CCP/9

JUSTICE, SÉCURITÉ, EMPLOI DES JEUNES, PROCESSUS DÉMOCRATIQUE ET RENFORCEMENT DES CAPACITÉS, PRIORITÉS DE LA COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX EN SIERRA LEONE

13/12/2006
Assemblée généraleCCP/9
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission de consolidation de la paix

Configuration en Sierra Leone

3e et 4e séances – matin et après-midi


JUSTICE, SÉCURITÉ, EMPLOI DES JEUNES, PROCESSUS DÉMOCRATIQUE ET RENFORCEMENT DES CAPACITÉS, PRIORITÉS DE LA COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX EN SIERRA LEONE


La justice et la sécurité, l’accès des jeunes à l’emploi, la consolidation du processus démocratique et le renforcement des capacités nationales, tels sont les défis que devra relever la Sierra Leone après des années de guerre civile et de destruction.  C’est la conclusion qu’a tirée la nouvelle Commission de consolidation de la paix qui a, après celle du Burundi hier, examiné aujourd’hui la configuration de la Sierra Leone.    


La Commission, dont la création a été décidée lors du Sommet de 2005, doit proposer des stratégies intégrées de consolidation de la paix et de rétablissement au sortir de conflits.  Elle doit aider à assurer un financement prévisible pour les premières activités de rétablissement et un investissement financier soutenu pour le moyen et le long terme.  La Commission doit aussi développer des pratiques optimales sur des questions qui nécessitent une intense collaboration entre les acteurs politiques, militaires, humanitaires et du développement.  Le Burundi et la Sierra Leone sont les deux seuls pays inscrits à son ordre du jour.


Franciscus Majoor, le représentant des Pays-Bas, qui présidait la réunion d’aujourd’hui, a estimé que la Sierra Leone est en train de se remettre tout en faisant face à des enjeux redoutables.  Il a précisé que la communauté internationale en est au stade où il s’agit de mettre en œuvre les diverses stratégies identifiées.


Le Ministre des affaires étrangères de la Sierre Leone, Momodu Koroma, a donc appelé la Commission à aider son pays à renforcer ses capacités d’absorption, à financer des projets à impact rapide et à soutenir les élections législatives et présidentielles qui consacreront un changement dans la direction du pays.  Relevant qu’une somme de 7 millions de dollars manque pour financer les prochains scrutins, le Représentant exécutif du Secrétaire général pour la Sierra Leone, Victor Angelo, a lancé un appel pressant pour combler ce déficit dans les 30 jours qui viennent.  Dans le cas contraire, le calendrier des opérations de vote devra être révisé. 


Sur le plan économique, le Directeur de pays de la Banque Mondiale, Engilbert Edmundsson, a conseillé à la Sierra Leone de relancer également ses secteurs énergétique et agricole.  La question de la transparence dans l’industrie extractive occupera, par ailleurs, une place centrale dans l’amélioration de la réputation du pays.  La Sierra Leone devra également remplir les critères d’éligibilité à l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (Initiative PPTE), ce qui lui permettrait de bénéficier d’une réduction de la dette de 675 millions de dollars, a précisé le Chef adjoint du Département Afrique du Fonds monétaire international (FMI).  La Sierra Leone est déjà éligible à l’Initiative multilatérale de réduction de la dette, lancée par les pays du G-8.  Cette initiative permettrait au pays de bénéficier d’une réduction de dette de 609,9 millions de dollars.


Les représentants de nombreux pays ont fait part d’un certain optimisme quant au processus de consolidation en cours.  Nombreux ont été ceux comme l’Italie à insister sur la nécessité de garantir l’appropriation nationale du processus de consolidation de la paix.  D’autres pays ont insisté sur la nécessité de générer des résultats rapidement dont une baisse du chômage chez les jeunes, ce qui est un véritable défi pour le pays.  Des pays comme le Royaume Uni ont souligné l’importance qu’il y a à appuyer le Tribunal spécial pour la Sierra Leone qui fait intégralement partie du processus de consolidation de la paix.     


En fin de séance, la Commission a approuvé le document de conclusion de son Président.


CONFIGURATION EN SIERRA LEONE


Déclarations


M. FRANCISCUS MAJOOR (Pays-Bas), Président de la réunion sur la configuration de la Sierra Leone, a indiqué que cette réunion analysera les défis majeurs de la consolidation de la paix auxquels la Sierra Leone est confrontée.  Nous chercherons à analyser le niveau d’appui disponible.  La Sierra Leone est en train de remonter la pente après des années de guerre civile et de destruction.  Les enjeux sont redoutables.  Nous devons travailler avec créativité et dans un esprit de partenariat et de discussions basées sur l’action.  Nous en sommes au stade où il s’agit de mettre en œuvre les diverses stratégies identifiées, a encore dit le Président de la réunion.


Poursuivant cet état des lieux, le Ministre des affaires étrangères de la Sierre Leone, M. MOMODU KOROMA, a indiqué qu’au cours des quatre dernières années, son pays a fait de grandes avancées sur la voie de la consolidation de la paix.  Nous avons établi depuis la fin de la guerre des cadres de consolidation de la paix et de relance de l’économie.  Nous nous félicitons que le pays soit l’un des premiers à bénéficier de cet examen qui découle du cadre stratégique existant, a-t-il indiqué.  Lors de la présentation de cette stratégie en juillet dernier, nous avions convenu que beaucoup restait à faire malgré certains progrès.  Le Ministre a ainsi cité les quatre domaines clef qui ont été identifiés par le pays à savoir l’emploi des jeunes et leur autonomisation, la justice et la sécurité, l’appui au processus démocratique et le soutien au renforcement des capacités.  Nous nous sommes lancés, a-t-il dit, dans un processus d’identification des lacunes et d’interventions planifiées.  Dans le contexte du processus d’édification de la paix, le Gouvernement a lancé une stratégie globale portant sur l´emploi des jeunes, la réforme de la fonction publique et la réforme du secteur de la sécurité.  Récemment a eu lieu la signature d’un cadre de soutien budgétaire de la part des pays donateurs principaux.  Sur le front macroéconomique, le taux d’inflation à été réduit à une décimale depuis le mois dernier et le Gouvernement attend les conclusions du Fonds monétaire international (FMI) sur la consolidation de la dette. 


Dans sept mois, a ajouté le Ministre, le pays tiendra des élections législatives et présidentielle, pour la seconde fois depuis la fin de la guerre.  Ces élections consacreront un changement dans la direction du pays depuis que celui-ci a embrassé la gouvernance démocratique en 1996.  Compte tenu des implications pour la paix et la démocratie, ces élections doivent être soutenues.  Rappelant qu’il s’agit de la troisième réunion relative à son pays, le Ministre a exprimé le souhait de voir les membres de la Commission sur le terrain.   Il est aussi revenu sur les résultats de la réunion qui a eu lieu à Freetown avec les partenaires donateurs résidents.  Des préoccupations particulières ont porté sur la capacité d’absorption ou la manque de capacité d’absorption du pays; la capacité de « mise en œuvre » et l’obligation de reddition, le contenu du processus de consolidation et les accords institutionnels pour la surveillance de la mise en œuvre du processus, a-t-il révélé.


Le Ministre a ensuite estimé que la Commission de consolidation de la paix devrait jouer un rôle particulier en matière de capacité « d’absorption ».  Il est aussi urgent de mettre en œuvre des projets à impact rapide.  Le Fonds de consolidation de la paix devrait aussi fournir des ressources pour les programmes identifiés par la Commission.  Le Ministre n’a pas jugé nécessaire, par ailleurs, de créer des mécanismes supplémentaires de suivi et dévaluation mais a souhaité le renforcement de la stratégie guidant le processus de consolidation de la paix.


M. VICTOR ANGELO, Représentant exécutif du Secrétaire général pour la Sierra Leone, a relevé que le 30 novembre dernier, le Parlement de la Sierra Leone a approuvé les textes consacrant les délimitations des circonscriptions électorales du pays.  Cette mesure devrait assurer la tenue d’élections crédibles en juillet 2007.  Le Gouvernement a, d’autre part, en collaboration avec ses partenaires internationaux, mené une évaluation du fonctionnement de sa Stratégie nationale anti-corruption et a favorablement accueilli les recommandations qui lui ont été faites.  Ces recommandations incluent une révision de la loi contre la corruption adoptée en 2000 et le renforcement des pouvoirs d’investigation de la Commission nationale de lutte contre la corruption.  D’autre part, a poursuivi M. Angelo, les Nations Unies et la Sierra Leone ont engagé des consultations sur l’accès du pays aux ressources du Fonds pour la consolidation de la paix.  À cet égard, un Groupe de travail a été créé pour préparer un plan des projets prioritaires dans les quatre domaines identifiés comme essentiels à  la consolidation de la paix.  Il s’agit de l’emploi des jeunes, du renforcement des capacités, de la réforme des secteurs judiciaires et de la sécurité, et de la consolidation des institutions de la démocratie.


Concernant l’emploi des jeunes, M. Angelo a noté que le chômage qui touche la majorité des jeunes gens est une menace à la stabilité de la Sierra Leone.  Des actions urgentes sont nécessaires.  Il faudrait soutenir, à cet égard, une approche qui permette de créer des emplois au moyen d’une croissance soutenue par un rôle actif du secteur privé.  En ce qui concerne le développement de la justice et le renforcement du secteur de la sécurité, en collaboration avec d’autres partenaires, dont l’ONU, le Royaume-Uni finance un programme de renforcement des capacités et des structures du secteur judiciaire.   Il faut noter que la situation des droits de l’homme s’améliore et se féliciter, à cet égard, de la création de la Commission nationale des droits de l’homme, a dit M. Angelo.  Parlant du renforcement des structures de soutien à la démocratie, il a relevé qu’une somme de 7 millions de dollars manque pour financer les prochains scrutins. Il faut à tout prix trouver cette somme dans les 30 jours qui viennent pour respecter les délais électoraux, a prévenu M. Angelo, en notant que si cet argent n’est pas mis à la disposition de la Sierra Leone avant la fin du mois de janvier 2007, le calendrier des opérations de vote devra être révisé. Concernant l’état du service public sierra léonais, le Représentant exécutif a relevé l’insuffisance de ses capacités.  La fonction publique est sous-équipée et composée de personnels trop âgés et démotivés.  Quatre-vingt-deux pour cent des fonctionnaires ont plus de 50 ans et 42% ont dépassé 55 ans.  La plupart d’entre eux manquent de qualifications.  Il faut aider la Sierra Leone à moderniser le fonctionnement de ses services publics, a insisté M. Angelo.


M. ENGILBERT EDMUNDSSON, Directeur de pays à la Banque mondiale, a jugé qu’il faut encore trouver des solutions aux facteurs sous-jacents du conflit.  Ainsi, l’absence d’accès des populations, en particulier celles des zones rurales, aux opportunités économiques et sociales a souvent été citée comme un facteur important.  Le progrès économique et l’amélioration des conditions de vie des habitants sont essentiels à la stabilité du pays.  La Banque mondiale a donc mis en place des projets d’amélioration des infrastructures.  À l’heure actuelle, a ajouté le Directeur, le pays connaît une crise énergétique tandis que ses infrastructures routières ont besoin d’être rénovées.  La Sierre Leone doit également relancer son secteur agricole.


Lors de la première réunion entre la Sierra Leone et ses partenaires, organisée à Freetown, le chômage des jeunes et aussi les mauvais indicateurs dans le domaine de la santé ont été identifiés comme des questions préoccupantes.  Si le pays connaît une stabilisation macroéconomique et de la croissance dans le secteur de la gestion des finances publiques, les résultats sont en revanche mitigés sur le front de la lutte contre la corruption.  La question de la transparence dans l’industrie extractive occupera, par ailleurs, une place centrale dans l’amélioration de la réputation du pays.  Il a aussi été convenu de développer un train de réformes dans le secteur de l’énergie pour accroître son efficacité.  Des améliorations substantielles ont eu lieu pour ce qui est des taux de scolarisation dans l’enseignement primaire et des ressources significatives ont été allouées au secteur de l’éducation.  En revanche, le peu d’investissement dans le secteur de la santé est une source d’’inquiétude.


Les conclusions de cette réunion, a confié le Directeur, ont porté sur la nécessité de mettre en œuvre un programme de réhabilitation des infrastructures, notamment dans les secteurs de l’énergie.  Il est aussi nécessaire de disposer de meilleurs liens intersectoriels dans le cadre du processus de réforme et de développement humain.  Il faut accélérer le renforcement des capacités et accorder toute l’attention requise à ce processus.  Dans un souci de prévisibilité, a encore conclu le Directeur, les pays donateurs doivent déployer des efforts supplémentaires pour fournir des données sur leurs activités.  Compte tenu des besoins énormes du pays, nous sommes heureux de constater le soutien du Fonds de consolidation de la paix, a conclu le représentant de la Banque mondiale.  


À son tour, la représentante du Royaume-Uni s’est déclarée optimiste, au vu des progrès accomplis par la Sierra Leone.  Elle a cependant mis en garde contre tout excès de satisfaction béate.  Il faut noter que le processus de dialogue, qui a commencé en Sierra Leone, reste encore fragile.  Il faudrait y faire participer davantage la société civile.  En ce qui concerne le calendrier des mesures à prendre pour consolider la paix, seuls les progrès accomplis peuvent permettre de passer à l’étape suivante.  Il faut que les acquis obtenus sur une question deviennent irréversibles avant de passer à un autre sujet.  La Commission, a prévenu la représentante, doit veiller à ne pas tomber dans la douloureuse expérience qu’on a connue au Timor-Leste.  Les choses semblaient aller bien alors que trop de questions avaient été laissées en suspens et que les divisions couvaient.  La représentante s’est dite convaincue de la nécessité d’un système d’alerte rapide permettant d’identifier toute menace qui pourrait peser sur une situation que l’on croyait normalisée.  Elle a, d’autre part, rappelé que le Tribunal spécial pour la Sierra Leone fait intégralement partie du processus de consolidation de la paix.  Il faudrait donc veiller à appuyer son fonctionnement.


Le représentant du Ghana a estimé que tout a été fait sur le plan des réformes macroéconomiques en Sierra Leone.  Mais cela n’est pas suffisant, car des obstacles sociaux et politiques continuent de faire peser des menaces sur la stabilité du pays, a-t-il prévenu, en arguant que le chômage des jeunes est trop élevé et que l’état délabré des services sociaux fait craindre un mécontentement populaire susceptible de poser des problèmes imprévus au Gouvernement.  Les services de sécurité n’ont pas les moyens dont ils ont besoin pour assurer l’ordre public, notamment au cours de la période électorale qui s’annonce, a encore prévenu le représentant, qui a estimé, d’autre part, qu’il faut réformer le service public pour lui donner les moyens de soutenir les programmes et les réformes en cours.


Le représentant de l’Irlande a estimé qu’il faut renforcer la coordination et les consultations avec toutes les parties prenantes dans le pays.  Soulignant la validité des 90 recommandations de la Commission de paix et de réconciliation, il a encouragé la Commission de la consolidation de la paix à les mettre en œuvre.  Il ne faut pas non plus perdre de vue les projets à impact rapide qui pourraient par exemple combler les lacunes en termes de financement des prochaines élections, a-t-il dit.


La représentante de l’Union européenne a fait part de l’engagement de l’Union à renforcer la Commission de consolidation de la paix en Sierra Leone en partenariat avec la communauté des donateurs.  Elle a souscrit aux priorités fixées et a insisté notamment sur la nécessité de subvenir aux besoins de la jeunesse, d’assurer  la participation de femmes, de promouvoir la bonne gouvernance et l’édification des capacités.   Elle s’est dite heureuse des progrès faits dans l’établissement de la Commission des droits de l’homme tout en estimant que la Commission de la consolidation de la paix devrait l’assister dans sa tâche.  La réforme sécuritaire et de la police ainsi que la création d’un secteur judiciaire fiable sont aussi des domaines d’action prioritaires, a-t-elle ajouté.


La représentant de la Commission européenne a déclaré que le succès du processus en cours en Sierra Leone réside dans la création d’un mécanisme de consultation permettant d’établir des priorités pour assurer la cohérence et la complémentarité entre les interventions de la communauté internationale et la mise en œuvre de la Stratégie nationale de réduction de la pauvreté.  Il est essentiel, à cet égard, d’aider la Sierra Leone à disposer de suffisamment de capacités de gestion des programmes et d’absorption des ressources.  La coordination des différents efforts est cruciale, a insisté le représentant.   


Répondant aux remarques des délégations, le Ministre des affaires étrangères de la Sierra Leone a dit que les priorités identifiées dans les documents soumis à la Commission l’avaient déjà été, au mois d’octobre dernier.  Il est important d’avoir un débat franc et ouvert afin que les actions en cours ne soient pas bloquées par l’incompréhension, a souligné M. Koroma.  Le Gouvernement de Sierra Leone, a-t-il assuré, est en contact permanent avec le FMI sur les questions touchant aux réformes économiques et financières.  Il bénéficie, en outre, du soutien de l’Union africaine pour assurer ouverture et transparence au débat sur la consolidation de la paix.


Le Président de la réunion pour la consolidation de la paix en Sierra Leone a indiqué qu’un cadre stratégique est en place dans le pays avec les acteurs stratégiques et qu’il est de la plus grande importance de cibler les interventions.  Il faut aussi donner au Gouvernement toute l’appropriation du processus de paix et de sécurité.  Abordant les lacunes que connaît le pays, il a précisé que la question la plus urgente est le financement des prochaines élections.  Les retards pris par les tribunaux, l’administration de la justice, notamment le surpeuplement des prisons, et l’édification des capacités sont quelques-unes des lacunes fondamentales.


Le représentant de l’Inde a convenu que la Sierra Leone a déployé de grands efforts avec des ressources limitées.  L’emploi des jeunes et les stratégies d’habilitation, la réforme de la justice, du secteur de la sécurité et du développement et la préparation des élections, dont le budget connaît un déficit de 7 millions de dollars, sont des secteurs d’intervention prioritaires.  Il nous faut un programme d’action précis assorti du financement adéquat.


La représentante du Danemark a estimé que tous les processus de consolidation de la paix doivent être pilotés par le gouvernement et la société civile du pays concerné afin d’assurer une bonne appropriation des programmes.  Un mécanisme de recensement des tâches à accomplir doit être mis en place.  À la veille des élections en Sierra Leone, il est nécessaire de renforcer les institutions de soutien à la démocratie et de soutenir la participation des groupes de la société civile et des femmes à la préparation et au déroulement des scrutins.  Il est d’autre part urgent d’impliquer les jeunes désœuvrés, dans ce processus, a insisté la représentante.


Celle de la Jamaïque a déclaré que les efforts de réformes économiques menés en Sierra Leone doivent veiller à y jeter les bases d’un développement durable.  Sur le plan politique, même si les élections à venir sont couronnées de succès, le chômage élevé des jeunes continuera à mettre en péril la paix sociale.  Il faut donc apporter à la Sierra Leone des mesures urgentes de stabilisation économique et financière qui permettraient de garder les ex-jeunes combattants, aujourd’hui désarmés, sur le bon chemin, a recommandé le représentant.  Il ne faut pas se contenter de prendre des mesures économiques tronquées, a-t-il poursuivi, en relevant que par exemple, sans infrastructures de base, il est illusoire de croire que le pays parviendra à une paix stable et durable. 


Le représentant de la France a appuyé les remarques du Royaume-Uni sur le mandat de la Commission qui est en fait « un processus ».  Il a aussi appuyé l’exercice de « cartographie » effectué pour identifier les besoins, les domaines non couverts, les interactions entre eux mais aussi les partenaires.  Il a aussi souligné le besoin de cohérence des activités sur le terrain.  Il est nécessaire de lancer des opérations prioritaires sans négliger le phasage des interventions qu’elles soient à court, moyen ou long terme.


Le représentant du Japon a souhaité que les progrès évoqués renforcent le processus de consolidation de la paix auquel son pays a œuvré par la voie bilatérale, notamment dans le secteur social avec la collaboration du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).  L’habilitation sociale et l’emploi des jeunes est de la plus grande importance.  Il faut que les jeunes puissent bénéficier des dividendes de la paix.  Les prochaines élections, a-t-il conclu, constituent un moment important pour la consolidation de la paix et la démocratie d’où l’importance de combler le déficit de 7 millions de dollars. 


Le représentant de l’Allemagne a appuyé les mesures favorables à l’emploi des jeunes en Sierra Leone avant de demander au représentant de la Banque mondiale comment le secteur privé pourrait contribuer à résoudre cette question importante.


Le représentant de la Belgique a jugé nécessaire d’adopter une bonne méthodologie dans la conduite des programmes relevant des priorités identifiées en Sierra Leone.  À l’avenir, il serait utile que la Commission dispose de documents qui l’aideraient à mieux préparer ses travaux quand elle a à examiner la consolidation de la paix dans les pays relevant de son mandat.  L’efficacité de son travail en serait renforcée.  La Belgique, a encore dit le représentant, accorde une attention particulière à la réforme du secteur de la justice, car une justice opérationnelle rassure la population sur le bon fonctionnement de la consolidation de la paix.  Concernant le secteur économique, il a jugé impératif que le Gouvernement de la Sierra Leone assure au monde entier que les prochains scrutins se tiendront dans la transparence la plus absolue.  La présence de la presse et d’observateurs internationaux donnera à la Sierra Leone l’occasion de donner d’elle-même une image positive qui serait encourageante pour les investisseurs internationaux.


Pour le représentant de l’Italie, il est très important que le Gouvernement de la Sierra Leone s’approprie le processus de consolidation de la paix.  Les efforts de renforcement des capacités devraient aussi être très ciblés et des résultats doivent être obtenus rapidement.  Reforme sécuritaire, état de droit et incitation aux investissements étrangers sont des actions prioritaires dans ce contexte.  Il faudrait établir avec le Gouvernement des normes permettant de mesurer les progrès ainsi qu’une matrice de répartition des taches.


Pour le représentant de l’Angola, il est essentiel de faire un travail de microgestion dans le pays et de donner aussi au Gouvernement la place du conducteur.  Il a lui aussi insisté sur la nécessité de générer des résultats rapidement ainsi que des emplois pour les jeunes, ce qui est un véritable défi pour le pays.


Le représentant des États-Unis a dit apprécier les progrès accomplis en Sierra Leone.  Mais beaucoup reste à faire, notamment en ce qui concerne le chômage des jeunes, a-t-il averti.  Il faut se rappeler que ce sont ces jeunes qui ont formé le gros des combattants et qu’il faut donc leur accorder une attention particulière, en proposant des solutions durables à la question de l’emploi, a recommandé le représentant.


Le représentant de l’Égypte a appelé à une aide concrète qui prendrait la forme d’un appui financier au Gouvernement.  Les fonds débloqués en faveur de la Sierra Leone doivent aller au Gouvernement de ce pays et pas aux agences du système de l’ONU, a insisté le représentant, en estimant qu’il y a trop de confusion entre ce qui est parfois perçu comme un agenda des organisations internationales et les désirs et besoins des pays que l’on veut aider.


La représentante de la société civile et membre du Bureau exécutif du Comité de consolidation de la paix de Sierra Leone a dit que depuis la réunion de la Commission de la consolidation de la paix, au mois d’octobre, la société civile sierra léonaise a tenu des consultations sur les questions prioritaires et critiques qui avaient été identifiées.  La société civile sierra léonaise entretient de bonnes relations de travail avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Gouvernement, a indiqué la représentante.  La solution de la question de l’emploi des jeunes est centrale et doit faire l’objet de mesures d’urgence avant les élections du mois de juillet, a-t-elle recommandé.  La Sierra Leone est à la croisée des chemins et a besoin d’être soutenue pour remplir la part du contrat qu’elle a avec la communauté internationale.  Les Sierra léonais veulent être des acteurs à part entière de l’évolution de leur pays vers la paix durable.   


Le représentant de la Banque mondiale à Freetown (Sierra Leone), a répondu aux remarques de certaines délégations.  Il a déclaré que le chômage des jeunes et la question de l’emploi étaient des enjeux de taille pour la Sierra Leone. Dans les autres pays sortis d’un conflit, comme le Rwanda ou le Mozambique, la situation des jeunes était parfois pire que celle que connaît la Sierra Leone, a relevé le représentant.  Dans ces différents cas, le secteur des travaux publics a été le principal pourvoyeur d’emplois.  À long terme cependant, seul un secteur privé énergique peut générer les emplois dont un pays a besoin.  La Sierra Leone aura besoin d’attirer des investissements étrangers directs (IED).  Mais pour ce faire, elle a besoin d’infrastructures et elle doit améliorer son indice de corruption, a estimé le représentant de la Banque mondiale.  Concernant l’industrie minière qui attire le plus facilement des investisseurs, elle crée très peu d’emplois, comparée à d’autres secteurs.  La Sierra Leone pourrait baser son développement sur le tourisme, le pays étant particulièrement beau.  Mais malheureusement elle manque cruellement d’infrastructures.  Elle peut aussi se lancer dans le développement des pêcheries, où elle a un potentiel élevé, et dans la production de produits de consommation.  Des investisseurs, notamment asiatiques, semblent s’intéresser à ce secteur, a indiqué le représentant de la Banque.  


Le Représentant exécutif du Secrétaire général, a noté que des études ont été menées sur la contribution que le secteur privé pourrait apporter à la stabilisation et la reconstruction de la Sierra Leone.  Sans secteur privé, l’État sierra léonais n’aura pas de rentrées fiscales et ne pourra pas remplir ses obligations régaliennes et de souveraineté.  Le Représentant exécutif a ensuite parlé des coûts liés à la sécurité pendant la période électorale.  Les moyens du Gouvernement étant limités, il faudra lui apporter une aide substantielle en termes de police et d’appui aux institutions.  D’autre part, il faudra mener des campagnes de sensibilisation et de mobilisation de la population et des formations politiques autour des buts et de la finalité des procédures électorales.  Des moyens matériels, techniques, et des ressources financières sont nécessaires pour ce faire, a déclaré le Représentant exécutif.  Il a souligné l’importance qu’il y a à appuyer le dialogue entre les différentes parties sierra léonaises.  


Le Chef adjoint du Département Afrique du Fonds monétaire international (FMI), a déclaré que le Fonds continue à travailler avec le Gouvernement de Sierra Leone, à qui il fournit une assistance financière et technique.  La demande du Gouvernement concernant l’atteinte du point d’achèvement de l’évaluation de la mise en œuvre des programmes de réformes lancés dans le cadre de la Facilité pour la croissance et la réduction de la pauvreté du FMI, sera certainement examinée par le Conseil exécutif du FMI, le 15 décembre 2006, a indiqué le représentant.  Le programme de réformes macroéconomiques a été approuvé par le Conseil exécutif, en mai 2006.  La somme totale de l’aide accordée, dans ce cadre, à la Sierra Leone est d’environ 44,4 millions de dollars américains.  Un premier versement, d’un montant de 7 millions de dollars a été effectué et un deuxième versement, du même montant, se fera dès que l’évaluation de la mise en œuvre du programme sera achevée.  Le programme s’aligne sur les objectifs du Gouvernement, qui visent à promouvoir une croissance soutenue et une réduction notable du niveau de pauvreté, a indiqué le représentant du FMI.  Les performances du Gouvernement dans le cadre  de la mise en œuvre des réformes macroéconomiques sont satisfaisantes et le programme suit son cours normal. 

Après l’évaluation de la mise en œuvre du programme de réformes par le Conseil exécutif du FMI, la Sierra Leone devrait remplir les critères d’éligibilité à l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (Initiative PPTE), ce qui lui permettrait de bénéficier d’une réduction de la dette de 675 millions de dollars.  La Sierra Leone est, d’autre part, éligible à l’Initiative multilatérale de réduction de la dette, lancée par les pays du G-8.  Cette initiative permettrait au pays de bénéficier d’une réduction de dette de 609,9 millions de dollars, a précisé le représentant du FMI.  Une bonne utilisation des ressources dégagées par l’application des mesures de l’Initiative PPTE est une exigence qu’il faut absolument satisfaire.  Elle permettrait à la Sierra Leone d’avancer dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  


Le Ministre des affaires étrangères de la Sierra Leone, répondant aux questions de la France, du Japon et de l’Allemagne, a estimé que le processus visant à identifier des lacunes exige une très bonne coordination des actions et des interphases.  Le processus d’établissement des cadres d’action a nécessité aussi une évaluation à divers niveaux.  Entre 2002 et 2006 nous avons mené au moins 30 évaluations pour que les projets ne se chevauchent pas.  Il faut aussi faire une différence entre les interventions critiques à long terme et celles à court terme.  Par exemple, le schéma de création d’emplois pour les jeunes repose sur la création de capacités et d’opportunités, la formation des jeunes, l’amélioration des services publics.  La microfinance est aussi une réponse à la situation que nous connaissons.  Les processus que nous menons pour la mise en œuvre de projets sont transparents et responsables même s’il est encore possible d’améliorer l’administration fiduciaire.


Mme CAROLYN MCASKIE, Sous-secrétaire générale et Chef du Bureau de la consolidation de la paix a indiqué que la Sierra Leone est arrivée à la même étape que le Bureau, à savoir que les priorités ont été arrêtées et qu’il s’agit maintenant de débloquer les fonds à travers un comité directeur.  Le Fonds de consolidation de la paix n’est pas là pour offrir une aide financière aux Gouvernements mais pour appuyer leurs priorités tels qu’énoncées dans le Plan stratégique.  Les projets du Fonds sont clairement identifiés par les gouvernements dans le cadre du processus d’identification des priorités.  Mais le Fonds est un outil catalyseur qui peut faire démarrer des activités d’urgence même s’il ne peut pas financer tous les projets identifiés.  Il doit répondre aux priorités immédiates.  


Le représentant de la Guinée-Bissau a espérer qu’à la fin de cette réunion, la Commission pourra donner aux Sierra-Léonais les 25 millions dont ils ont besoin pour assurer la mise en œuvre des projets prioritaires.  Il a aussi insisté sur la nécessité d’assurer des élections crédibles et transparentes en aidant la Sierra Leone à mobiliser 7 millions de dollars dont elle a besoin.


Le représentant de la Communauté européenne a indiqué que le budget actuel de la Communauté européenne pour les programmes de coopération avec la Sierra Leone est de 220 millions de dollars et finance des projets dans les domaines prioritaires tels que la réhabilitation des infrastructures, la préparation des élections de 2007, le soutien à la Commission de réconciliation nationale et au Tribunal spécial pour la Sierra Leone.  Il estimé que les travaux de la Commission viennent à point nommé puisque la communauté internationale entre dans une deuxième tranche de soutien pour la Sierra Leone.  


Le Président de la réunion a estimé lui aussi que le gros avantage du Fonds de consolidation de la paix vise à combler les lacunes tout en soulignant les capacités limitées de ce mécanisme de financement. 


Le représentant de l’Indonésie a estimé qu’il faut mettre la résolution des questions relatives au chômage des jeunes au centre des programmes en faveur de la stabilisation de la paix en Sierra Leone.  L’Indonésie est d’accord qu’il faudrait établir un plan complet de réalisation des projets jugés prioritaires par le gouvernement.


Le représentant du Brésil a proposé que les transferts de fonds vers les pays sortant de conflits bénéficient de coûts de transferts spéciaux, afin de permettre à ces pays de recevoir une meilleure aide de leurs diasporas.  D’autre part, les coûts de transaction liés à des projets financés par le Fonds de la consolidation de la paix devraient aussi recevoir des traitements spéciaux afin de maximiser l’usage de ces ressources.


Le représentant du Nigéria a insisté sur l’appui au développement à long terme de la Sierra Leone.  Il faut arrêter de prétendre que le respect des droits de l’homme et la justice suffisent à consolider la paix, a dit le représentant.  Il faut avoir une image plus large unissant la composante « gouvernance et droits de l’homme » et la composante « économie ».  Il ne saurait y avoir de paix et de démocratie durables sans une économie solide, a argué le représentant.


Le représentant du Pakistan s’est félicité du travail accompli en Sierra Leone.  Il a apprécié les propos du FMI et de la Jamaïque sur les mesures économiques à mettre en œuvre dans le pays et notamment la nécessité d’une réduction de la dette des pays sortant des conflits.


Le représentant de l’Union européenne s’est déclaré satisfait du fait que les camps de réfugiés sierra léonais, dans les pays voisins, soient aujourd’hui démantelés.  La stabilité de chaque pays de la région du fleuve Mano dépend de ce qui se passe dans toute la sous-région, a-t-il souligné en jugeant indispensable que la Commission s’intéresse à ce qui se passe en Guinée et au Libéria.


La représentante du Royaume-Uni a pris note de l’insistance mise par des délégations sur le développement du secteur privé, qui d’après le FMI et la Banque mondiale, est le seul capable d’assurer un développement durable et des emplois stables aux Sierra-Léonais.  Il est important de lutter contre la réputation de corruption, a dit la représentante, en demandant au Ministre des affaires étrangères sierra léonais ce que son gouvernement compte faire pour réformer la fonction publique et améliorer le climat des affaires.


Le secteur public n’a pas encore les capacités essentielles, a répondu le Ministre des affaires étrangères.  Malgré les efforts déployés, la réforme lancée pour améliorer la fonction publique, qui a souffert de son héritage colonial, a du mal à porter des fruits.  C’est une œuvre de longue haleine, a avoué le Ministre qui a souligné la nécessité d’assurer aux fonctionnaires dont les compétences ne répondent plus aux réalités et aux besoins actuels, un départ décent à la retraite.  Il faut pour cela des moyens que le pays n’a pas en cette période de sortie de crise.  Forcer des employés à quitter leurs postes sans les dédommager porterait atteinte à l’ordre social, ce que le pays ne peut risquer, a prévenu le Ministre.  Un fonctionnaire à la porte, c’est toute une famille qui se retrouve sans ressources, a-t-il encore dit, en demandant donc aux bailleurs de fonds d’aider son gouvernement à mener la réforme du secteur public.  Concernant la corruption, il a dit que la faiblesse des salaires pouvait expliquer la petite corruption.  Mais, en coopération avec la société civile, le Gouvernement s’efforce de faire changer les mentalités.     


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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