LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT AUX OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX ESTIME QUE LA RÉALISATION DE LA RÉFORME EST DE PLUS EN PLUS URGENTE
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Quatrième Commission
13e séance – après-midi
LE sECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT AUX OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX ESTIME QUE LA RÉALISATION DE LA RÉFORME EST DE PLUS EN PLUS URGENTE
L’activité des Nations Unies en matière de maintien de la paix a atteint un niveau sans précédent, tout comme l’attention internationale qui lui est portée, a souligné aujourd’hui le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Jean-Marie Guéhenno, devant la Quatrième Commission (questions politiques spéciales et décolonisation). Des réformes ont été initiées en 2006, mais chaque nouveau défi rend leur mise en place plus urgente, a-t-il déclaré, rappelant qu’une éventuelle Mission des Nations Unies au Darfour pourrait porter le total des effectifs à 140 000 personnes dans le monde dans les mois qui viennent.
Le Secrétariat continue de mettre en place des mécanismes visant à prévenir les abus et l’exploitation sexuelle dans les missions de maintien de la paix ainsi qu’à renforcer la sécurité de son personnel sur le terrain, a-t-il assuré, indiquant que 72 personnes ont trouvé la mort dans l’exercice de leurs fonctions cette année, suite à des maladies, des accidents de la route ou des actes malveillants.
Jean-Marie Guéhenno a estimé que le lancement rapide, réussi et quasi simultané de deux nouvelles opérations très dissemblables, au Timor-Leste et au Liban, témoignait de l’engagement des États Membres en faveur du maintien de la paix, et du défi que représente la prise en compte des spécificités de chaque mission dans la mise en œuvre cohérente des mandats.
La sécurité et le rétablissement de l’ordre figurent au cœur de ces mandats, mais il est impératif de renforcer et de faciliter les partenariats à l’intérieur du système des Nations Unies dans tous les aspects, comme le développement et la relance économique, afin de créer les conditions propices à un retrait durable, a-t-il souligné. Dans cette perspective, il a rappelé l’importance de la Commission de consolidation de la paix et insisté sur les avancées faites dans la coopération avec les organisations régionales, en particulier en Afrique.
La Quatrième Commission entamera son débat général consacré à la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects demain, vendredi 20 octobre, à 15 heures.
ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS
Déclaration liminaire du Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix
M. JEAN-MARIE GUÉHENNO, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a rappelé que le maintien de la paix était en constante évolution, indiquant que plus de 93 000 hommes et femmes étaient actuellement répartis dans 18 opérations. Cela représente une augmentation de 10 000 personnels par rapport à l’année dernière et ce chiffre atteindra 112 000 personnes une fois que les opérations au Liban et au Timor Leste seront pleinement déployées, et 140 000 s’il y a une mission au Darfour. Plus de 110 États Membres sont désormais contributeurs de troupes militaires et policières, et pour la première fois, ces contributions comprennent 14 navires, s’est-il félicité.
Qui aurait pu prévoir les manifestations dans certaines villes du monde pour demander la présence des Casques bleus? Qui aurait pu prévoir que le budget annuel du maintien de la paix s’élèverait un jour à 6 milliards de dollars?, s’est-il demandé. L’activité des Nations Unies en matière de maintien de la paix a atteint un niveau sans précédent, tout comme l’attention internationale qui lui est portée, a-t-il insisté.
Le maintien de la paix est le reflet de l’engagement des États Membres à s’attaquer collectivement aux conflits dans un environnement international complexe et souvent incertain, a poursuivi Jean-Marie Guéhenno, soulignant que la gestion groupée de la sécurité exigeait une approche souple et adaptée à des situations particulières.
En l’espace de huit semaines, deux opérations très dissemblables ont été planifiées et lancées, a-t-il précisé, l’une au Timor Leste, avec une composante policière importante chargée du maintien de l’ordre face au risque d’un conflit interne, l’autre au sud du Liban, avec le déploiement d’une force militaire renforcée chargée d’aider à l’application d’un cessez-le-feu. Parallèlement, le Département a accordé une assistance sans précédent à la tenue d’élections en République démocratique du Congo, supervise la poursuite des réformes prioritaires en Haïti et contribue à la transition vers une opération de l’Union européenne au Kosovo, a-t-il dit.
Chaque conflit est différent, il n’y a pas un modèle à appliquer et la prise en compte des particularités dans l’application des mandats de maintien de la paix représentera toujours un défi, a souligné le Secrétaire général adjoint.
La rapidité de l’arrivée des troupes de la FINUL au Liban témoigne de la confiance des États Membres dans la capacité des Nations Unies à maintenir la paix lorsqu’il y a une volonté politique forte. À titre d’exemple, Jean-Marie Guéhenno a cité l’arrestation cette année de Charles Taylor, le déploiement temporaire d’un contingent de la Mission de l’ONU au Libéria pour appuyer la mission de l’ONU en Côte d’Ivoire pendant la période de troubles dans le pays, la réponse coordonnée avec l’Union européenne pour maîtriser les violences qui a suivi le premier tour des élections à Kinshasa, en RDC, et le déminage de 40 000 explosifs à fragmentation non désamorcés dans le sud du Liban.
Les opérations de maintien de la paix fournissent des instruments multidimensionnels pour soutenir les processus politiques de transition et peuvent parfois créer les espaces nécessaires pour initier ces processus, a-t-il ajouté. Toutefois, le maintien de la paix ne se substitue pas à la politique, il n’est jamais une alternative aux instances nationales, a-t-il précisé, soulignant l’exemple du Libéria où le partenariat avec les acteurs locaux a permis des avancées importantes.
Ceci vaut aussi pour les autres acteurs internationaux, en particulier dans toutes les phases de transition post-conflit qui exigent une approche intégrée avec les composantes politique, humanitaire et de développement, notamment au sein du système des Nations Unies. L’exemple de la collaboration avec l’Union africaine montre aussi que l’ONU renforce sa coopération avec les organisations régionales. Ce type de partenariat est indispensable, a indiqué le Secrétaire général adjoint, soulignant aussi la qualité de la collaboration avec l’Union européenne en République démocratique du Congo pour assurer la sécurité des élections.
Nous allons maintenant bâtir à partir de ces expériences, afin d’approfondir la connaissance de nos systèmes respectifs et augmenter la fréquence et l’efficacité de notre coopération, a-t-il assuré. La question est de savoir s’il est possible de maintenir un engagement politique et opérationnel sur 18 fronts en mutation; cette question a pris un caractère encore plus urgent cette année, a poursuivi Jean-Marie Guéhenno, insistant sur le fait que le niveau inégalé d’activité et de visibilité des opérations de maintien de la paix entraînait de nouvelles exigences.
Deux priorités stratégiques ont été identifiées par le Secrétaire général adjoint. La première, détaillée dans le programme de réformes intitulé Opérations de la paix 2010, est d’assurer que le déroulement des opérations soit plus efficace. Cela exige à son avis un niveau élevé de la qualité et de la quantité du personnel recruté, qui passe par la création d’une force de 2 500 civils dans toutes les catégories professionnelles nécessaires, comme le propose la réforme. Il est également indispensable de prévoir un personnel militaire et policier suffisant et compétent, a-t-il poursuivi, rappelant que les Nations Unies déploient la deuxième plus importante force militaire au monde avec seulement 12 planificateurs professionnels. Cette question devra être traitée d’urgence lors de cette session de l’Assemblée générale, a-t-il dit.
Par ailleurs, a-t-il souligné, la création d’un Service intégré de formation a contribué à améliorer la qualité du personnel sur le terrain, rappelant les dangers inhérents aux missions de maintien de la paix et les progrès accomplis pour améliorer les conditions sécuritaires du personnel des Missions. Soixante douze personnes sont mortes en mission cette année, 17 victimes d’actes malveillants et 30 des suites de maladies, a précisé Jean-Marie Guéhenno. En outre, 16% des décès sont imputables aux accidents de la route.
Une opération de maintien de la paix efficace et responsable repose sur l’élaboration d’une doctrine, de normes et de principes clairs, a-t-il en outre déclaré, indiquant qu’un nouveau document politique remplacera bientôt les principes édictés en 1995. Le Département des opérations de maintien de la paix (DPKO) doit être renforcé et a revu cette année sa situation afin de voir comment améliorer ses structures pour mieux soutenir les équipes sur le terrain, a-t-il ajouté. Jean-Marie Guéhenno a aussi abordé les questions de comportement et de discipline sur le terrain, soulignant que des équipes spécialisées avaient été établies au Siège et dans huit missions sur le terrain, et sont en train d’être mises en place dans sept autres. Les efforts se poursuivent en outre pour élaborer des mécanismes et définir les normes visant à prévenir les abus et l’exploitation sexuelle lors de ces missions, a-t-il en outre assuré.
Par ailleurs, des mesures d’efficacité ont été prises sur les questions liées aux systèmes d’achat et aux pôles régionaux logistiques. Être plus efficace requiert également des systèmes de communication et de l’information renforcés, a souligné le Secrétaire général adjoint, indiquant qu’un examen de cette question devrait aboutir à des améliorations dans ce domaine.
La deuxième priorité stratégique identifiée par le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix concerne la nécessité de prévoir les conséquences à long terme des opérations. À cette fin, a-t-il dit, il faudra faciliter les conditions de retrait des missions de manière à les rendre permanentes, a-t-il déclaré. Cela passe par le rétablissement de la sécurité et de l’ordre, mais aussi, et surtout, par la mise en place d’institutions et de mécanismes locaux durables, a-t-il insisté, soulignant les leçons tirées de la présence des Nations Unies en Haïti, au Timor Leste, dans l’est de la RDC ou en Afghanistan.
Le Secrétaire général adjoint a également plaidé en faveur de l’élaboration d’une stratégie globale de sécurité, assortie du lancement de programmes de reconstruction et de gouvernance efficaces et durables. Une telle approche globale, a-t-il insisté, exige le plein engagement des États Membres, des acteurs multilatéraux et ses institutions financières internationales. Mais à défaut d’une contribution accrue de l’ONU à la réforme en matière sécuritaire, les missions de maintien de la paix risquent d’avoir à prolonger leurs séjours, voire à revenir sur le terrain, a déclaré Jean-Marie Guéhenno.
Il a par ailleurs souligné l’importance des partenariats dans la phase post-conflit de consolidation de la paix, domaine dans lequel les opérations de maintien de la paix n’ont pas de moyens d’intervention. M. Guéhenno a cité comme exemple les activités liées à la reprise économique et à la réintégration à long terme au Burundi et au Libéria, où une coordination avec les services du PNUD et la Banque mondiale, respectivement, a permis de lancer des programmes conjoints de développement efficaces et mieux gérés.
Depuis le Rapport Brahimi publié en 2000, il y a eu un changement de perspective graduel mais profond, a constaté le Secrétaire général adjoint, soulignant que le maintien de la paix était sur le point de devenir l’une des principales activités des Nations Unies, uniques par leur ampleur. C’est la communauté internationale qui a le plus contribué à ce phénomène, dans sa volonté affichée d’exercer le droit de vivre dans la sécurité et la dignité, a-t-il ajouté. La réforme dans ce domaine a bien progressé cette année, mais il reste beaucoup à faire. Et il faudra faire vite avec chaque défi nouveau qui se présente dans ce domaine, a conclu le Secrétaire général adjoint.
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