« RÉUSSIR, C’EST SAVOIR APPRENDRE, DÉSAPPRENDRE ET RÉAPPRENDRE EN FONCTION DES BESOINS », DIT LE VICE-SECRÉTAIRE GÉNÉRAL
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« RÉUSSIR, C’EST SAVOIR APPRENDRE, DÉSAPPRENDRE ET RÉAPPRENDRE EN FONCTION DES BESOINS », DIT LE VICE-SECRÉTAIRE GÉNÉRAL
(Publié le 17 mai – retardé à la traduction)
On trouvera ci-dessous le texte du discours de remise de diplômes prononcé le 8 mai par le Vice-Secrétaire général des Nations Unies, M. Mark Malloch Brown, à l’École de formation continue et professionnelle de NYU, l’Université de New York:
Il me semble tout à fait opportun que mon premier discours de Vice-Secrétaire général ait pour occasion la remise des diplômes à NYU. En quelques minutes de trajet, je suis passé du Siège de l’Organisation des Nations Unies, centre de la diplomatie internationale, à l’un des grands pôles de l’enseignement international.
Si NYU jouit de ce statut, c’est que son avenir, sa destinée et ses bases mêmes sont étroitement liés à la ville qui lui a donné son nom. Et c’est sans doute avec l’École de formation continue et professionnelle que ce lien est le plus évident. Des étudiants des diverses facultés, c’est vous qui êtes réunis dans cette salle qui constituez le lien le plus tangible et le plus réel entre l’Université et la ville.
Parce que vous représentez cette partie de l’Université de New York qui a un pied dans les tours de Washington Square et un autre dans les immeubles de bureaux du centre et dans les ateliers de Brooklyn. Vous appartenez aux deux mondes à la fois. Vous représentez la ville au sein de l’Université et l’Université au cœur de la ville.
L’idée qui a présidé à la fondation de l’Université de New York était de créer une université qui équilibrerait ce programme classique des études plus anciennes, par un enseignement plus moderne et plus pragmatique, qui dispenseront des cours préparant non seulement des têtes bien faites, mais aussi des personnes entières à la vie active.
Je ne crois pas qu’il y ait une autre faculté de cette université qui prépare un éventail d’étudiants aussi large à la vie professionnelle. En menant de front le travail et les études, nombre d’entre vous vivent deux vies à la fois.
C’est pourquoi je tiens tant à l’honneur de m’adresser à vous: la volonté et l’esprit d’initiative dont il faut faire preuve pour faire des études tout en menant une carrière sont des qualités que j’ai toujours admirées. Ce sont les qualités qui préparent les individus à diriger, et à réussir.
Alvin Toffler a écrit: « Au XXIe siècle, les illettrés ne seront pas les gens qui ne savent ni lire ni écrire, mais ceux qui ne sauront pas apprendre, désapprendre et réapprendre* ».
Ancien Directeur du Programme des Nations Unies pour le développement, j’envisage la formation continue sous un angle particulier: celui des pays d’Afrique australe sortant de longues années de guerres civiles d’une violence extrême. Dans des pays comme le Mozambique et la Namibie, les dirigeants d’aujourd’hui ont passé ce qui aurait dû être leurs années d’études dans le maquis à combattre pour la liberté. Quand la démocratie et la justice ont été rétablies, les rebelles d’antan ont afflué à l’école.
Au Mozambique, les membres du Gouvernement provisoire exerçaient leurs fonctions officielles pendant la journée et prenaient des cours le soir. Les enfants soldats d’hier ont repris le chemin de l’école, à 30 ans passés, des combattants endurcis par des années de guérilla de brousse se sont inscrits à l’université, des ministres du Gouvernement ont fait leur droit tout en travaillant.
On pourrait presque dire que le Mozambique est un pays dirigé en cours du soir. Cette soif d’apprendre était l’expression de la volonté de reconstruire le pays. Pour tourner la page des années de guerre et rattraper le temps perdu, les Mozambicains ont décidé qu’il n’était jamais trop tard pour apprendre, pour aller à l’école, pour prendre un nouveau départ.
Je garde toujours à l’esprit cette passion et cette volonté d’apprendre. C’est à mon sens à elles que le pays doit une grande partie des progrès extraordinaires qu’il a faits depuis l’accord de paix. Aujourd’hui au Mozambique, les carcasses explosées des voitures prises en embuscade et les façades criblées de balles d’immeubles à l’abandon ont disparu. L’économie a progressé régulièrement jusqu’à afficher l’un des taux de croissance les plus élevés du monde en développement. Les gens ont repris le cours normal de leur existence. Les enfants récitent leurs leçons dans des écoles modestes mais qui fonctionnent, et de petites exploitations familiales alimentent désormais les millions de personnes dont la survie a pendant des années dépendu de l’aide internationale.
Tout au long d’une vie consacrée au développement, j’ai constaté, encore et toujours, que les clefs du succès étaient la capacité et l’envie d’apprendre, de désapprendre et de réapprendre en fonction des besoins.
Votre prédisposition à apprendre vous donne déjà sur vos pairs une longueur d’avance. J’espère que vous cultiverez cet avantage, que vous le ferez valoir et que vous en tirerez parti.
Vous devez voir dans votre passage à NYU le début, et non la fin, d’une vie entière d’apprentissage.
Vous devez être prêts à retourner un jour sur les bancs de l’école pour vous recycler ou vous recentrer. Mais l’essentiel ne s’apprend pas toujours à l’école. Vous devez aussi être prêts à faire votre part dans ce monde qui vous entoure; à y vivre, à le parcourir, à y travailler et à en éprouver les réalités. Vous devez prendre le parti de toujours réfléchir dans une perspective mondiale, même lorsque vous agissez au niveau local.
Ma propre formation continue a été basée sur ce sentiment d’être un citoyen du monde. Changer volontiers de pays, plus souvent que d’emploi. Partir d’une discipline générale –le développement– et l’appliquer sous toutes ses formes et partout, dans le secteur public comme dans le privé, en Amérique latine comme en Afrique.
Et c’est encore cette quête qui m’a conduit à New York. Je fais partie de ces gens qu’E.B. White, dans son fameux essai Here is New York, décrit comme le New-Yorkais du troisième type: ni New-Yorkais de souche, ni migrant journalier, mais « né quelque part ailleurs et venu à New York à la recherche de quelque chose* ». Ce quelque chose, dans mon cas, était la possibilité de jouer un rôle dans la mission que les Nations Unies se sont donnée de promouvoir dans le monde la paix, le développement et les droits de l’homme.
Parmi vous aujourd’hui se trouve la première promotion de diplômés du Programme d’étude des affaires mondiales. Il est vrai que NYU se devait d’offrir un tel programme, même si je sais par mes collègues, qui ont été nombreux à suivre des cours du soir ici, que son cursus a toujours été résolument orienté vers l’international. Il n’empêche que je suis convaincu que les diplômés en affaires mondiales seront d’accord avec moi pour dire: « Il était temps! »
J’espère aussi que, comme moi, vous vous sentez proches de l’Organisation des Nations Unies et de leur mission.
Parce que quelle que soit la discipline que vous avez étudiée, l’action de l’Organisation vous concerne tous.
Il suffit pour s’en convaincre de passer en revue nos activités et nos domaines de compétence. Nous défendons la démocratie et favorisons l’alphabétisation. Nous combattons la corruption et les drogues. Nous nous efforçons d’empêcher la prolifération du nucléaire et combattons la grippe aviaire.
Mais toutes ces activités sont bien connues.
Vous serez plus surpris, en revanche, d’apprendre tout ce que fait la famille d’organismes des Nations Unies dans des domaines qui ont une incidence directe sur les gens qui travaillent dans votre ville.
Nous encourageons l’investissement et le commerce. Nous protégeons le droit d’auteur. Nous aidons les États à ouvrir leurs marchés, à rédiger des lois favorables aux entreprises et à harmoniser leurs réglementations. Nous nous efforçons de donner à tous l’accès à des études d’un bon niveau et à des services de santé de qualité.
Dans des secteurs comme l’aviation, le transport, les télécommunications et les procédures douanières, nous établissons les normes techniques qui rendent possibles les transactions internationales.
Tout cela constitue « l’infrastructure non matérielle » indispensable à l’économie mondiale. Que vous évoluiez dans le marketing interactif ou dans la gestion des voyages, dans les technologies de l’information ou dans l’industrie du sport, cette infrastructure influera sur votre carrière.
Il y a plus d’un demi-siècle, un illustre New-Yorkais, le Président Franklin D. Roosevelt, plaidait avec passion en faveur de l’engagement de l’Amérique dans le monde. « Nous ne pouvons pas vivre seuls en paix disait-il. Notre bien-être dépend du bien-être d’autres nations éloignées. Nous avons appris que nous devons vivre comme des hommes et non comme des autruches, ni comme des chiens enragés. Nous avons appris à être des citoyens du monde, des membres de la communauté humaine. »
En tant que New-Yorkais –originaires de Brooklyn ou du Brésil, de Staten Island ou d’Espagne– et en tant que diplômés de cette université, vous avez le devoir particulier de répondre à cet appel. Parce qu’à l’heure de la citoyenneté mondiale, vous vivez dans ce qu’E.B. White appelait la « capitale de tout », où chacun peut « sentir les vibrations des temps glorieux et des grandes prouesses ».
Je suis convaincu que, dans les années à venir, vous créerez vos propres vibrations. Peu importe où vous le ferez, j’ai l’espoir que vous resterez les relais non seulement des idéaux de votre université et des vibrations de cette ville, mais aussi de l’appel du Président Roosevelt.
Car telle est en fin de compte la responsabilité qui s’attache à la citoyenneté mondiale. Et quand je parcours des yeux cette assemblée, j’ai bien le sentiment d’être entouré de citoyens du monde.
Je vous remercie de votre attention. Je vous félicite et vous souhaite bonne chance!
* Traduction libre.
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