CPSD/383

LES DÉLÉGATIONS SE FÉLICITENT DU PROCESSUS DE RÉFORME DES STRUCTURES DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DE L’ONU

1/11/2007
Assemblée généraleCPSD/383
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Quatrième Commission   

14e séance – matin


LES DÉLÉGATIONS SE FÉLICITENT DU PROCESSUS DE RÉFORME DES STRUCTURES DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DE L’ONU


Elles soulignent l’importance de s’adapter au caractère de plus en plus multidimensionnel des opérations de maintien de la paix


La Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) a entamé ce matin son débat général sur la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects.  Au cours de ce débat, la plupart des délégations se sont félicitées de la réforme en cours des structures des opérations de maintien de la paix de l’ONU afin qu’elles puissent davantage répondre aux nouveaux défis posés par le maintien de la paix et de la sécurité internationales. 


Plusieurs d’entre elles ont cependant tenu à rappeler que les opérations de maintien de la paix jetaient les bases de la paix et du développement, mais qu’il était indispensable d’analyser les causes profondes des conflits.  Ainsi, le représentant du Soudan a plaidé en faveur de davantage de ressources pour les Nations Unies afin qu’elles puissent efficacement relever les défis que sont la pauvreté, les maladies et le développement durable.


Certains États Membres qui se sont exprimés ont tenu à rappeler que la réussite d’une opération de maintien de la paix était également le résultat d’un mandat clair et cohérent.  Le Brésil a ainsi estimé que le Conseil de sécurité avait une responsabilité particulière, car il doit s’assurer que le mandat qu’il vote est un mandat réalisable et que les ressources nécessaires à sa mise en œuvre seront disponibles.


Les représentants des importants pays contributeurs de troupes ont tous insisté sur la nécessité de renforcer la concertation et la coopération entre eux, le Secrétariat et le Conseil de sécurité.  La représentante de Cuba a tenu à signaler que ces pays contributeurs, à 80% des pays en développement, n’étaient pas suffisamment consultés et qu’on ne leur garantissait pas une participation active dans les processus de prise de décision.  Tous ces États se sont accordés à dire que la situation devait évoluer et que cela passait, notamment, par une meilleure représentation de leurs ressortissants au sein des structures du maintien de la paix, et surtout aux échelons élevés de ces postes, a précisé le représentant du Maroc.


Concernant la doctrine sur la question du maintien de la paix, doctrine « Capstone », en cours d’élaboration, plusieurs délégations ont émis le souhait qu’elle soit le résultat d’un dialogue intergouvernemental, compte tenu des implications qu’elle aura à l’avenir sur la planification et la conduite des opérations et sur les pays contributeurs de troupes.  Les trois principes de base des missions de l’ONU, que sont le consentement de l’État hôte, le non-recours à la force sauf en cas de légitime défense et l’impartialité, ont été l’objet de plusieurs remarques de la part des États Membres qui se sont exprimés.  La souveraineté des États doit rester un principe intangible », a déclaré le représentant du Pakistan, tandis que le Maroc a critiqué l’introduction de la notion de « retenue dans le recours à la force » en remplacement du principe même du « non-recours à la force excepté en cas de légitime défense ».


Le débat général de la Quatrième Commission sur ces questions se poursuivra lors de la prochaine réunion, le vendredi 2 novembre, à 10 heures.



ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS SES ASPECTS


Débat général


M. VLADIMIR ZAEMSKY (Fédération de Russie) a noté que le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) fait l’objet d’une réforme importante depuis un an.  Il a émis le souhait qu’il y ait davantage de concertation avec les États Membres, en particulier avec ceux contributeurs de troupes.  Le DOMP a élaboré un projet de doctrine contenant des principes et directives concernant les opérations de maintien de la paix (OMP), qui est inspirée par l’expérience de ces dernières années.  Selon l’orateur, celle-ci constitue une tentative louable mais elle a un défaut flagrant: alors que le concept de maintien de la paix est devenu véritablement universel, le document du DOMP devrait inclure les opérations mises en œuvre par la Communauté des États indépendants (CEI) dans le contexte de sa coopération avec l’ONU sur le terrain.  La Fédération de Russie estime, à l’instar d’autres États Membres, que ce projet de doctrine doit encore être débattu.


La Fédération de Russie estime par ailleurs, comme cela est souligné dans le projet de doctrine, qu’il conviendrait de peaufiner la compétence militaire du Conseil de sécurité des Nations Unies.  Le moment est venu, selon elle, que le Comité d’état-major fonctionne avec tous les membres du Conseil dans le cadre de la revitalisation de la Charte.  Cela intéresse tous les États Membres, a souligné l’orateur, qui a assuré qu’il ne s’agissait pas de faire concurrence au DOMP.


L’orateur a rappelé que son pays assurait une formation pour des personnels venant des pays africains, afin de les préparer au rôle d’observateurs de police dans les opérations de maintien de la paix.  Nous sommes frappés par une tendance concernant le choix des candidats russes dans les opérations, s’est étonné l’orateur: on nous parle de difficultés de recrutement et dans le même temps, les offres de la Russie ne sont pas acceptées.  Nous sommes tous préoccupés par le manque de transparence dans le processus de sélection des candidats, a-t-il dit.  Ainsi, la Russie a présenté au début de l’année 2007, plus de 40 candidats pour la composante civile des opérations de maintien de la paix et, malgré les efforts de la Mission russe à l’ONU, le Secrétariat n’a pas répondu de manière claire sur sa disposition à prendre les candidats russes, a expliqué le représentant de la Fédération de Russie.


M. ENRIQUILLO A. DEL ROSARIO CEBALOES (République dominicaine), qui s’est exprimé au nom du Groupe de Rio, a déclaré appuyer le processus de réforme du DOMP et a regretté le retard pris par dans ce domaine.  Il a apporté tout son soutien à la politique de tolérance zéro de l’ONU qui pourra contribuer au rétablissement de l’image positive des Nations Unies.  À ce sujet, il a estimé que le travail du Groupe spécial sur l’aide et le soutien aux victimes d’exploitation et d’abus sexuels était très important.  Concernant le Comité spécial des opérations de maintien de la paix (C34), il a considéré que son site Web était un outil très utile pour l’accès à l’information. 


Par ailleurs, il s’est félicité de la prolongation du mandat de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) pour un an, opération à laquelle les États Membres du Groupe de Rio participent, et il a appelé les donateurs de la communauté internationale à apporter tout leur appui au développement de ce pays.  Il a estimé important que les OMP soient maintenues jusqu’à ce qu’elles réalisent les objectifs pour lesquels elles ont été créées, afin d’éviter les nouvelles situations de crise et la reprise de conflits.  Concernant le document relatif à la doctrine du maintien de la paix, il a rappelé qu’il devait être le fruit d’une réflexion intergouvernementale.  Il a estimé essentiel d’aborder la question des délais de remboursement aux pays contributeurs de troupes, afin que l’ONU puisse s’assurer de leur appui constant.  Enfin, il a réitéré son appui et soutien aux acteurs des opérations de maintien de la paix.


Mme SAADIA EL ALAOUI (Maroc), qui s’exprimait au nom du Mouvement des non-alignés, a rappelé que les opérations de maintien de la paix devaient respecter la Charte des Nations Unies, en particulier pour tout ce qui regarde au respect de l’intégrité et de la souveraineté des États.  Les non-alignés se félicitent de l’intention du Secrétaire général de restructurer DOMP.  L’oratrice a souligné que les objectifs fondamentaux de la réforme devaient viser à relever les nombreux défis constitués par le maintien de la paix.  L’intervenante a affirmé la validité des trois principes fondamentaux qui ont guidé les opérations de maintien de la paix durant 50 ans, à savoir le non-recours à la force, excepté dans les cas de légitime défense, le consentement des parties et l’impartialité.  Concernant le projet de doctrine soumis par le DOMP, celui-ci demandera des mises à jour fréquentes et régulières, essentiellement en ce qui concerne les aspects pratiques.  Il devra être un document offrant des directives concrètes à ceux qui planifient les opérations et leurs agents d’exécution sur le terrain.  Il doit constituer un document pratique et complet, a souligné la représentante du Maroc.  Les États Membres doivent être associés à l’exercice et leurs remarques doivent êtres prises en compte, a-t-elle souligné.  L’ambiguïté doit être évitée concernant entre autre le recours à la force.  Selon elle, il doit être précisé que l’autorisation récente donnée dans des opérations contemporaines d’utiliser la force au-delà de la légitime défense pour défendre le mandat de la mission, ne s’appliquait qu’aux niveaux opérationnel et tactique.  Il est important qu’il y ait une interaction dans la préparation de ce document « clef de voûte ».


Le Mouvement des non-alignés apportant plus de 80% des effectifs de maintien de la paix sur le terrain, il considère le dialogue des pays contributeurs de troupes, avec le Conseil de sécurité et le Secrétariat comme fondamental, a-t-elle encore souligné, ajoutant que les non-alignés estiment qu’il est de la plus haute importance d’éviter la politique des deux poids deux mesures lors de la mise en place des opérations de la nouvelle génération.  Le Mouvement invite aussi à maintenir le caractère africain de la Mission des Nations Unies au Darfour (MINUAD) afin d’assurer le succès de l’opération.  L’oratrice par ailleurs a mis en garde contre la fragmentation des opérations de maintien de la paix.


M. JORGE LOBO DE MESQUITA (Portugal), qui s’est exprimé au nom de l’Union européenne (UE), a déclaré que la demande constante de la communauté internationale vis-à-vis de l’ONU au regard du maintien de la paix et de la sécurité internationale confirmait que l’Organisation était le forum approprié pour ces questions.  À ce sujet, il a d’ailleurs estimé que la coopération entre l’ONU et les organisations régionales était un aspect essentiel des questions de maintien de la paix.  Il a rappelé que l’UE participait à hauteur de 40% du budget du maintien de la paix de l’ONU, et fournissait des contingents importants aux opérations, au sein de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) par exemple.  Il a rappelé que les opérations de maintien de la paix allaient de pair avec l’aide au développement et la consolidation de la paix. 


Il s’est dit préoccupé par la sécurité du personnel déployé et a demandé au Secrétariat d’adopter des mesures relatives à cette question, en s’inspirant des recommandations présentes dans le dernier rapport du  comité spécial des opérations de maintien de la paix (C34).  À ce sujet, il a insisté sur la nécessité d’informations plus complètes sur les risques des environnements dans lesquels les opérations sont appelées à se développer et a demandé à ce que cette évaluation des risques soit communiquée aux éventuels pays contributeurs de troupes.   Dans le même sens, il a déclaré que de nouvelles annonces de contributions de l’UE seraient plus probables si on lui donnait la possibilité d’effectuer des visites d’évaluation et de reconnaissance sur les terrains concernés.  Au sujet des cas de mauvaise conduite du personnel du maintien de la paix, qui portent gravement atteinte à la crédibilité des Nations Unies, il a apporté tout son soutien à la politique de tolérance zéro de l’ONU et à plaidé en faveur de davantage de prévention.


Il a considéré qu’une doctrine mise à jour sur le maintien de la paix était essentielle et aiderait les pays contributeurs de troupes à mieux former leurs troupes avant leur déploiement.  Enfin, concernant le processus de restructuration du DOMP, que l’UE a appuyé dès le début, l’intervenant a dit souhaiter recevoir davantage d’information sur les Équipes opérationnelles intégrées qu’il a considérées comme un outil clef dans l’aide apportée au Secrétariat pour soutenir les missions sur le terrain. 


Mme KIRSTY GRAHAM (Nouvelle-Zélande), qui s’exprimait au nom des pays du groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), a estimé qu’il fallait faire le maximum pour éviter les doubles emplois en coordonnant efficacement tous les départements participant aux opérations sur le terrain.  Travailler de façon efficace dans un contexte de conflit ou d’après conflit suppose une approche globale, sous direction unifiée, afin de coordonner tous les efforts pour gérer la transition vers l’établissement de la paix et des opérations multidimensionnelles.  Concernant la capacité de déploiement rapide, le CANZ souhaite un engagement rapide de tous les pays contributeurs avant d’avancer dans ce projet.


Le CANZ estime par ailleurs que le moment est venu pour que l’Assemblée générale progresse sur les questions de recrutement de candidats aux opérations de maintien de la paix, y compris des effectifs de police civile.  Il s’agit de remédier aux retards de déploiement qui se produisent trop souvent, a souligné l’oratrice.  Il convient de travailler aussi sur la notion de responsabilité, a-t-elle ajouté.


Concernant les succès de l’année écoulée, le CANZ se félicite de l’élaboration de la doctrine clef de voûte.  En revanche, l’oratrice a constaté que les écarts de conduite, à connotation sexuelle en particulier, continuaient de nuire à l’action de l’ONU dans certaines opérations de maintien de la paix.


M. KHALID MOHAMMED OSMAN ALI (Soudan) a déclaré s’associer à la déclaration faite par le Maroc au nom des États Membres du Mouvement des pays non alignés.  Il a appelé les Nations Unies à renforcer ses capacités en matière de prévention de conflit.  Il faut s’attaquer aux causes profondes des conflits, c'est-à-dire les problèmes de pauvreté, de maladie et de développement économique et social, a-t-il dit.  Par conséquent, il faut apporter davantage de ressources à l’Organisation pour qu’elle puisse efficacement relever ces défis.  Concernant la situation

intérieure de son pays, il a fait référence aux pourparlers de paix en cours sous l’égide de la Lybie, et a regretté que certaines factions rebelles ne se soient pas présentées à cette réunion.  Les Nations Unies doivent traiter avec rigueur ce type d’obstacles à la paix, a-t-il déclaré.  Il a fait valoir que le cessez-le-feu déclaré par son pays était un signe de bonne volonté sur ce dossier. 


Il s’est félicité du partenariat entre l’Union Africaine et les Nations Unies pour l’Opération au Darfour, et a lancé un appel à l’ONU et à la communauté internationale leur demandant d’accélérer leur appui à cette mission.  Concernant la réforme du DOMP, il a estimé qu’elle devait répondre à la nécessité de transparence vis-à-vis des pays contributeurs de troupes et au besoin d’éliminer tout problème d’abus sexuels.  Il est également important d’élaborer des stratégies de sortie pour les opérations, afin qu’elles ne restent pas indéfiniment dans la région, a-t-il ajouté.  Enfin, concernant le travail des Organisations non gouvernementales (ONG), il a rappelé que ces organisations ne devaient pas s’ingérer dans les affaires intérieures d’un pays et il a appelé ici la communauté internationale à condamner les récentes actions d’une ONG française au Darfour. 


M. MANAR TALEB (République arabe syrienne) a estimé que depuis un an, les opérations de maintien de la paix, malgré leur complexité, avaient fait la preuve de leur efficacité.  Cependant, il ne faut pas les considérer comme un substitut au règlement durable des différends, a-t-il mis en garde.  Si elles jettent les bases d’une transition, elles ne permettent pas de faire l’économie d’une analyse des racines des conflits.  L’orateur a rendu hommage aux soldats du maintien de la paix, retenant plus particulièrement les Casques bleus tués par l’aviation israélienne en 2006 lors de l’offensive au Liban.  Après avoir cité le Secrétaire général de l’ONU, qui n’avait pas exclu à l’époque que ce raid ait été délibéré, l’orateur a rappelé qu’Israël continuait de ne pas appliquer plusieurs résolutions onusiennes tout en continuant d’agresser ses voisins.


Sur le plan des principes, la Syrie estime que le consentement du pays hôte est un préalable et une condition sine qua non à toute opération de maintien de la paix.  La responsabilité de l’agresseur doit également être prise en compte, a-t-il souligné.  La Syrie souligne par ailleurs la nécessité de renforcer la sécurité du personnel qui, a-t-il rappelé, consacre sa vie à la préservation de la paix.  Il a appelé de ses vœux une meilleure concertation entre Secrétariat, Conseil de sécurité et pays contributeurs de troupes et de personnels.


M. MOHAMED SOFIANE BERRAH (Algérie) a souscrit pleinement à la déclaration faite par le Maroc au nom des États Membres du Mouvement des non-alignés.  Il a estimé que l’action de l’ONU pour prévenir et contenir les foyers de tension devait s’accompagner d’un processus continu d’amélioration et de modernisation des capacités, principes et règles d’engagement des OMP.  Il a en effet souligné le fait que le succès de ces opérations reposait en grande partie sur la clarté et la cohérence du mandat qui leur est confié par le Conseil de sécurité.  Il s’est félicité des efforts de restructuration du DOMP dans le cadre du programme « Opérations de paix 2010 ».  De même, il s’est réjoui des efforts du DOMP pour l’établissement d’un document énonçant la doctrine dans le domaine du maintien de la paix.  Compte tenu des implications futures d’un tel document, surtout pour les pays contributeurs de troupes, le représentant de l’Algérie a demandé à ce que tous les États Membres soient associés à cette réflexion, et que le document finalisé soit soumis à leur adoption.  Il a estimé que certains aspects de ce document relevaient exclusivement des prérogatives des États, ce qui est le cas par exemple de l’interprétation extensive des trois principes de base des opérations de maintien de la paix, à savoir le consentement de l’État hôte, l’impartialité et le non-recours à la force sauf en cas de légitime défense.  Enfin, il a souligné l’importance que représente pour son pays le travail du Groupe spécial sur l’aide et le soutien aux victimes d’exploitation et d’abus sexuels.  Ce Groupe « porte la lourde tâche de restaurer une partie de la confiance perdue par l’ONU du fait d’actes répréhensibles commis par des individus irresponsables au cours de missions couvertes par l’ONU », a conclu M. Berrah.


Mme REBECA HERNÁNDEZ TOLEDANO (Cuba) a noté que le nombre d’opérations, non seulement augmentait, mais qu’en outre elles étaient de plus en plus multidimensionnelles et complexes.  Cela n’exonère pas de tenter de régler les causes mêmes des conflits, a-t-elle rappelé.  Concernant le projet de doctrine actuellement en cours d’élaboration, celui-ci ne reflète pas comme il faut les principes qui doivent régir les OMP, a estimé la représentante cubaine, notamment en ce qui concerne la non-intervention dans les affaires internes des États et le fait que l’usage de la force doive exclusivement reposer sur la légitime défense.  Le chapitre VIII de la Charte doit être absolument respecté, a souligné l’oratrice.


Elle a regretté que les pays contributeurs de personnel sur le terrain – à 80% des pays en développement – ne soient pas suffisamment consultés, une situation qui doit changer, selon elle.  On ne leur garantit pas notamment, selon elle, une participation réellement active dans toutes les étapes de prise de décision.  Ces pays sont handicapés  par l’absence d’une interaction plus fréquente et substantielle entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat de l’ONU et eux-mêmes.  Cette situation doit changer, estime Cuba.  Par ailleurs, sa représentante appelle à une répartition géographique plus équitable dans le recrutement pour le DOMP.  Il est indispensable d’accroître la transparence du processus de sélection du personnel qui occupe les postes de direction dans les opérations de maintien de la paix, les pays en développement étant actuellement désavantagés, selon l’oratrice.


Mme ISHRAT JAHAN AHMED (Bangladesh) a déclaré que le mandat des opérations de maintien de la paix était de plus en plus vaste et multidimensionnel, citant ici l’organisation des élections, la réforme du secteur de la sécurité et le désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR).  Ce sont là des éléments essentiels d’un processus de paix durable, a-t-elle souligné.  Elle a rappelé que, désormais, le processus de maintien de la paix et celui de consolidation de la paix se chevauchaient, l’un étant complémentaire de l’autre.  Concernant les relations, dans le domaine du maintien de la paix, entre le Bangladesh et l’ONU, elle a souligné qu’elles étaient anciennes et que des ressortissants de son pays étaient aujourd’hui déployés dans 12 missions des Nations Unies à travers le monde.  Depuis 1988, 81 Casques bleus du Bangladesh sont morts dans l’exercice de leurs fonctions, sans que cela n’entame la participation du pays aux missions, a rappelé la représentante du Bangladesh. 


Elle s’est félicitée de la création de la Commission de la consolidation de la paix, du lancement du Fonds de soutien spécial pour la consolidation de la paix, et de la restructuration du DOMP, espérant que ces divers changements apporteront un dynamisme nouveau dans les opérations de maintien de la paix.  Elle a regretté que la réputation de ces opérations, souvent si chèrement acquise, soit parfois souillée par des actions répréhensibles qui doivent être traitées avec sévérité et à l’aide d’une politique de tolérance zéro.  Elle a rappelé que son pays, tout comme les autres importants pays contributeurs de troupes, était sous représenté au Siège, et a appelé le DOMP à aborder cette question lors de la mise en œuvre de son processus de réforme.  Cela doit être pris en compte pour maintenir l’efficacité de tout le processus, a-t-elle conclu.


M. MUNIR AKRAM (Pakistan), qui a rappelé que son pays était l’un des contributeurs de troupes les plus importants, soit 10 600 hommes dans 12 missions à l’heure actuelle, l’immense majorité étant déployée en Afrique.  Il est temps de faire une évaluation stratégique du maintien de la paix.  Des ressources additionnelles sont nécessaires, selon lui.  Par ailleurs, il ne faut pas confondre les opérations onusiennes avec d’autres visant à l’imposition de la paix, assurées par des entités non onusiennes, même si elles ont reçu l’aval de l’ONU.  Cette distinction est essentielle pour préserver les avantages résultant de la neutralité et de la légitimité des Nations Unies, estime le Pakistan.


Quant au document doctrinal, il doit selon l’intervenant rester apolitique, éviter les sujets épineux sur lesquels il n’y a pas consensus et se concentrer sur les questions opérationnelles et pratiques.  Il convient aussi de s’intéresser aux causes sous-jacentes des conflits, et de mettre l’action sur la prévention, ce qui est toujours plus efficace que de devoir assurer la gestion des conflits.  Par ailleurs, pour le représentant du Pakistan, le respect de la souveraineté des États doit demeurer intangible.  En outre, le Conseil de sécurité doit faire plus pour promouvoir des solutions durables aux conflits entre États, le bilan de l’ONU dans ce domaine laissant à désirer, selon lui.


L’orateur a évoqué les difficultés de déployer la force hybride au Darfour, en notant qu’il y avait un fossé entre les objectifs définis par le Conseil de sécurité et les contraintes du terrain, ainsi que la disponibilité de ressources.  Les décisions dictées par des considérations politiques ne doivent pas amener à éroder la crédibilité de l’ONU, a-t-il mis en garde.  Par ailleurs, il faut d’urgence augmenter la capacité opérationnelle de réaction rapide, a souligné le représentant du Pakistan.  Enfin, celui-ci a estimé que le principe d’opérations hybrides doit demeurer l’exception et non la règle.


M. NOPADON MUNGKALATON (Thaïlande) a déclaré s’associer à la déclaration faite par le Maroc au nom du Mouvement des pays non alignés.  Il a dit que la demande actuelle d’activités de maintien de la paix, ainsi que leur complexité croissante, exigeaient tout particulièrement que le maintien de la paix se fasse conformément aux principes fondamentaux pertinents énoncés dans la Charte des Nations Unies.  Il a estimé important que le processus de restructuration, dans le cadre duquel a été créé le Département de l’appui aux opérations hors siège soit réexaminé et amélioré pour souligner davantage l’importance de la consultation périodique entre ce nouveau Département, les principaux pays contributeurs de troupes et le DOMP.


Il a estimé qu’il était important et crucial de recruter des spécialistes ayant les connaissances appropriées et nécessaires, et que cela se fasse sur la base d’une répartition géographique et régionale équitable au Siège et sur le terrain.  Il faut établir des contacts productifs avec les États Membres pour régler cette question, a-t-il souligné.  Concernant les arrangements régionaux et l’évolution des partenariats entre l’ONU et les organisations régionales, il a

estimé que cela démontrait que l’Afrique, notamment, était de plus en plus prête à s’approprier la gestion des opérations prenant place sur son continent.  Le maintien de la paix est une entreprise collective qui nécessite une plus grande coopération entre l’ONU, les organisations régionales et les États concernés, a-t-il rappelé en conclusion.


Mme MONA JUUL (Norvège) a assuré de l’engagement de son pays en faveur de l’ONU et de l’Afrique, particulièrement au Darfour.  Évoquant les problèmes de recrutement, l’intervenante a affirmé que la crédibilité de l’organisation risque de s’en ressentir si le niveau des compétences requises n’est pas garanti.  La Mission des Nations Unies au Darfour doit avoir un caractère essentiellement africain, selon elle, ce qui n’exclut pas la participation de pays non africains.  Ainsi la Norvège est disposée à fournir des unités du génie et est prête à assurer la formation de policiers africains, comme le lui a demandé le DOMP.


La Norvège appuie par ailleurs le renforcement des relations avec et entre les organisations régionales.  Notre expérience récente au Darfour, où l’Union européenne et l’Alliance atlantique ont fourni un soutien crucial à l’Union africaine, ainsi que l’expérience dans les Balkans et en Afghanistan, montre combien cela est important.  En Afghanistan, la Norvège voudrait voir l’ONU renforcer son rôle de coordination sur le terrain et entre les capitales; au Tchad et en République centrafricaine, elle se félicite de la volonté de l’UE de fournir une composante militaire pour soutenir l’opération de l’ONU.  Ces exemples montrent l’interdépendance croissante entre les organisations internationales, a souligné l’oratrice.


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a déclaré s’associer à la déclaration faite par la République dominicaine au nom du Groupe de Rio.  Elle a estimé que le Conseil de sécurité avait une responsabilité particulière dans le domaine du maintien de la paix, car il doit s’assurer que le mandat qu’il vote est un mandat réalisable et que les ressources nécessaires à sa mise en œuvre seront disponibles.  Faisant référence à l’« explosion du maintien de la paix », elle a estimé que la restructuration du DOMP était une étape importante pour un Secrétariat plus efficace et plus sensible aux nouveaux défis auxquels les opérations doivent faire face.


Elle a rappelé que toutes les opérations de maintien de la paix devaient respecter les principes fondamentaux qui sont le consentement de l’État hôte, le non-recours à la force sauf en cas de légitime défense et l’impartialité.  Elle a relevé le fait que la plupart des opérations actuelles recevaient des mandats comportant un panel de tâches très variées, et elle a déclaré que les activités liées au développement étaient particulièrement importantes.  La consolidation de la paix et le maintien de cette dernière font parties d’un même effort et doivent s’épauler mutuellement, a estimé la représentante du Brésil.  Enfin, elle s’est félicitée de la prolongation du mandat de la MINUSTAH pour une année supplémentaire et a appelé la communauté internationale à continuer d’apporter son soutien à cette mission afin de s’assurer de son succès. 


Mme MAIA SHANIDZE (Géorgie) a estimé que cela faisait 14 ans que l’on assistait à une opération de maintien de la paix inefficace en Abkhazie, Géorgie.  Après avoir évoqué une attaque récente des forces russes contre des gardes géorgiens, l’oratrice a estimé qu’il s’agissait du dernier acte de déstabilisation en date.  La Géorgie condamne ces actes arbitraires qui ne font que contribuer à la tension.  Sa représentante estime qu’un processus de paix durable n’a pas produit de résultat et que, bien au contraire, la situation n’a cessé de se dégrader en raison de l’annexion rampante de territoires géorgiens.  Il n’est pas étonnant qu’il y ait une méfiance croissante de la population géorgienne envers une force de maintien de la paix qui ne peut être considérée comme impartiale, a souligné l’oratrice.  La Géorgie est convaincue que l’ONU a la capacité de remanier le processus de paix pour lui faire emprunter une nouvelle voie pouvant conduire à de véritables progrès.  Une résolution efficace du conflit exige des changements dans le cadre actuel de la mission de maintien de la paix en Abkhazie, a-t-elle conclu.


Mme BYRGANYM AITIMOVA (Kazakhstan) a rappelé que son pays payait avec régularité ses contributions obligatoires au budget du maintien de la paix, et continuera sur cette voie.  Elle a estimé qu’il était de plus en plus manifeste que les demandes des opérations de maintien de la paix augmentent chaque année, et que ces dernières sont de plus en plus importantes et complexes.  Par conséquent, il y a une véritable nécessité à renforcer l’autorité des Nations Unies et à accroître la responsabilité du Conseil de sécurité dans le maintien de la paix et de la sécurité internationale.  Elle a donc appuyé le processus de réforme du Département des opérations de maintien de la paix et du système des Nations Unies, et a rappelé que ce processus devait « scrupuleusement » s’appuyer sur les principes de la Charte de l’Organisation.


La représentante du Kazakhstan a plaidé en faveur du développement des partenariats entre l’ONU et les organisations régionales et subrégionales, afin de favoriser encore davantage la prévention de conflits et le maintien de la paix.  Certaines organisations régionales ont de réelles capacités de maintien de la paix dont il faut tirer parti, a-t-elle déclaré.  Elle a donc appelé le DOMP à mettre en place des stratégies cohérentes à ce sujet.  Enfin, elle s’est félicitée du fait que le rôle des femmes dans le maintien de la paix et la consolidation de celle-ci soit de mieux en mieux comprise.


Droit de réponse


La délégation de la Fédération de Russie a exercé son droit de réponse en soulignant que les plaintes de la Géorgie étaient totalement injustifiées.  Il suffit, pour s’en convaincre, de lire la dernière résolution du Conseil de sécurité à ce sujet, qui souligne selon elle, les obstacles mis par la Géorgie dans l’application du mandat de la force de maintien de la paix en Abkhazie.  Rien n’est fait dans le domaine du rétablissement des mesures de confiance et cela n’est pas la faute des forces russes de maintien de la paix, a-t-elle conclu.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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