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AG/10578

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: DES PROGRÈS CONCRETS RÉALISÉS PAR LES ÉTATS MEMBRES EN VUE D’ACCROÎTRE LA PARTICIPATION POLITIQUE DES FEMMES

08/03/2007
Assemblée généraleAG/10578
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante et unième session

Débat sur la promotion de l’égalité                        

des sexes et de l’autonomisation des femmes

matin


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: DES PROGRÈS CONCRETS RÉALISÉS PAR LES ÉTATS MEMBRES EN VUE D’ACCROÎTRE LA PARTICIPATION POLITIQUE DES FEMMES


L’Assemblée générale a achevé, ce matin, son débat thématique informel sur la promotion de l’égalité entre les sexes et de l’autonomisation des femmes.  Nombre des 76 pays qui se sont exprimés pendant trois jours, représentés par 95% de femmes, dont 28 ministres, ont notamment fait état des progrès concrets qu’ils ont obtenus en vue d’accroître la participation politique des femmes, à la fois dans les secteurs public et privé.


Selon le constat effectué, en clôture de débat, par la Présidente de l’Assemblée générale, Sheikha Haya Rashed Al Khalifa (Bahreïn), l’égalité entre les sexes doit être introduite dans les législations, les budgets nationaux et les politiques macroéconomiques.  En outre, des interventions ciblées telles que les quotas pour la représentation politique des femmes s’imposent, tandis que l’accent doit être mis sur le rôle puissant que la microfinance peut jouer pour rendre les femmes économiquement et socialement autonomes.


Autre observation de la Présidente, tirée de la synthèse des interventions des États Membres: sans l’égalité entre les sexes et le respect des droits fondamentaux des femmes, aucun progrès ne sera réalisé en matière de paix et de sécurité.  De même, sans l’autonomisation des femmes, il sera impossible d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement. 


Pour parvenir à l’égalité entre les sexes au XXIe siècle, il convient d’intensifier les efforts collectifs, a ajouté Sheikha Haya, une tâche que la communauté internationale remplira en veillant à ce que les femmes et les filles, en particulier les plus pauvres et les plus vulnérables, aient l’opportunité de développer pleinement leur potentiel.  Il faut ainsi aller au-delà des mots et réaliser les promesses faites, a-t-elle déclaré, citant les engagements des gouvernements à éliminer toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. 


Parmi les États Membres intervenus ce matin, la France a souligné que l’égalité réelle entre les femmes et les hommes était un gage de démocratie aussi bien qu’un enjeu d’efficacité économique.   Source de cohésion sociale, l’égalité entre les hommes et les femmes est indispensable au progrès et au dynamisme de tout pays, a ajouté le représentant de la France.  La délégation des Îles Salomon a appelé de son côté à une meilleure coordination des institutions de l’ONU -voire même à une centralisation- afin de mieux promouvoir l’égalité entre les sexes et la responsabilisation des femmes.


Outre ceux déjà cités, les représentants de Fidji et du Suriname ont pris la parole.  Les observateurs du Saint-Siège, de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), de l’Union interparlementaire et du Comité consultatif juridique afro-asiatique se sont également exprimés.



DÉBAT THÉMATIQUE INFORMEL SUR LA PROMOTION DE L’ÉGALITÉ DES SEXES ET DE L’AUTONOMISATION DES FEMMES


M. FILIMONE KAU (Fidji) a expliqué que son pays était fier des progrès qu’il avait accomplis, aussi modestes soient-ils.  L’État a entrepris avec célérité de réviser toute la législation nationale pour conférer aux Fidjiennes les mêmes droits qu’aux hommes, conformément aux dispositions de la Constitution qui, a-t-il indiqué, garantit la non-discrimination fondée sur le sexe.  Plusieurs mécanismes institutionnels ont été mis en place pour promouvoir l’égalité.  L’État fidjien, en outre, ne méconnaît pas, selon son représentant, le sort des femmes en dehors des villes, ainsi que celui de celles frappées par la pauvreté.  On est convaincu dans l’archipel pacifique qu’avec un engagement politique on peut réaliser l’autonomisation des femmes.


Mme HELEN BECK (Îles Salomon) a constaté que si des progrès significatifs avaient été accomplis dans le monde pour l’émancipation des femmes, les résultats demeuraient inégaux et sans coordination.  Pendant de trop nombreuses années, l’attention a été portée de manière unique sur les défis sociaux auxquels les femmes sont confrontées, alors que la question économique était négligée, a-t-elle fait remarquer.  Nous n’avons pas travaillé suffisamment sur les moyens de créer les conditions économiques permettant de transformer la vie des femmes.  Il convient, selon Mme Beck, de s’intéresser particulièrement aux zones rurales où vivent 80% des femmes du pays par exemple, celles-ci ne contribuant pourtant qu’à 5% de l’économie marchande du pays, essentiellement dans l’agriculture.  Or, il existe des possibilités de développement par la commercialisation de leurs cultures afin qu’elles puissent participer à la vie économique et gagner leur autonomie, a-t-elle expliqué.  Mme Beck croit que l’ONU peut les aider à condition que les femmes sachent à qui s’adresser face à une institution devenue insaisissable par sa taille, divisée dans la mesure où de nombreuses instances contribuent à la cause des femmes mais de manière dispersée.  La délégation des Îles Salomon appelle à une meilleure coordination des institutions de l’ONU –voire même à une centralisation– afin de mieux promouvoir l’égalité des sexes et la responsabilisation des femmes.


Mme ASHA BURKHARDT (Suriname) a affirmé que la pauvreté, la faim, les maladies mortelles comme le paludisme et le VIH/sida demeuraient encore des problèmes dans les sociétés des pays en développement et que la planète avait un besoin urgent d’éléments les plus fondamentaux, comme l’eau potable, l’assainissement, la nourriture, le logement, l’éducation et la santé.  La violence contre les femmes et les filles constitue également un sujet d’attention particulière pour le Suriname, a-t-elle ajouté.  La représentante a énuméré une série de mesures prises par son gouvernement pour mettre en œuvre la promotion de l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes, citant, par exemple, le lancement récent du deuxième plan d’action intégral sur l’égalité entre les sexes pour la période 2006-2010.  Elle a en outre souligné que les femmes au Suriname étaient davantage visibles en 2006 en exerçant de hautes fonctions diplomatiques.  Ainsi, 41% femmes ont été nommées à des postes d’ambassadeur.  De même, 18% des ministres du Gouvernement sont des femmes, l’une d’entre elles occupant le portefeuille des affaires étrangères, a-t-elle précisé.


M. JEAN-PIERRE LACROIX (France) a indiqué que son pays avait décidé de donner une nouvelle impulsion à la mise en œuvre de la démarche que préconise le Programme d’action de Beijing, à savoir « une approche intégrée de l’égalité ».  En 2004, les pouvoirs publics, en partenariat avec les organisations non gouvernementales, se sont engagés à mener plus de 300 actions pour faire avancer l’égalité.  Celles-ci, qui ont été inscrites dans la « Charte de l’égalité entre les femmes et les hommes », ont permis à la France de se doter, selon son représentant, de moyens efficaces pour améliorer la place des femmes dans la vie publique, professionnelle, ainsi que dans la vie privée.  Il est notamment prévu d’instaurer la parité dans les exécutifs des assemblées locales –municipales en particulier– et de renforcer les sanctions financières à l’encontre des partis politiques qui ne respecteraient pas les exigences légales en termes de parité.  Selon M. Lacroix, avec cette loi, « des viviers de femmes pourront être créés et celles-ci pourront s’engager pleinement dans la vie politique ».  Par ailleurs, le Gouvernement français poursuit une politique volontariste, selon lui, qui permet de concilier un bon taux de participation des femmes au marché du travail et l’un des taux de fécondité les plus hauts d’Europe.  M. Lacroix a toutefois reconnu que des inégalités subsistaient: les femmes en France sont davantage touchées par le chômage et leur salaire est inférieur de 19% à celui des hommes, essentiellement parce qu’elles sont concentrées dans un petit nombre de métiers moins qualifiés et moins bien rémunérés, leur carrière étant en outre souvent freinée par la maternité.  Elles n’occupent qu’un quart des fonctions d’encadrement des entreprises privées.  En conclusion, le représentant de la France a souligné que l’égalité réelle entre les femmes et les hommes était un gage de démocratie aussi bien qu’un enjeu d’efficacité économique.  Elle est source de cohésion sociale et est indispensable au progrès et au dynamisme de tout pays.


Mgr BERNARDITO AUZA, Observateur du Saint-Siège, a estimé que la quête légitime de l’égalité entre les hommes et les femmes avait enregistré des résultats positifs dans le domaine de l’égalité des droits.  Selon lui, cette quête doit intégrer la reconnaissance de la différence et de la complémentarité entre les hommes et les femmes.  Sans cette reconnaissance, a-t-il précisé, la lutte pour l’égalité ne serait pas authentique.  Ce flou qui existe actuellement dans les différences entre les sexes a des conséquences sur la stabilité de la société et des familles, ainsi que sur la qualité des relations entre les hommes et les femmes, a expliqué l’Observateur du Saint-Siège.  Selon lui, l’égalité entre les femmes et les hommes et l’autonomisation des femmes ne seront atteintes que lorsque les différences des sexes seront reconnues et considérées comme complémentaires et que l’élément culturel du genre soit compris dans son contexte.  En outre, a-t-il dit, les femmes doivent pouvoir participer à la prise de décisions, non seulement pour des questions d’égalité entre les sexes, mais compte tenu des contributions que ces femmes peuvent apporter à ces processus.


Mme ANKE STRAUSS, Organisation internationale pour les migrations - OIM, s’est interrogée sur le sens de l’expression « autonomisation des femmes ».  Il s’agit, selon elle, d’un processus par le biais duquel les femmes et les hommes se trouvant dans des situations défavorisées ont un meilleur accès à la connaissance, aux ressources et au pouvoir de prise de décisions, tout en accroissant leur participation à la vie locale afin de pouvoir peser sur le contrôle de leur milieu.  Mme Strauss a ensuite évoqué le sort des migrantes ou de celles s’interrogeant sur un tel projet, confrontées qu’elles sont au dilemme d’avoir la certitude que cette décision aura des retombées sur le reste de leur vie, selon qu’elles choisissent la voie légale ou la voie illégale.  En conclusion, elle a appelé l’Assemblée à considérer l’immense potentiel de toutes les femmes migrantes, en leur permettant de contrôler leur vie dans le cadre de garanties de parité qui fonctionnent.


Mme KAREEN JABRE, Union interparlementaire, a affirmé que l’une des mesures essentielles de l’autonomisation des femmes dans la société en général était celle de leur participation dans la politique.  Les statistiques relevées au cours des 10 dernières années autorisent un optimisme prudent, a-t-elle ainsi déclaré.  En 1995, 11,3% des parlementaires étaient des femmes, et aujourd’hui, elles sont près de 17%, soit un gain de 50%, a-t-elle par exemple souligné.  Néanmoins, des progrès restent à réaliser, a-t-elle dit, soulignant que les femmes continuaient d’être sous-représentées dans les parlements des pays arabes ou des États insulaires du Pacifique.  L’Union interparlementaire, a-t-elle insisté, œuvre au renforcement de la démocratie parlementaire et, à cet égard, elle s’efforce de contribuer à l’accroissement du nombre des femmes dans les parlements et de renforcer les capacités des parlements à traiter et à défendre les droits des femmes, ainsi que l’égalité entre les hommes et les femmes.


Mme HANNAH BIBLE, Comité consultatif juridique afro-asiatique – AALCO, a rappelé que les législations assurant l’égalité des sexes existaient dans plus de 120 pays mais qu’il ne s’agissait bien souvent que de la rhétorique juridique, les politiques et les ressources ne suivant pas.  Très souvent, a-t-elle estimé, on ne tient pas compte de l’inégalité qui prévaut.  Elle a fait remarquer que les États Membres qui ont une pratique dans ce domaine devraient fournir une aide à ceux qui en sont dépourvus.  Le droit coutumier peut également faire l’objet de compromis, a-t-elle dit, tout en reconnaissant que l’inégalité est profondément enracinée dans les croyances.  Il faut montrer à tous ce que les femmes apportent à la collectivité et montrer que cela signifie plus que de simplement le dire, a souligné Mme Bible.  Elle a regretté que les progrès accomplis depuis 10 ans n’avaient pas été linéaires et qu’il y avait parfois eu des régressions.  Selon elle, les Objectifs du Millénaire pour le développement doivent être considérés comme le minimum absolu vers lequel tendre.


SHEIKHA HAYA RASHED AL KHALIFA (Bahreïn), Présidente de la soixante et unième session de l’Assemblée générale, a estimé que le débat thématique sur l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes avait été productif et stimulant.  Quelque 76 États Membres, représentés par 95% de femmes, se sont exprimés, dont 28 ministres.  Elle a également loué les efforts inlassables accomplis par les organisations non gouvernementales et les groupes de femmes qui ont contribué à accroître la visibilité de ces questions et à promouvoir l’égalité entre les sexes, y compris aux Nations Unies.  Il est apparu lors de ce débat thématique que sans l’égalité entre les sexes, et le respect des droits fondamentaux des femmes, aucun progrès ne sera réalisé en matière de paix et de sécurité, a-t-elle souligné.  De même, a-t-elle ajouté, sans l’autonomisation des femmes, il sera impossible d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Beaucoup d’États, a-t-elle dit, ont fait mention des progrès concrets qu’ils ont obtenus en vue d’accroître la participation politique des femmes, à la fois dans les secteurs public et privé.  Il en découle, a-t-elle observé, que l’égalité entre les sexes doit être introduite dans les législations, les budgets nationaux et les politiques macroéconomiques.  En outre, des interventions ciblées telles que les quotas pour la représentation politique s’imposent, a-t-elle noté, mettant aussi l’accent sur le rôle puissant que la microfinance peut jouer pour rendre les femmes économiquement et socialement autonomes.


Malgré les progrès réalisés dans de nombreux domaines, il ne faut pas oublier les défis qui subsistent, a par ailleurs relevé Sheikha Haya.  Pour atteindre l’égalité entre les sexes au XXIe siècle, il convient d’intensifier les efforts collectifs, a-t-elle ajouté.  Selon la Présidente, cette tâche collective signifie que la communauté internationale doit veiller à ce que les femmes et les filles, en particulier les plus pauvres et les plus vulnérables, aient l’opportunité de développer pleinement leur potentiel.  Elle a souligné la nécessité de demeurer ouvert à toutes les options qui accordent l’attention soutenue et méthodique requise pour réaliser les normes établies dans la Charte des Nations Unies, les Objectifs du Millénaire pour le développement, la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et le Programme d’action de Beijing.  La Présidente a constaté que de nombreuses délégations avaient approuvé les recommandations du Groupe d’experts de haut niveau sur la cohésion à l’échelle du système des Nations Unies et a encouragé les États Membres à les considérer de manière constructive et positive.  Il convient d’aller au-delà des mots et de réaliser les promesses faites, a-t-elle déclaré, citant en particulier les promesses des gouvernements d’éliminer toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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