LA COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT DURABLE OUVRE SA SESSION ANNUELLE
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Commission du développement durable
Quatorzième session
2e et 3e séances – matin & après-midi
LA COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT DURABLE OUVRE SA SESSION ANNUELLE
Les délégations réfléchissent aux moyens de mettre en œuvre
le développement durable sans porter atteinte à l’environnement
La Commission du développement durable a débuté ce matin sa quatorzième session, dominée par son débat général, qui a été l’occasion pour les délégations d’examiner les progrès réalisés dans les domaines de l’énergie au service du développement durable, du développement industriel, de la pollution atmosphérique et des changements climatiques.
Le principal rapport* du Secrétaire général à l’ordre du jour examinait de manière conjointe ces quatre questions aussi complexes qu’interdépendanteS. L’adoption d’une approche intégrée pour relever les défis du développement durable peut servir à renforcer les synergies, à trouver des solutions avantageuses pour tous et à réduire la nécessité d’arbitrages éventuels, indique le Secrétaire général, relayé sur ce point par de nombreuses délégations. Toutefois, plusieurs autres se sont dites convaincues de la nécessité d’examiner chacune de ces questions séparément et de manière équilibrée, pour éviter que l’examen d’un point ne se fasse au détriment d’un autre.
Les petits pays insulaires et les pays en développement ont tout particulièrement fait entendre leur voix aujourd’hui, dans la mesure où ils sont les plus exposés aux effets du changement climatique, malgré leur faible industrialisation. S’exprimant au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), le représentant de Sainte-Lucie a ainsi jugé cruel et ironique que les pays qui contribuent le moins à l’émission des gaz à effet de serre soient les plus vulnérables aux dangers du changement climatique.
S’exprimant pour sa part au nom du Groupe des 77 et de la Chine, qui représente les pays les plus pauvres du monde, le représentant de l’Afrique du Sud a souligné la nécessité de trouver de nouveaux moyens de production et de consommation, de gérer et de protéger les ressources naturelles, à l’heure où 2,4 milliards de personnes dans le monde sont privées d’accès aux énergies modernes, notamment à l’électricité. L’accès à l’électricité en Afrique subsaharienne, par exemple, est le plus faible au monde, a rappelé le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, José Antonio Ocampo. De l’avis du représentant de l’Afrique du Sud, la communauté internationale ne devrait épargner aucun effort pour répondre aux besoins des pays en développement concernant les technologies appropriées, les ressources financières, l’éducation et la formation, le renforcement des capacités et la promotion des ressources humaines. La question de la coopération entre pays, notamment dans le domaine du transfert de technologies, a d’ailleurs été soulevée par de nombreux orateurs. Pour sa part, le représentant du Brésil a fait état de l’expérience concluante de son pays avec l’éthanol, désormais principal carburant des véhicules dans ce pays et connu pour réduire sensiblement la pollution atmosphérique.
Parallèlement à son débat général, la Commission du développement durable a tenu cet après-midi une table ronde intitulée « Amélioration de l’accès dans les zones urbaines et rurales du point de vue de l’utilisation finale de l’énergie », au cours de laquelle trois spécialistes ont présenté leurs expériences respectives: Roderick F. De Castro, Directeur de programme à la Fondation Mirant aux Philippines; Jyoti K. Parikh, Directrice exécutive de Recherche et Action intégrées pour le développement en Inde; et Olav Kjorven, Directeur de l’énergie et de l’environnement au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Les experts ont souligné à cette occasion que l’amélioration de l’acheminement des énergies modernes contribuait à la lutte contre la pauvreté. Ils ont attiré l’attention sur la dimension sexospécifique de cette question, dans la mesure où les femmes sont celles qui se déplacent le plus souvent pour aller chercher des combustibles solides tels que le bois ou le charbon, indispensables aux activités de base que sont la cuisine et le chauffage.
La Commission a entendu un certain nombre de délégations qui lui ont présenté les résultats des activités et des manifestations intersessions sur le suivi et la mise en œuvre du Programme Action 21 et des engagements pris à l’issue du Sommet mondial pour le développement durable, qui s’était tenu à Johannesburg (Afrique du Sud) en 2002.
Outre ceux déjà cités, les représentants des pays suivants ont pris la parole: Guyana (au nom du Groupe de Rio et de la Caricom), Cuba, Chine, Pays-Bas, Costa Rica, Canada, Qatar, Azerbaïdjan, Inde, Afrique du Sud, Autriche (au nom de l’Union européenne), Zambie, Fédération de Russie, Indonésie, République-Unie de Tanzanie, Islande, Jamaïque, Algérie, Costa Rica, Turquie, Australie, Canada, Japon, Koweït, Israël, Suisse, Afrique du Sud, Serbie-et-Monténégro, États-Unis, Pakistan, Italie, Mexique, Palaos, îles Salomon et Tuvalu.
En début de séance, la Commission du développement durable a élu M. Azanaw Tadesse Abreha (Éthiopie) au poste de Vice-Président. Celui-ci a remplacé ce matin le Président de la Commission, M. Aleksi Aleksishvili, Ministre des finances de la Géorgie, qui n’a pu assister au début des travaux en raison d’une urgence nationale.
La Commission du développement durable reprendra ses travaux demain, mardi 2 mai à 10 heures.
** E/CN.17/2006/3
ORGANISATION DES TRAVAUX
Commentaires sur l’ordre du jour et programme de travail
S’exprimant au nom du Président de la Commission du développement durable, le Vice-Président, M. AZANAW TADESSE ABREHA (Éthiopie), a déclaré que cette session donnait l’occasion d’examiner les progrès accomplis dans la mise en œuvre des Objectifs énoncés dans Action 21 et des décisions prises à la neuvième session et au Sommet de Johannesburg.
À cette fin, un certain nombre de séances interactives sont prévues au cours de la CDD-14 en vue d’étudier des questions aussi complexes qu’interdépendantes. Mettre l’énergie au service du développement est important, mais il faut également veiller à réduire la pollution atmosphérique, a fait observer le Vice-Président, pour qui il reste beaucoup à faire à cet égard. L’Agence internationale de l’énergie estime en effet que des investissements de quelques 550 milliards par an seront nécessaires jusqu’en 2030 pour satisfaire les besoins énergétiques du monde entier. Il est tout particulièrement nécessaire d’améliorer l’accès à des services énergétiques modernes pour 1,6 milliard de personnes privées d’électricité et pour les 2,4 milliards qui dépendent de la biomasse traditionnelle pour des activités de base comme la cuisine et le chauffage. En outre, des investissements dans les infrastructures peuvent également réduire les préoccupations en matière de sécurité qui ont été exprimées à la suite de la hausse des ressources énergétiques. S’agissant de la réduction des gaz à effet de serre, le Vice-Président a indiqué qu’elle pouvait être facilitée par l’emploi plus important d’énergies renouvelables, qui sont encore trop négligées.
Mme DONNETTE CRITCHLOW (Guyana), au nom du Groupe de Rio et de la CARICOM, a regretté que la résolution de la Commission sur l’organisation des travaux qui avait décidé que l’organisation de travaux pluriannuels tiendrait compte de toutes les questions identifiées dans le Programme d’action de Johannesburg et les traiterait sur un pied d’égalité, n’ait pas été réalisée. Le programme de travail actuel risque de compromettre l’application de cette résolution. L’équilibre entre les thèmes n’est pas satisfaisant et nous ne voulons pas que cela crée un précédent dans le futur.
M. YOBANY GÓMEZ GONZÁLEZ (Cuba) a lui aussi fait part de sa préoccupation quant à l’organisation des travaux et des modalités de présentation des rapports. Un seul rapport consolidé a été présenté sur les quatre thèmes abordés au lieu de rapports séparés pour chaque thème comme pour les années précédentes. Le Secrétariat ne nous a donné aucune raison satisfaisante. Nous souhaitons que cette situation ne se reproduise pas à l’avenir.
PRÉSENTATION DES RÉSULTATS DES ACTIVITÉS ET DES MANIFESTATION INTERSESSIONS
Déclarations
M. JOSE ANTONIO OCAMPO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a rappelé qu’au cours des deux dernières années, la Commission s’était penchée sur des points importants pour les collectivités tels que l’accès à l’électricité, à des systèmes sanitaires propres et à des logements décents, éléments indispensables pour éradiquer la pauvreté. Cependant, la consommation d’énergie contribue aussi à la pollution atmosphérique et aux changements climatiques; un développement durable implique donc une approche intégrée qui puisse concilier harmonieusement les deux. Soulignant l’importance d’éliminer le plomb et les substances qui appauvrissent la couche d’ozone, M. Ocampo a insisté sur la nécessité d’utiliser des énergies non polluantes. Ainsi, 2,4 milliards de personnes n’ont pas accès aujourd’hui à des services énergétiques modernes et recourent à des sources traditionnelles nocives pour elles-mêmes et pour leur environnement. L’accès à l’électricité en Afrique subsaharienne est par exemple le plus faible au monde. Il est donc nécessaire de diminuer les prix pour banaliser de tels services, tout en prenant en compte les besoins en matière de sécurité énergétique. Le Secrétaire général adjoint a donc appelé à renforcer les investissements dans les infrastructures énergétiques et favoriser la coopération.
Le défi est d’intégrer les aspects économiques et sociaux et les questions relatives aux changements climatiques dans les approches de développement des pays. Il faut tout particulièrement réduire les effets de l’émission des gaz à effet de serre. Les marchés doivent avoir un certain nombre d’incitations pour y contribuer et il est important de faciliter le transfert de technologies bon rendement énergétique. Ces solutions, ainsi que l’adaptation, sont les éléments essentiels à un développement durable, en particulier pour les pays en développement ou dans les petits États insulaires, a insisté le Secrétaire général adjoint. Rappelant le lien entre développement économique et industrialisation, qui reste prédominante dans de nombreux pays, M. Ocampo a estimé qu’il était possible de renverser la tendance. Il faut à cette fin envisager développement et respect de l’environnement de façon intégrée. L’industrialisation ne peut pas contribuer de façon durable au développement lorsqu’elle détériore la pollution atmosphérique, a conclu le Secrétaire général adjoint.
M. ZHANG YISHAN (Chine) a présenté les résultats du Colloque international sur l’hydro-électricité et le développement durable, qui s’est tenu du 27 au 29 octobre 2004, à Beijing, ainsi que la Conférence sur l’énergie renouvelable, qui a également eu lieu dans la capitale chinoise, du 7 au 8 novembre 2005. Celle-ci a adopté, a-t-il précisé, une Déclaration sur la promotion du développement durable. Selon le représentant, la Conférence sur l’hydro-électricité et le développement durable a estimé que l’hydroélectricité était une entreprise stratégique importante en matière de développement durable, de nature à aider les pays pauvres et à réduire les gaz à effet de serre. Il a été souligné, lors de cette Conférence, qu’en invitant à l’exploration de l’hydroélectricité, il convenait de tenir compte des effets environnementaux et de société. Les États ont été invités à investir dans le secteur de l’hydroélectricité, a-t-il ajouté.
Le représentant a ajouté que les participants à la Conférence sur l’énergie renouvelable ont été préoccupés par le fait que les pays en développement n’ont toujours pas de services modernes dans le domaine de l’énergie. Un appel a été lancé pour accroître les investissements en matière d’énergie renouvelable et accroître les capacités des pays en développement, a-t-il dit. Les conclusions et recommandations des deux conférences enrichiront les travaux de la Commission du développement durable, a-t-il conclu.
Évoquant les résultats de la Conférence internationale pour les énergies renouvelables, Mme VON ZITZEWITZ (Allemagne) a rappelé qu’une déclaration politique avait été adoptée par tous les participants, ainsi qu’une déclaration en faveur des énergies renouvelables et un plan d’action, qui permettra de réduire sensiblement la présence de CO2 dans l’atmosphère. Elle s’est ensuite félicitée des deux mesures de suivi que sont la création d’un réseau d’énergies renouvelables et le succès de la Conférence nationale de Beijing.
M. TON BOON VON OCHSEE (Pays-Bas) a fait rapport sur la Conférence sur l’énergie au service du développement, dont l’objectif était d’accélérer l’examen des questions de politiques dans le suivi du Sommet mondial sur le développement durable de Johannesburg. Il a observé qu’une crise sérieuse de l’énergie était en cours, qui nécessite le changement d’approches en matière d’énergies pour ne plus polluer l’atmosphère et venir en aide aux populations démunies. Plusieurs propositions ont été faites en ce sens, notamment concernant l’adoption d’une approche intégrée dans les politiques gouvernementales. Il a également souligné l’importance d’élargir l’accès aux services pour les pauvres, d’intégrer la prise en compte de l’environnement dans les initiatives de développement.
Mme CHENG SHUIFENG, Directrice générale au Ministère des affaires étrangères de la province de Jiangxi, en Chine, a présenté les résultats du Colloque des Nations Unies sur la mise en œuvre intégrée des objectifs du développement durable, qui s’est tenu à Nanchang, du 10 au 12 mai 2005. Cent trente-neuf participants ont assisté à ce Colloque, y compris des experts et des entrepreneurs, a-t-elle dit. La représentante a insisté sur les moyens techniques qui avaient été déployés pour assurer le bon déroulement de cette manifestation. Elle a également souligné que des mesures pratiques avaient été prises dans la province pour assurer le développement durable. La réunion a été organisée selon 12 séances thématiques, et les débats ont été fondés sur des études de cas. Ces débats ont traité des aspects sociaux, économiques et environnementaux du développement durable.
M. ULATE (Costa Rica) a présenté le Programme international d’experts sur la consommation et la production d’énergies durables. À cette occasion, différentes régions ont rendu publiques les mesures prises dans ce domaine comme notamment le dialogue de coopération entre les experts au niveau international. M. Ulate a souligné la nécessité de réduire la pauvreté tout en produisant des énergies au service du développement durable et de faciliter le transfert de technologies pour améliorer les modalités de production et de consommation durables.
Mme SHARON LEE SMITH, Directrice générale de la Direction internationale de l’environnement sur les changements climatiques (Canada), a présenté les résultats de la Réunion des Nations Unies sur les changements climatiques, qui s’est tenue à Montréal du 28 novembre au 9 décembre 2005. Plus de 8 500 personnes représentant 104 pays ont assisté à cette réunion, a-t-elle souligné. Au cours de celle-ci, deux processus ont été lancés, tandis que les participants ont progressé dans le domaine de l’adaptation à la Convention-cadre sur les changements climatiques. Les participants sont en outre tombés d’accord sur l’idée de créer un fonds d’affectation pour le Protocole de Kyoto, a-t-elle ajouté.
M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER (Qatar) a présenté les résultats du Symposium international sur le gaz naturel et le développement durable. Soulignant la nécessité d’instaurer l’égalité des chances pour tous les pays en matière d’accès à des énergies propres, il rappelé que 80% des énergies utilisées dans le monde étaient fossiles, énergies qui ont un impact négatif sur l’environnement. Ce Symposium a permis d’identifier le gaz naturel comme un élément susceptible de parvenir à atteindre les objectifs d’Action 21 et de souligner la qualité du gaz naturel, source d’énergie moins polluante, dont il est nécessaire d’améliorer le transport et l’accès dans tous les pays.
M. JAMAL SAGHIR, Directeur à la Banque mondiale pour l’énergie et l’eau, a présenté les résultats de la Semaine de l’énergie de la Banque mondiale, qui s’est tenue à Washington du 6 au 10 mars 2006. Cette réunion a accueilli plus de 1 000 participants, a-t-il précisé. Les prix de l’énergie sont volatiles et élevés, a-t-il souligné, notant que cette question n’occupait pas la place qu’elle méritait dans l’agenda du développement durable. En Afrique, il y a des opportunités et des défis, a-t-il dit, affirmant que l’Afrique rurale avait besoin de l’électricité pour assurer sa survie. Plus d’un siècle après l’invention de l’ampoule électrique, il faut réfléchir à cette ressource pour l’Afrique, a-t-il déclaré. Selon le représentant, l’Afrique a besoin que l’on se mobilise pour elle. Les participants ont par ailleurs beaucoup parlé de sécurité, celle-ci ayant plusieurs sens selon le lieu où l’on vit, et selon que l’on est producteur ou consommateur d’énergie. Le problème de la corruption a en outre été abordé, a-t-il poursuivi.
Présentant les conclusions du Symposium de Bakou sur le développement durable dans la région de la Mer caspienne, M. YASHAR ALIYEV représentant de Azerbaïdjan a déclaré qu’à cette occasion avait été examinée la nécessité d’améliorer les infrastructures énergétiques, de conclure des accords avec les industries et de promouvoir l’application de normes. Il a également souligné l’importance de faciliter l’accès à des énergies fossiles modernisées à des prix abordables. Enfin, le représentant a indiqué qu’avait été évoquée au cours de ce Symposium l’importance des transferts de technologies pour le gaz naturel, de même que les initiatives de transport du gaz et du pétrole, notamment par pipelines.
M. BEHURA (Inde) a présenté les résultats de l’Atelier international visant à renforcer la recherche et une meilleure compréhension sur les liens entre les changements climatiques et le développement durable, qui s’est tenu les 7 et 8 avril 2006, à New Delhi, et qui a servi de base aux travaux de la Commission du développement durable. Cet Atelier, a-t-il dit, a mis en lumière les liens entre les Objectifs du Millénaire pour le développement et tout ce qui a trait à l’énergie, la nécessité d’une implication de la communauté internationale, ainsi que de meilleures pratiques intégrant l’environnement et le développement durable, et de la promotion de la coopération en faveur du transfert et de la diffusion de technologies.
Évoquant les conclusions de la Conférence ministérielle africaine sur l’hydro-électricité et le développement durable, M. DUMISANI S. KUMALO (Afrique du Sud) a indiqué qu’une déclaration ministérielle avait été adoptée à cette occasion, dans laquelle les participants s’étaient engagés à améliorer l’hydroélectricité aux niveaux régionaux et sous-régionaux, mais aussi à promouvoir la lutte contre le changement climatique. Au cours de cette Conférence, diverses autres questions ont été examinées, comme la nécessité de faire coexister ce type d’énergie avec d’autres et de promouvoir le développement de projets.
MODULE THÉMATIQUE DU CYCLE D’APPLICATION 2006/2007
- L’énergie au service du développement durable
- Développement industriel
- Pollution atmosphérique/atmosphère
- Changements climatiques
Débat général
M. DUMISANI S. KUMALO (Afrique du Sud), qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a affirmé que le Groupe attachait une grande importance aux questions du développement durable. Les quatre thèmes retenus, l’énergie au service du développement durable, le développement industriel, la pollution atmosphérique et les changements climatiques, sont de toute première importance et couvrent les aspects politiques, économiques, sociaux et environnementaux, a-t-il ajouté. Selon le représentant, les discussions devraient porter sur les questions transversales identifiées pendant la onzième session de la Commission du développement durable (CDD-11). Il est clair que nous avons besoin de davantage d’appui de la part de la communauté internationale pour répondre aux objectifs du Programme Action 21 et du Sommet de Johannesburg, a-t-il dit.
Le représentant a également estimé que les partenaires en développement devraient tenir leurs promesses de fournir des ressources stables, prévisibles et adéquates. Le Groupe des 77 et de la Chine représente les pays les plus pauvres du monde, a-t-il dit, soulignant la nécessité de trouver la façon de changer les moyens de production et de consommation, de gérer et protéger les ressources naturelles, qui constituent la base du développement économique et social. Selon le représentant, la communauté internationale ne devrait épargner aucun effort pour répondre aux besoins des pays en développement concernant les technologies appropriées, les ressources financières, l’éducation et la formation, le renforcement des capacités et la promotion des ressources humaines. Le représentant a également mis l’accent sur la nécessité d’assurer l’autonomie des femmes et leur participation aux processus de prise de décisions.
S’exprimant au nom de l’Union européenne, Mme ELFRIEDE A. MORE (Autriche) s’est félicitée que le rapport du Secrétaire général mette en exergue les liens inhérents entre l’énergie au service du développement durable, le développement industriel, la pollution atmosphérique et les changements climatiques. L’Autriche a tout particulièrement mis l’accent sur les moyens de mettre en œuvre et les questions intersectorielles, notamment la promotion des modes de production et de consommation durables, ainsi que sur la responsabilité du secteur privé dans les domaines sociaux et environnementaux. De même, une approche intégrée sera essentielle pour surmonter des contraintes financières et réaliser un développement durable au niveau mondial, a-t-elle souligné. Des décisions politiques prises aujourd’hui auront demain des conséquences de très longue portée, a–t-elle prévenu. Dans l’année à venir, ces défis devront être examinés dans un esprit de dialogue avec les investisseurs, les Nations Unies et les institutions financières internationales. La représentante autrichienne a ensuite rappelé qu’en 2001, l’Union européenne avait adopté une approche globale et que la stratégie révisée en 2006 confirmera l’engagement de ses membres en faveur du développement durable. Ceux-ci ont également adopté un calendrier pour atteindre l’objectif de consacrer 0,7% de leur produit national brut à l’aide publique au développement, a précisé Mme More.
M. JULIAN HUNTE (Sainte-Lucie), qui s’exprimait au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a estimé que l’AOSIS a été très active dans les discussions liées à l’énergie et aux changements climatiques au sein du système des Nations Unies. Le représentant a jugé cruel et ironique que les pays qui contribuent le moins à l’émission des gaz à effet de serre soient les plus vulnérables aux changements climatiques. L’échec des pays à réduire les gaz à effet de serre signifie que la vulnérabilité des petits États insulaires en développement va s’accroître, a-t-il affirmé, lançant un appel à tous les pays, qui ne l’auraient pas encore fait, à ratifier et à mettre pleinement en œuvre le Protocole de Kyoto. Tous les États peuvent prendre des mesures urgentes au niveau national pour réduire les gaz à effet de serre, a-t-il dit.
Le représentant a également estimé qu’il convenait d’accorder une priorité urgente à l’appui aux petits États insulaires en développement dans le domaine du développement durable et dans la mise en œuvre de stratégies nationales d’action contre les changements climatiques. Selon lui, le Fonds pour le financement de la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique, devrait simplifier ses règles d’accession afin de tenir compte des particularités des petits États insulaires en développement.
M. TENS KAPOMA (Zambie), au nom du Groupe africain pour le mois de mai, a estimé que l’Afrique était le continent qui était confronté aux défis les plus importants en matière de développement durable. L’accès aux ressources énergétiques, le développement industriel, les changements climatiques et la pollution constituent des défis pour le développement durable. Et bien que le continent regorge de richesses, telles que le pétrole, le gaz et le charbon, il arrive en queue de tous les autres continents pour ce qui est de l’utilisation de ces ressources. En Afrique subsaharienne, l’accès à l’électricité est de 23% tandis que le processus d’évaluation régional a identifié d’autres défis spécifiques à l’Afrique à savoir un potentiel énergétique inexploité, un niveau faible d’investissement dans le secteur de l’énergie et le sous-développement des infrastructures.
Le représentant a estimé que le développement industriel qui a exigé des sources d’énergie de manière plus efficace est une condition préalable au développement durable. Les défis dans ce domaine portent sur des politiques environnementales faibles, un accès limité aux technologies, de faibles ressources financières et des niveaux bas de main d’œuvre qualifiée. De plus, les pays d’Afrique font face à d’autres défis en raison d’un environnement de plus en plus compétitif. La plupart des pays africains ont été dans l’incapacité de saisir les opportunités qu’offre la mondialisation. L’Afrique est également vulnérable à l’impact négatif des changements climatiques que sont les sécheresses et les inondations qui ont une incidence importante sur la sécurité alimentaire, compte tenu de la dépendance de l’Afrique vis-à-vis de l’agriculture. La pollution a aussi un impact considérable sur la santé des hommes et sur les écosystèmes.
S’exprimant au nom du Groupe de Rio, M. TROY TORRINGTON (Guyana) a déclaré que l’examen des points à l’ordre du jour devait se faire de manière équilibrée, soulignant que les rapports du Secrétaire général devaient fournir un exposé détaillé des progrès réalisés et des défis en suspens. Le représentant a demandé qu’à l’avenir, le Secrétaire général de l’ONU établisse un rapport pour chaque question spécifique et, au besoin, prépare un autre document sur les liens entre ces différentes questions. Il a indiqué que pour les pays d’Amérique latine et des Caraïbes, les trois questions prioritaires en matière de développement durable étaient d’ordre économique, social et environnemental.
M. NIKOLAY CHULVOV (Fédération de Russie) a déclaré que son gouvernement était pleinement engagé en faveur de la mise en œuvre d’Action 21 et du Plan de mise en œuvre du Sommet de Johannesburg et qu’elle continuerait à faire tout son possible pour trouver des solutions aux questions de développement durable, à la fois au niveaux national et international. La délégation a rappelé qu’au niveau national, son Gouvernement avait adopté un ensemble de lois d’un nouveau type qui tiennent compte des principes de développement durable. Il accorde aussi une attention croissante à des stratégies ciblées et liées directement aux questions à l’ordre du jour de la CDD-14, comme dans le domaine énergétique. La Fédération de Russie a rappelé qu’à la fin de 2007, était prévue la signature d’un certain nombre d’amendements au Protocole de Montréal pour réduire les polluants qui appauvrissent la couche d’ozone. Enfin, des mesures ont été prises pour renforcer l’efficacité des efforts visant à réduire la pollution atmosphérique, a conclu le représentant russe.
M. ZHANG YISHAN (Chine) a souligné qu’il restait un certain nombre de défis graves à relever, comme la lutte contre la dégradation de l’environnement, les dégâts écologiques, la détérioration de la terre, la pauvreté et les maladies infectieuses. Les pays en développement demeurent le maillon fiable du développement durable, a-t-il observé. Selon le représentant, il faut absolument combiner les actions nationales et la stratégie internationale. Il faut en outre créer un cadre extérieur propice au commerce et au développement, a-t-il dit, demandant en particulier aux parties concernées d’accélérer les négociations du Cycle de Doha. Le Gouvernement de la Chine a adopté le concept de développement durable et en a fait un principe clé, a-t-il conclu.
Le représentant de l’Indonésie a rappelé que 2,4 milliards de personnes étaient privées d’accès à des énergies modernes. Il a donc appelé la communauté internationale à prendre des mesures concrètes pour diversifier les énergies renouvelables et réduire la dépendance à la biomasse traditionnelle afin de contribuer au développement durable. Le représentant a tout particulièrement encouragé à renforcer les synergies entre acteurs et demandé aux gouvernements d’adopter des mécanismes pour promouvoir l’emploi des énergies renouvelables.
M. WERNER OBERMEYER (Programme des Nations Unies pour l’environnement -PNUE) a émis l’espoir qu’au cours des débats de la CDD-14, l’accent serait mis sur les petits États insulaires en développement. Évoquant ensuite la neuvième session extraordinaire du Forum sur l’environnement, qui s’est tenue à Dubaï en février dernier, il a rappelé qu’avait été adoptée à cette occasion une décision importante sur les produits chimiques, ainsi que toute une gamme de propositions concernant l’énergie renouvelable et la fourniture de services énergétiques.
Mme JANE ROSS (Organisation pour l’alimentation et l’agriculture - FAO) qui s’exprimait sur les questions concernant les partenariats pour les montagnes, a souligné que cette alliance avait été lancée lors du Sommet mondial sur le développement durable de 2002 afin d’améliorer notamment le bien-être et le mode de vie des personnes qui vivent dans les montagnes, ces populations faisant partie, a-t-elle précisé, des plus pauvres de la planète. Cette alliance multipartite vise au développement durable des zones montagneuses, a affirmé la représentante. Près de quatre ans depuis son lancement, le Partenariat pour les montagnes est à un tournant critique, a-t-elle ajouté. Lors du Sommet de 2002, les attentes étaient très nombreuses, mais la réalité des gouvernements, des organisations intergouvernementales ou du secteur privé, qui devaient travailler ensemble, s’est heurtée à de nombreuses difficultés, a-t-elle expliqué.
M. AUGUSTINE MAHIGA (République-Unie de Tanzanie) s’est associé aux remarques du représentant de la Zambie, qui s’était exprimé au nom du Groupe africain. La Tanzanie, a-t-il indiqué, est actuellement confrontée à une crise énergétique causée non seulement par la hausse des prix du pétrole mais également par la sécheresse qui a eu des retombées sur la production d’hydroélectricité, la principale source d’énergie du pays. Il a signalé que les sources alternatives d’énergie renouvelable étaient considérées comme prometteuses et étaient peu à peu intégrées aux stratégies nationales en matière d’énergie, mais a indiqué que cette démarche exigeait des capitaux, des investissements et un transfert de technologie importants.
La Tanzanie est déterminée à poursuivre un développement durable par la mise en œuvre d’Action 21 et du Plan de mise en œuvre de Johannesburg, a affirmé M. Mahiga, expliquant qu’au niveau national, son pays disposait d’une stratégie nationale pour la croissance et la réduction de la pauvreté qui incorporait des composantes environnementales. Il a notamment insisté sur la nécessité de cesser progressivement le recours aux équipements utilisant des substances détruisant l’ozone et d’en contrôler l’importation, de même que de développer des sources d’énergie fiables et bon marché, particulièrement dans les zones rurales. Le succès de cette stratégie nationale dépend de la mobilisation des ressources nationales, à laquelle doivent s’ajouter une augmentation de l’aide publique au développement et d’autres formes d’aide, un transfert de technologies bonnes pour l’environnement, une augmentation de l’investissement étranger direct et une annulation de la dette extérieure, a-t-il estimé.
M. GUNNAR PALSSON (Islande) a déclaré que les ressources énergétiques sont essentielles aux économies et au bien-être des êtres humains et à la sécurité du monde industrialisé. La fourniture d’énergie aux pays en développement est indispensable à la réduction de la pauvreté. La demande énergétique mondiale devrait augmenter de quelque 60% d’ici à 2030, la plus grande partie des besoins provenant du monde en développement. Une telle augmentation, si les structures énergiques de base restent en état, se fera au prix fort en termes de réchauffement de l’atmosphère, de la qualité de l’air, et de la santé publique. Nous devons donc trouver les moyens de concilier la préservation de l’environnement et le bien-être de l’individu, tâche qui, pour certains, est impossible. Nous pouvons toutefois faire beaucoup pour éliminer les excès d’une économie reposant sur le carbone, pour améliorer l’efficacité des sources d’énergie et promouvoir la recherche et le développement des techniques de forage et de stockage du carbone. Les sources d’énergies renouvelables offrent par ailleurs des avantages importants et la Conférence de Bonn avait estimé que près d’un milliard de personnes pourraient avoir accès à de telles sources d’énergie. Nous devons pour cela stimuler la compétitivité des sources d’énergie renouvelable.
M. ROHAN RICHARDS (Jamaïque) a regretté que de nombreux pays en développement ne soient pas prêts de parvenir à l’élimination de la pauvreté et que dans la moitié de ces pays, les conditions sanitaires ne se soient pas améliorées. Pour cette raison, la question des ressources est critique. L’une des raisons expliquant la lenteur de la réalisation de nos objectifs communs est le fait que nous abordons l’environnement et le développement de manière distincte. Nous devons réaliser à quel point l’environnement social, économique et la gouvernance vont de pair et mettre en œuvre au niveau national ces programmes d’action convenus au plan international. Le représentant s’est aligné avec l’Initiative des pays d’Amérique latine et des Caraïbes. Si nous voulons parvenir au développement durable, nous devons mettre en place des schémas de production et de consommation durables.
Les pays insulaires en développement, a précisé le représentant, continuent en effet de faire face à des défis de taille. Ce dont nous avons le plus besoin, a-t-il précisé, est le soutien financier, institutionnel et humain de la communauté internationale pour assurer la mise en œuvre de nos objectifs convenus. Pour atténuer les risques et prévenir les catastrophes naturelles, le représentant a évoqué la situation de son pays qui a subi les effets négatifs des catastrophes naturelles. Nous sommes pour ces raisons pleinement en faveur de l’intégration de la composante réduction des catastrophes naturelles et atténuation des risques dans les processus de développement. Mais, a-t-il rappelé, il reste à surmonter l’absence de ressources financières et de capacités technologiques et techniques.
M. YOUCEF YOUSFI (Algérie) a estimé qu’il n’était pas réaliste d’entretenir l’illusion de l’existence de formes nouvelles d’énergies capables de remplacer, à court ou à moyen termes, les énergies fossiles et de répondre dans le même temps aux objectifs d’accessibilité, de disponibilité et d’acceptabilité, notamment pour les pays en développement. Ensuite, bien qu’il existe plusieurs raisons politiques, économiques et sociales en faveur du développement accéléré des énergies renouvelables, le secteur est aux prises avec de nombreuses difficultés qui ne permettent encore ni leur large utilisation dans les marchés du nord ni l’extension de leur application dans les pays du Sud dans des proportions significatives et compatibles avec les objectifs de croissance et de développement durables, a-t-il dit. L’Algérie partage l’avis de ceux qui pensent qu’il n’y a pas d’approche unique pour relever le défi de la réduction des gaz à effet de serre et de la pollution de l’air, mais plutôt de solutions à forte combinaison d’options, y compris les systèmes avancés utilisant des combustibles fossiles moins polluants que le gaz naturel, a-t-il ajouté.
Le représentant a également observé que le développement énergétique durable, pour répondre à la demande mondiale croissante en énergie, exigera des investissements importants en infrastructures énergétiques pour remplacer les capacités déclassées. Il a par ailleurs souligné que son pays avait fait les choix appropriés, notamment dans les secteurs moteurs de son économie que sont l’énergie et l’industrie, en tenant compte de trois impératifs: la satisfaction de ses besoins propres, les nécessités de son développement et la protection de l’environnement.
S’exprimant au nom du Système d'intégration de l'Amérique centrale, Mme CINTHIA SOTO (Costa Rica) a tout d’abord regretté de ne pas pouvoir disposer des différents rapports sur les points spécifiques présentés à l’ordre du jour de la CDD-14 et émis l’espoir que cela ne se reproduirait plus. Elle a rappelé que l’Amérique centrale avait adopté une série de mesures politiques dans le domaine de la production énergétique, telle que reflétée dans le plan d’action de la région d’Amérique centrale pour 2005-2010. L’Amérique centrale participe également à un processus de négociations commerciales avec ses partenaires sur les meilleurs moyens d’intégrer les questions environnementales dans l’activité des entreprises. En outre, la Commission de l’Amérique centrale pour l’environnement travaille à l’utilisation d’énergies propres. Pour préserver les écosystèmes de manière durable, une initiative a ainsi été lancée en coopération avec les populations autochtones de la région. En conclusion, la représentante a souligné que les pays d’Amérique étaient très préoccupés par les effets du changement climatique, en raison de leur vulnérabilité aux ouragans et aux inondations.
M. ERSIN ERCIN (Turquie) a affirmé que l’énergie pour le développement durable, la pollution atmosphérique et les changements climatiques étaient des questions étroitement liées. Régler toutes ces questions de manière intégrée peut fournir une opportunité pour utiliser des technologies industrielles plus propres et plus efficaces d’un point de vue énergétique et permettre également d’aborder les questions transversales de l’élimination de la pauvreté, la santé et l’égalité des sexes, a-t-il déclaré.
Le représentant a aussi souligné que son pays formait un pont énergétique naturel entre les pays producteurs riches en ressources du Bassin caspien et les marchés mondiaux de la demande. Au vu de sa situation géographique, la Turquie peut être une plaque tournante énergétique dans la région, a-t-il expliqué. Le renforcement de l’efficacité économique énergétique est l’un des plus grands défis qu’affronte la Turquie, a-t-il ajouté.
M. BEHURA (Inde) a souligné que pour des sociétés en développement comme l’Inde, l’accès aux ressources énergétiques, en particulier propres et durables, était indispensable. Or, la dépendance traditionnelle de ce pays à la biomasse a un impact négatif sur l’environnement, ainsi que sur la santé des femmes et des enfants. Soulignant ensuite le potentiel énorme de l’énergie éolienne, le représentant a fait état de la mise en œuvre de politiques ambitieuses en Inde pour veiller à ce que toutes les régions du pays respectent les normes établies en matière de respect de l’environnement. Par ailleurs, comme le montre le rapport du Secrétaire général, il est regrettable que les partenariats aient créé des attentes sans permettre des transferts technologiques, a-t-il cependant regretté. Nous espérons donc que cette session permettra de rompre avec le passé et de trouver le moyen de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a conclu le représentant indien.
M. CONALL O’CONNELL (Australie) a mis l’accent sur le rôle central du secteur privé, essentiel, a-t-il précisé, pour la mise en œuvre du Programme de Johannesburg. Le représentant a également jugé que la bonne gouvernance et la libéralisation du commerce étaient essentielles pour l’application du Programme de Johannesburg. Selon lui, les programmes d’assistance au développement échoueront si les preneurs de décisions dans les pays partenaires ignorent les intérêts fondamentaux de leurs États. De même, a-t-il ajouté, ce n’est que par le biais d’un système commercial libre, ouvert et véritable que tous les pays pourront atteindre la croissance économique et l’autosuffisance. Il a ainsi souhaité que tous les pays reconnaissent l’apport bénéfique d’un commerce libéralisé en matière de développement durable et oeuvrent en faveur du succès du Cycle de négociations de Doha.
M. GARY PRINGLE (Canada) a déclaré que le fait de disposer de bons outils stratégiques était nécessaire pour permettre de respecter les objectifs environnementaux et sociaux tout en mettant à profit les avantages offerts par les marchés sur le plan du développement économique. L’industrie est une grande utilisatrice d’énergie, a-t-il poursuivi, et à ce titre, elle est un protagoniste de choix quant aux mesures à prendre pour réduire la pollution atmosphérique et atténuer les répercussions des changements climatiques. L’industrie contribue aussi grandement au développement social, réduisant ainsi la pauvreté. Le Canada collabore donc avec ce secteur au développement et à la mise en place d’énergies plus propres et plus efficaces pour accroître la durabilité. Évoquant ensuite la question de la pollution atmosphérique, le représentant a souligné qu’en dépit du fait que l’air est de bonne qualité au Canada, il n’en reste pas moins qu’un taux de pollution plus élevé que par le passé affecte actuellement ses habitants. Trouver une solution à ce problème est une priorité pour le Gouvernement canadien, a poursuivi M. Pringle, qui a annoncé la promulgation d’une loi sur la salubrité de l’air. En outre, le Canada a rencontré les dirigeants des États-Unis en vue de faire progresser le dossier de la pollution atmosphérique et de l’atmosphère entre ces deux pays. Le représentant a ensuite affirmé que des approches de coopération devaient être privilégiées pour s’attaquer au problème des changements climatiques, qui appelle une transformation des habitudes de production et d’utilisation d’énergie. Pour sa part, le Canada met l’accent sur la promotion des technologies énergétiques propres par le biais de recherches de pointe, d’incitatifs fondés sur les marchés, de partenariats technologiques internationaux et de nos programmes d’aide au développement, a conclu le représentant.
M. YOSHIAKI ITO (Japon) a souligné que le thème de l’énergie devait être examiné de manière décisive à l’occasion de cette session. Le Japon a adopté, pour sa part, des politiques pour réduire et rendre plus efficace l’emploi de l’énergie. Il est ainsi devenu le pays le plus efficace au monde en matière d’énergie. C’est pourquoi le Japon a l’intention de partager son expérience et ses meilleures pratiques pour aider à la mise en place d’institutions et au développement des ressources humaines. La délégation japonaise a ensuite précisé que le Japon avait joué un rôle essentiel dans la lutte contre le réchauffement climatique en travaillant avec ses partenaires, notamment en établissant un dialogue international. Appelant enfin à stabiliser les prix des ressources énergétiques, le Japon a déclaré soutenir la promotion des énergies qui peuvent être produites au niveau domestique.
Mme NABEELA ABDULLA AL-MULLA (Koweït) a déclaré qu’en tant que pays en développement, le Koweït devait exporter ses ressources énergétiques de manière à ce que d’autres sociétés aient des chances de se développer. Elle a réitéré l’importance de la coopération pour faire un meilleur usage de l’énergie et renforcer les investissements de façon à garantir un approvisionnement efficace et propre. À cette fin, une meilleure technologie est nécessaire à tous les stades de l’emploi des énergies. Or, l’un des défis les plus importants pour de nombreux pays est le manque d’accès à la technologie adaptée, comme le manque de ressources. Le Koweït attache une importance particulière aux problèmes liés à la pollution de l’air et aux changements climatiques, qui devraient être traités au niveau mondial. Rappelant que son pays était partie au Protocole de Kyoto, la représentante a réitéré le principe de responsabilité des organisations internationales de coopérer pour atténuer les effets du changement climatique.
M. SHLOMO SHOHAM (Israël) a affirmé que la réunion d’aujourd’hui était fondée sur notre responsabilité collective en faveur de la création d’un monde meilleur pour l’humanité et les générations futures. Si notre vision est suffisamment claire, nous ne pourrons pas être discrets ou confus lorsque certains exprimeront des intérêts à court terme, a-t-il assuré. Notre responsabilité s’étend à toute la planète, a-t-il déclaré, ajoutant qu’il fallait prendre des décisions au sein de cette Commission. Le représentant a par ailleurs indiqué que son pays avait opéré une transition des énergies basées sur le pétrole et le charbon vers une énergie plus propre telle que le gaz. Nous devons faire des efforts en faveur des énergies renouvelables, a-t-il poursuivi, précisant que leur prix devait être adapté aux besoins. Le représentant a en outre assuré qu’Israël plaçait des espoirs très élevés et avait une vision très positive de l’avenir concernant la question de la durabilité. Il a ainsi souligné que dans le projet de constitution préparé par le Parlement, le développement durable est considéré comme un principe constitutionnel fondamental de l’État, lié à la préservation des ressources naturelles et rurales au bénéfice du peuple et des générations futures.
M. CHAVE (Suisse) a déclaré que la réforme du secteur énergétique jouait un rôle essentiel dans la mise en œuvre de la stratégie suisse en matière de développement durable. Notre gouvernement essaie donc de provoquer une transition au niveau de l’industrie vers un développement durable, a ajouté le représentant, notamment pour faciliter l’efficacité énergétique. L’une des approches choisies est de réduire le transport routier en utilisant les chemins de fer et en appliquant des taxes plus élevées. La Suisse envisage aussi d’adopter des mesures obligatoires et d’encourager la réduction de la consommation d’énergie. Il va sans dire qu’il faut également trouver des sources d’énergies alternatives et plus sûres. Les gains obtenus par économie d’énergie pour une entreprise peuvent se traduire par une baisse des prix, incitant ainsi à la consommation. Mais ils devraient aussi et surtout entraîner des gains au niveau de la santé, a ajouté le représentant.
Mme JOANNE YAWITCH (Afrique du Sud) a affirmé que la communauté internationale se devait d’agir maintenant, avant qu’il ne soit trop tard, pour respecter les engagements souscrits lors du Sommet mondial du développement durable de 2002. Afin de réaliser les objectifs du Consensus de Monterrey, nous avons besoin d’un effort global intégré et accéléré grâce à l’aide au développement, à la création d’un environnement favorable à l’investissement et à un système commercial juste et équitable.
Selon la représentante, la Commission du développement durable doit demeurer pertinente dans une Organisation des Nations Unies réformée, en tant que plateforme mondiale chargée d’examiner et d’évaluer les progrès dans la mise en œuvre de l’agenda international du développement durable. Nous avons une responsabilité afin de faire en sorte que la Commission du développement durable soit renforcée dans son rôle visant à tenir chacun de nous responsable de ses engagements envers la réalisation du développement durable, a-t-elle expliqué.
M. NEBOSJA KALUDJEROVIC (Serbie-et-Monténégro) a indiqué que le processus de négociations avec l’Union européenne sur la signature d’un Accord de stabilisation et d'association constitue l’un des facteurs les plus importants pour le développement durable du pays. Le Gouvernement de Serbie-et-Monténégro a pour objectif le renforcement de la croissance économique et du développement à la promotion des normes de vie, a poursuivi le représentant. À cette fin, a-t-il précisé, son pays procède à la finalisation d’une stratégie nationale en faveur du développement durable, axée sur les questions sociales, économique et environnementales. S’agissant de la pollution atmosphérique, le représentant a regretté que son pays n’ait pu établir de registre national, ni prendre à ce jour des mesures visant à réduire les agents polluants.
M. JONATHAN MARGOLIS (États-Unis) a rappelé que l’objectif du Président Bush était le développement de sources d’énergie propres et de technologies énergétiques plus efficaces afin de parvenir à la réduction des niveaux de pollution, à la sécurité énergétique et de répondre aux préoccupations liées aux changements climatiques. Nous ne pourrons pas réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement sans pouvoir répondre aux besoins en énergie. Le représentant a expliqué que quatre préoccupations guidaient les efforts du Gouvernement américain: la gouvernance, les finances, les technologies et les partenariats. Pour promouvoir les investissements, il est en effet essentiel de disposer d’une bonne gouvernance et de structures régulatrices. Compte tenu des besoins en investissements, estimés à 13 billions de dollars pour les 20 prochaines années, il est essentiel d’attirer des investissements étrangers. En troisième lieu, nous aurons besoin de l’ensemble de la gamme technologique qui va des technologies conventionnelles aux énergies solaires, éoliennes et géothermiques. Le représentant a aussi estimé que la Commission pourrait prendre des mesures importantes au cours des deux prochaines semaines. Il s’agira d’identifier les pratiques optimales, de mesurer nos résultats et d’améliorer nos réseaux de communication pour que de petits projets et de nouvelles approchent voient le jour.
M. IFTIKHAR A. ARAIN (Pakistan) a affirmé que la présente session de la Commission du développement durable était d’une importance cruciale. La réalité physique des questions environnementales est devenue plus évidente que jamais, a-t-il dit. Les dangers pour la planète, a-t-il fait remarquer, sont aujourd’hui bien plus grands que par le passé. Selon lui, l’augmentation des prix de l’énergie a provoqué des incertitudes concernant la sécurité énergétique et soulevé la question de la durabilité des progrès réalisés par les pays en développement en faveur de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.
Le représentant a par ailleurs estimé que traiter de la question de la dégradation de l’environnement en même temps que l’élimination de la pauvreté constituait un impératif. Il a indiqué que la politique environnementale nationale 2005 constituait un cadre général pour la réalisation des objectifs en matière de développement durable.
S’associant à la déclaration de l’Union européenne, M. PAOLO SOPRANO (Italie) a toutefois précisé que l’Italie participait activement aux efforts de l’ONU dans le secteur de l’eau et de l’assainissement. Il a également rappelé que 2006 avait été déclarée « Année de la sècheresse et de la désertification », phénomènes qui ont un impact dramatique sur les populations, en particulier en Afrique. Cette question devrait donc être une priorité des débats de la CDD-14, a-t-il ajouté. Se félicitant ensuite que le Plan de mise en œuvre de Johannesburg avait permis de nouer de partenariats avec le secteur privé et la société civile, le représentant a indiqué que les dirigeants du G-8 avaient décidé de lancer une initiative sur la bioénergie sur la base d’une proposition de l’Italie, en particulier dans les pays en développement.
M. ARTO (Mexique) a affirmé que les travaux de la Commission du développement durable devaient être abordés de manière équilibrée. Le représentant a souligné que son pays avait enregistré des progrès importants dans le domaine de l’environnement ainsi que dans le domaine de la gestion et de la conservation des ressources naturelles. De même, des efforts sont entrepris dans la promotion d’une utilisation efficace de l’énergie et de la réduction des gaz à effet de serre, a-t-il noté. Il a ajouté que des efforts avaient également été faits pour aborder de façon plus intégrée les quatre thèmes retenus.
Le représentant a par ailleurs souligné que le Mexique allait achever d’ici peu un inventaire de toutes les sources de gaz à effet de serre. S’agissant des questions transversales, il a indiqué qu’au Mexique, ce sont les femmes et les enfants qui consacraient le plus d’efforts à la recherche de bois, ce qui avait un impact négatif sur leur santé. Le Mexique a mis en place un programme de services consultatifs pour le développement durable afin de promouvoir de façon inclusive une plus grande participation des acteurs intéressés, a-t-il également déclaré.
M. STUART BECK (Palaos) a affirmé que les questions de l’utilisation de l’énergie, de la pollution atmosphérique et des changements climatiques étaient extrêmement importantes pour son pays. Il a néanmoins estimé qu’il ne pouvait entamer l’examen de ces questions sans mettre l’accent sur une question transversale fondamentale: le manque de présence des Nations Unies sur le terrain et l’absence complète du personnel du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) dans son pays. Le PNUD a été créé pour établir des capacités locales afin d’aider les populations à jouir d’une vie meilleure, a-t-il dit, précisant que la capacité locale est en mesure de rendre véritable le développement durable de Palaos. Néanmoins, a-t-il déploré, le drapeau de l’ONU ne flotte pas ici. Il a indiqué que son pays rencontrait des obstacles importants pour bénéficier d’une aide internationale et s’attaquer aux questions de son développement durable. Ce dont Palaos a besoin, a-t-il ajouté, ce n’est pas seulement d’un plus grand panier de provisions pour traiter de l’utilisation de l’énergie, du développement industriel, de la pollution atmosphérique et des changements climatiques, mais d’une présence des Nations Unies sur le terrain afin d’être lié de manière plus efficace avec des partenaires internationaux.
M. COLIN BECK (Îles Salomon) a affirmé que le rapport du Secrétaire général aurait dû aller plus loin et examiner les mécanismes possibles de coopération pour mettre en œuvre le Programme Action 21 et le Plan de mise en œuvre de Johannesburg, plutôt que d’axer les efforts uniquement sur le partage des bonnes pratiques et des expériences nationales. Les besoins des petits États insulaires en développement n’ont pas été suffisamment pris en compte, a-t-il dit. Le représentant a également souligné que son pays accordait beaucoup d’importance aux énergies renouvelables, la majeure partie de sa population vivant dans des zones rurales et difficiles d’accès. Des plantes peuvent être ainsi utilisées comme bio-combustibles, a-t-il noté, précisant que l’énergie renouvelable demeurait essentielle et permettrait à 80% de la population des Îles Salomon de bénéficier de l’énergie. Elle permettrait en outre de mieux lutter contre la déforestation, a-t-il poursuivi.
M. MACHADO (Brésil) a souligné que toutes les parties à l’ordre du jour étaient d’une importance égale. Mais à ce stade, il a souhaité se concentrer sur la question des énergies durables et renouvelables et notamment de l’utilisation de l’éthanol dans son pays. Le Brésil a rappelé que depuis 30 ans, cet alcool était utilisé comme combustible pour les véhicules. Nous n’avons plus d’essence pure en vente au Brésil, où les mélanges à 25% d’éthanol et l’éthanol pur dominent le marché. Mieux, la majorité des voitures achetées au Brésil fonctionnent aussi bien avec l’une ou l’autre de ces deux formules. Cette mesure a eu un impact très positif sur la pollution atmosphérique et la préservation des ressources énergétiques. Il s’agit aussi d’une source importante de revenus pour les pays en développement, a précisé le représentant, qui a donc appelé à ce que l’accès de ce produit au marché international soit ouvert et les restrictions levées.
M. SOPOAGA (Tuvalu) a affirmé que 14 ans après l’adoption du Programme d’Action 21, la vulnérabilité de pays tels que le Tuvalu n’a pas été suffisamment prise en considération. Les défis auxquels sont confrontés des pays comme le sien, a fait remarquer le représentant, sont parfaitement bien définis dans tous les accords internationaux sur le développement durable. Nous devons veiller à une mise en œuvre durable et équilibrée des résultats de ces sommets, a-t-il dit.
Le représentant a ajouté que Tuvalu avait mis au point sa propre stratégie nationale de développement durable. Beaucoup d’obstacles aux progrès en matière de développement durable ont été soulignés dans le rapport du Secrétaire général, a-t-il observé, précisant néanmoins que le défi principal était le manque d’accès aux ressources financières adéquates. Il a également lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle aide des petits États insulaires en développement comme Tuvalu à faire face au problème de la montée des eaux. Le représentant a enfin souligné que son pays était en faveur de l’utilisation des énergies renouvelables.
Le Président de la Commission du développement durable a souligné les progrès accomplis dans la mise en œuvre du Programme d’action 21, du Plan de mise en œuvre de Johannesburg et de la Stratégie de Maurice. Il ensuite attiré l’attention sur les points saillants examinés au cours du débat général. Tout en soulignant les avantages que l’on pourrait tirer des quatre thèmes conjointement, il a pris note que plusieurs pays ont insisté sur le fait qu’il était nécessaire de parvenir à un équilibre entre ces quatre différents thèmes pour éviter que l’examen d’un point ne profite à des pays en particulier.
Les délégations ont également souligné qu’il était important de mettre l’accent sur les moyens d’améliorer la santé et les questions liées à la dimension sexospécifique. Par ailleurs, les énergies propres qui permettent d’améliorer le bien-être des populations, comme la compétitivité économique, ainsi que les transferts de technologie, ont été examinées. Il a également été suggéré que la Commission mette au point un plan quinquennal pour le suivi du Sommet de Johannesburg. Enfin, le Président a fait observer l’intérêt pour la situation des petits pays insulaires en développement, les premiers touchés par les catastrophes naturelles.
Table ronde
La Commission du développement durable a tenu cet après-midi, en parallèle de son débat général, une table ronde intitulée « Amélioration de l’accès dans les zones urbaines et rurales du point de vue de l’utilisation finale de l’énergie », au cours de laquelle trois spécialistes ont présenté leurs expériences respectives.
M. RODERICK F. DE CASTRO, Directeur de programme à la Fondation Mirant aux Philippines, a rappelé la spécificité des difficultés pour les Philippines d’acheminer l’énergie dans toutes les îles qui constituent l’archipel. Le programme porte sur l’électrification de 300 villages très isolés. Il a rappelé que la question du financement posait des problèmes dans l’acheminement de l’énergie, compte tenu du niveau de vie très bas des populations locales. Il a insisté sur la nécessité de développer au maximum les partenariats entre les secteurs public et privé, ainsi que la présence d’intervenants commerciaux dans la mise en place des programmes, afin de les mener à bien.
Pour sa part, Mme JYOTI K. PARIKH, Directrice exécutive de Recherche et Action intégrées pour le développement en Inde, a insisté sur la nécessité de réduire la pauvreté et de mieux identifier les besoins et les parties prenantes sur la question de l’acheminement de l’énergie. Elle a indiqué que son objectif était de voir tous les dispensaires de villages indiens équipés d’ici à 2015 et que chacun puisse avoir accès à un combustible à moins d’un kilomètre de chez lui. Elle a rappelé la nécessité des investissements en matière d’énergie, en particulier dans des combustibles moins dangereux pour l’environnement que le feu de bois utilisé massivement dans les zones isolées.
Intervenant à son tour, M. OLAV KJORVEN, Directeur de l’énergie et de l’environnement au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a souligné que les services énergétiques modernes avaient des répercussions négligeables en termes de réchauffement climatique. Il n’y a aucune raison de bloquer cet accès, a-t-il souligné, estimant que c’est la volonté politique qui faisait défaut en la matière. Le nombre de personnes n’ayant pas accès à l’énergie va augmenter dans les années à venir, a-t-il affirmé, soulignant l’importance de cette problématique pour atteindre les Objectifs du Millénaire.
Engageant une série de questions avec les panélistes, le représentant du Guatemala a souligné que son Gouvernement considérait l’amélioration de l’accès à l’énergie, notamment électrique, comme une preuve d’engagement à lutter contre la pauvreté. Il a rappelé la nécessité de besoins clairement établis afin d’assurer un financement durable de ces services. La représentante de l’Autriche, au nom de l’Union européenne et des pays candidats, a également déclaré que l’énergie devait constituer une priorité en matière de développement. Il est possible d’atteindre un développement économique tout en réduisant le recours aux énergies primaires, a-t-elle estimé, soulignant que l’acheminement d’une énergie moderne et efficace constituait une priorité de la politique de coopération de l’Union européenne, notamment en Afrique. À cet égard, le partenariat public-privé est essentiel, a-t-elle insisté. Elle a indiqué que des solutions et des techniques différenciées étaient nécessaires. Le Docteur Kobler, représentante des agriculteurs, a rappelé que la majorité des agriculteurs était pauvre, insistant sur la nécessité que les nouvelles technologies leurs soient transférées.
Le représentant de l’Inde a souligné l’importance de la rationalisation du cours des combustibles et de la promotion des énergies renouvelables, estimant que les technologies plus propres devaient être utilisées à la fois par les pays développés et en développement. Il faut un effort mondial, a-t-il insisté, appelant à un financement global de la recherche en la matière. La représentante de l’Organisation mondiale de la santé a rappelé que 2,4 milliards de personnes utilisaient la biomasse comme combustible, ce qui posait de graves problèmes de santé et de pollution, exhortant les usagers à réduire de moitié ce recours aux combustibles solides (bois ou charbon) pour la cuisine par exemple. Pour sa part, le représentant du Canada a souligné que des politiques ainsi qu’une bonne gouvernance dans les pays en voie de développement étaient nécessaires pour améliorer l’accès et la gestion de ces technologies. À cet égard, le représentant du Mexique a, quant à lui, déclaré que la réglementation était fondamentale pour mieux gérer l’énergie et ses conséquences environnementales. Le représentant norvégien a rappelé que le secteur de l’énergie avait été massivement privatisé dans les pays développés et souligné que ce système ne pouvait s’appliquer partout. Ce secteur est très ouvert à la corruption dans les pays en voie de développement, a-t-il déclaré. Le représentant des États-Unis a estimé qu’il fallait assurer la participation de toutes les parties prenantes dans l’amélioration de l’accès à l’énergie, rappelant la nécessité de diversifier les financements. Pour le représentant des syndicats, un financement est nécessaire pour arriver à des résultats en matière d’accès à l’énergie et de lutte contre la pauvreté. L’économie d’énergie, a estimé le représentant de la Chine, est une priorité de son pays dans sa forte croissance économique, tout comme l’utilisation diversifiée des énergies renouvelables. Il s’agit aussi de renforcer la coopération internationale en la matière, notamment dans la mise en place de techniques pour améliorer le rendement énergétique, a-t-il souligné.
Abordant la question de l’accès aux services de l’énergie et parité des sexes à cet égard, Mme ElIZABETH CECELSKI, membre fondateur d’Energia, a rappelé que l’accès à l’énergie ne réglerait pas tous les problèmes des femmes. Leur travail est considéré comme moins important que celui de leur mari, et elles ont moins accès à l’éducation et au crédit, a-t-elle souligné. Il faut changer les rapports pour changer leur vie, a-t-elle estimé, ajoutant que l’accès à l’énergie des femmes pouvait leur permettre de se rapprocher des Objectifs du Millénaire. Les pratiques en matière de cuisine sont nuisibles pour les femmes et pour les enfants, a-t-elle déclaré, estimant que les besoins des femmes devaient être intégrés dans les programmes en matière d’accès à l’énergie. Poursuivant, Mme ROSE MENSAH-KUTIN, gestionnaire régionale du Programme Abantu pour le Bureau de développement régional d’Afrique de l’Ouest, a insisté sur les barrières qui se dressaient en matière d’accès à l’énergie, en particulier pour les femmes qui gèrent leur foyer mais ne génèrent pas de revenu. Elle a estimé que dans l’accès aux technologies, les hommes prenaient l’initiative et se procuraient plus des équipements de loisirs que de cuisine. Les femmes ont du mal à faire entendre leur voix, a-t-elle ajouté, appelant à prendre en compte les différences et à mettre en œuvre des éléments de discrimination positive à l’égard des femmes dans les programmes pour améliorer leur participation et leur prise de décision dans le secteur énergétique.
Passant à un échange de vue avec les panélistes, le représentant des États-Unis a souligné l’importance de soutenir l’intégration d’une approche plus attentive aux différences entre les hommes et les femmes dans les politiques mises en place. Le représentant de la République-Unie de Tanzanie a quant à lui insisté sur le fait que dans les pays en voie de développement, la biomasse constituait la principale ressource énergétique, affirmant que les femmes étaient les principales victimes de cet état de fait. Il a en outre estimé que le problème de l’eau était fondamental puisque ce sont également les femmes qui s’occupent principalement de l’approvisionnement en eau. Le représentant du Botswana a souligné qu’une aide financière était nécessaire pour intervenir dans les zones rurales. La représentante de l’Autriche a affirmé que les femmes pauvres étaient très souvent exclues de tout processus décisionnel et insisté sur la nécessité de prendre en considération les problématiques sexospécifiques dans la mise en place de stratégies. La représentante des Pays-Bas a également souligné la dimension sociale, et non seulement technologique, de l’accès à l’énergie. Reprenant la parole, le représentant du Canada a rappelé que les femmes étaient les principales utilisatrices de l’énergie. La représentante de la Norvège a également estimé que les problématiques d’accès à l’énergie n’étaient pas sexospécifiquement neutres. La représentante de l’Afrique du Sud a affirmé que les subventions étaient très importantes pour aider les femmes dans l’accès à l’énergie, en particulier en milieu rural, insistant sur la nécessité d’informer les femmes dans ces problématiques.
Intervenant à son tour, la représentante de la République dominicaine a fait part de l’utilisation de biogaz dans son pays et appelé les pays qui sont en mesure de le faire à utiliser à leur tour ces technologies. La représentante de l’OMS a également appelé à investir dans de nouveaux combustibles, pour la cuisine par exemple, ce qui serait profitable aux femmes à la fois en matière de santé et d’environnement. Le représentant de la Barbade a insisté sur l’application quotidienne de l’utilisation de chauffe-eau solaires que son pays a développés. La maintenance de ce type d’équipements peut aussi poser problème, a fait observer le représentant de l’Argentine.
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