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AG/COL/3162

LE COMITÉ DES VINGT-QUATRE RÉAFFIRME QUE LE CONFLIT DE SOUVERAINETÉ ENTRE L’ARGENTINE ET LE ROYAUME-UNI SUR LES ÎLES FALKLAND (MALVINAS) DOIT ÊTRE RÉGLÉ PAR LA NÉGOCIATION

21/06/2007
Assemblée généraleAG/COL/3162
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Comité spécial chargé d’étudier la situation

sur l’application de la Déclaration sur l’octroi

de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux

8e séance – matin


LE COMITÉ DES VINGT-QUATRE RÉAFFIRME QUE LE CONFLIT DE SOUVERAINETÉ ENTRE L’ARGENTINE ET LE ROYAUME-UNI SUR LES ÎLES FALKLAND (MALVINAS) DOIT ÊTRE RÉGLÉ PAR LA NÉGOCIATION


Le Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne  l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux a adopté, ce matin, sans vote, un projet de résolution relatif à la question des îles Falkland (Malvinas).  Ce texte réaffirme que le règlement pacifique et négocié du conflit de souveraineté entre les Gouvernements de la République argentine et du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord est le moyen de mettre fin à la situation coloniale particulière propre aux îles Falkland (Malvinas).


Ce projet de résolution adopté par le Comité prie ces Gouvernements de consolider le processus de  dialogue et de coopération en cours en reprenant leurs négociations afin de trouver, dans les meilleurs délais, une solution pacifique au conflit de souveraineté touchant la question des îles Falkland (Malvinas).


Avant l’adoption du texte, le Comité avait entendu des pétitionnaires et des délégations d’États Membres exprimer leurs positions sur le différend de longue date opposant les Gouvernements argentin et britannique.  S’exprimant en qualité de représentants du Conseil législatif des îles Falkland (Malvinas), MM. Richard Davies et Ian Hansen ont vivement rejeté le projet de résolution qui était présenté par la Bolivie, le Chili, Cuba et le Venezuela, et qui, ont-ils relevé, « ne fait aucune mention du droit à l’autodétermination du peuple » des îles concernées.


Soulignant que l’actuelle souveraineté britannique n’impliquait aucune dimension coloniale, M. Davies a contesté les arguments historiques, géographiques et juridiques invoqués pour justifier un rattachement des îles Falkland (Malvinas) à l’Argentine.  M. Hansen a, de son côté, fait état des performances économiques de ces territoires, notamment dans les secteurs de la pêche, de l’agriculture et du bois,  et qui ont été rendues possibles grâce aux partenariats conclus avec la puissance administrante.


Après avoir déclaré que les îles Falkland (Malvinas) avaient été usurpées en 1833, le Ministre argentin des affaires étrangères et du commerce international, M. Jorge Taiana, a qualifié d’illégales et d’unilatérales certaines mesures prises par le Royaume-Uni concernant l’exploitation des ressources halieutiques de l’espace maritime argentin et de ses gisements d’hydrocarbures.  Selon lui, cette attitude ne facilite pas l’instauration d’un climat propice à la reprise de négociations sur la souveraineté.


Toutes les délégations ayant pris la parole ont soutenu ce qu’elles ont appelé « les droits légitimes de l’Argentine sur les îles Malvinas ».  Cette position, ont rappelé certaines délégations, a été réitérée par les chefs d’État de la communauté sud-américaine lors d’un sommet en 2006.  Les délégations ont plaidé en faveur de la reprise, dans les meilleurs délais, des négociations entre l’Argentine et le Royaume-Uni en vue de régler tous les aspects relatifs à l’avenir des îles Falkland (Malvinas) et d’appliquer, dans les meilleurs délais, les résolutions pertinentes de l’Assemblée générale sur cette question.


La prochaine séance plénière du Comité spécial aura lieu lundi, le 25 juin, à 10 heures.



Question des îles Falkland (Malvinas)


Déclarations


M. RICHARD DAVIES, représentant du Conseil législatif des îles Falkland (Malvinas), a déclaré que les habitants des îles Falkland (Malvinas) ne pouvaient accepter la notion coloniale selon laquelle toute autre personne autre que la population du territoire concerné aurait le droit de décider de son avenir.  Il y a 25 ans, les îles Falkland (Malvinas) venaient d’être libérées, par l’intervention britannique, de l’invasion argentine, a-t-il rappelé.  Bien que ce pays prétende n’avoir aucune intention de militariser à nouveau ces îles, il veut cependant les coloniser, a estimé M. Davies.  Son gouvernement continue de tromper la communauté internationale avec des mythes qui n’ont pas grand-chose à voir avec la réalité, a ajouté M. Davies, en indiquant que les îles Falkland (Malvinas) n’ont jamais fait partie de l’Argentine.  Les arguments de ce pays sont moralement, historiquement et intellectuellement irrecevables, a-t-il estimé.  La volonté argentine de créer une « grande Argentine » est totalement anachronique au vingt et unième siècle.  Ce dont nous avons besoin, c’est de décoloniser les esprits, a lancé le représentant.  L’Argentine prétend que la population des îles Falkland (Malvinas) est « transplantée », alors que comme les Argentins, nous, habitants des îles Falkland (Malvinas), sommes des immigrants, a-t-il poursuivi.  Pour M. Davies, les prétentions de l’Argentine sur l’intégrité territoriale des îles Falkland (Malvinas) ne tiennent pas debout, et ce n’est pas parce que l’Argentine a brièvement occupé le territoire en 1829 qu’elle doit en conclure qu’il lui appartient.  Les évènements d’il y a deux siècles ne peuvent en aucun cas donner à l’Argentine de droits sur un peuple qui n’a, ethniquement et culturellement, rien à voir avec le sien, a déclaré M. Davies.  Rappelant que la résolution 1514, sans doute la plus importante contribution des Nations Unies au principe d’autodétermination, était dépourvue d’ambiguïté, le représentant a affirmé que des déclarations étaient régulièrement faites pour essayer d’en contourner les dispositions.  Nous ne voulons pas que le Gouvernement britannique négocie le statut des îles Falkland (Malvinas) avec l’Argentine, a déclaré M. Davies, pour qui la souveraineté du Royaume-Uni sur ces territoires n’a aucune dimension coloniale.


Outre son offensive diplomatique, l’Argentine essaie de prendre aujourd’hui des mesures économiques en interdisant certains vols en provenance des îles Falkland (Malvinas) ou en imposant des contraintes à la pratique de la pêche, dont dépend l’économie de ces territoires, a ajouté M. Davies.  Le Comité des Vingt-Quatre devrait protester contre ces comportements honteux qui ne servent pas les objectifs qu’il poursuit, a-t-il estimé.  Soulignant que le peuple des îles Falkland (Malvinas) avait d’excellentes relations avec le peuple argentin, il a déclaré que la nouvelle génération d’Argentins nés depuis la guerre sera peut-être en mesure de comprendre qu’elle peut être fière de son pays sans avoir besoin de dominer les habitants des îles Falkland (Malvinas).  La résolution présentée aujourd’hui est faussée dans le fond, parce qu’elle ne tient pas compte de la volonté d’autodétermination du peuple des Falkland (Malvinas).  Il faudrait la modifier et encourager des mesures qui puissent atténuer les tensions, a recommandé le représentant.


M. IAN HANSEN, Conseiller législatif des îles Falkland (Malvinas), a comparé les îles Falkland (Malvinas) à d’autres pays du « Nouveau Monde », comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande, les États-Unis, le Canada et même l’Argentine, dont la majeure partie de la population est constituée d’immigrants d’ascendance européenne.  Sa famille étant arrivée d’Écosse et du Danemark il y a quatre générations, M. Hansen a indiqué qu’il se considérait néanmoins comme un ressortissant des îles Falkland (Malvinas).  Il y a 25 ans, a-t-il regretté, le droit à l’autodétermination, pourtant consacré par la Charte de l’ONU, a été remis en cause par une invasion militaire.  Aujourd’hui, les îles Falkland (Malvinas) ont une économie solide, un milieu d’affaires efficace, un système d’éducation et des services de santé excellents, a-t-il affirmé.  Ne connaissant pas la pauvreté, les insulaires vivent dans le confort moderne.  Le Gouvernement continue à investir dans les infrastructures, tandis que l’industrie de la pêche demeure la principale source de revenus du territoire, a ajouté M. Hansen.  À cet égard, il a assuré le Comité de la coopération des îles Falkland (Malvinas) avec les pays de la région pour la conservation des stocks halieutiques.  Le représentant a aussi parlé du succès que connaît l’industrie du tourisme, malgré certains obstacles posés notamment aux vols charters par l’Argentine.  En revanche, M. Hansen a reconnu que le secteur de l’agriculture ne se portait pas très bien aux îles Falkland (Malvinas).  Il a précisé que le Gouvernement soutient tous les secteurs de l’industrie, sans discrimination.


Dans les domaines de l’autogouvernance et de la démocratie, le représentant a rappelé que c’est en 1949 que les premiers membres élus avaient rejoint les membres nommés du Conseil législatif.  Et c’est de 1985 que date la première Constitution des îles Falkland (Malvinas), qui prévoit une série de droits fondamentaux ainsi que des dispositions sur l’indépendance du pouvoir judiciaire.  Le Conseiller a d’autre part décrit les rôles du Conseil législatif, du Conseil exécutif et du Gouverneur.  Ce dernier expose les vues et avis donnés par le Gouvernement britannique et présente les vues du Gouvernement des îles Falkland (Malvinas) à la puissance administrante, a-t-il indiqué.   M. Hansen a précisé qu’aucun parti politique n’a vu le jour sur le territoire et que les conseillers législatifs sont par conséquent indépendants, chacun mettant en application son propre programme.  La politique du Gouvernement est mise en œuvre par le Chef exécutif, qui est le personnage qui tient la place la plus élevée dans la fonction publique, a-t-il ajouté.  M. Hansen a conclu en déclarant qu’il espérait avoir démontré que les îles Falkland (Malvinas) constituent un territoire autogouverné et autosuffisant.


Prenant la parole après les représentants du Conseil législatif des îles Falkland (Malvinas), le représentant de la Grenade a souligné que le principe d’autodétermination devait dominer les débats consacrés par le Comité des Vingt-Quatre à la question concernant ces territoires.  La délégation de la Grenade s’est à cet égard déclarée très préoccupée par le fait que la question de la souveraineté plane sur les travaux du Comité.  En encourageant les deux puissances coloniales à discuter du droit à l’autodétermination, le Comité introduit des questions inutiles qui n’ont rien à voir avec son mandat.  La Grenade s’oppose donc à l’évocation du principe de souveraineté, dont la considération ne pourrait que retarder le droit à l’autodétermination des peuples non autonomes.


M. JAMES DOUGLAS LEWIS, pétitionnaire des îles Falkland (Malvinas), qui s’exprimait pour la sixième fois devant le Comité, s’est dit déçu du peu de progrès accomplis en 20 ans.  Né sur le territoire des îles, il a expliqué que son grand-père venant du continent s’y était installé et était devenu maire de la localité de Santa Cruz, ce qui montre son niveau d’intégration dans la vie des territoires, tout comme beaucoup d’autres insulaires.  Dans un pays généreux comme l’Argentine, des milliers d’émigrants se sont épanouis sur le territoire des Falkland (Malvinas), a affirmé M. Lewis.  Lorsque la question de la souveraineté sur les îles a été introduite par le Royaume-Uni, il a  fallu 20 ans pour que les Nations Unies prennent une décision en la matière, a-t-il poursuivi.  À partir de 1964 jusqu’à aujourd’hui, les discussions se sont poursuivies au sein des Nations Unies, et le Comité spécial a précisé en 2006 que cette question ne pouvait être résolue que par le biais de négociations entre l’Argentine et le Royaume-Uni.  Pour M. Lewis, le principe d’autodétermination applicable à la plupart des territoires non autonomes qui doivent être décolonisés n’est pas applicable en ce qui concerne les îles Falkland (Malvinas).  Dans le cas présent, le principe d’intégrité territoriale prévaut sur le principe d’autodétermination, a-t-il ajouté, insistant sur le fait que le mandat de la communauté internationale est de mettre fin au colonialisme par la négociation internationale.  Le pétitionnaire a conclu son intervention en rappelant qu’en 1986, l’Assemblée générale avait adopté la résolution 41/11, faisant de l’Atlantique Sud une « zone de paix et de coopération ».  Il a regretté à cet égard l’attitude du Royaume-Uni en ce qui concerne notamment l’exploitation du pétrole.  Cette attitude n’a pas permis de conserver l’esprit prôné par cette résolution.


M. MARCELO VERNET, écrivain, a souligné qu’historiquement les îles Falkland (Malvinas) avaient d’abord été administrées par l’Argentine et non pas par le Royaume-Uni.  Les fondations de la colonie ont été mises en place par des travailleurs argentins, et c’est seulement à partir de 1828 que des ressortissants d’autres pays, notamment des Hollandais, des Écossais ou des Français, s’y sont implantés, aux côtés de nos compatriotes argentins, a-t-il précisé.  Cette immigration est à l’origine d’un modèle d’intégration multiculturelle, rendu possible par la colonie argentine, a souligné M. Vernet.  Les modèles économiques proposés par celle-ci ont été des succès, qu’il s’agisse de la pêche, de l’agriculture ou de la production du bois.  Mais l’intégrité territoriale de ces îles a été remise en question par le Royaume-Uni, a accusé M. Vernet.  Il a rappelé que l’Argentine n’avait pas cessé d’essayer de trouver une solution pacifique à la question des îles; une solution qui soit juste et durable en ce qui concerne le différend en matière de souveraineté qui l’oppose au Gouvernement britannique.  Marcelo Vernet a souhaité que le Comité s’engage à promouvoir un dialogue constructif en ce sens.


M. HERALDO MUÑOZ (Chili), qui s’exprimait aussi au nom de la Bolivie, de Cuba et du Venezuela, a présenté le projet de résolution relatif à la question des îles Falkland (Malvinas).  Il a expliqué que ce projet de texte reflète les principaux éléments de la doctrine que les Nations Unies ont développée au fil des années sur cette question.  Ce projet rappelle que la seule voie possible pour résoudre le différend en question est celle de la négociation. 


S’associant à la déclaration faite par le représentant du Paraguay au nom du MERCOSUR, M. Muñoz a ensuite appuyé pleinement les termes du projet de résolution et regretté que, malgré le temps écoulé, une négociation directe entre les parties n’ait pas encore commencé.  Un quart de siècle s’est écoulé depuis le conflit de 1982 et c’est toujours le silence qui pèse sur le dialogue qui devrait prendre place entre les parties, a-t-il noté.  Le Chili appuie les droits de l’Argentine dans ce différend de souveraineté et estime que la négociation est le seul moyen possible de trouver une issue.  Il n’y a pas de raison pour qu’on continue de rejeter une solution au différend, a-t-il insisté, en lançant un appel aux parties pour qu’elles recherchent un accord par la négociation.


M. JORGE ENRIQUE TAIANA, Ministre des affaires extérieures, du commerce international et du culte de l’Argentine, a indiqué que son pays contribue de manière inlassable au processus de décolonisation des îles Malvinas.  Le 3 janvier 1833, ces îles, qui faisaient partie du territoire argentin et étaient habitées par des Argentins, ont été usurpées, a-t-il rappelé.  Les îles ont alors été dirigées par une administration coloniale et peuplées par des ressortissants britanniques.  Cette occupation a fait l’objet de protestations immédiates, en janvier 1833, notamment par la présentation d’une protestation officielle aux représentants britanniques.  Il est tentant de dire que beaucoup de temps a passé, 174 ans en effet, depuis que le Royaume-Uni s’est approprié ces îles, mais cela ne serait pas juste sur un plan juridique et moral, a estimé M. Taiana.  Il a rappelé que le cas de ces îles a été considéré comme un cas particulier par l’Assemblée générale et par le Comité spécial, en ce qu’il diffère des situations coloniales traditionnelles.  Le Ministre a cité la résolution 1514 de l’Assemblée générale, du 14 décembre 1960, qui est celle qui a adopté la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, dont les principes généraux ont été repris par la résolution 20/65 du 16 décembre 1965, relative aux îles Malvinas.  Cette résolution, en reconnaissant l’existence d’un différend et exhortant les parties à négocier, a indiqué M. Taiana, exclut l’application du principe d’autodétermination comme moyen de résoudre le différend.


La population coloniale a empêché de façon discriminatoire que les ressortissants de l’État, victimes de l’usurpation puissent revenir s’établir sur le territoire, a poursuivi M. Taiana.  Le Royaume-Uni a même confirmé le caractère britannique des îles par une loi sur la nationalité de 1983.  De l’avis du Ministre argentin, le principe fondamental de l’autodétermination ne doit pas être utilisé pour perpétuer la situation coloniale.  Il a rappelé que la résolution 20/65 avait été adoptée par 94 votes pour, 14 abstentions et aucun vote contre, les négociations ayant ensuite commencé dès janvier 1966.  En outre, en 1985, l’Assemblée générale a rejeté deux propositions d’amendements présentées par le Royaume-Uni qui envisageait d’inclure le principe d’autodétermination du peuple des Malvinas dans un projet de résolution sur cette question.


L’Argentine a toujours été parmi les nations qui ont défendu fermement la lutte pour l’indépendance dans le monde moderne, et elle ne cherche pas à laisser perpétrer une anomalie anachronique, a dit le Ministre.  Il a rappelé que la dictature militaire qui gouvernait l’Argentine en 1982 s’était écartée de l’attitude traditionnelle de la diplomatie.  L’Argentine commémore d’ailleurs le vingt-cinquième anniversaire de ce conflit avec un grand respect pour ceux qui ont perdu leur vie pour cette cause, a-t-il indiqué.  Après le rétablissement des relations bilatérales, en 1990, les deux pays ont adopté des mesures provisoires avec l’intention de créer un climat propice à la négociation sur la souveraineté.  Toutefois, le Royaume-Uni n’a cessé de prendre des mesures unilatérales qui ont modifié la situation et gravement affecté la coopération bilatérale, s’est plaint le Ministre argentin.  L’Argentine a invité le Royaume-Uni à de nombreuses reprises à reprendre les négociations bilatérales, a-t-il affirmé.  Malheureusement, l’intransigeance de ce pays n’a pas permis de reprendre le dialogue, a-t-il regretté.


Le Ministre a ajouté que le Royaume-Uni avait adopté une mesure illégitime concernant les ressources de pêche de l’espace maritime argentin, y compris dans les eaux adjacentes à la Géorgie du Sud et aux Îles Sandwich du Sud.  Le Royaume-Uni impose en effet aux navires de pêche battant pavillon d’États tiers le paiement de licences de pêche.  Un système de droit de propriété sur les produits de la pêche a aussi été appliqué durant 25 ans, de façon illégale.  Le résumé de toutes ces mesures unilatérales britanniques a été signalé à la Commission de la pêche de l’Atlantique Sud, a indiqué le Ministre.  En matière d’exploitation des hydrocarbures, M. Taiana a encore évoqué d’autres mesures unilatérales qui ont fait l’objet de protestations de la part de l’Argentine.  Certains actes du Royaume-Uni sont en effet contraires à son engagement de coopération pris envers l’Argentine dans la Déclaration conjointe de 1995 sur les activités offshore dans la zone de l’Atlantique Sud-Ouest, a signalé le Ministre.  Il a regretté que cette attitude, encore une fois, ne contribue pas à créer le climat propice à la négociation en ce qui concerne la souveraineté.  Les chefs d’État qui ont participé au premier Sommet de l’énergie ont d’ailleurs appuyé et soutenu les droits de l’Argentine et l’ont encouragée à reprendre les négociations, a-t-il souligné.


Le Gouvernement argentin ne veut pas porter préjudice aux habitants des îles en question et il ne cherche pas à maintenir l’anomalie historique, a poursuivi le Ministre.  L’Argentine a même proposé en 2003 d’établir des lignes aériennes régulières entre les îles et le territoire argentin, mais attend toujours une réponse du Royaume-Uni.  Le Ministre a ensuite rappelé que l’Assemblée générale a adopté 10 résolutions, et que le Comité avait pour sa part adopté 42 déclarations sur la question des îles Malvinas.  Pour M. Taiana, il est difficile de comprendre comment une puissance qui est membre permanent du Conseil de sécurité continue à adopter une attitude aussi répréhensible depuis 42 ans.  Il a considéré préoccupant le refus britannique de respecter les engagements internationaux.  La militarisation excessive de la zone rend d’ailleurs encore plus grave cette attitude intransigeante, a-t-il relevé.  Cette attitude est aussi en contraste flagrant avec celle du groupe des pays membres de la zone de paix et de coopération.  En conclusion, le Ministre a rappelé l’engagement de l’Argentine à faire tout son possible pour que les négociations avec le Royaume-Uni reprennent et aboutissent enfin.  Il a estimé que le projet de résolution qui a été soumis au Comité jette les bases d’une solution diplomatique.


S’exprimant au nom du MERCOSUR, M. ELADIO LOIZAGA (Paraguay) a rappelé que lors de son dernier Sommet en janvier 2007, cette organisation avait réitéré sa position selon laquelle l’Argentine a des droits légitimes à faire valoir sur les îles Malvinas dans le différend qui l’oppose au Royaume-Uni.  M. Loizaga a ajouté que le MERCOSUR soutenait depuis longtemps la recherche d’une solution pacifique et négociée entre ces deux nations à la question de la souveraineté sur les îles Malvinas.  Il a donc demandé à nouveau, devant le Comité, que les deux puissances reprennent leurs négociations en vue de parvenir à un accord.


M. RONALDO MOTA SARDENBERG (Brésil) a réaffirmé le soutien de son pays à l’Argentine dans le conflit de souveraineté qui l’oppose au Royaume-Uni sur la question des îles Malvinas.  Il a précisé que seule la reprise du dialogue entre les deux pays pourrait permettre de parvenir à une solution pacifique et négociée à ce différend.  Le représentant a également rappelé la position du MERCOSUR, qui avait reconnu dans une déclaration officielle adoptée en 1996 les droits légitimes de l’Argentine sur les îles Malvinas, position réitérée en 2006 par les chefs d’État de la communauté sud-américaine lors d’un sommet.  Le même soutien a également été exprimé lors du Sommet des pays arabes et d’Amérique du Sud de mai 2005, puis lors du Sommet ibéro-américain de novembre 2006, a rappelé le représentant brésilien.


M. LUIS ENRIQUE CHÁVEZ (Pérou) a rappelé son appui constant au processus de décolonisation et au droit à l’autodétermination des peuples non autonomes, principes qui figurent au cœur de la mission des Nations Unies.  Cependant, le représentant a estimé que le cas qui occupait le Comité spécial aujourd’hui était différent et que ces principes ne pouvaient s’y appliquer.  La seule solution envisageable est de reconnaître la souveraineté de l’Argentine sur les îles Malvinas, sur la Géorgie du Sud et sur les Îles Sandwich du Sud, y compris sur les zones maritimes qui en dépendent, a dit M. Chavez.  Notre position, a ajouté le représentant péruvien, se fonde sur des critères historiques, géographiques et juridiques.  Seule une reprise des négociations pourrait permettre de trouver une solution à ce différend, comme le demande le projet de résolution présenté par le Chili.  Le Pérou sait que trouver des solutions aux questions de souveraineté n’est pas simple, mais pour y parvenir, il faut avant tout de la bonne foi, a-t-il conclu.


M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a réitéré la position de principe de son gouvernement.  L’Uruguay est persuadé du bien-fondé de la demande de l’Argentine en ce qui concerne sa souveraineté sur les îles Malvinas.  L’Uruguay a toujours souligné le lien qui existe entre le principe du droit à l’autodétermination des peuples et celui de l’intégrité territoriale, a ajouté le représentant, qui a expliqué que l’autodétermination ne pouvait pas s’appliquer dans tous les cas, et notamment dans celui-ci.


M. LI KEXIN (Chine) a relevé le désir commun des États Membres de l’ONU de voir les Gouvernements de l’Argentine et du Royaume-Uni négocier pour trouver une solution pacifique à la question des îles Malvinas, conformément aux termes de la Charte des Nations Unies.  Pour la Chine, les différends territoriaux doivent être résolus par des négociations pacifiques, a-t-il dit.  Exprimant son appui au projet de résolution présenté, le représentant a émis l’espoir que les Gouvernements concernés s’efforceront de trouver une solution rapide et juste à la question débattue.


M. RUPERT DAVIES (Sierra Leone) a estimé que la décision des habitants des îles Falkland (Malvinas) de maintenir des liens constitutionnels avec le Royaume-Uni est un acte d’autodétermination tout à fait valable.  Il a donc souhaité que la volonté des insulaires, qui sont présents depuis plus de 170 ans sur les îles, soit respectée.  Il a encouragé les parties à reprendre un dialogue pacifique pour trouver une solution durable à leur différend.


Mme ADIYATWIDI ADIWOSO ASMADY (Indonésie) a rappelé que l’une des grandes réalisations des Nations Unies avait été les résolutions que l’Assemblée générale avait adoptées dans le domaine de la décolonisation.  L’Indonésie réitère cependant qu’aucun critère universel ne saurait s’appliquer systématiquement à toutes les questions de décolonisation, et notamment en ce qui concerne le cas des îles Malvinas, a souligné la représentante, qui a précisé que le seul moyen de mettre fin à cette situation coloniale était la recherche d’une solution qui soit négociée, pacifique et dans l’intérêt de tous les peuples de ces îles.


Mme MARÍA ALICIA TERRAZAS ONTIVEROS (Bolivie) a indiqué qu’en mars 2006, lors du Sommet des Chefs d’État et de gouvernement des pays membres du Groupe de Rio, ceux-ci avaient publié un communiqué dans lequel ils avaient réaffirmé les droits légitimes de l’Argentine sur les îles Malvinas.  Les résolutions et décisions des Nations Unies sur cette question sont très nombreuses et le Comité n’a pas ménagé ses efforts, en vue de relancer la recherche d’une solution négociée.  La Bolivie s’est dite préoccupée que les bonnes relations existant entre l’Argentine et le Royaume-Uni n’aient pas suffi à relancer les négociations bilatérales entre les deux pays, a dit la représentante.  Mme Ontiveros a souhaité que la résolution présentée aujourd’hui par le Chili soit adoptée par consensus.


M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a apprécié l’expression des intentions sincères de l’Argentine, qui démontre sa volonté de régler le différend, dont débat le Comité, par la négociation.  Le soutien de l’Argentine aux droits des peuples et au respect de la légitimité internationale se traduit par son rejet de l’occupation étrangère, ce qui mérite notre respect, a déclaré le représentant.  Il a soutenu le projet de résolution présenté sur la question des îles Malvinas et espéré que son adoption par consensus permettrait de réaffirmer la volonté de la communauté internationale de résoudre ce problème par la voie diplomatique.  La reprise du dialogue entre les gouvernements concernés devrait permettre de trouver un règlement approprié à ce différend, en respectant l’intégrité territoriale de l’Argentine, a-t-il estimé.


M. RODRIGO MALMIERCA DÍAZ (Cuba), a indiqué que sa délégation appuyait le projet de résolution.  Il a soutenu la déclaration du Ministre argentin et réaffirmé les dispositions de la résolution 2065.  Les îles Malvinas appartenaient à l’Argentine en 1833, avant que les autorités et la population n’en aient été délogées par la violence, a-t-il rappelé.  Le Gouvernement et le peuple argentins n’ont jamais accepté cette situation imposée par la force, tandis que l’Assemblée générale et le Comité ont adopté de nombreuses résolutions et déclarations sur cette question, a rappelé M. Díaz.  Pour Cuba, les Malvinas sont et resteront argentines, a-t-il affirmé.  Le représentant a appelé à la recherche d’une solution par le dialogue et la négociation.  Tant qu’une solution définitive n’aura pas été trouvée, personne ne doit prendre de mesure unilatérale qui pourrait modifier la situation dans ces îles, a-t-il averti.


M. KAIS KABATNI (Tunisie) a demandé aux Gouvernements du Royaume-Uni et de l’Argentine de reprendre, dans les meilleurs délais, des négociations en vue de parvenir à une solution pacifique au conflit de souveraineté sur les îles Malvinas.  Il a souhaité que le projet de résolution présenté par le Chili, la Bolivie, Cuba et le Venezuela soit adopté par consensus.


M. FRANCISCO JAVIER ARIAS CÁRDENAS (Venezuela) a déclaré qu’il était urgent pour les parties de reprendre les négociations bilatérales afin de parvenir à une solution définitive du conflit de souveraineté sur les îles Malvinas.  Ce qui s’est passé dans les îles Malvinas en 1832 relève d’une invasion coloniale, a-t-il estimé.  Il a émis l’espoir que le projet de résolution présenté par le Chili, et dont le Venezuela s’est porté coauteur, serait adopté sans vote comme les précédents et que la souveraineté sur les îles Malvinas serait restituée à l’Argentine. 


M. PALETSKIY (Fédération de Russie) a appuyé le projet de résolution présenté par le Chili, se disant convaincu de la nécessité de trouver une solution juste et acceptable au différend dont il est question.  Dans la recherche d’une solution négociée, il a souhaité qu’on tienne compte des dispositions des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale des Nations Unies.


Adoption du projet de résolution A/AC.109/2007/L.8


Explication de position avant adoption


Le représentant de la République du Congo a appuyé le projet de résolution et a estimé que le règlement pacifique et négocié est le moyen approprié pour mettre fin à la situation particulière des îles Falkland (Malvinas).


Aux termes du projet de résolution relatif à la question des îles Falkland (Malvinas), qui a été adopté ce matin sans vote par le Comité, l’Assemblée générale, déplorant que, malgré le temps qui s’est écoulé depuis l’adoption de sa résolution 2065 (XX), ce différend prolongé n’ait pas encore été réglé, réaffirmerait que le règlement pacifique et négocié du conflit de souveraineté entre les Gouvernements de l’Argentine et du Royaume-Uni est le moyen de mettre fin à la situation coloniale particulière propre aux îles Falkland (Malvinas).  


Par ce texte, l’Assemblée déplorerait que, malgré le large appui international en faveur de négociations entre les Gouvernements concernés, portant sur tous les aspects relatifs à l’avenir des îles Falkland (Malvinas), l’application de ses résolutions sur cette question n’ait pas encore commencé.  Elle prierait les Gouvernements de l’Argentine et du Royaume-Uni de consolider le processus de dialogue et de coopération en cours, en reprenant leurs négociations afin de trouver, dans les meilleurs délais, une solution pacifique au conflit de souveraineté touchant la question des îles Falkland (Malvinas), conformément aux dispositions de ses résolutions 2065 (XX), 3160 (XXVIII), 31/49, 37/9, 38/12, 39/6, 40/21, 41/40, 42/19 et 43/25.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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