CPSD/371

LE SAHARA OCCIDENTAL ET LES FALKLAND (MALVINAS) AU CENTRE DU PREMIER DÉBAT DE LA COMMISSION CHARGÉE DE LA DÉCOLONISATION

8/10/2007
Assemblée généraleCPSD/371
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Quatrième Commission

2e séance – après-midi


LE SAHARA OCCIDENTAL ET LES FALKLAND (MALVINAS) AU CENTRE DU PREMIER DÉBAT DE LA COMMISSION CHARGÉE DE LA DÉCOLONISATION


Le Sahara occidental et l’archipel Falkland (Malvinas) ont constitué cet après-midi les deux sujets principaux du premier débat de la Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation.  Celle-ci a ouvert ses travaux par une déclaration de son président, le Représentant permanent du Soudan, Abdalmahmood Abdalhaleem Mohamad, qui a rappelé que l’accès à la souveraineté était l’une des pierres angulaires de l’action de l’ONU.


Mais pour qu’une population puisse exercer ce droit, encore faut-il qu’elle soit bien informée, a rappelé le représentant de l’Iran.  Celui-ci a ainsi appelé les puissances administrantes des territoires non autonomes à satisfaire les besoins urgents des peuples coloniaux et notamment ce droit à l’information souligné par l’ONU.  Il a aussi plaidé en faveur des missions d’information annuelles des Nations Unies sur place.


Concernant la situation au Sahara occidental, la majorité des délégations ont estimé que les pourparlers entamés cet été à Manhasset, dans l’État de New York, constituaient une ouverture très positive en direction de la résolution de la question.


Lors de son intervention, le représentant du Maroc a confirmé que ce processus était susceptible de sortir la question du Sahara de l’impasse.  Pour l’orateur, la proposition du Gouvernement du Maroc d’octroyer une autonomie substantielle au territoire constitue une proposition de compromis innovante et responsable.  Il a émis l’espoir que la surenchère et l’affrontement, qui ont marqué, selon lui, la précédente session de la Commission, puissent être évités cette année.  Il a appelé de ses vœux l’adoption d’une résolution susceptible d’envoyer un signal politique fort en soutien au processus de négociation de Manhasset et qui soit dans la logique, dans la lettre et dans l’esprit de la Résolution 1754, adoptée par le Conseil de sécurité.


L’Algérie a réaffirmé quant à elle son « soutien indéfectible » à l’autodétermination du Sahara occidental, « dernier territoire restant à décoloniser en Afrique ».  Son représentant a mis en cause ce qu’il a appelé « la prétention exorbitante » d’une des parties de prédéterminer à l’avance le résultat du processus.  Il a estimé que le Maroc n’avait aucune base juridique pour sa revendication sur le Sahara occidental.


Le débat s’est conclu par une série de droits de réponse au ton particulièrement vif entre les représentants du Maroc et de l’Algérie.  Lorsque nous nous prononçons sur le sort des peuples, il faut peser ses mots, avait averti auparavant le Représentant de la Guinée-Bissau.  Il a appelé à tout faire au sein de la Quatrième Commission pour encourager les parties concernées, l’objectif ultime étant, a-t-il dit, de « donner la possibilité à un peuple de s’exprimer ».  Pour le Représentant de l’Angola, « à une époque où la consultation populaire fait presque partie de nos mœurs à tous, il est logique que le peuple du Sahara occidental jouisse également de ce droit ».


Par ailleurs, plusieurs délégations latino-américaines, dont celles représentant le Groupe de Rio et le Mercosur, ont réitéré leur appui aux revendications de l’Argentine sur l’archipel des Falkland (Malvinas).  La délégation britannique a demandé un droit de réponse pour indiquer que seule la volonté de la population des îles devait décider de l’ouverture éventuelle de négociations sur le statut du territoire.


La Quatrième Commission tiendra sa troisième séance demain après-midi pour entendre les pétitionnaires de territoires non autonomes.


DÉBAT GÉNÉRAL


Déclarations liminaires


À l’ouverture de la réunion ABDALMAHMOOD ABDALHALEEM MOHAMAD, Président de la Quatrième Commission, a fait une déclaration sur ce sujet qu’il a qualifié de « très important », notant que la décolonisation avait été l’une des pierres angulaires du XXe siècle.  Le Président a estimé que c’était grâce aux efforts inlassables du Comité spécial sur la décolonisation, appelé aussi « Comité des 24 », que de nombreux pays étaient aujourd’hui représentés à l’ONU.


M. Mohamad a ensuite donné la parole au Représentant de la République arabe syrienne, Rapporteur du Comité spécial sur l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux.


Le Rapporteur du Comité spécial sur l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, M. BASHAR JA’AFARI, (République arabe syrienne), a présenté le rapport du Comité spécial pour 2007.  Il a indiqué que ce rapport analysait les évolutions constatées dans les 16 territoires non autonomes listés par les Nations Unies.  Il a rappelé que tout au long de sa précédente session, ainsi que lors du Séminaire des Caraïbes qui s’est tenu à la Grenade en mai 2007, le Comité spécial avait pu bénéficier de la participation des représentants des territoires non autonomes, ainsi que de celle de trois des quatre puissances administrantes, de certaines organisations non gouvernementales, et d’experts.  M. Ja’afari a déclaré que le rapport du Comité spécial revenait sur le rôle central que doivent jouer les puissances administrantes dans le mouvement de décolonisation.  Il a également salué la « coopération exemplaire » de la Nouvelle-Zélande, en tant que puissance administrante, avec les Nations Unies sur la question des îles Tokélaou, rappelant qu’à l’invitation de la Nouvelle-Zélande, une mission des Nations Unies se rendra prochainement dans ces îles pour superviser le référendum d’autodétermination qui y est prévu à la fin du mois.


M. Ja’afari a signalé que les chapitres II et XI du rapport traitaient de thèmes spécifiques et également, de manière individuelle, de chacun des territoires non autonomes.  Le Rapporteur spécial a rappelé que, durant sa précédente session, le Comité a, entre autres, étudié des problématiques telles que la deuxième Décennie internationale pour l’élimination du colonialisme, les activités économiques et les autres actions qui sont préjudiciables aux intérêts des peuples et des territoires non autonomes.  Il a déclaré que les recommandations spécifiques du Comité sont présentées dans le rapport sous forme de projet de résolution pour une adoption ultérieure.  Il a enfin souhaité que les efforts conjoints de tous les États Membres, du système des Nations Unies, et des habitants des territoires non autonomes mènent à des progrès significatifs dans l’éradication totale du colonialisme.


Mme MARGARET HUGHES FERRARI (Saint-Vincent-et-les Grenadines) qui s’exprimait au nom du Comité spécial des 24 (C24), a rappelé que celui-ci avait pour principal objectif de veiller à l’application des résolutions de l’ONU dans le cadre de la deuxième Décennie de la décolonisation 2001-2010.  La décolonisation est historiquement l’un des mandats les plus délicats et aussi l’un des plus fructueux confiés à l’ONU et elle doit rester prioritaire, a-t-elle ajouté.  Elle s’est félicitée de l’évolution du processus de décolonisation en cours dans l’archipel de Tokélaou avec l’organisation prochaine d’un référendum.  Il est primordial que les peuples aient toute l’information nécessaire pour se déterminer en connaissance de cause, afin de parvenir à des actes valables d’autodétermination, a-t-elle ajouté.


Après avoir évoqué la brochure consacrée à l’assistance des Nations Unies pour assister les territoires non autonomes, Mme Hughes a mentionné la réunion tenue par le C24 en mai dernier à Saint-Georges (Grenade).  Les derniers travaux du Comité ont conduit à rappeler la principale leçon tirée de l’expérience passée: les besoins des territoires varient en fonction de leur réalité spécifique: il n’y a pas de « formule magique » applicable à tous, a-t-elle souligné.


M. JUAN MARTINEZ (République dominicaine) a réaffirmé, au nom des pays membres du Groupe de Rio, son appui soutenu au processus de décolonisation pour garantir l’exercice du droit inaliénable à l’autodétermination, dans l’esprit des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale. Il a déclaré que les résultats du Comité spécial sur la décolonisation, créé en 1961, avaient été notoires, mais qu’il restait malgré tout 16 territoires non autonomes; ce qui laisse « le chantier inachevé ».  Il a réitéré le soutien du Groupe de Rio à la deuxième Décennie pour l’élimination de la décolonisation et a appelé les puissances administrantes à aider ces territoires à accéder à l’indépendance.


Il a déclaré que le Groupe de Rio appuyait le travail du Département de l’information (DPI) et des centres d’information des Nations Unies pour la promotion des objectifs de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples non autonomes. Il s’est félicité de la publication, en mars 2007, d’une nouvelle brochure du DPI et du Service de décolonisation du Département des affaires politiques sur le thème de la décolonisation.  Le Groupe de Rio est solidaire de l’Argentine sur la question des îles Malvinas, Sandwich du Sud et Géorgie du Sud et appelle les deux parties à trouver une solution juste, pacifique et durable, a-t-il  déclaré.  Le représentant a jugé nécessaire de continuer à prendre les mesures nécessaires pour assurer une croissance durable aux économies des territoires, qui sont particulièrement sensibles aux catastrophes climatiques, tout en  leur portant une attention particulière.  Il a déclaré que la question du Sahara occidental devait trouver sa solution avec les Nations Unies et s’est félicité des résultats de l’Envoyé spécial du Secrétaire général sur place.  Les dernières réunions de Manhasset ouvrent des perspectives intéressantes, a déclaré le représentant dominicain.  Il a enfin remercié le Gouvernement de la Nouvelle-Zélande pour sa coopération avec les Nations Unies sur la question des îles Tokélaou, et il a réitéré son appel à tous les États Membres pour apporter leur concours à la réalisation des objectifs de décolonisation.


M. LIU ZHENMIN (Chine) a rappelé que 2 millions de personnes vivaient encore dans 16 territoires non autonomes.  Il y a consensus parmi les États Membres pour que l’on parvienne à achever au plus tôt le processus de décolonisation, a dit le représentant.  Il a rappelé que son pays avait toujours appuyé les populations de ces territoires dans leurs efforts pour exercer leur droit à l’autodétermination.  La Chine, a-t-il ajouté, a l’intention de continuer à œuvrer au sein de l’ONU et de sa Quatrième Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation.


M. MOSTAFA SAHEL (Maroc) a déclaré que l’examen de la question du Sahara occidental intervenait, cette année, dans un contexte différent, nouveau et prometteur, faisant ainsi référence à la Résolution 1754 adoptée à l’unanimité le 30 avril 2007, et par laquelle le Conseil de sécurité a instauré un nouveau processus politique de négociations.  La question du Sahara ne saurait se faire sans prendre en considération ce contexte nouveau, a déclaré M. Sahel.  Le Maroc a soumis au Secrétaire général, sa « Proposition pour la négociation d’un statut d’autonomie pour la région du Sahara; proposition qui se révèlera, selon M. Sahel, à la hauteur des attentes placée en elle.  « Cette nouvelle dynamique recèle un momentum qu’il faut mettre à profit, avec responsabilité, sérénité et sérieux, pour aboutir à une solution politique mutuellement acceptable pour ce problème régional qui n’a que trop duré», a déclaré l’Ambassadeur marocain.


La Proposition en vue de la négociation d’un statut d’autonomie pour la région du Sahara soumise par le Maroc, a été le fruit d’une large consultation nationale avec les partis politiques nationaux, ainsi qu’avec les représentants des populations du Sahara, a rappelé l’Ambassadeur Mostafa Sahel.  Il a déclaré que l’élaboration de ce statut d’autonomie, son contenu et sa teneur, étaient en parfaite conformité avec les normes et standards internationaux en la matière.  Il a déclaré que la Proposition serait soumise à un référendum, conformément aux dispositions de la Charte des Nations Unies et au principe de l’autodétermination.  En initiant un nouveau processus politique de règlement par la négociation, la Résolution 1754 a marqué une rupture avec les plans antérieurs, créant une dynamique nouvelle porteuse d’espoir pour les habitants de la région, a rappelé Mostafa Sahel.  Il s’est également félicité des négociations qui avaient eu lieu après l’adoption de la Résolution 1754 et qui ont, pour le Maroc, restitué un droit à la population du Sahara occidental: celui de participer à travers ses représentants à des négociations portant sur le devenir de la région et lui permettant ainsi de s’associer au processus en cours.  Il faut donc qu’à ce stade ce processus engagé soit maintenu et consolidé et, pour cela, M. Sahel a appelé la communauté internationale à l’appuyer, et ce, dans un esprit de consensus.  Il a souhaité que les affrontements qui avaient marqué la session précédente de la Commission soient évités cette année. 


Les faits nouveaux et les développements intervenus au cours de l’année écoulée, notamment au Conseil de sécurité, devraient tracer la voie pour un retour au consensus au sein de la Quatrième Commission, a dit le représentant.  Le Maroc souhaite que les termes de la prochaine résolution soient en phase avec la Résolution 1754 afin de préserver la dynamique de négociations engagées.  Le Maroc ne saurait s’associer à une résolution qui s’éloignerait de l’esprit de la 1754, a indiqué M. Sahel.  Elle a estimé que les termes du consensus sont à la portée de la Commission.  Elle devrait parvenir en toute logique à une résolution qui soit en phase avec l’évolution du différend, notamment au sein du Conseil de sécurité.  Cette résolution devrait éviter de compromettre la dynamique actuelle ou d’altérer les termes de référence des négociations en cours.  Elle devrait être conforme à la lettre et à l’esprit de la Résolution 1754, dont toutes les parties et l’ensemble de la communauté internationale se sont félicités.  Une résolution de la Commission devrait éviter de légitimer les prises de position rigides, a souhaité M. Sahel en appelant la Quatrième Commission à adopter un texte qui renforce la cohérence dans le traitement de la question par les différents organes des Nations Unies, a déclaré le Représentant permanent en soulignant que le Royaume du Maroc était pleinement disposer à négocier sincèrement et de bonne foi, avec les autres parties, et à coopérer avec le Secrétaire général et son Envoyé spécial pour parvenir à une solution acceptable par tous et réussir le pari de la paix, de la compréhension régionale et de l’avènement d’un Maghreb réconcilié.


M. FEDERICO PERAZZA (Uruguay) qui s’exprimait au nom du Mercosur et des États associés, a réitéré l’appui de cette organisation à l’Argentine concernant le différend sur les îles Malvinas, la Géorgie du Sud et les îles Sandwich du Sud.  Il a rappelé la disposition de l’Argentine à reprendre les négociations pour parvenir à une solution juste, pacifique et durable.  Nos pays sont convaincus de la justesse de la revendication de la République argentine, a-t-il souligné.


Il s’agit d’une situation coloniale spéciale et particulière ayant trait à un différend de souveraineté reconnu par toutes les parties.  La spécificité et la particularité de la situation sont dues au fait que la population argentine a été expulsée en 1833 pour être remplacée par une autre population d’origine britannique.  Le retour des occupants légitimes des îles a été empêché, a expliqué M. Perazza.  En conclusion, les pays du Mercosur appellent une fois encore les parties à respecter toutes les résolutions des Nations Unies ayant trait aux Malvinas et engagent les deux pays à reprendre langue pour résoudre leur différend.  La reprise des pourparlers est le seul moyen de mettre un terme à cette situation coloniale particulière, a conclu le représentant uruguayen.


M. YOUCEF YOUSFI (Algérie) a apporté son soutien aux peuples encore « sous domination coloniale ».  Il a plaidé en faveur de l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, faisant référence à la Résolution 1514.  Il a appelé à une solution juste, durable et équitable, et a déclaré que le Plan de paix soumis par M. Baker, l’Envoyé spécial des Nations Unies au Sahara occidental, avait reçu tout le soutien de l’Algérie.  M. Yousfi s’est dit satisfait de l’adoption de la Résolution 1754 et des négociations directes menées à Manhasset.  En ce qui concerne ces négociations, l’Ambassadeur algérien a déclaré que le Conseil de sécurité s’était inscrit dans le processus de résolution de ce conflit en prenant note des propositions des deux parties, faites lors de ces négociations.  De plus, en préconisant des négociations sans conditions préalables, le Conseil de sécurité a refusé d’accorder des avantages indus à une des parties alors qu’il s’agit d’un processus délicat qui n’en est qu’à ses débuts, a déclaré M. Yousfi.  Il a cité M. Bilt, Ministre des affaires étrangères de la Suède, qui a déclaré que le Maroc ne bénéficiait d’aucune base juridique pour justifier de sa présence sur le territoire du Sahara occidental.  L’Algérie espère que le processus de négociations aboutira à l’exercice du droit à l’autodétermination, a déclaré M. Yousfi.  Dans ce cadre, la population du territoire occupé doit bénéficier d’une protection internationale, et ce devoir revient à OCHA, selon le Représentant permanent. Il a également appelé à la fin du huis clos instauré dans le Sahara occidental afin de permettre aux journalistes d’y pénétrer sans entraves.


M. Yousfi a déclaré que le règlement de la question du Sahara occidental passait obligatoirement par l’exercice du droit à l’autodétermination sans contraintes.  Il a par conséquent appelé cette Commission à agir à l’unisson et à soutenir les efforts de l’Envoyé du Secrétaire général pour trouver une solution juste et durable en application de la Résolution 1754.  « Cette question est un test de crédibilité pour les Nations Unies », a conclu M. Yousfi.


M. PAUL BADJI (Sénégal) a consacré son intervention à « la délicate et épineuse situation du Sahara occidental ».  Il a rappelé que son pays soutenait l’ensemble des initiatives ayant trait à ce territoire, le Sénégal ayant des liens séculaires avec le Maroc et entretenant d’excellentes relations avec l’ensemble des pays de la région.


Tout en réaffirmant la position du Sénégal, qui « consacre et privilégie le respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental », M. Badji a réitéré le soutien agissant de sa délégation aux efforts et initiatives en cours sous les auspices de l’ONU.  Il a engagé les parties à « éviter l’escalade verbale et à faire preuve de retenue ».  Il les a exhorté à « poursuivre de bonne foi les négociations en vue de trouver une voie consensuelle, seule susceptible de favoriser la mise en œuvre d’une solution juste et durable, de maintenir le respect mutuel du cessez-le-feu et de résoudre les questions humanitaires, celle notamment des prisonniers de guerre ».


M. VALENTE CHISSANO (Mozambique) a déclaré qu’il y avait des évolutions positives sur la question du Sahara occidental, faisant ainsi référence à la Résolution 1754, et a apporté tout l’appui de sa délégation aux négociations en cours sur cette question.  Il a également appelé à une résolution du conflit grâce à une solution qui serait « juste et acceptable ».  Il a enfin déclaré que les objectifs de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux avaient maintenant plus de 50 ans et que, malgré cela, ils ne sont toujours pas atteints.  Il a conclu en appelant les parties concernées par cette déclaration à tout mettre en œuvre pour atteindre au plus vite ses objectifs ainsi que ceux de la Résolution 1514.


M. TETE ANTONIO (Angola) a souligné que son pays devait beaucoup à la Quatrième Commission.  Évoquant à son tour la situation au Sahara occidental, il a déclaré qu’ « à une époque où la consultation populaire faisait presque partie de nos mœurs à tous, il est bien logique que le peuple du Sahara occidental jouisse également de ce droit ».  Il s’est réjoui de l’amorce de négociations directes entre les parties et les a encouragées à négocier de bonne foi.  Il s’est félicité en particulier du « rôle positif » joué par les pays voisins, l’Algérie et la Mauritanie.


Il a rappelé que l’Angola avait de bonnes relations avec les parties et souligné que l’Organisation se devait « d’envoyer un message sans ambiguïté aux parties en adoptant une résolution » allant dans le sens de la Résolution 1754 (2007) dans laquelle le Conseil de sécurité a demandé aux parties d’engager des négociations de bonne foi.


M. HOSSEIN MALEKI (Iran) a déclaré que la Charte des Nations Unies consacrait le droit à l’autodétermination et a donc demandé à ce que la décolonisation soit considérée comme un objectif majeur pour l’Organisation.  Les succès déjà accomplis ne peuvent être une fin en soi tant que des personnes vivent toujours sous le joug du colonialisme, a déclaré M. Maleki.  Il a appelé les puissances administrantes à satisfaire les besoins urgents des peuples coloniaux et notamment le droit à l’information, ce qui permettrait aux Nations Unies de prendre connaissance des évolutions au sein de ces territoires.  Sensibiliser les habitants des territoires non autonomes à la décolonisation et la diffusion sur leurs droits à l’autodétermination est impératif, a déclaré M. Maleki.  Les peuples ne peuvent pas décider de leur situation politique sans cette information, a-t-il rappelé, plaidant en faveur des missions annuelles et des visites des Nations Unies dans ces territoires qui doivent se poursuivre.


M. Maleki a déclaré que le Comité des 24 devait essayer de rechercher la coopération officielle des puissances administrantes.  Il a déploré que le Séminaire régional du Comité des 24 de 2007 n’ait pas pu avoir lieu dans un des territoires non autonomes.  « Il faut créer une relation officielle sérieuse entre les puissances administrantes et le Comité des 24 », a déclaré M. Maleki.  Il a rappelé les obligations qui incombent aux puissances administrantes au titre de l’Article 73 de la Charte, qui porte sur la communication d’informations portant sur les évolutions politiques, économiques et sociales de ces territoires non autonomes.  Il a déclaré que sans des informations obtenues en temps opportun, le Comité et les Nations Unies ne pouvaient pas prendre les mesures nécessaires; ce qui entraverait donc les progrès.  Selon M. Maleki, le statut des territoires non autonomes ne peut changer sans des avancées préalables dans les domaines politiques, économiques, et dans celui de l’éducation.  Ainsi, les puissances administrantes doivent aider au développement de ces secteurs afin que, par la suite, ces territoires puissent accéder à l’autodétermination, a conclu le représentant iranien.


M. MASON F. SMITH (Fidji) a estimé que la décolonisation était un droit de l’homme fondamental.  Toute tentative visant à nuire à l’intégrité territoriale d’un pays est incompatible avec la Charte fondamentale de l’ONU, a-t-il déclaré.  Pour chacun des 16 territoires non autonomes, la situation est unique, a-t-il dit, chacun de ces territoires étant à des stades de développement différents.  La taille du territoire, ou sa situation géographique, ne devrait pas empêcher le droit inaliénable de son peuple à exercer son droit à l’autodétermination, librement et sans ingérence, a-t-il dit.


S’agissant du Pacifique, les Fidji sont conscientes du fait que la population des Samoa américaines est satisfaite de ses relations avec la puissance administrante, les États-Unis.  L’archipel appuie, par ailleurs, les revendications du peuple Chamorro de Guam, a dit le représentant.  Les Fidji apprécient par ailleurs les progrès accomplis par le peuple kanak de Nouvelle-Calédonie, ainsi que les efforts de la France pour assurer sa promotion.  La mise en place de relations plus étroites avec les peuples du Pacifique est la bienvenue, a-t-il ajouté.  Le représentant fidjien s’est ensuite félicité du processus politique et constitutionnel en cours à Tokélaou.  Au sujet du Sahara occidental, l’impasse actuelle est un obstacle au développement du Maghreb, a-t-il rappelé.


Fidji estime que des contacts officiels et officieux entre les missions onusiennes et les puissances administrantes sont extrêmement utiles, a-t-il conclu.


M. IVAN ROMERO MARTINEZ (Honduras) a apporté son soutien à la déclaration faite par la Chine et à celle du Groupe de Rio.  Il a déclaré que le travail de cette Commission était d’une très grande importance pour l’établissement de la paix et de la sécurité internationales.  M. Martinez a salué le fait que des informations soient régulièrement transmises aux Nations Unies à propos de la situation dans les territoires non autonomes, ce qui permet de mieux appréhender la réalité qui y prévaut sur le terrain.  Il a souhaité que les travaux de la Commission aboutissent à des résolutions qui auraient pour aspiration le respect de tous les peuples et de tous les citoyens.  Notre Organisation doit « se nourrir des aspirations démocratiques, libertaires, et du respect de la dignité de l’être humain », a conclu M. Martinez.


M. ALFREDO LOPES CABRAL (Guinée-Bissau) a rappelé que, pendant de nombreuses années, des représentants du peuple de Guinée-Bissau s’exprimaient tous les ans devant la Quatrième Commission en tant que pétitionnaires, alors que perdurait la situation coloniale en Guinée- Bissau.  Il a rendu hommage au rôle joué alors par la Commission pour aider la Guinée-Bissau à accéder à la souveraineté.  Lorsque nous nous prononçons sur le sort des peuples, il faut peser les mots, a-t-il averti, en confiant avoir écouté avec beaucoup d’attention les orateurs précédents, particulièrement ceux ayant abordé la question du Sahara occidental.  Rendant hommage au Conseil de sécurité, dont les efforts tendent à rapprocher les deux parties, il les a encouragées à faire preuve d’innovation et d’esprit de responsabilité.  « Le moment est venu de faire œuvre utile », a-t-il souligné.  Volontairement ou involontairement, il convient de ne pas faire obstacle au processus politique en cours.  Car tout processus finit par aboutir à des négociations, a-t-il noté.


Il a appelé la Commission à tout faire pour encourager les parties concernées, l’objectif ultime étant de donner la possibilité à un peuple de s’exprimer.  Négocier le temps qu’il faudra, animer de la ferme volonté d’aboutir, là est l’essentiel, sur la base de la Résolution 1754 (2007), a dit M. Cabral.  Il convient de fédérer les efforts au sein de cette Commission, a-t-il conclu en engageant son Président à œuvrer en ce sens.


Droits de réponse


La représentante du Royaume-Uni, demandant un droit de réponse, a expliqué que son pays n’avait aucun doute sur sa souveraineté sur les îles Falkland.  Il ne peut y avoir de négociations sur cette question que si la population des îles le souhaite, a-t-elle souligné.


Utilisant lui aussi son droit de réponse, le représentant du Maroc s’est dit à la fois conforté par les interventions de la plupart des orateurs et attristé par celle du représentant de l’Algérie.  Il a mis en cause des « volontés hégémoniques » ayant « apparemment la vie très dure ».  Il a reproché à l’Algérie de n’avoir pas évolué, depuis 30 ans, mettant toute son énergie à torpiller toute initiative sérieuse.  Ce pays table sur le statu quo, selon le Maroc.


Il y a aujourd’hui un espoir sérieux de règlement parce que mon pays a pris sur lui de sortir de l’impasse, a dit le représentant.  Il a dénoncé « un rêve hégémonique d’un autre temps » de la part de l’Algérie « qui affirme dans le même temps n’avoir aucune part au problème ».  Pour le représentant du Maroc, Tindouf n’a jamais abrité qu’une minorité originaire du Sahara, la majorité se trouvant au Sahara dans le sud du Maroc.  Il a souligné que les Nations Unies n’avaient pas reconnu par ailleurs au Polisario le statut de seul représentant du peuple du Sahara.  Il a mis en cause l’absence de liberté prévalant dans les camps de réfugiés de Tindouf et s’est demandé si l’Algérie était bien placée pour parler des droits de l’homme, étant un « pays où on comptabilise 5 000 disparus ».  Il a rappelé par ailleurs que des rapports d’organisations humanitaires avaient dénoncé le détournement de l’aide à destination des camps de Tindouf.  L’ONU n’a jamais qualifié le Maroc de « puissance occupante », a-t-il conclu.


Exerçant à son tour son droit de réponse, le représentant de l’Algérie, a déclaré que le peuple sahraoui avait été agressé par le peuple marocain: « Nous avons affaire à une occupation étrangère », a-t-il dit.  Et « si l’expression puissance occupante ne lui plaît pas, alors il convient de parler de puissance coloniale », a-t-il ajouté, soulignant qu’une partie considérable de la population locale avait dû fuir.  Il s’agit d’un nouvel épisode de colonisation au Sahara occidental, selon l’Algérie.  Pour son représentant, la seule façon de qualifier les propos du représentant du Maroc est de parler de « discours lénifiant et de mauvaise foi ».  Au moment même où le Maroc parle de ne pas dénaturer la Résolution 1754, il la viole et la dénature.  Quand le Maroc insiste pour que son document soit la base des négociations, il pose une condition préalable.  Le Maroc est un « violeur en série des résolutions du Conseil de sécurité », a dit le représentant de l’Algérie.  Il a estimé que l’attitude du Polisario avait été constructive alors que celle du Maroc avait été intransigeante et fermée à toute ouverture. 


S’agissant des droits de l’homme, il a reproché au Maroc de rejeter sur l’Algérie la responsabilité des souffrances qu’il inflige lui-même aux populations du Sahara.  Le Maroc devra en répondre un jour, selon lui.  Il y a beaucoup à dire sur les élucubrations de mon frère du Maroc, a conclu le représentant de l’Algérie.


Exerçant à son tour son droit de réponse, le représentant du Maroc, a noté qu’il « n’était pas dans la tradition marocaine d’utiliser des propos discourtois.  Il a mis ces propos sur le compte de « l’énervement car la réalité déstabilise celui qui ne veut pas l’entendre ».  Le représentant du Maroc a estimé que le Conseil de sécurité, dans la Résolution 1754 (2007) s’était félicité des initiatives du Maroc en se contentant de prendre note de celles du Polisario: il y a donc « une hiérarchie », selon lui.


Exerçant une dernière fois son droit de réponse, le représentant de l’Algérie a dénoncé « l’incohérence du Maroc qui donne une lecture très sélective de la Résolution 1754 » car « le Conseil de sécurité ne dit à aucun moment qu’il préfère la proposition marocaine ».  Pourquoi ne pas organiser ce référendum d’autodétermination soutenu par la communauté internationale? a demandé le représentant de l’Algérie qui a estimé que le Maroc avait peur de laisser les Sahraouis s’exprimer comme il a peur de laisser les colons marocains s’exprimer.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.