LE PREMIER MINISTRE DE LA CÔTE D’IVOIRE, CHARLES KONAN BANNY, SOUHAITE UN RENFORCEMENT DE LA MISSION DE L’ONU AFIN D’ASSURER UN ENVIRONNEMENT SÉCURISÉ EN VUE DES ÉLECTIONS D’OCTOBRE
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Conseil de sécurité
5426e séance – matin
LE PREMIER MINISTRE DE LA CÔTE D’IVOIRE, CHARLES KONAN BANNY, SOUHAITE UN RENFORCEMENT DE LA MISSION DE L’ONU AFIN D’ASSURER UN ENVIRONNEMENT SÉCURISÉ EN VUE DES ÉLECTIONS D’OCTOBRE
Examinant ce matin la situation en Côte d’Ivoire, le Conseil de sécurité a entendu une déclaration de M. Charles Konan Banny, Premier Ministre de la Côte d’Ivoire, qui a fait aux membres du Conseil une présentation sur l’évolution du processus de retour à la paix et à la stabilité dans son pays depuis la prise de fonctions du gouvernement qu’il dirige.
Après un bref rappel des principales étapes du processus engagé depuis la signature des différents accords de Linas Marcoussis, d’Accra et de Pretoria, M. Konan Banny a déclaré au Conseil de sécurité qu’avant l’adoption de la résolution 1633, le 21 octobre dernier, le processus mené en Côte d’Ivoire était dans une impasse totale. Le manque de confiance était manifeste dans la classe politique, et notamment entre les principaux leaders politiques ivoiriens. La plupart d’entre eux étaient hors d’Abidjan ou hors du pays, a relevé M. Konan Banny. La situation sécuritaire était au plus bas niveau, et le Gouvernement de réconciliation nationale ne fonctionnait pas de façon optimale, a-t-il estimé. C’est dans ce contexte que le Conseil de sécurité a adopté, sur proposition de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), la résolution 1633.
Parlant ensuite du climat qui prévaut dans son pays, le Premier Ministre a indiqué que même si les choses ne s’y passent pas à un rythme accéléré, comme le souhaite la majorité des observateurs, la situation générale du processus de retour à la stabilité et à la normale paraît actuellement satisfaisante. Grâce aux efforts du tandem que j’ai formé avec le Président Laurent Gbagbo, mon gouvernement a pu organiser les deux rencontres de Yamoussoukro, dont le Conseil a certainement eu les échos, a poursuivi M. Konan Banny.
La première de ces rencontres, qui était un séminaire gouvernemental sur la Feuille de route du Groupe de travail international (GTI), s’est tenue du 9 au 11 février 2006, tandis que la seconde, qui a réuni les quatre principaux dirigeants politiques ivoiriens que sont MM. Laurent Gbagbo, Henri Konan Bédié, Alassane Ouattara, et Guillaume Soro, s’est tenue le 25 février 2006. « Cette dernière réunion, réalisée pour la première fois en terre ivoirienne depuis le début de la crise, a permis aux participants d’aborder, en ma présence, les questions essentielles qui les préoccupaient et dont le règlement devrait donner une impulsion nouvelle au processus », a déclaré le Premier Ministre ivoirien.
Sur le plan politique, a-t-il poursuivi, le rétablissement du dialogue entre les leaders politiques a permis de faire tomber le mur de méfiance qui les séparait; de lever les obstacles qui bloquaient l’application des accords signés, et d’ouvrir la voie à la mise en œuvre des mesures préconisées par la résolution 1633 (2005) du Conseil de sécurité et par la Feuille de route du GTI.
Sur le plan militaire, a poursuivi M. Konan Banny, conformément aux décisions de la réunion, des leaders des anciennes forces belligérantes, encouragés par le climat de détente politique, ont à leur tour, repris le cours de leurs échanges interrompus depuis plus d’un an, en vue de l’application du programme de démobilisation, désarmement et de réintégration (DDR). Ce contact entre les états-majors était bien engagé lorsqu’un incident intervenu dans la localité de Tiébissou, le 12 avril dernier, a ralenti l’évolution, a noté M. Konan Banny, en estimant qu’il ne s’agit cependant pas d’une rupture définitive, car tout est mis en œuvre pour une rapide reprise de ces pourparlers.
Sur le plan administratif, a poursuivi le Premier Ministre, l’esprit nouveau né du Sommet de Yamoussoukro a permis d’engager partiellement le processus de redéploiement de l’administration dans les régions sous contrôle des Forces nouvelles dans les domaines de l’éducation et de l’enseignement supérieur. Il a été ainsi possible d’organiser, dans des conditions satisfaisantes, les examens scolaires qui n’avaient pu avoir lieu depuis plus de trois ans dans les régions administrées par les Forces nouvelles. L’Université de la ville de Bouaké, qui est la place forte des Forces nouvelles, a rouvert ses portes le 28 mars dernier, a indiqué M. Konan Banny.
Passant à la situation économique de la Côte d’Ivoire, M. Charles Konan Banny a dit que l’apaisement du climat politique avait redonné espoir aux opérateurs économiques, qu’il a conviés le 21 mars 2006, dans le cadre d’un forum au cours duquel les problèmes liés à la poursuite et aux conditions d’exercice de leurs activités ont fait l’objet de franches discussions. Une véritable convergence de vues s’est dégagée de nos travaux, a dit le Premier Ministre. Lors de ces assises, tous les partenaires du secteur économique ont insisté sur l’environnement sécuritaire, dont la responsabilité première incombe à l’État de Côte d’Ivoire.
Le processus de sortie de crise évolue lentement, mais sûrement, dans la bonne direction, a estimé le Premier Ministre ivoirien. Force est cependant de reconnaître que certaines résistances subsistent qui l’empêchent d’avancer rapidement, comme le prévoit le calendrier de la Feuille de route du GTI. Cela s’observe malheureusement au moment où le Gouvernement œuvre à la résolution de questions fondamentales, nées de la crise, dont la solution doit permettre la création de conditions idéales en vue de l’organisation d’élections ouvertes, justes, démocratiques et transparentes en Côte d’Ivoire en octobre 2006.
Je me félicite du contenu du huitième rapport du Secrétaire général de l’ONU sur la situation en Côte d’Ivoire, et notamment de son paragraphe 74, dans lequel M. Kofi Annan se préoccupe du retard accusé par le processus, a dit M. Konan Banny. Il faut aider à consolider les avancées politiques engagées par le Gouvernement ivoirien et parvenir à un véritable pacte de cohésion et de stabilité politique, qui sera le ciment de toute sortie de crise. C’est pourquoi notre gouvernement fait sien le souhait du Secrétaire général de voir renforcer les capacités humaines, matérielles et financières de l’ONUCI, afin de lui permettre d’assurer la sécurisation de tout le processus de sortie de crise, jusqu’à son terme. Seule une présence militaire dissuasive peut assurer la sécurisation de tout le processus de sortie de crise, a souligné le Premier Ministre.
L’importance des élections d’octobre 2006, non seulement pour la Côte d’Ivoire, mais aussi pour toute la communauté internationale, milite en faveur de la mise en place d’un dispositif qui puisse permettre que tout se fasse dans la transparence et la justice, afin d’éviter toute velléité de contestation des résultats des consultations électorales, a dit M. Konan Banny. Il faudrait assurer la sécurité non seulement à Abidjan, mais aussi à l’intérieur du pays, et notamment à Bouaké et dans la région de l’Ouest, qui est frontalière du Libéria. Ce pays ayant beaucoup de similitudes ethniques et culturelles avec les populations de l’Ouest ivoirien, assurer la sécurité de cette région revient à renforcer la sécurité du Libéria et son processus démocratique naissant. Tout débordement incontrôlé qui déstabiliserait l’Ouest ivoirien aurait des conséquences fâcheuses au Libéria et même en Sierra Leone.
Nous savons que le Conseil de sécurité discute d’un projet de résolution portant sur l’augmentation des effectifs de l’ONUCI, a indiqué M. Konan Banny. Nous souhaitons que le nombre de Casques bleus supplémentaires devant être mis à la disposition de l’ONUCI se rapproche le plus possible de celui demandé par le Secrétaire général. J’appelle donc les membres du Conseil à soutenir la proposition du Secrétaire général, a déclaré Charles Konan Banny. Le Premier Ministre a ensuite invité les partenaires internationaux de la Côte d’Ivoire, notamment dans le secteur du développement, à respecter les engagements qui sont les leurs conformément à l’Accord de Linas Marcoussis.
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