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ECOSOC/6244

COMMÉMORATION DE LA JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA SOLIDARITÉ HUMAINE

15/12/2006
Conseil économique et socialECOSOC/6244
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil économique et social

Reprise de la session de fond de 2006

Matin


COMMÉMORATION DE LA JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA SOLIDARITÉ HUMAINE


Toutes les cinq secondes, un enfant meurt de faim, alors que la planète produit, chaque année, suffisamment de quoi nourrir 12 milliards de personnes, soit le double de la population mondiale.  En ouverture de la commémoration de la Journée internationale de la solidarité humaine fixée au 20 décembre, le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. Ali Hachani de la Tunisie, a engagé la communauté internationale à contribuer au Fonds mondial de solidarité.  Il a ajouté que la pauvreté est l’une des violations les plus graves des droits de l’homme. 


L’amélioration du sort d’un milliard de personnes dans le monde qui vivent dans l’extrême pauvreté et luttent pour leur survie avec moins d’un dollar par jour est de notre responsabilité à tous, a convenu la Présidente de l’Assemblée générale, Sheikha Haya Rashed Al Khalifa.  Nous reconnaissons, aujourd’hui, lors de cette commémoration, que la solidarité internationale est une valeur commune qui nous unit dans nos efforts de réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


M. Hachani a, lui aussi, estimé que la solidarité mondiale a un rôle central à jouer dans le suivi des OMD et la promotion de la coopération au développement.  Le rôle de l’ECOSOC est, en particulier, vital pour favoriser la coopération internationale sur la base d’une solidarité entre le Nord et le Sud et entre les partenaires du développement, a-t-il précisé. 


Devant un écart grandissant entre riches et pauvres qui fait que les 2% les plus riches de la population mondiale possèdent plus de la moitié des richesses, M. José Antonio Ocampo, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a attiré l’attention sur l’engagement des pays riches à verser 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement (APD).  À ses yeux, respecter cet engagement serait un geste de solidarité humaine tangible. 


MM. Anwarul Chowdhury, Haut Représentant des pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement et Ad Merkel, Administrateur associé du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), ont également pris la parole, suivis des représentants de la Lituanie, de l’Islande, de Haïti et du Sri Lanka.  Le représentant de l’ONG « Virtue Foundation » a également fait une déclaration.


COMMÉMORATION DE LA JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA SOLIDARITÉ HUMAINE


Déclarations


M. ALI HACHANI (Tunisie), Président du Conseil économique et social, a rappelé que la commémoration de la Journée internationale de la solidarité humaine a été fixée, l’année dernière, par l’Assemblée générale au 20 décembre.  Commémoré aujourd’hui dans ce forum, le concept de solidarité, a ajouté le Président, a pris un nouvel élan avec la tenue du Sommet du Millénaire et l’adoption de la Déclaration du Millénaire.  Ce jour-là, la solidarité a été identifiée comme un élément fondamental des relations internationales au vingt et unième siècle, essentiel à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement et en particulier, la réduction de la pauvreté. 


M. Hachani a estimé que le Conseil économique et social a un rôle central à jouer dans le suivi des Objectifs du Millénaire pour le développement et la promotion de la coopération pour le développement.  Le rôle de l’ECOSOC est en particulier vital pour favoriser la coopération internationale sur la base d’une solidarité entre le Nord et le Sud, entre les partenaires du développement, y compris les institutions spécialisées ainsi que les entités du système des Nations Unies, les gouvernements et la société civile. 


Le Sommet a également chargé le Conseil économique et social de promouvoir l’agenda pour le développement.  Le processus d’examen au niveau ministériel qui a été lancé cette année a le potentiel de devenir un mécanisme majeur, permettant de renforcer les normes de reddition de la communauté internationale pour ce qui est de leurs engagements pris et pour garantir leur pleine coopération avec tous les partenaires du développement.  Le Président a souhaité, par ailleurs, que le Forum biennal de la coopération pour le développement, aussi mandaté par le Sommet de 2005, permette de fournir une évaluation de la coopération internationale pour le développement.


Nous ne devrions jamais cesser de dire qu’aujourd’hui la pauvreté constitue l’une des plus graves violations des droits de l’homme.  Nous devons continuer à rechercher des mécanismes innovants de solidarité afin de financer l’élimination de la pauvreté et promouvoir le développement social.  Evoquant la création du Fonds mondial pour la solidarité, le Président a souhaité que la communauté internationale renouvelle son engagement en faveur de ce fonds pour qu’il soit opérationnel.  Abordant la situation dans son pays, le Président de l’ECOSOC a indiqué qu’en créant son propre fonds national de solidarité, la Tunisie a fait baisser la pauvreté de 4%.


M. JOSÉ ANTONIO OCAMPO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a attiré l’attention sur l’augmentation des inégalités de revenus, tant aux niveaux national qu’international.  L’écart entre riches et pauvres ne fait que s’élargir depuis deux siècles, a noté M. Ocampo, en ajoutant que cette situation s’est aggravée à cause de la mondialisation.  Alors que les 2% les plus riches de la population mondiale possèdent plus de la moitié des richesses, les 50% de la population mondiale, que forment les pauvres, ne contrôlent que 1% des richesses, a indiqué M. Ocampo, en citant un rapport de l’Institut d’études économiques et sociales WIDER.  WIDER a, d’autre part, indiqué que, dans le monde, 9 personnes sur 10 vivent dans des pays où les inégalités se sont accrues, au cours des trois dernières décennies.  Cette tendance s’observe aussi bien dans des pays développés que dans les pays en développement ou émergents, a précisé le Secrétaire général adjoint.  Les disparités que l’on observe à travers le monde reflètent l’inégalité d’accès aux technologies, aux marchés, à l’investissement et aux ressources financières.  Parlant de l’aide, M. Ocampo a rappelé que les pays riches se sont engagés à verser 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement (APD).  Respecter cet engagement serait un geste de solidarité humaine tangible, a-t-il dit.  D’autre part, la solidarité devrait se manifester dans les règles du commerce international dans la réduction ou l’élimination de la dette.  Réduire les distorsions causées aux marchés, tels que les subventions agricoles, et assurer aux pays pauvres un meilleur accès aux marchés, seraient l’illustration d’une véritable solidarité humaine, a souligné le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales. 


SHEIKHA HAYA RASHED AL KHALIFA, Présidente de l’Assemblée générale, a rappelé que plus d’un milliard de personnes dans le monde vivent dans l’extrême pauvreté et luttent pour leur survie avec moins d’un dollar par jour.  L’amélioration du sort de ces personnes et l’allègement de leurs souffrances est de notre responsabilité à tous.   Nous reconnaissons aujourd’hui, dans le cadre de cette commémoration, que la solidarité internationale est une valeur commune qui nous unis dans nos efforts de réalisation des Objectifs du Millénaire.  L’un des messages clefs qui est ressorti de la réunion de l’Assemblée générale sur la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire est qu’en travaillant ensemble nous pouvons encore les atteindre, ce qui serait le plus grand service rendu à l’humanité, a estimé la Présidente.


M. AD MELKERT, Administration associé du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a déclaré que l’ONU doit montrer l’exemple dans la promotion de la solidarité humaine.  Le PNUD lance un appel à une plus grande solidarité pour permettre la réalisation des OMD et assurer le développement humain des peuples vivant dans les pays les plus pauvres, a dit Ad Melkert.  La situation actuelle est intolérable et n’est pas viable à long terme, a-t-il déclaré.  Cette année, le Rapport sur le développement humain du PNUD met l’accent sur la crise de l’eau, a-t-il poursuivi.  Il est difficile d’accepter qu’un être humain sur six, soit 1,1 milliard de personnes, n’ait pas accès à l’eau potable et que 2,6 milliards d’humains ne disposent pas d’installations sanitaires dignes de ce nom.  C’est une violation du droit fondamental qu’a chaque être humain d’avoir accès à l’eau, ce qui entraîne, chaque jour, la mort de 4 900 enfants.  Ces morts pourraient être évitées.  Le Rapport note aussi que dans les pays arabes, les femmes ne jouissent pas de l’égalité des droits.  Elles souffrent de discriminations dans les secteurs de la santé, de la vie publique, de l’emploi et de l’accès à l’éducation, a relevé l’Administrateur associé.  Le Rapport sur le développement humain du PNUD parle aussi des discriminations liées à la race et à l’ethnicité, a poursuivi M. Melkert.  Ainsi, concernant le cas du Brésil, le Rapport relève l’exclusion des populations noires de toutes les opportunités offertes aux Brésiliens, en matière d’éducation, de revenu, de santé, d’emploi et de logement.  Les Noirs du Brésil sont aussi victimes d’un niveau élevé de violences de la part des forces de sécurité et de groupes organisés, a regretté le représentant du PNUD, en appelant les gouvernements à traiter tous les segments de la société de manière équitable. 


M. ANWARUL K. CHOWDHURY, Haut Représentant pour les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, a rappelé que cette commémoration a lieu au moment où nous approchons de la fin de la Décennie pour l’élimination de la pauvreté.  Il n’est pas réaliste de penser que certains peuvent continuer à tirer de vastes profits de la mondialisation alors que des milliards d’autres vivent dans la pauvreté abjecte.  Rappelant que la solidarité trouve ses fondements dans la Charte des Nations Unies, entre autres, le Haut Représentant a relevé que le droit au développement va au-delà de la simple coopération et repose sur des obligations mutuelles.  En fait, l’Objectif 8 des Objectifs du Millénaire pour le développement, qui met l’accent sur la coopération internationale, est vraiment l’expression de la solidarité mondiale, tout comme l’est la Déclaration du Millénaire. 


M. Chowdhury a indiqué que son Bureau est pleinement engagé à améliorer le sort des groupes et pays les plus vulnérables.  Bien que le développement national relève de la responsabilité des pays eux-mêmes, ils ne seront pas en mesure de réaliser quoi que ce soit sans l’aide des partenaires pour le développement.  Le Haut Représentant s’est dit en faveur de mécanismes innovants de solidarité mondiale à l’instar de la taxe de solidarité prélevée sur les billets d’avion, lancée par certaines nations.  J’avais moi-même proposé une taxe de 10 centimes par baril de pétrole dans les principaux pays producteurs, a-t-il rappelé avant d’estimer que le Fonds mondial de solidarité peut également donner un vrai visage à la solidarité tandis que la coopération Sud-Sud constitue un excellent moyen de parvenir à des objectifs communs.  L’élimination de la dette et en particulier la dette de tous les PMA, des règles commerciales justes et l’accès réel aux marchés constituent d’autres opportunités d’exercer la solidarité humaine.


M. DALIUS ČEKUOLIS (Lituanie), Vice-Président de l’ECOSOC, a dit que quelle que soit la forme qu’elle prenne, la solidarité est la pierre angulaire de la réalisation du huitième Objectif du Millénaire pour le développement.  La science et la technologie sont fondamentaux pour promouvoir les OMD, a poursuivi le représentant, en parlant de la nécessité d’assurer un transfert des technologies de l’information et des communications (TIC) vers les populations des pays pauvres, pour les sortir de leur isolement.  L’Internet est l’outil qui pourrait donner une voix aux exclus et aux sans-voix, a estimé le représentant.  Grâce aux TIC, le principe de solidarité peut prendre un nouveau sens et créer une nouvelle réalité en permettant, notamment, aux jeunes de participer aux efforts qui sont déployés à la fois par les organisations internationales et par les gouvernements et la société civile, en vue de promouvoir le développement par des actions de solidarité.


M. LEO MÉRORÈS (Haïti) a indiqué que la solidarité signifie que les communautés peuvent avoir des aspirations et intérêts communs.  La réunion du 27 novembre dernier, organisée par l’Assemblée générale sur le thème du partenariat pour atteindre les Objectifs du Millénaire et l’évènement du 29 novembre, organisé par l’Alliance mondiale pour les TIC et le Département des affaires économiques et sociales (DESA) sur le thème « Notre humanité commune à l’âge de l’information » ont permis de discuter de la solidarité et de créer un

microcosme de solidarité.  Ces deux réunions ont, en effet, permis d’évaluer la valeur de notre obligation morale.  La sécurité et le développement sont les deux faces d’une même médaille.  Une fois que les fusils se taisent, la solidarité mondiale prend toute son importance car elle permet de reconstruire les villes et villages, panser les plaies et redonner l’espoir.  Le représentant s’est félicité de la création du Groupe consultatif sur Haïti qui a permis de réaliser des progrès inattendus.


M. PRASAD KARIYAWASAM, Représentant permanent du Sri Lanka et Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a estimé que l’avenir de chaque homme et de l’humanité entière dépendra en grande partie de la capacité qu’ils auront de se sentir comme faisant partie d’un plus grand tout, a-t-il dit, en soulignant que la solidarité est au centre de cette perception.  L’esprit de solidarité et le sens d’une destinée partagée sont des thèmes récurrents dans la Charte des Nations Unies, qui ont été créés pour répondre aux défis qui se posaient à l’humanité.  L’ONU a notamment reçu pour mandat de maintenir la paix et la sécurité internationales et de promouvoir le développement économique et social au profit de toute l’humanité.  Toutes les grandes conférences et sommets internationaux organisés sous l’égide de l’ONU au cours des années 1990, y compris le Sommet du Millénaire, ont démontré le rôle catalyseur de l’ONU dans la définition d’un agenda de développement commun, basé sur les valeurs et les aspirations contenues dans la Charte.


Le monde continue à faire face à la pauvreté extrême, aux maladies, à la dette, à la rareté des ressources et aux catastrophes naturelles, a relevé le représentant en estimant que la solidarité entre le Nord et le Sud, ainsi que l’entraide Sud-Sud, sont indispensables à la mise en œuvre de l’agenda de développement des Nations Unies.  À cet égard, le Sri Lanka a lancé un programme de coopération nommé « Mains tendues à travers l’Asie », a dit le représentant.  Ce programme permet au Sri Lanka de partager l’expertise qu’il a acquise dans certains domaines avec des pays en développement d’Asie et d’ailleurs.    


M. HJÁLMAR W. HANNESSON (Islande), Vice-Président de l’ECOSOC, a déclaré que ce monde ne saurait être un monde de paix et de solidarité quand tant de personnes dans le monde vivent dans la pauvreté et ne bénéficient ni de protection ni de sécurité.  La solidarité a pour potentiel d’unir la communauté internationale qui peut alors lutter contre les catastrophes naturelles, la pauvreté, le terrorisme et la dégradation de l’environnement.  Mais aujourd’hui un cinquième de la population mondiale vit avec moins d’un dollar par jour.  Nous devons faire aujourd’hui preuve de détermination renouvelée pour que tous les êtres humains puissent partager notre prospérité.  Dans les pays nordiques, l’objectif est de créer un « village » mondial, grâce à la mise en place de projets spécifiques.  Le PNUD fournit un cadre permettant un développement à long terme et nous devons nous réengager en faveur de la solidarité humaine, a conclu le Vice-Président.


M. JOSEPH SALIM, de la « Virtue Foundation », a déclaré, au nom des organisations de la société civile, que l’amélioration de la vie des populations du monde exige des différents États et acteurs qu’ils s’unissent dans des actions solidaires.  Le Fonds mondial pour la solidarité humaine, dont l’idée a été lancée par la Tunisie, met aujourd’hui des ressources à la disposition de groupes qui se lancent dans la réalisation de projets d’entraide solidaire, bénéficiant à des populations démunies.  La mondialisation a créé un monde sans barrières dans lequel un évènement se produisant dans une partie du monde a un impact sur toute l’humanité, a dit M. Salim, en citant les attentats du 11 septembre 2001.  Les communications qui soutiennent le fonctionnement de la mondialisation sont aussi les mêmes qui permettent à des groupes pauvres de voir l’opulence dans laquelle vivent d’autres groupes, dont la seule chance est d’être nés dans une région ou un pays donné.  La circulation des informations et des images crée le sentiment d’envie et d’injustice qui peut ensuite conduire certains groupes à commettre des actes de violence, a dit M. Salim.  Plus de solidarité pourrait réduire les tensions qui, aujourd’hui, font craindre des affrontements entre groupes de cultures, de croyances ou de civilisations différentes.  L’affrontement entre civilisations et cultures n’est cependant pas une donnée des seuls temps actuels, a ensuite reconnu le représentant de la société civile.  Mais la différence aujourd’hui vient du fait que les transports, les échanges d’idées et les communications ont brisé l’isolement et que des individus et des peuples peuvent se sentir menacés par des idées qui sembleraient leur être imposées au détriment de leur propre culture.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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