LE COMITÉ DE LA DÉCOLONISATION DEMANDE AU GOUVERNEMENT DES ÉTATS-UNIS D’ENGAGER UN PROCESSUS PERMETTANT L’AUTODÉTERMINATION À PORTO RICO
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Comité spécial chargé d’étudier la situation
sur l’application de la Déclaration sur l’octroi
de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux
5e et 6e séances – matin et après-midi
LE COMITÉ DE LA DÉCOLONISATION DEMANDE AU GOUVERNEMENT DES ÉTATS-UNIS D’ENGAGER UN PROCESSUS PERMETTANT L’AUTODÉTERMINATION À PORTO RICO
Le Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux (Comité des Vingt-Quatre) a demandé, aujourd’hui, au Gouvernement des États-Unis d’Amérique d’assumer la responsabilité qui lui incombe d’engager un processus permettant au peuple portoricain d’exercer pleinement son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance, conformément à la résolution 1514 de l’Assemblée générale et aux résolutions et décisions adoptées par le Comité spécial sur Porto Rico.
Aux termes d’un projet de résolution qu’il a adopté sans vote et qui lui a été présenté par la délégation de Cuba, le Comité spécial a également prié le Gouvernement américain de mener à son terme la restitution au peuple portoricain de l’ensemble des terrains anciennement occupés et des installations de Vieques et de Ceiba; de veiller au respect des droits fondamentaux tels que le droit à la santé et le droit au développement économique; et d’accélérer l’exécution et la prise en charge des coûts du nettoyage et de la dépollution des zones d’impact ayant servi à des manœuvres militaires sur l’île de Vieques. Le Comité des Vingt-Quatre a aussi demandéau Président des États-Unis d’Amérique de mettre en liberté tous les prisonniers politiques portoricains qui, depuis plus de 26 ans, purgent des peines dans des prisons américaines pour des raisons touchant à la lutte pour l’indépendance de Porto Rico. Par l’adoption de ce projet de résolution, le Comité des Vingt-Quatre a par ailleurs prié l’Assemblée générale d’examiner la question de Porto Rico de manière approfondie et sous tous ses aspects.
Avant l’adoption de ce texte à l’unanimité, le Comité spécial a entendu une trentaine de pétitionnaires venus notamment réclamer la tenue d’une assemblée constituante sur l’autodétermination et la décolonisation de Porto Rico, dont les travaux se tiendraient sous les auspices du Congrès des États-Unis d’Amérique. La plupart des pétitionnaires ont estimé que la mise en place d’un tel mécanisme procédural donnerait aux Portoricains les moyens de réellement peser sur l’avenir politique et économique de leur île, ce que le statut actuel de libre association entre Porto Rico et les États-Unis ne permet pas. En effet, si les habitants de l’île possèdent la nationalité américaine, le Congrès des États-Unis reste investi, plus de 40 ans après l’instauration d’un Gouvernement constitutionnel à Porto Rico, des pleins pouvoirs sur ce territoire.
Les pétitionnaires se sont en outre élevés contre les conditions de détention des derniers prisonniers politiques portoricains, détenus depuis plus de 20 ans dans les prisons américaines. Le représentant du mouvement « ProLibertad Freedom Campaign » a ainsi condamné le caractère « punitif et excessif » des peines qui frappent ces prisonniers. « La nature disproportionnée des sentences démontre que ces prisonniers ont été enfermés pour leurs idées et leurs idéaux », a-t-il dit, en appelant à leur remise en liberté et en indiquant que de nombreuses personnalités et organisations internationales avaient, à maintes reprises, manifesté leur soutien à ces détenus.
Concernant les conséquences des bombardements de la marine américaine sur l’île de Vieques et notamment l’impact de la pollution causée par des tirs d’armes dangereuses sur la santé de ses habitants, les pétitionnaires ont mentionné les taux anormalement élevés de cancer, qui sont enregistrés dans la zone. Cette question, comme celles relatives, entre autres, au nettoyage et au développement de Vieques, devraient être inscrites sur un point séparé de l’ordre du jour que l’Assemblée générale devrait consacrer, de manière exhaustive, à la situation coloniale de Porto Rico, ont-ils estimé.
La délégation du Nicaragua, qui s’exprimait après l’adoption du projet de résolution, a déclaré que Porto Rico devait pouvoir pleinement exercer son droit à l’autodétermination et devenir un membre à part entière des Nations Unies. « Porto Rico pourrait contribuer au débat de la communauté des nations en lui apportant ses richesses et en renforçant l’action de l’ONU dans la région des Caraïbes et dans le reste du monde », a dit le représentant nicaraguayen. Quand à la représentante de Sainte-Lucie, qui s’exprimait au nom du Mouvement des non alignés, elle a estimé que la situation coloniale de Porto Rico devait continuer d’être examinée par l’ONU jusqu’à la pleine indépendance du territoire. L’unité dont a fait preuve le peuple portoricain inspire depuis toujours au Mouvement des non alignés beaucoup de respect et d’admiration, a souligné la représentante.
La prochaine réunion publique du Comité spécial aura lieu mercredi, le 20 juin.
DÉCISION DU COMITÉ SPÉCIAL EN DATE DU 12 JUIN 2006 CONCERNANT PORTO RICO
Audition de pétitionnaires
Mme CELINA ROMANY-SIACA, du « Colegio de Abogados de Puerto Rico », a indiqué que cette association de juristes portoricains cherche une solution pour garantir le droit à l’autodétermination et l’identité nationale de Porto Rico. La dure réalité est que bien que la question de Porto Rico figure pour la 35ème année consécutive devant le Comité des 24, nous en sommes toujours au même point, a-t-elle regretté. Compte tenu due l’élan de modernisation qui est en ce moment en cours au sein des Nations Unies, le moment est venu pour que nos alliés décident de prendre des mesures individuelles afin que leurs actions aient un effet visible sur l’Assemblée générale, a estimé la représentante.
Porto Rico reste une nation oubliée, a-t-elles poursuivi. La population de l’île se trouve rejetée en bout de file du contexte de développement économique lié à la mondialisation. Porto Rico a un taux de pauvreté bien plus élevé que celui des Etats les plus pauvres du continent américain. La violence est très présente dans le pays, et des prisonniers politiques portoricains sont incarcérés dans des prisons américaines, a indiqué la représentante. Le colonialisme est un fait visible dans l’île, a déclaré Mme Romany-Siaca. Elle a ensuite indiqué que le Congres américain était en train de procéder à l’étude d’un projet constitutionnel qui vise à favoriser le dialogue avec l’île et à reconnaitre le droit de Porto Rico à l’autodétermination. Notre son association soutient la forme actuelle de ce texte, a précisé Mme Romany-Siaca en émettant l’espoir que le droit de l’île à autodétermination sera reconnu et mis en œuvre sans qu’il faille pour cela se battre encore pendant des décennies.
M. EDUARDO VILLANUEVA MUÑOZ, « Portavoz Comité Pro Derechos Humanos » (Porte-parole du Comité portoricain pour les droits de l’homme), a plaidé pour la libération des prisonniers politiques portoricains incarcérés dans des prisons américaines aux États-Unis. Il a, à cet égard, cité les noms de Carlos Alberto Torres, Oscar López et José Pérez. Selon l’article 3 de la Convention de Genève, la libération des prisonniers politiques doit être une condition sine qua non de l’autodétermination d’un peuple, a-t-il rappelé. Le représentant du Comité portoricain pour les droits de l’homme a ensuite évoqué les dures conditions de détention de ces trois individus, qui ont respectivement été mis derrière les barreaux pour des peines de 27 ans, 26 ans et quatre ans. Où est donc l’autorité morale des États-Unis, qui s’érigent publiquement en défenseur des droits de l’homme de par le monde, alors qu’ils violent ouvertement les droits fondamentaux du peuple de Porto Rico? a demandé M. Villanueva Muñoz. Il a ensuite estimé qu’une intervention et une recommandation du Comité pourraient avoir une incidence positive sur la situation de ces détenus.
M. ENRIQUE BAQUERO, représentant de la Fondation pour l’action démocratique, a dit que le Gouvernement américain avait reconnu officiellement que la relation entre Porto Rico et les États-Unis était de « nature territoriale », c’est-à-dire coloniale. Notre pays reste soumis aux pleins pouvoirs du Congrès américain, a ajouté le pétitionnaire. Ce faisant, la puissance occupante continue de fouler au pied le droit international, les principes de la Charte des Nations Unies ainsi que la totalité des résolutions relatives au droit inaliénable des peuples à l’autodétermination, a-t-il indiqué.
M. Baquero a demandé au Comité des Vingt-Quatre d’inviter instamment les États-Unis à organiser une consultation populaire sur les options de décolonisation du territoire de Porto Rico. Il a notamment souhaité que les conditions d’une véritable libre association, conformes aux critères définis par l’ONU, soient réunies, et qu’elles soient notamment respectueuses de l’identité culturelle du peuple portoricain. M. Baquero a également plaidé pour la mise en place d’une assemblée constituante, et ce, afin que le peuple portoricain puisse enfin être en mesure de débattre de son avenir politique. Le représentant a enfin demandé que tous les indépendantistes portoricains détenus sur le sol américain soient libérés sans délais. Il s’agirait là d’un geste fort en vue d’une éventuelle réconciliation, a-t-il estimé.
Mme WILMA REVERÓN, du Comité de Porto Rico aux Nations Unies, a rappelé que le droit à l’autodétermination est un droit fondamental et que le droit à la décolonisation est inscrit dans la Charte des Nations Unies. Dans le contexte juridique actuel, le colonialisme est un crime et tous les anciens titres coloniaux doivent être considérés comme caduques, a-t-elle souligné. Elle a également rappelé que selon la position américaine, Porto Rico est un territoire « qui appartient aux États-Unis, mais ne fait pas partie des États-Unis ». Elle a ensuite dressé les grandes lignes de l’histoire récente de l’île. Mme Reverón a ensuite indiqué qu’un ordre exécutif de décembre 2000, signé par le Président Clinton, avait ouvert le débat sur le statut à venir de l’île, mais que les recommandations qui l’ont suivi se sont limitées à des mesures qui veillaient à ne pas être incompatibles avec les droits que se sont octroyés les États-Unis sur Porto Rico. Il s’agissait donc d’une simple mesure de relation publique, a-t-elle estimé. Trente-cinq ans et 25 résolutions après l’inscription de l’île sur l’agenda des organes chargés des questions de décolonisation, les États-Unis n’ont toujours honoré ni leurs obligations, ni les droits du peuple de Porto Rico à l’autodétermination et à la souveraineté. Allons-nous vraiment passer une troisième décennie à lutter pour notre indépendance? a demandé Mme Reverón.
M. MANUEL RIVERA, du Mouvement des Portoricains unis dans l’action, a indiqué que cette organisation appuyait le projet de résolution présenté au Comité des Vingt-Quatre par la délégation de Cuba. Il a ajouté que les événements récents ne faisaient que conforter les partisans de l’indépendance portoricaine dans leur cause et leur engagement. Les violations des droits de l’homme se poursuivent, les agissements du FBI dans l’île n’ayant fait qu’aggraver cette situation depuis l’assassinat, en septembre 2005, de Filiberto Ojeda Rios, a dit M. Rivera. Le pétitionnaire a également déploré l’usage de la force excessive par le FBI, en citant notamment des actions que ses agents ont lancé contre des journalistes portoricains. Les droits fondamentaux doivent être respectés et leur respect doit accompagner le processus inévitable de décolonisation de Porto Rico, a ajouté M. Rivera. Il a demandé que soient libérés les prisonniers politiques condamnés aux États-Unis à des peines démesurément lourdes et qui se trouvent actuellement dans des prisons nord américaines, où les pressions psychologiques et les mauvais traitements sont la norme. Le pétitionnaire a d’autre part plaidé pour une participation des Portoricains résidant aux États-Unis aux structures et aux travaux d’une future Assemblée constituante. La diaspora portoricaine doit pouvoir peser dans le cadre du processus de décolonisation, a-t-il expliqué, déclarant que Porto Rico n’était pas la « propriété du Gouvernement de la métropole », contrairement à ce que continue de dire le Président américain Bush.
Mme PAOLA SANTIAGO, du Parti nationaliste de Porto Rico, a dit qu’elle espérait que Porto Rico accéderait à l’indépendance et pourrait ainsi accéder au statut d’État Membre des Nations Unies. Il faut garantir au peuple de Porto Rico son droit légitime à l’indépendance et il faut que les arrestations et les persécutions menées contre les militants indépendantistes cessent et que la lumière soit faite sur les assassinats politiques, en particulier celui de Filiberto Ojeda Rios, a exigé la représentante du Parti nationaliste.
Mme Santiago a également indiqué que la population de Porto Rico est victime d’une importante épidémie de VIH/sida et que l’île souffre, concernant cette pandémie, du deuxième taux de mortalité au monde. S’opposant aux activités qu’y mènent l’armée et la marine américaines, elle a plaidé pour la repossession du territoire de l’île de Vieques par Porto Rico. Nous avons notre propre identité nationale et le Gouvernement américain nous isole et nous exploite en nous imposant l’utilisation du dollar, a-t-elle poursuivi. Il est impossible d’oublier que Porto Rico est la dernière grande colonie du monde et que tout sur l’île dépend entièrement de la bonne volonté du Congrès américain, a-t-elle déploré. Nous demandons le soutien de tous les États Membres et de l’opinion mondiale pour que le cas de Porto Rico passe devant l’Assemblée générale, a plaidé Mme Santiago.
M. ARGIRIS MALAPANIS, du Parti des travailleurs socialistes de Porto Rico, a demandé la libération, sans délai et sans conditions, de tous les prisonniers politiques portoricains encore détenus dans les geôles américaines. La puissance coloniale américaine continue à museler l’avenir du peuple portoricain qui ne peut décider librement de son propre destin, a ajouté le représentant. Il a condamné l’« agressivité » de l’impérialisme américain, qui n’a fait que se servir de Porto Rico, « en exploitant son peuple et en utilisant son territoire comme tremplin pour mener ses guerres, de la Grenade à l’Iraq ». Cette politique, a-t-il estimé, alimente toujours aussi bien la brutalité policière que les pires violences racistes. Elle conforte les habitants portoricains dans un statut de citoyens de seconde zone n’ayant aucune prise sur l’avenir de leur propre pays et elle convertit en outre la victime en criminel.
Le pétitionnaire a ensuite plaidé pour l’avènement d’une révolution socialiste à Porto Rico, qui, sur le modèle de celle de Cuba, « aboutisse au triomphe de la cause des travailleurs qui subissent, partout dans le monde, les conséquences de l’oppression américaine ».
M. LUIS VEGA RAMOS, de la Chambre des représentants de Porto Rico, a estimé que les États-Unis avaient trahi la promesse faite à Porto Rico et à la communauté internationale. Compte tenu de notre histoire, nous sommes venus devant ce forum pour réclamer les pleins droits sur notre territoire et réaffirmer le droit procédurier et de fond de Porto Rico, a lancé le représentant, ainsi que l’adoption de toutes les mesures adoptées par ce Comité. Il a ensuite plaidé pour la constitution d’un corps consultatif qui se pencherait sur le statut de l’île. En 1953, les Nations Unies ont reconnu à Porto Rico le droit d’avoir son propre Gouvernement, mais, a-t-il constaté, les États-Unis n’ont pas favorisé la mise en œuvre de notre droit à la souveraineté. M. Vega Ramos a estimé qu’il ne devrait y avoir aucune entrave juridique à ce que Porto Rico devienne membre à part entière de l’ONU. Il a rappelé que Palau, les Îles Marshall et les États fédérés de Micronésie avaient pu le devenir. Le moment est venu de lancer un dialogue entre le peuple portoricain, les États-Unis et la communauté internationale, a-t-il estimé.
Mme ALEDIA CENTENO RODRIGUEZ, du Front autonomiste de Porto Rico, a commenté un document relatif aux effets que va avoir sur l’environnement de l’île, et plus particulièrement sur la région d’Arecibo, un centre ionosphérique. Elle a notamment expliqué que les activités menées par les États-Unis sur ce site avaient pour objectifs la mise au point de missiles antimissiles et la production d’énergie nucléaire. C’est en ce sens qu’elle a estimé que de tels agissements, quand ils ont lieu sur un territoire non autonome, constituaient une violation flagrante du Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et une menace à l’avenir de régions entières de l’île. Ces questions, a conclu Mme Rodriguez, devraient être portées de toute urgence à l’attention de l’Assemblée générale et débattues dans le cadre des travaux de cet organe.
Mme DINORAH LA LUZ, représentante de l’Association américaine des juristes, a rappelé que cette association s’engage clairement à défendre le droit inaliénable du peuple portoricain à l’indépendance. Nous dénonçons également les violations des droits de l’homme commises pas les États-Unis. Ce pays applique un racisme environnemental à l’égard des Portoricains, qui sont victimes des déchets toxiques abandonnés par les bases militaires américaines. Les États-Unis respectent les instruments internationaux uniquement lorsque cela leur convient, a-t-elle estimé. Les terres de l’îlot de Vieques doivent être décontaminées par la marine américaine et il est inacceptable que des peines disproportionnées soient imposées aux prisonniers politiques de l’île. La poursuite du colonialisme est une menace contre la paix, a ajouté Mme La Luz, et nous espérons qu’il ne faudra pas déclarer une troisième décennie sur l’élimination du colonialisme pour résoudre le cas de Porto Rico.
M. EDUARDO BHATIA, du Bureau du Gouverneur de Porto Rico aux États-Unis, a déclaré que le Gouvernement portoricain restait prêt à travailler avec le Comité de Vingt-Quatre et l’Assemblée générale sur un nouvel accord reflétant les réalités politique et sociales du vingt et unième siècle à Porto Rico. Le peuple de Porto Rico n’a jamais favorisé ni l’annexion ni l’indépendance, ses positions n’ayant jamais été aussi tranchées, a estimé M. Bhatia. En revanche, le statut de libre association liant l’île et les États-Unis, qui a été validé en 1953 par l’ONU, a toujours été soutenu par le peuple portoricain, a-t-il indiqué.
M. Bhatia a estimé que ce statut devait être actualisé, en tenant compte du fait que la majorité des Portoricains est attachée au maintien de la citoyenneté américaine. La solution trouvée ne saurait donc être celle faisant de l’indépendance une mesure de séparation. L’accord doit être d’inclusion et pas d’exclusion, et il doit recevoir la contribution non seulement de tous les partis politiques mais aussi des acteurs de la société civile. C’est en ce sens que le représentant du Bureau du Gouverneur de Porto Rico aux États-Unis s’est dit en faveur de la mise en place d’une assemblée constituante, à travers laquelle le peuple portoricain pourrait exercer son droit naturel à l’autodétermination, sous les auspices du Congrès américain.
M. DOMINIQUE GILORMINI-DE GARCIA, du Mouvement pour la défense des droits électoraux portoricains, a estimé que la jeunesse portoricaine devait participer activement aux questions concernant l’avenir de l’île. Malheureusement, le peuple a fait face à une discussion stérile sur le statut de Porto Rico, a-t-il constaté. Le représentant s’est ensuite penché sur les textes de deux projets de loi dont est actuellement saisi le Congrès américain. Le projet de loi 900, ou « Puerto Rico Democracy Act », vise à transformer Porto Rico en un État à part entière de la fédération des États Unis, tandis que le projet de loi 1230 envisage la création d’une assemblée constituante sur le statut de l’île. Le représentant a fait remarquer que le « Puerto Rico Democracy Act » comporte des dispositions qui arracheraient le débat sur l’indépendance des cours portoricaines. La majorité des indépendantistes, qui soutiennent plutôt le projet de loi 1230, ne sont pas en faveur du projet de loi 900, car ce texte part d’idées incorrectes et s’appuie sur des préjugées, a estimé M. Gilomini-De Garcia. Il a ensuite demandé au Comité d’appuyer les efforts de Vieques pour que les États-Unis procèdent à la décontamination des terres de la petite île.
M. CESAR PEREZ LIZASUAIN, du Mouvement « Estudiantes de Derecho Hostosianos », a demandé à l’Assemblée générale de l’ONU de veiller à l’application des dispositions figurant dans ses résolutions découlant de la Charte de la décolonisation. Les assassinats des indépendantistes; les violences du FBI; la privation des libertés fondamentales; la brutalité exercée contre certains journalistes; le bombardement pendant plus de 70 ans de l’île de Vieques; l’envoi de soldats dans la guerre illégale contre l’Iraq: que faut-il de plus pour que la communauté internationale s’inquiète de notre sort et nous aide à sortir du piège dans lequel nous sommes pris depuis des décennies? a demandé l’intervenant. Il a noté qu’après l’adoption de 25 résolutions par le Comité des Vingt-Quatre, il était désormais temps de réexaminer la situation coloniale de Porto Rico, cela en tenant compte des graves problèmes politiques, économiques et sociaux qui placent l’île au bord de la faillite. Le pétitionnaire a estimé qu’il fallait que la relation de domination entre les États-Unis et Porto Rico soit portée devant l’Assemblée générale. Cet organe, a-t-il précisé, doit nous aider à éclaircir la contradiction qui veut que les autorités nord-américaines reconnaissent la nature coloniale de leur présence sur l’île, tout en considérant Porto Rico comme leur propriété privée. L’avenir de 8 millions de Porto Rico en dépend.
M. CARLOS HERNANDEZ LÒPEZ, du Front autonomiste de Porto Rico, a rappelé que Palau, les Iles Marshall et la Micronésie avaient été acceptés aux Nations Unies. Si, comme l’a déclaré l’ONU en 1953, Porto Rico dispose de son propre gouvernement, il me semble que l’île devrait également figurer parmi les États Membres de l’Organisation, a-t-il fait remarquer. Porto Rico a souffert de 100 ans de négligences de la part du Congrès des États-Unis, dont les membres n’admettent cependant pas que leur pays a une colonie dans les Caraïbes. Ce qui est inacceptable, c’est l’indifférence face à la souffrance du peuple portoricain, et je me soulève contre l’indifférence des Nations Unies face à cette situation, a dit M. López. Il faudra bien faire comprendre à l’Assemblée générale qu’il lui appartient d’admettre Porto Rico dans ses rangs, a-t-il déclaré. Nous verrons si l’ONU échouera comme elle l’a fait en Iraq, en Palestine, au Darfour, au Viet Nam, en Somalie et au Rwanda, a lancé le représentant. L’ONU doit nous dispenser de l’obligation de venir en pèlerinage annuel à New York, a-t-il poursuivi. Je ne viens pas pour vous féliciter de votre travail, mais pour vous demander de vous pencher sérieusement sur la situation de Porto Rico, a-t-il déclaré aux membres du Comité des Vingt-Quatre.
M. BENJAMIN RAMOS ROSADO, du mouvement « ProLibertad Freedom Campaign », a plaidé pour la libération des derniers prisonniers politiques portoricains détenus sur le sol américain. Il a expliqué que ces derniers, avant leur arrestation, étaient non seulement des activistes, mais aussi des pères et des mères de famille. Ils étaient pleinement engagés dans la lutte pour la justice sociale en faveur de leurs frères; et pour la défense des droits civiques et contre le racisme institutionnalisé dans les programmes scolaires. M. Rosado a condamné le caractère punitif et excessif des peines qui frappent ces prisonniers depuis plus de 20 ans. Tous, a-t-il ajouté, avaient un casier judiciaire vierge. Aucun ne s’était rendu coupable d’actes de violence. Pour le représentant, la nature disproportionnée des sentences démontre que ces prisonniers ont été enfermés pour leurs idées et leurs idéaux. Dénonçant les conditions de détention des prisonniers politiques portoricains aux États-Unis, M. Rosado a évoqué des cas de torture et même de viols, ce qui constitue, a-t-il dit, des infractions graves à la loi humanitaire internationale. Rappelant que de nombreuses personnalités et organisations internationales avaient, à maintes reprises, appelé à la libération des prisonniers, le pétitionnaire a estimé qu’il était temps de mettre fin à une injustice ayant trop duré.
ISMAËL GUADALUPE ORTIZ, du Mouvement « Vieques Si », a estimé que la marine américaine ne souhaitait pas restituer les terres au peuple de Vieques. Notre terre est administrée à l’étranger et a été bombardée pendant des années, s’est-il plaint. Les fonds marins de Vieques contiennent des milliers de bombes et d’épaves, a-t-il indiqué. Nous dénonçons les soi-disant plans de protection et d’études de l’environnement mis en œuvre par la marine américaine, car ceux-ci nous privent de notre propre territoire. A travers ces plans, la marine américaine continue de décider de l’avenir de ces terres, a accusé M. Ortiz. Le représentant a ensuite dénoncé les méthodes employées par la marine américaine pour procéder au nettoyage de l’île de Vieques. La technique des brulis ciel ouvert, qui vise à réduire les coûts du nettoyage de l’île, est néfaste à la faune et à la flore de Vieques et nuit à la santé de la population. Par ailleurs les personnes employées par les entreprises de nettoyage sont incitées à harceler les associations communautaires cherchant à faire valoir les droits des habitants de Vieques, a-t-il indiqué. La communauté internationale doit faire pression pour que cela cesse, a-t-il estimé. Les terres doivent être restituées, même si elles sont polluées, et la marine doit faire face à ses responsabilités et venir en aide aux personnes qui sont tombées malades des suites de ses activités, a demandé M. Ortiz.
Mme MARIE MERILL RAMIREZ, Collectif de travail pro-indépendance de Mayaguez, s’est élevée contre les harcèlements subis par certains militants indépendantistes portoricains. Elle a ainsi mentionné les nombreux cas de répression consécutifs à l’assassinat de l’indépendantiste Filiberto Ojeda Rios, en septembre 2005, à Hormigueros. Des résidences et des bureaux occupés par des militants, ou suspectés tels, ont été systématiquement détruits depuis par les forces du FBI, a-t-elle révélé. Notant que ces incidents n’étaient pas isolés, la pétitionnaire a évoqué une « tradition longue et d’agissements cruels du FBI contre les militants indépendantistes portoricains ». Elle a souhaité que les aspects cachés de cette répression fassent l’objet de réunions plénières de l’Assemblée générale. Les preuves sont accablantes, 168 000 documents récemment déclassifiés témoignant d’une situation terrible, dont certains aspects sont en violation complète du respect des droits des personnes à l’intimité et à liberté de réunion. Enfin, Mme Ramirez a déclaré que le seul crime commis par toutes les personnes visées par la stratégie de démantèlement des réseaux indépendantistes portoricains par le Gouvernement des Etats-Unis, était la lutte pour la liberté et l’indépendance de 8 millions de citoyens portoricains. La cause de ces derniers, a-t-elle dit, est soutenue par l’ensemble de la communauté internationale.
Mme JANETTE RAMOS GARCIA, du mouvement « Rompiendo el Perímetro » et de l’association « Portoricains pour la justice », a dénoncé le climat de harcèlement et de menace qui pèse sur les indépendantistes portoricains. Il faut éliminer l’impunité avec laquelle opèrent les États-Unis à Porto Rico, a-t-elle dit. Mais nos dénonciations ne serviront pas à grand-chose sans le soutien de la communauté internationale. La représentante s’est ensuite penchée sur l’assassinat de Filiberto Ojeda Rios et sur les menaces proférées contre certains journalistes portoricains. Le FBI s’est refusé à collaborer dans les enquêtes ouvertes sur ces deux affaires, a-t-elle signalé, et des mesures ont été prises pour miner et rejeter l’indépendance des cours de justice portoricaines, nous laissant dans la plus totale impuissance juridique. Nous sommes particulièrement scandalisés par l’impunité des soldats américains, et nous demandons que les enquêtes en cours se poursuivent et que les coupables soient traduits en justice, a dit la représentante. Mme Ramos Garcia a ensuite plaidé pour que l’Assemblée générale se penche sur la situation de Porto Rico.
Mme MARY ANNE GRADY FLORES, du « Ithaca Catholic Worker Vieques Support Group », a fait état des parallèles qui existent entre les luttes que mènent les Portoricains et les Palestiniens pour faire valoir leurs droits. Ainsi, la confiscation des terres, le déplacement forcé des populations, la démolition d’habitations et l’utilisation des terres pour tester des armements sont autant de points communs qui existent dans les deux régions, a-t-elle estimé. Aujourd’hui, a poursuivi la pétitionnaire, Vieques est réservé aux riches, les développements immobiliers et la construction d’hôtels de luxe obligeant les plus pauvres à quitter l’île. De plus, ces hôtels emploient uniquement du personnel anglophone, a-t-elle indiqué, pour ensuite rappeler que le taux de chômage à Vieques est de 50%. Par ailleurs, la marine américaine a tiré 263 obus à l’uranium appauvri en 1999, provoquant de nombreux cas de cancers, a accusé Mme Grady Flores. Nous demandons au Comité des Vingt-Quatre de mettre fin aux souffrances des populations concernées, a-t-elle plaidé.
M. JULIO MURIENTE PEREZ, du Mouvement indépendantiste national Hostosiano, a souhaité que le Gouvernement américain reconnaisse la nature de la situation durable de colonisation imposée à Porto Rico. Il s’est élevé contre le statut de libre association, qui est une « supercherie » que l’exécutif américain fait passer depuis plus de 40 ans comme un processus de décolonisation. Le Congrès américain feint de chercher une solution, alors que sa stratégie est de perpétuer l’assujettissement colonial de Porto Rico, a dit M. Perez. Il a estimé que cette stratégie montrait la volonté de domination des États-Unis sur le territoire de l’île, dont les terres sont spoliées en toute impunité et les jeunes enrôlés à des fins militaires pour des guerres illégales. M. Perez a ensuite indiqué que les États-Unis enfreignaient des principes défendus par le reste de la communauté internationale, qui est désireuse de voir les principes édictés par la Charte de la décolonisation devenir partout dans le monde une réalité. Il a conclu en disant que la question de Porto Rico, examinée sous tous ses aspects par l’Assemblée générale, conformément aux termes du projet de résolution soumis au Comité dans le document A/AC.109/2007/L.7, serait une contribution importante sur la voie de l’indépendance.
Débat sur le projet de résolution relatif à la « décision du Comité spécial en date du 12 juin 2006 concernant Porto Rico » (A/AC.109/2007/L.7)
La représentante de Saint-Lucie, qui intervenait au nom du Mouvement des non alignés, a indiqué que l’autodétermination des peuples continue d’être une priorité pour le Mouvement des non alignés. Ce sujet reste d’actualité si on veut garantir le respect universel des droits de l’homme, a-t-elle estimé. Nous souhaitons de nouveau exhorter les puissances administratives à appuyer le Comité des Vingt-Quatre, et nous demandons aux États-Unis d’accélérer le processus de décolonisation de l’île de Porto Rico. La question coloniale de Porto Rico est à l’étude depuis plus de 30 ans et 24 résolutions ont été adoptées par le Comité à ce sujet, a-t-elle rappelé, en lançant un appel au Gouvernement des États-Unis, l’exhortant à assumer ses responsabilités et à respecter les droits du peuple portoricain. La représentante a également plaidé pour la restitution des terres de Vieques aux populations de Porto Rico.
Le représentant de la République bolivarienne du Venezuela a rappelé que son pays avait souffert de l’ignominie du colonialisme et a évoqué à ce sujet les pensées de Simon Bolivar. Il faut aider les peuples qui luttent pour leur émancipation et promouvoir la démocratie, a-t-il estimé, pour ensuite indiquer que son pays souhaite mettre en place une politique étrangère et des efforts diplomatiques qui viseraient à aider les peuples luttant pour leur indépendance. L’histoire de Porto Rico est importante, a-t-il estimé. Le représentant a ensuite fait remarquer que le tribunal suprême de Porto Rico a récemment adopté un protocole pour la certification de la citoyenneté portoricaine. Ces circonstances nous rapprochent d’un Porto Rico libre et souverain, et un Porto Rico souverain sera bénéfique à notre région et représentera un échec pour le colonialisme, a-t-il conclu.
Le représentant de la République arabe syrienne a rappelé que le droit à l’autodétermination figure dans la résolution 1514 de l’Assemblée générale. Les résolutions et décisions relatives au peuple portoricain sont toujours d’actualité, et le Gouvernement américain doit assumer ses responsabilités, a-t-il estimé. Le représentant a ensuite indiqué qu’il espérait que le projet de résolution proposé serait adopté par consensus.
Le représentant de la République islamique d’Iran s’est associé à la déclaration du Mouvement des non alignés et a indiqué que l’Iran appuyait le texte du projet de résolution et espérait qu’il soit adopté par consensus.
Explications de position après l’adoption du projet de résolution
Le représentant de Cuba s’est félicité du soutien extrêmement fort apporté au projet de résolution présenté par sa délégation. Ce texte est adopté par consensus pour la huitième année consécutive, a-t-il dit, en indiquant que les nouvelles dispositions qu’il comporte constituent une avancée significative. À ce titre, le représentant a estimé « essentiel » que l’Assemblée générale examine directement la question de Porto Rico sous tous ses aspects. Il a salué l’intervention des pétitionnaires qui, a-t-il dit, incarnent les idéaux de la longue et dure lutte de Porto Rico pour l’indépendance. Le représentant a également estimé que l’Amérique latine et les Caraïbes ne seraient pas totalement libres tant que Porto Rico ne le sera pas.
Le représentant du Nicaragua a plaidé pour que Porto Rico puisse exercer pleinement son droit à l’autodétermination et devienne un membre à part entière des Nations Unies. Porto Rico pourrait contribuer à la communauté des nations, en y apportant ses richesses et en renforçant l’action de l’ONU dans la région de Caraïbes et dans le monde. C’est pourquoi, la situation coloniale de l’île doit continuer d’être examinée par les Nations Unies, jusqu’à la pleine indépendance de ce territoire dont l’unité du peuple inspire depuis toujours au Mouvement des non alignés beaucoup de respect et d’admiration.
Suite de l’audition des pétitionnaires
Mme BETTY « COQUI » BRASSELL, de l’association « United for Vieques », a rappelé que les bombardements de l’île de Vieques par la marine américaine avaient pris fin il y a quatre ans, suite à une campagne mondiale. Cependant, les vestiges des exercices militaires demeurent, libérant des agents polluants et nocifs dans les terres et les eaux de l’île. Le peuple de Vieques continue de risquer sa vie et sa santé, a-t-elle estimé. Mme Brassell a relevé que la pollution de Vieques y provoque une forte mortalité d’animaux marins, ce qui a une incidence sur les moyens de subsistance de la population de l’île. La marine continue de ne pas assumer ses responsabilités en ce qui concerne le processus de nettoyage de la petite île, a-t-elle estimé, alors que les enfants et les générations futures méritent de vivre dans une île sans y courir des risques de cancer. La pétitionnaire s’est ensuite penchée sur la situation économique locale, qui s’est fortement détériorée depuis l’arrêt des essais militaires américains, tandis que des spéculateurs immobiliers achètent de nombreux terrains, provoquant des déplacements de population. Il faut nettoyer l’île et mettre fin à la pollution des terres et des eaux de Vieques ainsi qu’à l’inflation économique et à l’immigration forcée. J’espère que notre humanité arrivera un jour à vivre en paix, a conclu Mme Brassel.
M. HECTOR IVAN SANTOS, de l’ONG « PROELA », a déclaré qu’il fallait abolir le système colonial qui est en place sur l’île de Porto Rico. Notre peuple doit devenir souverain après un demi-siècle passé sous le joug colonial américain, a-t-il dit. Il a estimé que les Nations Unies, agissant dans le cadre de la deuxième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme (2001-2010), devaient condamner, dénoncer et abolir la justification infâme du système colonial perpétué par les États-Unis. C’est en ce sens qu’il a, à son tour, plaidé pour un traitement séparé de la question de la situation coloniale de Porto Rico par l’Assemblée générale de l’ONU.
M. MANUEL A. RODRIGUEZ BANCHS, du Front socialiste portoricain, a indiqué que le colonialisme s’opère sous diverses formes à Porto Rico. Les États-Unis gèrent de nombreux secteurs de la vie de l’île et les lois fédérales américaines sont en vigueur à travers tout le territoire, même si elles y sont souvent contraires aux droits de l’homme. Il a rappelé que les États-Unis avaient signé un pacte dans lequel ils s’étaient engagés à respecter la liberté d’association. Cependant, les lois américaines en vigueur dans l’île sont ouvertement contraires à ce droit, et elles permettent, par exemple, à un employeur de licencier purement et simplement un travailleur qui se mettrait en grève. Cette situation créée un statut de quasi-impunité pour le patronat, a estimé le pétitionnaire. Par ailleurs, la peine de mort est interdite par la Constitution de Porto Rico, mais malgré cela, plus d’une dizaine de personnes ont été condamnées à mort dans l’île. Les États-Unis administrent l’île comme une possession coloniale, a-t-il constaté. Le chômage des jeunes les oblige à se rendre aux États-Unis pour y trouver du travail et nombre d’entre eux servent de chair à canon dans le cadre de l’actuelle guerre en Iraq, a accusé le pétitionnaire. M. Rodriguez a ensuite tenu à remercier Cuba, le Venezuela et le Nicaragua pour le soutien qu’ils apportent à l’indépendance portoricaine et a plaidé pour la libération immédiate des détenus politiques portoricains.
M. PEDRO COLON ALMENAS, du Mouvement des travailleurs socialistes, a déclaré qu’au vingt et unième siècle, le droit à défendre son identité et ses propres notions de développement était toujours nié à Porto Rico. Notre lutte n’a toujours pas abouti, mais à l’inverse, nous subissons une sujétion politique et économique vieille de plus de 100 ans, et ce, contre la volonté du peuple et au mépris du droit international, a regretté M. Almenas. Il a réclamé que l’Assemblée générale de l’ONU reconnaisse le droit à la liberté du peuple portoricain en admettant que le statut de libre association est un paravent à la réalité de l’île, qui est celle d’une situation de domination américaine menée dans un climat de répression et de peur. Le pétitionnaire a ensuite dit que les États-Unis ignoraient la voix du peuple portoricain, qui s’est exprimé dans les différents référendums et à travers les projets de lois de ses représentants. Les États-Unis n’ont jamais été présents à Porto Rico autrement que pour y exploiter les ressources naturelles et humaines, a accusé M. Almenas. Il a stigmatisé le fait que la tension qui règne à Porto Rico soit due en grande partie à l’imposition «exportée » de la peine de mort par les États-Unis, alors que cette pratique a été abolie par le parlement local. Toute loi fédérale prévaut ainsi sur la Constitution portoricaine, a relevé le représentant. Il a ensuite estimé qu’il fallait rechercher des potions alternatives qui permettraient qu’advienne l’indépendance de Porto Rico. À cet égard, il a estimé que donner un siège à l’ONU à une éventuelle délégation portoricaine ne résoudrait en rien la situation de l’île. Cette situation est une bombe à retardement, a-t-il encore lancé, ajoutant que l’Assemblée générale devait cesser de reculer devant les exigences « d’un seul empire qui n’a cure du développement du reste de la planète ».
M. ERASTOS ZAYAS LOPEZ, de la Loge du Grand Orient National de Porto Rico, a plaidé pour l’indépendance et l’autodétermination de l’île et a estimé que les intérêts américains continuent d’être imposés au pays. Cependant, le peuple portoricain est un peuple fort dont l’esprit ne saurait être brisé, a-t-il déclaré. Le pétitionnaire a ensuite plaidé pour la libération des prisonniers politiques portoricains et de tous ceux qui ont lutté pour mettre fin aux essais militaires américains à Vieques. Il a également prôné la fin des brulis à l’air libre, qui sont nocifs et dangereux pour l’environnement. C’est le développement de l’île qui est en jeu, a-t-il estimé. Porto Rico est aujourd’hui un pays à la dérive, ses dirigeants ne savent plus quoi faire et notre peuple est miné par les détériorations sociales et politiques, a constaté M. Zayas Lopez. Une action ferme du Comité des Vingt-Quatre permettra peut-être que les États-Unis assument enfin leurs responsabilités, a-t-il déclaré.
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