CHANGEMENTS CLIMATIQUES: LE MONDE NE PEUT PLUS RESTER INACTIF, AFFIRME BAN KI-MOON LORS D’UN DÉBAT THÉMATIQUE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
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Assemblée générale
Soixante et unième session
Débat thématique informel
sur les changements climatiques
matin et après-midi
CHANGEMENTS CLIMATIQUES: LE MONDE NE PEUT PLUS RESTER INACTIF, AFFIRME BAN KI-MOON LORS D’UN DÉBAT THÉMATIQUE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
Le monde ne peut plus rester inactif, le moment étant venu de « prendre des mesures décisives à l’échelle mondiale ». À moins de deux mois de la réunion à New York de haut niveau sur les changements climatiques, qu’il organise lui-même, le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, s’est félicité, ce matin, lors de l’ouverture d’un débat thématique informel de l’Assemblée générale sur le sujet, de voir l’évolution du climat bénéficier enfin de la « très grande attention » qu’elle mérite.
Intitulé « Les changements climatiques: défi mondial », le débat thématique informel de l’Assemblée générale, qui réunit pendant deux jours des scientifiques de renom, des représentants des États Membres, des hommes d’affaires et des responsables des Nations Unies, est l’occasion, a estimé le Secrétaire général, de préparer la réunion du 24 septembre ainsi que les négociations devant avoir lieu dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, en décembre à Bali.
Ban Ki-moon a invité les États Membres à trouver un « accord global » s’inscrivant dans le processus de la Convention-cadre des Nations Unies et abordant la question de l’évolution du climat sous tous ses aspects, « notamment l’adaptation, l’atténuation des effets, les technologies propres, la déforestation, la désertification et la mobilisation des ressources ». « Tous les pays doivent faire le maximum pour atteindre un accord d’ici à 2009 et faire en sorte qu’il entre en vigueur en 2012 à l’expiration de la période d’engagement en cours du Protocole de Kyoto », a déclaré le Secrétaire général.
M. Ban Ki-moon a également affirmé avoir consulté des dirigeants de divers pays « afin de susciter un élan politique avant la conférence de Bali et dans le cadre plus vaste du processus de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques ». Ses efforts dans cette entreprise sont soutenus par ceux des trois Envoyés spéciaux pour les changements climatiques qu’il a nommés, a-t-il précisé. Le Secrétaire général a par ailleurs évoqué l’initiative intitulée « Rendre l’ONU plus verte » visant à faire du système des Nations Unies une organisation « sans effet sur le climat ».
Auparavant, la Présidente de l’Assemblée générale, Sheikha Haya Rashed Al Khalifa (Bahreïn), avait estimé que ce débat thématique constituait une réelle opportunité de faire prendre conscience, à l’échelle mondiale, des répercussions des changements climatiques en tant que défi global.
Observant que les preuves scientifiques alarmantes s’accumulaient chaque mois, elle a souligné la nécessité de traiter sans délai les questions liées aux changements climatiques, en particulier pour réduire au plus vite l’impact négatif de ce phénomène sur la croissance économique des pays en développement. Car, a-t-elle assuré, ce sont ces derniers qui, plus que d’autres, subissent de plein fouet les répercussions de l’évolution du climat, qui, entre autres, sapent la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat a indiqué cette année que le réchauffement de la planète avait connu une augmentation de 0,74 degré Celsius au cours du siècle dernier, et ce réchauffement pourrait augmenter encore de 3 degrés au cours du XXIe siècle si aucune mesure n’est entreprise pour réduire ce taux. Le Groupe a apporté la preuve du réchauffement planétaire en cours et établi qu’il était le résultat d’activités humaines.
Les experts scientifiques qui participaient à la première des deux tables rondes de la journée, portant sur « la science, les répercussions et l’adaptation impérative », n’ont fait que confirmer ce constat, tout en invitant la communauté internationale à agir immédiatement.
Lors de la deuxième table ronde sur les « stratégies d’atténuation des répercussions des effets des changements climatiques dans le contexte du développement durable », les experts ont défendu l’idée selon laquelle l’énergie propre devait être le moteur de l’essor socioéconomique de demain.
DÉBAT THÉMATIQUE INFORMEL DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉ « LE CHANGEMENT CLIMATIQUE: DÉFI MONDIAL »
Déclarations liminaires
SHEIKHA HAYA RASHED AL KHALIFA (Bahreïn), Présidente de l’Assemblée générale des Nations Unies, a déclaré que le débat qui s’ouvrait aujourd’hui constituait une réelle opportunité de faire prendre conscience des répercussions des changements climatiques à l’échelle mondiale. Précisant que les changements climatiques, qu’elle a qualifiés de « défi mondial », constituent une question de développement, la Présidente de l’Assemblée générale a estimé que le sort et le bien-être de la planète étaient désormais en jeu.
Sheikha Haya a noté que les preuves scientifiques alarmantes s’accumulaient chaque mois, soulignant la nécessité de traiter sans délai les questions liées aux changements climatiques, en particulier pour réduire au plus vite l’impact négatif de ce phénomène sur la croissance économique des pays en développement. La Présidente de l’Assemblée générale a ainsi relevé que ce sont ces pays qui, plus que d’autres, subissent de plein fouet les répercussions des changements climatiques qui, notamment, sapent la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Afin d’inverser la tendance, Sheikha Haya a appelé à prendre des mesures pour investir dans la production d’énergie propre et appuyer la diffusion des technologies à destination des pays pauvres.
La Présidente de l’Assemblée générale a ensuite indiqué que le débat informel aurait pour thème central les émissions de dioxyde de carbone. Elle a expliqué qu’en réduisant ce type d’émissions et en recyclant davantage, les comportements à l’égard de l’environnement pouvaient évoluer. Sheikha Haya a plaidé pour une stratégie d’action globale, approuvée dans un cadre post-Kyoto et basée sur la compréhension et l’acceptation des termes de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. À ses yeux, les politiques de croissance économique doivent pleinement prendre en compte les facteurs environnementaux et sociaux et s’attaquer aux conséquences de la consommation d’énergie sur les conditions de vie des populations.
Enfin, Sheikha Haya a estimé que pour parvenir à la réduction effective des émissions de dioxyde de carbone, les engagements pris au niveau international devraient être traduits dans les stratégies nationales en faveur de l’environnement. C’est en ce sens qu’elle a affirmé que les Nations Unies avaient un rôle particulier à jouer pour mieux coordonner cet effort « multilatéral et complexe », qui exige, selon elle, « imagination, initiative et innovation ».
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a estimé que ce débat se tenait à un moment où la question des changements climatiques recevait enfin toute l’attention qu’elle méritait. Il a rappelé que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat avait établi que le réchauffement climatique était directement lié aux activités humaines. Les effets de ce changement sont très graves et ne font que croître, a-t-il expliqué. Le temps d’une action décisive, à l’échelle mondiale, est venu, a-t-il assuré. Selon M. Ban Ki-moon, il convient désormais d’adopter une nouvelle approche et d’assumer cette responsabilité, non seulement pour nous-mêmes, mais aussi pour nos enfants et leurs enfants. Le Secrétaire général a affirmé que sa priorité personnelle était de travailler avec les États Membres afin de faire en sorte que les Nations Unies puissent jouer entièrement leur rôle. Les Nations Unies sont sans doute, a-t-il, précisé, la meilleure instance pour aborder ce défi mondial. Il s’est félicité de la reconnaissance universelle selon laquelle ce processus devait être examiné dans le cadre des Nations Unies.
Ban Ki-moon a également souligné la nécessité de trouver un accord complet sur la base du processus de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui s’attaque aux changements climatiques sur tous les fronts, y compris l’adaptation, les technologies propres, la déforestation et la mobilisation des ressources. Tous les pays doivent travailler ensemble pour aboutir à un accord avant 2009 et le faire entrer en vigueur à l’expiration des engagements pris pour la période en cours dans le cadre du Protocole de Kyoto, prévue en 2012. Le Secrétaire général a ajouté que pour entretenir l’élan actuel, il compte organiser une réunion de haut niveau en septembre prochain, à New York, au début de la nouvelle session de l’Assemblée générale. Le débat de cette semaine, a-t-il expliqué, permettra de jeter les bases de la session de septembre et des négociations à venir relevant de la Convention-cadre. Il est important, selon lui, d’avoir un engagement de la part de tous les pays pendant la deuxième journée de ce débat, a-t-il ajouté.
Le Secrétaire général a rappelé quelques-unes des initiatives qu’il avait prises cette année. Il a ainsi souligné avoir contacté divers dirigeants mondiaux pour lancer une dynamique politique avant la Conférence de Bali en décembre prochain et, plus largement, le processus de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Pour l’assister dans cet effort, Ban Ki-moon a ainsi désigné trois Envoyés spéciaux sur la question des changements climatiques. Mme Bruntland, MM. Han et Lagos ont accepté d’apporter leurs connaissances, leur expérience et leurs contacts de haut niveau dans cette tâche, a-t-il dit. Le Secrétaire général a en outre indiqué avoir contacté un grand nombre de représentants d’autorités locales, y compris de villes et de régions à travers le monde, d’organisations de la société civile et du secteur privé. Il a exprimé sa détermination à mobiliser dans cet effort toutes les parties au sein du système des Nations Unies et à soutenir les actions des États Membres, en particulier celles des plus vulnérables. Ban Ki-moon s’est, enfin, dit déterminé à réduire de manière sensible les émissions de carbone des Nations Unies pour en faire une organisation écologique. Il a lancé, à cette fin, l’initiative d’une « ONU verte ». Le Secrétaire général a dit ainsi avoir invité tous les responsables des institutions et des autres organes des Nations Unies à travailler avec lui sur un plan d’ensemble qui s’appliquerait à tous les locaux de l’Organisation à travers le monde.
Table ronde 1: « Changements climatiques: La science, les répercussions et l’adaptation impérative »
Pour M. JOHN HOLDREN, de l’Université d’Harvard, la cause la plus importante est l’accumulation de dioxyde de carbone dans l’atmosphère résultait de la consommation des carburants fossiles et de la déforestation des forêts tropicales. Les inondations, les sécheresses, les vagues de chaleur, les tempêtes tropicales, et, probablement, des maladies tropicales sont quelques-unes des conséquences qui touchent l’humanité tout entière, a-t-il ajouté. M. Holdren a également expliqué que la planète Terre se réchauffait de plus en plus. L’année 2005 a été enregistrée comme la plus chaude, a-t-il indiqué, précisant que les 13 années les plus chaudes étaient postérieures à 1990. Les 24 années les plus chaudes ont été observées depuis 1980, a-t-il ajouté. Selon ce scientifique, l’atténuation et l’adaptation sont toutes deux essentielles pour renverser le cours de la situation. Des efforts d’atténuation plus sérieux doivent être entrepris immédiatement dans les pays développés et prochainement dans les pays en développement. Parallèlement, une augmentation sensible et immédiate des efforts d’adaptation dans les pays du Nord et du Sud est indispensable, a-t-il estimé. Selon lui, une coopération internationale accrue dans les deux domaines, y compris un rôle élargi des Nations Unies, serait essentielle.
M. NICHOLAS STERN, de la London School of economics, a relevé pour sa part que les changements climatiques étaient de nature à menacer tous les aspects du programme de développement, ceux touchant à la pauvreté, à la faim, à la santé, aux migrations ou aux conflits. L’équité, en matière d’adaptation, suppose une assistance de la part des pays riches, lesquels sont majoritairement à l’origine des problèmes climatiques. En matière d’atténuation, M. Stern a mis l’accent sur la nécessité de développer des efforts puissants pour appuyer les efforts visant à lutter contre la déforestation. S’agissant de l’adaptation, impérative pour le progrès du développement et réduire les coûts des catastrophes naturelles, il faut des ressources, a-t-il dit. De même, l’adaptation nécessite à ses yeux une implication et une coordination des dirigeants politiques, tels les chefs d’État et de gouvernement, les ministres de l’économie et des finances.
Pour M. HERVE LE TREUT, du Laboratoire de météorologie dynamique, du Centre de la recherche nationale scientifique (CNRS), notre planète est confrontée à une situation qu’aucune civilisation humaine n’a jamais rencontrée. Les perturbations du climat se sont fortement aggravées après 1950, a-t-il assuré. Selon lui, une interaction permanente entre les mesures scientifiques et la prise de décisions est nécessaire si l’on veut définir et réviser de manière continue une stratégie d’adaptation aux changements climatiques.
Mme SUNITA NARAIN, Directrice du Centre pour la science et l’environnement, en Inde, a exhorté la communauté internationale à prendre des décisions décisives pour affronter les changements climatiques. Les pauvres, qui ne sont pas à l’origine du problème, vont être les plus touchés par l’évolution du climat, a-t-elle prédit. Si nous n’agissons pas rapidement, les impacts des changements climatiques deviendront extrêmement dévastateurs. Mme Narain a souligné la nécessité urgente d’investir, en même temps, en matière d’adaptation et en mesures d’atténuation. Il convient également d’avoir une vision et une volonté politiques à un niveau inégalé. Les changements climatiques sont en rapport avec la croissance économique, a-t-elle ajouté, insistant sur le besoin de partager cette croissance au niveau économique et entre les peuples.
Un juriste de Samoa a rappelé que pour les petits États insulaires en développement et les pays les plus vulnérables, les changements climatiques étaient une réalité palpable que l’on rencontrait avec plus de fréquence. Il faut donc, a-t-il assuré, des actions concrètes et immédiates de la part de la communauté internationale pour lutter contre les émissions de dioxyde de carbone, le verdict de la science étant, à cet égard, très clair. Les investissements ne pourront être les plus productifs que grâce à des politiques d’atténuation très déterminées. Selon lui, tous les États doivent jouer un rôle de chef de file dans la lutte contre les effets des changements climatiques. Un régime contraignant n’a jamais été aussi urgent que maintenant, a-t-il poursuivi, évoquant la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.
Le représentant du Brésil s’est réjoui de la sensibilisation constatée dans le monde entier face à l’urgence d’intervenir pour limiter les effets des changements climatiques. Il est très important de comprendre que les gouvernements ne sont pas restés les bras croisés, a-t-il dit, citant, notamment, la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Le représentant a dit attendre avec intérêt la négociation de mesures plus fermes pour la deuxième période d’engagement du Protocole de Kyoto. Il a également affirmé que son pays était prêt à augmenter sa participation face à un effort de niveau mondial. La délégation du Pakistan s’est, pour sa part, interrogée sur le coût que devra supporter la communauté internationale pour lutter contre les effets des changements climatiques.
Mme JUNE ZEITLIN, Directrice de l’Organisation des femmes sur l’environnement et le développement, a, de son côté, mis l’accent sur le visage humain des effets des changements climatiques, en particulier le visage féminin. Les femmes, a-t-elle souligné, ont dû s’adapter à l’évolution du climat, au sein de leurs communautés, avant même que les scientifiques ne donnent un nom à ce problème. Elle a ainsi précisé que les femmes et les enfants présentaient 14 fois plus de risques que les hommes d’être victimes de catastrophes naturelles, chiffre, a-t-elle dit, qui ne figure pas dans les statistiques fournies par les experts. C’est une occasion unique à saisir, dans le cadre de l’Assemblée générale, a-t-elle estimé, pour établir un lien entre le débat thématique sur l’autonomisation des femmes, qui a également eu lieu lors de la soixante et unième session, et celui sur les changements climatiques.
Table ronde 2: « Stratégies d’atténuation des répercussions des effets des changements climatiques dans le contexte du développement durable »
M. ROBERT SOCOLOW, de l’Université de Princeton, a rappelé que 7 milliards de tonnes de carbone étaient émises dans l’atmosphère chaque année, l’objectif au cours des 50 prochaines années étant d’émettre moins que maintenant afin de parvenir à une stabilisation de la situation. L’expert a noté que la moitié des pays émetteurs de carbone étaient des États membres de l’OCDE. Il a mentionné au nombre des recettes à appliquer pour atteindre l’objectif de stabilisation, la maximisation de l’efficacité énergétique des automobiles et des appareils ménagers pour réduire leur nocivité; ou encore la nécessaire « décarbonisation » de l’électricité domestique et des carburants par le biais du développement contrôlé des énergies renouvelables, en particulier nucléaires.
Pour sa part, M. ANTHONY OLUSEGUN ADEGBULUGBE, de l’Obafemi Awolowo University (Nigéria), a expliqué que dans les pays en développement, la réduction de la pauvreté était une priorité d’urgence, reléguant ainsi au second plan les questions environnementales. En outre, ces pays contribuent faiblement aux émissions mondiales, l’émission de CO2 par habitant et par an étant de 2 tonnes contre plus 11 tonnes dans les pays développés. Toutefois, a ajouté l’expert, ces pays vont poursuivre leur croissance économique et, ce faisant, augmenter leur contribution aux émissions de carbone. De l’avis de l’expert, il faut d’ores et déjà que les dirigeants de ces pays intègrent à leurs politiques en faveur de la réduction de la pauvreté une dimension « verte » reposant sur un financement adéquat. Il ne s’agit pas d’améliorer les conditions de vie de leurs populations, mais plutôt d’une question de survie. Pour l’intervenant, les conséquences des changements climatiques ne doivent plus constituer un obstacle insurmontable à l’épanouissement de millions de personnes.
L’expert a ensuite noté que les options de développement des secteurs économiques les plus importants dans les pays du Sud dépendaient d’un environnement « sain et protégé ». C’est pourquoi, a-t-il estimé, il faudrait faire de la réduction des gaz à effet de serre un corollaire à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, en remplaçant par exemple les combustibles à forte teneur de carbone par ceux qui en contiennent moins. De même, a encore dit l’expert, il est nécessaire d’établir des partenariats solides et durables entre les Gouvernements, le secteur privé, les ONG et les organisations régionales afin d’encourager le recours aux sources d’énergies renouvelables. À cet égard, l’intervenant a cité le Programme d’accès à l’énergie mis en place par les pays membres de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
M. BJORN STIGSON, Président du Conseil mondial pour le développement durable, a plaidé pour un appui des États au développement technologique « plus que jamais nécessaire » à la transformation de l’énergie consommée et partagée à l’échelle mondiale. Volonté politique et innovation technologique doivent aller de pair pour créer une égalité des chances de type « donnant-donnant » entre pays en développement et pays développés. C’est en ce sens que l’expert a lui aussi appelé à la mise en place d’objectifs à long terme impliquant la nécessité de sceller des partenariats durables. Il a ainsi mentionné la lutte contre la déforestation ou encore l’éducation des nouvelles générations aux nouveaux modes de consommation énergétique. Pour tous ces chantiers, a-t-il dit, il convient de stimuler la recherche et le marché, en adaptant les secteurs financiers à ces défis sans précédent qui concernent les réalités vitales de l’environnement d’aujourd’hui et demain. Le monde des affaires a sa part à jouer dans ce défi, en allégeant notamment la bureaucratie et en subventionnant la pénétration des marchés « verts » porteurs par les pays en développement.
M. HASAN M. QABAZARD, Directeur de la Division de la recherche de l’OPEC, a affirmé quant à lui que le développement durable devait être basé sur la croissance économique, le développement social et la protection de l’environnement. Il a précisé que cette réalité différait en fonction des niveaux actuels de développement des pays. Poursuivant, l’intervenant a expliqué que les besoins du monde en énergie ne cesseront de croître, la consommation de pétrole en 2030 devant augmenter de 40 à 60% par rapport à celle d’aujourd’hui. « Les pays voudront plus d’énergie et non moins ». L’expert s’est dit favorable à une diversification de l’offre, l’accent devant être mis selon lui sur les biocarburants pour accompagner la réduction de la pauvreté et parvenir à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Pour l’intervenant, il s’agit là d’un « défi à l’intelligence, à l’esprit d’innovation des peuples ». Les pays développés doivent donner l’exemple, en renforçant en particulier le développement des technologies de transformation des hydrocarbures. Il nous faut offrir aux pays en développement un nouveau paradigme de développement durable intégré aux stratégies d’élimination de l’extrême pauvreté, a encore dit M. Qabazard.
M. YVO DE BOER, Secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, a déclaré que la Conférence de Bali qui aura lieu en décembre prochain devra être l’occasion pour la communauté internationale de réfléchir à un nouveau régime. À partir de 2012, nous devrons disposer de mesures concrètes et d’un accord d’ensemble d’une portée adaptée à l’ampleur d’une tâche sans précédent, a dit l’intervenant. Notant que les pays étaient d’accord sur les règles fondamentales et sur les modalités d’action à privilégier, M. de Boer a cependant ajouté qu’à Bali, les États devront dépasser les obstacles qui ont rendu difficile l’application du Protocole de Kyoto. Les pays en développement sont certes ambitieux mais ils veulent aussi éviter les coûts trop élevés de la réduction des gaz à effet de serre. Pour lever ce frein, il faut que les pays industrialisés facilitent vraiment l’accès de ces pays aux technologies écologiquement rationnelles.
M. de Boer, toujours dans la perspective de la Conférence de Bali, a plaidé pour la mise en place d’un cadre politique et coopératif qui mobilise le capital privé pour appuyer partout dans le monde l’action de services publics « responsables ». Il a ainsi affirmé que la Conférence de Bali devrait être l’occasion d’examiner de nouveaux moyens de mobilisation de ressources supplémentaires pour financer les projets d’adaptation impérative. Le marché doit être la plateforme sur la base de laquelle s’opèrent les échanges des technologies écologiquement rationnelles, a-t-il lancé.
S’agissant de nouveau de la Conférence de Bali, le représentant de l’Indonésie a indiqué que toute avancée majeure à cette occasion ne pourrait se faire que sur la base de partenariats clairement établis entre le secteur public des pays en développement et le secteur privé des pays en développement. Assurer le progrès économique et social des pays qui en ont le plus besoin doit s’effectuer en suivant une feuille de route « sérieuse » en matière d’environnement. Le délégué a souhaité que cette conférence soit marquée par une participation universelle et qu’elle soit assortie de mesures de financement devant permettre aux transferts de technologies vertes de devenir réalité.
Intervenant à son tour, le représentant du Portugal a déclaré que d’ici à 2050, les pays en développement devaient être à la tête du mouvement en réduisant collectivement de 30% leurs émissions de CO2. Il a indiqué que de plus en plus de preuves scientifiques démontrent qu’il est techniquement possible de transformer une économie non durable basée sur la consommation de carbone en une économie verte bénéfique à tous et préservatrice de l’avenir pour les générations futures. C’est en ce sens que le représentant a souligné la nécessité d’investir « plus et mieux », de sorte que la communauté internationale puisse se hisser collectivement à la hauteur de la tâche qui l’attend. Pour ce faire, a dit l’intervenant, les pays doivent s’appuyer sur l’architecture du Protocole de Kyoto en s’efforçant, lors de la Conférence de Bali, de rassembler le plus de parties possibles. La Convention-cadre doit être le socle sur lequel devra être défini le futur accord sur les changements climatiques. Des engagements plus fermes doivent être pris afin d’améliorer réellement la recherche en faveur du développement et de lancer de nouvelles initiatives d’adaptation impérative, a conclu le représentant.
Dans ses remarques de clôture, M. JEFFREY SACHS, Directeur de l’Institut de la Terre de Columbia University, s’est félicité de ce que les thèmes débattus aujourd’hui puissent bénéficier de l’écho que leur donne dans le monde l’Assemblée générale des Nations Unies. Il a par ailleurs souhaité que la communauté internationale atteigne ses objectifs en matière d’atténuation des répercussions des émissions de carbone sur le climat en cantonnant les coûts de cet « effort collectif » à un montant correspondant à 1% du revenu mondial.
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