix, de stabilité et de développement dans les pays sortant d’un conflit et en reconstruction. Le représentant a ajouté que son pays, émergeant de plus de deux décennies de conflit armé, a été en mesure de faire face aux défis liés à la consolidation de la paix. Basée sur notre expérience, nous estimons qu’il convient de privilégier une stratégie reposant sur une coopération qui tienne compte des aspects favorables au développement économique et social, a-t-il dit. De même, la consolidation de la paix doit s’appuyer sur une bonne gouvernance, le respect des droits de l’homme et de l’état de droit ainsi que sur un engagement conjoint de la communauté internationale et des autorités nationales d’un pays donné. C’est en ce sens que le représentant a souligné l’importance pour les pays sortant d’un conflit d’assurer eux-mêmes le processus de consolidation de la paix, conformément au vœu de l’ancien Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan. Enfin, M. Tanin a estimé qu’il était essentiel de se pencher sur les facteurs internes et externes contribuant à l’insécurité dans tel ou tel pays. Il faut que la communauté internationale contribue davantage au renforcement des capacités des institutions nationales chargées de la sécurité des pays soutenus par la Commission de consolidation de la paix, a-t-il préconisé.
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