LA COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT DURABLE CONSACRE UNE JOURNÉE À LA SITUATION DES PETITS ÉTATS INSULAIRES
| |||
Department of Public Information • News and Media Division • New York |
Commission du développement durable
Quatorzième session
12e et 13e séances – matin & après-midi
LA COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT DURABLE CONSACRE UNE JOURNÉE À LA SITUATION DES PETITS ÉTATS INSULAIRES
Experts et délégations examinent les progrès réalisés dans la mise en œuvre de la Stratégie de Maurice
Après avoir examiné la semaine dernière les progrès réalisés à l’échelle mondiale dans les domaines de l’énergie au service du développement durable, du développement industriel, de la pollution atmosphérique et des changements climatiques, la Commission du développement durable (CDD) s’est penchée aujourd’hui sur la situation particulière des petits États insulaires en développement (PEID).
À l’occasion de cette journée qui leur était spécialement consacrée, la Commission du développement durable a organisé trois tables rondes, qui ont porté respectivement sur les thèmes suivants: accès aux services énergétiques, efficacité énergétiques et énergie renouvelable; développement industriel dans les PEID; et pollution atmosphérique et adaptation aux changements climatiques.
À l’ouverture des débats ce matin, le Secrétaire général adjoint, Anwarul Chowdhury, a demandé la participation plus active des grandes institutions financières internationales, ainsi qu’un renforcement de la coopération Sud-Sud, dans le cadre d’un effort global et concerté pour pallier aux difficultés sociales, économiques et environnementales de ces pays.
En effet, la Stratégie de Maurice, tout en reconnaissant que la responsabilité première du développement durable incombe aux PEID eux-mêmes, nécessite cependant l’appui de la communauté internationale, afin de donner aux pays concernés les moyens d’adopter des politiques nationales pour faire face aux problèmes qui se posent à eux dans les domaines des changements climatiques et de la montée du niveau de la mer, a expliqué le Président de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), Julian R. Hunte, de Sainte-Lucie.
Ceux-ci ont parfois mis en place des solutions pionnières, comme par exemple Maurice, qui, depuis plusieurs années, recycle la bagasse, résidu de la fibre de canne à sucre, comme combustible non polluant de certaines de ses usines de production de rhum ou de sucre. Des mesures ont été prises par le Gouvernement mauricien pour encourager les investissements dans ce domaine. Outre les économies d’énergie réalisées, le prix du sucre a été réduit de 36% dans l’île. Un des experts ad’ailleurs fait valoir les technologies novatrices qui permettent de faire fonctionner une industrie locale à partir des ressources existantes, notamment les déchets, afin que les pays dépendent moins des importations de pétrole. Pour les PEID, le renforcement de leurs capacités énergétiques constitue d’ailleurs le meilleur moyen de se prémunir contre les effets du changement climatique, auxquels ils sont particulièrement vulnérables, comme en témoigne le passage de nombreux ouragans sur leurs côtes.
Trop souvent, cependant, un cadre réglementaire inapproprié, des politiques publiques insuffisantes et un manque de financement posent des difficultés supplémentaires à des États déjà handicapés sur le plan énergétique par leur isolement et leur configuration géographiques. Des mesures plus audacieuses devraient donc être prises pour attirer l’investissement au profit des énergies renouvelables, éoliennes, solaires, hydrauliques ou géothermiques, ont unanimement déclaré les délégations.
La Commission du développement durable reprendra ses travaux demain, mardi 9 mai à 10 heures.
MODULE THÉMATIQUE DU CYCLE D’APPLICATION 2006/2007
- L’énergie au service du développement durable
- Développement industriel
- Pollution atmosphérique/atmosphère
- Changements climatiques
Journée des petits États insulaires en développement
Allocutions
M. ANWARUL CHOWDHURY, Secrétaire général adjoint et Haut Représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID), s’est félicité qu’au cours de la présente session, la Commission du développement durable (CDD) porte une attention accrue aux PEID dans sa discussion thématique. Il faut insister sur les initiatives concrètes qui peuvent renforcer la mise en œuvre de la Stratégie de Maurice, a-t-il ajouté. Il a rappelé que les thèmes de l’énergie, du développement industriel, du changement climatique et de la pollution de l’air étaient très importants pour le développement durable des PEID. Rappelant que 15 mois s’étaient écoulés depuis la Réunion internationale de Maurice, il a estimé qu’une évaluation de la mise en œuvre de la Stratégie de Maurice, qui y avait été adoptée, devait être faite de manière annuelle par toutes les parties prenantes, à savoir gouvernements, système des Nations Unies et organisations internationales, société civile et secteur privé. Il a souhaité que des indicateurs soient définis afin de mesurer ces progrès. Par ailleurs, M. Chowdhury a mis l’accent sur le rôle des organisations régionales dans la mise en œuvre de la Stratégie de Maurice. Il a ainsi salué l’engagement de la CARICOM, du Forum des îles du Pacifique et de la Commission de l’océan Indien, affirmant que leur leadership était essentiel à la réussite de cette mise en œuvre.
Le Secrétaire général adjoint a en outre souligné la nécessité de mobiliser davantage les institutions financières internationales en faveur des PEID. À ce sujet, il s’est félicité de la participation accrue de la Banque mondiale dans le processus de mise en œuvre de la Stratégie de Maurice, indiquant entre autres, qu’elle avait tenu, en septembre dernier, un forum pour les petits États insulaires. Enfin, il a indiqué que son Bureau s’attachait à améliorer la coopération Sud-Sud pour les PEID. Les vulnérabilités sociales, économiques et environnementales de ces pays exigent un engagement réel de tous leurs partenaires afin de répondre à tous les aspects de la mise en œuvre de la Stratégie de Maurice, a-t-il conclu.
M. PATRICIO CIVILI, Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations, a estimé que la perspective des petits États insulaires en développement (PEID) permettait de mieux comprendre le lien et les défis mondiaux que pose la thématique de la présente session de la Commission du développement durable (CDD). Cette journée consacrée aux PEID doit contribuer à renforcer notre soutien à l’égard de ces pays afin qu’ils puissent répondre à ces défis dans leur effort plus vaste visant à faire progresser la mise en œuvre de la Stratégie de Maurice, a-t-il ajouté. Il a rappelé que le Sommet mondial de septembre 2005 avait réaffirmé la nécessité de répondre aux vulnérabilités des PEID et avait aussi souligné la relation entre demande énergétique, promotion d’énergies propres et changements climatiques, dans le contexte du développement durable. Cela ouvre la voie pour intégrer des questions liées aux changements climatiques dans les stratégies nationales de développement ainsi que dans la coopération internationale en faveur du développement, a-t-il déclaré.
M. Civili a rappelé que l’importation de pétrole représentait une des dépenses les plus importantes pour les PEID. L’efficacité du secteur énergétique et la conservation de l’énergie sont donc essentielles pour ces pays, a-t-il insisté. Il a également rappelé la nécessité de développer des technologies novatrices pour les énergies renouvelables dans les PEID, se félicitant des initiatives qui ont déjà vu le jour notamment pour les combustibles à base de déchets, de cannes à sucre ou de noix de coco. Dans cette perspective, a-t-il souligné, il faudrait améliorer les partenariats afin que ces pays puissent augmenter leur usage d’énergies renouvelables. Ces mesures contribueront, a-t-il estimé, à répondre aux défis des changements climatiques, auxquels les petits États insulaires en développement sont particulièrement vulnérables.
M. JULIAN R. HUNTE, Représentant permanent de Sainte-Lucie aux Nations Unies et Président de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a rappelé que le Programme d'action de la Barbade, renforcé par la Stratégie de Maurice, constituait un accord global de soutien aux petits États insulaires dans leurs efforts de développement durable. Si la responsabilité première de ce développement nous incombe, a-t-il ajouté, la communauté internationale doit cependant nous assister. En effet, la Stratégie de Maurice ne peut être mise en œuvre que par le biais d’un partenariat mondial, notamment pour faciliter et améliorer l’accès aux sources de financement existantes, ainsi qu’à de nouvelles dépenses au besoin. Cet appui est indispensable afin de donner aux États insulaires les moyens d’adopter les politiques nationales pour faire face aux problèmes qui se posent à eux dans les domaines des changements climatiques et de la montée du niveau de la mer. Nombreux sont ceux qui sont en effet confrontés à des problèmes d’inondations et de séismes, comme récemment dans la région du Pacifique où il y a eu une récente alerte au tsunami. L’expérience des Maldives a appris qu’une île pouvait être ravagée par des cyclones ou des tsunamis. En 2004, Grenade a été anéantie par l’ouragan Ivan. Ces exemples montrent que les effets du changement climatique sont réels, affectant le développement économique et social de ces États. Dans ce cadre, la communauté internationale doit respecter ses engagements pour permettre aux États insulaires d’agir et de prendre les mesures appropriées en amont plutôt que d’intervenir une fois les catastrophes survenues, a insisté le représentant.
En outre, le renforcement dans le secteur des ressources énergétiques des pays insulaires doit être abordé à la lumière des changements climatiques, de même que la recherche d’énergies renouvelables, telles que solaire ou éolienne, appropriées à nos besoins et à nos circonstances, a poursuivi M. Hunte. Ainsi, la gestion des déchets implique des transferts de technologies dans le cadre d’une approche intégrée et cohérente du développement durable. À cet égard, des processus régionaux et sous-régionaux sont indispensables. L’AOSIS appelle donc à assouplir les mesures administratives, à procéder à un échange de meilleures pratiques et à renforcer la coopération Sud-Sud, a conclu son Président.
Débats thématiques
Thème: Accès aux services énergétiques, efficacité énergétique et énergie renouvelable
M. BASIL SUTHERLAND, spécialiste de l’électricité et des questions énergétiques dans la région des Caraïbes, a fait observer qu’afin de satisfaire les besoins énergétiques dans cette région, la plupart des politiques publiques avaient été réorientées vers la privatisation en raison de la pression budgétaire et d’une volonté d’attirer les investissements privés. Il arrive aussi que les entreprises publiques se comportent comme des entreprises du secteur privé, ce qui produit à la fois des effets similaires et des effets mitigés. Ainsi, dans le cas des Caraïbes, si la privatisation a allégé la charge financière de l’État et amélioré les services proposés à l’usager, les prix ont augmenté et les réseaux ne sont guère plus fiables. Le panéliste a en outre recommandé d’exploiter les énergies renouvelables autant que possible, regrettant que trop souvent le cadre réglementaire soit inadéquat et le niveau des tarifs contradictoire avec le coût de l’offre. Il est donc nécessaire d’accroître le rendement et d’améliorer la sécurité énergétique, a estimé M. Sutherland, qui a en outre préconisé la création d’agences réglementaires indépendantes pour arbitrer les conflits entre l’État, l’entreprise et le consommateur.
M. KASSIAP DEEPCHAND, Directeur exécutif adjoint à l’Autorité mauricienne du sucre, a rappelé qu’un certain nombre de mesures avaient été prises par la Réunion internationale de Maurice pour renforcer la profitabilité du secteur du sucre. La bagasse, qui est le déchet de la fibre de canne à sucre, permet ainsi de rentabiliser les usines de production de rhum ou de sucre en recyclant ce résidu comme moyen de production d'énergie. La performance des installations permet à certaines usines de fonctionner en autonomie énergétique et de satisfaire jusqu'à 35% de l'énergie électrique demandée au réseau public. En comparaison avec les énergies fossiles brûlées dans les usines traditionnelles, la bagasse présente les intérêts d'une biomasse dépourvue de dioxyde de soufre et ne dégageant que le CO2 fixé par la plante lors de sa croissance. L’expert a ensuite énuméré l’ensemble des mesures qui avaient été prises par le Gouvernement mauricien pour encourager les investissements dans ce domaine, permettant ainsi de réduire le prix du sucre de 36% et de multiplier le nombre d’usines fonctionnant à base de bagasse, désormais au nombre de 14 dans l’île.
Rappelant qu’à quelques exceptions près, beaucoup de petits États insulaires étaient dépourvus de sécurité énergétique, M. DAVID BARRETT, Responsable des questions d’énergie et de développement à la société pétrolière de la Jamaïque, a estimé qu’une combinaison de facteurs était à l’origine de cette situation. À cet égard, il a insisté sur la situation géographique et la configuration particulières de ces îles, mais aussi sur les phénomènes de décentralisation, de libéralisation et de compétition, qui selon lui sont contreproductifs en raison de la taille des marchés et des régimes juridiques en vigueur. En outre, la flambée des prix du pétrole, les faibles capacités de raffinage des États insulaires et la paralysie de 56% des plateformes pétrolières du golfe du Mexique, après le passage de l’ouragan Katrina, n’ont fait qu’aggraver la situation. Selon M. Barrett, toutes ces raisons doivent encourager le renforcement de la coopération régionale, notamment dans les domaines du partage d’expériences et du transfert de technologies, et à privilégier la recherche d’énergies renouvelables, éoliennes, solaires, hydrauliques ou géothermiques. Encore faut-il réunir à cette fin les conditions adéquates, a prévenu l’expert, qui a cité un financement et des taux d’intérêt limités pour assurer les investissements nécessaires et la mise en œuvre de stratégies de commercialisation et de développement des marchés pour ces énergies. La volonté politique des États concernés est également requise, par l’adoption de mesures fiscales et économiques incitatives pour les fournisseurs comme les usagers, a-t-il conclu.
Parmi les obstacles qui se posent aux États insulaires dans la course aux énergies renouvelables, la plupart des délégations ont identifié les difficultés d’accès aux technologies les plus modernes, notamment en raison de politiques publiques particulièrement médiocres et de sous-financement. En outre, de nombreuses contraintes commerciales compliquent les transferts de technologies. Ainsi, interrogé sur les raisons qui empêchent d’exporter de l’éthanol, notamment aux pays insulaires en développement, le Brésil a évoqué les barrières tarifaires et la résistance du secteur pétrolier. C’est pourquoi les pays développés doivent élargir l’accès aux marchés et éliminer ces barrières, comme les subventions à l’exportation pour les produits agricoles, a donc demandé la Chine. Présentant les efforts accomplis par son pays pour se fournir en énergies renouvelables, la représentante de Tonga a cependant fait valoir qu’il n’y avait pas de solution unique aux besoins de tous les petits États insulaires en développement.
Thème: le développement industriel dans les petits États insulaires en développement
Mme PAMELA BALDINGER, spécialiste de l’énergie et l’environnement pour l’équipe énergie de l’Agence américaine pour le développement international (USAID), s’est penchée sur l’efficacité énergétique dans l’industrie du tourisme. Elle a rappelé que le tourisme est une composante majeure du PNB et que les hôtels sont de grands consommateurs d’énergie. Si l’on pouvait améliorer leur efficacité énergétique, cela permettrait à la fois d’augmenter la compétitivité des hôtels, de libérer de l’énergie pour d’autres domaines et aussi d’avoir des retombées positives pour l’environnement. L’experte a illustré ces propos en citant l’exemple de la République dominicaine, où intervient USAID. Dans ce pays, comme dans beaucoup de destinations touristiques, la climatisation représente la moitié de la consommation d’électricité, a-t-elle ajouté, et il existe un manque de connaissance quant aux technologiques ainsi qu’un manque d’accès aux technologies efficientes. Elle a insisté sur une des plus importantes leçons à tirer dans ce domaine: il faut intégrer la conservation de l’eau et celle de l’énergie, a-t-elle conclu, car nous avons constaté que plus un hôtel utilise de l’eau, plus il utilise de l’énergie, notamment pour chauffer l’eau.
M. TOM WICHMAN, entrepreneur dans le domaine de l’énergie et de la gestion des déchets et originaire des îles Cook, a mis de l’avant les technologies novatrices permettant de construire une industrie locale à partir des ressources existantes, dont les déchets. Il a déploré que des consultants vendent des technologies désuètes aux PEID, notant que son Gouvernement avait acheté des technologies provenant de la Nouvelle-Zélande qui n’ont pas fonctionné après quelques mois d’utilisation. Ainsi, il a noté que son pays avait dépensé 7 millions de dollars pour une usine de traitement qui ne fonctionne pas correctement. L’entrepreneur a fait part de son travail qui a permis de développer un système de traitement des déchets afin de transformer l’eau d’égout en eau potable. Il a constaté que son pays répondait à ses besoins en électricité par le diesel. Toutefois, il a déclaré qu’il fallait augmenter l’utilisation d’autres sources d’énergie propre. Il a notamment mis l’accent sur l’énergie solaire et particulièrement sur la production et l’utilisation de l’huile de noix de coco. Il est facile et rapide de faire cette huile, a-t-il expliqué, et les déchets peuvent être utilisés pour la consommation humaine. Enfin, il a aussi noté que de petits gestes quotidiens tels que remplacer une ampoule de 100 watts par une de 20 watts, pouvaient permettre de préserver l’énergie.
Se penchant sur les initiatives de petite échelle, Mme ATINA MYAZOE, chargée de la planification énergétique au Ministère des ressources et du développement des Îles Marshall, et présentant l’expérience de son pays, a indiqué que la politique nationale en matière énergétique encourageait l’utilisation des sources d’énergies renouvelables. Grâce à un programme de promotion de l’énergie solaire lancé en 2002, a-t-elle constaté, nous avons pu améliorer la qualité de vie des populations des îles les plus éloignées tout en répondant aux défis écologiques et en ayant un impact positif sur l’économie. Plus de 200 systèmes solaires ont été installés dans des logements et 80 suivront cet été, a-t-elle expliqué en ajoutant que d’autres projets visaient à équiper les écoles et hôpitaux éloignés afin qu’ils s’alimentent par de nouvelles sources d’énergie. Par ailleurs, elle a souligné le rôle de l’huile de noix de coco, source d’énergie alternative comme carburant pour les véhicules. Mme Myazoe a déclaré qu’il fallait améliorer la fabrication de cette huile pour qu’elle soit plus largement utilisée. Elle a enfin fait part des mesures adoptées par son pays pour promouvoir ces sources d’énergies nouvelles, citant notamment le renforcement des campagnes d’information ainsi que les facilités –dont le microcrédit- offertes aux petites entreprises.
M. CARLOS M. ECHEVERRIA, de l’Institut interaméricain pour la coopération sur l’agriculture (IICA), a fait valoir les synergies entre agriculture et tourisme à travers l’exemple d’un projet à la Barbade. Il a indiqué que ce projet visait, entre autres, à améliorer les revenus issus du tourisme et à préserver les ressources naturelles tout en offrant des opportunités de développement aux entreprises agricoles. Il a noté que l’Institut avait, en collaboration avec le Gouvernement de la Barbade, créé un Centre pour l’agro-tourisme en 2002. Ce Centre offre le transfert des meilleures pratiques et connaissances, élabore des études d’impact, fait le lien avec les investisseurs ou encore offre des formations, a-t-il précisé. Il a affirmé que l’IICA souhaitait maintenant consolider ce centre pour y systématiser les expériences pilotes qui pourront être transférées vers d’autres petits États insulaires en développement.
Après ces exposés, la représentante de l’Allemagne a noté l’importance d’adopter une approche intégrée dans le domaine de l’énergie afin de parvenir à une utilisation efficace des ressources énergétiques, surtout en ce qui concerne l’industrie du tourisme. Pour sa part, le représentant de la Côte d’Ivoire s’est interrogé sur les carburants de substitution souhaitant savoir si l’expérience des Îles Marshall, quant aux véhicules fonctionnant à l’huile de coco, pouvait être importée dans des pays plus peuplés. En réponse, Mme Myazoe et M. Wichman ont affirmé que cette huile pouvait être produite pour un grand nombre de personnes et nécessitait peu d’adaptation des moteurs si elle est utilisée comme carburant.
Soulignant les spécificités des PEID, les représentants de la Suisse et de l’Inde ont estimé que les modèles de développement durable devaient être adaptés à ces besoins. Ils ont tous deux également fait part du soutien et des mesures qu’ils entreprenaient respectivement pour aider ces pays. Enfin, les représentants du Guatemala et des Îles Marshall ont quant à eux insisté sur l’importance de l’action locale, celui des Îles Marshall rappelant toutefois que des ressources extérieures étaient nécessaires pour entreprendre ces activités.
Thème: La pollution atmosphérique et l’adaptation aux changements climatiques
M. LESLIE WALLING, Directeur exécutif de l’Association de conservation des Caraïbes, a présenté les initiatives prises aux Caraïbes pour se préparer aux changements climatiques anticipés. Il ne faut pas attendre demain pour se préparer à ces changements, a-t-il insisté. Il a rappelé que, dans la région, on s’attendait notamment à une augmentation de la température ainsi que du niveau de la mer et à des pluies et des ouragans plus intenses. Il a fait part des mesures adoptées par les pays de la région pour mieux faire face à ces conséquences des changements climatiques. Il a toutefois souligné qu’un des principaux défis de l’avenir était le développement de scénarios régionaux crédibles. Enfin, il a regretté qu’il soit très difficile d’atteindre les communautés locales et d’augmenter leurs capacités en ce qui concerne la réponse à apporter aux changements climatiques. Nous devons nous attacher à ce que les initiatives proposées soient accueillies favorablement par ces populations, a-t-il estimé.
M. ALBERT BINGER, ancien Président de la planification stratégique de la Fondation Rockefeller, a déclaré que les changements climatiques étaient liés à l’énergie. Il faut avant tout trouver une source durable d’énergie pour régler ces problèmes, a-t-il affirmé. Ce ne sera, a-t-il estimé, que grâce à une énergie durable qu’on pourrait s’attaquer aux problèmes de changements climatiques dans les PEID. Il a estimé que les problèmes économiques des PEID les amenaient souvent à mal gérer les ressources et même à augmenter la détérioration de certaines ressources. Il a cité en exemple l’agriculture qui cause souvent une érosion des sols et une mauvaise gestion de l’eau. Par ailleurs, il a insisté sur les biocarburants comme la canne à sucre ou l’huile de noix de coco, affirmant que si 10 à 15% des terres des Caraïbes, par exemple, étaient consacrées à leur culture, cela suffirait à satisfaire 50% des besoins énergétiques des pays. Cette solution, a-t-il poursuivi, contribuerait à ce que les pays dépendent moins des importations de pétrole et de libérer des ressources pour alimenter le développement durable du pays. M. Binger a aussi estimé que le paradigme de développement des PEID devait être plus durable et les questions énergétiques devaient être mieux intégrées tout en tenant compte des synergies qui existent entre les différents éléments de ce secteur.
Intervenant à son tour, le représentant de la Grèce a affirmé qu’en tant que pays possédant plusieurs îles et donc confronté à certains problèmes similaires, sa délégation était prête à échanger des meilleures pratiques avec les PEID. Il a également suggéré la création d’un mécanisme qui fasse correspondre l’offre et la demande dans le domaine: d’une part, les besoins des PEID, et de l’autre, l’assistance offerte par les États. On pourrait ainsi aider ces pays à surmonter les obstacles rencontrés jusqu’à présent, a-t-il estimé.
Pour leur part, les représentants de la Papouasie-Nouvelle-Guinée et de Tuvalu ont regretté le manque d’engagement fort des pays en développement envers les PEID à l’issue de cette journée. Le premier a ainsi encouragé les pays développés à fournir des ressources à ces pays alors que le deuxième a ajouté que les pays responsables de ces transformations environnementales sont tenus de verser ces fonds. Poursuivant sur la question du financement, le représentant de la République dominicaine a affirmé que la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) demandait des fonds supplémentaires ainsi qu’un échelonnement de ces fonds. Selon lui, étant donné leur situation énergétique, les petits États insulaires en développement n’arriveront pas à mettre en œuvre les OMD.
Enfin, le représentant de l’Inde a insisté sur l’importance pour les PEID d’avoir accès aux marchés. C’est notamment par ce moyen que ces États pourront se développer et faire face aux défis de l’énergie et des changements climatiques. Le représentant du Cap-Vert a quant à lui déclaré que la communauté internationale devrait aider les PEID à mettre en œuvre la Stratégie de Maurice. Il a aussi souligné que tout pays devra prendre des mesures pour réduire la pollution atmosphérique. C’est dans ce sens que le Gouvernement du Cap-vert, a-t-il expliqué, n’autorise que la circulation de taxis en état neuf.
* *** *
À l’intention des organes d’information • Document non officiel