LA QUATRIÈME COMMISSION ENTEND DES EXPOSÉS SUR L’UTILISATION DES SATELLITES POUR MIEUX COMPRENDRE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
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Quatrième Commission
10e séance – après-midi
LA QUATRIÈME COMMISSION ENTEND DES EXPOSÉS SUR L’UTILISATION DES SATELLITES POUR MIEUX COMPRENDRE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
Les États Membres réaffirment la nécessité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique
La Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, a entendu cet après-midi les exposés de plusieurs experts qui ont souligné le caractère indispensable de l’exploration spatiale pour comprendre le changement climatique. Lors du débat général qui a suivi, la plupart des États Membres ont réaffirmé par ailleurs la nécessité de préserver l’espace d’une nouvelle course aux armements.
Timothy Stryker, Président du Committee on Earth Observation Satellites (CEOS - www.ceos.org), a souligné que les bouleversements climatiques allaient contraindre les responsables politiques à prendre des décisions « complexes et coûteuses » qui devront s’appuyer sur des données scientifiques incontestables. Les observations par satellite, poste d’observation unique et irremplaçable, sont les outils dont les États vont avoir besoin pour prendre ces décisions cruciales.
David Rind, au nom du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), a en effet confirmé que la lutte contre le réchauffement aurait un coût considérable. Il a évoqué le « coût incalculable » des changements climatiques si rien n’est fait pour inverser la tendance; « incalculable » au sens propre, c’est-à-dire impossible à calculer, a-t-il insisté. Car les conséquences du réchauffement seront multiples et impossibles à mesurer dans l’état actuel de nos connaissances.
Gérard Brachet, Président du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique, a émis le souhait que la communauté internationale mette à profit les progrès accomplis dans l’exploration spatiale pour prendre enfin les décisions qui s’imposent.
Lors du débat général, la question des débris spatiaux a été plus particulièrement abordée, le représentant des États-Unis reprochant à la Chine la destruction délibérée d’un satellite en janvier 2007, test qui va à l’encontre du code de bonne conduite que les pays ayant une capacité spatiale s’efforcent officiellement de respecter. Son homologue chinois a demandé un droit de réponse pour rétorquer, qu’avant de critiquer d’autres pays, il serait préférable d’examiner si l’on faisait soi-même le maximum dans ce domaine.
Concernant un éventuel armement de l’espace, que tous les États Membres affirment refuser, le Pakistan s’est dit particulièrement inquiet de l’insistance des États disposant de lanceurs à intégrer l’utilisation de l’espace dans leur doctrine militaire.
A également fait un exposé, David Stevens, du Bureau des affaires spatiales et Coordonnateur du Programme des Nations Unies pour l'exploitation de l'information d'origine spatiale aux fins de la gestion des catastrophes et des interventions d'urgence (SPIDER).
Le Président de la Quatrième Commission, M. Abdalmahmood Abdalhaleem Mohamad (Soudan) a fait une déclaration en début de séance pour introduire le débat.
Les pays suivants sont intervenus: Chili, Brésil, Soudan, Iran, Pakistan, République arabe syrienne, Uruguay (au nom du Mercosur), Cuba et États-Unis.
La Chine a aussi exercé son droit de réponse.
La Commission poursuivra ses travaux demain, jeudi 25 octobre, à 15 heures.
LES UTILISATIONS PACIFIQUES DE L’ESPACE
M. ABDALMAHMOOD ABDALHALEEM MOHAMAD, Président de la Quatrième Commission, a déclaré en introduction que, l’espace était devenu essentiel pour répondre à de nombreux défis concernant le développement et que son utilisation contribuait de manière significative à la réussite des Objectifs du Millénaire pour le développement (ODM). Plusieurs agences des Nations Unies utilisent de manière croissante la photo satellite et les systèmes de navigation par satellite lors des urgences humanitaires et pour les secours en cas de catastrophe, a-t-il noté. Avec le réchauffement planétaire et les changements climatiques, défis majeurs pour notre génération et pour celles à venir, la technologie spatiale est devenue cruciale pour recueillir les données critiques sur la terre et les océans, a-t-il souligné.
Le Président a rappelé que les communications par satellite étaient utilisées de façon grandissante pour transmettre des programmes d’éducation et des diagnostics médicaux afin d’atteindre les communautés humaines les plus reculées. En faisant des prévisions en matière de production agricole dans des régions où l’on ne mange toujours pas à sa faim, les technologies spatiales contribuent à la réalisation d’un autre ODM important: la sécurité alimentaire.
Le débat d’aujourd’hui se concentrera sur la manière dont les systèmes spatiaux contribuent à l’observation des changements climatiques, a-t-il conclu.
M. GÉRARD BRACHET, Président du Comité pour les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique, a constaté que les techniques spatiales avaient joué un rôle de plus en plus grand depuis une cinquantaine d’années. Si le rôle des moyens spatiaux s’est beaucoup accru au cours des dernières années, ils ne sauraient suffire à comprendre les changements climatiques et ne remplacent pas les observations in situ, a-t-il noté. Le travail de la communauté météorologique constitue un exemple à suivre en matière de coopération internationale et de travail en commun, a-t-il expliqué.
Les nouvelles techniques d’observation, les nouvelles configurations de satellite -en grappes ou en essaim- vont nous permettre de réaliser de nouveaux progrès, selon l’orateur, qui a émis le souhait que la communauté internationale mette à profit ces progrès pour prendre les décisions qui s’imposent afin de faire face aux défis des changements climatiques.
M. DAVID RIND, Goddard Space Flight Center de la NASA, a fait une présentation sur, notamment, les gaz à effets de serre dont l’augmentation est significative et influencée par l’activité humaine de ces 15 dernières années. Il a précisé que ces résultats avaient été obtenus par des observations réalisées sur la surface de la terre et a rappelé que, pendant longtemps, les scientifiques s’étaient posé la question de savoir si ces informations recueillies sur terre étaient identiques à celles collectées par satellite. Il semblerait jusqu’à présent qu’elles le sont.
Il a souligné le fait que la température avait augmenté bien plus vite au cours de la dernière décennie que pour le reste du siècle passé. Il a estimé que ce réchauffement pouvait également se remarquer grâce à d’autres effets tels que la fonte des glaciers et la fonte des neiges des montagnes. Il a rappelé que le GIEC avait passé beaucoup de temps à tenter d’établir des scénarios pour le futur, mais ce qui se passera dépendra également beaucoup de ce qui se produira au sein de nos économies, a souligné M. Rind.
Il a par la suite passé en revue différents scénarios. Concernant le premier, il a déclaré qu’il était improbable puisqu’il supposait que l’on arrête instantanément les émissions de gaz à effets de serre. Il a rappelé ensuite qu’au rythme des émissions actuelles, on pouvait estimer entre 1,5 et 4,5 degrés d’augmentation d’ici au siècle prochain.
Il a également déclaré que l’on assisterait à une augmentation des précipitations dans les hautes altitudes mais a rappelé que cela ne signifierait pas davantage de ressources en eau car, du fait des températures plus fortes, l’évaporation serait elle aussi plus importante. Il a estimé que les observations spatiales nous fournissaient d’importants outils pour évaluer les prévisions faites actuellement, et a présenté des modèles élaborés par la NASA sur ce sujet.
M. Rind a tenu à rappeler que notre capacité actuelle à prévoir ces changements était, pour l’instant, faible. « Il est impossible d’avoir des résultats vraiment fiables », a-t-il déclaré. Il a également mis en évidence que le réchauffement climatique entraînerait la propagation de certaines maladies infectieuses. L’absence de précédent historique similaire aux phénomènes que nous connaissons actuellement rend très difficile notre travail, a dit M. Rind. Ainsi, il est revenu sur les conséquences sur la disponibilité des ressources en eau en les qualifiant de logiques mais improuvables.
Ce qui apparaît davantage sûr c’est que le développement durable sera durement affecté; il s’agira ici de la santé, de la qualité de l’air, de l’eau et donc de l’économie dans son ensemble. Il a mis en garde contre le fait que les changements climatiques exerceront des pressions sur les systèmes hydriques et pourront donc entraîner des problèmes géopolitiques pouvant mener à des conflits ouverts. Il a présenté différentes estimations possibles pour l’optimisation du développement durable dans ces conditions. L’une d’entre elle prévoit un coût de 1% du PIB pour essayer de réduire le niveau d’émission des gaz à effets de serre. Cette solution nous permettrait d’atteindre un niveau qui sera quand même le double de celui de l’ère préindustrielle, a-t-il souligné. Malgré cela il a mis en garde contre l’inaction car on ne peut pas encore évaluer quel sera le coût des « effets ricochets ». Enfin, il a déclaré que la surveillance et le contrôle de ces mesures était une nécessité pour l’amélioration des prévisions futures et pour mieux appréhender le fonctionnement du système.
M. TIMOTHY STRYKER, Président du Committee on Earth Observation Satellites (CEOS - www.ceos.org), a souligné que l’espace nous permettait d’avoir un point de vue d’observation unique sur ce problème. Le CEOS est composé d’agences spatiales et de la communauté des utilisateurs, a-t-il rappelé. Les études scientifiques ont permis d’avoir des données sur le climat, non seulement aujourd’hui, mais aussi d’entreprendre de dresser un historique du climat terrestre, a-t-il expliqué. C’est essentiel car les changements climatiques vont contraindre les responsables politiques à prendre des décisions complexes et coûteuses qui doivent s’appuyer sur les études scientifiques.
Dans le passé, les institutions scientifiques spatiales ont été accusées de trop se concentrer sur la mesure de données et insuffisamment sur leur analyse à destination des décideurs gouvernementaux, a-t-il noté. Ces données doivent en effet être traduites en analyses, en informations utilisables par les États.
L’observation des océans, celle des perturbations atmosphériques de grande ampleur, qui sont appelées à augmenter, sont essentielles pour la gestion des villes côtières et du littoral en général, a-t-il indiqué. En conclusion, M. Stryker a souligné que les observations par satellite pouvaient permettre d’apporter les données cruciales dont les États vont avoir besoin dans la prise de décisions.
M. DAVID STEVENS, Bureau des affaires spatiales et Coordonnateur du Programme des Nations Unies pour l'exploitation de l'information d'origine spatiale aux fins de la gestion des catastrophes et des interventions d'urgence, a déclaré que la question principale était de savoir comment rendre les informations spatiales accessibles à tous les pays pour que ceux-ci puissent les utiliser pour gérer les catastrophes. Il a rappelé que l’ampleur de ces catastrophes ne cessait d’augmenter à cause des changements climatiques, et que l’utilisation de l’espace avait un rôle à jouer pour le nombre de ces dernières. Il a, ici, rappelé le rôle des satellites de communication qui aide à connecter les populations les plus reculées avec le reste du monde en cas de catastrophe. Le Programme SPIDER a trois objectifs majeurs, dont celui de servir de passerelle entre les communautés, a rappelé M. Stevens. Il faut en effet s’assurer que tous les pays ont les capacités d’avoir accès et d’utiliser les informations en provenance de l’espace pour gérer les catastrophes, et c’est là l’objectif du Programme SPIDER. M. Stevens l’a décrit comme « une pendule qui bascule; le petit élément qui donnera le mouvement et entraînera un effet en chaîne ».
Il a décrit les trois pierres angulaires de ce programme que sont les équipes des Nations Unies à Beijing, Vienne et Bonn; le réseau des bureaux de soutien régionaux; et des points focaux nationaux pour mettre en place des politiques et des partenariats. Il a rappelé l’existence de la charte internationale « Espace et catastrophes majeures » qui regroupe un ensemble de ressources pouvant s’avérer utiles si un pays ou une organisation, il a ici cité le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) en exemple, avait besoin d’images précises. On peut alors adresser cette demande à l’une des agences nationales membres, comme cela avait été le cas lors de l’ouragan Katrina, a-t-il déclaré. En ce qui concerne le Système mondial des systèmes d’observation de la terre (GEOSS), il a rappelé qu’il se concentrait sur neuf domaines précis. Enfin, citant le cas des inondations en Ouganda, lors desquelles le Réseau n’avait pas été en mesure d’apporter son concours, il a rappelé qu’il fallait faire en sorte que tous les pays en développement aient accès à ces informations.
M. RAIMUNDO GONZALEZ (Chili) a déclaré que les changements climatiques étaient évidents au vu des observations par satellites. Il a indiqué que son pays prévoyait d’organiser une conférence intitulée « Technologie spatiale et changements climatiques » lors du Salon international de l’air et de l’espace, en avril prochain, au Chili.
Mme MURIA TERESA PESSÓA (Brésil) a désiré poser des questions aux conférenciers sur les fonctions précises du Système GEOSS et sur la manière dont SPIDER procédait pour identifier les points nationaux focaux.
M. MOHAMED KHEIR MOHAMED ANNAN ALI (Soudan) a demandé quels étaient les moyens de coordination entre SPIDER et les institutions régionales et nationales.
M. TIMOTHY STRYKER, Président du CEOSS, a déclaré qu’une meilleure organisation était nécessaire entre les différentes institutions pour le partage des connaissances. En réponse à une question du Chili, il a estimé que les systèmes de télédétection devaient être mieux adaptés aux besoins de ces pays.
M. DAVID STEVENS, Bureau des affaires spatiales et Coordonnateur du SPIDER, a rappelé, en réponse à la question de la représentante du Brésil, que les points focaux nationaux devaient être nommés par chaque État Membre. Il a cependant plaidé en faveur d’une nomination de ces points, qui correspondrait aux personnes qui travaillent au niveau de plateformes nationales, mais a reconnu que les États Membres pouvaient en nommer d’autres, s’ils le désiraient.
Pour répondre au représentant du Soudan, M. Stevens a déclaré que son souhait n’était pas de créer de nouveaux mécanismes mais d’assurer aux pays en développement l’accessibilité aux mécanismes existants.
M. GERARD BRACHET, Président du Comité scientifique des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique, a rappelé que, dès 1957, l’ONU avait commencé à s’intéresser à l’exploration spatiale, il y a 50 ans. Résumant le rapport du Comité, il a souligné que la réduction des débris spatiaux ne pouvait qu’améliorer les relations entre pays utilisant l’espace. Par ailleurs, le Comité a orienté son action sur la réalisation des ODM.
Évoquant le Traité sur l’espace extra-atmosphérique, signé il y a 40 ans, l’intervenant a souligné que celui-ci s’inscrit dans l’ordre juridique international qui se met en place. Il est nécessaire de renforcer la coordination internationale particulièrement dans la surveillance des grandes catastrophes, a-t-il dit. Il est possible d’éviter des pertes humaines et des dommages matériels si l’on dispose de bonnes observations et d’informations précises, a-t-il rappelé.
Une nouvelle étape va être franchie en rendant le programme SPIDER pleinement opérationnel, a-t-il noté. Il a conclu en expliquant que le Comité devait continuer de jouer un rôle majeur. L’espace peut aider à relever les défis auxquels l’humanité est confrontée, selon lui. Il est important que le Comité reste à l’écoute des besoins des pays, aussi bien de ceux ayant une activité spatiale que les autres qui peuvent néanmoins profiter de ces activités.
M. HOSSEIN MALEKI (Iran) a déclaré que les technologies spatiales pouvaient être extrêmement utiles dans l’amélioration de l’anticipation des risques et des phases de préparation concernant les catastrophes naturelles. Il s’est félicité du fait que les technologies et la science spatiales, et en particulier la télédétection et l’observation de la terre, puissent être efficaces et utiles sur le traitement de ces questions. Il a réaffirmé son soutien à la Conférence des Nations Unies sur l'exploration et les utilisations pacifiques de l'espace extra-atmosphérique, et au travail réalisé par les équipes d’action qui assurent la mise en œuvre de cette Convention. Il a également rappelé son engagement en faveur du SPIDER, qui a été établi afin de donner à tous les pays les capacités d’avoir accès et d’utiliser les informations en provenance de l’espace pour gérer les catastrophes naturelles. Il a dit espérer que ce Programme puisse servir aux pays en développement, qui souffrent plus particulièrement des catastrophes naturelles.
Il a plaidé en faveur de liens plus étroits entre le Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique et la Commission du développement durable sur, notamment, la mise en œuvre des recommandations d’UNISPACE III. Il a rappelé l’importance d’une régulation internationale, d’un « droit spatial » pour l’exploitation et l’utilisation de l’espace extra atmosphérique, et a plaidé en faveur d’une forte coopération internationale sur ce sujet. Il a estimé que la communauté internationale pourrait tirer des bénéfices des technologies spatiales, à la condition que des rivalités d’ordre militaire ne s’expriment pas dans l’espace extra-atmosphérique. Si tel était le cas, l’on assisterait inévitablement à une montée des tensions et de la méfiance entre les États, a-t-il mis en garde. Il a lancé un appel plus particulier aux nations qui disposent de fortes capacités spatiales afin qu’elles participent activement à tous les efforts qui visent à prévenir une « course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique », a-t-il conclu.
M. KHALID MAHMOOD (Pakistan) a déclaré que l’important était le suivi des décisions prises lors d’UNISPACE III en 1999. Il s’est félicité du développement du programme SPIDER. Il convient d’améliorer la coordination internationale en permettant une participation croissante des pays en développement. Le Pakistan, qui est favorable à la poursuite de l’exploitation pacifique de l’espace, a ensuite évoqué la question des débris qui mérite la plus grande attention. Il faut s’attaquer aux lacunes du cadre juridique international concernant la régulation des activités spatiales, et renforcer la coopération internationale dans ce domaine. Il faut élaborer de nouvelles normes, lorsque cela est nécessaire, pour répondre aux récents développements technologiques et promouvoir la volonté de les appliquer. Le Pakistan est en faveur de la négociation d’un instrument sur le droit de l’espace dans son ensemble. Nous appuyons la négociation d’un cadre juridique contraignant, a-t-il souligné.
Le Pakistan partage les préoccupations concernant la militarisation de l’espace avec le risque d’une course aux armements. Il est particulièrement inquiet de l’insistance des États ayant des capacités spatiales importantes, à intégrer l’utilisation de l’espace dans leur doctrine militaire. Ils risquent ainsi d’aller à l’encontre de la coopération internationale pacifique et de menacer la sécurité de l’espace extra-atmosphérique qui est un héritage commun de l’humanité, a dit le représentant du Pakistan. Il faut établir la confiance, et une plus grande transparence dans les activités spatiales entreprises par divers États, est nécessaire. Selon l’intervenant, le Comité a un rôle à jouer à cet égard.
Le Pakistan a lancé le satellite de télécommunication PakSat1 qui devra être remplacé en 2010, a-t-il expliqué. Il contribuera grandement à promouvoir l’utilisation des communications par satellite, particulièrement pour le développement socioéconomique.
M. MANAR TALEB (République arabe syrienne) a déclaré que la mise en œuvre des recommandations d’UNISPACE III était importante, car elle pouvait permettre de renforcer les capacités des pays en développement. Il a estimé qu’une transparence accrue dans les activités extra-atmosphériques pourrait grandement favoriser l’utilisation pacifique de cet espace. Il s’est dit inquiet de voir que les ressources financières du Programme SPIDER diminuaient, alors qu’elles devraient augmenter pour continuer à appuyer ses travaux. Rappelant l’importance des données transmises par les satellites d’observation, il a déclaré que les données de télédétection devaient être accessibles à tous, sans discrimination, et à un coût raisonnable ou gratuitement. Il a également plaidé en faveur du développement d’infrastructures nationales adéquates pour la collecte et l’analyse des données d’origine spatiale.
Appuyant le Programme SPIDER, il a plaidé en faveur de la création d’un programme des Nations Unies qui concernerait un accès universel, pour toutes les organisations et régions, aux données spatiales. Il a rappelé que la coopération internationale était une priorité pour l’utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique et pour en éviter l’armement, qui aurait « sans nul doute un impact négatif », a-t-il conclu.
M. FEDERICO PERAZZA (Uruguay), qui s’exprimait au nom du Mercosur, a rappelé que le traité devant régir la conquête spatiale avait établi que celle-ci devait se faire au profit de tous. La coopération internationale s’impose donc, a-t-il souligné. Cinquante ans après le lancement héroïque du premier Spoutnik, aucun pays ne peut renoncer aux atouts apportés par l’utilisation de l’espace dans tous les domaines, en particulier l’agriculture.
Le Mercosur se félicite de la coopération internationale sous les auspices de l’ONU pour la promotion des données géospatiales obtenues depuis l’espace afin de promouvoir le développement durable. Il a appelé de ses vœux la création d’une agence spatiale régionale une fois que chaque État se sera doté d’une entité nationale. Il convient de continuer d’accroître les capacités de la région pour l’utilisation des informations spatiales, a-t-il souligné.
Le Mercosur est convaincu qu’il est souhaitable d’éviter le déploiement d’armements dans l’espace en raison de l’impact négatif que cela aurait pour la paix et la sécurité internationale et le développement humain.
Mme REBECA HERNÁNDEZ TOLEDANO (Cuba) a déclaré que, durant ces 50 dernières années, le fossé s’était élargi entre les pays développés et ceux en développement, ce qui réduit les possibilités de ces derniers de tirer bénéfice des recherches et des avancées spatiales. Elle a déclaré que c’était un fait établi que tous les pays ne bénéficiaient pas du même accès aux technologies, et c’est particulièrement le cas des technologies spatiales dont le coût est très élevé, a remarqué la représentante cubaine. Par conséquent, compte tenu du nombre croissant d’États qui développent des activités spatiales, il est impératif de développer une coopération bilatérale et multilatérale dans ce domaine, et en particulier par le biais d’échanges d’informations et de technologies, a-t-elle rappelé. Elle s’est par ailleurs félicitée que ce dernier point soit clairement mis en avant dans le rapport du Comité.
Elle a estimé que les changements climatiques étaient une problématique qui devait être abordée dans le cadre du Comité, et au sein duquel la coopération internationale devait être complète. Elle a lancé un appel en faveur de l’établissement de normes juridiques pour assurer une utilisation pacifique de l’orbite géostationnaire, et a demandé à ce que les données collectées grâce à la télé-observation soient accessibles sans discrimination, et notamment aux pays en développement. Elle a déclaré soutenir le Programme SPIDER et a espéré que son exécution profitera, en priorité, aux pays en développement. Elle a estimé que le régime juridique en vigueur actuellement en ce qui concerne l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique était insuffisant pour prévenir efficacement une course aux armements. « Il faut une négociation urgente, et dans un cadre multilatéral, sur l’ensemble des aspects de cette question », a-t-elle déclaré. Enfin, elle a plaidé en faveur d’une coopération plus étroite et coordonnée « afin que l’on puisse pleinement tirer bénéfice des ressources de cet espace ».
Mme KELLY KNIGHT (États-Unis) a déclaré qu’en tant qu’organe unique de l’ONU, le Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique fournissait un forum centré sur le partage en commun de l’espace. Celui-ci a joué un rôle de catalyseur en favorisant l’échange d’informations entre nations spatiales et non spatiales, selon elle.
Concernant les débris dans l’espace, les États-Unis estiment que les recommandations faites à ce sujet devraient être adoptées par tous les pays concernés. Elle a toutefois regretté la destruction intentionnelle d’un satellite par la Chine, le 11 janvier dernier, qui a entraîné la création de centaines de débris, dont une grande partie sont encore en orbite et qui y resteront pendant plus d’une centaine d’années. Il convient d’éviter la création intentionnelle de débris et, selon elle, l’attitude de la Chine allait en contradiction de la politique au sein d’instances internationales comme le Comité sur l’utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique. Cet incident démontre, selon elle, la nécessité de parvenir au plus tôt à un accord sur la question des débris.
Elle a indiqué que son pays était particulièrement encouragé par les progrès substantiels faits au sein du Comité concernant les bénéfices de l’exploration spatiale, ainsi que sur le renforcement de cet organe dans la promotion de la coopération internationale afin d’assurer l’utilisation pacifique de l’espace.
Droit de réponse
La représentante de la Chine a exercé son droit de réponse après l’intervention du représentant des États-Unis, en déclarant que les débris spatiaux étaient en effet un problème très grave. Mais au lieu de critiquer d’autres pays, il est préférable, selon elle, d’examiner avec sérieux si l’on a fait soi-même les plus grands efforts dans ce domaine.
Rapport du Comité des utilisations de l’espace extra-atmosphérique (A/62/20)
La question des changements climatiques pourrait faire son entrée parmi les grands sujets débattus au Comité des utilisations de l’espace extra-atmosphérique. Le rapport, qui fait le bilan des activités et des débats du Comité en 2007, souligne en effet le point de vue exprimé dans ses instances selon lequel, le changement climatique a des incidences sur la stabilité et la sécurité internationales, et que cette question devrait être examinée dans le cadre du programme de travail du Comité.
Le Comité se félicite par ailleurs de ce que le sous-comité soit convenu d’inviter l’Institut international de droit spatial et le Centre européen de droit spatial à organiser un colloque sur le thème « Implications juridiques des applications spatiales pour le changement climatique mondial », qui se tiendrait lors de sa quarantième-septième session, en 2008. Il note également que le sous-comité a pris cette décision dans le but éventuel d’inscrire ce point comme question unique à l’ordre du jour de sa quarante-huitième session, en 2009. Le rapport relève par ailleurs le « rôle décisif » du Comité dans l’instauration du régime juridique régissant les activités spatiales à des fins pacifiques, « branche entièrement nouvelle du droit international ».
Le Comité note avec satisfaction la création du Programme des Nations Unies pour l’exploitation de l’information d’origine spatiale aux fins de la gestion des catastrophes et des interventions d’urgence. Il est convenu que le sigle de ce dernier serait désormais SPIDER-ONU afin de l’identifier facilement comme Programme des Nations Unies. Il se félicite aussi de la création du Comité international sur les systèmes mondiaux de navigation par satellite (GNSS), ce qui est un autre résultat concret de l’application des recommandations d’UNISPACE III. Ce terme désigne la troisième Conférence de l’ONU sur l’exploration et l’utilisation pacifique de l’espace qui s’est tenue à Vienne, en 1999. Le Comité se félicite par ailleurs que certains États Membres aient pris volontairement des mesures de réduction des débris spatiaux.
Le Comité se déclare à nouveau préoccupé par la modicité des ressources financières mises à la disposition du Programme des Nations Unies pour l’application des techniques spatiales, et il lance un appel à l’ensemble des bailleurs de fonds pour qu’ils versent des contributions volontaires. Il estime que les ressources limitées dont dispose l’ONU doivent être affectées aux activités les plus prioritaires, et rappelle que le Programme est l’activité prioritaire du Bureau des affaires spatiales.
En conclusion, le Comitédes utilisations de l’espace extra-atmosphérique recommande que l’examen du point concernant les moyens d’assurer l’utilisation pacifiques de l’espace soit poursuivi à titre prioritaire en 2008.
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