En cours au Siège de l'ONU

CPSD/384

LES ÉTATS MEMBRES SOUTIENNENT L’ADAPTATION DU DÉPARTEMENT DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX AUX DÉFIS QUI SE POSENT DANS CE DOMAINE

2/11/2007
Assemblée généraleCPSD/384
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Quatrième Commission

15e séance – matin


LES ÉTATS MEMBRES SOUTIENNENT L’ADAPTATION DU DÉPARTEMENT DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX AUX DÉFIS QUI SE POSENT DANS CE DOMAINE


Des délégations soulignent qu’il faut améliorer la représentativité régionale et la transparence dans les recrutements des personnels gérant le maintien de la paix


La Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) a poursuivi ce matin son débat général sur les opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects.  L’ensemble des délégations a reconnu que la réforme en cours des structures de maintien de la paix de l’ONU était nécessaire, bien que plusieurs d’entre elles aient tenu à souligner des problèmes persistants dans ce domaine.


Les principaux États contributeurs de troupes se sont accordés à dénoncer leur manque de représentativité au sein du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP); une sous-représentation qui va à l’encontre de l’importance de leur poids dans la participation aux opérations de l’ONU, et qui doit être pris en compte dans le processus actuel de réforme, ont-elles estimé.  Le représentant de la Malaisie a ainsi reconnu que l’ONU avait besoin de personnels qualifiés pour relever les défis du maintien de la paix, mais a rappelé que cela ne devait pas se faire au détriment d’une représentation géographique équitable.


De nombreuses délégations, dont celle de l’Ukraine, ont demandé que soit établie une meilleure coopération et une communication plus efficace entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes, ces interactions étant, à leur avis, un des éléments clefs de la réussite d’une opération de maintien de la paix.


Les discussions relatives à la représentativité géographique se sont souvent accompagnées d’interrogations sur le processus de recrutement en place au Département des opérations de maintien de la paix.  Certaines délégations se sont ainsi inquiétées de ce qu’elles ont estimé être un « manque de transparence » dans ce processus.  Elles ont notamment indiqué qu’elles tenaient à faire part de ces craintes au moment où de nouveaux postes de responsabilité se créent au sein de ce Département et du nouveau Département d’appui aux missions.


Certaines délégations ont également mis en évidence les limites de l’Organisation dans le domaine du maintien de la paix, et ont donc plaidé pour que des solutions innovantes et pertinentes, comme le développement de partenariats entre l’ONU et les organisations régionales, soient mieux prises en considération et développées.  A ce sujet, la représentante de l’Indonésie a estimé que la demande croissante en opérations de maintien de la paix adressée aux Nations Unies par la communauté internationale justifiait la mise en place d’« une division du travail efficace » basée sur le respect de l’application du principe des avantages comparatifs et de la complémentarité.


La Quatrième Commission se réunira lundi, le 5 novembre, à 15h, pour conclure ses travaux sur la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects.



ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS


Débat général


M. ZACHARY D. MUBURI-MUITA (Kenya) a déploré la tendance actuelle à ne pas distinguer assez clairement la démarcation entre les missions de maintien de la paix et celles de consolidation de la paix.  Concernant plus particulièrement les défis touchant les contingents engagés dans des opérations de maintien de la paix, le représentant du Kenya estime que, dans la pratique, il y a toujours un déficit dans l’information transmise depuis le Siège des Nations Unies en direction des pays contributeurs de troupes concernant la planification et la configuration des unités.  La délégation kényenne appelle le Département des opérations de maintien de la paix à s’assurer que l’information fournie est aussi exacte que possible.


Le Kenya se félicite du bilan positif tiré des partenariats entre les Nations Unies et les organisations régionales, en particulier du soutien apporté par l’ONU à l’Union africaine.  Concernant la logistique pour approvisionner les missions, celle-ci suppose à l’heure actuelle de nombreux mouvements maritimes et aériens entre l’Europe et l’Afrique.  Le Kenya appelle donc les Nations Unies à envisager des mesures d’économie en faisant preuve de pragmatisme en profitant des ports, aéroports et entrepôts en Afrique et en optimisant l’utilisation des antennes de l’ONU à Nairobi.


M. YUN YONG LEE (République populaire démocratique de Corée) a estimé que la pratique consistant à créer des opérations de maintien de la paix pour servir les intérêts nationaux de pays particuliers au sein du Conseil de sécurité risque fortement de porter atteinte à la crédibilité des Nations Unies dans leur ensemble.  Il convient donc de s’intéresser avec la plus grande attention au caractère inéquitable et à la propension du Conseil de sécurité à appliquer une politique de deux poids deux mesures, a-t-il dit.  Il faut accorder toute notre attention à cette situation, tant pour l’exercice de l’autorité de l’Assemblée générale qu’à la lumière de l’exigence du processus de réforme en cours.


En outre, les principes de respect de la souveraineté, d’intégrité territoriale, d’indépendance, de non ingérence dans les affaires intérieures, ainsi que le consentement des parties concernées, se doivent d’être respectés dans les opérations de maintien de la paix.  Cela suppose des mesures pratiques, par exemple, en achevant les opérations qui durent plus que nécessaires ou qui ont échoué à assurer le retour à la paix et à la sécurité.  Il est aussi nécessaire d’alléger le fardeau financier croissant que supportent les États Membres pour faire face à l’augmentation des opérations, alors que dans le même temps les crédits pour le développement demeurent insuffisants.  La délégation de la République populaire démocratique de Corée propose que les contributions jusqu’ici obligatoires pour les opérations de maintien de la paix se fassent à l’avenir sur une base volontaire à partie d’un fonds spécial.


Mme ADIYATWIDI ADIWOSO ASMADY (Indonésie) a déclaré s’associer à la déclaration faite par le Maroc au nom du Mouvement des pays non alignés (NAM).  Elle a dit qu’elle était convaincue que les trois principes de base qui régissent le maintien de la paix, à savoir le consentement de l’État hôte, l’impartialité, et le non usage de la force sauf en cas de légitime défense, demeuraient essentiels pour la conduite des opérations.  Ces principes, associés à un mandat clair et réaliste, sont une condition de réussite pour toute opération, a-t-elle souligné et c’est pourquoi on doit s’en servir comme base lors de l’élaboration de la « doctrine Capstone ».  Elle a mis en garde contre l’adoption de tout document qui s’éloignerait de ces principes et dont la considération présupposerait qu’il y avait accord là où ce n’est clairement pas le cas.  La représentante a cité en exemple l’introduction dans la conduite des opérations de maintien de la paix, du concept d’« usage de la force avec retenue » qui s’éloigne clairement des principes précédemment cités.  Rappelant le rôle joué par le Conseil de sécurité dans ce domaine, elle a déclaré que « les soldats du maintien de la paix ne peuvent utiliser la force que dans les cas de légitime défense, à moins qu’il n’en ait été décidé autrement par le Conseil de sécurité lors de la rédaction du mandat confié à la mission ».


Elle s’est prononcée en faveur du concept de centres de formation intégrée et a tenu à rappeler qu’il ne fallait pas « accabler » les soldats avec des tâches trop complexes qui s’étendent désormais de la conduite d’élections, à la réforme du secteur de la sécurité ou au désarmement, à démobilisation et à la réintégration des ex-combattants.  Les modules de formation de courte durée ne les préparent pas forcément à ces tâches, ce qui peut contribuer à amoindrir la crédibilité locale de l’ONU, a estimé la représentante de l’Indonésie.  Selon elle, les programmes de formation doivent être établis à la suite de rencontres régulières entre les pays contributeurs de troupes, le DOMP et le Département d’appui aux opérations (DAO).  Dans la même optique, elle a plaidé en faveur de consultations entre les pays contributeurs de troupes et le Conseil de sécurité, consultations qui doivent avoir lieu suffisamment tôt pour pouvoir intégrer les points de vue des pays dans la prise de décision.  En ce qui concerne les partenariats entre l’ONU et les organisations régionales, la représentante de l’Indonésie s’est prononcée en faveur d’une division du travail « efficace ».  Compte tenu de l’importante demande relative au maintien de la paix, tant du point de vue du nombre des opérations que de la diversité des tâches qui leur sont confiées, ces partenariats doivent être basés sur le principe des avantages comparatifs.  Elle a déclaré que la réforme en cours du DOMP, dont elle s’est félicitée, devait se concentrer sur des sujets tels que la sécurité, l’unité de commandement à tous les niveaux, et l’étroite coopération et communication avec les pays contributeurs de troupes.


M. HAMID CHABAR (Maroc) a déclaré que les réformes initiées dans le domaine du maintien de la paix devaient continuer à être mises en œuvre à travers une consultation soutenue avec les États Membres et, particulièrement, avec les pays fournisseurs de troupes et de police.  Rappelant les nouveaux défis auxquels les opérations de maintien de la paix doivent faire face, et leur caractère de plus en plus multidimensionnel, il a cependant estimé que le succès des opérations était lié à des facteurs indépendants, tels que le réalisme des mandats donné par le Conseil de sécurité aux missions de maintien de la paix et la coopération triangulaire entre le Secrétariat, les pays fournisseurs de troupes et les instances de planification et de mise en œuvre des mandats.  Compte tenu du fait que 75% des Casques bleus onusiens sont déployés en Afrique, le Maroc a appelé à une poursuite des efforts déployés par l’ONU en faveur de la stabilisation de ce continent car, « le recul de la conflictualité est la condition sine qua non pour asseoir les bases d’un développement durable », a-t-il rappelé. 


Concernant les problèmes d’exploitation sexuelle, il a déclaré que le Gouvernement du Maroc souhaitait que le Secrétariat entame rapidement des discussions avec les pays fournisseurs de troupes pour réviser les mémorandums d’accords afin d’y inclure les dispositions discutées par le Comité spécial des opérations de maintien de la paix (C34).  Ce même Comité recommande également, et c’est une recommandation qu’appuie le Maroc, que l’ONU prenne des mesures pour rétablir la crédibilité et l’honneur des opérations de maintien de la paix et des pays fournisseurs lorsque des accusations portées à leur égard s’avèrent non vérifiées, a dit M. Chabar.


Il a également estimé qu’une meilleure représentation géographique, surtout pour les pays contributeurs de troupes, devait être prise en compte dans la mise en œuvre des réformes des deux départements en charge du maintien de la paix, et particulièrement au niveau des postes à responsabilité.  Enfin, il a proposé la tenue, l’année prochaine, en marge de la soixante-troisième session de l’Assemblée générale et à l’occasion du soixantième anniversaire de la première opération de maintien de la paix de l’ONU, d’un segment de haut niveau sur les questions du maintien de la paix.  « L’objectif étant de sensibiliser la communauté internationale à cette importante activité qui est devenue, par excellence, la première activité de l’ONU », a-t-il conclu.


M. BAL KRISHNA DAHAL (Népal) a déclaré soutenir le renforcement des capacités de l’Organisation à travers la réforme en cours du DOMP et la création du nouveau DAO.  Il a dit espérer que les fonctions de commandement, de contrôle et d’appui aux opérations soient efficacement coordonnées pour contribuer au succès des opérations sur le terrain.  Il a rappelé que son pays était le quatrième pays contributeur de troupes et de police à l’ONU et que son gouvernement avait récemment décidé d’accroître sa participation jusqu’à un niveau de 5 000 personnes à tout moment, personnel qui sera disponible dès lors que l’ONU en exprimera le besoin.  Son statut d’important contributeur de troupes conduit le Népal à s’inquiéter du nombre croissant de victimes au sein du personnel des opérations de l’ONU et, par conséquent, a appelé le Secrétariat à prendre toutes les mesures possibles pour assurer sur le terrain la sécurité et la sûreté du personnel.  Dans la même optique, il a exprimé le désir de voir le travail des Cellules d'analyse conjointe de la Mission (JMAC) se concentrer sur l’obtention d’indicateurs d’alerte précoce relatifs à la sécurité et à la sûreté du personnel sur le terrain.


Au sujet des questions de discipline, et notamment des questions d’exploitations sexuelles, il a estimé que l’ONU devait réformer son système d’investigation pour rendre ses procédures plus rapides et ainsi permettre aux pays contributeurs de troupes ou de police de prendre des mesures plus rapidement.  Il a ici renvoyé aux recommandations du Bureau des services de contrôle interne (BSCI) contenues dans le rapport de ce dernier sur l’amélioration de l’efficacité du Siège des Nations Unies.  Enfin, le représentant du Népal a plaidé en faveur d’une meilleure représentation des pays contributeurs de troupes et de police au sein du DOMP et du Département d’appui aux missions, afin de tenir compte de leur contribution aux opérations et de répondre aux critères de la représentation géographique équitable.  Il a rappelé que ce principe devait également s’appliquer aux capacités de police permanente, dont il a par ailleurs soutenu le concept.


M. LIU ZHENMIN (Chine) a d’abord évoqué les différentes missions de maintien de la paix en cours puis a mentionné les problèmes qui se posent à elles, notamment en matière d’efficacité pure et de rapport coût/efficacité.  Les États Membres doivent absolument se consulter en veillant au respect des principes fondateurs régissant les opérations de maintien de la paix, a-t-il souligné.  Jusqu’ici, celles-ci ont bénéficié d’un large accord, a-t-il reconnu.  Le représentant a émis le souhait que le recrutement des personnels puisse continuer à se faire de manière à disposer de personnes compétentes.  Il a estimé que l’optimisation de la gestion des ressources devait rester une des préoccupations de l’ONU.  Il a constaté que les organisations régionales et sous-régionales jouaient un rôle de plus en plus important, leur action complétant celle de l’ONU.  Cette dernière se doit d’appuyer l’Union africaine de manière encore plus substantielle, a-t-il recommandé.  La Chine a été un partenaire actif dans les opérations de maintien de la paix, a affirmé le représentant, en indiquant que son pays contribuait de manière importante aux opérations avec des personnels déployés dans 14 pays.  Des unités chinoises du génie militaire doivent être déployées au Darfour, a-t-il annoncé.


M. MOHAMMAD AL-ALLAF (Jordanie) a annoncé que son pays était en train de réviser sa doctrine en matière de contribution au maintien de la paix, en allant dans le sens d’une plus grande proportion de femmes parmi les personnels fournis aux Nations Unies.  Par ailleurs, la Jordanie est d’avis qu’il est nécessaire de renforcer la coordination entre les Nations Unies et les pays contributeurs de Casques bleus, a dit M. Al-Allaf.  Le partage des expériences ne peut que contribuer à renforcer l’efficacité des soldats de la paix, tout en contribuant à l’amélioration de leur sécurité, a souligné le représentant.  Ce dernier point est en effet une préoccupation majeure de la Jordanie, a-t-il indiqué.  Révélant qu’il avait lui-même été Casque bleu, M. Al-Allaf a expliqué avoir été témoin des conditions très dangereuses auxquelles les soldats de l’ONU font face.  Il a rendu hommage aux « collègues présents sur le terrain pour une noble cause ».  La Jordanie constate que la nature des opérations est aujourd’hui plus risquée qu’elle ne l’était auparavant, et que ces missions sont devenues politiquement plus sensibles.  Or, l’interaction entre les pays contributeurs de troupes et le Conseil de sécurité se concentre plus sur l’aspect opérationnel que sur les processus politique et institutionnel.  La Jordanie estime qu’il est essentiel que s’établisse une relation interactive sur les questions politiques affectant les opérations de maintien de la paix, a dit le représentant.


M. TAKAHIRO SHINYO (Japon) a estimé que la Mission des Nations Unies au Darfour représentait un défi car il s’agit de l’opération la plus ambitieuse jamais lancée par l’Organisation, y compris sur le plan financier.  La reconfiguration du DOMP est le second grand défi auquel est confrontée l’Organisation, a estimé M. Shinyo.  Cette réforme se fait en même temps que le Conseil de sécurité établit des missions difficiles, a-t-il fait remarquer, tout en reconnaissant que cette restructuration avait elle-même été provoquée par le lancement de ce nouveau type d’opérations délicates.


La délégation du Japon estime que l’ONU doit se pencher sur la problématique de la sortie des missions du cadre dans lequel elles ont opéré.  La plupart des missions multidimensionnelles peuvent atteindre le but qui leur est fixé, a estimé le représentant, car elles disposent de nombreux outils pour y parvenir.  Le Japon attend beaucoup du Bureau de l’état de droit qui vient d’être établi au sein du DOMP, a dit M. Shinyo, en déclarant que pour remettre un pays sur pied, il convient d’avoir une stratégie de rétablissement de l’état de droit.  Le Japon se félicite par ailleurs de l’effort que fait le DOMP pour définir une doctrine de base, dite doctrine « clef de voûte ».


Le maintien de la paix étant confronté au problème de la qualité des personnels recrutés, le représentant du Japon s’est dit heureux d’annoncer que son pays avait mis à la disposition de deux missions de l’ONU, des forces de police bien formées et disciplinées.  En outre, le Japon a lancé un programme de formation d’« agents de la paix » en Asie cette année, l’objectif étant de former des personnels civils aptes à effectuer du bon travail de terrain.  Concernant le recrutement du personnel civil, l’orateur a déploré le déséquilibre géographique que l’on constate dans la composition des personnels retenus.


M. SUM TIONG KIAN (Singapour) s’est interrogé sur les conséquences de l’importance de la  demande relative aux activités de maintien de la paix, dont le niveau est sans précédent. « Jusqu’où peut-on aller? Pourrons-nous tenir le rythme? » s’est-il inquiété.  Il a considéré que les partenariats régionaux, tel que celui de l’opération hybride ONU-Union africaine prévue au Darfour et celle de la Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT), les capacités de déploiement rapide; et l’externalisation, au niveau local, de certains services de logistique ou de maintenance, pouvaient être des solutions créatives et fiables.  Il a rappelé que si le DOMP était capable de trouver suffisamment de contingents pour répondre à la demande croissante, il fallait veiller à ce que cela ne se fasse pas au détriment de l’efficacité et de la crédibilité des missions.  Il a estimé que c’était là l’enjeu de la réforme en cours et a rappelé que la délégation de Singapour s’était prononcée en faveur de réunions informelles entre le Secrétariat, les pays contributeurs de troupes et les États Membres afin de répondre de manière plus efficace à ces défis.  Ces réunions seraient également l’occasion pour le Secrétariat de pouvoir répondre aux interrogations des délégations concernant les responsabilités, encore trop mal définies, attribuées aux deux Départements.


Le représentant de Singapour a également déploré le fait que le processus de recrutement en vigueur dans les deux Départements en charge du maintien de la paix ne soit toujours pas complet, et que ces deux entités n’aient pas encore tout le personnel dont elles ont besoin.  Il a rappelé ici que le Secrétaire général adjoint du Département d’appui aux missions n’était toujours pas nommé.  « C’est seulement avec une équipe complète que les objectifs du Secrétaire général sur la réforme pourront être atteints », a-t-il souligné.  À ce sujet, il a plaidé en faveur de davantage de transparence dans le processus de recrutement et d’égalité dans la représentation géographique au Siège.  Enfin, concernant la doctrine « Capstone », il a estimé que son élaboration nécessitait à l’heure actuelle davantage de consultations puisqu’il y a encore des points de vue divergents sur l’actualisation des principes directeurs.  « Les principes directeurs de cette doctrine  ne peuvent être considérés comme un substitut à un mandat clair et réaliste du Conseil de sécurité », a-t-il tenu à rappeler.


Mme FRIEDA N. ITHETE (Namibie) a expliqué que les chercheurs avaient calculé que les guerres avaient coûté plus de 284 milliards de dollars à l’Afrique ces 17 dernières années, et qu’en moyenne les économies avait décru de 15%.  Mais dans le même temps, le coût des opérations de maintien de la paix est devenu abusif, pour la représentante de la Namibie, qui a souligné la nécessité de se recentrer sur la prévention des conflits en développant les capacités d’alerte précoce.  Mme Ithete a ensuite évoqué la participation de son pays aux opérations de maintien de la paix, au Darfour en particulier, en soulignant la volonté de la Namibie de favoriser une participation accrue des femmes.  Le Service de formation intégrée de l’ONU pourrait organiser un cours de formation d’observateurs militaires en Namibie en 2008, a suggéré l’oratrice, qui a souligné que son pays serait heureux d’accueillir ses participants.


M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a souscrit à la déclaration faite hier par le Portugal au nom de l’Union européenne (UE).  Il a déclaré que les États Membres, le Conseil de sécurité et le Secrétariat devaient travailler en étroite collaboration afin de trouver les réponses adéquates aux nouveaux défis du maintien de la paix dans le monde.  Il s’est félicité de la mise en œuvre d’une approche intégrée dans la planification des missions et a encouragé le travail du Secrétariat avec les États Membres pour que les mécanismes respectifs de mise à disposition des ressources pour un déploiement rapide puissent être totalement opérationnels.  Il s’est prononcé en faveur de la proposition faite par l’UE relative à la possibilité d’effectuer des visites de reconnaissance sur le terrain avant l’établissement d’une mission.  Il a également dit partager les inquiétudes exprimées par certaines délégations au sujet du manque de transparence dans le processus de recrutement concernant les nouveaux postes au sein des deux Départements en charge du maintien de la paix.  Il a estimé que ce processus devait donner la priorité aux plus importants pays contributeurs de troupes. 


Il s’est inquiété des risques sécuritaires encourus par le personnel des Nations Unies sur le terrain et a déclaré qu’il fallait, de façon urgente, améliorer la collecte et l’analyse des informations sur le terrain qui visent à gérer et prévenir les menaces auxquelles fait face le personnel.  Il a estimé que le développement de partenariats avec des organisations régionales pourraient aider les Nations Unies à relever les défis du maintien de la paix.  Par conséquent, il a appelé la communauté internationale à apporter tout son soutien et toute son aide au renforcement des capacités de ces organisations régionales, et en particulier à l’Union africaine.  Enfin, il a rappelé que davantage d’interaction entre le Département des opérations de maintien de la paix et les États contributeurs de troupes était un des éléments clefs de la réussite des activités de maintien de la paix.


M. HOSSEIN MALEKI (République islamique d’Iran) a souligné que les principes de souveraineté, d’indépendance politique et d’intégrité territoriale auxquels ont droit tous les États, ainsi que la non-intervention dans les affaires relevant de leur juridiction nationale, devaient être pleinement pris en considération du début jusqu’à la fin des opérations de maintien de la paix.  L’orateur a souligné l’importance du rôle que devrait tenir le nouveau Département d’appui aux missions de maintien de la paix en termes de formation et d’évaluation.  L’Iran souhaite que tous les soldats de la paix œuvrent à préserver l’image et la réputation des Nations Unies, a dit M. Maleki.  L’impunité ne peut être tolérée et le moindre écart devrait être sanctionné, a-t-il recommandé.


La capacité de maintien de la paix doit être renforcée au lieu de chercher à régionaliser la conduite des missions, a-t-il souligné.  Les opinions de tous les États Membres doivent être prises en compte par le Secrétariat.  Le Comité spécial devrait être la seule instance des Nations Unies mandatée pour examiner toutes les questions relatives aux opérations de maintien de la paix, a souligné le représentant.  Enfin, l’Iran condamne toute atteinte à la vie des soldats de la paix quels qu’en soient les motivations et les auteurs.  Il appelle à l’amélioration du recrutement et à remédier au déséquilibre géographique auquel on assiste en ce moment.


M. BAGUDU M. HIRSE(Nigéria) a rappelé que son pays faisait partie des plus importants contributeurs de troupes, de police et de contingents civils aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  Il a estimé que la contribution du Nigéria à la force hybride ONU-Union africaine au Darfour (MINUAD) méritait d’être particulièrement soulignée.  Il a déclaré que la pauvreté, la détresse humanitaire, la faim, le chômage des jeunes et la mauvaise gouvernance étaient les principales causes des conflits en Afrique, et a donc plaidé en faveur de leur prise en compte systématique dans les mécanismes de consolidation de la paix.  Il a condamné les actes d’exploitation sexuelle perpétrés par des Casques bleus et a rappelé que la seule manière de rétablir la crédibilité et l’image des Nations Unies était de prendre des mesures concrètes à cet égard.  Il a donc apporté tout son soutien à la politique de tolérance zéro de l’ONU en la matière.


Il s’est félicité de l’élaboration en cours de la doctrine « Capstone » et a cependant rappelé que ce document devait faire l’objet d’un consensus entre les États Membres avant de devenir le document de référence en matière de maintien de la paix.  Il a ici apporté tout son soutien à la remarque des États membres du Mouvement des non-alignés qui affirment que les opérations de maintien de la paix doivent rester fondées sur les principes de base qui ont toujours été en vigueur en la matière, c'est-à-dire le consentement de l’État hôte, l’impartialité, et le non-recours à la force sauf en cas de légitime défense.  Tout en apportant son soutien à la réforme en cours au sein du DOMP et à la création du Département d’appui aux missions, il s’est interrogé sur les implications que cela aurait sur l’unité de commandement.  Il a, dans ce cadre, encouragé des consultations entre les deux Départements et les pays contributeurs de troupes.  Enfin, il a plaidé en faveur d’une meilleure représentation de ces pays au sein du DOMP, et notamment aux postes à responsabilité élevée du Département.


M. RAYMOND WOLFE (Jamaïque) a évoqué les immenses défis auxquels sont confrontées les Nations Unies dans l’accomplissement de l’un de leurs objectifs premiers.  Il a estimé qu’avec l’augmentation des missions de maintien de la paix, les capacités de l’ONU à répondre de façon efficace à leurs besoins avaient été largement dépassées, alors qu’au moment où cette demande s’accroît, le contexte financier prévalant à l’Organisation est marqué par l’austérité.  La Jamaïque se félicite par conséquent de la restructuration du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP).  En essayant de réduire le nombre des conflits, nous nous obligeons à mener une concertation étroite avec la Commission de consolidation de la paix, a dit M. Wolfe.  Après avoir évoqué la contribution « modeste » de la Jamaïque au maintien de la paix, le représentant a salué les efforts effectués pour améliorer les normes de conduite des personnels évoluant sur le terrain.  Il s’est félicité de la diminution du nombre de cas d’abus sexuels qui nuisent à l’image de l’ONU.  Enfin, l’orateur a souligné la préoccupation de son pays sur tout ce qui a trait à la sécurité des soldats de la paix qui risquent quotidiennement leur vie.  Améliorer la sécurité des personnels et des Casques bleus doit devenir une priorité, a-t-il conclu.


            M. LOH SENG KOK (Malaisie) a déclaré que la Malaisie s’alignait sur la déclaration faite par le Maroc au nom des États Membres du Mouvement des pays non alignés.  Il a considéré que le maintien de la paix était un des rôles primordiaux confiés aux Nations Unies et que l’Organisation pouvait être fière de ses réalisations dans ce domaine.  Il a rappelé que le progrès économique et social ne pouvait être possible que par le maintien de la paix et de la sécurité internationales, et c’est donc là un rôle important pour les opérations de l’ONU.  Les nouveaux défis qui se posent dans ce domaine sont impossibles à relever sans le soutien des organisations régionales, des ONG, des États Membres et de l’ensemble du système des Nations Unies, a-t-il estimé.  Par conséquent, il s’est félicité des mécanismes mis en œuvre au DOMP pour établir des synergies entre le Département, les autres entités des Nations Unies et les entités gouvernementales ou non gouvernementales, afin d’optimiser les efforts collectifs entrepris.   Concernant l’élaboration de la doctrine de l’ONU relative au maintien de la paix, il a plaidé en faveur d’un rôle plus actif de l’Unité des bonnes pratiques du maintien de la paix dans l’élaboration de lignes directrices, et a rappelé que la doctrine « Capstone » devra être un document vivant, destiné à être adapté aux évolutions du maintien de la paix. 


La montée en puissance des opérations de maintien de la paix reflètent la confiance internationale dont bénéficie l’ONU, a estimé le représentant de la Malaisie. Par conséquent, l’Organisation doit bénéficier d’un réservoir de personnels qualifiés pour répondre à ces défis, mais cela doit tenir compte du principe de l’égalité dans la représentation géographique, a-t-il souligné.  Il a noté que la restructuration en cours du DOMP aura des conséquences financières alors que les ressources de l’ONU sont déjà mises à mal, et il a donc appelé les États Membres, et surtout ceux qui en ont les moyens, à accroître leurs contributions volontaires au budget.  « Ceux qui ont du personnel militaire bien équipé et bien formé doivent accroître leur participation », a-t-il déclaré.  Il a reconnu l’utilité des partenariats entre les Nations Unies et les organisations régionales et a, par conséquent, appelé l’ONU à continuer à apporter tout son soutien au renforcement des capacités de ces organisations.  Il a également rappelé qu’il fallait vieller à ce que les opérations entreprises avec ces organisations le soient sur la base des principes fondamentaux du maintien de la paix et de la Charte des Nations Unies.  


M. FRANCIS K. BUTAGIRA (Ouganda) s’est dit très optimiste sur le résultat de la création d’une deuxième entité, le Département d’appui aux missions, aux côtés du Département de maintien de la paix.  L’Ouganda étant le seul contributeur en personnel à la Mission en Somalie, le représentant de ce pays a appelé les États Membres à s’engager.  Il faut s’engager dans ce pays, a-t-il insisté, même s’il n’y a pas de paix à y garder.  C’est manifestement ce que l’on s’apprête à faire au Darfour, a-t-il souligné, en rendant hommage aux Casques bleus qui mettent en jeu leur vie en s’engageant dans les missions onusiennes.


M. ELMER G. CATO (Philippines) a déclaré que sa délégation souscrivait à la déclaration faite par le Maroc au nom des États Membres du Mouvement des pays non alignés.  Il a plaidé en faveur de relations plus étroites entre le DOMP et le Département de l’information (DPI) afin que les informations relatives au maintien de la paix soient davantage mieux propagées, et pour que le rôle joué par les pays contributeurs de troupes soit mieux connu.  Il s’est dit inquiet du fait que des cas d’exploitation sexuelle continuent de se produire, et a estimé que cela démontrait que des progrès restaient à accomplir dans ce domaine.  Il a qualifié la politique de « tolérance zéro » des Nations Unies comme « un pas dans la bonne direction », et a précisé que son pays continuait à mettre en œuvre sa propre politique en la matière en ce qui concerne ses soldats.


Concernant les problèmes de sûreté et de sécurité des soldats de la paix des Nations Unies, il a précisé qu’il ne fallait pas se limiter à l’analyse des menaces provenant d’actions hostiles armées, mais aussi aux autres, telle que les maladies, qui pourraient être évitées avec une formation appropriée.  Il a rappelé que son pays comptait parmi les plus grands contributeurs en force de police aux opérations de l’ONU, et a déclaré que cette participation pourrait être encore plus importante s’il pouvait développer des partenariats avec des pays qui ont les capacités nécessaires.  Il a par conséquent lancé un appel en ce sens là, rappelant qu’il fallait que tous les Étas Membres « partagent le fardeau du maintien de la paix ». 


M. RICHARD MCCURRY (États-Unis) a déclaré que chaque État Membre était responsable de ses ressortissants engagés dans des opérations de maintien de la paix, une responsabilité qui comprend le comportement des personnels accusés dans des affaires d’abus sexuels.  À cet égard, la mise en œuvre de la politique de tolérance zéro est la seule solution, et chaque État Membre doit affirmer avec force à ses Casques bleus que tout écart dans ce domaine ne sera pas toléré.  Les États-Unis se félicitent par ailleurs de la restructuration du DOMP actuellement mise en œuvre.  La doctrine « clef de voûte » sera un outil fondamental pour les futures missions.  Les initiatives et les réformes doivent être mises en œuvre sans retard, a-t-il conclu.


Mme GRACE M. MUJUMA (République-unie de Tanzanie) a déclaré que sa délégation s’associait à la déclaration faite par le Maroc au nom des États Membres du Mouvement des pays non alignés.  Elle a estimé que la réforme du DOMP était une réponse positive aux problèmes rencontrés dans la conduite des opérations de maintien de la paix, et qu’elle intervenait au bon moment pour en accroître l’efficacité.  Elle a dit que sa délégation était inquiète des problèmes sécuritaires auxquels doivent faire face les personnels de l’ONU sur le terrain.  À ce sujet, elle a également évoqué les travaux du Comité spécial des opérations de maintien de la paix (C34).  Le Comité a d’autre part établi que certains des décès de personnels sont dus à des maladies, a rappelé la représentante en indiquant que ce problème devait être traité par le DOMP et les États Membres.


Elle a fait part de la satisfaction de sa délégation concernant les efforts entrepris pour augmenter les effectifs féminins dans la composition des contingents de personnels impliqués dans les opérations de maintien de la paix, mais a estimé qu’il fallait faire preuve de davantage de pugnacité dans ce domaine.  Elle s’est dite découragée par les allégations portées à l’encontre du personnel de l’ONU concernant des accusations d’exploitation sexuelle, et a déclaré que la prévention de tels actes relevait du devoir de tous, que ce soit l’ONU ou les États Membres.  Enfin, elle a proposé qu’il soit rendu un hommage aux soldats de la paix morts dans l’exercice de leurs fonctions par l’observation d’une minute de silence lors de l’ouverture annuelle de la session des travaux du Comité spécial des opérations de maintien de la paix.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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