COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT DURABLE: LA COOPÉRATION EST INDISPENSABLE À LA PROMOTION DES ÉNERGIES RENOUVELABLES
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Commission du développement durable
Quatorzième session
6e et 7e séances – matin & après-midi
COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT DURABLE: LA COOPÉRATION EST INDISPENSABLE À LA PROMOTION DES ÉNERGIES RENOUVELABLES
La flambée des cours du pétrole et la dépendance des pays à l’égard des combustibles fossiles rendent indispensable l’utilisation croissante des énergies renouvelables, seul moyen de réaliser un développement durable. Telle est la conclusion à laquelle sont parvenus aujourd’hui délégations, experts et représentants d’organisations non gouvernementales à la Commission du développement durable. Pour la troisième journée consécutive, la Commission a organisé de nouvelles tables rondes.
Un débat thématique a tout d’abord permis de réfléchir aux moyens de satisfaire les besoins grandissants en matière de services énergétiques grâce à la consommation d’énergies renouvelables et aux technologies de pointe appropriées. Dans ce cadre, un des experts a fait valoir le faible coût des sources d’énergies renouvelables, solaires ou éoliennes, qui représentent également une alternative fiable par rapport aux énergies fossiles, mais aussi nucléaires. Requérant cependant un minimum d’investissements, elles présenteraient des solutions gagnantes tant sur les plans écologique qu’économique.
À cette fin, toutefois, il ne suffit pas de renforcer les capacités et les infrastructures locales ou d’adopter des politiques nationales adéquates, a estimé une experte du Brésil. Il faut aussi encourager les partenariats entre pays, en particulier dans le cadre de la coopération Sud-Sud. Les pays de cette région bénéficient d’un atout majeur sur le monde industrialisé: une biomasse particulièrement riche, qui se prête au développement des énergies renouvelables. La plupart du temps en développement, ces pays nécessitent cependant l’assistance des pays développés par le biais des transferts de technologies de pointe et d’aides au financement.
Un débat régional a ainsi permis d’évoquer ce matin l’expérience des pays d’Amérique latine et des Caraïbes. L’une des participantes a déclaré que la plupart du temps, les solutions aux problèmes environnementaux étaient de nature économique et sociale. Or, en dépit d’initiatives concluantes, comme celles lancées par le Brésil en matière d’électrification des zones rurales (« Lumière pour tous ») et de l’utilisation massive de l’éthanol dans les transports urbains, le secteur des petites et moyennes entreprises (PME) n’a pas toujours été en mesure de relayer ces efforts. Plusieurs projets soutenus par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) visent donc à renforcer l’efficacité énergétique de ces PME en réduisant les coûts de mise en œuvre.
La même volonté de créer des synergies entre acteurs aux niveaux local, national et international, et d’harmoniser les cadres politiques existant d’un pays à l’autre, a prévalu lors du dialogue multipartite qui s’est tenu ce matin à la suite du débat régional. La plupart des intervenants ont également souligné la nécessité d’élaborer des normes qui prennent en compte la question de l’égalité des sexes dans les projets et les politiques énergétiques.
Enfin, dans le cadre d’une autre table ronde, plusieurs experts ont formulé des propositions concrètes pour lutter contre la pollution de l’air et les problèmes atmosphériques, notamment par le réaménagement des réseaux urbains en faveur des piétons et des cyclistes, l’application de droits de péage aux voitures de particuliers dans les grandes villes, et la promotion d’un changement des mentalités et des pratiques des individus.
La Commission du développement durable reprendra ses travaux demain, jeudi 4 mai, à 10 heures.
MODULE THÉMATIQUE DU CYCLE D’APPLICATION 2006/2007
- L’énergie au service du développement durable
- Développement industriel
- Pollution atmosphérique/atmosphère
- Changements climatiques
Débat thématique: « Satisfaire les besoins grandissants en matière de services énergétiques grâce à la consommation accrue d’énergie renouvelable et l’utilisation plus large des technologies énergétiques de pointe, notamment des technologies propres faisant appel aux carburants fossiles »
Comment accroître le rôle des énergies renouvelables? Est-ce que des règles du jeu permettant aux nouvelles technologies d’énergies renouvelables d’être compétitives peuvent être établies? Autour de ces questions, et d’autres encore, experts et représentants d’États Membres ont poursuivi leur réflexion sur l’utilisation de l’énergie renouvelable comme moyen d’éliminer la pauvreté et favoriser le développement. Constatant des progrès, mais aussi des retards, la plupart des intervenants ont mis l’accent sur la nécessité de développer les énergies renouvelables.
La crise de l’énergie fossile, plus précisément la flambée des cours du pétrole, souligne la nécessité d’envisager d’autres sources d’énergie, a assuré M. JUERGEN TRITTIN, membre du Bundestag, où il est également Vice-Président du groupe du Parti Vert. Selon lui, les sources d’énergie renouvelable sont bon marché, sûres et en forte concurrence avec les énergies fossiles ou nucléaires. Tout invite donc au développement des énergies renouvelables, d’autant que, a-t-il poursuivi, les combustibles fossiles augmentent le réchauffement mondial, et, si le risque nucléaire n’a pas changé depuis la catastrophe de Tchernobyl, d’autres se sont accrus, comme les menaces terroristes. L’option nucléaire n’est pas réaliste, surtout pour les populations rurales et isolées, a ajouté cet expert. Les énergies renouvelables, a-t-il expliqué, contribuent à éliminer la pauvreté, à créer des emplois, à assurer la sécurité d’approvisionnement, à lutter contre le réchauffement de la planète, à contribuer à la justice, à la sécurité et à la paix mondiales. Même credo de la part de M. HIROSHI KOMIYAMA, Président de l’Université de Tokyo, lequel a souhaité que le XXIe siècle soit le siècle de la technologie et des réformes totales dans le domaine des énergies renouvelables. Rien ne peut venir d’un surcroît de pessimisme, a-t-il déclaré, constatant un certain manque de volonté ambiant.
Si, comme l’a souligné le représentant de l’Arabie saoudite, la demande en énergie augmente considérablement, les énergies renouvelables offrent des solutions gagnantes en matière d’économie et d’environnement, a observé son collègue japonais. Il a indiqué ainsi, comme plusieurs de ses homologues, que son pays assurait la promotion des énergies renouvelables, citant les énergies solaire et éolienne ou la biomasse.
M. SUANI TEIXEIRA COELHO, du Secrétariat d’État à l’environnement de l’État de Sao Paulo, au Brésil, a célébré, pour sa part, les mérites de la biomasse, laquelle, a-t-elle précisé, permet d’utiliser les déchets agricoles. Elle a évoqué un vaste programme au Brésil visant à améliorer l’accès à l’énergie des villages éloignés, programme fondé sur l’utilisation des technologies d’énergie renouvelable. Il faut essayer de partager les expériences entre pays en développement et tenter de perfectionner ces technologies, a-t-elle expliqué. La biomasse est une bénédiction pour les pays en développement, car ils en sont riches et ont la possibilité de l’utiliser de façon nouvelle, a observé, ensuite, son représentant. La technologie existe, est viable et bon marché, a ajouté le délégué, estimant possible une coopération Sud-Sud, mais souhaitant qu’elle s’accompagne de l’assistance des pays riches afin de faciliter le transfert de technologies. Il est indispensable de faciliter un contexte dans lequel le transfert des connaissances puisse se produire en direction des pays en développement, a ainsi, comme d’autres, proposé le délégué de l’Italie.
Quelle que soit leur position, les pays devraient avoir un portefeuille énergétique plus important et plus efficace, a déclaré, pour sa part, au nom de l’Union européenne, la représentante de l’Autriche. Il faut s’efforcer d’être moins dépendants des combustibles fossiles, a-t-elle dit, précisant que l’Union européenne avait enregistré certains succès dans cette démarche, avec un potentiel d’économie de 20% d’ici à 2020. De nombreux pays, comme la Chine, le Pakistan ou la Thaïlande, ont également témoigné de leur expérience dans le domaine des énergies renouvelables. Le représentant des États-Unis a lui-même souhaité que le potentiel des énergies renouvelables soit pris en compte pour satisfaire les besoins. Les opportunités existent, a-t-il dit, et les États-Unis continuent de prêter leur assistance afin que le marché puisse se mettre au service des énergies renouvelables. Ils comptent pour cela sur l’appui d’autres partenaires.
Un expert kényen, M. DANIEL THEURI, a déploré, de son côté, la mise en œuvre de mauvais plans en matière d’énergie, ainsi que l’absence de capacités publiques pour utiliser les infrastructures, les ressources et élaborer des politiques et des projets. Il faut, a-t-il assuré, renforcer les capacités locales, insérer dans les plans les nouvelles technologies d’énergies renouvelables, encourager leur plus grande utilisation et choisir des marchés particuliers.
Lors du débat qui s’est poursuivi dans l’après-midi, les intervenants ont de nouveau constaté que si le monde devait continuer, au moins pour un certain temps, à demeurer dépendant des sources traditionnelles d’énergie, comme les combustibles fossiles, le développement des énergies renouvelables, telles que les énergies solaire, hydraulique, éolienne ou géothermique, devait être favorisé, en particulier à la lumière de l’augmentation des prix du cours du pétrole.
Le siècle dernier a été le siècle du combustible fossile, et ce siècle sera aussi celui du combustible fossile, a assuré M. HISHAM AL-KHATIB, Président de la Commission de réglementation de l’électricité jordanienne, et Vice-Président d’honneur du Conseil mondial de l’énergie. Les combustibles fossiles ont été abondants et moins chers que les sources d’énergies renouvelables, a-t-il ajouté, notant que les alternatives se sont avérées non commercialisables et inefficaces, les rendant plus onéreuses. Selon lui, les efforts, à l’avenir, ne devraient pas être concentrés sur la seule promotion des nouvelles formes d’énergies renouvelables. Il faut s’efforcer également, a-t-il dit, de promouvoir des énergies déjà disponibles plus propres et plus efficaces.
Les transports représentant 60% de l’utilisation mondiale du pétrole, il est à craindre que les émissions de dioxyde de carbone continuent de croître, à la fois dans les pays développés et les pays en développement, a estimé M. ROBERT DIXON, Chef de la Division de la politique de l’énergie de l’Agence internationale de l’énergie en France. Selon lui, il existe des opportunités techniques de capture et de séquestration du carbone. Des percées ont été en outre effectuées dans le domaine de la technologie nucléaire, s’est-il félicité.
M. VINCENT KITIO, du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), s’est montré sceptique sur les chances de voir se réduire les émissions de dioxyde de carbone, en raison du phénomène d’expansion des villes, qui abritent aujourd’hui la moitié de l’humanité. Les préoccupations liées aux économies d’énergie et à la qualité de l’air ne sont pas prioritaires dans les agendas politiques de nombreux gouvernements, a-t-il regretté, citant également le manque d’information et de sensibilisation, les contraintes financières, la pénurie de ressources humaines qualifiées et d’institutions de recherche spécialisées.
Le représentant de l’Inde a affirmé que les combustibles fossiles et les combustibles traditionnels devraient permettre de disposer d’énergies propres et accessibles à tout le monde. À l’instar de son homologue de l’Islande, il a mis l’accent sur l’importance d’avoir un mélange propre de plusieurs sources combustibles, le taux des énergies renouvelables devant être accru.
La représentante de l’Australie a insisté sur les effets positifs des partenariats, impliquant notamment les gouvernements, la recherche et l’industrie. Selon elle, les technologies plus propres sont aussi les plus coûteuses. Des décisions devront donc être prises par toutes les parties afin de déterminer les énergies qui sont viables ou non. Il faut, a-t-elle dit, un mélange des technologies, de même qu’une bonne gouvernance. Elle a enfin plaidé en faveur de mécanismes financiers innovants permettant d’apporter ces technologies commercialement viables vers le marché.
Pour les Îles Marshall, petit État insulaire en développement, et qui cherchent à réduire leur dépendance à l’égard des combustibles fossiles, l’accès à des énergies renouvelables abordables est indispensable. Leur représentante a affirmé que les difficultés à obtenir des ressources financières entravaient les progrès de développement de ces sources d’énergie. Les Îles Marshall, a-t-elle dit, ont besoin de bénéficier d’une plus grande coopération internationale afin d’obtenir un savoir-faire, des technologies et une meilleure formation. Pour sa collègue du Maroc, des mécanismes de financement adéquats doivent être mis en place pour permettre aux pays en développement d’acquérir des sources d’énergie renouvelables à moindre coût.
Débat régional sur l’Amérique latine et les Caraïbes
S’appuyant sur les conclusions de la réunion régionale de suivi du Plan de mise en œuvre du Sommet mondial pour le développement durable, experts, représentants d’États Membres, d’ONG, et de groupes régionaux, ont examiné ce matin la situation en Amérique latine et dans les Caraïbes. Ils ont tout particulièrement mis l’accent sur la nécessité de reconvertir le secteur énergétique en direction des énergies renouvelables.
Intervenant dans le cadre de ce débat, Mme MARIANNE SCHAPER, Directrice adjointe de la Division du développement durable et des établissements humains de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a déclaré que les solutions à apporter aux problèmes environnementaux étaient souvent de nature économique et sociale, qu’il s’agisse du transfert de technologies, de l’éducation ou de programmes d’élimination de la pauvreté. Elle a ensuite indiqué qu’en matière de consommation d’énergie, la région Amérique latine-Caraïbes dépendait en grande partie des combustibles fossiles pour ses besoins énergétiques et sa croissance économique. Évoquant la question du développement industriel, l’experte a indiqué que le continent latino-américain s’était appuyé sur l’exploitation et la mise en valeur de ses ressources naturelles pour parvenir à la mise en œuvre d’activités qui permettent ensuite une distribution plus équitable de revenu. Toutefois, le secteur des petites et moyennes entreprises (PME) n’a pas pu utiliser les outils à sa disposition, le plus souvent parce que les transports et les politiques gouvernementales n’ont pas su appuyer ses activités. « Il faudrait encourager ces entreprises à adopter des technologies propres, comme c’est actuellement le cas dans notre pays », a souligné la représentante de la Colombie.
Mme LEIDA MERCADO, Conseillère régionale du Bureau régional du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en Amérique latine et dans les Caraïbes, a insisté pour sa part sur le lien qui existe entre la fourniture de services énergétiques durables, la réduction de la pollution atmosphérique et la promotion du développement durable. La fourniture de ce genre de services et l’identification de sources de financement adéquates, permettraient, selon elle, de réduire les inégalités sociales, y compris celles qui existent entre hommes et femmes. De ce point de vue l’Initiative brésilienne « Lumière pour tous » a abouti à des résultats concluants, comme l’a évoqué le représentant du Brésil, qui a annoncé l’objectif du gouvernement de son pays d’en électrifier tout le territoire, a dit Mme Mercado. Abordant la question de la sécurité énergétique, la spécialiste a fait état d’un projet régional d’efficacité énergétique mis en œuvre dans sept pays d’Amérique centrale en vue de promouvoir l’efficacité énergétique au sein des PME. Plusieurs projets en cours du PNUD portent sur la réduction des coûts de mise en œuvre, notamment dans le domaine des transports, a-t-elle indiqué. Favorable à la promotion de la coopération Sud-Sud, elle a annoncé que la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) et le PNUD avaient l’intention de renforcer leurs travaux interinstitutionnels en prenant des mesures pour faciliter le dialogue qu’ils mènent avec les autorités dans les domaines fiscaux et énergétiques.
À l’origine d’une initiative en faveur de la propreté de l’air en Amérique latine et dans les Caraïbes, M. SERGIO SANCHEZ, Ingénieur et Responsable régional à la Banque mondiale, a rappelé qu’à la fin des années 1980, un programme avait été lancé pour améliorer la qualité de l’air dans la vallée de la ville de Mexico. Le résultat de cette expérience a montré l’importance de conjuguer les efforts interinstitutions réunissant les gouvernements, le secteur privé, les ONG et les universités, a-t-il indiqué. C’est pourquoi la Banque mondiale a décidé de revitaliser cette initiative en l’étendant à d’autres villes du sous-continent latino-américain et caribéen, où plus de 150 d’entre elles ont une population de plus de 350 000 habitants, ce qui crée des problèmes de pollution atmosphérique.
Représentantes de pays où l’industrie touristique joue un rôle important, la plupart des délégations qui sont intervenues ont insisté sur la nécessité pour leurs pays de s’assurer une sécurité énergétique en favorisant notamment le développement et le recours aux énergies renouvelables. Le représentant de l’Argentine a ainsi évoqué l’expérience acquise par son pays dans l’utilisation des éoliennes, dont l’Argentine compte poursuivre la promotion à raison d’investissements d’un montant de 200 à 250 millions de dollars par an. Pour sa part le représentant du Brésil a fait état de la banalisation dans son pays de l’emploi de l’éthanol dans la consommation énergétique des véhicules automobiles, en particulier en ce qui concerne le fonctionnement des transports en commun.
Dialogue multipartite sur le rôle des grands groupes en lien avec le module thématique, notamment dans le domaine éducatif; sensibiliser l’opinion publique; diffuser l’information et les connaissances, notamment le savoir-faire technique; et privilégier les initiatives de partenariat
Un dialogue interactif a été ouvert après la tenue de la discussion consacrée à la région d’Amérique latine et des Caraïbes. Au cours du dialogue interactif, les différentes parties prenantes: délégations, et représentants d’ONG, se sont exprimées sur les trois thèmes suivants: changement climatique et pollution atmosphérique; énergie au service le développement durable; et développement industriel.
S’agissant du premier point, plusieurs intervenants, notamment les représentants des autorités locales et des agriculteurs se sont accordés à reconnaître que pour lutter contre les effets du réchauffement climatique impliquait, au-delà des politiques nationales, qu’il faille mettre en place des partenariats à tous les niveaux et harmoniser les cadres politiques qui existent d’un pays à l’autre.
Indiquant que le New York Times avait identifié, ce matin même, la question de l’énergie au service du développement durable comme le défi le plus urgent à relever à l’avenir, la représentante du monde des affaires et de l’industrie a encouragé la communauté internationale à innover et à investir sur cette question, tout en tenant compte des contraintes liées à la croissance économique. Toutefois, les acteurs sont suffisamment nombreux pour que nous puissions trouver des compromis et nouer des partenariats responsables, a-t-elle estimé. Soutenue par de nombreuses délégations, la représentante des groupes de femmess’est pour sa part félicitée de la décision de certains gouvernements d’élaborer des politiques tenant compte des questions liées à l’égalité des sexes dans les projets et les politiques énergétiques et dans les processus de planification.
Enfin, la plupart des participants ont estimé qu’il était nécessaire de favoriser les processus de prises de décision multipartites, en tenant compte de l’impact social et environnemental des processus de développement industriel.
Table ronde consacrée au renforcement de l’efficacité énergétique pour lutter contre la pollution de l’air et les problèmes atmosphériques, combattre les changements climatiques et promouvoir le développement industriel
Plusieurs spécialistes ont fait part de leurs expériences sur le sujet de l’efficacité énergétique dans le domaine des transports en particulier.
Dr DIEGO ARJONA, Secrétaire exécutif de la Commission nationale mexicaine pour la conservation de l’énergie (CONAE), a insisté sur les conséquences de la conduite, et en particulier de la vitesse, sur l’efficacité énergétique. Il a également rappelé que des pneus automobiles correctement gonflés permettaient d’économiser l’énergie. Il a par ailleurs étendu cette réflexion aux économies qui pourraient être faites dans les bâtiments si on y installait des équipements adéquats, en estimant qu’il fallait travailler plus étroitement avec les entreprises de construction et les occupants des immeubles et autres édifices pour obtenir de meilleurs résultats en matière d’économie d’énergie. Les économies ainsi réalisées permettraient de financer les investissements et de développer de nouveaux programmes, a-t-il estimé.
M. WALTER HOOK, Directeur exécutif de l’Institut pour une politique de transport et de développement (ITDP), a affirmé que tout moyen de transport dont l’être humain est la force motrice, était le plus efficace. Il faut reprendre l’habitude de la marche, a-t-il rappelé, en appelant à améliorer notamment les rues et les trottoirs dans les pays en voie de développement. À cet égard, il a rappelé que les rickshaws non motorisés, en Inde par exemple, constituent des moyens de transport non polluants et qui permettent en outre de créer des emplois. Il a également évoqué l’importance de concilier transport public et transport individuel par la marche ou l’usage de la bicyclette. La voiture individuelle est la pire solution aux problèmes de transports, a-t-il déclaré, en appelant à créer des taxes de transport, comme celle qui existe à Londres, au Royaume-Uni. L’ignorance et la lâcheté politique sont les principaux obstacles à l’amélioration de l’efficacité énergétique, a-t-il conclu, en évoquant les erreurs grossières faites par des gouvernements en matière de politique de transport.
Au cours du débat interactif qui s’est engagé après les interventions de ces deux panélistes, le Vice-Ministre de l’environnement de l’Indonésie a indiqué que son pays, afin de contrer l’augmentation du prix du pétrole, allait encourager l’utilisation du gaz et du charbon propre, et lancer des programmes de reboisement dans certaines zones critiques. Des bus fonctionneront également au gaz, a-t-il annoncé, rappelant que le problème en matière de politique énergétique restait celui du financement. Le représentant de Maurice a rappelé que dans son pays, les transports concentraient 48% des besoins énergétiques, et a insisté lui aussi sur la difficulté, pour un petit Etat insulaire en développement, de financer les mesures visant à réduire la consommation d’énergie. La représentante de la Thaïlande a, quant à elle, indiqué que le secteur des transports du pays en utilisait 86% de l’énergie. « Nous voulons appliquer des normes de performance énergétiques minimales », a-t-elle souligné, en rappelant la difficulté de changer les habitudes des particuliers, surtout dans les grandes zones urbaines. Le représentant du Sénégal a rappelé que les pays en voie de développement ne disposaient pas forcément de l’espace nécessaire sur les trottoirs urbains pour y promouvoir la marche ou le vélo, et a insisté sur les problèmes que rencontrent ces pays pour appliquer leurs politiques.
La représentante des États-Unis a affirmé que les normes d’étiquetage représentaient un investissement utile en matière d’efficacité énergétique, et a souligné la nécessité d’informer et d’attirer l’attention des consommateurs sur le sujet. Le représentant du Panama a insisté sur la nécessité d’intensifier la plantation d’arbres afin d’absorber le CO2, affirmant que chacun avait des responsabilités différentes en matière de lutte contre les changements climatiques. Il a notamment rappelé que l’Amérique centrale utilisait désormais plus de bois qu’avant, avec l’augmentation du prix du pétrole. Beaucoup de pays se trouvent dans un cercle vicieux de la pauvreté, a-t-il souligné, ce qui ne leur permet pas de développer des programmes durables d’amélioration énergétique.
Le représentant duJapon a insisté sur l’importance d’un dialogue avec l’industrie et le marché pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre, et a indiqué que son pays avait mis en place une taxe verte à destination des constructeurs automobiles. De son côté, le représentant de la Suisse a rappelé que les recettes d’une taxe équivalente imposée sur les poids lourds en Suisse avaient permis d’investir dans des équipements visant à transférer une partie du transport routier vers le ferroutage.
Le représentant des organisations syndicales a déclaré que les travailleurs, notamment les conducteurs de taxis, étaient les principales victimes de la pollution de l’air, et a estimé que la lutte contre la pollution permettrait en outre de créer des emplois. La représentante du Royaume-Uni a indiqué que son pays entendait réduire de 60% ses émissions de gaz à effet de serre, en rappelant que toute la chaîne d’approvisionnement devait être concernée par les programmes d’économie et d’amélioration de l’efficacité énergétique. « Il faut assurer la viabilité de ces programmes », a-t-elle souligné, en souhaitant un suivi international robuste en la matière. Le représentant du Brésil a insisté sur la nécessité d’analyser les flux, et le trafic routier et humain, qui découlent de l’aménagement urbain, et d’évaluer la mobilité dans son ensemble. « La concentration urbaine crée plus de nécessité de transport », a déclaré la représentante du groupe des femmes, qui a estimé que certains services, comme les écoles ou les hôpitaux, désertaient les zones rurales, ce qui ne favorisait pas les économies en matière de transport et d’efficacité énergétique.
Poursuivant les débats de la table ronde, M. FRANCOIS-RÉGIS MOUTON, Conseiller de la Division pétrole et gaz à la Banque mondiale, a rappelé la nécessité de réduire la quantité de gaz torché à travers le monde, un phénomène que l’on observe essentiellement dans une dizaine de pays, dont la Fédération de Russie et le Nigéria, où cette procédure a atteint d’énormes proportions. Cette pratique entraîne des rejets de gaz très importants dans l’atmosphère, a déclaré M. Mouton, en indiquant que les principales barrières qui se posent à la lutte contre ce phénomène sont l’estimation difficile des volumes effectivement torchés et la différence qui existe dans le savoir-faire entre compagnies pétrolières privées et nationales. Il existe aussi des obstacles en matière de coopération transnationale, a-t-il poursuivi, évoquant un exemple d’action de coordination réussie qui existe en ce moment entre trois pays exploitant leurs ressources dans le golfe de Guinée.
Mme MARIA ELENA SIERRA, Directrice de l’énergie et du Développement au Ministère de l’énergie du Mexique, a souligné qu’il était dans l’intérêt de chaque pays de développer des stratégies nationales en matière de choix énergétique, mais qu’il existait une nécessité de promouvoir une coopération internationale beaucoup plus grande en la matière. Concernant les nouveautés dans le domaine des technologies énergétiques, moins de barrières s’y opposent aujourd’hui dans les pays en voie de développement, a-t-elle estimé, appelant à mieux sensibiliser le public à ces sujets. Par une meilleure information sur le sujet de la part des politiques, les risques politiques des choix faits en matière de réduction et d’amélioration des technologies énergétiques pourraient être réduits, a-t-elle conclu.
Lors du débat interactif qui a suivi, le représentant du Pakistan a rappelé que dans les pays en développement, la principale barrière en matière de choix énergétique restait l’insuffisance de ressources financières. La représentante de l’Afrique du Sud a estimé également que le coût élevé des produits permettant d’atteindre l’efficacité énergétique constituait l’un des principaux obstacles en matière de choix énergétique. Il est nécessaire de développer les partenariats technologiques à la fois Nord-Sud et Sud-Sud, a-t-elle poursuivi, en insistant sur la nécessité de mieux informer le public et les consommateurs en particulier, notamment à travers des campagnes d’étiquetage. Concernant le problème de la fuite des cerveaux, qui constitue également un obstacle pour les pays en voie de développement, la représentante de la Finlande a indiqué que son pays allait organiser une conférence internationale afin de favoriser le transfert de connaissance en matière d’énergie.
« Le transfert des techniques, notamment des technologies propres, est extrêmement coûteux », a rappelé le représentant du Yémen, insistant sur les obstacles culturels et sur le fossé financier qui existe entre le coût des technologies et les capacités économiques limitées des populations des pays en développement, en particulier les plus pauvres. À cet égard, il s’est prononcé en faveur d’un soutien financier international. Le représentant de l’Arabie saouditea estimé que le problème était de transformer les énergies fossiles en énergie propre. L’obstacle majeur à ce genre de technologie est leur coût, a-t-il à son tour affirmé. La représentante de l’industrie du pétrole et de la conservation d’énergie a indiqué que l’élimination progressive du plomb dans les combustibles entraînait des besoins plus importants en fuel, mais que le niveau général de consommation avait été réduit. Elle a en outre insisté sur la nécessité de l’harmonisation régionale des normes dans le domaine des combustibles.
Le représentant des ONG a estimé que l’une des contraintes existantes à l’efficacité énergétique restait le manque d’implication du public. Il a appelé une réflexion renouvelée sur le sujet, et s’est en outre prononcé en faveur de la mise en place d’une matrice de solutions inspirées des différentes réussites remportées dans ce domaine, et qui pourraient être transposées ailleurs. La représentante de l’Australie a estimé que la solution clef était de développer les partenariats public-privé et la coopération internationale, et a évoqué les actions que mène son pays avec ses voisins, qui sont des pays en développement du Pacifique.
Le représentant de la Norvège a, de son côté, indiqué qu’en mettant en place un impôt sur le gaz brûlé sur les torchères, des solutions de remplacement avaient été trouvées. Il s’est prononcé pour la mise en place de taxes sur tous les moyens de transport, routier, aérien et maritime, afin de financer des programmes d’économie d’énergie. Il a notamment évoqué la taxe pour les automobilistes imposée à l’entrée de la capitale norvégienne, Oslo, ainsi que la taxe sur les billets d’avion lancée par la France, à laquelle la Norvège s’est ralliée. Le représentant des Pays-Bas a pour sa part indiqué que, dans la perspective de l’année 2050, son pays mettait en place un programme d’action concertée entre le Gouvernement et l’industrie dans le secteur de l’énergie.
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