DANS LE CADRE D’UNE TABLE RONDE, LES PARTICIPANTS ONT SOUHAITÉ QUE L’ONU FASSE PREUVE DE LEADERSHIP POUR RENFORCER LA PARTICIPATION DES FEMMES DANS LA PRISE DE DÉCISIONS
| |||
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York |
Assemblée générale
Débat sur la participation des femmes
dans la prise de décisions
après-midi
DANS LE CADRE D’UNE TABLE RONDE, LES PARTICIPANTS ONT SOUHAITÉ QUE L’ONU FASSE PREUVE DE LEADERSHIP POUR RENFORCER LA PARTICIPATION DES FEMMES DANS LA PRISE DE DÉCISIONS
Parallèlement au débat général qui se tenait aujourd’hui sur la parité entre les sexes et la promotion des femmes, l’Assemblée générale a organisé cet après-midi une table ronde sur le thème « Promotion de la participation des femmes dans la prise de décisions ». Les participants à cette discussion se sont ainsi intéressés à la manière de changer la culture du pouvoir afin d’y promouvoir la participation des femmes. Nombre d’entre eux ont ainsi fait ressortir le rôle que pouvaient jouer les Nations Unies afin d’accélérer ce processus.
Nous avançons mais trop lentement, a d’abord constaté M. Anders Johnsson, Secrétaire général de l’Union interparlementaire qui compte 140 parlements nationaux. Il a en effet indiqué que seuls 19 pays avaient atteint l’objectif des 30% de femmes élues, tel qu’établi par la Plateforme de Beijing. Il a toutefois salué les progrès importants observés ces dernières années dans les pays arabes, citant notamment l’exemple des Émirats arabes unis et de Bahreïn, et a estimé que l’Amérique latine était la région qui avait le mieux utilisé les mesures en vigueur pour accélérer la participation des femmes à la vie publique et politique. Il a par ailleurs souligné que le système des quotas avait fait ses preuves et a insisté sur le rôle des partis politiques pour accélérer la participation des femmes. Il faudrait surtout, a-t-il estimé, faire changer les mentalités de ceux qui font de la politique afin d’éliminer les obstacles auxquels les femmes sont encore confrontées lorsqu’elles sont élues, notamment le fait de ne pas prendre en compte leurs multiples responsabilités, ou la tendance à les nommer à des comités jugés typiquement féminins.
Même dans les pays les plus avancés en matière de parité politique, les femmes qui occupent des postes importants doivent toujours faire face à des comportements discriminatoires et à des pressions, et, souvent, leur contribution à la mise en œuvre des politiques nationales n’est pas véritablement reconnue, a renchéri Mme Srilatha Batliwala, Présidente du Conseil d’administration de l’Organisation pour l’environnement et le développement des femmes. Elle a estimé qu’il faudrait s’attaquer aux systèmes traditionnels pour faire évoluer durablement les mentalités et les pratiques. Pour y parvenir, a-t-elle souligné, il est nécessaire de mobiliser des ressources qui font actuellement défaut sur le terrain. C’est en ce sens qu’elle a plaidé pour un rôle renforcé des Nations Unies, regrettant que les fonds consacrés par l’ONU à l’égalité entre les sexes s’élèvent à 65 millions de dollars, soit moins de 5% de ce que reçoit l’UNICEF.
Évoquant sa propre expérience politique, Mme Mary Robinson, ancienne Présidente de l’Irlande et fondatrice de l’Initiative pour la mondialisation de l’éthique, a mis l’accent sur la nécessité de « penser différemment pour agir différemment ». Elle a aussi rappelé que lorsqu’elle était Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, elle avait réussi à adopter une démarche sexospécifique au Haut Commissariat aux droits de l’homme, notamment en matière de recrutement. Mary Robinson a également fait savoir qu’elle avait participé à la mise en place, à Stockholm, d’un comité réunissant des femmes, anciennes premiers ministres et présidentes pour faire entendre leur voix et partager leurs expériences dans le domaine de la sécurité. Selon elle, il faut s’assurer que des espaces non traditionnels s’ouvrent aux femmes et, à cette fin, une ONU dotée des ressources adéquates dans ce domaine doit contribuer à promouvoir le leadership des femmes au niveau politique.
Deux autres panélistes ont enfin fait part de leur propre expérience en matière de prise de décisions politiques au niveau national. Mme Pregaluxmis Govender, ancienne parlementaire d’Afrique du Sud, a rappelé que son pays avait été un modèle en matière de parité, en consacrant ce principe dans sa Constitution. Toutefois, ces intentions s’étaient heurtées à la complexité de changer un monde qui n’est pas conçu pour que les femmes développent leur potentiel humain. À titre d’exemple, elle a expliqué que lorsque les femmes sont arrivées au Parlement sud-africain, elles souhaitaient bien sûr protéger les droits des femmes, en particulier sur le marché du travail. Pourtant, a-t-elle poursuivi, ces femmes parlementaires ont approuvé la mise en œuvre des Accords du GATT qui ont mis en danger le travail d’un grand nombre de femmes. Quant à Mme Beatriz Paredes, de la Fondation Colosio et première femme élue du Parti révolutionnaire institutionnel du Mexique, a elle aussi fait observer que la participation des femmes à la vie publique et politique du pays devait être une question qualitative et pas uniquement quantitative. Elle a ainsi mis en avant la nécessité de former des femmes cadres et des femmes dirigeantes afin qu’elles puissent pleinement influencer la sphère politique.
Lors de la discussion qui a suivi ces exposés, les participants se sont interrogés sur le rôle que peuvent jouer les Nations Unies pour promouvoir la participation des femmes à la prise de décisions. Mme Robinson et Mme Batliwala ont indiqué qu’il était essentiel de mettre en place une structure normative et opérationnelle qui permettrait la réddition des comptes en ce qui concerne les engagements en matière de parité et de promotion de la femme. Toutes les normes pertinentes à la promotion des femmes doivent être respectées, a pour sa part renchéri Mme Parades. Appelant l’ONU à faire preuve de leadership, les panélistes ont aussi insisté sur l’importance de fournir des ressources adéquates pour le fonctionnement des projets et organes de promotion de la femme. Le représentant du Maroc a pour sa part estimé que l’ONU devrait être dotée d’une structure qui ne soit pas uniquement à vocation générale mais qui possède également une expertise pointue pour donner de vraies capacités aux vecteurs de changement dans la société. À l’instar de nombreux intervenants, il a estimé que l’UNIFEM était l’entité la mieux placée pour exercer ce rôle.
Enfin, de nombreux participants ont brièvement exposé la situation de leur pays. Ainsi, la représentante du Venezuela a noté que son pays employait les ressources nationales pour favoriser la participation de tous et que cela avait ainsi amélioré la participation des femmes, leur taux étant passé de 10% à 16,5% à l’Assemblée nationale. La représentante de la Thaïlande a, quant à elle, indiqué que la participation des femmes à la vie politique étaient mal vécue dans son pays en raison des conséquences déstabilisatrices de leur carrière politique sur la structure familiale et a souhaité que les changements soient menés en douceur. Pour sa part, la représentante de l’Équateur a affirmé que la faible participation des femmes à la vie politique dans son pays ne résultait pas du manque d’intérêt mais plutôt des inégalités de traitement, de la mauvaise répartition des richesses et de la corruption au sein de partis traditionnels.
L’Assemblée générale tiendra une autre table ronde sur le thème « La promotion économique des femmes, y compris le microfinancement » demain, mercredi 7 mars, à 10 heures, dans la salle du Conseil économique et social.
* *** *
À l’intention des organes d’information • Document non officiel