COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME: DES PROGRÈS LENTS ET INÉGAUX CARACTÉRISENT LA MISE EN ŒUVRE DU PROGRAMME D’ACTION DE BEIJING
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COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME: DES PROGRÈS LENTS ET INÉGAUX CARACTÉRISENT LA MISE EN ŒUVRE DU PROGRAMME D’ACTION DE BEIJING
Les femmes souffrent de sous-représentation persistante dans la sphère politique, elles continuent à se heurter à un plafond de verre sur le marché de l’emploi tandis que des millions d’entre elles continuent de mourir des suites de leur grossesse et elles n’ont toujours pas accès aux ressources productives ou à l’assainissement. Sur cette toile de fond, la Commission de la condition de femme a achevé aujourd’hui son débat général qu’elle consacre aux thèmes de la participation des femmes au développement: instauration d’un environnement propice à l’égalité entre les sexes et à la promotion de la femme, notamment dans les domaines de l’éducation, de la santé et du travail.
Les délégations qui dressaient le bilan des actions nationales, ont reconnu que même si des progrès ont été réalisés dans la mis en œuvre du Programme d’action de Beijing, ceux-ci ont été encore trop lents. Ainsi mondialisation, conflits armés, poids des mentalités ont entravé la création d’un cadre propice à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes. Les écarts de rémunération entre femmes et hommes subsistent et au rythme actuel, la parité entre les sexes dans les Parlements du monde ne sera réalisée qu’en 2040. Lorsque la première Conférence mondiale sur les femmes s’est tenue à Mexico en 1975, les femmes représentaient 10,9% des députés dans les parlements du monde.
Précisant qu’en 2005,à peine vingt pays avaient atteint ou dépassé l’un des Objectifs du Millénaire pour le développement, à savoir 20% de représentation de femmes au sein des parlements du monde, la représentante de l’Union parlementaire a expliqué que les élues apportent avec elles un changement de culture. Elles modifient les discours institutionnels pour qu’ils reflètent leurs valeurs et non plus la pensée patriarcale et elles pèsent sur l’agenda législatif.
Dans le domaine de la santé, la représentante du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a précisé que 200 millions de femmes dans le monde ne bénéficient toujours pas de soins génésiques. Pourtant la recherche montre que l’accès à la santé reproductive permet de réduire les taux de mortalité maternelle et infantile, de prévenir les grossesses non voulues, les naissances non planifiées, la mort de millions d’enfants et de femmes des suites de la grossesse et d’éviter que tant d’autres ne deviennent orphelins.
De son côté, la représentante de l’Organisation internationale pour les migrations a expliqué que la migration peut avoir un impact positif sur l’autonomisation des femmes. Les femmes migrantes, devenant le soutien familial, font changer les sociétés d’origine et les sociétés de destination, même si, dans certains cas, on peut constater que le rôle du mari reste prédominant. Reste que les domaines d’emploi ouverts aux femmes sont plus limités et celles-ci, le plus souvent jeunes et pauvres, se trouvent confrontée au racisme, à l’exclusion et à la traite.
Les représentants des pays suivants ont pris la parole: Maroc, Algérie, Venezuela, Mozambique, Qatar, Guatemala, République islamique d’Iran, Cameroun, Uruguay, Sri Lanka, Arabie saoudite et Kirghizistan. L’Observatrice de la Palestine a également fait une déclaration.
Les représentants des organisations suivantes se sont aussi exprimés: Union interparlementaire, Organisation internationale pour les migrations (OIM), Secrétariat du Commonwealth, Conseil de l’Europe, Programme alimentaire mondial (PAM), Programme pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Organisation des Nations Unies pour la science et la culture (UNESCO), Fonds alimentaire mondial (FAO), ONUSIDA, ONU-Habitat, Fonds international de développement agricole (FIDA), Banque mondiale et Organisation mondiale du Travail (OIT).
La représentante d’Israël et l’Observatrice de la Palestine ont exercé leur droit de réponse.
La Commission se réunira en groupes de travail pour mener des consultations officieuses sur des conclusions concertées lundi 6 mars. La Journée internationale des femmes sera célébrée mercredi 8 mars.
SUIVI DE LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET DE LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »
Débat général
Mme RACHEL MAYANJA, Sous-Secrétaire générale et Conseillère pour la parité entre les sexes et la promotion de la femme, a évoqué les efforts déployés en ce sens au sein des Nations Unies, notant que l’objectif de parité n’avait toujours pas été atteint. En septembre 2005, les femmes représentaient 37,5% des administrateurs, 26% des D-1 et au-dessus ce qui correspond à une diminution de 2% depuis 2004. Parmi les 31 départements et bureaux comptant 20 administrateurs ou plus, seuls cinq ont atteint la parité entre les sexes. Il faut donc multiplier les actions concertées simplement pour maintenir le niveau de femmes aux postes d’administrateurs. Seules deux institutions ont atteint la parité, à savoir l’INSTRAW et le FNUAP.
Mme SAFIYE ÇAĞAR, Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a indiqué que le Fonds s’est engagé à travailler à l’égalité entre les sexes en associant l’ensemble des acteurs concernés. Les actions prioritaires ont porté sur un accès universel à la santé génésique. Le FNUAP œuvre avec les gouvernements pour que la santé génésique des femmes soit inclue dans le cadre des programmes déployés pour atteindre les OMD. Ainsi, 200 millions de femmes dans le monde ne bénéficient toujours pas de ce type de soins. Nous avons lancé une campagne mondiale pour mettre un terme à la fistule obstétrique. Aujourd’hui, beaucoup trop de femmes sont sous-payées dans les secteurs informels de l’économie et sont donc vulnérables aux abus. La recherche montre que l’accès à la santé reproductive permet de réduire les taux de mortalité maternelle et infantile. Nos programmes en cours qui permettent de fournir des contraceptifs à 500 millions de femmes des pays en développement ont permis de prévenir 187 millions de grossesses non voulues, 60 millions de naissances non planifiées, 105 millions d’avortements, la mort de 2,7 millions d’enfants, la mort de 215 000 femmes des suites de la grossesse et d’éviter que 685 000 enfants ne deviennent orphelins.
Mme IMERIA NÚÑEZ DE ORDEMÁN (Venezuela) a indiqué que dans le processus de transformation en cours dans la République bolivarienne du Venezuela, la femme jouait un rôle central. La Constitution en vigueur depuis 1999 établit la pleine égalité entre hommes et femmes et, depuis, une Loi sur la famille a été promulguée, le Code pénal a été adapté et la Loi sur le régime foncier et agraire a été modifiée. Parallèlement, les femmes bénéficient d’un programme de soutien à la microentreprise qui, entre 2001 et 2005, a permis de dispenser 43,788 crédits qui s’accompagnent de formations afin de permettre aux femmes de s’autonomiser. Par le biais de la mission « Barrio Adentro », plus de 8 millions de femmes ont bénéficié, depuis 2003, de soins de santé primaires, génésique et obstétrique. Ces programmes incluent également des volets de prévention de la transmission du VIH/sida ainsi que du cancer de l’utérus. Les femmes aux foyers disposant de revenus trop faibles pour vivre bénéficient d’une compensation de l’ordre de 80% du salaire minimum depuis le mois de février 2006.
M. FILIPE CHIDUMO (Mozambique), jugeant les progrès trop lents dans la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing et dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement en faveur des femmes, a insisté sur le rôle du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) pour aider les femmes à sortir de leur isolement en matière de développement. Ce partenariat permet aux femmes d’être mieux outillées pour assumer un rôle de leadership au sein des sociétés, a-t-il dit, énonçant ensuite une série de mesures prises par son Gouvernement pour augmenter le nombre de femmes présentes dans les institutions publiques ainsi que celui de fillettes éduquées. Nous faisons en sorte qu’il y ait davantage de femmes professeures et institutrices afin d’encourager les filles et les fillettes à poursuivre leurs études. Dans le domaine de la science, nous souhaitons renforcer les cours de science et familiariser la population à l’importance des sciences et ce, dès le plus jeune âge. Enfin, un nouveau Code de la famille a été promulgué et nous avons modifié le cadre juridique afin de promouvoir l’égalité et la parité.
Mme BENCHAKROUM (Maroc) a insisté sur l’éducation en expliquant que son pays connaît une intensification de l’accès des filles aux filières scientifiques et aux programmes d’alphabétisation. Sur le plan économique, le Maroc, avec ses partenaires, a pris des mesures pour faciliter l’accès des femmes au secteur structuré de l’économie et a mis en place des projets générateurs de revenus pour les femmes des zones rurales. Le droit de la femme au travail est garantit par l’article 13 de la Constitutions et la législation qui réglemente le secteur de l’emploi a été renforcée par la réforme du Code du travail. Dans le domaine de la santé, les autorités ont promu une maternité sans risque, la planification familiale ainsi que la lutte contre les maladies sexuellement transmissibles. Sur le plan juridique, la réforme du Code de la famille en 2003 a consacré l’égalité entre les sexes. Le nouveau Code électoral a permis l’accès de 35 femmes au Parlement en 2002 et l’amendement du Code de la nationalité permet désormais à la femme d’octroyer la nationalité marocaine à ses enfants. Les femmes ont désormais le droit de disposer du livret de famille.
Mme NADJEH BAAZIZ (Algérie) a réaffirmé que le renforcement du pouvoir des femmes est essentiel à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Il existe toutefois des régions dans le monde où les femmes subissent des situations insoutenables, tant elles sont fragilisées par la pandémie du VIH/sida, par leur paupérisation et les violences qui leur sont faites. L’Algérie a mis en œuvre avec détermination le Programme d’action de Beijing, en particulier dans les domaines de l’emploi et de la santé. Un Ministère délégué à la famille et aux femmes a été créé en 2002. Le taux de participation des femmes à la population active s’accroît de manière significative. Elles représentent 55% des journalistes, 35% de magistrats, elles sont ministres, sénateurs, présidentes de cours de justice, officier supérieurs dans l’armée et la police.
M. ABDULLA EID SALMAN AL-SULAITI (Qatar), revendiquant le statut d’État moderne du Qatar, a indiqué que les femmes occupaient un rang très élevé dans la société du Qatar. Les centres de conseils familiaux, l’Institut de la protection des femmes et des enfants travaillent sous le contrôle de son Altesse Sheikha Mozah Bint Nasser Al-Misnad, qui prouve ainsi la volonté de la famille régnante de promouvoir l’émancipation des femmes en investissant dans deux domaines: l’emploi et l’éducation. En dépit des progrès, nous constatons que les femmes souffrent encore trop souvent de conditions précaires, en particulier les femmes vivant sous occupation, a poursuivi l’intervenant, invitant la communauté internationale à œuvrer en faveur d’une plus grande justice à l’égard des femmes.
Mme CONNIE TARACENA (Guatemala) a indiqué que, depuis la signature des accords de paix en 1996, un accent particulier avait été mis sur la promotion de l’égalité entre les sexes, une attention spéciale étant portée à la situation des femmes autochtones. Un Conseil de coordination associant le Secrétariat à la présidence pour les femmes et les organisations de la société civile a permis d’établir une véritable politique nationale pour la promotion des droits de la femme et l’intégration de cette question dans toutes les politiques de développement. En outre, a dit l’intervenante, en collaboration avec l’Institut national des statistiques, un système d’indicateurs a été mis au point, qui permettra de suivre l’évolution des progrès. S’agissant des questions de violence, le Gouvernement, inquiet de ses manifestations et de ses effets sur la société, a développé une série d’initiatives de prévention aux niveaux législatif et dans les politiques publiques, y compris par le biais des structures décentralisées. Enfin, le Gouvernement a intégré le concept de « féminicide » dans le cadre d’un effort d’ensemble associant les services de police et de justice.
Mme PAIMANEH HASTEH (République islamique d’Iran) a insisté sur le rôle des femmes comme défenseurs de la solidarité et de la sagesse dans le contexte du développement. L’habilitation des femmes est directement liée au développement de la famille. La participation des femmes dans les processus de prise de décisions ne doit pas être superficiel et doit commencer au plus bas du processus et remonter au plus niveau. Ainsi le rôle de femmes se décline sur trois niveaux: participation, représentation et direction. La représentante est revenue sur les initiatives prises par son Gouvernement pour renforcer le rôle des femmes et améliorer le bien-être de la famille. Il existe ainsi une allocation pour les programmes en faveur des femmes, une allocation pour les femmes chefs de foyer tandis que les organisations de femmes sont de plus en plus nombreuses. Le nombre de femmes admises dans les universités représente désormais 62% du total des étudiants.
Mme NADYA RASHEED, Observatrice de la Palestine, a évoqué les initiatives menées par l’Autorité palestinienne qui se sont traduites par une augmentation des femmes en politique aux niveaux local et national. Toutefois, les femmes palestiniennes et leur famille vivent dans une atmosphère de stresse et de terreur depuis les 38 ans que dure l’occupation israélienne. Ces femmes sont victimes de multiples formes de brutalité et de violence. Le Mur de séparation n’a fait qu’aggraver un sentiment d’isolement. Elles subissent désormais le harcèlement sexuel aux nombreux points de contrôle israéliens et nombreuses d’entre-elles ont dû abandonner leur études en raison des restrictions de mouvement imposées par Israël, entraînant la mort de tant de femmes et d’enfants. Des femmes ont dû accoucher aux points de contrôle, 61 femmes en quatre ans, ce qui est une violation de la quatrième Convention de Genève.
M. MARTIN BELINGA-EBOUTOU (Cameroun), faisant lecture de la déclaration de la Ministre camerounaise de la condition de la femme, a rappelé que son Gouvernement avait accordé une importance à la perspective genre aussi bien dans le Code du travail, dans le Code de la famille, que dans le Code pénal. Le Cameroun s’est également inspiré des textes internationaux consacrés à la promotion de la femme, a dit M. Belinga-Eboutou, assurant que le défi du Gouvernement du Cameroun était d’affirmer la citoyenneté de la femme. Il importe de faciliter l’appropriation de l’approche genre dans le vécu quotidien, a-t-il poursuivi, notant que ceci suppose la participation des femmes aux institutions publiques, leur représentation dans l’administration et à tous les échelons de la société. Il s’agit toutefois d’un combat de longue haleine qui exige une réelle volonté politique collective des hommes et des femmes, a fait valoir le représentant du Cameroun. Partant, si les femmes voulaient s’investir en politique, M. Belinga-Eboutou a estimé qu’elles disposaient d’un atout important, leur poids dans le corps électoral.
Mme SUSANA RIVERO (Uruguay) a encouragé l’intégration d’une perspective sexospécifique dans toutes les politiques publiques. Le Gouvernement de l’Uruguay a encouragé l’adoption, d’ici le 8 mars, d’une loi sur l’égalité des chances entre les sexes, a poursuivi la représentante, ce, tandis qu’en mars 2005, tous les ministères avaient été invités à intégrer la perspective genre dans leurs plans d’action. En Uruguay, une femme meurt tous les neuf jours suite à des violences domestiques, a-t-elle dit, plaidant pour la fin de l’impunité. Poursuivant ensuite sur la vulnérabilité des femmes et des filles à la pandémie du VIH/sida, elle a estimé que la dimension genre devait être au cœur des politiques sectorielles de lutte contre la maladie.
Mme SWARNA SUMANASEKERA, Commission nationale des femmes du Sri Lanka, a indiqué qu’un quota de femmes de 25% avait été instauré pour les élections locales, tandis qu’un environnement propice à l’égalité entre les sexes s’est développé dans les domaines de la santé et de l’éducation. Il existe une politique de recrutement neutre du point de vue du sexe dans le secteur structuré de l’emploi. Nous avons accordé un congé de paternité de cinq jours depuis l’année dernière afin de renforcer la notion de responsabilité parentale partagée. Nous avons adopté un programme de prévention de la violence familiale. Nous disposons aussi d’un programme de reconstruction post-tsunami qui tient compte des besoins des femmes. La présence des femmes dans les processus de prise de décisions ne cesse de croître, en particulier au niveau de la communauté locale. Les femmes ne sont présentes aux postes élevés du secteur public et privé qu’à hauteur de 10%. De plus, nous sommes d’avis que la voix des femmes doit se faire entendre dans le cadre des pourparlers de paix et pour ce qui touche à leur sécurité comme le recommande la résolution 1325 du Conseil de sécurité.
Mme JOAN FRASER, Union interparlementaire, a déclaré qu’il était bien triste de constater que l’on est encore bien loin de l’égalité. En 1993, les femmes représentaient 11,3% des postes aux parlements, mais elles n’en ont gagné que 5% en dix ans. En 2005, à peine vingt pays avait atteint ou dépassé les Objectifs du Millénaire pour le développement, à savoir 20% de représentation de femmes au sein des parlements. À ce rythme, une réelle parité ne sera réalisée qu’en 2040. Les femmes apportent avec elles un changement de culture, elles modifient les discours institutionnels pour qu’ils reflètent leurs valeurs et non plus la pensée patriarcale et elles pèsent sur l’agenda législatif. Une étude a également montré que leur présence accentue la perception que le public a de l’importance des parlements.
Mme ANN KEELING, Secrétariat du Commonwealth, rappelant que le Commonwealth regroupe 53 États membres, soit près d’un tiers des Membres des Nations Unies, a estimé que cette organisation pouvait, par le biais de consultations entre pays, soutenir la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing. En marge de cette session, a-t-elle dit, nous avons organisé ici, à New York, une consultation entre membres du Commonwealth au cours de laquelle plusieurs observations ont été faites, en particulier sur les questions de prévention de l’infection des femmes et des filles par le VIH. Le Commonwealth est conscient de la part importante que jouent les droits de l’homme et la parité entre les sexes dans le développement démocratique, a-t-elle dit, déclinant les questions de parité avec le développement économique, les droits de l’homme et le VIH/sida. Nous représentons près de 30% de la population mondiale en tant que membres du Commonwealth, a-t-elle poursuivi, et 60% des cas de mort maternelle dues au VIH/sida sont enregistrées dans des pays du Commonwealth qui portent un lourd fardeau. Ces pays accordent un intérêt particulier au suivi des engagements pris au cours des dernières années et à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, notamment à l’allègement de la dette.
Mme NDIORO NDIAYE, Organisation internationale pour les migrations (OIM), évoquant le lien entre genre et migrations, a estimé que les hommes et les femmes émigraient pour des raisons différentes et selon des canaux et des mécanismes différents. Aujourd’hui, les femmes migrantes sont encore considérées comme des personnes dépendantes, voire même comme des migrantes forcées. Pour celles qui émigrent volontairement, leurs motivations sont avant tout professionnelles, selon un vaste champ de compétence, des tâches manuelles aux tâches plus technologiques. La migration peut avoir un impact positif sur l’autonomisation des femmes dans la mesure où elles peuvent participer au développement communautaire, voient leur pouvoir de prise de décisions accru, et ont accès à l’éducation. Les femmes migrantes, devenant le soutien familial, font changer les sociétés d’origine et les sociétés de destination, même si, dans certains cas, on peut constater que le rôle du mari reste prédominant. Les domaines d’emploi ouverts aux femmes sont plus limités, a-t-elle constaté ensuite, soulignant les dangers auxquels les femmes migrantes, le plus souvent jeunes et pauvres, se trouvent confrontées: racisme, exclusion et traite. Elle a invité les ministres en charge de la promotion de la femme à intégrer les questions relatives aux femmes migrantes dans leurs stratégies nationales, y compris dans les stratégies de lutte contre la pauvreté.
Mme MARTA REQUENA, Conseil de l’Europe, a rappelé qu’en 1998 le Conseil a adopté une déclaration sur la parité entre les sexes. Le protocole 12 du Conseil interdit la discrimination fondée sur le sexe. Malgré les acquis obtenus par les États membres du Conseil de l’Europe, la parité n’est pas entièrement réalisée et pour cette raison les chefs d’État et de gouvernement du Conseil de l’Europe, considérant qu’elle constitue la clé de la démocratie, se sont engagés en faveur de l’intégration d’une dimension sexospécifique à toutes les politiques. Nous préparons actuellement un instrument juridique portant sur les sexospécificités et les migrations. Nous sommes conscients que le niveau d’éducation des femmes n’est pas pris en considération lorsqu’elles cherchent un emploi et pour cette raison la sixième Conférence ministérielle sur la parité portera sur le thème des droits de l’homme et des défis économiques en Europe. Nous disposons depuis 2003 d’une recommandation sur la participation égale des femmes et des hommes en politiques qui prévoit un quota de 40% de places réservées aux femmes. Seuls six États membres sur les 46 que compte le Conseil de l’Europe ont atteint ce pourcentage.
Mme SHEILA SISULU, Programme alimentaire mondial (PAM), a expliqué que les femmes sont les gardiennes de la sécurité alimentaires dans tous les foyers du monde. Nos projets dans la grande majorité offrent des aliments conçus pour répondre aux besoins nutritionnels des femmes enceintes ou qui allaitent. Trois cents femmes par jour meurent des suites de la malnutrition. Dans le cadre de nos projets « travail contre nourriture », les femmes constituent la moitié des membres des comités de distribution des aliments. En Ouganda, le PAM contribue aux programmes de démobilisation en répondant aux besoins particuliers des femmes et des filles qui ont été enlevées et forcées à combattre et qui ont fait l’objet de sévices sexuels. En Afghanistan, le PAM offre des repas dans les écoles ce qui a pour conséquences de maintenir les fillettes dans les salles de classe.
Mme ZOFIA OLSZOWSKA, Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), rappelant que le Sommet mondial de septembre 2005 avait réaffirmé que le progrès des femmes était le progrès de tous, a mis en avant le plan quinquennal 2002-2007 pour la formation et le développement orienté sur la sexospécificité qui concerne tous les départements de l’UNESCO. Il s’agit de renforcer le rôle des femmes dans tous les domaines de planification de l’Organisation, et de soutenir la création d’un environnement propice à la réalisation de l’égalité entre les sexes. Cette notion, centrale dans les Objectifs du Millénaire pour le développement, fait l’objet d’une attention accrue dans les activités de l’UNESCO sur le terrain, des programmes étant actuellement développés dans 34 pays en vue d’éduquer les femmes et les filles, y compris dans le secteur éducatif non structuré. Nous sommes déterminés à intensifier les efforts pour encourager les femmes à exercer des responsabilités dans les postes décisionnels, y compris au sein de l’UNESCO.
Mme MARCELA VILLAREAL, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), notant que la majorité de la population mondiale vit dans les zones rurales, a indiqué que 900 millions de personnes dépendent de l’agriculture pour vivre. Le rôle des femmes dans l’agriculture, le développement rurale et la sécurité alimentaire n’est plus à démontrer, a dit Mme Villareal, déplorant pourtant que les femmes n’aient pas accès aux ressources de base telles que la terre, le crédit, la formation. Tant que la majorité de la population des zones rurales n’aura pas accès à ces éléments de base, il sera vain de penser émancipation et appropriation, a-t-elle dit, avant de mettre en garde sur le danger posé par l’exode rural des hommes qui, dans des pays comme la Chine, conduit les femmes à assumer des tâches telles que la préparation des engrais ou des terres. Les femmes pauvres et les hommes pauvres des zones rurales dépendent des ressources naturelles, a-t-elle dit, soulignant que les femmes ont un accès limité à la propriété terrienne, de 6% en Asie en moyenne, à 12% en Afrique.
M. SIRGUDSON, ONUSIDA, a rappelé qu’il y a 25 ans, le premier cas de sida a été diagnostiqué. Aujourd’hui 40 millions de personnes ont contracté la maladie et la moitié sont des femmes. Dans la région de l’Afrique sub-saharienne, 60% des malades du sida sont des femmes et des fillettes. Il est urgent d’habiliter les femmes et les filles pour mettre un terme à la pandémie. La violence, la pauvreté, les actes discriminatoires fondés sur le sexe sont autant de facteurs propices à la transmission du sida alors que le maintien à l’école protège les filles de la pandémie. Insister sur des pratiques sexuelles sûres ne suffira pas. Il faut permettre aux femmes de prendre des décisions informées, d’avoir accès aux ressources économiques, aux terres et à l’héritage.
Mme AXUMJITE GEBRE-EGZIABHER, ONU-Habitat, a déclaré que la contribution de femmes aux programmes d’ONU-Habitat est précieuse. Elle a précisé qu’en 2005, une rapide évaluation sexospécifique des programmes, notamment le programme « eau » dans les villes africaines, a montré que les femmes étaient complètement absentes des processus de prise de décisions et a constaté l’impact négatif sur les filles de l’absence d’assainissement dans les bidonvilles. Cette étude a également constaté l’absence de l’intégration des sexospécificités dans les diverses agences d’urbanisation des États concernés. Nous avons adopté une résolution sur l’égalité entre les sexes dans les établissements humains qui demande de favoriser la participation des femmes à la planification urbaine et aux services d’assainissement.
Mme XENIA VON LILIEN-WALDAU, Fonds international de développement agricole (FIDA), s’est inquiétée à son tour des conditions de pauvreté extrême des femmes dans les zones rurales, ce, à quelques jours de la conférence internationale de Porto Alegre sur la réforme agraire et le développement rural. Un environnement propice à l’amélioration des droits et de la condition des femmes passe par un renforcement des capacités, par des mesures facilitant leur autonomisation et par la sensibilisation et la protection juridique. L’intervenante a aussi abordé la question des migrations internationales qui ont un impact sur les femmes en milieu rural, soit que ces dernières reçoivent les transferts de fonds venant de l’étranger, soit qu’elles émigrent elles-mêmes pour faire vivre leurs familles. Interpellant la Commission sur les situations de détresse des femmes rurales qui subissent l’exploitation et la traite quand elles émigrent, la représentante du FIDA a suggéré par ailleurs des mesures pour canaliser les fonds versés par des migrants vers le développement rural.
M. GASPARD CURIONI, Banque mondiale, a plaidé pour une parité entre les sexes qui permette d’améliorer les conditions de vie de tous, hommes comme femmes, prônant l’établissement de données ventilées par sexe afin de disposer d’éléments pour évaluer l’efficacité des politiques mises en œuvre. La parité entre les sexes en matière de productivité et de croissance économique est importante dans la politique suivie par la Banque mondiale, a-t-il dit, expliquant que la dimension sexospécifique devait être intégrée dans les plans nationaux de développement, la Banque prévoyant 12 milliards de dollars actuellement et 24 milliards d’ici à 2015 pour réaliser l’Objectif du Millénaire relatif à la parité entre les sexes.
Mme EVY MESELL, Organisation internationale du Travail (OIT), a relevé que de plus en plus de femmes travaillent mais qu’elles sont peu nombreuses à accéder aux emplois de haut niveau. Les femmes occupent des emplois traditionnellement qualifiés de féminin, avec très peu de possibilité de promotion et, à travail égal, un niveau de rémunération inférieur à celui des hommes. Les salaires des femmes continuent d’être inférieurs à ceux des hommes de 20 à 30% dans le monde développé comme dans le monde en développement. Trop de femmes occupent des emplois dans le secteur non structuré et donc n’ont pas accès à un plan de retraite, à la sécurité sociale et la protection de la maternité. Ces facteurs contribuent aux migrations des femmes qui constituent la moitié des migrants. Les femmes les plus pauvres et les plus vulnérables sont malheureusement les victimes de trafiquants. La promotion des femmes au travail est essentielle en ce qu’elle est la clé de leur autonomisation.
Mme GULNAR HIJAZI (Arabie saoudite) a affirmé que les femmes dans son pays disposent de l’ensemble des droits socioéconomiques. Dans le cadre de la famille, les hommes et les femmes ont les mêmes droits. Nous rejetons la violence faite envers toute personne qu’il s’agisse d’hommes et de femmes. Nous encourageons l’éducation des femmes jusqu’à l’université. Les femmes ont accès à des programmes de santé reproductive. Il n’y a pas de discrimination dans le travail, qu’il s’agisse de l’accès aux postes à responsabilité ou des salaires. En cas de divorce, procédure fondée sur la loi islamique, la femme conserve la garde de l’enfant jusqu’à un certain âge.
M. NURBEK JEENBAEV (Kirghizistan) a évoqué le rôle des femmes dans l’établissement de la nation kirghize souveraine, soulignant à cet égard leur apport aux secteurs économique et social. Le Gouvernement kirghize a fait beaucoup, au cours de la dernière décennie, pour promouvoir et protéger les femmes, notre pays étant partie à près de trente conventions internationales sur les droits de l’homme, y compris celle concernant les droits des femmes. Toute une série de programmes gouvernementaux s’attellent à l’émancipation des femmes et luttent contre la violence à leur égard. Les femmes kirghizes bénéficient d’une protection médicale et sanitaire et ont accès gratuitement aux soins médicaux, a dit le représentant, avant de noter qu’elles sont davantage éduquées que les hommes. Cependant, il a fait état des conditions difficiles qui prévalent dans les régions montagneuses et affectent les objectifs de promotion de l’égalité des droits des femmes.
Droits de réponse
Exerçant son droit de réponse, la représentante d’Israël a dénoncé deux attaques suicide récentes perpétrées par des adolescentes palestiniennes. L’aspiration des femmes palestiniennes de vivre en paix dans leur propre État est partagée par tous et ne saurait justifier de tels actes, a-t-elle dit, faisant valoir que récemment, plus de cinquante femmes palestiniennes ont été arrêtées par les forces de défense israéliennes. La représentante a dénoncé toute une série d’attaques suicide réalisées contre des points de contrôle, y compris en utilisant des ambulances, justifiant la vigilance des soldats israéliens.
Réagissant à la déclaration de la délégation israélienne, l’Observatrice de la Palestine a rappelé qu’Israël était une puissance occupante, l’occupation s’étant transformée en colonialisme brutal qui doit être rejeté par la communauté internationale. Nous avons toujours condamné les pertes en vies humaines, y compris la mort de civils israéliens innocents suite à des attentats, a-t-elle dit, déplorant qu’Israël n’en fasse pas de même lorsque les civils palestiniens sont tués dans des bombardements israéliens. Les Palestiniens civils n’ont-ils pas droit à la sécurité, a demandé l’Observatrice, avant d’exhorter Israël à se conformer au droit international, y compris le droit humanitaire.
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