À L’OUVERTURE DU DÉBAT GÉNÉRAL, LES ÉTATS MEMBRES DESSINENT LES LIGNES DE FORCE D’UN MULTILATERALISME PLACÉ SOUS L’ÉGIDE D’UNE ONU RÉFORMÉE
| |||
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York |
Assemblée générale
Soixante-deuxième session
4e & 5e séances plénières
Matin et après-midi
À L’OUVERTURE DU DÉBAT GÉNÉRAL, LES ÉTATS MEMBRES DESSINENT LES LIGNES DE FORCE D’UN MULTILATERALISME PLACÉ SOUS L’ÉGIDE D’UNE ONU RÉFORMÉE
Le Président français, Nicolas Sarkozy, appelle de ses vœux
un« New Deal pour un nouvel ordre mondial au XXIe siècle »
C’est à une réflexion sur l’importance du multilatéralisme que se sont livrés aujourd’hui les 27 chefs d’État et de gouvernement présents à l’ouverture du débat général de l’Assemblée générale. En dépit de leurs divergences, des personnalités telles que les Président des États-Unis, de la France, de l’Iran, du Sénégal ou encore de l’Afrique du Sud, ont signalé le rôle central que doit jouer une ONU réformée.
« Le multilatéralisme est de retour. Un monde de plus en plus interdépendant reconnaît que l’ONU représente le meilleur moyen, en fait le seul moyen, de relever les défis de l’avenir », s’est réjoui le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, en présentant son premier Rapport sur l’activité de l’Organisation. Le Président des États-Unis, George Bush, a ainsi rappelé la mission originelle de l’ONU qui est de contribuer à la mise en œuvre de la Déclaration universelle des droits de l’homme. George Bush s’est tout de même dit convaincu que l’Organisation ne serait pas à même d’atteindre ses objectifs en l’absence de réformes.
Il faut véritablement un « New Deal » pour un « nouvel ordre mondial pour le vingt et unième siècle », a dit en écho le Président de la France, Nicolas Sarkozy. « Une ONU plus forte pour un monde meilleur », a renchéri Ban Ki-moon, qui a souligné la priorité qu’il a accordée à la réforme des Nations Unies pour mettre sur pied « un modèle de compétence » plus soucieux de résultats que de rhétoriques.
Ces propos ont dû être accueillis avec satisfaction par les Présidents du Sénégal, du Malawi et de l’Afrique du Sud qui ont dénoncé l’incapacité de l’ONU à concrétiser les engagements dans les domaines du maintien de la paix et de la sécurité internationales ainsi que de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). La critique la plus acerbe est venue du Président de l’Iran.
Mahmoud Ahmadinejad a pris la question du nucléaire iranien comme exemple du dysfonctionnement des mécanismes actuels du système multilatéral. Mon pays, qui a jusqu’à présent rempli ses obligations vis-à-vis de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), compte poursuivre ses activités nucléaires à des fins pacifiques et dans le respect des exigences de l’Agence.
L’Iran a le droit de disposer de l’énergie nucléaire à des fins civiles, a reconnu le Président français, en soulignant toutefois qu’en laissant ce pays se doter de l’arme nucléaire, « nous ferions courir un risque inacceptable à la stabilité de la région et du monde », ainsi qu’à l’existence même du Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP). « Cette crise ne sera résolue que si la fermeté et le dialogue vont de pair », a-t-il ajouté.
La question iranienne n’a pas été la seule à susciter des inquiétudes parmi les intervenants. Le Président des États-Unis a annoncé aujourd’hui que son pays prendra des sanctions unilatérales à l’encontre de la junte miliaire au Myanmar actuellement en butte à des vagues de protestation populaires provoquées par la dégradation de la situation socioéconomique.
La réalisation des OMD figure, en effet, parmi les défis urgents que les peuples et les nations en développement doivent relever, a réitéré le Président de la soixante-deuxième session de l’Assemblée générale, SrgjanKerim, qui a cité comme autres priorités de son mandat, les changements climatiques, le financement du développement, la lutte contre le terrorisme et la cohérence du système des Nations Unies, y compris la réforme du Conseil de sécurité.
Les chefs d’État et de gouvernement des pays suivants ont également pris la parole: Brésil, Ghana, Kazakhstan, Honduras, Qatar, Nicaragua, Chili, Portugal, au nom de l’Union européenne, Sri Lanka, Paraguay, Argentine, Indonésie, Panama, Afghanistan, Slovaquie, Monaco, Estonie, Angola, Italie et Allemagne. Le libellé de son titre a valu au Président de l’ex-République yougoslave de Macédoine une motion d’ordre présentée par la Grèce.
Le débat général se poursuivra demain matin, mercredi 26 septembre, à partir de 9 heures.
DÉBAT GÉNÉRAL DE LA SOIXANTE-DEUXIÈME SESSION DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
Rapport du Secrétaire général sur l’activité de l’Organisation (A/62/1)
Ce document est le premier rapport annuel du Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon. Il contient les remarques de ce dernier en ce qui concerne les défis qui attendent l’Organisation et les réformes à mettre en place pour passer « des aspirations aux réalisations ». Ban Ki-moon indique que pour faire de l’ONU une organisation capable de produire régulièrement et efficacement des résultats, il faut compter non seulement sur l’engagement sans faille des États Membres mais aussi renforcer « l’unité d’action ».
Le Secrétaire général rappelle dans l’introduction que ses propositions initiales de réforme tendent principalement à doter l’Organisation de structures nouvelles propres à lui permettre d’améliorer le soutien apporté aux opérations de maintien de la paix, un domaine d’activité en pleine expansion. L’ONU gère actuellement 18 opérations de paix et 13 missions ou bureaux de terrain, indique le rapport, et leur effectif total a atteint un niveau record en dépassant largement les 100 000. Le Secrétaire général se félicite de ce que l’Assemblée générale ait approuvé sa proposition de créer un nouveau dispositif de soutien aux missions pour donner à l’ONU les moyens de gérer et soutenir efficacement, à l’échelle mondiale, ces opérations de grande envergure.
Ban Ki-moon estime par ailleurs que, pour se réformer, l’Organisation devra miser sur sa ressource la plus précieuse, « un corps de fonctionnaires dévoué et riche de sa diversité », ce qui implique, notamment, que tout le personnel des Nations Unies, au Siège et sur le terrain, soit tenu aux normes les plus rigoureuses d’intégrité et d’éthique professionnelle. Pour le Secrétaire général, les réformes engagées doivent appuyer la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). À mi-chemin de l’échéance de 2015 que les États Membres ont fixée pour parvenir à ce but, le Secrétaire général estime qu’il reste possible d’atteindre ces objectifs si des mesures sont prises immédiatement pour remplir les engagements souscrits, et ce, en dépit des retards pris dans certains pays et certaines régions. Le Secrétaire général affirme que s’il est impératif que les objectifs de développement soient atteints partout, ce n’est pas « seulement » pour permettre à des millions de gens de vivre mieux, c’est aussi pour que la paix et la sécurité puissent régner durablement dans le monde.
Dans le domaine des droits de l’homme, M. Ban estime que l’ONU doit poursuivre son œuvre de défense des droits de l’homme et l’action humanitaire qui lui vaut sa réputation, le nouveau Conseil des droits de l’homme devant rétablir rapidement la crédibilité de l’appareil intergouvernemental de défense des droits de l’homme. Le Secrétaire général est d’avis qu’en ce qui concerne la crise au Darfour, où « la situation des droits de l’homme et la situation humanitaire sont les pires qui soient », l’ONU agisse sans plus tarder pour mettre fin aux souffrances des populations darfouriennes, cela en mobilisant les ressources nécessaires pour rétablir la sécurité, faciliter un règlement politique durable, faire cesser l’impunité et répondre aux immenses besoins humanitaires des habitants de cette région.
Le Secrétaire général fait également part de sa conviction que l’histoire retiendra l’époque actuelle comme celle du déclenchement des changements climatiques. Affirmant que la postérité jugera la communauté internationale sur ce qu’elle aura fait pour y remédier, Ban Ki-moon exhorte les États Membres à parvenir à un accord global -négocié comme le prévoit la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques- qui donnera les moyens de lutter sur tous les fronts contre l’évolution du climat, grâce notamment à des mesures d’adaptation et d’atténuation, à la promotion des technologies non polluantes et à la mobilisation des ressources. Il demande à tous les pays de mettre tout en œuvre pour que les négociations aboutissent d’ici à 2009, afin que l’accord puisse entrer en vigueur à l’expiration, en 2012, des engagements consacrés dans le Protocole de Kyoto.
À la suite de son introduction, le Secrétaire général évoque les priorités de son mandat. Au titre du développement, il indique notamment que l’Afrique -le continent le plus rudement éprouvé par la misère qu’engendrent la pauvreté, les maladies et les conflits– demeure sa priorité, et que tout doit être fait pour enrayer la propagation du VIH parmi les hommes, les femmes et les enfants.
Dans le domaine de la paix et de la sécurité, Ban Ki-moon souligne que l’ONU continue de prendre part en première ligne à la lutte contre le terrorisme international et à la prévention de la prolifération des armes de destruction massive. Il insiste en outre sur la nécessité impérieuse de rétablir la paix en Iraq et la stabilité dans la région du Moyen-Orient, où la tâche de l’ONU se révèle la plus ardue. Ban Ki-moon regrette en outre que le désarmement nucléaire ne progresse pas suffisamment. C’est pourquoi, il estime indispensable de renforcer en particulier les normes multilatérales régissant le désarmement et la réglementation des armements.
Le Secrétaire général rappelle par ailleurs que l’ONU continue d’encourager la démocratie et la bonne gouvernance en aidant les pays à organiser des élections crédibles. Il se félicite à cet égard de voir appliquer la Convention des Nations Unies contre la corruption, devenue une condition sine qua non de la bonne gouvernance dans les États Membres.
Dans ses conclusions, Ban Ki-moon affirme que le monde a plus que jamais besoin d’une ONU rénovée, revigorée et plus souple, capable de répondre rapidement et utilement aux défis d’un monde en perpétuel devenir. Il émet le souhait que d’ici un an, l’accord se fasse sur les réformes fondamentales qui sont nécessaires pour permettre à l’Organisation de revaloriser son capital humain, de s’assujettir au principe de responsabilité, d’améliorer la performance de ses cadres et de moderniser son mode et ses méthodes de gestion.
Déclarations liminaires
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a estimé que l’année à venir serait « la plus intense de notre histoire », en ajoutant « Je crois aussi très fermement qu’ensemble nous pourrons en faire une des plus fructueuses ». Après avoir énuméré les premières réunions à s’être tenues depuis l’ouverture de l’Assemblée générale la semaine dernière, il a évoqué la réunion d’hier sur les changements climatiques, en notant que l’objectif était de mobiliser les énergies et de coordonner l’action en nous réunissant sous le même toit pour que nous soyons tous unis dans la lutte contre ce phénomène planétaire. « C’était déjà énorme et c’est de cette façon que j’espère que nous travaillerons ensemble à l’avenir », a dit le Secrétaire général.
Plus que jamais, a-t-il poursuivi, nous vivons dans une ère d’action collective. Il semble que tout le monde veuille que l’ONU fasse tout. Or, nous ne pouvons pas tout résoudre, ce qui ne peut être non plus une excuse pour ne rien faire, a reconnu le Secrétaire général, en soulignant que « notre monde en mutation a besoin d’une ONU forte ». D’où le titre de son allocution, a-t-il souligné: « Une ONU plus forte pour un monde meilleur ». Ban Ki-moon a émis le vœu d’une administration onusienne plus efficace qui soit « un modèle de compétence »: « Un changement climatique interne, voilà ce qu’il nous faut aux Nation Unies », a-t-il lancé. Nos méthodes doivent être simplifiées, rationnalisées et déléguées. Nous devons nous concentrer moins sur la rhétorique et plus sur les résultats, a-t-il expliqué.
Le Secrétaire général s’est félicité des progrès accomplis depuis neuf mois, notamment la rationalisation des processus budgétaires et l’élaboration du Plan-cadre d’équipement. Les opérations de maintien de la paix ont été réorganisées, a-t-il rappelé avant d’exprimer son intention de renforcer le Département des affaires politiques pour que l’ONU devienne plus proactive dans sa réponse aux crises. Aussi, le Secrétaire général a-t-il souligné qu’il fera tout ce qui est en son pouvoir pour faire cesser la tragédie du Darfour. Il a appelé le Gouvernement du Soudan à tenir sa promesse de s’impliquer dans les pourparlers de paix et le respect du cessez-le-feu. Il faut aussi, a-t-il dit, progresser dans la mise en œuvre de l’accord qui a mis fin à la guerre entre le Nord et le Sud du Soudan et préparer les élections de 2009.
Évoquant ensuite le processus de paix au Moyen-Orient, région dont la stabilité est vitale pour le monde, le Secrétaire général a estimé que la mobilisation à laquelle on assiste actuellement dans le monde arabe et aux États-Unis conjuguée aux efforts du Représentant du Quatuor, Tony Blair, constituent les éléments d’un élan renouvelé vers la paix. Concernant le Liban, il a émis l’espoir que ce pays retrouvera la stabilité politique et sociale, à travers la réconciliation nationale, et qu’il pourra élire son nouveau président, selon le processus constitutionnel prévu.
Au sujet de l’Iraq, le Secrétaire général a souligné que la situation dans ce pays était devenue un problème mondial. Il a souligné qu’avec la résolution 1770, l’ONU avait un rôle important à jouer pour favoriser la négociation politique et la réconciliation nationale, et fournir une assistance humanitaire à la population. Mais, a-t-il averti, la sécurité du personnel des Nations Unies est primordiale. Concernant l’Afghanistan, il a évoqué la nécessité de travailler avec les partenaires pour lutter contre le trafic de drogue et le financement du terrorisme. Au sujet du Myanmar, il a appelé les autorités à faire preuve de la plus grande retenue et à engager le dialogue avec les parties pertinentes du processus de réconciliation nationale.
M. Ban a ensuite souligné son souci en matière de désarmement. Il s’est dit encouragé par les progrès accomplis récemment dans la question concernant la République populaire démocratique de Corée. Il a émis l’espoir que le prochain sommet intercoréen donnera un élan historique à la paix, à la sécurité et finalement à une réunification pacifique de la péninsule coréenne. Le Secrétaire général s’est par ailleurs dit convaincu de parvenir à une solution négociée avec l’Iran.
Le Secrétaire général a ensuite rappelé que cette année marque la mi-étape de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), en s’inquiétant en particulier pour l’Afrique où vit « le milliard le plus pauvre du monde ». Il attiré l’attention sur la réunion inaugurale du Groupe de pilotage pour la réalisation des OMD en Afrique, en se disant convaincu que ceux-ci pouvaient être atteints si l’on aide les pays pauvres à se libérer des pièges dans lesquels ils se débattent. Ceci ne veut pas dire, a-t-il prévenu, que nous ferons des choses que ces pays devraient ou peuvent faire eux-mêmes. Le « miracle asiatique », a-t-il insisté, a montré que le développement dépend surtout de choix judicieux et de leur mise en œuvre rigoureuse.
L’ONU doit élaborer des programmes plus efficaces et plus cohérents, en intégrant mieux les efforts dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’agriculture et des infrastructures. Pour leur part, a poursuivi Ban Ki-moon, les pays donateurs doivent tenir leurs promesses en matière d’aide, d’allègement de la dette et d’accès aux marchés.
Venant à la question des droits de l’homme, le Secrétaire général a voulu que le Conseil des droits de l’homme joue pleinement son rôle. « L’ère de l’impunité est révolue », a-t-il ajouté, après avoir cité l’action des tribunaux internationaux. Évoquant enfin les catastrophes naturelles, celles-ci peuvent être aggravées par les changements climatiques, a-t-il rappelé.
« Tant d’espoirs sont placés en nous », a-t-il lancé en français, ajoutant qu’il faut transformer la façon dont l’ONU fait son travail et se concentrer davantage sur les résultats que sur les procédures bureaucratiques. Le Secrétaire général s’est dit convaincu que « la pendule de l’histoire bat en notre faveur. Le multilatéralisme est de retour. Un monde de plus en plus interdépendant reconnaît que l’ONU représente le meilleur moyen, en fait le seul moyen, de relever les défis de l’avenir ».
M. SRGJAN KERIM, Président de la soixante-deuxième session de l’Assemblée générale, a rappelé que les États sont aujourd’hui réunis pour débattre des défis urgents que les peuples et les nations doivent relever. Le Président a expliqué avoir identifié cinq domaines prioritaires dont l’Assemblée générale devrait débattre pendant cette soixante-deuxième session, à savoir les changements climatiques, le financement du développement, les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), la lutte contre le terrorisme et la cohérence du système des Nations Unies, y compris la réforme du Conseil de sécurité. Ces thèmes prioritaires, a-t-il estimé, reflètent les intérêts divers des États Membres.
Les changements climatiques sont devenus de plus en plus visibles et leurs conséquences de plus en plus violentes, a-t-il fait observer. Et ce sont ceux qui en sont les moins responsables qui en souffrent le plus. M. Kerim s’est réjoui du message fort que de nombreux États ont lancé hier à l’occasion de la Réunion de haut niveau sur les changements climatiques. Le moment d’agir est venu, a-t-il poursuivi, avant de rappeler qu’il avait proposé de créer une feuille de route destinée à guider le système des Nations Unies et les États Membres. Nous devons évaluer les mesures nécessaires pour lutter contre les changements climatiques, définir une vision claire pour le futur et élaborer une stratégie pour y arriver tous ensemble. Moderniser la gestion du système des Nations Unies et assurer une plus grande cohérence de ses activités permettra à l’Organisation d’obtenir de meilleurs résultats dans tous ses domaines prioritaires, a-t-il ajouté.
Le Président de l’Assemblée générale a d’autre part attiré l’attention sur les bénéfices croissants que de nombreuses personnes tirent de l’expansion du commerce et des échanges au sein d’un système reposant sur la primauté du droit et les droits de l’homme. Or, des divisions et des inégalités profondes persistent, près de la moitié du monde vivant avec moins de 2 dollars par jour. Il a plaidé en faveur d’un plus grand partage des richesses et d’une inclusion réelle de tous. Rappelant l’urgence d’œuvrer en faveur de la réalisation des OMD, réel test moral pour la communauté internationale, il a annoncé qu’il avait, en consultation avec le Secrétaire général, l’intention d’organiser une réunion sur ce thème pendant la présente session. Il a également fait observer que le monde est encore plus vulnérable aux nouvelles menaces que représentent le terrorisme, le trafic d’armes et les armes de destruction massive. Il a lancé un appel pour que toutes les opportunités soient saisies afin de progresser vers une paix durable notamment au Moyen-Orient, en Iraq, en Afghanistan et au Darfour.
M. LUIZ INÁCIO LULA DA SILVA, Président de la République fédérative du Brésil, s’est félicité de la décision des Nations Unies d’encourager un débat de haut niveau sur les changements climatiques. Estimant qu’il fallait modifier la relation entre développement et justice sociale, il a plaidé en faveur d’une redistribution plus équilibrée des richesses. Pour le Président, les pays hautement industrialisés devraient donner l’exemple en, par exemple, respectant les engagements pris dans le cadre du Protocole de Kyoto. Il a toutefois mis en exergue la nécessité de mettre en place de nouveaux objectifs plus ambitieux à compter de 2012. Les pays en développement de leur côté se doivent également d’aider à la lutte contre les changements climatiques, en disposant de stratégies nationales claires qui responsabilisent les gouvernements envers leurs peuples.
M. Lula da Silva a annoncé que son pays allait bientôt lancer un plan d’action national pour lutter contre les changements climatiques. Il a rappelé que le taux de déforestation de la forêt amazonienne, qui est l’une des régions les plus vulnérables au réchauffement climatique, a été réduit de moitié ces trois dernières années. Grâce à une présence active du Brésil, la préservation d’un développement durable dans la région engendrera des bénéfices économiques, sociaux, éducatifs et culturels pour ses 20 millions d’habitants, a-t-il déclaré. À Nairobi, le Président a rappelé que son pays avait proposé l’adoption d’incitations économiques et financières pour réduire la déforestation à grande échelle. Il a appelé à renforcer la coopération Sud-Sud, tout en favorisant des modalités d’action conjointes innovantes avec les pays développés. Le Président brésilien a proposé d’accueillir en 2012 une nouvelle conférence sur l’environnement et le développement (Rio + 20) 20 ans après le Sommet de la terre tenu à Rio.
Pour M. Lula da Silva, les modes de production et de consommation énergétique se doivent d’être modifiées. L’utilisation des biocarburants permet de réduire en effet de manière significative les émissions de gaz à effet de serre, et l’utilisation efficace de l’éthanol a, ces 30 dernières années, permis de prévenir l’émission de 644 millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphère. La production de biocarburants n’affecte pas la sécurité alimentaire et elle permet d’accroître l’autonomie énergétique, sans investissements coûteux, tout en créant des emplois et des sources de revenus.
Le Président Lula a également rappelé que le développement durable n’est pas qu’une problématique environnementale mais également un défi social. Nous sommes en train de faire du Brésil un pays moins inégal et plus dynamique, a-t-il soutenu. Avec 10 ans d’avance, le pays a atteint le premier Objectif du Millénaire pour le développement qui est de réduire de moitié le taux d’extrême pauvreté. En 2004, le programme d’Action Global contre la faim et la pauvreté a été lancé et il produit déjà des résultats encourageants, a-t-il annoncé, en rappelant toutefois la nécessité de forger une solidarité internationale accrue, et d’adopter de nouvelles relations économiques ne pénalisant pas les pays pauvres. Il a demandé la mise en œuvre de règles internationales justes et équilibrées par l’Organisation mondiale du commerce et le Cycle de Doha, et a condamné le système de subventions et le protectionnisme agricole qui perpétuent la dépendance et le sous-développement. Le Président a en outre appelé à une participation accrue des pays en développement sur la scène internationale et dans les organes décisionnels, le Conseil de sécurité en particulier.
M. GEORGE W. BUSH, Président des États-Unis d’Amérique, a placé son intervention sous le signe de la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui a consacré il y a 60 ans les droits inaliénables de tous les individus et s’est imposée comme « la fondation de la liberté, de la justice et de la paix à travers le monde ». M. Bush a regretté que ce document incontournable continue d’être bafoué chaque jour. Il a rappelé que la mission de l’ONU exige que l’on libère les peuples de la tyrannie et de la violence. Or, cette vérité est niée par les terroristes et les extrémistes qui tuent les innocents dans le but d’imposer leur vision haineuse au reste de l’humanité. Les partisans des idéologies violentes sont une menace pour les peuples civilisés, qui doivent s’allier pour les empêcher de parvenir à leurs fins, a-t-il poursuivi. La meilleure manière de triompher d’eux est de combattre leur sombre idéologie avec une vision d’espoir, en fait la vision de liberté qui a créé l’ONU. Dans ce cadre, le Président a salué les nations qui ont pris récemment des mesures en ce sens, tels que l’Ukraine, la Géorgie, le Kirghizistan, la Mauritanie, le Libéria, la Sierra Leone et le Maroc.
Dans les territoires palestiniens, a poursuivi le Président, des dirigeants modérés s’efforcent de mettre en place des institutions libres pour lutter contre les extrémistes, faire régner l’état de droit et satisfaire les besoins de la population locale. La communauté internationale doit les soutenir, a affirmé le Président américain, ainsi que les peuples du Liban, de l’Afghanistan et de l’Iraq, qui mettent tout en œuvre pour consolider la démocratie, mise à mal par les extrémistes. C’est le devoir de toute nation civilisée d’être aux côtés des peuples souffrant de la dictature, a-t-il poursuivi. Ainsi, au Bélarus, en Corée du Nord, en Syrie, en Iran, des régimes brutaux nient à leur peuple l’exercice des droits fondamentaux consacrés par la Déclaration universelle. Au Myanmar, une junte militaire réprime depuis 19 ans les libertés individuelles et les droits de l’homme et persécutent les minorités ethniques. Des informations font état de travail forcé pour les enfants, de trafics d’êtres humains et de viols fréquents. Le régime détient plus de 1 000 prisonniers politiques, a ajouté M. Bush.
Devant l’inflexibilité de la junte au pouvoir, il a annoncé devant les États Membres, une série de mesures pour promouvoir un changement pacifique au Myanmar, sous forme de sanctions économiques contre les dirigeants du régime, ainsi que des interdictions de délivrance de visas pour les responsables de violations des droits de l’homme et les membres de leurs familles. Les États-Unis continueront d’appuyer les efforts des groupes humanitaires qui s’efforcent d’alléger les souffrances au Myanmar, a ajouté M. Bush. Il a ensuite stigmatisé les régimes en place à Cuba, « où le règne d’un dictateur cruel approche de sa fin » et au Zimbabwe, dont le Gouvernement étouffe les appels à la réforme lancés dans la paix. Enfin, au Soudan, où les civils innocents du Darfour souffrent de la répression, les États-Unis ont imposé des sanctions et fourni plus de 2 milliards de dollars d’aide humanitaire, a rappelé son Président, qui a émis l’espoir que les soldats de la paix seraient rapidement déployés par le Conseil de sécurité, saluant aussi le rôle de leadership joué par la France dans la stabilisation des pays voisins du Soudan.
Le Président Bush a par ailleurs affirmé que la mission des Nations Unies était aussi de libérer les peuples de la faim et de la maladie. Il a fait état d’une initiative innovante qui consiste pour les États-Unis à acheter directement l’aide alimentaire auprès des fermiers d’Afrique ou d’ailleurs plutôt que de l’acheminer à partir du monde développé. S’agissant de la lutte contre le VIH/sida, le Président américain a rappelé qu’en 2003, les États-Unis avaient décidé de renforcer leur aide financière en lançant un plan d’urgence d’un montant de 15 milliards de dollars, qui avait permis d’obtenir de réels progrès dans les régions les plus touchées par la pandémie, comme l’Afrique subsaharienne. Cette aide sera doublée cette année, a annoncé le Président. S’agissant du paludisme, le Gouvernement américain a lancé il y a deux ans un programme d’un montant de 1,2 milliard de dollars, a-t-il précisé.
Ajoutant que la mission de l’ONU était aussi de libérer les peuples de l’analphabétisme et de l’ignorance, il a exposé les mesures prises par les États-Unis en ce domaine. Enfin, le Président a déclaré que la dernière mission qui incombait aux Nations Unies était de libérer les peuples de la pauvreté et du désespoir, en aidant notamment les pays en développement à réaliser leur potentiel et à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Il a estimé que le meilleur moyen d’y parvenir était de privilégier le commerce et l’investissement en aidant ces pays à accéder à leur tour à la mondialisation. La communauté internationale, a-t-il ajouté, est face à une chance historique d’ouvrir les marchés au monde, en assurant une issue heureuse au Cycle de Doha.
Les buts énoncés ne peuvent être réalisés en une nuit et sans une réforme des Nations Unies, a prévenu le Président, en exprimant l’engagement de son pays en faveur d’une ONU forte et dynamique. Il a tout de même avoué sa déception face aux échecs du Conseil des droits de l’homme qui est resté silencieux devant les régimes répressifs de La Havane, de Caracas, de Pyongyang et de Téhéran tout en concentrant ses attaques sur Israël. Le Président a donc appelé à la réforme du Conseil des droits de l’homme. En ce qui concerne celle du Conseil de sécurité, son gouvernement y est ouvert, a-t-il dit en soulignant que le Japon lui paraissait être qualifié pour occuper un siège de membre permanent, au même titre que d’autres puissances émergentes.
Avec l’engagement et le courage de cette Assemblée, nous pouvons créer un monde dans lequel les gens pourront s’exprimer, s’assembler et prier librement, un monde dans lequel les enfants auront droit à la sécurité matérielle, à une bonne éducation et à un avenir fait d’espoir. C’est la promesse qui sous-tend la création de l’ONU et avec notre détermination, cette promesse peut devenir l’avenir de notre monde, a conclu le Président.
M. JOHN AGYEKUM KUFUOR, Président de la République du Ghana, a déclaré que son pays était prêt à prendre les mesures nécessaires pour atteindre l’objectif d’une intégration politique et économique plus profonde de l’Afrique, lequel a figuré de manière prééminente sur l’agenda de la neuvième session ordinaire de l’Assemblée de l’Union africaine (UA) à Accra. Reconnaissant que les efforts de développement accéléré seront plus efficaces et enclins à réussir dans une atmosphère de paix et de sécurité, le Président a affirmé que la résolution et la prévention des conflits sur le continent figurent parmi les priorités de l’UA.
Pour illustrer ses propos, il a rappelé les efforts de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), soutenue par l’UA, dans les crises du Libéria et de la Côte d’Ivoire. Il a aussi rappelé le déploiement d’une force de maintien de la paix de l’UA au Darfour (MUAS), au Burundi et récemment en Somalie. Le Président a tenu à souligner, dans ce contexte, que grâce aux efforts de l’UA et des Africains eux-mêmes, avec le soutien de la communauté internationale, le nombre de conflits armés qui ont éclaté sur le continent africain depuis la Guerre froide et dans les années qui ont suivi, a nettement diminué.
M. Kufuor a ensuite appelé à la résolution urgente des crises en Côte d’Ivoire, en Somalie et en Ethiopie-Erythrée tout en soulignant la nécessité de se pencher sur la consolidation de la paix dans des pays émergeant de conflits tels que le Burundi, la Guinée-Bissau, le Libéria, le Sierra Léone et la République démocratique du Congo (RDC) afin d’éviter la répétition de ces expériences tragiques.
Le Président a salué la résolution du Conseil de sécurité autorisant le déploiement de l’opération hybride au Darfour, avec l’accord du Gouvernement du Soudan. Il a appelé à sa mise en œuvre rapide dans le cadre du calendrier agréé. Nous pressons les Nations Unies, a-t-il ensuite ajouté, de considérer sérieusement les demandes d’assistance financière, logistique et technique de l’UA pour le déploiement de la Mission Africaine en Somalie (AMISOM), ce dont l’Union africaine, malgré ses efforts constants en matière de paix, ne peut s’acquitter seule vu l’ampleur des défis en Somalie.
Malgré ses conflits, l’Afrique, a-t-il tenu à rappeler, n’est pas une cause perdue. Grâce à l’amélioration de la macro-gestion dans de nombreuses économies africaines, le continent enregistre de bons résultats en matière de croissance économique, qui selon le Président, a augmenté de 5,2% en 2005 à 5,7% en 2006, pour actuellement atteindre les 6%, chiffre qui sera maintenu sinon dépassé dans les années à venir.
L’économie ne suffit pas, a dit le Président en reconnaissant les défis énormes du développement. Il a regretté la différence croissante des revenus entre pays développés et en développement, et les inégalités sociales et économiques qui risquent d’empêcher les pays africains d’atteindre à la date butoir de 2015 les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Il a donc appelé les pays industrialisés à prendre en considération les demandes et intérêts des pays en développement dans le cadre du Cycle de Doha.
M. Kufuor s’est ensuite félicité de l’adhésion au Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et au Mécanisme d’examen par les pairs, avant de souligner l’importance d’un plus grand partenariat entre l’ONU et l’UA. Il a conclu en appelant les pays développés à aider les pays africains à s’adapter au changement climatique. Il a aussi insisté sur l’importance du désarmement, de l’accès des pays aux technologies nucléaires à des fins pacifiques, et de la réforme des Nations Unies.
M. NURSULTAN NAZARBAYEV, Président de la République du Kazakhstan, a exprimé sa préoccupation face au manque de progrès dans les questions du désarmement et de la non-prolifération des armes nucléaires. Le Président a donc proposé l’adaptation du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) aux nouvelles réalités. Ce Traité, a-t-il estimé, est devenu un accord asymétrique qui ne prévoit de sanctions qu’à l’encontre des États non nucléaires. Si les puissances nucléaires veulent interdire la production de ces armes, ils doivent montrer l’exemple en réduisant et en renonçant à leurs propres arsenaux. Cette injustice est une réelle incitation pour les États qui aspirent à se procurer ces armes, a insisté le Président, en qualifiant « d’irrationnelles » de telles aspirations.
Le Président a ensuite appelé à une lutte contre le terrorisme et le trafic de drogues, en s’attardant sur la situation en Afghanistan. Il a d’ailleurs réitéré sa proposition de créer un fonds des Nations Unies pour les opérations de maintien de la paix auxquelles contribueraient volontairement les États à hauteur de 1% de leur budget militaire. Se félicitant, par ailleurs, que les Nations Unies aient fait des changements climatiques une priorité, le Président a rappelé l’initiative présentée par son pays lors du Sommet de Johannesburg consistant à établir dans le cadre des Nations Unies, un registre des problèmes environnementaux du monde. Un tel outil permettrait de développer des mécanismes de lutte contre les catastrophes naturelles. Il a aussi réitéré son appel visant à la création d’un fonds international pour sauver la Mer d’Aral.
Le Président a également partagé les préoccupations des leaders des pays du G-8 et de la Coopération économique Asie-Pacifique concernant l’aggravation de la crise énergétique et l’intensification de la menace induite par les changements climatiques. Il a proposé à cet égard qu’on développe, dans le cadre des Nations Unies, une stratégie globale sur l’énergie et l’environnement qui pourra être discutée au Sommet sur le développement durable prévu en 2012. Il a, en outre, proposé l’adoption du Pacte euro-asiatique sur la stabilité de la fourniture d’énergie.
Le Président a poursuivi en mettant l’accent sur l’importance du Programme d’action d’Almaty sur les pays en développement sans littoral et de celle sur la sécurité collective, de la Conférence sur l’interaction et le rétablissement de la confiance en Asie (CICA). Il a conclu sur la question « heureusement évitée » du choc des civilisations, en proposant que le troisième Congrès des leaders religieux, prévu en 2009, soit organisé sous les auspices des Nations Unies. Il a aussi proposé la proclamation d’une année internationale de la convergence entre les cultures et les religions.
M. JOSÉ MANUEL ZELAYA ROSALES, Président de la République du Honduras, a souligné que son pays avait retrouvé l’espoir grâce à l’obtention des meilleurs indicateurs économiques et sociaux qu’il ait connus depuis plusieurs décennies. La croissance de 7% produit un effet positif sur l’emploi tandis que le taux de pauvreté a baissé de 6% en 18 mois. Outre ce climat favorable, les autorités ont mis en œuvre une loi sur la transparence devant permettre au citoyen d’avoir accès à l’information publique. La majorité des concitoyens croit en la démocratie, le libéralisme social et l’économie de marché, a–t-il affirmé. Toutefois, dans la pratique, le commerce international fonctionne de façon inégale et inéquitable à l’instar de ce que sont les relations entre pays puissants et pays faibles économiquement. En conséquence, le libre-échange dont fait grand cas la propagande internationale, s’il n’est pas rééquilibré, deviendra une tromperie de plus, servant à occulter des relations inégales et la répartition injuste des privilèges, a-t-il ajouté.
M. Zelaya Rosales a rappelé que l’Organisation mondiale du commerce elle-même reconnaissait qu’à peine 7% du commerce international se faisait en vertu du libre jeu de la concurrence. Mettant en cause les subventions faussant les règles du jeu, il a souligné que les marchés favorisaient la spéculation en imposant leur volonté et leurs intérêts au détriment des progrès naissants atteints par des pays comme le sien. Le Président a dit exiger que l’on respecte les règles du jeu d’un véritable marché libre garantissant les règles de la libre concurrence. Il faut corriger cette situation, cela est urgent, a-t-il dit, mettant en cause les subventions. « Nous ne voulons pas être relégués aux sous-sols de l’histoire », a-t-il lancé.
Il a pris pour exemple de distorsion les tarifs douaniers du commerce de la banane exagérés, selon lui, et qui ont été imposés par les Européens, et ceux envisagés sur les produits textiles par les Américains. Cela ne respecte pas l’esprit et la lettre du Traité signé il y a quelques années à peine, a-t-il noté. Nous ne venons pas demander l’impossible et réclamer ce qui ne nous est pas dû, a-t-il ajouté. Nous ne demandons pas de commisération, ni de condescendance apitoyée, nous demandons le respect et que l’on paye pour nos produits, ce qui est correct et réaliste. Nous demandons des règles, des normes équitables et un traitement juste.
M. Zelaya Rosales a ensuite évoqué la hausse de 600% des cours du pétrole, rappelant qu’il y a à peine cinq ans le baril était à 13 dollars contre environ 80 aujourd’hui. L’économie de nos pays ne peut plus surmonter une telle saignée économique qui détruit tout progrès sur le plan social, en matière d’éducation, de santé et de lutte contre la pauvreté. Les maîtres du monde et du commerce font exploser les prix, a-t-il dénoncé, mettant en cause la spéculation effrénée sur les cours du pétrole. Il a souligné le besoin de montée en puissance d’énergies nouvelles.
Le Président hondurien a ensuite constaté qu’alors que les frontières étaient ouvertes à la circulation des marchandises, elles étaient fermées à celles des travailleurs. Le drame des migrants est immense, a-t-il ajouté, estimant que la migration n’était pas un délit mais un droit de l’homme élémentaire. Il a condamné les persécutions exercées contre les migrants traités comme des délinquants alors qu’ils cherchent uniquement à vendre la seule chose qu’ils possèdent, leur force de travail. Il a proposé d’élaborer un cadre juridique au phénomène migratoire. « Je vous demande de faire preuve de miséricorde et de justice en mettant un terme à l’odieuse persécution des migrants », a-t-il lancé, mettant en cause les règlementations visant à empêcher la réunification des familles, alors même qu’il s’agit d’un droit fondamental. La circulation des hommes doit prendre le pas sur celle des marchandises, a-t-il lancé.
Par ailleurs, M. Zelaya Rosales a demandé que Taiwan soit réintégré dans la communauté des Nations Unies.
SHEIKH HAMAD BIN KHALIFA AL-THANI, Émir de l’État du Qatar, a attiré l’attention sur la résolution 1770 du Conseil de sécurité relative à l’Iraq, adoptée le 10 août dernier, et s’est réjoui qu’elle ait partiellement redonné aux Nations Unies le rôle qui leur revient. Les conflits majeurs dans le monde sont devenus trop grands pour qu’un seul pouvoir les gère, a-t-il poursuivi. À ses yeux, les Nations Unies constituent l’organisation idoine pour y faire face puisqu’elle représente les valeurs, les principes et les aspirations de la communauté internationale. L’Émir a également estimé, qu’afin de rendre le système des Nations Unies plus efficace, sa structure devrait être réformée pour s’adapter aux changements survenus depuis l’adoption de la Charte en 1945. Revenant sur la situation iraquienne, il a tenu à préciser que bien que la situation exige une réponse de la part de la communauté internationale, la responsabilité première incombait aux dirigeants iraquiens. Ceux-ci ont la responsabilité de permettre la réconciliation nationale, de promouvoir la justice, la paix, la sécurité et de préserver la souveraineté et l’intégrité territoriale de leur pays.
M. Al-Thani s’est dit d’avis que le travail des Nations Unies en matière de développement devrait accorder une importance particulière à l’étroite relation qui existe entre le développement, la sécurité et la paix. Il s’est réjoui que l’Assemblée générale ait approuvé l’initiative du Qatar d’accueillir la première conférence de suivi sur le financement du développement à Doha en 2008. D’autre part, il a attiré l’attention sur les défis posés par les changements climatiques. Une telle situation appelle une coopération et une action concertées, a-t-il souligné. Il a préconisé que la communauté internationale s’accorde sur de nouveaux concepts permettant de fournir des solutions à court, moyen et long termes qui soient mises en œuvre par les pays développés comme les pays en développement.
D’autre part, faisant observer que l’aide internationale contribue à promouvoir le partenariat international, il a recommandé que son volume soit augmenté et son efficacité améliorée. Après s’être inquiété du déclin de l’aide publique au développement en 2006, il a recommandé aux donateurs de consentir des efforts supplémentaires pour doubler l’aide apportée aux pays d’Afrique subsaharienne. Il a également insisté sur l’importance de parvenir à la conclusion des négociations de Doha, soulignant les opportunités qu’une telle issue fournirait.
L’Émir du Qatar a précisé qu’il n’était pas venu participer au débat général pour soulever des questions touchant son pays ou le monde arabe, bien que, a-t-il souligné, certaines ont atteint une dimension tragique. Il a dit vouloir évoquer des questions plus générales, convaincu que les questions arabes et musulmanes sont liées aux problèmes du monde entier. Parvenir à une compréhension mutuelle et reconnaître l’importance de recourir à la volonté collective internationale ne bénéficierait pas aux seules causes arabes et musulmanes mais aux causes de l’humanité tout entière, a-t-il conclu.
M. NICOLAS SARKOZY, Président de la république française, s’est déclaré convaincu que la cohésion et la détermination de la communauté internationale, dont l’ONU est l’instrument, constituent le seul remède contre l’aveuglement et la folie qui s’emparent parfois des hommes. Par conséquent, la réforme de cette organisation pour l’adapter aux réalités du monde d’aujourd’hui est une priorité pour la France. Rappelant ensuite la fidélité historique de son pays aux valeurs qu’elle partage avec ses amis, le Président a cependant souligné que cette fidélité n’était ni une soumission ni un enfermement. Cette fidélité, la France veut la mettre au service de l’ouverture aux autres. Mais l’ouverture, a-t-il prévenu, n’est pas la démission. La compréhension n’est pas la faiblesse. La faiblesse et la démission ne sont pas des facteurs de paix mais de guerre. La France et l’Europe en ont jadis éprouvé les conséquences tragiques et nous avons tous le devoir de faire en sorte que cela ne recommence pas.
Ainsi, a-t-il poursuivi, il n’y aura pas de paix dans le monde si la communauté internationale transige avec le droit des peuples à disposer d’eux–mêmes et avec les droits de l’homme, si elle n’est pas soudée par une même volonté de lutter contre le terrorisme et d’en finir avec la guerre au Moyen-Orient, si elle tolère les horreurs au Darfour, et si elle ferme les yeux sur la tragédie libanaise ou sur le drame humanitaire de la Somalie. Il n’y aura pas de paix dans le monde si la communauté internationale fait preuve de faiblesse face à la prolifération des armements nucléaires. Estimant que l’Iran avait le droit de disposer de l’énergie nucléaire à des fins civiles, Nicolas Sarkozy a toutefois souligné qu’en laissant ce pays se doter de l’arme nucléaire, « nous ferions courir un risque inacceptable à la stabilité de la région et du monde », ainsi qu’à l’existence même du Traité de non-prolifération des armes nucléaires. « Je veux dire que cette crise ne sera résolue que si la fermeté et le dialogue vont de pair », a-t-il ajouté.
Le Chef de l’État français a réitéré le soutien de son pays au Liban. C’est en s’appuyant sur le principe du respect de l’autre que ce pays pourra vivre, mais aussi qu’Israéliens et Palestiniens trouveront en eux la force de cohabiter en paix et que pourra s’instaurer la coexistence pacifique des grandes religions. « Regardons notre monde tel qu’il est sinon nous n’aurons aucune chance de le rendre meilleur », a suggéré Nicolas Sarkozy, et « Jugeons-le à l’aune de la justice », a-t-il ajouté. La justice, c’est la nation palestinienne qui retrouve un pays et construit un État; c’est le peuple israélien qui obtient le droit de vivre en sécurité ; c’est le peuple libanais qui recouvre sa liberté, son indépendance, sa souveraineté dans la concorde; c’est le peuple iraquien dans sa diversité qui trouve en lui-même le chemin de la réconciliation et de la démocratie; la justice, c’est aussi l’égalité des chances entre enfants pauvres et riches; c’est que le pays en développement auquel on voudrait imposer des règles environnementales alors que ses habitants ont à peine de quoi manger soit aidé pour les mettre en place; la justice enfin, c’est qu’on ne puisse pas exploiter les ressources d’un pays sans en payer le juste prix, a conclu Nicolas Sarkozy.
Dénonçant les injustices dans le monde, le Président français a lancé un appel à la conscience de « tous ceux qui ont une responsabilité dans la conduite des affaires du monde ». Sinon, a–t-il encore dit, les pauvres et ceux qui sont exploités se révolteront. « C’est d’un nouvel état d’esprit dont le monde a besoin. C’est un véritable New Deal à l’échelle planétaire qui est nécessaire, un New Deal écologique et économique. Au nom de la France, j’appelle tous les États à se réunir pour fonder le nouvel ordre mondial du XXIe siècle sur l’idée que les biens communs de l’humanité doivent être placés sous la responsabilité de l’humanité tout entière. Je lance également un appel solennel aux Nations Unies pour qu’elles prennent en main la question d’une plus juste répartition des profits, de la rente des matières premières et des rentes technologiques. ». C’est notre responsabilité à tous de faire changer les mentalités et les comportements, et « la France est décidée à prendre dès les prochains mois les initiatives nécessaires », a annoncé Nicolas Sarkozy.
M. DANIEL ORTEGA SAAVEDRA, Président de la République du Nicaragua, a d’abord rappelé que des millions d’êtres humains étaient encore victimes du colonialisme et du néocolonialisme. Il a évoqué les victimes de l’histoire, énumérant celles de la Shoah, celles des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki, mais aussi celles d’Amérique centrale ainsi que de Cuba, cibles d’un blocus qu’il a qualifié d’inhumain. Il a aussi évoqué les victimes des attentats du 11 septembre, celles de la discrimination et de l’apartheid, ainsi que les migrants cherchant à entrer aux États-Unis ou en Europe. M. Ortega a mis en cause le capitalisme avaricieux semant la mort. Il a enfin mentionné les victimes des catastrophes naturelles dont celles de l’ouragan Katrina, avant d’évoquer longuement le sort des autochtones d’Amérique centrale, récemment victimes de l’ouragan Felix.
Il a rappelé que dans les années 80, il avait eu l’occasion de s’adresser tous les ans pendant une décennie aux membres de l’Assemblée générale, la dernière fois, il y a 18 ans en 1989. Il a dit se souvenir des paroles prononcées à l’époque et avoir écouté attentivement celles prononcées par « le deuxième orateur »: « Je ne constate aucune différence entre ce qui était la parole, la réflexion, l’action de celui qui dirigeait alors cette puissance par rapport au discours d’aujourd’hui ». Ils ne semblent pas se rendre compte, a-t-il ajouté, en faisant référence aux présidents des États-Unis, qu’ils sont un instrument de plus de tant d’empires qui ont dominé notre planète, oublieux que les empires sont éphémères par rapport à l’éternité, a remarqué Daniel Ortega.
L’oppression, la violence n’ont pas changé, selon le Président Ortega. Mettant en cause la tyrannie universelle du capitalisme, celles d’une minorité de dictateurs qui imposent des intérêts qui ne sont pas nouveaux, qui dans le passé ont réduit en esclavage les peuples africains, Daniel Ortega a estimé que l’on a privé de leurs droits les peuples autochtones au profit des colonisateurs. Aujourd’hui, cela est présenté comme la démocratie la plus exemplaire au monde alors qu’il s’agit, selon lui, de la dictature, de la tyrannie la plus achevée que le monde ait connue.
Daniel Ortega a ensuite durement critiqué l’embargo américain frappant Cuba et s’est demandé de quel droit le Président des États-Unis pouvait contester à des pays comme l’Iran et la République populaire démocratique de Corée l’usage pacifique de l’atome alors que son pays est doté d’un arsenal nucléaire démesuré, arsenal qu’il est le seul à avoir utilisé dans l’histoire. Il a reproché aux Occidentaux de s’être arrogé un droit exclusif et d’imposer leur ordre injuste au reste de l’humanité. M. Ortega a estimé que le seul droit valide était celui consistant à agir pour rendre l’arme nucléaire caduque. Quel qu’en soit le président, qu’il soit républicain ou démocrate, un empire est un empire, a martelé Daniel Ortega qui a déclamé son discours d’une voix forte sans le lire.
Évoquant le droit à l’indépendance de Porto-Rico, il a condamné le néocolonialisme pratiqué par les États-Unis. Il a dénoncé l’occupation de l’Afghanistan ainsi que la campagne de mensonges à l’égard d’un pays, l’Iraq, dont on n’était pas certain qu’il était en mesure de se doter de l’arme nucléaire. Dix-huit ans après sa dernière intervention devant l’Assemblée générale des Nations Unies, « l’ennemi reste le même », a constaté Daniel Ortega. « Ce sont nos peuples qui doivent livrer bataille », a-t-il dit, appelant à l’unité des peuples d’Amérique latine.
Il a évoqué la tentative d’assassinat contre le Président du Venezuela démocratiquement élu, la comparant au coup d’État contre le Chilien Salvador Allende. Même les pays impérialistes affichent les meilleures intentions du monde, celles-ci sont basées sur l’assistance : « Lorsque l’on parle d’aide on nous insulte », a-t-il lancé, mettant en cause au passage les privatisations imposées d’en haut qui ne sont, selon lui, que des « mises à sac ». Ce que les migrants envoient à leurs familles restées au pays sont des montants de misère par rapport à ce qui a été grugé par les exploiteurs et les colonisateurs, a noté Daniel Ortega, estimant inconcevable que l’on parle de libre-échange alors qu’il s’agit de la loi de la jungle. Un commerce juste est nécessaire, a-t-il dit.
Daniel Ortega a conclu qu’il était temps de passer des paroles aux actes en matière de liberté et d’égalité et que les problèmes actuels n’étaient pas nouveaux, rappelant que son pays subissait déjà le joug de la tyrannie du temps de la révolution d’octobre en Russie. Il a estimé que les principes qui guidaient les révolutionnaires latino-américains du passé, tels que Sandino ou Tupac Amaru, restaient valides.
M. BRANKO CRVENKOVSKI, Président de l’ex-République yougoslave de Macédoine, a, dans un premier temps, félicité son concitoyen, Srgjan Kerim, pour son élection en tant que Président de la soixante-deuxième session de l’Assemblée générale. Cette nomination démontre à nouveau le plein engagement de son pays à promouvoir les objectifs de l’Organisation des Nations Unies. Jugeant que le thème choisi pour le débat de l’Assemblée générale était opportun, il a estimé que les changements climatiques exigeaient la prise de mesures sérieuses et coordonnées. Il faut une réponse politique claire pour lutter contre les effets des changements climatiques tout en n’entravant pas la croissance économique et les efforts de réduction de la pauvreté. Tout en reconnaissant le rôle central de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, il a jugé également utile de promouvoir des consultations entre les institutions des Nations Unies traitant de l’environnement.
Se penchant ensuite sur la réforme des Nations Unies, M. Crvenkovski a estimé que de nombreux progrès avaient été réalisés depuis le Sommet mondial de 2005. Il a indiqué que son pays soutenait la réforme de gestion actuelle qui vise à parvenir à une plus grande efficacité et transparence dans le système des Nations Unies. Il a souhaité que le Conseil des droits de l’homme renforce son rôle dans la promotion et la protection des droits de l’homme, notant que son pays avait posé sa candidature pour siéger en son sein pour la période 2009-2012. Par ailleurs, il a rappelé que le Sommet mondial de 2005 avait réaffirmé l’engagement international en faveur d’un partenariat mondial pour le développement. Tout en soulignant la responsabilité première de chaque pays quant à son développement, il a affirmé que certaines régions devaient bénéficier d’un soutien particulier pour parvenir aux Objectifs du Millénaire pour le développement.
Sur le plan international, le Président a jugé important que les États Membres soutiennent les activités de l’ONU au Darfour. Il a aussi fait part du soutien de son pays aux efforts déployés par le Quatuor au Moyen-Orient. Rappelant que son pays faisait partie, depuis le début, de la coalition internationale antiterroriste en Afghanistan et en Iraq, il a réitéré l’importance que l’ex-République yougoslave de Macédoine accorde à l’unité du territoire iraquien. Il a précisé que son pays avait appuyé la récente résolution du Conseil de sécurité sur l’extension du rôle de l’ONU dans ce pays.
Sur le plan national, M. Crvenkovski a indiqué que son gouvernement s’attachait à mettre en place des réformes générales dans tous les secteurs de la société afin d’entamer les négociations d’accession à l’Union européenne en 2008. Il a aussi espéré que son pays serait invité à se joindre à l’OTAN lors du prochain sommet de cette organisation en avril 2008. Enfin, il a soutenu les efforts de la communauté internationale afin de résoudre la question du statut du Kosovo. Il a estimé que ce règlement devait se faire dans un délai raisonnable en prenant en compte la stabilité de la région. Il a souligné qu’il s’opposait à une partition du Kosovo selon des lignes ethniques, division qui, selon lui, pourrait avoir des conséquences négatives pour toute la région.
M. BINGU WA MUTHARIKA, Président de la République du Malawi, a évoqué les progrès réalisés par son pays pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Il a fait état de l’adoption par son gouvernement d’une stratégie nationale de croissance et de développement afin de faire reculer la pauvreté. Le Président a expliqué qu’il fallait que l’économie de son pays, qui est actuellement dépendante de l’importation et de la consommation, repose sur la production et l’exportation. À cette fin, le Malawi est en train de mettre en place un système de gouvernance économique efficace dans les secteurs privés et publics, en particulier dans les domaines de la lutte contre la corruption, la protection des droits de l’homme, la promotion de l’état de droit, l’amélioration de la protection sociale pour les groupes vulnérables et le développement des infrastructures.
M. Mutharika a ensuite détaillé les six « priorités des priorités », compte-tenu des ressources limitées de son pays: le développement de l’agriculture et la sécurité alimentaire; l’irrigation et l’approvisionnement en eau; l’expansion des infrastructures logistiques et de communication; l’énergie; la réhabilitation des zones rurales et la prévention du VIH/sida. Il s’est félicité des indicateurs de croissance économique, soit 8,5% entre 2004 et 2006. Le pourcentage de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté était de 53,9% en 1998 contre 45% en 2006. Au cours des deux dernières années, le pays a accru sa production agricole et renforcé sa sécurité alimentaire. Il dispose d’un surplus alimentaire de 1,4 million de tonnes et se trouve maintenant en mesure d’exporter vers d’autres pays d’Afrique australe.
M. Mutharika a également souligné les progrès obtenus par son Gouvernement dans la lutte contre la pandémie de VIH/sida, grâce à des campagnes de prévention et de dépistage efficaces. Considérant que le VIH/sida n’est pas seulement une crise de nature médicale, mais revêt aussi des dimensions économique, socioculturelle et politique, le Président a affirmé qu’une réponse holistique et globale s’imposait. Dans ce contexte, il a créé un Département de la nutrition et du VIH/sida au sein de son Cabinet pour contribuer à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Enfin, son Gouvernement a réhabilité les infrastructures d’approvisionnement en eau et construit de nombreux puits permettant à 66% de la population d’avoir accès à l’eau potable.
Le Malawi consacre également d’importantes ressources budgétaires dans les domaines de l’éducation, des sciences et des technologies. À l’heure actuelle, 60% des enfants du pays sont scolarisés et le Gouvernement œuvre à la mise en place d’un environnement propice à l’enseignement et à la recherche afin de réduire l’absentéisme, l’échec scolaire et la déscolarisation, a conclu le Président.
Mme MICHELLE BACHELET JERIA, Présidente de la République du Chili, a réaffirmé l’attachement de son pays à la paix, la justice, la liberté et la solidarité, soulignant qu’en dépit de la taille de son économie, le Chili a épousé les grandes causes de l’humanité. Le monde devient incertain lorsque les États ne réussissent pas à agir ensemble et la mondialisation devient imprévisible lorsque les États ne sont pas capables de la gérer, a-t-elle souligné. Elle a ainsi plaidé pour le renforcement des institutions multilatérales et davantage d’efforts en matière de désarmement et de non-prolifération. Elle s’est également dite en faveur du lancement de négociations sur la réforme du Conseil de sécurité. Les défis actuels exigent peut-être de parvenir au plus grand consensus que l’humanité ait jamais connu, a-t-elle averti, avant de souligner que les droits de l’homme, les changements climatiques et l’égalité sociale constituaient des défis majeurs que la communauté internationale devait relever de toute urgence.
La Présidente chilienne a ensuite insisté sur l’importance de promouvoir les droits de l’homme et de concentrer le débat sur le respect de la dignité des personnes, quelque soit leur religion, leur race, leur sexe ou leur statut social. Elle a fait observer que ces efforts devaient être déployés autant au niveau national que dans le cadre des Nations Unies. À cet égard, elle s’est réjouie de l’adoption de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, ainsi que de la création du Conseil des droits de l’homme. Elle a également mis en exergue l’importance de garantir la démocratie et la liberté partout dans le monde.
Mme Bachelet a attiré l’attention sur les effets dévastateurs des changements climatiques. Il s’agit d’une menace sérieuse et nous devons agir, a-t-elle mis en garde. Il n’y a pas de temps à perdre. Elle a estimé que les efforts que la communauté internationale devait fournir pour arriver à un consensus étaient comparables aux efforts de paix déployés à l’occasion de l’adoption de la Charte des Nations Unies à San Francisco, il y a plus de 60 ans. Si nous ne réagissons pas maintenant, le futur de toute l’humanité est menacé, a-t-elle martelé. Elle a ainsi plaidé en faveur d’un consensus politique global en accord avec le principe de responsabilité commune mais différenciée et a espéré que la réunion de Bali permettra de déterminer l’après 2012. Elle a également souhaité que les pays développés s’engagent davantage en matière d’atténuation, d’adaptation, de transfert de technologies et de financement, avant de préciser que les efforts des pays développés ne seront pas à eux seuls suffisants. Elle a aussi appelé les pays en développement à œuvrer également à la réduction de leurs émissions.
S’intéressant ensuite à l’élimination de la pauvreté, Mme Bachelet s’est félicitée que le Chili ait, en 17 années de démocratie, réussi à faire passer la pauvreté de 40% à 13%. Elle s’est toutefois inquiétée des situations de pauvreté, de faim et d’extrême inégalité qui prévalent dans plusieurs parties du monde et a déploré le manque de progrès dans la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement. L’égalité sociale et l’édification d’une mondialisation à visage humain devraient être des priorités, a-t-elle conclu.
Ouverture du débat général
M. JOSE SOCRATES, Premier Ministre de la République du Portugal, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a estimé que dans un monde globalisé et interdépendant, seules des institutions multilatérales fortes peuvent permettre de promouvoir les valeurs fondamentales de la paix, de la démocratie, des droits de l’homme et du développement. Réaffirmant les idéaux ayant présidé à la création des Nations Unies, l’UE, a-t-il dit, est convaincue que c’est seulement avec une organisation plus forte que l’on pourra vivre dans un monde plus sûr, plus juste et plus développé. C’est la raison pour laquelle, nous appuyons le rôle primordial de l’ONU dans le maintien de la paix et de la sécurité, a-t-il indiqué.
Si nous devions retenir une seule leçon du changement de siècle, c’est que les défis planétaires requièrent des réponses planétaires, a ajouté le Premier Ministre. Celles-ci ont besoin d’un multilatéralisme effectif, qui est notre tâche au sein et avec les Nations Unies. M. Socrates a ensuite souligné l’importance de répondre aux ambitions fixées par les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en contribuant à un développement durable. Ces objectifs sont exigeants mais ils ne doivent pas nous décourager, a-t-il souligné. Il a cité la Stratégie conjointe UE-Afrique qui doit être adoptée en décembre à Lisbonne lors du deuxième sommet euro-africain. C’est un signe des temps, selon lui, car il s’agit d’une stratégie définie de concert par les Africains et les Européens reflétant les OMD.
Le Premier Ministre a ensuite évoqué les changements climatiques en tant que l’un des défis les plus importants auxquels l’humanité fait face et qui risque d’empêcher d’atteindre les ODM. Il a estimé que les conclusions de la réunion de haut niveau tenue hier à ce sujet étaient encourageantes. Développement durable et réduction des émissions de gaz à effet de serre doivent aller de pair. Surtout, il faut le soutien de tous, a-t-il souligné, en expliquant les mesures prises par les Européens à cet égard. Il faut aussi repenser notre modèle de développement, à la lumière des deux autres facteurs du développement durable que sont l’énergie et l’innovation.
L’UE estime par ailleurs nécessaire de réformer, de manière ambitieuse, le cadre institutionnel des activités de l’ONU en matière d’environnement, a déclaré le Premier Ministre, en notant la proposition de faire du Programme des Nations Unies pour le l’environnement (PNUE), une véritable organisation des Nations Unies. Ce processus, a-t-il dit, doit partir des processus, des structures et des systèmes existants et accompagner d’une stratégie plus large de renforcement de la gouvernance mondiale en matière d’environnement.
Évoquant les droits de l’homme, M. Socrates a estimé que la Troisième Commission de l’Assemblée générale devait continuer à jouer un rôle central dans leur promotion et leur protection. Il a estimé que le Conseil des droits de l’homme a le potentiel pour répondre aux attentes placées en lui. Il a rappelé au passage l’opposition des Européens à la peine de mort, avant d’annoncer que les pays de l’UE seront coauteurs, cette année, d’un projet de résolution portant création d’un moratoire universel sur l’abolition de la peine de mort. Le Premier Ministre a exprimé la solidarité de l’UE avec le peuple du Myanmar, appelant les autorités à faire preuve de retenue.
Il a ensuite réitéré le soutien de l’Union européenne à l’opération hybride ONU/Union africaine au Darfour (MINUAD) et au déploiement d’une présence multidimensionnelle dans l’est du Tchad et dans le nord de la République centrafricaine, tout en saluant les futures négociations sur le Darfour. S’agissant des questions de paix et de sécurité en Europe, il a exhorté les parties concernées à s’engager de manière constructive dans le processus visant à déterminer le statut final du Kosovo, le statu quo n’étant pas tenable selon lui. Rappelant que la réactivation du processus de paix au Moyen-Orient demeurait une priorité, M. José Socrates a réaffirmé l’engagement de l’Union à trouver une solution pacifique et durable au conflit israélo-arabe, à travers la création d’un État palestinien viable. L’Union européenne, a poursuivi le Premier Ministre, reste également engagée en faveur de la stabilité du Liban et de l’Iraq, ainsi que de l’Afghanistan, pays pour lequel l’UE est l’un des principaux donateurs.
Fermement impliquée dans la lutte contre le commerce illicite de petites armes et la prolifération des armes de destruction massive, l’UE, a poursuivi le Premier Ministre, est également préoccupée par la nécessité de renforcer la lutte contre le terrorisme. À cet égard, il est temps de mettre en œuvre la Stratégie antiterroriste des Nations Unies, adoptée l’an dernier par l’Assemblée générale. Dans ce contexte, la promotion de la paix à travers le dialogue interculturel revêt une importance particulière. C’est pourquoi l’Alliance des civilisations constitue une initiative bienvenue, a estimé M. Socrates.
Soulignant que la réponse des Nations Unie aux conflits ne pouvait pas se réduire au maintien de la paix, le Premier Ministre a estimé qu’il fallait faire jouer à la Commission de consolidation de la paix et aux mécanismes de justice internationale, tels que la Cour pénale internationale (CPI), le rôle qui leur revient. Pour rendre plus efficace l’Organisation des Nations Unies, l’Union européenne préconise de mettre, dans le domaine du développement, l’accent sur l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes. L’ONU est également invitée à entamer la réforme de ses organes principaux pour plus de représentativité, de transparence et d’efficacité, a conclu José Socrates, dans le cadre d’un multilatéralisme effectif.
M. MAHINDA RAJAPAKSA, Président de la République socialiste démocratique de Sri Lanka, a annoncé que malgré les défis posés par le conflit en cours dans son pays causé par « un groupe terroriste impitoyable » qui sévit dans le Nord, son gouvernement avait libéré la Province de l’Est du terrorisme et y avait restauré la loi et l’ordre public. Nous avons déjà lancé un vaste programme de réhabilitation et de reconstruction dans l’Est et proposons de faire de la Province un modèle de développement et de réhabilitation. Nous prenons des mesures pour que des droits qui ont été usurpés reviennent au peuple. Ainsi, au début de l’année prochaine, nous organiserons des élections provinciales et locales qui fourniront également une occasion à la communauté internationale de jouer un rôle important dans le développement de la province et de briser ainsi le cycle du conflit. Nous avons lancé des opérations militaires, a ajouté le Président, dans le seul but d’exercer des pressions sur les Tigres de libération l’Eelam tamoul (LTTE). Mais notre objectif, a-t-il assuré, est de parvenir à une solution négociée à ce conflit. Je dois dire que le Comité représentant tous les partis travaille avec succès dans cette voie.
Le Président a par ailleurs déclaré que son pays avait été l’un des premiers États du monde en développement à promouvoir la santé universelle, l’éducation ainsi que l’égalité entre les sexes. Mettant en avant le niveau exceptionnellement élevé des indicateurs socio-économiques pour un pays à revenu intermédiaire, M. Rajapaksa a ajouté que la plupart des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) seraient réalisés dans les temps. Le Président sri-lankais a rappelé que la culture des droits de l’homme était inscrite dans la tradition bouddhiste dont les principes essentiels guident l’action de son pays. Il a cité à ce propos l’élection en 1960 pour la première fois au monde d’une femme Premier Ministre au Sri Lanka.
En tant qu’un des pays fondateurs du Conseil des droits de l’homme, le Président du Sri Lanka a déclaré que les droits de l’homme sont trop importants pour être utilisés comme un outil permettant de persécuter les États. Les droits de l’homme doivent être protégés et promus pour eux-mêmes, et non pas à des fins politiques, a encore lancé le dirigeant sri-lankais, qui a appelé la communauté internationale à la vigilance au moment où le terrorisme menace partout l’équilibre de la société civile et la règle du droit. M. Rajapaksa a souhaité que l’élaboration de la convention générale sur le terrorisme international progresse, regrettant les retards causés selon lui par d’interminables discussions. Évoquant le règlement des conflits en cours à travers le monde, le Président sri-lankais a affirmé que les solutions à ces guerres devaient être trouvées en premier lieu par les pays concernés, afin de permettre à ces derniers, aux côtés de la communauté internationale, de rétablir chez eux la démocratie. Il a ainsi jugé que les Palestiniens devaient recevoir l’appui de tous en vue d’ériger un État indépendant et libéré, à terme, de toute influence extérieure.
M. Rajapaksa a par ailleurs insisté sur la nécessité de renforcer les mécanismes de l’ONU, en particulier pour lutter plus efficacement contre le financement d’activités illégales. Nous encourageons le Secrétaire général des Nations Unies à consacrer davantage de ressources à cet effort, en intensifiant par exemple la formation technique des pays en développement qui sont confrontés plus que les autres aux activités illicites mais aussi aux catastrophes naturelles, a-t-il dit. Le Président a évoqué les vastes programmes de revitalisation des zones rurales dévastées par des catastrophes naturelles, ces projets étant destinés en priorité aux groupes les plus vulnérables, femmes et enfants notamment. M. Rajapaksa a également souhaité que les principales institutions financières, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, (FMI) mettent en place de nouveaux programmes d’assistance aux pays affectés par l’augmentation du prix du pétrole et autres biens de première nécessité.
M. NICANOR DUARTE FRUTOS, Président de la République du Paraguay, a souligné que tant que se poursuivrait la concentration unilatérale du capital, que s’élargissait la pauvreté, la paix mondiale resterait précaire. Le monde aspire à un ordre plus juste. S’agissant de son pays, il a rappelé que celui-ci avait entrepris une transition marquée par de fortes turbulences mais que, depuis 2003, il avait pu « institutionnaliser la stabilité politique ». Celle-ci est la matrice permettant de parvenir à la stabilité économique, indispensable pour mener à bien les plans de développement et de croissance. Dans la période 2003-2007, elle a été en moyenne de 4% par an, les exportations atteignant un niveau record. Le produit national brut par habitant a doublé, passant de 915 à 1 800 dollars et le taux de pauvreté est passé de 46 à 38%. L’éducation de base a été généralisée, en incluant en particulier les populations indigènes qui ont leur propre programme éducatif.
M. Duarte Frutos a souligné que le pluralisme politique était désormais acquis. Il a toutefois reconnu que demeuraient des vestiges du fascisme et du conservatisme et que ceux-ci conspiraient contre le progrès qu’a connu le pays. Mais, selon lui, la majorité de la population comprend que ce qui a été accompli doit être poursuivi de manière irréversible. L’anarchie, la démagogie et le féodalisme théologique sont, a-t-il dit, une menace de régression, une menace à la paix, à la république laïque, à l’état de droit et au régime institutionnel en cours d’édification.
Selon son Président, le Paraguay est le pays le plus ouvert et le plus actif en ce qui concerne l’intégration régionale. Il adhère au projet d’union sud-américaine des nations. Ainsi, nous aurons plus de force pour défendre nos droits dans le cadre d’une mondialisation asymétrique, a estimé le chef de l’État paraguayen. Celui-ci a en effet mis en cause les termes inégaux de l’échange qui ont un effet adverse sur les industries locales. Il convient de modifier cette tendance, a-t-il estimé, et l’ONU a un rôle à jouer à cet égard.
En raison de son enclavement, le Paraguay continue de souffrir de marginalisation, a dit le Président, en demandant la levée des restrictions qu’appliquent les économies protectionnistes. Il a espéré que l’Organisation mondiale du commerce reprenne le Cycle de Doha, afin de faciliter la concurrence des économies petites et vulnérables et leur intégration dans le commerce international. La mondialisation punit en proportion inverse de la taille et du degré d’évolution les économies de nos pays, a-t-il remarqué. Il a poursuivi en affirmant que son pays subit les conséquences des changements climatiques. Il en a voulu pour preuve les sécheresses récurrentes et les incendies qui ont dévasté une grande partie du territoire. M. Duarte Frutos en a profité pour remercier les pays ayant fourni une aide à son pays. Il a conclu en plaidant pour la réintégration de la « République de Chine » (Taïwan) au sein de l’ONU.
M. ABDOULAYE WADE, Président de la République du Sénégal, a déclaré que l’action coloniale, par son dessein et sa logique exclusive de domination, d’exploitation et d’asservissement, ne pouvait se prévaloir d’une quelconque mission civilisatrice ni d’une retombée positive parce qu’elle est, par nature, une négation de la condition humaine. Abordant les questions d’environnement, il a souligné que, dans le cadre de l’exploitation de ses ressources minières, le Sénégal veillait à la remise en état de l’écosystème et utilisait des technologies non polluantes. Il a ensuite évoqué la menace posée par l’érosion côtière du Maroc au Sénégal, en passant par la Mauritanie que la communauté internationale devrait prendre très au sérieux. Il a aussi évoqué l’initiative prise par son pays qui s’est concrétisée par la création de l’Association des pays africains non producteurs de pétrole (PANPP), une sorte d’« OPEP verte », dont l’objectif est de favoriser le développement des biocarburants par le recours aux énergies renouvelables. Il s’est réjouit du lancement le 2 mars 2007 à New York du Forum international des biocarburants.
Le Président du Sénégal a dénoncé la grave entorse à la liberté des échanges que constituent les subventions agricoles des pays développés. Affirmant que l’Afrique n’était pas pauvre, mais avait été appauvrie, il a déclaré que plus que d’aide, le continent avait besoin de justice et d’équité. En outre, entre pays à niveau de développement inégal, les mesures commerciales doivent être complétées par des mesures économiques. Évoquant ensuite la question de la lutte contre la pauvreté, il a souligné que celle-ci résultait d’un cumul de déficits ou de besoins et se traduisait par un non-accès à un toit décent, à la nourriture, à l’eau potable, à l’habillement, aux soins de santé, à l’éducation et à la formation, et enfin à un environnement sain. Mettant l’accent sur l’habitat, le Président a indiqué que son gouvernement avait lancé en 2005 le plan « Jaxxay », qui vise la construction de maisons à bas prix.
En ce qui concerne la question de la « fracture » numérique, M. Wade a rappelé qu’il avait proposé au Sommet de l’Union international des télécommunications (UIT) à Genève en 2003, la création d’un Fonds de solidarité numérique, dont le siège se trouve à Genève. Le Président a renouvelé son appel aux États, aux Gouvernements locaux, aux villes, au secteur privé et aux citoyens du monde pour qu’ils adhèrent à ce Fonds. Il a également rappelé que le Sénégal présidera à partir de fin septembre le Groupe pilote sur les mécanismes de financement novateurs, preuve supplémentaire que le volontariat constitue une voie crédible de solidarité entre les peuples.
Évoquant la réforme des Nations Unies, le Président a dénoncé l’injustice historique faite à l’Afrique, seul continent exclu des sièges permanents du Conseil de sécurité, dont 70% de l’agenda concernent pourtant les questions africaines. Il a estimé qu’il y avait « des raisons de faire confiance à l’Afrique avec les progrès significatifs que nous enregistrons en matière de consolidation de la paix et de la sécurité », notamment au Burundi, en RDC, en Sierra Leone et au Libéria. Le Président a ensuite confirmé la participation de son pays, déjà présent au Darfour avec la Mission de paix de l’Union africaine, à la Force hybride. Il a également réaffirmé son soutien indéfectible à la cause du peuple palestinien « dans sa quête légitime d’un État viable, libre et indépendant ». Appelant de ses vœux la recherche d’une cohabitation pacifique pour les générations futures et à venir, il a réitéré son appel en faveur de la tenue d’un sommet sur le dialogue islamo-chrétien. Enfin, il a proposé à l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) de contribuer à financer la lutte contre la pauvreté et la dégradation de l’environnement en lui demandant d’allouer 2% du prix du pétrole à chaque augmentation des cours.
M. THABO MBEKI, Président de la République sud-africaine, a affirmé que les conséquences des changements climatiques freinaient les efforts mis en commun pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Il a souligné que le coût de l’inaction dépasse de loin celui de la mise en œuvre de mesures concrètes de lutte contre ce fléau, avant d’indiquer que les victimes les plus touchées par une action retardée seront les pays et communautés pauvres. Le Président a appelé à une avancée commune et significative des négociations multilatérales lors du prochain sommet sur l’environnement à Bali en décembre 2007. Tout en rappelant aux pays développés leurs obligations dans la prise d’initiatives, il a dit soutenir un régime climatique juste, efficace, flexible, inclusif et ancré dans la Convention cadre des Nations Unis sur les changements climatiques et le Protocole de Kyoto.
M. Mbeki a souligné que le développement durable est un élément central de la lutte contre la pauvreté et de la protection de l’environnement, et qu’il existe d’importantes interconnections entre la pauvreté, l’environnement et l’utilisation des ressources naturelles. Pour le Président sud-africain, l’équité –caractérisée par l’équilibre entre développement durable et adoption des impératifs climatiques- doit être le point de départ d’un futur régime climatique renforcé, qui donnerait à tous les pays la chance de pouvoir développer leur espace. Il a également affirmé que son pays a adopté plusieurs programmes et déclarations, dans le cadre des Nations Unies et de ses organes régionaux. La formulation de ces textes en objectifs clairs a permis de faire face aux changements climatiques mais aussi à la pauvreté et au sous-développement.
Le Président a néanmoins indiqué que les pauvres avaient plusieurs fois perdu espoir. Les nombreuses déclarations répétées contre la pauvreté et le sous-développement, tout comme celle qui est initiée aujourd’hui sur le réchauffement climatique, peuvent être oubliées. Il a mis en cause la capacité des Nations Unies à concevoir des institutions de gouvernance en accord avec les concepts universels d’équité, de justice et de liberté qui sont prônés par les sociétés démocratiques modernes. Il a souligné que les nations du monde sont qualifiées soit de dominées soit de dominantes ayant acquis le statut de décideurs dans les forums internationaux, et que cette distribution faussée des pouvoirs politiques, économiques, technologiques et sociaux, se voit répliquée dans les institutions de l’ONU au détriment de la majorité des pays pauvres. Il a insisté en affirmant que, malgré les accords concernant les programmes visant à améliorer la vie de milliards d’individus, les pays riches et détenteurs des pouvoirs ont largement cherché à garder ce statut quo et à ne pas altérer la nature de ces relations. Il sera difficile pour l’ONU dans sa forme actuelle d’appliquer dans sa totalité ses propres décisions et par conséquent d’aider les populations pauvres à atteindre les OMD, a-t-il rappelé.
M. Mbeki a insisté sur l’absolue nécessité d’accroître les transferts de ressources aux pays pauvres par le biais de l’Aide publique au développement, de l’investissement, du commerce et des transferts de technologie. Dans cette optique, il a rappelé l’importance des partenariats en Afrique, dans le cadre du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). Il a ainsi appelé à une coopération accrue entre pays du Nord et du Sud sur les problématiques environnementales mais aussi concernant la lutte contre la pauvreté et le sous-développement.
M. NÉSTOR CARLOS KIRCHNER, Président de la République argentine, a estimé que le seul espoir de résoudre les problèmes que connait la communauté internationale résidait dans le multilatéralisme. Le monde ne peut pas être une scène où les droits de l’homme sont violés, a-t-il ajouté. Il s’est dit convaincu de la nécessité de tisser des relations plus équitables entre pays et d’adopter des règles plus justes régissant le commerce international. Évoquant la grave crise qu’a traversée son pays, il a estimé que les règles qui avaient été imposées par les organisations financières, telles que le Fonds monétaire international, avaient été inadaptées. L’Argentine a néanmoins réglé sa dette. L’idée de recettes universelles est erronée et le FMI devrait être réformé. Il faut que les technocrates comprennent que la croissance économique doit s’accompagner du progrès social, a-t-il estimé.
Sur le plan national, M. Kirchner a brossé un tableau positif du redressement entrepris par son pays ces dernières années. Concernant le secteur de la santé qui s’était pratiquement effondré, il a expliqué que le développement et la distribution de médicaments génériques avaient permis à la population d’avoir un plus grand accès aux soins. S’agissant de la lutte contre l’impunité, il a souligné qu’il s’agissait d’une des priorités de son gouvernement afin de traduire en justice les auteurs des violations des droits de l’homme pendant la période de dictature qu’a connue l’Argentine. Dans ce contexte, il a fait part du soutien de son pays au nouveau Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Nous voulons accorder un rôle central à la protection des droits de l’homme, a-t-il souligné.
Après avoir évoqué la situation au Proche-Orient, il a estimé qu’aucun pays n’était à l’abri du terrorisme. Il a rappelé les attentats ayant frappé l’Argentine, sa communauté juive en particulier, ainsi que l’ambassade d’Israël. La justice argentine a ainsi demandé l’assistance internationale pour capturer un certain nombre de suspects dont plusieurs Iraniens, a-t-il rappelé, avant de demander à l’Iran de collaborer avec la justice de son pays. Prenant la communauté internationale à témoin, il a déclaré que jusqu’à présent la république islamique d’Iran n’avait pas fait montre de la coopération nécessaire. Les 102 victimes des attentats de Buenos Aires méritent que justice soit faite, a-t-il souligné.
Il a par ailleurs demandé la restitution par le Royaume-Uni de l’archipel des Malouines, une question qui revêt une importance majeure pour l’Argentine. Il est incompréhensible que ce pays refuse de négocier, a-t-il dit, en demandant que cet anachronisme colonial prenne fin. Il a condamné les agissements de la Grande-Bretagne qui, à ses yeux, s’attribue des espaces économiques autour d’îles que Buenos Aires considère comme des territoires argentins.
M. MAHMOUD AHMADINEJAD, Président de la République islamique d’Iran, a commencé son intervention par dénoncer ce qu’il a estimé être des atteintes délibérées à l’institution de la famille et visant à affaiblir le statut des femmes. Il a tout particulièrement fustigé la manière dont certaines sociétés transforment ces dernières, réduites à des fins publicitaires, en objets de consommation. Il a ensuite soutenu que les droits de l’homme étaient massivement violés par certaines puissances, en particulier par celles qui prétendent s’en faire les défenseurs patentés. Ces mêmes puissances invoquent divers prétextes pour occuper des États souverains, accroître l’insécurité et faire régner la division. Ainsi, a-t-il affirmé, la Palestine est depuis 60 ans sous occupation du « régime sioniste illégal », comme compensation de la « perte » que le peuple juif a subi pendant la Seconde guerre mondiale.
Pour lui, certaines puissances sacrifient les valeurs fondamentales pour satisfaire leurs besoins particuliers. Le Président a ainsi dénoncé les architectes du droit international qui violent ses dispositions en toute impunité et pratiquent la politique du « deux poids, deux mesures ». Dans ce contexte,
M. Ahmadinejad a déclaré que les organisations et les mécanismes internationaux n’avaient de toute évidence pas la capacité de surmonter les problèmes du monde, assurant que peu d’États pouvaient faire confiance à un système aussi inefficace. Cette situation, a-t-il affirmé, a été dictée par les nations victorieuses de la Seconde guerre mondiale.
Ainsi, M. Ahmadinejad a désigné le Conseil de sécurité comme l’organe le plus inefficace de ce système, où certains pays disposant du droit de veto se comportent en procureurs et juges à l’égard d’autres. Prenez la situation en Iraq, a-t-il pointé: l’un des membres permanents du Conseil a commencé par occuper ce pays avant de recevoir l’approbation du même Conseil, au sein duquel lesdits occupants possèdent le droit de veto. La présence de telles puissances monopolistiques a empêché le Conseil de sécurité de s’acquitter de son mandat de maintien de la paix et de la sécurité internationales, comme les institutions financières internationales de remplir le leur, a-t-il argué.
Tout en écartant la parole divine et celle des prophètes, ces mêmes pays se prennent pour Dieu! Pour M. Ahmadinejad, pas de doute, le seul moyen d’améliorer le sort de la race humaine est de retourner aux enseignements divins, au monothéisme et à la justice. Pour y parvenir, il a préconisé que tous les individus se lèvent et forment une « Coalition pour la paix ». Dans ce contexte, l’Assemblée générale devrait être considérée comme le pilier des Nations Unies et prendre à ce titre les mesures de réforme systémique qui s’imposent, a recommandé le Président iranien.
La question du nucléaire iranien constitue un exemple flagrant de la manière dont les mécanismes actuels fonctionnent mal, a poursuivi le Président. Il a estimé que son pays avait jusqu’à présent rempli ses obligations vis-à-vis de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Or celle-ci ne dénie pas aux États qui le souhaitent le droit de développer l’énergie nucléaire à des fins strictement civiles. Pourtant, certaines des puissances mentionnées auparavant n’ont cessé de politiser le dossier en empêchant l’Iran d’exercer ce droit légitime. M. Ahmadinejad a assuré que son pays allait poursuivre le développement de ses activités nucléaires, dans le respect des exigences de l’AIEA, dédaignant les manœuvres politiques illégales de ces mêmes puissances. Il s’est déclaré satisfait de la manière dont l’Agence avait tenté de jouer de nouveau pleinement son rôle en défendant les droits de ses membres, tout en surveillant leurs activités nucléaires. S’adressant ensuite à tous ceux qui se sont montrés hostiles à l’Iran depuis près de cinq ans, il leur a recommandé de tirer les enseignements de l’histoire et de leurs actions récentes et de ne pas s’en prendre à d’autres États Membres et organisations.
M. SUSILO BAMBANG YUDHOYONO, Président de la République d’Indonésie, a déclaré qu’il fallait, pour relever efficacement le défi que posent les changements climatiques, respecter le principe de la responsabilité partagée mais différenciée. Il a ajouté que face à un défi d’une telle ampleur, les pays devaient rechercher ensemble les causes comme les solutions. Revenant sur la Réunion de haut niveau qui s’est tenue hier au Siège, le Président indonésien a fait part de son optimisme à quelques mois de la Conférence de Bali, où, selon lui, les négociateurs parviendront à définir collectivement une feuille de route sur les changements climatiques. Ce document devra lier la lutte contre le réchauffement de la planète, le développement durable et la réduction de la pauvreté, et énoncer aussi ce que les pays développés et ceux en développement devront faire pour sauver l’humanité, a-t-il dit. Nous, peuples en développement, devons protéger nos ressources naturelles tout en utilisant avec sagesse ces ressources pour notre prospérité, a ajouté le chef de l’État indonésien. Ce dernier a souligné l’importance de la préservation des forêts, desquelles, a-t-il dit, nous soutirons d’importantes richesses et qui permettent de stocker d’immenses volumes de carbone.
Évoquant ensuite la lutte contre la pauvreté, M. Yudhoyono a expliqué que l’économie de son pays était axée prioritairement sur l’essor des zones rurales les plus désœuvrées. Il a ainsi plaidé pour un accroissement des investissements étrangers afin d’accélérer la création d’emplois modernes et sortir de la misère des millions de chômeurs. Le Président indonésien a en outre insisté sur la nécessité de mettre fin à la corruption par le biais notamment du renforcement des partenariats mondiaux de développement déjà existants.
La paix au Moyen-Orient est indispensable à la restauration d’une stabilité durable dans la région, a poursuivi M. Yudhoyono, estimant que la justice pour le peuple palestinien était un préalable sur la voie de l’apaisement. Il a ainsi affirmé que le Hamas et le Fatah devaient renouer le dialogue et que l’Initiative arabe devait être le catalyseur du changement politique dans la région. Rappelant la part active prise par son pays dans la reconstruction du Liban, le dirigeant indonésien a appelé pays en développement et pays développés à davantage œuvrer main dans la main au bien-être de l’humanité. C’est en ce sens qu’il a estimé que les pays industrialisés, forts du succès final des négociations de Doha, pourraient aider davantage les pays pauvres à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
Le Président de l’Indonésie a conclu en faisant l’éloge du dialogue entre les peuples et les civilisations, base selon lui d’un exercice souple du pouvoir favorable aux causes pacifiques du désarmement, de la non-prolifération et de la lutte contre le terrorisme.
M. MARTÍN TORRIJOS ESPINO, Président de la République du Panama, a fustigé la lenteur avec laquelle la communauté internationale adapte les structures des Nations Unies aux réalités du XXIe siècle et ce, en dépit de l’impulsion donnée par les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Bien qu’il existe un vaste consensus sur la nécessité de renforcer l’Assemblée générale et de rendre le Conseil de sécurité plus représentatif et transparent, nous perdons trop de temps à décider comment procéder, a-t-il souligné. Il a également dit soutenir les aspirations du Brésil, du Japon et de l’Allemagne à devenir membres permanents du Conseil de sécurité.
Il n’existe aucun conflit qui ait reçu autant d’attention et mobilisé autant d’efforts que celui de la région du Moyen-Orient, a poursuivi le Président. Le conflit israélo-palestinien est le point central d’un ensemble de problèmes dans la région et le Panama est résolu à promouvoir les négociations en vue de la création d’un État palestinien coexistant en paix avec l’État d’Israël, a-t-il souligné. S’agissant de la situation au Liban, M. Espino a estimé qu’une paix durable passe par la formation d’un gouvernement d’unité. Il est plus compliqué d’enrayer les affrontements alors qu’ils ont déjà commencé que de déployer des efforts pour les éviter, a-t-il estimé. Pour cette raison, il a appelé l’ONU à reconsidérer ses interventions dans le conflit du Moyen-Orient, arguant que ce conflit parait se renforcer et non se résoudre.
D’autre part, le Président du Panama a condamné les violations des droits de l’homme qui ont cours au Myanmar, ainsi que la détention de la lauréate du Prix Nobel de la paix, Aung San Suu Kyi. Il a rappelé que seules des institutions fortes et une culture de la justice pourront assurer aux populations le respect de leurs droits. S’intéressant ensuite aux opérations de maintien de la paix, M. Espino a fait observer que si elles veulent éviter la reprise des conflits, elles ne doivent pas se contenter de maintenir une séparation entre les forces rivales. Il est indispensable de renforcer le concept de missions intégrées et d’accroître leurs responsabilités, a-t-il estimé.
Pour établir une paix durable, il ne suffit pas de déposer les armes, il faut paver la voie du développement, reconstruire les institutions juridiques et politiques et respecter les droits de l’homme. En outre, le Président a attiré l’attention sur la nécessité de lutter contre le terrorisme. Pour conclure, M. Espino a rappelé que son pays a tenu un référendum pour décider d’entreprendre ou non des travaux d’agrandissement du Canal de Panama. Il a ainsi informé l’Assemblée générale que les travaux commenceront dans trois semaines et se termineront en 2014.
M. HÂMID KARZAÏ, Président de la République islamique d’Afghanistan, a déclaré que son pays était bien engagé sur le chemin de la stabilité et de la reconstruction. L’accès à l’éducation et à la santé a été développé, la mortalité infantile a chuté de 25,7% en l’espace de deux ans et pour la première fois depuis 40 ans, l’Afghanistan est devenu autosuffisant sur le plan de la production céréalière.
Se félicitant des progrès réalisés par son pays, qui consolide désormais son rôle dans l’intégration économique de la région, le Président a déclaré qu’il restait de nombreux défis à relever pour assurer à l’Afghanistan un avenir plus souriant. Tant que le terrorisme constituera une menace, les citoyens du monde entier ne seront pas en sécurité. Il a déclaré que le seul moyen d’y mettre fin était d’appréhender le problème dans ses dimensions régionale et internationale.
Reconnaissant qu’une coopération régionale constructive était vitale dans ce contexte, le Président a rappelé que son pays était devenu en début d’année membre de l’Association sud asiatique de coopération régionale (ASACR) ce qui lui permettra de tisser des liens commerciaux avec l’Asie du Sud et le Moyen-Orient. Il a également proposé la tenue de jirgas conjointes pour la paix entre son pays et le Pakistan. La première de ces assemblées tribales a été organisée à Kaboul le mois dernier, avec le soutien de la société civile des deux pays. Tout en faisant valoir la volonté de son gouvernement de promouvoir la réconciliation durable, M. Karzaï a cependant prévenu que la guerre contre les extrémistes qui posent des menaces à la sécurité des Afghans ne faiblirait pas. Nous notons avec préoccupation la présence actuelle d’infrastructures terroristes dans notre région et condamnons dans les termes les plus fermes les atrocités commises au-delà de nos frontières, a-t-il insisté.
Le trafic de stupéfiants pose une autre menace de taille en Afghanistan, a poursuivi M. Karzaï, qui a fait état d’une coopération accrue avec ses partenaires internationaux. Nous allons établir des priorités pour développer les cultures de substitution et appliquer d’autres stratégies, notamment d’éradication du pavot. Là aussi, le Président a souligné la nécessité d’inscrire la lutte contre un fléau transnational dans un contexte de coopération accrue avec les partenaires internationaux.
Évoquant la situation au Moyen-Orient, il s’est déclaré en particulier préoccupé par celle qui prévaut en Palestine, appelant à la réalisation des droits du peuple palestinien et à la création d’un État palestinien viable. Par ailleurs, l’adoption du Pacte international pour l’Iraq, soutenu par les Nations Unies et la communauté internationale, a constitué une réalisation sans précédent, qui inaugure d’un nouveau partenariat pour ce pays, a estimé M. Karzaï.
M. IVAN GAŠPAROVIĆ, Président de la République de Slovaquie, a déclaré que son pays n’était pas satisfait du rythme et de l’ampleur actuels du processus de réformes des Nations Unies. Appréciant néanmoins l’établissement de la Commission de consolidation de la paix, M. Gašparović a exprimé son espoir que les structures et institutions nouvellement créées se montreront plus dynamiques et mieux à même de trouver des solutions concrètes aux conflits.
La Slovaquie, a-t-il ajouté, encourage les efforts de réforme globale du système de protection des droits de l’homme tant au niveau national qu’international. Dans ce contexte, a-t-il poursuivi, nous sommes prêts à assumer notre part de responsabilité et nous appelons les États Membres à soutenir notre candidature à un siège du Conseil des droits de l’homme, a dit le Président.
Il a salué les efforts de modernisation du Secrétariat et a exprimé le soutien de son pays à la restructuration du Département des opérations de maintien de la paix. Cependant, a-t-il affirmé, la réforme de l’ONU ne pourra se faire sans une réforme de la structure et des méthodes de travail du Conseil de sécurité. La composition du Conseil de sécurité, a-t-il argué, devrait refléter la réalité et les changements géopolitiques de la même manière que le nombre de membres permanents et non permanents devrait augmenter et les pays du Sud acquérir plus de sièges. L’Allemagne et le Japon, a-t-il précisé, bénéficient de notre soutien explicite en ce qui concerne leur candidature à des sièges permanents du Conseil de sécurité.
L’Assemblée générale ne devrait pas échapper aux efforts de réforme, a-t-il continué, mais plutôt mettre en place des mécanismes de vérification de la mise en œuvre de ses décisions et se débarrasser ainsi des mesures dépassées qui surchargent son travail. Le Président a ensuite appelé à une remise en question du système de représentativité. Tout en saluant l’élection de M. Srgjan Kerim à la présidence de la soixante-deuxième session de l’Assemblée, il a regretté que, malgré son dynamisme, le Groupe des États d’Europe de l’Est est largement sous-représenté au Secrétariat et dans les organes de l’ONU.
Le Président a ensuite demandé qu’une attention spéciale soit donnée à la réforme des secteurs de la sécurité dans les pays sortant d’un conflit. Il a annoncé la décision de son pays d’initier une discussion sur ce thème à l’occasion de la soixante-deuxième session de l’Assemblée générale. Il a précisé que la Slovaquie attend de cette session qu’elle revitalise les discussions sur le désarmement et la non-prolifération des armes de destruction massive.
Le Président a également tenu à souligner la volonté d’une participation accrue de la Slovaquie dans les domaines économiques et sociaux traités aux Nations Unies. Pour ce faire, M. Gašparović a encouragé les États Membres à soutenir la candidature de son pays à un siège du Conseil économique et social pour la période allant de 2010 à 2012. Il a ensuite déploré le fait qu’aucune solution à la question du Kosovo n’ait été trouvée. Il a voulu que le Kosovo ne retarde pas l’unification des nations européennes et qu’il ne représente pas un précédent fâcheux dans le droit international.
Son Altesse Sérénissime le Prince ALBERT II de Monaco a d’abord décrit les activités de « Fondation Albert II » qui œuvre à une gestion durable et équitable des ressources naturelles. Sonnant le temps de l’action parce que l’avenir de l’humanité est en jeu, le Prince Albert a souligné qu’il s’agit d’une responsabilité collective. Face à cette urgence, il faut alerter les consciences, mobiliser les intelligences et révolutionner nos modes de vie. C’est ainsi que nous parviendrons à concilier une nouvelle relation avec la nature ». Le Prince a appelé à la promotion d’une nouvelle éthique, celle du droit à la protection de l’environnement. La préservation de la planète, c’est le défi du XXIe siècle », a insisté le Prince Albert.
Le Prince a évoqué également d’autres questions brûlantes de l’actualité internationale. Ainsi, a-t-il fustigé le terrorisme. « La violence ne peut jamais constituer un moyen légitime de mener un combat, quelle qu’en soit la cause », a-t-il dit. Non seulement la Principauté s’est engagée à prendre des mesures d’effets équivalents à la directive communautaire relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le terrorisme, mais son gouvernement a finalisé de nouveaux textes législatifs et réglementaires. Le Prince a aussi annoncé sa volonté d’accroître de 25%, le montant total des subventions volontaires de la Principauté aux Fonds et Programmes de l’Organisation des Nations Unies. Cette hausse significative, a-t-il dit, témoigne de ma volonté de voir mon pays affecter à terme 0,7% de son revenu national brut à l’Aide publique au développement (APD).
Le Prince Albert s’est réjoui qu’au mois de février prochain, la dixième session spéciale du Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) se tienne à Monaco de même que le Forum mondial de l’environnement. Concernant la réforme du Conseil de sécurité, il s’est prononcé pour son élargissement. « Les chances de maintien de la paix et de la sécurité internationales seront d’autant plus grandes que la représentation de la communauté internationale y sera la plus équitable possible ».
M. TOOMAS HENRIK ILVES, Président de la République d’Estonie, a centré son intervention sur les changements climatiques, la sécurité cybernétique, la résolution des conflits et la coopération entre organisations internationales. Dans un premier temps, le Président estonien a indiqué que son pays s’était conformé aux objectifs du Protocole de Kyoto en réduisant de 50% son taux d’émission de gaz à effet de serre. Il a souhaité que les prochaines négociations sur les changements climatiques donnent lieu, d’ici décembre 2009, à un nouvel accord politique mondial. C’est seulement à ce moment là que nous pourrons mettre en œuvre les nouveaux accords et signaler aux industries concernées qu’il importe de respecter le calendrier des échéances, a-t-il estimé.
Nous reconnaissons que les pays en voie de développement ont des besoins particuliers, a poursuivi M. Ilves, notamment en matière de croissance économique durable et d’élimination de la pauvreté. Mais il faut savoir découpler la croissance économique de la consommation énergétique et des émissions carboniques. Il a ainsi indiqué que l’Estonie connaissait une croissance économique de 10%, tandis que sa consommation énergétique avait baissé de 2,5% par an. Faisant remarquer que les ressources et les technologies de décarbonisation viennent principalement de pays développés, le Président estonien a préconisé la poursuite du dialogue entre pays industrialisés et pays en développement ainsi que la promotion du transfert de technologies propres. Il faut peut-être, a-t-il dit, une institution mondiale comme une organisation des Nations Unies pour l’environnement qui faciliterait le recours à des technologies plus propres et renforcerait le savoir-faire dans les pays en développement. Par ailleurs, M. Ilves a plaidé pour un financement plus important pour permettre une réponse rapide aux catastrophes naturelles.
Le Président estonien a ensuite abordé la question de la sécurité cybernétique, constatant qu’en plus des voies maritimes et commerciales d’antan, notre monde est dorénavant également connecté par l’Internet et par les menaces qui y planent. Il a qualifié les attaques cybernétiques d’« exemple frappant de l’asymétrie des menaces à la sécurité. » À l’avenir, a poursuivi M. Ilves, ces attaques risquent d’être le résultat d’actions terroristes et de devenir bien plus dangereuses qu’elles ne le sont à l´heure actuelle. En effet, celles-ci pourraient paralyser les secours médicaux d’une ville.
Le Président estonien a recommandé qu’en plus de mesures techniques et juridiques, les gouvernements définissent la criminalité et la violence cybernétique, phénomène qui mérite, à son avis, d’être condamné de la même manière que le terrorisme ou la traite des êtres humains. Il a rappelé aux membres de l’Assemblée que l’Estonie a su faire face à une attaque cybernétique en avril et mai 2007 et est prête à partager le savoir-faire qu’elle a acquis. Il a appelé la communauté internationale à coopérer juridiquement en la matière et comme la question est nouvelle, à créer un espace juridique. Il a appelé les États à adhérer à la Convention sur la cybercriminalité du Conseil de l’Europe. Une loi gérant l’espace cybernétique est essentielle, a-t-il martelé, et l’ONU serait être un forum neutre et légitime pour l’élaborer.
M. JOSÉ EDUARDO DOS SANTOS, Président de la République d’Angola, a plaidé pour un modèle de civilisation ouverte, tolérante et démocratique qui selon lui, pourrait être adapté aux réalités de toutes les régions. Il a affirmé que l’islam pouvait cohabiter partout avec les autres croyances, mais que le fanatisme devait être combattu pour éviter l’islamisation des États, ce qui irait à l’encontre de la notion d’Etat moderne laïque. Plaidant fermement pour un soutien à toutes les forces et mouvements qui défendent la vie moderne et pour la séparation de l’Église et de l’État dans les pays où domine l’Islam, M. Dos Santos a estimé que le dialogue entre les cultures devait être mis plus fréquemment au service des idéaux de paix, de solidarité et de fraternité. C’est ainsi qu’il a affirmé que la lutte contre la pauvreté et ses causes, menée sous l’égide d’un plan mondial des Nations Unies, ainsi qu’une répartition plus équitable des richesses et des technologies de développement, permettraient d’éliminer les injustices sociales à l’origine des violences.
La mondialisation de l’économie doit être régulée pour atténuer les déséquilibres entre le centre et la périphérie du système économique, et pour garantir à chacun les moyens d’une vie digne, a poursuivi le Président angolais. Une telle régulation permettrait, selon lui, de faciliter l’examen des questions liées à l’environnement, certains pays étant engagés dans une croissance économique rapide sans pouvoir consacrer les moyens nécessaires à la réduction des énergies polluantes. M. Dos Santos a ainsi souhaité que les pays les plus pollueurs, dans le cadre des initiatives proposées par le Secrétaire général de l’ONU, fassent plus en matière de protection de la planète.
Passant aux activités de consolidation de la paix de l’Organisation, le Président angolais s’est félicité des progrès accomplis en ce qui concerne les processus de paix en cours en République démocratique du Congo, au Burundi, en Côte d’Ivoire, au Libéria et en Sierra Leone. Toutefois, le conflit entre l’Éthiopie et l’Érythrée et la crise du Darfour n’ont toujours pas été réglés, a-t-il déploré, ajoutant qu’il était convaincu de l’importance du rôle des Nations Unies dans le règlement rapide de ces questions. M. Dos Santos a également souligné l’action décisive des organisations régionales et sous-régionales dans la prévention et la résolution des conflits. Ces entités peuvent en outre alerter sur le besoin de renforcer les mandats et le financement des missions d’opération de la paix et faciliter le déroulement d’activités post-conflits, a-t-il dit.
Le Président angolais a ensuite insisté sur la nécessité d’accompagner la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en Afrique pour intégrer « enfin » le continent dans l’économie mondiale. La réduction de 50% de l’extrême pauvreté doit être atteinte en concentrant les efforts sur la lutte contre la faim et les grandes pandémies, en premier lieu celle de VIH/sida. Pour M. Dos Santos, la réussite d’un tel objectif passe par l’instauration d’un commerce plus équitable, une plus grande fluidité dans le transfert des capitaux, un accroissement de l’aide au développement et l’allégement significatif de la dette extérieure.
Enfin, en ce qui concerne les réformes des Nations Unies, le Chef de l’État angolais a invoqué le besoin de rendre l’ONU plus représentative, démocratique et participative dans les domaines fondamentaux de la sécurité internationale, du développement et des droits de l’homme.
M. ROMANO PRODI, Premier Ministre de la République d’Italie, a rappelé l’attachement de son pays à l’adoption d’une résolution des Nations Unies relative à un moratoire universel sur la peine de mort en vue de son abolition totale, précisant que son pays y avait travaillé sans relâche au cours des deux derniers mois. Il a précisé que l’Italie s’apprêtait, aux côtés de nombreux autres pays de groupes régionaux et de l’Union Européenne, à déposer un projet de résolution sur ce thème, il a souhaité que ce texte soit adopté par l’Assemblée générale au cours de cette session. Il s’agira à ses yeux non seulement d’un progrès scientifique mais également éthique de la part de l’humanité.
Appuyant le processus de réconciliation en cours au Liban, et considérant que la recherche de la paix au Moyen-Orient était la priorité de la communauté internationale, Romano Prodi s’est réjoui de l’organisation prochaine, par les États-Unis, d’une nouvelle réunion sur ce thème. Nous sommes déterminés à y apporter notre contribution. L’Italie continuera de jouer le rôle qui lui revient dans la région à travers le dialogue car lui seul peut fournir les solutions aux problèmes les plus difficiles.
Appuyant par ailleurs le thème de cette session consacrée aux changements climatiques, le Premier Ministre a dit appuyer l’objectif de réduire de manière unilatérale les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020. Nous avons pris des engagements similaires sur l’efficacité énergétique, les sources d’énergie renouvelable et les biocarburants. En Europe, nous avons déjà pris diverses décisions stratégiques mais il est évident que tout accord post-Kyoto ne pourra se faire que dans le cadre des Nations Unies.
S’exprimant sur la réforme de l’ONU, M. Prodi s’est prononcé en faveur d’une restauration du rôle central de l’Assemblée générale. Son pays est opposé à une réforme du Conseil de sécurité qui mènerait à une augmentation du nombre de ses membres permanents. La participation d’un nombre de pays toujours plus important au sein de l’Organisation ne devant pas, selon le Premier Ministre italien, être gâchée par une réforme élitiste et sélective. Romano Prodi s’est dit ravi dans ce contexte de voir que l’Assemblée générale avait déployé d’importants efforts pour parvenir à un « accord général » sur la réforme du Conseil de sécurité, réforme dont il espère qu’elle conduira à y renforcer la présence de dirigeants régionaux.
Le Premier Ministre s’est également engagé à poursuivre son engagement en faveur du développement, à travers notamment le Fonds pour la paix en Afrique. Le Darfour et la Somalie demeurent au cœur de nos préoccupations, a-t-il ajouté, considérant qu’il était de la responsabilité des Nations Unies de maintenir les questions de développement sur l’agenda international.
Mme ANGELA MERKEL, Chancelière de la République fédérale d’Allemagne, a constaté que l’on vivait actuellement une période de changements importants offrant de grandes opportunités mais aussi des risques considérables. Les structures mondiales changent, les États, les économies et les sociétés sont interconnectés comme jamais auparavant. C’est ce que l’on appelle la mondialisation, a-t-elle rappelé. Ce qui est positif, selon Mme Merkel, c’est l’augmentation de la prospérité qui voit de plus en plus d’êtres humains échapper à la pauvreté. Mais le défi que pose cette évolution, a-t-elle relevé, c’est que tout le monde n’a pas sa juste part de la prospérité.
Évoquant les changements climatiques, elle a souligné qu’il s’agissait sans aucun doute de l’un des défis centraux auxquels était confrontée l’humanité. Mme Merkel s’est félicitée du fait que le Secrétaire général ait placé cette question au centre de la présente session de l’Assemblée générale. Or, aucun pays ne peut agir seul et si l’on ne réagit pas, le phénomène climatique sera immensément coûteux et causera de nouveaux conflits, selon elle. Certes, les contributions d’États ou de groupes d’États sont les bienvenues mais elles ne pourront que venir en complément d’un accord couvrant l’après-Kyoto sous les auspices de l’ONU. Elles ne pourront le remplacer, a-t-elle estimé.
Le principe devant régir une telle action doit reposer sur celui d’une responsabilité commune mais différenciée. Pour l’Allemagne, les pays industrialisés doivent fixer des objectifs de réduction des émissions ambitieux. Ainsi, lors de la récente présidence allemande de l’UE, les Vingt-Sept ont adopté des objectifs conséquents, a-t-elle rappelé. Quant aux pays émergents, ils vont devoir, selon elle, découpler leur croissance économique de leurs émissions de gaz à effet de serre. À long terme, les objectifs d’émissions par tête pour les pays développés comme pour ceux en développement devront converger pour être compatibles avec les objectifs de protection du climat. Pour Mme Merkel, cette protection sera le test de la capacité de la communauté internationale à agir effectivement au vingt et unième siècle. L’Europe illustre bien le fait, selon elle, que si chaque pays sur le plan individuel est trop petit pour faire une véritable différence, ensemble on peut beaucoup.
La Chancelière allemande a expliqué que notre avenir commun devait reposer sur les trois principes suivants: la force économique et la responsabilité sociale doivent aller de pair; le renforcement de l’efficacité des Nations Unies; et le renforcement de nos valeurs immuables. Le premier point suppose que l’on atteigne enfin les 0,7% du PNB pour l’Aide publique au développement, comme s’y est engagée l’UE d’ici 2015. Le second suppose une réforme du Conseil de sécurité pour qu’il soit plus représentatif du monde actuel. L’Allemagne se dit prête à assumer de plus grandes responsabilités en occupant un siège permanent au Conseil. Concernant l’Iran, l’Allemagne est favorable à des sanctions plus lourdes contre ce pays si celui-ci ne se plie pas à la volonté de la communauté internationale. Enfin, le troisième point suppose que l’on fasse tout pour empêcher un choc des civilisations en faisant preuve de tolérance, tolérance à laquelle Angela Merkel a appelé.
* *** *
À l’intention des organes d’information • Document non officiel