LES SERBES ET LES ALBANAIS RESTENT PROFONDÉMENT DIVISÉS SUR LE STATUT FUTUR DU KOSOVO, CONSTATE LA MISSION DU CONSEIL DE SÉCURITÉ
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Conseil de sécurité
5672e séance – après-midi
LES SERBES ET LES ALBANAIS RESTENT PROFONDÉMENT DIVISÉS SUR LE STATUT FUTUR DU KOSOVO, CONSTATE LA MISSION DU CONSEIL DE SÉCURITÉ
« Les positions des parties quant aux propositions de règlement divergent profondément, les représentants de la communauté albanaise ayant exprimé leur plein soutien aux propositions et recommandations sur le statut du Kosovo et les interlocuteurs serbes du Kosovo ayant rejeté toute solution menant à l’indépendance de la province », a confirmé, ce matin, M. Johan Verbeke, Représentant permanent de la Belgique et Chef de la mission du Conseil de sécurité au Kosovo.
De retour d’une mission de six jours qui, recommandée par la Fédération de Russie, l’a conduit à Bruxelles, à Belgrade, à Pristina et à Vienne, à partir du 24 avril, M. Verbeke a précisé que la mission du Conseil de sécurité avait atteint ses objectifs qui étaient de disposer d’informations de première main permettant de réaliser que « la question du Kosovo » n’est pas abstraite mais au contraire bien réelle. Le Représentant belge a dit avoir vu une communauté albanaise confiante dans l’avenir et une communauté serbe qui l’appréhende davantage.
La société du Kosovo panse encore les plaies nées du conflit, a-t-il estimé. L’engagement pris par les dirigeants politiques du Kosovo d’œuvrer à une société pluriethnique est encourageant mais exigera toutefois un effort soutenu, a–t-il ajouté. Au cours des années, les institutions provisoires du Gouvernement autonome et la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies (MINUK) ont réalisé des progrès considérables dans la mise en œuvre des normes pour le Kosovo. Les institutions ont exprimé leur détermination à continuer à renforcer la mise en œuvre des normes, en particulier celles relatives aux conditions de vie des communautés minoritaires. Toutefois, a regretté M. Verbeke, le nombre de retours des personnes déplacées continue d’être bas en raison de facteurs sécuritaires, de l’absence de débouchés économiques, des entraves à la liberté de circulation et des préoccupations sécuritaires.
M. Verbeke est revenu dans le détail sur le déroulement de la mission, précisant que celle-ci avait en premier lieu rencontré à Bruxelles, le 25 avril, le Secrétaire général de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), M. Jaap de Hoop Scheffer, l’Envoyé spécial de l’Union européenne pour les pourparlers sur le statut, M. Stephane Lehne, et le Commissaire chargé de l’élargissement de l’Union européenne, M. Oli Rehn.
Leur message fut similaire, à savoir que le statut quo est intenable, que les attentes de la population sont élevées et que tout délai dans la détermination du statut du Kosovo est un facteur de risque pour le Kosovo et la région toute entière. Ils ont également réitéré leur soutien aux recommandations et propositions de Martti Ahtisaari, l’Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour les pourparlers sur le statut final du Kosovo.
Il est apparu à l’issue de ces réunions que l’Union européenne et l’OTAN sont déterminés à assumer leurs responsabilités dans le cadre du statut futur du Kosovo. Les préparatifs sont en cours sans pour autant préjuger des résultats finaux du processus de négociations sur le statut final. Pour l’OTAN et l’Union européenne, a ajouté M. Verbeke, il est clair que toute décision finale devra être approuvée par le Conseil de sécurité conformément au Chapitre VII de la Charte des Nations Unies.
À Belgrade, les principaux interlocuteurs de la mission du Conseil, à savoir le Premier Ministre serbe, M. Vojislav Kostunica, le Président serbe, M. Boris Tadic, les membres de l’équipe de négociations, le Président du Centre de coordination pour le Kosovo et presque tous les membres des partis politiques ont rejeté fermement toute solution qui impliquerait une quelconque forme d’indépendance pour le Kosovo.
Ils ont en revanche plaidé pour une autonomie substantielle du Kosovo au sein de la Serbie sous supervision internationale. Ils ont aussi demandé que davantage de négociations soient menées. Un autre thème récurrent pendant ces réunions à Belgrade a porté sur l’absence de mise en œuvre de la résolution 1244 (1999), en particulier les dispositions relatives au retour des personnes déplacées.
Selon les autorités de Belgrade, seuls 2 à 5% des personnes déplacées intérieurement ont été en mesure de retourner chez eux depuis 1999. Cette question a été récurrente au cours de la mission et sa complexité a été mise en lumière lors des visites sur le terrain, à Svinjare et Brestovik. Des préoccupations sécuritaires, la mauvaise situation économique, le manque d’accès aux services sociaux et des obstacles de nature procédurale ont été cités comme les raisons expliquant cette situation.
À Pristina, la mission du Conseil de sécurité a été en mesure de rencontrer un vaste éventail d’acteurs, au plan international comme au plan local. Le Représentant spécial du Secrétaire général, M. Joachim Rücker, a souligné que la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) avait atteint ses objectifs. La Mission a établi des institutions provisoires d’administration autonome, les structures visant à assoir la primauté du droit, et les institutions indispensables à une économie de marché.
Selon M. Rücker, tout progrès supplémentaire dépend maintenant d’une résolution du Conseil de sécurité. Cette évaluation a été partagée par le Président du Kosovo, M. Fatmir Sejdiu, et son Premier Ministre, M. Agim Ceku, qui ont exprimé leur soutien entier aux propositions et recommandations de M. Ahtisaari. Ils se sont engagés à les mettre pleinement en œuvre et ont souligné le caractère multiethnique du Kosovo dont l’objectif est l’intégration aux structures euroatlantiques.
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