LE CONSEIL DE SÉCURITÉ SOULIGNE LA NÉCESSITÉ DE RENFORCER LA MUAS AVANT LE DÉPLOIEMENT D’UNE OPÉRATION DE L’ONU AU DARFOUR
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Conseil de sécurité
5434e séance – après-midi
LE CONSEIL DE SÉCURITÉ SOULIGNE LA NÉCESSITÉ DE RENFORCER LA MUAS AVANT LE DÉPLOIEMENT D’UNE OPÉRATION DE L’ONU AU DARFOUR
Il se réjouit de l’Accord conclu à Abuja et demande
aux mouvements rebelles qui ne l’ont pas fait de le signer
Réuni au niveau ministériel, le Conseil de sécurité a, cet après-midi, souligné la nécessité de renforcer d’urgence la Mission de l’Union africaine au Soudan (MUAS), afin qu’elle puisse soutenir la mise en œuvre de l’Accord de paix sur le Darfour en attendant le déploiement d’une opération des Nations Unies.
Le Conseil de sécurité, dans une déclaration de son Président, le Ministre des affaires étrangères du Congo, Rodolphe Adada, se réjouit de l’Accord conclu le 5 mai dernier dans le cadre des pourparlers de paix intrasoudanais, qui est la base, selon lui, d’une paix durable au Darfour, et demande instamment aux mouvements qui ne l’ont pas fait de le signer sans plus tarder.
Le Conseil dit attendre avec intérêt de recevoir du Secrétaire général, dès que possible, un plan pour monter une opération des Nations Unies au Darfour et demande au Gouvernement soudanais de faciliter le séjour dans la province d’une mission d’évaluation technique commune de l’ONU et de l’Union africaine. Il demande également au Secrétaire général et à l’Union africaine d’organiser au plus tôt une conférence pour les annonces de contributions.
Par ailleurs, le Conseil, qui se déclare profondément préoccupé par la dégradation de la situation humanitaire au Darfour, demande à toutes les parties soudanaises de respecter la neutralité, l’impartialité et l’indépendance des agents de l’aide humanitaire.
Ouvrant le débat ministériel, le Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, a jugé prioritaire le renforcement de la Mission de l’Union africaine au Soudan (MUAS) afin que celle-ci puisse mettre en œuvre les éléments essentiels de l’Accord et assurer une véritable sécurité pour les personnes déplacées. Nous sommes tous d’accord, a-t-il poursuivi, pour que la MUAS soit transformée aussitôt que possible en une opération des Nations Unies plus importante et plus mobile, mieux équipée et disposant d’un mandat plus fort.
Une nouvelle mission de paix, plus large et placée sous la direction des Nations Unies, aurait le mandat et la capacité de protéger les civils, a affirmé la Secrétaire d’État américaine, Condoleezza Rice, souhaitant que le Gouvernement soudanais soit partenaire de cette nouvelle mission. La communauté internationale doit redoubler d’efforts pour atténuer les souffrances de la population, a-t-elle assuré, insistant sur la nécessité d’adopter le projet de résolution prévu à cette fin et de redonner espoir à la population du Darfour.
Son homologue congolais a annoncé, de son côté, que le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine se réunirait à Addis-Abeba le 15 mai au niveau ministériel pour définir les modalités de la transition vers une opération des Nations Unies. M. Adada a, à cet égard, mis l’accent sur la nécessité de veiller à garantir le partenariat entre l’ONU et l’Union africaine, rappelant qu’une action toujours concertée, harmonisée et cohérente garantirait le succès de cette entreprise.
Le Ministre français des affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, a jugé essentiel que la communauté internationale se mobilise à nouveau pour pallier la dégradation de la situation humanitaire au Darfour, ainsi qu’au Tchad, tandis que la Ministre de la coopération du développement des Pays-Bas, Agnes van Ardenne-Van der Hoeven, a fait part de la proposition de son pays d’organiser, en septembre, une conférence d’appels de fonds.
Le représentant du Soudan a souligné, pour sa part, que son Gouvernement demeurait pleinement engagé dans l’application de l’Accord d’Abuja, l’abandonner, a-t-il ajouté, étant non envisageable.
Au cours de cette séance, les Ministres des pays suivants ont pris la parole : Congo, Royaume-Uni, Fédération de Russie, États-Unis, Chine, République-Unie de Tanzanie, France, Danemark, Grèce, Japon, Argentine, Autriche, au nom de l’Union européenne, et Pays-Bas. Les représentants du Pérou, du Qatar, de la Slovaquie, du Ghana, du Soudan, du Nigéria, du Canada et l’Observateur permanent de la Ligue des États arabes se sont également exprimés.
RAPPORTSDU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN
Déclarations
M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a estimé que le fait que le Conseil de sécurité se réunisse à un tel niveau montre que ses membres ont réalisé l’occasion historique qui se présente aujourd’hui de ramener la paix au Darfour, ainsi que l’urgence d’agir si cette opportunité n’est pas perdue. Le Secrétaire général a également félicité le Gouvernement du Soudan ainsi que les rebelles du Mouvement de libération du Soudan qui ont signé, vendredi dernier, l’Accord de paix d’Abuja. Ce sont eux qui ont créé cette opportunité, a-t-il déclaré. M. Annan a néanmoins souligné que plusieurs chefs rebelles importants n’avaient toujours pas signé cet Accord. Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour les convaincre de choisir la paix, dans l’intérêt de leur peuple, a-t-il affirmé. De même, a-t-il ajouté, nous devons tout faire afin de s’assurer que les signataires de l’Accord l’appliquent sur le terrain, et que le peuple du Darfour puisse survivre aux tous prochains mois. À cette fin, il a besoin à la fois de protection et de moyens de subsistance, a-t-il noté, précisant que la protection devait également être assurée pour ceux qui lui portent assistance.
Le Secrétaire général a en outre jugé prioritaire le renforcement de la Mission de l’Union africaine au Soudan (MUAS) afin que celle-ci puisse mettre en œuvre les éléments essentiels de l’Accord et assurer une véritable sécurité pour les personnes déplacées. Nous sommes tous d’accord, a-t-il poursuivi, pour que la MUAS soit transformée aussitôt que possible en une opération des Nations Unies plus importante et plus mobile, mieux équipée et disposant d’un mandat plus fort. Nous mobilisons maintenant toutes nos énergies pour que cela puisse se réaliser, a-t-il dit, ajoutant que le Département des opérations de maintien de la paix oeuvrait en étroite collaboration avec l’Union africaine et la MUAS pour l’aider à répondre à ses besoins immédiats. Nous avons l’intention, a-t-il poursuivi, de nous mettre d’accord avec les partenaires de l’Union africaine sur les ressources supplémentaires dont la MUAS aura besoin pour appliquer les éléments clefs d’Abuja, et d’organiser une conférence d’appel de fonds, probablement à Bruxelles. Il a appelé les donateurs à ne pas attendre cette conférence. Ils doivent se montrer très généreux, en commençant dès maintenant, a-t-il déclaré. Nous ne devons pas nous permettre de perdre un seul jour, a-t-il souligné.
Le Secrétaire général a par ailleurs lancé un appel à tous ceux qui se trouvent au Soudan pour aider la MUAS à s’acquitter de sa tâche. Il est urgent de trouver de l’argent pour l’aide d’urgence, a-t-il également affirmé. C’est pourquoi il a lancé un nouvel appel à toutes les parties, au Gouvernement du Soudan en particulier, pour qu’elles respectent immédiatement le cessez-le-feu et honorent l’Accord qui vient d’être signé.
M. RODOLPHE ADADA, Ministre des affaires étrangères et de la francophonie du Congo, a estimé que l’Accord d’Abuja était une importante étape que l’Union africaine s’engageait à consolider. Il a toutefois fait part des préoccupations profondes de son pays quant à la situation sécuritaire et humanitaire au Darfour, affirmant qu’il était urgent de renforcer les capacités opérationnelles et financières de l’opération de l’Union africaine, ainsi que d’accroître substantiellement l’aide humanitaire. À cet égard, il a appelé à l’organisation d’une conférence des donateurs dans les délais les plus rapprochés. Il a en outre annoncé que le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine se réunirait à Addis-Abeba le 15 mai au niveau ministériel pour endosser l’accord d’Abuja et définir les modalités de cette transition. Le Ministre a déclaré qu’il était essentiel de veiller à garantir le partenariat entre les Nations Unies et l’Union africaine dans le cadre de la préparation de la transition pour le Darfour, rappelant qu’une action toujours concertée, harmonisée et cohérente garantirait le succès de cette entreprise.
Mme MARGARET BECKETT, Secrétaire d’État aux affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, a affirmé qu’après trois ans de guerre, le peuple du Soudan entrevoyait enfin la paix. Le Royaume-Uni appuie l’Accord signé vendredi dernier à Abuja, a-t-elle souligné, précisant que son pays engageait toutes les parties signataires à le respecter et demandait à celles qui ne l’ont pas encore fait de le signer. Le Conseil de sécurité et la communauté internationale doivent maintenir la Mission de l’Union africaine au Darfour, a-t-elle également déclaré. Celle-ci doit, selon elle, être renforcée pour faire durer le cessez-le-feu. Elle a demandé à la communauté internationale d’offrir une aide. Il faut en outre accélérer la transition pour assurer le déploiement d’une opération de maintien de la paix des Nations Unies au Darfour, a-t-elle ajouté. Elle a souligné la nécessité de prévenir une catastrophe humanitaire, notant que la situation au Darfour empirait. Nous sommes prêts à jouer notre rôle pour que la population puisse entrer et vivre en paix, a-t-elle déclaré. Ce qui a été conclu à Abuja doit être appliqué sur le terrain, a-t-elle dit, mettant notamment l’accent sur la nécessité d’assurer la sécurité des organisations venant en aide à la population.
M. SERGEY V. LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a salué l’Accord de paix d’Abuja, pas important vers la réconciliation intrasoudanaise. Le Gouvernement soudanais a fait des compromis, a-t-il déclaré, estimant qu’il était nécessaire d’avoir l’appui de ce Gouvernement pour permettre à une nouvelle mission de mener à bien ses actions. Il a rappelé que la Fédération de Russie restait attachée au respect de l’intégrité territoriale soudanaise dans la gestion de la crise au Darfour.
M. CONDOLEEZZA RICE, Secrétaire d’État des États-Unis, a affirmé que l’Accord de paix signé vendredi dernier à Abuja, au Nigéria, constituait une occasion historique pour que le peuple du Darfour puisse obtenir une paix véritable. Mme Rice a indiqué avoir visité le Darfour et constaté sur place la souffrance ineffable en entendant des histoires de survie que vivent 2,5 millions d’hommes et de femmes. Les États-Unis, a-t-elle dit, ont qualifié cette campagne de violence de génocide, ce qui, a-t-elle ajouté, a été confirmé hier par le Président George Bush. Nous pouvons mettre fin à ce cauchemar, a-t-elle assuré, précisant que les rebelles au Sud-Soudan avaient tué des milliers de personnes. Mme Rice a félicité le Gouvernement soudanais et le mouvement rebelle de l’Armée de libération du Soudan d’avoir conclu cet Accord. L’Accord de paix du Darfour est le fondement sur lequel on va pouvoir commencer à assurer la sécurité et le développement du peuple du Darfour, a-t-elle dit. Il trace, selon elle, un chemin pour le retour de la population, les pays voisins du Soudan devant appuyer cet Accord. Elle a plaidé en faveur d’un effort ferme de la part des Nations Unies pour que le calendrier soit appliqué.
La Secrétaire d’État américaine a en outre applaudi les efforts héroïques de la Mission de l’Union africaine au Soudan. Elle a affirmé qu’une nouvelle mission de paix, plus large et sous la direction des Nations Unies, aurait le mandat et la capacité de protéger les civils. Elle a ainsi souhaité que le Gouvernement soudanais soit partenaire de cette nouvelle mission. La communauté internationale doit redoubler d’efforts pour atténuer les souffrances de la population, a-t-elle assuré. La crise du Darfour éveille notre conscience, mais celle-ci ne suffit pas pour sauver des vies, a poursuivi Mme Rice. C’est un défi lancé à l’ensemble de la communauté des nations et que l’on ne saurait relever à la légère, a-t-elle déclaré, précisant que le Conseil de sécurité se devait d’agir. Elle a insisté sur la nécessité d’adopter le projet de résolution prévu à cette fin et de redonner espoir à la population du Darfour.
M. LI ZHAOXING, Ministre des affaires étrangères de la Chine, a déclaré que le processus de paix au Soudan était arrivé à un tournant historique. Cela démontre que les problèmes africains peuvent être réglés avec des solutions africaines, a-t-il affirmé, rendant hommage à la Mission de l’Union africaine au Soudan (MUAS). La signature de l’Accord d’Abuja vendredi dernier n’est qu’un premier pas, a-t-il poursuivi, faisant remarquer que des défis encore plus complexes et plus ardus restent maintenant à relever. À cet égard, il a estimé que la communauté internationale devrait aider de manière appuyée la MUAS.
Le Ministre chinois des affaires étrangères a espéré que les consultations dans la préparation d’une nouvelle mission au Darfour seraient accélérées. Il a rappelé que le seul objectif de cette nouvelle mission était d’assurer l’application des accords prévus et qu’elle nécessitait un accord préalable du Gouvernement du Soudan. Enfin, il a fait part de sa préoccupation face au problème urgent de l’acheminement de l’aide humanitaire à la population du Darfour.
Mme ASHA ROSE MTENGETI-MIGIRO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la République-Unie de Tanzanie, a affirmé que la signature de l’Accord d’Abuja, vendredi dernier, représentait une percée importante dans les efforts visant à mettre fin au conflit au Darfour. Cet Accord, a-t-elle ajouté, offre de bonnes perspectives, même s’il n’est pas totalement inclusif, plusieurs parties ne l’ayant pas encore signé. Le Conseil de sécurité et la communauté internationale doivent appuyer les parties et l’Union africaine pour que cet Accord soit totalement appliqué, a-t-elle déclaré. La Ministre a en outre souligné que la situation humanitaire continuait de se détériorer et que les attaques contre les civils se perpétuaient. La Ministre a par ailleurs regretté la diminution significative de l’aide au Darfour. Elle a enfin jugé nécessaire le renforcement immédiat de la Mission de l’Union africaine au Soudan (MIUAS).
M. PHILIPPE DOUSTE-BLAZY, Ministre des affaires étrangères de la France, a salué l’Accord d’Abuja qui dessine enfin une perspective de paix au Darfour, a-t-il estimé. Même s’il s’agit d’une étape essentielle, cet Accord ne constitue qu’un point de départ, a-t-il expliqué. Il faut faire en sorte que toutes les parties au conflit rejoignent le Gouvernement soudanais et le Mouvement de libération du Soudan de Minni Minawi dans le ralliement de l’Accord de paix, a-t-il indiqué. Il faut encourager les parties à mettre en place la conférence de tous les Darfouriens, a-t-il poursuivi, et à prendre les mesures nécessaires pour renforcer la Force africaine dans le Darfour, indiquant qu’il comptait sur l’Union africaine et le Secrétaire général des Nations Unies à cet égard. M. Douste-Blazy a également estimé qu’il fallait accélérer les préparatifs pour une transition de la Mission de l’Union africaine au Soudan (MUAS) à une opération de maintien de la paix des Nations Unies. Le Ministre français des affaires étrangères a enfin jugé essentiel que la communauté internationale se mobilise à nouveau pour pallier la dégradation de la situation humanitaire au Darfour et aussi au Tchad, et a souligné l’importance d’aborder la question du Darfour avec une vision régionale.
Mme ULLA TOERNAES, Ministre de la coopération pour le développement du Danemark, a déclaré que les mouvements rebelles qui n’ont pas encore accepté l’Accord de paix au Soudan doivent être conscients qu’en hésitant, ils travaillent contre leur propre peuple. Il est encore possible pour les dirigeants des deux groupes restants d’adhérer à l’Accord d’Abuja, signé vendredi dernier. En tant que membre du Conseil de sécurité, nous avons toujours soutenu que toutes les mesures, y compris l’imposition de sanctions, soient mises en œuvre si la situation l’exige. Il est crucial que nous encouragions et, si nécessaire, exercions des pressions sur les parties ou individus qui s’opposent à la paix. Nous continuerons, a assuré la Ministre, à soutenir cette approche pour ce qui est de parvenir à une paix durable au Darfour. La Ministre a par ailleurs appelé instamment les membres de la communauté internationale à soutenir immédiatement les efforts humanitaires au Darfour. Elle a aussi plaidé en faveur de l’accès humanitaire et de meilleures conditions de sécurité. Toutes les restrictions au travail du personnel humanitaire doivent cesser. Les dirigeants qui ne subviennent pas aux besoins de leur propre population, a-t-elle rappelé, négligent de fait leurs responsabilités premières. Le Danemark encourage vivement le Gouvernement soudanais à accepter la mission de planification des Nations Unies au Darfour.
M. YANNIS VALINAKIS, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Grèce, s’est félicité de la signature de l’accord de paix d’Abuja, qui souligne la détermination de l’Afrique à résoudre ses problèmes avec la coopération de ses partenaires internationaux. Regrettant cependant le refus des groupes rebelles Mouvement/Armée de libération du Soudan (M/ALS) et Mouvement Justice et Égalité (JEM) de signer cet instrument, il a exhorté les parties soudanaises à surmonter leurs difficultés et à accepter cet Accord. Celui-ci ne pourra pas être appliqué sans une forte présence internationale sur le terrain, a poursuivi le Vice-Ministre, pour qui la Mission de l’Union africaine au Soudan (MUAS) doit être renforcée dans un premier temps, avant d’être remplacée par une mission de maintien de la paix des Nations Unies d’ici à la fin de cette année. M. Valinakis a également exprimé sa grave préoccupation devant la détérioration continue de la situation humanitaire au Darfour, où les restrictions imposées aux organisations non gouvernementales et aux institutions des Nations Unies doivent être levées, a-t-il demandé. Enfin, la Grèce a demandé qu’il soit mis un terme aux tensions et à l’instabilité observées le long de la frontière tchado-soudanaise, sur la base de l’Accord de Tripoli en date du 8 février 2006.
M. YASUHISA SHIOZAKI, Vice-Ministre des affaires étrangères du Japon, a appelé les parties à mettre en œuvre l’Accord d’Abuja au Darfour. Ayant visité le Soudan en février dernier, il a par ailleurs estimé que la mise en œuvre de l’Accord de paix global entre le Nord et le Sud progressait. Le Vice-Ministre a en outre convenu qu’il fallait renforcer la Mission de l’Union africaine au Soudan et qu’il fallait lui allouer des ressources supplémentaires pour améliorer la sécurité au Darfour. Toutefois, il sera nécessaire de disposer au préalable de l’accord du Gouvernement soudanais avant d’envisager de transférer le mandat de la Mission de l’Union africaine au Soudan à une mission de maintien de la paix au Darfour. Nous souhaitons le déploiement rapide d’une mission d’évaluation conjointe à l’ONU et l’Union africaine et espérons le déploiement d’une mission de maintien de la paix une fois l’Accord de paix signé. Nous sommes déterminés à étudier et soutenir un tel déploiement. Le Vice-Ministre s’est dit profondément préoccupé par la détérioration des droits de l’homme dans la région du Darfour depuis le début de cette année. L’amélioration de la situation humanitaire est le défi le plus immédiat qui attend la communauté internationale. Pour cela, deux éléments sont indispensables, à savoir la coopération du Gouvernement soudanais qui doit faciliter les activités humanitaires et le financement de ces activités. Jusqu’à ce jour, le Japon a financé l’aide humanitaire à hauteur de 33 millions et lors de sa récente visite en Afrique, le Premier Ministre Koizumi a annoncé que le Japon versera prochainement 10 autres millions de dollars.
M. ROBERTO GARCIA MORITAN, Vice-Ministre des relations extérieures de l’Argentine, a estimé que la présence des plus hautes autorités lors de cette réunion du Conseil de sécurité au niveau ministériel témoignait de l’importance que le Conseil accordait à la question du Darfour. Il a salué l’Accord de paix d’Abuja, appelant toutes les parties qui n’y ont pas encore adhéré à le faire sans condition. Une nouvelle phase du processus de paix s’ouvre à présent, a-t-il poursuivi, estimant qu’il était nécessaire de renforcer les capacités de la Mission de l’Union africaine au Soudan (MUAS) afin qu’elle puisse assurer la sécurité des civils sur le terrain et l’application de l’Accord.
Le Ministre a appelé le Gouvernement du Soudan à permettre une évaluation technique sur le terrain, indispensable pour préparer la future mission. La population du Darfour souffre depuis trop longtemps, a-t-il ajouté, exhortant les parties à s’abstenir de toute action qui entraînerait une rupture du cessez-le-feu et demandant au Gouvernement du Soudan d’assurer l’accès de l’aide humanitaire aux populations dans le besoin. La communauté internationale doit continuer à apporter son aide et son appui, non seulement pendant cette crise mais aussi dans les futures étapes de la reconstruction et du développement, a-t-il conclu.
M. OSWALDO DE RIVERO (Pérou) a affirmé que face à la catastrophe humanitaire au Darfour, son pays saluait l’accord de paix signé à Abuja, vendredi dernier. Pour qu’il puisse fonctionner, il doit être inclusif, a-t-il dit, soulignant l’importance pour les autres parties en conflit de signer l’Accord de paix. Le manque d’aide humanitaire a des conséquences pour la population, a-t-il estimé, précisant que 90 millions de dollars étaient nécessaires pour financer les programmes humanitaires. Le Conseil de sécurité doit renforcer la force de l’Union africaine, a-t-il ajouté. Il doit également envoyer d’urgence une mission technique d’évaluation au Soudan et déployer une mission de paix des Nations Unies au Darfour. Le Gouvernement d’unité nationale du Soudan doit coopérer pour permettre le déploiement d’une force des Nations Unies au Darfour, a-t-il ajouté.
M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER (Qatar) a estimé que cette réunion du Conseil entérinait une étape historique dans la voie du règlement du conflit, fruit des nombreux efforts des différentes parties impliquées. Il a rendu hommage à la souplesse du Gouvernement du Soudan et à la coopération des parties qui ont signé l’Accord d’Abuja. La diplomatie est le meilleur moyen de résoudre les problèmes chroniques que les armes ne peuvent régler, a-t-il ajouté, estimant qu’il est dans l’intérêt de chaque partie de travailler pour la stabilité au Soudan.
Ce sont les êtres humains qui payent le prix du conflit au Darfour, a ajouté le représentant, rappelant qu’il était de la responsabilité de la communauté internationale d’assurer le flux de l’assistance humanitaire. Enfin, il a salué l’esprit de responsabilité du Gouvernement du Soudan, affirmant que cet esprit de coopération devait perdurer et qu’il fallait continuer d’œuvrer en plein accord avec lui pour déployer une nouvelle mission dans la région.
M. PETER BURIAN (Slovaquie) a affirmé que son pays se félicitait de l’Accord de paix signé vendredi dernier à Abuja. Il a exhorté toutes les parties concernées à saisir cette opportunité pour assurer une paix durable dans la région du Darfour. La MUAS, a-t-il insisté, doit être renforcée et doit disposer de capacités plus importantes pour faire face à la situation très difficile sur le terrain. Le déploiement actuel de la MUAS n’est pas adéquat et son transfert vers une mission des Nations Unies est essentiel, a-t-il néanmoins jugé. La communauté internationale se doit de faire face à la situation humanitaire grave du Darfour, a ajouté le représentant. Selon lui, le Gouvernement du Soudan doit éliminer tout obstacle à la fourniture de l’aide humanitaire à la population du Darfour.
M. NANA EFFAH-APENTENG (Ghana) a déclaré que cette réunion du Conseil appuyait de manière cruciale l’Accord d’Abuja, signé vendredi dernier. Il a appelé à une meilleure compréhension et à une coopération accrue entre le Gouvernement du Soudan et les Nations Unies, saluant le travail des dirigeants africains dans la conclusion de l’Accord d’Abuja. Ceux qui sont restés à l’écart de cet Accord se trompent, a-t-il déclaré, en les appelant à mettre en œuvre cet instrument afin d’y donner un sens pour améliorer la qualité de vie de tous.
Le représentant ghanéen a estimé que la communauté internationale devait se montrer digne de la confiance qui s’installait avec les autorités soudanaises. La réconciliation entre Darfouriens est fondamentale, le moment est venu de prendre des mesures concrètes pour renforcer la Mission de l’Union africaine sur place, a-t-il poursuivi, affirmant que beaucoup d’énergie et de ressources avaient déjà été gaspillées à cause de la crise. Enfin, il a déclaré que le Conseil de sécurité devait s’acquitter de ses responsabilités et tenir responsables ceux qui violeraient ou feraient obstacle à l’application de l’Accord de paix.
Mme URSULA PLASSNIK, Ministre des affaires étrangères de l’Autriche, s’exprimant au nom de l’Union européenne, a déclaré que la signature de l’Accord de paix sur le Darfour, signé vendredi dernier à Abuja par le Gouvernement du Soudan et le Mouvement de libération du Soudan, pourrait ouvrir la voie à une amélioration rapide de la sécurité sur le terrain, à un renforcement de la protection de la population civile, à un acheminement accéléré de l’assistance humanitaire ainsi qu’au rétablissement d’une paix durable et à la mise en œuvre d’un processus de réconciliation dans la région. La Ministre autrichienne des affaires étrangères a ensuite rappelé que l’ensemble des parties au conflit devait adhérer à l’Accord et veiller à la mise en œuvre effective de toutes les dispositions qui y sont contenues. Le renforcement de la Mission de l’Union africaine au Soudan (MUAS), a-t-elle insisté, est indispensable. La mise au point d’une mission de maintien de la paix au Darfour était maintenant une proposition réaliste avec l’établissement futur d’une mission d’évaluation préliminaire conjointe Nations Unies/Union africaine.
Enfin, Mme Plassnik a précisé que l’Union européenne avait décidé de transférer une somme supplémentaire de 50 millions d’euros du Fonds africain pour la paix à la MUAS, en plus des 162 millions d’euros déjà alloués. L’Union européenne se tient prête à poursuivre le soutien technique et logistique à la MUAS, et s’est engagée récemment, a précisé la Ministre, à affecter une enveloppe de 100 millions d’euros, en vue de mettre en œuvre des projets d’assistance humanitaire et de relance initiale.
Mme AGNES VAN ARDENNE-VAN DER HOEVEN, Ministre de la coopération du développement des Pays-Bas, a estimé que l’Accord de paix sur le Darfour, signé vendredi dernier à Abuja, s’il constitue une étape, ne représente néanmoins qu’une pièce du puzzle. Elle a ainsi invité toutes les parties au conflit qui ne l’ont pas encore fait à signer l’Accord de paix, la population du Darfour ne pouvant attendre. Selon la Ministre, il incombe en premier lieu au Gouvernement soudanais d’assurer le bien-être de ses citoyens, ainsi que l’accès des organisations humanitaires. De même, a-t-elle ajouté, la communauté internationale a une responsabilité, celle-ci incluant la fourniture d’une aide d’urgence supplémentaire. Elle a en outre plaidé en faveur du déploiement d’une mission de maintien de la paix au Darfour plus forte et appelé le Gouvernement du Soudan à autoriser les Nations Unies à entamer les travaux de planification dans les prochains jours. Toutefois, avant l’arrivée des Casques bleus sur le terrain, le peuple du Darfour doit compter sur la Mission de l’Union africaine pour le soutenir, a-t-elle souligné. La Ministre a indiqué que son pays organiserait en septembre une conférence des pays donateurs. De l’avis de la Ministre, l’objectif de mettre fin au cycle de violence et reconstruire la province du Darfour est en partie lié avec celui de maintenir la crédibilité du Conseil de sécurité et de la communauté internationale dans son ensemble.
M. OMAR BASHIR MOHAMED MANIS (Soudan) a affirmé que les parties étant parvenues à un accord, il devait exprimer la gratitude de son Gouvernement, particulièrement envers l’Union africaine qui est restée sur le terrain au Darfour pour défendre la paix. Il a également loué le travail du négociateur de l’Union africaine et des dirigeants africains qui ont permis d’arriver à un accord à Abuja. Il a en outre salué l’appel lancé par la Ministre pour le développement des Pays-Bas pour l’organisation d’une conférence des donateurs en septembre prochain pour le Soudan.
Notre Gouvernement se doit d’accélérer le règlement politique vers la paix car il permet de régler les causes profondes du conflit, a poursuivi le représentant soudanais, assurant que son Gouvernement avait fait de nombreux efforts dans l’acheminement de l’aide humanitaire et pour les questions liées au retour volontaire des réfugiés. Nous sommes pleinement engagés dans l’application de l’Accord d’Abuja qui est le résultat d’efforts réels pour la réconciliation, a-t-il affirmé, ajoutant que l’abandonner était non envisageable.
À cet égard, il a demandé que les Nations Unies et le Conseil de sécurité envoient un message sans ambiguïté aux parties qui n’avaient pas encore signé l’Accord d’Abuja, en tenant compte de la souffrance de la population. Le Gouvernement du Soudan a bien coopéré avec les Nations Unies par le passé, a-t-il rappelé avant de conclure, l’application de l’Accord d’Abuja ne sera couronnée de succès qu’avec l’appui et le soutien de la communauté internationale, pour permettre de ranimer la coexistence entre les différentes parties de la population dans le Darfour.
M. FIDELIS E. IDOKO (Nigéria) a affirmé que des horizons nouveaux de coopération s’offraient désormais avec la signature de l’Accord de paix d’Abuja. Le représentant a également souligné le rôle important joué à cette occasion par l’Union africaine. Nous devons regarder au-delà de l’Accord et penser à sa pleine mise en oeuvre, a-t-il déclaré. La voie de la paix et de la réconciliation dans cette région troublée est la meilleure, a-t-il estimé, souhaitant le concours du
Gouvernement soudanais. Selon le représentant, la présence d’une opération de maintien de la paix des Nations Unies permettra de renforcer la sécurité sur le terrain. La promesse de soutien logistique pour renforcer, en attendant, la Force de l’Union africaine doit être maintenue, a-t-il assuré.
M. GILBERT LAURIN (Canada) a salué à son tour l’Accord de paix d’Abuja comme une étape essentielle vers une paix durable au Darfour. C’est aussi le commencement d’une nouvelle étape dans l’implication de la communauté internationale, a-t-il ajouté, appelant à mettre fin à la violence et à l’impunité au Darfour, et à passer des paroles à l’action afin d’amorcer le difficile travail de réconciliation dans la région.
Un nouvel espoir se dessine pour les populations du Darfour, a poursuivi le représentant, estimant nécessaire de renforcer la Mission de l’Union africaine au Soudan (MUAS) pour que cette dernière dispose des ressources nécessaires à l’application de l’Accord d’Abuja. Enfin, il a appelé à assurer une transition rapide vers une mission robuste des Nations Unies sur place. Il est vital pour le Soudan et pour la sécurité de toute la région de trouver une solution aux troubles dans le Darfour, a-t-il conclu.
M. YAHYA MAHMASSANI, Observateur permanent de la Ligue des États arabes, a lancé un appel aux factions rebelles, qui ne l’ont pas encore fait, à signer l’Accord de paix d’Abuja et à s’engager à l’appliquer. Toutes les parties doivent coopérer activement avec la Mission de l’Union africaine au Soudan pour l’aider à exécuter son mandat, a-t-il dit. L’Observateur a demandé instamment à la communauté internationale d’accorder l’appui nécessaire pour concourir au règlement de la crise humanitaire au Darfour.
Déclaration présidentielle
Le Conseil de sécurité se réjouit de l’accord conclu le 5 mai 2006 dans le cadre des pourparlers de paix intrasoudanais, qui est la base d’une paix durable au Darfour; il félicite les signataires de l’accord; il remercie de leurs efforts M. Sassou-Nguesso, Président de la République du Congo, M. Obasanjo, Président du Nigéria, qui a accueilli les pourparlers, et M. Salim Ahmed Salim, Envoyé spécial de l’Union africaine et négociateur en chef; il demande à toutes les parties de respecter les engagements qu’elles ont pris et de mettre sans retard l’accord en application; il demande instamment aux mouvements qui ne l’ont pas fait de le signer sans plus tarder, en leur faisant valoir les avantages qu’ils y trouveront et qu’y trouvera le peuple du Darfour, et de n’empêcher en aucune façon la mise en œuvre de l’accord; il se félicite de la prochaine réunion du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, le 15 mai 2006.
Le Conseil félicite l’Union africaine du succès remporté dans des circonstances difficiles par sa Mission au Soudan, la MUAS; il souligne la nécessité de renforcer d’urgence celle-ci, comme il est indiqué dans les conclusions du rapport de la Mission d’évaluation conjointe qui a eu lieu du 10 au 20 décembre 2005, afin qu’elle puisse soutenir la mise en œuvre de l’Accord de paix sur le Darfour en attendant le déploiement d’une opération des Nations Unies; il demande au Secrétaire général et à l’Union africaine d’organiser au plus tôt une conférence pour les annonces de contributions; il invite instamment les États Membres et les organisations internationales et régionales à prêter leur concours à la MUAS par tous les moyens possibles.
Le Conseil souligne que le Secrétaire général devrait se concerter conjointement avec l’Union africaine, en consultation étroite et permanente avec le Conseil de sécurité et en coopération et consultation étroites avec les parties aux pourparlers de paix d’Abuja, dont le Gouvernement d’unité nationale, concernant toutes les décisions relatives à la transition vers une opération des Nations Unies; il attend avec intérêt de recevoir du Secrétaire général, dès que possible, le plan que propose celui-ci pour monter une opération des Nations Unies au Darfour; il demande à cet égard au Gouvernement d’unité nationale de faciliter le séjour au Darfour d’une mission d’évaluation technique commune de l’ONU et de l’Union africaine; il invite le Secrétaire général à consulter d’urgence les pays qui pourraient fournir des contingents militaires sur les moyens nécessaires à une opération des Nations Unies; il insiste sur le fait qu’une telle opération doit avoir un fort caractère africain et une forte participation africaine; il demande aux organisations régionales et internationales et aux États membres de fournir à l’opération des Nations Unies toute l’assistance possible.
Le Conseil se déclare profondément préoccupé par la dégradation de la situation humanitaire au Darfour; il se félicite de la présence sur place du Coordonnateur des secours d’urgence de l’ONU, Jan Egeland; il se déclare profondément préoccupé par le déficit du financement humanitaire; il invite instamment les États Membres à fournir un surcroît de ressources; il demande à toutes les parties soudanaises de respecter la neutralité, l’impartialité et l’indépendance des agents de l’aide humanitaire.
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