LES PERSONNELS DU MAINTIEN DE LA PAIX DOIVENT ÊTRE IRRÉPROCHABLES, SOULIGNENT LES DÉLÉGATIONS DEVANT LA QUATRIÈME COMMISSION
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Quatrième Commission
16e séance – matin
LES PERSONNELS DU MAINTIEN DE LA PAIX DOIVENT ÊTRE IRRÉPROCHABLES, SOULIGNENT LES DÉLÉGATIONS DEVANT LA QUATRI ÈME COMMISSION
Le vote sur les projets de résolution sur les utilisations pacifiques de l’espace aura lieu lundi 30 octobre
La Quatrième Commission (questions politiques spéciales et décolonisation) a conclu, ce matin, ses travaux sur les opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects. À l’instar du représentant de la Mongolie, les délégations ont souscrit à la politique de tolérance zéro concernant les questions de l’exploitation et des abus sexuels.
Beaucoup de choses ont changé pour le mieux dans ce domaine, s’est félicité le représentant des États-Unis, alors que le représentant de l’Éthiopie a appelé au renforcement du Bureau des services de contrôle interne pour que les enquêtes puissent être menées plus rapidement, de manière à épargner l’image des Nations Unies dans les pays où elles sont engagées. De son côté, le représentant du Zimbabwe s’est félicité que la tolérance zéro s’accompagne de programmes de formation et de sensibilisation des personnels.
De nombreuses faiblesses dans les opérations de maintien de la paix ont néanmoins été soulignées par les délégations. Pour le représentant de Singapour, le rythme des réformes s’est ralenti et le Département (DPKO) doit redoubler d’efforts. Les opérations de maintien de la paix nécessitent une réforme en profondeur au niveau des ressources, des méthodes de gestion et de programmation, a renchéri le représentant de la Chine.
L’ONU a un rôle à jouer dans toutes les phases des opérations mais il faut définir, dès que possible, la répartition des tâches entre le DPKO et les autres départements ou institutions, a déclaré le représentant américain. La représentante vénézuélienne a, elle aussi, estimé que la consolidation de la paix est un processus à long terme qui devait être pris en charge par les institutions spécialisées de l’ONU. Maintien et consolidation de la paix sont deux aspects complémentaires qui doivent se renforcer mutuellement, a indiqué le représentant de Fidji.
La représentante de la Géorgie a, pour sa part, dénoncé l’inefficacité de la mission des Nations Unies déployée dans la zone de conflit de l’Abkhazie-Géorgie, affirmant qu’aucun réfugié n’avait été autorisé à rentrer chez lui et que 2 000 Géorgiens avaient été tués dans les zones protégées par les gardiens de la paix. Ce format de maintien de la paix n’est plus adéquat, a-t-elle estimé.
La représentante du Liban a salué les efforts du Secrétariat pour aboutir au renforcement rapide de la FINUL dans le cadre de la résolution 1701. Le Liban veut être un exemple de réussite dans ce domaine et entend établir une civilisation de paix au Moyen-Orient, a-t-elle déclaré.
En fin de séance, le Président de la Quatrième Commission, Madhu Raman Acharya du Népal, a indiqué que la Commission reviendrait sur la question des opérations de maintien de la paix au cas où le rapport du Groupe d’experts sur la responsabilité et les obligations redditionnelles des personnels des Nations Unies serait examiné dans le cadre de ses travaux.
La Quatrième Commission commencera l’examen de la question des effets des rayonnements ionisants, l’Université pour la paix et la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale demain, jeudi 26 octobre, à 10 heures.
ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEUR ASPECTS
Débat général
M. LIU ZHENMIN (Chine) a salué les accomplissements des Nations Unies, notamment au Libéria, au Timor-Leste et en République démocratique du Congo; dans ce dernier, a-t-il indiqué, l’ONU a aidé à organiser les premières élections parlementaires depuis 40 ans. Il a déclaré que les opérations de maintien de la paix avaient atteint un niveau inégalé dans leur complexité et l’intérêt qu’elles suscitent dans les États Membres. Rappelant les disparités entre les demandes réelles sur le terrain et les capacités réelles de ces opérations, le représentant s’est prononcé pour la mise en place d’une réforme approfondie au niveau des ressources, des méthodes de gestion et de programmation, en particulier. Ces réformes devraient être conduites, à son avis, par le Conseil de sécurité avec le concours des États Membres. Il s’est également déclaré en faveur d’un resserrement des liens de l’ONU avec les instances régionales, rappelant que l’Union africaine subissait des pressions au niveau logistique et avait besoin de formation du personnel et de soutien financier des Nations Unies. Il a affirmé que les pays fournisseurs de contingents devaient contribuer à assurer la sécurité de leurs troupes sur le terrain, soulignant également le rôle important de la Commission de consolidation de la paix dans l’élaboration de stratégies globales sur la question. Le représentant a aussi rappelé que son pays avait envoyé plus de 6 000 soldats dans 16 opérations de maintien de la paix.
M. RAZIFF ALJUNIED (Singapour) a rappelé que les cas d’exploitation et d’abus sexuels perpétrés par des personnels du maintien de la paix avaient terni l’image des Nations Unies. Haïti et le Timor-Leste ont aussi montré les dangers d’un désengagement prématuré, a-t-il estimé, saluant certaines réalisations positives du Département des opérations de maintien de la paix (DPKO). Il semble toutefois que le rythme des réformes s’est ralenti, a poursuivi le représentant, demandant de redoubler d’efforts en ce sens. Il faudrait un accord plus large sur certains aspects de cette réforme, en se concentrant sur les domaines qui ont le plus gros impact et en intensifiant les rapports entre le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes.
Nous avons aussi besoin d’une organisation pour gérer les opérations internationales en permanence, ce qui exige un examen critique des processus de travail et de compétence du DPKO, a-t-il poursuivi. La coordination semble être la faiblesse majeure et les leçons du terrain accumulées depuis des années doivent être tirées et partagées avec les autres missions et pays contributeurs. En outre, il faut intensifier les efforts d’intégration et de partenariat avec les organisations régionales et les autres institutions qui peuvent offrir une compétence complémentaire au maintien de la paix. Les personnels du maintien de la paix doivent devenir des partenaires naturels en matière de sécurité, de finance, de technique et d’aide humanitaire dès le lancement d’une mission. Pour relever tous les défis, le DPKO a un besoin urgent de réformer ses processus et son organisation, a conclu le représentant.
M. WIDHYA CHEM (Cambodge) a estimé que la multiplication des opérations de maintien de la paix soulignait la responsabilité première des Nations Unies dans le maintien de la paix internationale. Pour affronter les problèmes que pose cette multiplication, une volonté politique dans un esprit de confiance mutuelle constitue la clef, a-t-il affirmé. Le Cambodge a une grande expérience de la résolution des conflits, de la réconciliation nationale et de la consolidation de la paix, autant d’éléments qui ont permis aujourd’hui une croissance économique forte dans le pays et une stabilité macroéconomique. L’un des chapitres les mieux connus dans l’histoire des succès des Nations Unies au Cambodge est celui des Accords de Paix de Paris, a-t-il rappelé. Désormais, au lieu de bénéficier d’une aide au maintien de la paix, le Cambodge est devenu contributeur, notamment avec des démineurs au Soudan, s’est félicité le représentant. L’exemple du Soudan montre la nécessité d’une coopération plus étroite avec les organisations régionales dans le maintien de la paix, notamment en raison de leur meilleure connaissance des régions touchées et de leurs besoins, a-t-il ajouté.
M. A. ALMORAD (Koweït) a rappelé la complexité accrue des mandats des opérations de maintien de la paix qui jouent, à son avis, un rôle crucial et symbolisent l’engagement des États Membres en matière de sécurité collective. Dans ces conditions, a-t-il dit, leur renforcement est essentiel. À son avis, il faut revoir les structures de commandement et promouvoir la coopération entre les États en la matière. Le représentant a également rappelé qu’il fallait améliorer la formation du personnel et la planification de ces opérations. Il a salué la coopération accrue entre les Nations Unies et les organisations régionales qui devraient contribuer, selon lui, à renforcer la capacité d’intervention de l’Organisation, notamment en matière de déploiement rapide. Le représentant a, par ailleurs, apporté son soutien aux recommandations du Secrétaire général adjoint, Jean-Marie Guéhenno, en matière de lutte contre l’abus sexuel, affirmant qu’il fallait punir ceux qui ont perpétré ces actes odieux, qui ternissent l’image des Nations Unies. Il a rappelé que son pays était prêt à offrir une assistance logistique aux activités de l’ONU en Iraq.
Mme NICHOLETTE WILLIAMS (Jamaïque) a déclaré que le maintien de la paix était sans doute un élément essentiel du rôle des Nations Unies dans le maintien de la paix et de la sécurité internationale. Par sa complexité, il a fait émerger de plus en plus de défis, notamment parce qu’il s’exerce dans des cas de conflits entre pays mais aussi dans le cadre de conflits civils internes ou de violations graves du droit international. La Jamaïque considère que l’efficacité de ces opérations dépend d’une collaboration étroite entre les organisations militaires, civiles et policières, a poursuivi la représentante, estimant qu’il y avait une marge d’améliorations substantielle dans ce domaine, notamment pour ce qui est du recrutement et de la gestion des personnels du Département des opérations du maintien de la paix (DPKO). Depuis plus de 10 ans, la Jamaïque y a contribué modestement, au Libéria ou au Soudan notamment, ce qui témoigne de son engagement à aider les Nations Unies dans ce domaine, a-t-elle indiqué. Apportant son soutien à la politique de tolérance zéro concernant l’exploitation et les abus sexuels dans les opérations, la représentante a aussi salué les avancées dans la mise en œuvre d’un système de gestion unifié de la sécurité des personnels du maintien de la paix.
M. WILLEM RAMPANGILEI (Indonésie) a rappelé que 29 des Casques bleus de l’ONU, qui étaient morts dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU, étaient indonésiens. En outre, a-t-il précisé, son pays a été parmi les premiers à mettre des hommes à la disposition de la Force de l’ONU au Liban. Il a affirmé que les opérations de maintien de la paix avaient besoin de ressources supplémentaires et s’est prononcé pour la refonte de leurs méthodes et procédures dans le cadre des objectifs fixés à 2010. Rappelant que le budget des opérations de maintien de la paix ne représentait que 0,5% de la totalité des opérations militaires dans le monde, malgré une récente augmentation de son montant, le représentant a estimé que ce manque de ressources chronique risquait d’avoir des effets préjudiciables sur la situation sécuritaire des missions et sur les programmes élaborés dans ce cadre. Il s’est prononcé pour l’imposition de sanctions sévères à l’encontre d’auteurs d’abus sexuels.
M. AMINU BASHIR WALI (Nigéria) a déploré que les soldats de la paix soient devenus les cibles d’actions violentes dans le cadre des missions de l’ONU sur le terrain. Il a dénoncé les conditions pénibles dans lesquelles ils remplissent leurs fonctions complexes et la duplicité dont font preuve certains gouvernements. Exhortant les États Membres à contribuer activement à toutes les activités des opérations de maintien de la paix, le représentant a appelé à un déploiement plus rapide des troupes sur le terrain. Il a estimé qu’il fallait renforcer les capacités régionales en tant que complément aux activités de l’opération de maintien de la paix de l’ONU, insistant sur l’importance de la création d’emplois pour les jeunes dans les zones postconflit et du rétablissement des rapports sociaux et économiques dans ces régions. Le représentant a réitéré son souhait de voir le Fonds de consolidation de la paix jouer un rôle important dans le relèvement économique durable des pays concernés et la Commission de consolidation de la paix coordonner les activités des opérations de maintien de la paix. Il a salué la création d’un Comité juridique chargé d’enquêter sur les cas d’abus sexuels et a affirmé que le personnel militaire et de police des missions devait être sensibilisé à ces questions.
M. SAINIVALATI NAVOTI (Fidji) a souligné que le maintien de la paix des Nations Unies avait besoin de se réformer constamment pour sauvegarder sa crédibilité. Le programme de réforme du Département des opérations de maintien de la paix (DPKO), intitulé Opération Paix 2010, a pour but d’en augmenter le professionnalisme, la gestion et l’efficacité, s’est-il félicité, saluant particulièrement la création d’un ensemble de 2 500 personnels civils. L’Unité de Police Civile des Nations Unies est en revanche désespérément en sous-effectif et cette situation doit être réglée, a-t-il toutefois déploré. La criminalité et la mauvaise conduite au sein des opérations sont inacceptables et ternissent la réputation des Nations Unies ainsi que les relations avec les pays hôtes et les populations, a indiqué le représentant. À son avis, la recommandation du Groupe d’experts pour le développement d’une nouvelle convention internationale devrait être prise en compte. Le rôle du maintien de la paix est passé de la sécurité à des aspects multidimensionnels. En outre, la distinction entre le maintien de la paix et la consolidation de la paix est plus floue, a noté le représentant. Ce sont deux aspects complémentaires qui doivent se renforcer mutuellement, a-t-il souligné, ajoutant que la sécurité des personnels de maintien de la paix devait rester une question prioritaire pour les Nations Unies. Il y a un écart croissant entre notre souhait de participer au maintien de la paix et notre capacité d’y participer, a-t-il regretté.
M. THOMAS W. OHLSON (États-Unis) a affirmé que le maintien de la paix était aujourd’hui l’activité la plus importante des Nations Unies et qu’elles y déployaient des efforts sans précédent. Nous sommes de plus en plus conscients de l’importance d’une coopération croissante entre les aspects militaires et les aspects civils, a-t-il ajouté, saluant le travail réalisé par la Commission de consolidation de la paix depuis sa création. Le représentant a rappelé qu’il y a deux ans, la Mission des Nations Unies au Timor-Leste (UNMISET) était considérée comme l’une des grandes d’aujourd’hui. Pourtant, a-t-il poursuivi, de nos jours, nous nous efforçons une fois de plus d’apporter la paix au Timor, n’ayant pas accordé le temps nécessaire à cette mission de réaliser tous ses objectifs. Il a estimé que l’ONU avait un rôle à jouer dans toutes les phases d’une opération, tout en répartissant les tâches entre le DPKO et les autres départements ou institutions. Certaines opérations prennent le risque de compromettre la paix en faisant stagner des situations, a-t-il dit, estimant que les opérations ne devaient jamais se substituer au processus politique. Concernant l’exploitation sexuelle, beaucoup a changé pour le mieux, a-t-il constaté, affirmant que chaque État Membre devait mener des enquêtes et poursuivre tout citoyen coupable de conduite criminelle, a-t-il rappelé. Nous avons le devoir de protéger ceux qui nous ont été confiés sous la bannière des Nations Unies. Il faut, pour cela, laisser la politique de côté et nous concentrer sur les réformes à apporter aux opérations elles-mêmes, a déclaré Thomas Ohlson.
Mme ROSELYN MAKHUMULA (Malawi) a déclaré que face aux besoins accrus des Casques bleus, il incombait aux États Membres d’agir de concert pour améliorer la coordination et mieux relever les défis sur le terrain. À ce propos, elle s’est félicitée des efforts visant à renforcer les capacités africaines de maintien de la paix, notamment en matière de formation commune et de soutien logistique. Mme Makhumula a appelé la communauté internationale à apporter son soutien logistique à l’Union africaine au Darfour, même si cette dernière a su faire preuve de son professionnalisme sur le terrain. Elle a rappelé aussi que son pays comptait parmi les pays contributeurs de troupes aux missions de maintien de la paix de l’Organisation. La représentante a, par ailleurs, réitéré l’appui de son pays pour le travail réalisé au Siège par l’équipe de 12 planificateurs des opérations de l’ONU ainsi que pour les efforts de réforme sur le terrain. Elle a exprimé la détermination de son gouvernement à non seulement fournir des troupes bien formées militairement, mais aussi, sensibilisées aux questions d’exploitation et d’abus sexuels.
Mme CAROLINE ZIADE (Liban) a salué les réformes engagées dans la refonte des opérations de maintien de la paix visant à optimiser les interventions sur le terrain. Rappelant les liens historiques du Liban avec les forces de l’ONU, notamment avec la Force intérimaire de l’ONU au Liban (FINUL), elle a affirmé que la FINUL avait souffert, comme les Libanais, de graves pertes. Évoquant la résolution 1701 adoptée par le Conseil de sécurité qui, a-t-elle précisé, avait mis un terme à l’agression israélienne, elle a salué les efforts déployés par la communauté internationale pour renforcer les effectifs de la Mission de l’ONU au Liban dont les effectifs ont été portés à 15 000 hommes. Se félicitant également de la rapidité avec laquelle les États Membres s’étaient mobilisés en faveur du déploiement des troupes, elle a attiré l’attention sur la nécessité de garantir la sécurité du personnel de la FINUL et souligné l’excellente collaboration entre la Force des Nations Unies et l’armée libanaise pendant le conflit avec Israël. La représentante a indiqué que son pays entendait donner un exemple de réussite pour l’ONU, rappelant la volonté du Liban d’établir une civilisation de paix dans le Moyen-Orient.
Mme Y. TURUPHIAL (Venezuela) a estimé que le mécanisme de maintien de la paix ne devait pas remplacer les responsabilités qui incombent aux États et aux peuples eux-mêmes. À cet égard, le Venezuela offre son expérience en matière de conflit, a-t-elle déclaré, soulignant que les opérations de maintien de la paix devaient respecter les principes de la Charte des Nations Unies en matière de non ingérence et de respect de l’intégrité territoriale en particulier. Les pays qui fournissent des contingents doivent pouvoir participer à toutes les phases de préparation des opérations, a-t-elle ajouté. La représentante a rappelé que le maintien de la paix est à court terme alors que la consolidation de la paix est un processus à plus long terme et doit être effectué par les institutions des Nations Unies qui ont l’expérience du long terme. Elle a aussi apporté son appui aux mesures concernant la tolérance zéro en matière d’exploitation et d’abus sexuels, notamment le lancement de campagnes de sensibilisation et l’établissement de codes de conduite des personnels. Enfin, sur la question du financement du maintien de la paix, il incombe à tous les États de payer leur quote-part sans prérogatives particulières, a-t-elle souligné, affirmant qu’une paix qui repose sur les privilèges est non seulement fragile mais explosive.
M. SONG SE IL (République populaire démocratique de Corée) a rappelé que les opérations de maintien de la paix reposaient sur des principes de base qu’il fallait absolument respecter dont, notamment, la souveraineté des États. Le représentant a appuyé les efforts de l’ONU pour lutter contre les abus sexuels perpétrés dans le cadre des opérations de maintien de la paix et affirmé que si cette situation perdure, c’est parce que les pays fournisseurs de contingents n’avaient pas adopté des mesures décisives pour prévenir et punir ces agissements. Il s’est, par ailleurs, prononcé pour le démantèlement de la mission de l’ONU en République de Corée, qualifiant de supercherie le commandement qui y existe depuis plus d’un demi-siècle. Il a rappelé qu’en 1950, les États-Unis ont prétendu avoir placé cette mission sous le commandement de l’ONU alors qu’il s’agissait, en fait, d’un commandement américain. Il a estimé que cette présence militaire étrangère avait créé des obstacles au règlement de la question coréenne. Son maintien, a-t-il soutenu, ne fait qu’indiquer l’intention des États-Unis de maintenir leur suprématie dans la région.
M. MOHAMMED M. ALI AL-OTMI (Yémen) a souligné la responsabilité prioritaire des Nations Unies en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales, rappelant la nécessité de respecter les principes de souveraineté, d’intégrité territoriale et de non-ingérence dans leur déploiement, notamment au Soudan. Les opérations doivent bénéficier du soutien nécessaire à l’exécution de leurs mandats, a-t-il déclaré. Il faut renforcer l’équilibre géographique au sein des personnels du Département des opérations de maintien de la paix et dans le cadre des opérations, la participation doit y être universelle et ouverte à tous, a poursuivi le représentant, soulignant également l’impact négatif des cas d’exploitation et d’abus sexuels sur l’image de l’Organisation. La mise en place d’une Commission de consolidation de la paix a permis à l’Organisation de tenir son rôle dans le renforcement des situations postconflit mais son mandat doit être clarifié, a-t-il enfin estimé, se déclarant favorable à une intensification des consultations entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes.
M. ANDRIS STASTOLI (Albanie) a affirmé que son pays était déterminé à renforcer sa participation aux opérations de maintien de la paix mais qu’il attendait son adhésion à l’Union européenne avant de renforcer sa collaboration avec l’ONU sur le plan militaire.. Il a souligné que la présence de la Mission de l’OTAN au Kosovo avait permis d’assurer la paix et la sécurité pour le peuple kosovar et aidé à établir des instances démocratiques. Le représentant a, par ailleurs, affirmé que le succès des opérations de maintien de la paix dépendait, en grande partie, de leur capacité à se déployer rapidement sur le terrain. Il ne faut pas non plus sous-estimer la question de la bonne conduite des contingents sur le terrain, a-t-il dit, car elle affecte la crédibilité et les résultats des opérations de l’ONU dans le monde. Il a salué le travail de réforme accompli par le Département de maintien de la paix de l’ONU qui adapte son action, selon lui, à la complexité et à l’aspect multidimensionnel de ces opérations.
M. NEGASH KEBRET BOTORA (Éthiopie) a estimé que la vraie question était de savoir si les conflits devaient se régler par la force ou par des procédures ou méthodes pacifiques régies par des institutions impartiales. C’est ce principe que suit l’Éthiopie, a-t-il assuré, se prononçant pour des opérations plus efficaces et mieux fournies en hommes et en personnels. Compte tenu du nombre croissant d’opérations, il faut des mandats clairs dans une approche internationale intégrée pour leur programmation, a-t-il ajouté, rappelant l’importance des partenariats entre les Nations Unies et les organisations régionales, surtout l’Union africaine qui doit être renforcée. L’Union peut compléter le rôle des Nations Unies en réduisant le nombre trop important de ces opérations, a indiqué le représentant, les défis étant bien supérieurs aux moyens dont dispose l’ONU. Saluant les avancées faites dans le sens d’un partenariat plus étroit entre l’Union africaine et les Nations Unies, il a souligné que ce rapprochement s’était fait dans la hâte et qu’il fallait un point de contact unique et une stratégie de renforcement afin de rendre cette coopération plus efficace. Il a aussi appuyé fermement la tolérance zéro en matière d’exploitation et d’abus sexuels, rappelant la nécessité que les enquêtes soient menées rapidement afin de ne pas ternir durablement l’image des Nations Unies dans les pays où elles sont engagées.
M. TENS C. KAPOMA (Zambie) a rendu hommage aux 72 Casques bleus tombés en 2006 et s’est félicité des initiatives prises en faveur du renforcement de la sécurité des forces onusiennes. Il a par ailleurs souligné que les 93 000 soldats de la paix déployés dans les 18 opérations de maintien de la paix de l’ONU dans le monde étaient dirigés par un état-major sous-équipé. Devant cette pénurie de moyens matériels et de ressources humaines, la délégation zambienne s’est associée pleinement à l’appel lancé en faveur du renforcement du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP). En outre, la Zambie a appelé ce Département à pourvoir les postes en tenant compte du manque de représentation de certains pays fournisseurs de contingents au niveau des commandements des missions, invitant le DPKO à faire connaître sans délais, leurs décisions en matière de recrutement. En conclusion, M. Kapoma s’est félicité des liens établis entre l’ONU et l’Union africaine, permettant à l’Afrique de ne pas devoir assumer, à elle seule, le fardeau des opérations de maintien de la paix sur le continent.
M. BAATAR CHOISUREN (Mongolie) a estimé que le maintien de la paix était aujourd’hui l’une des activités prioritaires des Nations Unies. Nous sommes confrontés à un dilemme entre des exigences de plus en plus importantes et des ressources limitées, a-t-il poursuivi, soulignant notamment la nécessité d’une formation de qualité des personnels du maintien de la paix. La Mongolie essaye de développer ses capacités en la matière par l’établissement d’un centre régional de formation dans sa capitale Oulan-Bator. Les abus sexuels de la part des personnels des Nations Unies sont inacceptables et ne doivent pas anéantir la bonne image de l’Organisation dans le monde, en particulier sur le terrain, a-t-il poursuivi. Une dégradation de cette image peut entraîner, à son avis, des réactions d’hostilité envers les personnels des missions de l’ONU et mettre en danger leur sécurité. Le représentant a aussi souligné la nécessité de mettre en place des stratégies de sortie des opérations de maintien de la paix, notamment dans une perspective de réduction de leur coût. Une coordination étroite avec la Commission de consolidation de la paix sera de la plus haute importance pour assurer le succès du maintien de la paix des Nations Unies, a-t-il enfin déclaré.
Mme SAMANTHA JAYASURIYA (Sri Lanka) a rappelé que la complexité et la diversité des opérations de maintien de la paix nécessitaient l’allocation de ressources supplémentaires sur les plans humain et militaire. Elle a rappelé que la diversité culturelle dans le recrutement des troupes avait enrichi non seulement les populations locales mais également les forces déployées, mettant face à face des cultures et compétences variées. La représentante a estimé toutefois que ces opérations ne devaient pas se substituer au travail d’instauration d’une paix durable ou à la capacité de reconstruction d’une paix postconflit. Elle a rappelé, à ce sujet, le rôle central de la Commission de consolidation de la paix dans ce domaine, estimant que sa collaboration avec les opérations de maintien de la paix était indispensable. Elle a exprimé sa préoccupation pour la situation sécuritaire des missions déployées sur le terrain, évoquant la nécessité d’améliorer la formation de ses membres et les services logistiques et a indiqué que l’Institut de formation de la paix du Sri Lanka pouvait former jusqu’à 500 militaires à la fois. Évoquant les abus sexuels, elle a salué le travail accompli par le Département des opérations de maintien de la paix mais invité le Département de l’information à s’impliquer davantage dans la sensibilisation du grand public sur ces questions.
M. BONIFACE G. CHIDYAUSIKY (Zimbabwe) a souligné le poids des situations de conflit sur le budget des Nations Unies. La coopération a, pour l’instant, été satisfaisante mais sans efforts concertés de tous les pays, le Département des opérations de maintien de la paix (DPKO) risque de ne plus arriver à être présent là où on en a besoin, a-t-il prévenu. Déplorant la mort de Casques bleus, en particulier au Liban, il a rendu hommage au fait que, malgré tout, les personnels restent sur place en essayant d’honorer leurs mandats. Le mauvais comportement d’un petit nombre de personnel de maintien de la paix, les délits sexuels en particulier, ont terni l’image des Nations Unies, a-t-il souligné, se félicitant que la tolérance zéro s’accompagne de programmes de formation et de sensibilisation des personnels. Saluant aussi la coopération avec l’Union africaine, le représentant a réitéré l’appui indéfectible de son pays aux efforts de maintien de la paix des Nations Unies et indiqué qu’il tiendrait ses engagements en la matière.
Mme MAIA SHANIDZE (Géorgie) a rappelé que les opérations de maintien de la paix impliquaient 110 États Membres et un total de 93 000 hommes et femmes, chiffre qui risque d’augmenter, à son avis, dans les années à venir. Elle a souligné les progrès réalisés dans la mise en place d’une force de police en attente qui devrait faire partie des forces civiles de maintien de la paix. À son avis, ces améliorations doivent être répercutées et appliquées à toutes missions. Rappelant que son pays accueillait, depuis 14 ans, une mission complètement inefficace, dans le cadre du conflit avec l’Abkhazie, la représentante a affirmé qu’aucun réfugié issu de ce conflit n’avait pu regagner son foyer et que 2 000 ressortissants géorgiens avaient été tués dans les zones protégées par les soldats de la paix. De ce fait, a-t-elle souligné, il y avait une méfiance croissante de la société géorgienne à l’égard des opérations de maintien dont les membres sont perçus comme des gardes frontière. Ce format n’est plus adapté aux circonstances présentes, a-t-elle affirmé.
M. CARLOS OBANDO (Pérou) a affirmé que le dénominateur commun de tous les conflits était la marginalisation et la pauvreté, appelant à intégrer davantage les sociétés dans les stratégies de développement. Dans le domaine de la gestion des conflits, il faut constamment faire la distinction entre les causes et les symptômes des conflits, a-t-il insisté. En cas d’alerte, les Nations Unies doivent agir sur-le-champ, une intervention immédiate sur le terrain étant le facteur indispensable, à son avis, au succès d’une opération de ce type. L’exemple de la FINUL montre les faiblesses des dispositifs existants, a-t-il estimé, indiquant que si tout a été fait en un temps record, il a fallu quand même deux mois pour déployer 5 000 hommes sur place. Il faut que les opérations de maintien de la paix jettent les bases d’un développement durable, a-t-il ajouté. En outre, la politique de tolérance zéro doit être maintenue et les sanctions prononcées appliquées, a-t-il aussi déclaré.
Droit de réponse
Le représentant de la Fédération de Russie a dit comprendre complètement que son collègue géorgien soit dépité après la résolution du Conseil de sécurité sur la situation en Abkhazie. Cette question n’a rien à voir avec l’ordre du jour, il relève des relations bilatérales entre les deux pays, a-t-il déclaré, affirmant que la déclaration de la Géorgie était tendancieuse et inappropriée.
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