CPSD/353

LES QUESTIONS DE REPRÉSENTATION ET DE CONTRIBUTION AUX OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX AU CŒUR DES DÉBATS

20/10/2006
Assemblée généraleCPSD/353
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Quatrième Commission

14e séance – après-midi


LES QUESTIONS DE REPRÉSENTATION ET DE CONTRIBUTION AUX OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX AU CŒUR DES DÉBATS


Après avoir entendu, hier, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, la Quatrième Commission (questions politiques spéciales et décolonisation) a commencé, cet après-midi, son débat général sur l’étude d’ensemble de cette question au cours duquel de nombreuses délégations ont évoqué les questions de la représentation et de la responsabilité des pays contributeurs de troupes.


L’heure est venue, pour les Nations Unies, d’agir sur ces questions dans le cadre des réformes, faute de quoi il ne sera pas possible d’atteindre la stabilité dans le monde, a estimé le représentant du Bangladesh, appelant à institutionnaliser la pleine participation des États contributeurs de troupes à la prise de décisions.


Quatre-vingts pour cent des troupes dans les opérations de maintien de la paix sont fournies par des pays du Mouvement des non-alignés, a déclaré pour sa part la représentante du Maroc, dénonçant le déséquilibre actuel entre le niveau d’engagement de ces pays et leur représentation au niveau professionnel dans les opérations.  Les pays contributeurs de troupes doivent avoir voix au chapitre concernant la structure des missions auxquelles ils participent, a souligné le représentant brésilien.


De son côté, la représentante de la Finlande, au nom de l’Union européenne, a souligné que ses États membres avaient fourni 40% du budget du maintien de la paix et y participaient également à un haut niveau en termes de contribution de personnels et de troupes.  Le coût du maintien de la paix augmente, a-t-elle rappelé, et cela exige une coopération étroite afin de s’assurer de l’efficacité de l’ONU.


De nombreuses délégations ont en outre dénoncé le manque de cohérence entre le travail de stabilisation sécuritaire et le travail humanitaire et en matière de développement.  Il n’est pas possible de passer d’une situation de crise à une paix durable uniquement par les moyens militaires, a souligné le représentant de la Suisse, alors que le délégué sud-africain a estimé impératif de combler l’écart entre maintien et consolidation de la paix.  Cette dernière opération est plus vaste et comporte un aspect multidimensionnel, a-t-il insisté.


De son côté, le représentant du Pakistan a prévenu que le déploiement des opérations de maintien de la paix sans l’assentiment des pays concernés risque de compromettre le soutien accordé par la communauté internationale aux Nations Unies.


Les délégations suivantes ont pris la parole à ce débat général: Israël, Maroc au nom du Mouvement des non-alignés, Jordanie, Afrique du Sud, Pakistan, Suisse, Kazakhstan, Norvège, Guyana au nom du Groupe de Rio, Bangladesh, Fédération de Russie, Brésil, République arabe syrienne, Finlande au nom de l’Union européenne, Thaïlande, Kenya, Mali et Canada au nom du Groupe CANZ-Canada, Australie, Nouvelle-Zélande.


La Quatrième Commission poursuivra son débat général sur l’ensemble de la question des opérations de maintien de la paix et votera sur les projets de résolution relatifs aux utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique, lundi 23 octobre, à 10 heures.


ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS


Débat général


M. RAN GIDOR (Israël) a rappelé que des officiers israéliens avaient participé, pour la première fois, à des stages de formation en matière de maintien de la paix, affirmant qu’il s’agissait d’une étape cruciale dans le processus d’intégration de son pays dans ce type d’opérations.  Israël a d’ailleurs l’intention d’autoriser, de plus en plus, de son personnel militaire à participer à ces stages, a-t-il dit, indiquant, par ailleurs, que cette tendance reflétait la volonté de son pays d’accroître sa contribution à ces opérations, sous la forme d’envoi d’observateurs militaires ou dans le domaine médicolégal, discipline où Israël a acquis une vaste compétence compte tenu des circonstances, a-t-il souligné.  Le représentant a également déclaré que les leçons tirées par son pays de la lutte qu’il mène contre le terrorisme pourraient être fort utiles aux efforts déployés en vue de parvenir à une paix durable.


Mme SOUAD EL ALAOUI (Maroc), au nom du Mouvement des non-alignés, a rappelé que les opérations de maintien de la paix devaient s’en tenir aux directives existantes en respectant les principes de la Charte des Nations Unies, c'est-à-dire le non-recours à la force sauf en cas de légitime défense, la non-ingérence et le respect de l’intégrité territoriale.  Les opérations doivent bénéficier des ressources et de la volonté politique nécessaires et ne pas être utilisées pour remplacer les analyses sur les causes profondes des conflits eux-mêmes.  Il faut s’efforcer, en outre, à poursuivre les efforts après le retrait des opérations afin d’assurer un développement et une sécurité durables dans la période postconflit, a-t-elle affirmé.  Tous les points de vue doivent être respectés pour renforcer un partenariat constructif et durable entre les États Membres et les Nations Unies, a-t-elle ajouté.  Rappelant que la défense de la sécurité et de la paix incombait, en premier lieu aux Nations Unies, elle a souligné les efforts de l’Union africaine et des organisations sous-régionales pour y apporter leurs contributions.


Le nombre élevé de morts et de blessés sur le terrain est très préoccupant, a poursuivi la représentante, exigeant que soient élaborées des directives et des procédures claires sur les capacités en matière de sécurité.  Une coopération plus étroite doit s’instaurer entre les pays contributeurs de troupe et le Conseil de sécurité, a-t-elle poursuivi, rappelant que 80% des troupes étaient fournies par des pays du mouvement des non alignés.  Les États Membres se sont engagés à fournir les instruments de la politique de tolérance zéro concernant les comportements des personnels des maintiens de la paix, a-t-elle rappelé.  La Commission du maintien de la paix doit, de son côté, sensibiliser le public à toutes les problématiques liées à son mandat.  Enfin, la représentante a insisté sur la nécessité que tous les pays qui contribuent aux troupes soient traités de manière égale.  Le déséquilibre actuel dans les engagements des pays et leur représentation au niveau professionnel sont des questions auxquelles le Département des opérations de maintien de la paix devra apporter des solutions, a-t-elle enfin déclaré.


M. HARON HASSAN (Jordanie) a rappelé la nécessité d’améliorer la gestion des opérations de maintien de la paix de l’Organisation afin de les rendre les plus efficaces possibles, insistant sur l’importance du respect de l’état de droit, au siège comme sur le terrain.  Il a, par ailleurs, souligné l’importance de la formation des forces de police civile et leur rôle primordial dans le maintien de la sécurité sur le terrain ainsi que le besoin d’améliorer les procédures sécuritaires dans le cadre des missions.  Il s’agit d’une question particulièrement préoccupante si l’on en juge par le nombre élevé de personnels qui ont perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions cette année, a-t-il dit.  Abordant la question de l’exploitation sexuelle dont s’est rendu coupable un certain nombre de soldats de la paix, le représentant a salué les efforts de l’ONU pour faire cesser ce type de sévices.  Il a, par ailleurs, plaidé pour une amélioration du dialogue entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes dans le cadre de leurs réunions, rappelant qu’elles devaient favoriser une discussion franche sur les opérations de maintien de la paix plutôt que de se résumer à des séances d’information de complaisance. Il a rappelé aux États Membres leurs obligations d’honorer leurs engagements en matière de contributions.


M. SABELO SIVUYILE MAQUNGO (Afrique du Sud) a rappelé l’attachement de son pays au respect de l’intégrité territoriale et de la non-ingérence dans les questions qui relèvent de la juridiction nationale.  L’Union africaine a fait la preuve de son engagement à contribuer au maintien de la paix, malgré son manque de ressources, mais les organisations régionales ont besoin de l’assistance des Nations Unies, a-t-il précisé.  Soulignant la nécessité que les opérations disposent des ressources suffisantes, il a rappelé que la planification militaire exigeait un renforcement substantiel de la Division militaire.  La représentation des pays en développement dans les opérations, au plus haut niveau, doit être, à son avis, plus équilibrée.


La faculté de réaction rapide est essentielle, a poursuivi le représentant, estimant que cette question exigeait un œil critique et se félicitant, à cet égard, de la formation d’une capacité de police de réserve.  Les responsables du maintien de la paix poursuivent leur travail dans des conditions dangereuses, a-t-il rappelé, déplorant la mort, cette année, de Casques bleus en République démocratique du Congo et au Liban.  La mise en place de centres d’opération et d’analyse conjoints a aussi été saluée par le représentant, ainsi que la stratégie générale adoptée contre l’exploitation sexuelle dans les missions menées par les Nations Unies.  Ces actes d’humiliation provoquent des traumatismes chez ceux qui en sont victimes et nuisent à l’image des Nations Unies.  C’est à nous qu’il revient de les prévenir, a-t-il déclaré, soulignant que son pays menait des campagnes de prévention et poursuivait ses ressortissants qui y sont mêlés.  L’ONU ne peut continuer à traiter de cette question de manière fragmentaire, a-t-il estimé, se félicitant des progrès faits en la matière.  Prévenir vaut mieux que guérir, a-t-il insisté.  Enfin, il est impératif de combler l’écart entre maintien de la paix et consolidation de la paix, a-t-il estimé.  Cette dernière mission est plus vaste et comporte un aspect multidimensionnel, a-t-il souligné.


M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a rappelé que la nature et l’ampleur des opérations de maintien de la paix avait évolué, au cours des 50 dernières années.  À présent, a-t-il souligné, les crises sont multidimensionnelles et complexes, engageant, entre autres, une participation militaire, policière et politique.  Par ailleurs, a-t-il fait valoir, sur le plan logistique, leur préparation est d’une complexité croissante, ce qui présuppose une démarche et une vision stratégiques à toute épreuve.  Il a, par ailleurs, rappelé que la clef du succès de ce type d’opérations résidait, en particulier, dans l’engagement politique ferme des États Membres, dans leur nature impartiale et dans un financement suffisant.  Sur ce dernier point, le représentant a déploré le manque de ressources adéquates qui rend, à son avis, plus difficile la mission des soldats de la paix sur le terrain et plus précaire la situation sécuritaire sur le terrain.  C’est ainsi, que la Mission de l’ONU en République démocratique du Congo (MONUC) a compté une quarantaine de victimes parmi son personnel militaire, rien que cette année, ce qui exige la révision de certaines opérations.


À ce propos, le représentant a souligné la nécessité d’adjoindre aux opérations de maintien de la paix, le concours des organisations régionales, notamment l’Union africaine, ainsi que le besoin d’établir des indicateurs de progrès de ce type d’opérations.  Il a également insisté sur l’importance de l’élaboration de stratégies de sortie.  En conclusion, il a rappelé que son pays fournissait d’importants contingents de policiers civils aux opérations de maintien, de la paix, notamment au Libéria, en RDC et en Côte d’Ivoire.


M. ROMAN HUNGER (Suisse) a souligné que les opérations de maintien de la paix avaient connu au cours de l’année écoulée un accroissement inégalé accompagné d’une multiplication des tâches qui y sont effectuées.  C’est aujourd’hui un outil indispensable, mais la transition d’une situation de crise à une paix durable ne peut pas être atteinte uniquement par les moyens militaires, a-t-il dit.  Il est donc essentiel de maintenir à son avis un lien fort entre les aspects opérationnels d’un engagement et les efforts politiques.  Le représentant a fait part de l’inquiétude de sa délégation concernant une multiplication de réunions mal préparées au sein du Comité spécial sur les opérations de maintien de la paix, réitérant néanmoins le soutien de son pays aux cinq domaines de réforme du Département sur la question (DPKO).


La mise sur pied de modules de formation et de conduite coordonnés et standardisés afin d’assurer la crédibilité des engagements est essentielle car la multiplication et le caractère complexe des tâches effectuées mettent l’accent sur la responsabilisation individuelle, a insisté le représentant.  Le maintien de la paix doit pouvoir mobiliser des ressources rapidement et le DPKO a fait preuve de sa compétence en la matière au Liban, mais des efforts supplémentaires sont nécessaires pour concrétiser les concepts en matière de réaction rapide.  Soulignant l’importance de respecter les principes de neutralité, d’humanité, d’impartialité et d’indépendance sur le terrain, il a regretté que trop souvent il y ait un manque de cohérence entre le travail de stabilisation de la sécurité et le travail dans les domaines humanitaire et de développement.  À cet égard, il faut une meilleure coordination entre les différents acteurs présents sur le terrain et augmenter les synergies à l’interne.  La Commission de consolidation de la paix aidera à clarifier les concepts et à développer des stratégies communes, a-t-il espéré.


M. YERZHAN KAZYKHANOV (Kazakhstan) a affirmé que les opérations de maintien de la paix de l’ONU constituaient l’outil idéal pour assurer la paix dans le monde, une réalité qui avait été mise en exergue lors du Sommet mondial de 2005.  Le maintien de la paix est une activité vitale de l’Organisation, a-t-il insisté.  Le représentant a appelé les États à renforcer leurs partenariats avec l’ONU et les organisations régionales et intergouvernementales, soulignant le rôle important qu’aurait à jouer la Commission de consolidation de la paix dans cette entreprise.  Il a, par ailleurs, insisté pour que les opérations de maintien de la paix se déroulent conformément aux dispositions de la Charte des Nations Unions et répondent aux principes de non-utilisation de la force.  Le représentant a exprimé son inquiétude face aux cas de mauvaise conduite et de mauvais traitements commis par certains personnels des opérations de maintien de la paix, qui mettent en danger à son avis la crédibilité de ces missions et celle de leur personnel. Il a d’autre part estimé que dans l’absence d’un mécanisme cohérent visant à empêcher des conflits, il fallait établir un cadre de coopération international capable de lutter contre le crime organisé, le terrorisme et la pauvreté et a rappelé que son pays était disposé à contribuer en hommes et matériel à ce type de missions.


Mme MONA JUUL (Norvège) a estimé que l’augmentation du nombre de missions de maintien de la paix témoignait de la compétence des Nations Unies en la matière, mais posait des problèmes considérables aux niveaux financier et humain.  La crédibilité des Nations Unies et la sécurité de leurs personnels sont essentielles, a-t-elle souligné, estimant que le déploiement de la FINUL avait prouvé un engagement renouvelé et la capacité de réaction rapide de l’Organisation.  Les capacités de planification militaires sont essentielles et la composante militaire des opérations est toujours la plus importante, en particulier en début d’opération, a-t-elle souligné.  Cette question doit être traitée, faute de quoi, les Nations Unies ne seraient pas en mesure d’assurer leur mission de stabilisation sécuritaire sur le terrain, a-t-elle ajouté, appelant à faire preuve de plus de souplesse.


La clef de la réussite réside dans le respect des mandats, une meilleure coordination entre les composantes militaires et les acteurs humanitaires et de développement sur le terrain, a poursuivi la représentante.  Indiquant que son gouvernement allait s’engager davantage dans toutes les questions critiques sur le sujet des opérations de la paix, elle a estimé que le Darfour montrait l’exemple de ce qui pouvait être fait dans le cadre d’une coopération renforcée avec les organisations régionales.  Le partenariat avec les autres organisations doit rester une priorité, a-t-elle insisté, déclarant que son pays avait des contacts très étroits avec l’Union africaine.  Saluant la création d’une capacité de police en attente, elle a réaffirmé l’engagement de son gouvernement dans les efforts visant à prévenir et combattre l’exploitation et les abus sexuels sur le terrain, et a fait part de sa préoccupation concernant le faible nombre de femmes à des hauts niveaux de responsabilité au sein du Département des opérations de maintien de la paix.


Mme ALI (Guyana), au nom du Groupe de Rio, a insisté sur la nécessité d’éliminer les cas d’abus commis par certains personnels des opérations de maintien de la paix et de traduire en justice les auteurs de tels sévices.  Elle a salué l’initiative de tolérance zéro à l’encontre des coupables, estimant qu’il s’agissait d’une ligne de conduite juste et équitable.  La représentante a, par ailleurs, rappelé la nécessité de développer la coopération entre les pays fournisseurs de contingents et le Secrétariat, affirmant qu’il était indispensable d’engager les États Membres dans un dialogue interactif en vue d’une meilleure coordination des opérations.  Elle a, par ailleurs, salué l’engagement actif, en hommes et ressources, des États dans certaines missions, telles que celle déployée en Haïti, estimant qu’il fallait assurer le meilleur niveau de formation et de compétence professionnelles aux personnels qui y participent.


M. IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a souligné que les mandats des opérations de maintien de la paix allaient, aujourd’hui, au-delà de la stabilisation de la paix, ce qui a eu pour effet d’estomper la distinction entre le maintien et la consolidation de la paix.  À cet égard, il s’est félicité de la création de la Commission de consolidation de la paix.  La moitié des pays qui sortent de la guerre retombent dans le chaos dans les cinq ans, a-t-il toutefois noté, rappelant l’engagement de son pays dans les contingents de Casques bleus.  Leur mission devient plus complexe et plus risqué, a-t-il constaté, rappelant que 80 Casques bleus bangladais avaient perdu la vie dans le cadre des opérations de maintien de la paix.


Après le conflit, les sociétés doivent s’occuper de leur propre avenir, a poursuivi le représentant, estimant que le microcrédit, qui a permis à un ressortissant du Bangladesh d’avoir le prix Nobel cette année, montrait la nécessité d’allier le développement à la consolidation de la paix en incluant la société civile et les organisations non gouvernementales.  Apportant son soutien à la politique de tolérance zéro concernant les questions de conduite et de discipline au sein des personnels des Nations Unies, il a rappelé que le succès des missions reposait sur une pleine participation des États contributeurs de troupes.  Ceci doit être institutionnalisé et une approche intégrée est nécessaire pour assurer, pour les Nations Unies, d’agir sur ces questions dans le cadre des réformes.


VLADIMIR ZAEMSKI (Fédération de Russie) a estimé que les opérations de maintien de la paix sont l’outil le plus souple pour faire face aux défis multidimensionnels touchant la paix internationale et la sécurité.  Il a relevé des progrès en ce qui concerne les capacités des États Membres, du Secrétariat et du système des Nations Unies dans son ensemble à planifier et conduire ces opérations.  Le représentant a fait valoir la participation active de son pays aux activités qui ont suivi le Sommet de 2005 et visant à améliorer l’efficacité des mécanismes existants de maintien de la paix, citant notamment l’introduction d’une planification intégrée et le renforcement des différentes composantes du système des Nations Unies.  Pour mieux assurer le succès de ces opérations, il faut, selon lui, accroître l’expertise dont elles disposent ainsi qu’une bonne répartition du travail aux niveaux régional et interrégional.  Il a rappelé que la sécurité des personnels tant civils que militaires et la réforme du maintien de la paix représentent un défi de taille pour l’ONU.  Il a aussi souligné l’importance d’une vérification intégrée de toutes les étapes des OMP et de normes éthiques claires.


Évoquant la récente création de la cellule militaire stratégique, il a dit attendre avec impatience les discussions sur cette expérience.  Il a soulevé aussi la question de l’utilisation des observateurs militaires pour des tâches inappropriées, telles celles du renseignement et à ce sujet, a appuyé les conclusions du Bureau des services de contrôle interne.  Le Représentant a rappelé que le maintien de la paix a occupé une place de choix au G-8 de Saint-Pétersbourg, adoptant la Déclaration sur la coopération et l’action future sur la stabilisation et la reconstruction.  En conclusion, il a fait état des efforts de son gouvernement pour y donner suite, essentiellement par le biais des Nations Unies.  Il a rappelé l’importance de former des observateurs militaires et la police civile, notamment en Afrique.  La Russie a l’intention d’envoyer ses experts dans les centres de formation d’Accra au Ghana, et à Vincenza en Italie.


M. RONALDO MOTA SARDENBERG (Brésil) a estimé que la multiplication des opérations créait d’importants défis pour les Nations Unies.  Pour les relever, il faut accorder une attention spéciale aux pays contributeurs de troupes, dont près de neuf sur 10 sont des pays en développement.  Ils doivent avoir voix au chapitre concernant la structure des missions auxquelles ils contribuent, a-t-il insisté.  Le remboursement des États contributeurs est, par ailleurs, nécessaire pour qu’ils puissent assurer le maintien de leurs contributions, a—t-il souligné, appelant à la mise en place d’une structure adéquate et d’un mandat clair de toutes les opérations, à la fois pour ses personnels et les gouvernements et les populations concernés.  Les décisions hâtives de retrait ou de diminution du nombre de Casques bleus se sont révélées peu judicieuses.  Trop souvent, il a fallu les remettre en place pour un coût beaucoup plus élevé et au détriment des populations concernées, a-t-il souligné, regrettant notamment le fait que le Conseil de sécurité n’ait pas écouté le Secrétariat général dans le cas de la Mission intégrée au Timor-Leste.


Les pratiques abusives ne disparaîtront que si les instruments mis en place répondent aux besoins des États Membres et sont compatibles avec leurs législations nationales, a poursuivi le représentant.  La coopération avec les organisations régionales est un autre domaine qui mérite une pleine considération, a-t-il ajouté, saluant les nombreux exemples de coopération réussie, en Haïti ou au Soudan.  Il est également important que le Département des opérations de maintien de la paix travaille aussi en étroite collaboration avec les autres départements, le maintien de la paix devant être multidimensionnel et inclure le développement, a-t-il souligné.  L’Organisation doit être prête à investir davantage sur toutes ces questions, a-t-il rappelé, évoquant le cas de la Mission des Nations Unies en Haïti (MINUSTAH).


M. MANAR TALEB (République arabe syrienne) a déclaré que les opérations de maintien de la paix de l’ONU avaient été couronnées de succès malgré des défis complexes et multiples.  Grâce à ces réalisations, l’Organisation a prouvé sa légitimité en tant qu’élément de paix dans le monde, a-t-il indiqué.  Il s’est félicité du fait que le budget des opérations de maintien de la paix s’élevait l’année dernière à quelques cinq milliards de dollars, alors que le budget ordinaire des Nations Unies n’était que de 3,8 milliards.  Toutefois, le représentant a prévenu que ce type d’opération ne devait en aucun cas se substituer à la résolution des conflits.  Il ne s’agit que de mesures temporaires dans l’attente d’un règlement définitif, a-t-il précisé, rappelant toutefois que la première opération de ce type continuait de jouer un rôle important dans la région du Moyen-Orient.  Le représentant a par ailleurs déploré la mort récente de quatre Casques bleus lors de l’attaque d’un poste de la FINUL au Liban par l’armée israélienne, affirmant que l’armée israélienne avait délibérément visé ce poste qui était facilement identifiable.


Le représentant a estimé que les Missions de l’ONU dans cette région n’avaient que trop duré, en raison notamment des actions militaires israéliennes.  Il a affirmé que le succès des opérations de maintien de la paix reposait sur leur déploiement rapide, leur financement adéquat et sur la définition de mandats clairs et précis dans un stricte cadre juridique.  Il a enfin réitéré la volonté de la Syrie de participer à la constitution d’un contingent de police.


Mme KRISTI LINTONEN (Finlande), au nom de l’Union européenne, a souligné le degré élevé de soutien de l’Union aux opérations de maintien de la paix.  Les États Membres de l’Union européenne ont fourni 40% du budget du maintien de la paix et y participent également à un haut niveau en termes de contribution de personnels et de troupes.  Le coût du maintien de la paix augmente, a-t-elle rappelé, et cela exige une coopération étroite afin de s’assurer que l’efficacité du maintien de la paix onusien est maintenue.


Saluant la mise en place d’une force de police en attente dans le but d’améliorer la rapidité de réaction à une situation de crise, la représentante a estimé qu’il fallait aussi améliorer les méthodes de prévision des conflits.  La question de l’édification de la paix et de sa consolidation est essentielle pour le développement durable, et la création de la Commission de consolidation de la paix permettra sans doute d’améliorer la coordination du travail de l’Organisation, a-t-elle déclaré.  L’Union européenne peut décider de déployer des troupes en cas de besoin, notamment dans le cas de crises civiles, et elle considère la situation dramatique de la République démocratique du Congo (RDC) comme une priorité.  Elle a également exprimé sa préoccupation face à l’environnement sécuritaire dans la plupart des missions et affirmé que les États concernés devaient travailler avec le Secrétariat pour améliorer cette situation.  L’Union européenne s’engage fermement de son côté à mettre fin à l’impunité dans les cas d’agressions ou d’exploitation sexuelles et à continuer de promouvoir les droits humains, a-t-elle conclu.


M. RUAMPON MEECHOO-ARRTH (Thaïlande) a déclaré que le maintien de la paix était aujourd’hui plus complexe et plus exigeant, saluant la gestion extrêmement solide du Département des opérations de maintien de la paix (DPKO).  Une action immédiate est l’une des méthodes les plus effectives pour limiter les conséquences des conflits sur les civils et d’en stopper l’escalade, a-t-il souligné, appelant à trouver de nouvelles ressources et de nouvelles méthodes pour améliorer les capacités de réaction rapide.  Il a en outre encouragé les pays développés à aider les pays en développement qui ont le plus contribué aux opérations de maintien de la paix et souligné la nécessité de renforcer la sécurité des Casques bleus.  Certes, des progrès ont été faits en la matière, indique le représentant, tout en appelant les pays qui accueillent des Missions à travailler plus étroitement avec le Secrétariat sur cette question.


L’exploitation et les abus sexuels continuent malheureusement d’attirer notre attention, a-t-il déploré, félicitant le Secrétariat pour les mesures prises jusqu’à présent.  Le représentant a enfin assuré que son gouvernement avait accru le nombre de troupes présentes dans les opérations et renouvelait son engagement à poursuivre ses efforts.


M.Z.D. MUBURI-MUITA (Kenya) a rappelé la contribution du Kenya à de nombreuses tentatives de médiation de conflits, notamment dans la corne de l’Afrique et dans la région des Grands Lacs.  Son pays fournissait, de surcroît, des contingents de Casques bleus, notamment dans le cadre de la mission au Darfour.  Rappelant que son pays accueillera la Conférence internationale consacrée à la situation dans la région des Grands Lacs à Nairobi, les 15 et 16 décembre 2006, le représentant a plaidé en faveur de partenariats plus efficaces entre l’ONU et les organisations régionales, citant ainsi la constitution prochaine d’un centre de soutien à la paix par l’Union africaine, avec le concours actif du Kenya.  Il a également évoqué la création d’ici à 2010 d’une force africaine en attente, dont la formation, a-t-il indiqué, supposait l’allocation de ressources importantes.  Il a aussi salué le récent accord conclu entre le Département des opérations de maintien de la paix de l’ONU et la Division de soutien à la paix de l’Union africaine, une initiative qui doit reposer sur un support technique et logistique.


Le représentant a, par ailleurs, attiré l’attention sur les disparités de traitement entre le personnel kényen formé en déminage et le personnel engagé à cette fin par des firmes civiles, notamment au niveau de la rémunération et du matériel.  Il a salué la proposition du Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix de constituer un contingent de 2 500 policiers civils en attente, estimant qu’il fallait accorder une attention particulière au déséquilibre dans la participation des États Membres aux opérations de maintien de la paix.  Il s’est enfin prononcé pour l’établissement d’un code déontologique pour le personnel de ce type d’opération et d’un cadre juridique harmonisé.


M. ALMOUSTAPHA EL HADJI DICKO (Mali) a indiqué que depuis 1948, près de 130 pays avaient fourni des troupes aux Nations Unies, les pays du Sud et particulièrement les pays africains n’étant pas demeurés en reste.  Le Mali y participe depuis 1960 et a notamment apporté des contributions au Libéria, au Rwanda, en Angola et en République centrafricaine, a-t-il indiqué, soulignant que son pays avait adopté un décret qui définissait le cadre de participation des forces armées et de sécurité maliennes aux opérations de maintien de la paix.  Un cc de documentation sur le sujet.  Ce centre a pour mission de suivre les troupes maliennes engagées dans les foyers de tension à travers le monde, de rendre publiques des informations à leur propos et de participer à la formation des nouveaux postulants à ces missions.  Le renforcement en amont des capacités devrait se concentrer, entre autres, sur les techniques de gestion des crises, la connaissance des pays d’accueil et la connaissance des Nations Unies, a estimé le représentant.  Nous y gagnerons en efficacité des hommes sur le terrain et donc, en taux de réussite des missions, a-t-il conclu.


Le colonel JACQUES MORNEAU (Canada), s’exprimant au nom du groupe CANZ composé du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, a exprimé sa préoccupation devant le manque de ressources qui afflige les opérations de maintien de la paix et salué le travail accompli dans le cadre de sa stratégie de réforme « Opération de paix 2010 » qui a pour objectif d’améliorer la capacité d’appui du Département des opérations de maintien de la paix à ce type d’opérations au cours de la prochaine décennie.  Il a estimé que l’augmentation du nombre et de la portée des opérations de maintien de la paix devait entraîner un accroissement correspondant de ses ressources militaires en hommes et en ressources.


Le représentant a, par ailleurs, affirmé que la Commission de consolidation de la paix avait un rôle très important à jouer, notamment dans ses rapports avec les départements pertinents au Siège et sur le terrain.  Il s’est félicité de l’établissement d’une cellule militaire stratégique au Siège de l’ONU chargée de fournir des orientations militaires, au niveau stratégique, à la Force de l’ONU au Liban (FINUL).  Le représentant canadien a souligné que, lors de la destruction d’une base de patrouille de l’ONU au Liban par l’aviation israélienne, les quatre États Membres ayant perdu des officiers n’avaient pas pu se faire représenter à la commission d’enquête sur cet incident et la commission d’enquête nationale n’avait pas pu interroger officiellement le personnel de l’ONU au Siège, à la FINUL et à l’ONUST.  Il a encouragé le Département des opérations de maintien de la paix à revoir sa politique actuelle, qui consiste à ne pas permettre aux États Membres de se faire représenter aux commissions de l’ONU qui enquêtent sur la mort de leurs ressortissants et à ne pas permettre aux commissions d’enquête nationale d’interroger le personnel de l’ONU dans le cadre de leurs propres enquêtes.  Le représentant a exprimé sa déception que le groupe spécial d’experts sur les abus n’ait pas réussi à produire un rapport complet, en juin dernier, et souhaité qu’il puisse achever ses travaux sur la question au cours de la session de travail prévue pour décembre prochain.  Il est impératif pour l’ONU d’appliquer une politique de tolérance zéro concernant l’exploitation et les abus sexuels de la part de tout le personnel employé par l’Organisation dans les zones de mission, a-t-il rappelé.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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