CCP/8

LA COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX DÉBAT DE L’ASSISTANCE À APPORTER À LA STABILISATION ET À LA RECONSTRUCTION DU BURUNDI

12/12/2006
Assemblée généraleCCP/8
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission de consolidation de la paix

3e et 4e séances – matin et après-midi


LA COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX DÉBAT DE L’ASSISTANCE À APPORTER À LA STABILISATION ET À LA RECONSTRUCTION DU BURUNDI


Réunie aujourd’hui sous la présidence de M. Johan Lovald, de la Norvège, la Commission de la consolidation de la paix, organe nouvellement créé par les Nations Unies pour notamment proposer des stratégies de consolidation de la paix et de rétablissement au sortir, a débattu des actions à prendre à cet égard au Burundi.  Elle a entendu dans ce cadre des présentations de son Président, du Ministre burundais de la bonne gouvernance et des représentants de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international, et du Fonds pour la consolidation de la paix.  Les délégations des États membres de la Commission ont pris la parole pour commenter les propositions et analyses contenues dans le plan des priorités stratégiques identifiées au Burundi visant à soutenir et favoriser le dialogue entre les parties et y promouvoir la bonne gouvernance, l’établissement de l’état de droit, le respect des droits de l’homme et la revitalisation de l’économie, de l’emploi et des structures sociales.    


Déclarations de fond


Ouvrant ce matin la réunion de la Commission, M. Johan Lovald, de la Norvège, Président de la Commission de consolidation de la paix, a fait rapport aux membres de la Commission de la mission qu’il a conduite au Burundi du 27 novembre au 2 décembre derniers.  Cette visite avait un double objectif et elle nous a permis de rencontrer les représentants du Gouvernement burundais, a indiqué M. Lovald.  La mission, qu’il a qualifiée d’« utile », a permis de souligner l’importance d’avoir des contacts directs avec les parties anciennement en conflit qui sont aujourd’hui parties prenantes au processus de reconstruction du pays.  Il est important de reconnaître que le Gouvernement du Burundi assume le pouvoir depuis plus d’un an, mais que les défis à relever et les enjeux demeurent de taille en ce qui concerne le redressement du pays après tant d’années de conflit, a précisé Johan Lovald.  Pour consolider la paix, il est apparu clairement qu’il fallait renforcer les capacités du pays et notamment ses capacités économiques, a-t-il poursuivi, en indiquant qu’il avait eu l’impression que le Gouvernement burundais était résolu à travailler au renforcement de la paix et à approfondir sa coopération avec la Commission de consolidation de la paix.


Les membres de la mission qui s’est rendue au Burundi ont noté avec satisfaction que des arrangements visant à faciliter le déboursement de ressources en provenance du Fonds pour la consolidation de la paix en faveur du Burundi ont été mis en place.  À cet égard, le Plan prioritaire pour l’établissement d’un fonds de consolidation de la paix au Burundi a été établi et servira de cadre stratégique guidant l’approbation des projets.  Une enveloppe de financements destinés au pays sera disponible au début de l’année 2007, son statut dépendant de la volonté des donateurs à convertir en espèces « sonnantes et trébuchantes » leurs promesses de contributions, a dit le Président de la Commission de consolidation de la paix.  Johan Lovald a ensuite souligné que les membres de la mission qui s’était rendue au Burundi avaient noté la volonté du Gouvernement de faire face aux abus contre les droits des personnes et à y assurer un cadre  propice au respect des droits de l’homme, y compris les droits et l’égalité des femmes devant la loi.  La mission a recommandé de rapidement soutenir l’intention qu’a le Gouvernement de mettre sur pieds, de manière urgente, une commission nationale indépendante des droits de l’homme et de développer et établir des mécanismes transitoires de justice.


Après avoir relevé que le Burundi avait rejoint la Communauté des États de l’Afrique de l’Est, M. Lovald a dit que les membres de la Commission avaient émis l’espoir de voir ce nouveau statut apporter au pays des bénéfices de développement économique.  L’apport de cette nouvelle dimension régionale aux efforts de consolidation de la paix ne doit pas être ignorée, a dit M. Lovald.  Concernant l’aide accordée au Burundi, le Président a dit que la Commission avait encouragé le système des Nations Unies et la communauté internationale à renforcer les capacités du Comité pour la coordination de l’aide (CNCA) de manière à ce qu’il poursuive ses consultations avec l’ONU et les donateurs en vue de créer un mécanisme de suivi des flux d’aide et de s’assurer que cette assistance contribue au renforcement des capacités de l’État burundais en s’alignant sur ses stratégies et plans de développement.  Les membres de la mission de la Commission ont exhorté la communauté internationale, et notamment les institutions financières internationales, les donateurs et le système de l’ONU, à prendre des actions basées sur les recommandations de la Commission, ceci en vue de répondre aux priorités et aux insuffisances identifiées par le Gouvernement du Burundi.  


Intervenant après M. Lovald, le Ministre de la bonne gouvernance, de l’inspection générale de l’État et l’administration locale du Gouvernement du Burundi, M. Kamana, est revenu sur les progrès politiques réalisés au Burundi, pays qui s’est résolument engagé dans un processus de paix.  Face à l’immensité des besoins qui existent en raison de la reconstruction du pays et de la société burundaise, le Gouvernement burundais a dû sélectionner des questions prioritaires comme celles de la bonne gouvernance, de la promotion de la justice, de la promotion des droits de l’homme, et la gestion des questions foncières pour solliciter l’assistance de la communauté internationale dans leur résolution, a indiqué le Ministre.


Mais il nous reste à surmonter le problème que pose la mise en œuvre de l’Accord général de cessez-le feu, tandis que la situation des droits de l’homme doit pour sa part être améliorée.  À cet égard, les femmes et les jeunes doivent bénéficier d’une attention particulière, a ajouté M. Kamana.  L’état de droit doit pour sa part être renforcé afin que les populations gardent confiance dans les institutions étatiques.  Ces initiatives doivent être appuyées par le financement de programmes de redressement économique au profit de la population, qui souffre encore des conséquences de la guerre.  La mise en œuvre des programmes identifiés exige une mobilisation des ressources de la part du Gouvernement qui compte à cet égard sur le soutien de ses partenaires. 


Le Ministre a fait part à la Commission des mesures prises au niveau national pour promouvoir le dialogue, améliorer la gestion publique et lutter contre la corruption.  Il a précisé que les interventions pour renforcer la justice et les droits de l’homme devraient commencer en 2007.  En matière de sécurité, il a demandé à la communauté internationale de fournir plus d’aide à son pays.  Il a formulé également une demande d’aide financière qui viendrait appuyer les travaux menés par la « Commission des terres et autres biens » qui a été mise en place pour s’occuper de programmes de recasement en raison de l’afflux massif de réfugiés qui, souvent, trouvent leur maison occupée par d’autres familles.  Le Ministre a aussi indiqué que la guerre dans son pays avait aggravé le déficit budgétaire.  Le Gouvernement burundais n’a pas eu suffisamment de rentrées de recettes pour pouvoir faire face à ses dépenses essentielles.  Ceci a pour conséquence un paiement irrégulier des fonctionnaires, des membres des forces de défense nationale et des effectifs de la police nationale.  Si cette situation venait à perdurer, s’est inquiété le Ministre, la tension sociale pourrait dégénérer rapidement en crise pouvant compromettre la paix et la sécurité intérieure du Burundi.  Le Gouvernement burundais demande donc à la Commission de consolidation de la paix de s’investir sur cette question afin de lui trouver rapidement une solution, a plaidé M. Kamana. 


Le Ministre a par ailleurs formulé quelques propositions relatives au Cadre stratégique de croissance et de lutte contre la pauvreté.  Un comité de pilotage conjoint Gouvernement-Nations Unies serait le principal organe de coordination au niveau politique et décisionnel et travaillerait en étroite collaboration avec le Comité national de Coordination des aides, a-t-il proposé.  Un secrétariat technique composé d’experts du Gouvernement burundais et des Nations Unies serait quant à lui chargé de fournir un appui technique au Comité conjoint pour le suivi de la mise en œuvre et l’évaluation du plan prioritaire, a indiqué le Ministre.


M. Youssef Mahmoud, Représentant spécial adjoint du Secrétaire général pour le Burundi, a regretté qu’il n’y ait pas eu de progrès dans la mise en œuvre de l’Accord général de cessez-le-feu signé en septembre entre le Gouvernement burundais et le FNL.  La direction du FNL a refusé de retourner au Burundi ou de participer au Processus et aux mécanismes communs de vérification tant que certaines conditions, dont la libération des prisonniers FNL, n’étaient pas remplies par le Gouvernement, a indiqué M. Mahmoud.  Compte tenu des retards enregistrés, l’ONUB, qui est la force de maintien de la paix déployée au Burundi et dont le mandat tire à sa fin, ne pourra remplir les obligations qui lui sont faites dans le cadre de l’Accord général de cessez-le-feu avant le départ de ses contingents, a précisé le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général.  Néanmoins, le bataillon sud-africain de l’Opération des Nations Unies au Burundi (ONUB) sera reversé dans les forces du Groupe de travail de l’Union africaine, à la date du 1er janvier 2007, a dit M. Mahmoud.


Il a ensuite indiqué que depuis octobre dernier, le Gouvernement du Burundi avait poursuivi ses efforts visant à promouvoir le dialogue politique, y compris en organisant des réunions avec les partis politiques, la société civile et les médias.  Le Gouvernement du Burundi a aussi entrepris un certain nombre de démarches en vue de favoriser la stabilisation de la situation macroéconomique du pays et de créer les conditions nécessaires à l’amélioration de la coopération entre le Gouvernement et les institutions financières internationales.  La récente adoption d’une loi contre la corruption et l’évaluation en cours du Code pénal en vue de le rendre plus adapté aux normes internationales sont des pas dans la bonne direction.  Le Gouvernement burundais a réitéré son opposition à toute manifestation d’intolérance et son soutien au respect des droits de l’homme, a poursuivi M. Mahmoud.  Le Gouvernement burundais a promis, concernant les journalistes détenus, qu’il leur serait assuré un traitement judiciaire équitable malgré les faiblesses actuelles de l’appareil judiciaire.  Le Gouvernement estime également que les initiatives qu’il a à ce jour prises sont une manifestation de son engagement envers la démocratie.  Il demande de ce fait à la communauté internationale de faire preuve de patience, les structures actuelles du pays et le lourd héritage du passé et de la période de conflit rendant sa tâche difficile.


M. Mahmoud a dit que les Nations Unies apportaient un soutien au Burundi dans l’identification des domaines où des interventions en faveur de la consolidation de la paix s’avéraient critiques.  Ces domaines d’intervention ont été identifiés sur la base des différentes initiatives que mènent encore en ce moment le Gouvernement et la communauté internationale.  Certaines d’entre elles s’articulent autour du Document stratégique de réduction de la pauvreté (PRSP).  Elles comprennent un soutien au dialogue politique, la revitalisation des consultations sur l’établissement des mécanismes transitionnels de justice, et le soutien aux mesures de promotion de la paix, a dit le Représentant spécial adjoint.         


M. Alassane Sow, Représentant-résident de la Banque mondiale au Burundi, a fait à la Commission le point sur les progrès accomplis dans les trois domaines sur lesquels la Commission de consolidation de la paix s’était penchée lors de sa réunion du mois d’octobre dernier: la gouvernance, la réhabilitation des infrastructures et du secteur de l’emploi et le redressement de l’économie et du secteur social.  Concernant la gouvernance et la lutte contre la corruption, M. Sow a indiqué que les efforts déployés ne devraient pas se limiter aux seules mesures de répression judiciaire.  Ces efforts devraient aussi se manifester sur les plans de la prévention et de la sensibilisation des populations et des gouvernants sur ces questions.  À cet égard, a indiqué M. Sow, un effort particulier est en cours, à la requête du Président de la Banque mondiale, pour faire une évaluation de la gouvernance au Burundi.  Les résultats de l’évaluation permettront de formuler une stratégie globale couvrant les domaines de la prévention et de la sensibilisation pour une meilleure lutte contre la corruption.


Concernant le secteur des infrastructures et de l’emploi, le représentant de la Banque mondiale a indiqué que la Banque soutenait un projet de travaux publics et de création d’emplois au Burundi.  Un premier don de 40 millions de dollars a été déboursé et la Banque y a ajouté un autre crédit de 30 millions de dollars, sous forme de don, dans le cadre de son assistance stratégique au Burundi pour la période 2005-2007.  En octobre dernier, 57% du montant de ces dons ont été déboursés.  Depuis le début de ce genre de projets en 2001, 165 des contrats d’ouvrages civils passés avec 52 entreprises locales ont été menés à terme, a dit le représentant de la Banque mondiale.  En outre, 169 contrats passés avec 48 firmes de consultants de droit burundais ont été exécutés.  Ces différents programmes ont généré 3,8 millions de journées de travail profitant aux Burundais.  Concernant la relance de l’économie et du secteur social, M. Sow a dit que la mission menée par le FMI dans le cadre de la cinquième évaluation des réformes économiques s’était terminée de manière positive.  La tranche financière de soutien de la Banque mondiale au programme burundais, de 35 millions de dollars, a été débloquée au mois de novembre dernier.  Mais le Burundi fait encore face à la conduite des réformes structurelles dont il doit appliquer les différents volets de manière plus accélérée en vue de favoriser une croissance soutenue.  Le Gouvernement a récemment adopté un plan de réforme du secteur du café et compte faire la même chose en ce qui concerne le thé, le sucre et le coton, a indiqué M. Sow, en s’en félicitant.    


À son tour, le représentant du Fonds monétaire international (FMI) a déclaré cet après-midi qu’une mission du FMI venait juste de rentrer du Burundi où elle a été capable de conclure des discussions ayant trait à la cinquième évaluation du cadre de réformes macroéconomiques et structurelles auquel le pays est soumis.  La demande du Burundi concernant l’atteinte du point d’achèvement des mesures entrant dans le cadre de cette évaluation devrait être examinée par le Conseil exécutif du FMI au mois de février 2007.  Le représentant du FMI a indiqué que 15 millions de dollars de financement restent à être trouvés pour répondre à cet égard aux besoins du Burundi qui, dans un environnement post-conflit, a continué de faire des progrès en ce qui concerne ses réformes macroéconomiques au cours de l’année 2006 en se félicitant que le programme de réformes macroéconomiques du Burundi reste en bonne voie avec 5% de croissance du PNB.  Cependant, la mise en œuvre du cadre de réformes macroéconomiques a été affectée par les retards d’affectation des ressources devant soutenir le budget du Burundi.  Malgré cela, le Gouvernement a fait preuve d’une discipline budgétaire remarquable, face aux besoins que rencontre un pays sortant de conflit, a reconnu le représentant du FMI.  


Débat général


Le représentant de la Belgique a souhaité que le Burundi bénéficie d’un plan de promotion du respect des droits de l’homme, du renforcement du processus de démocratisation et de la gestion des terres.  La consolidation de la paix au Burundi a besoin d’un meilleur appui de la communauté internationale sur les plans financier et politique.  Les populations du Burundi souffrent encore de malnutrition et de l’absence de structures sociales qui devraient venir appuyer la consolidation de la paix, a estimé le représentant.  Il a souligné la nécessité d’accorder en particulier une attention à la question de l’habitat au Burundi.  Le lien entre les travaux de la Commission de consolidation de la paix et les efforts déployés par les autres forums qui travaillent en faveur de la stabilisation du Burundi devrait être renforcé de manière à ce que les efforts soient mieux coordonnés.  La Belgique se félicite que le Ministre burundais ait reconnu, dans son intervention, la nécessité de renforcer tous les efforts en faveur de la bonne gouvernance, de la démocratie et des droits de l’homme.      


Les représentants du Pakistan, du Royaume-Uni, de l’Union interparlementaire ont demandé pour leur part des compléments d’informations sur les documents fournis aux délégations par la Commission.  Le représentant du Danemark s’est félicité des progrès accomplis au Burundi en matière de renforcement des conditions de paix.  Il a ajouté que son pays souhaitait que soit élaborée une stratégie à long terme de consolidation de la paix au Burundi qui s’appuie sur toutes les parties intervenant dans ce pays.  Cette stratégie ne devra pas être une simple compilation de projets à financer.  Elle devrait tracer une voie à la fois politique, économique, sociale et sécuritaire.  Tout en acceptant le principe d’un soutien budgétaire, la Norvège estime qu’il faudrait être plus précis dans la définition des champs d’intervention nécessitant des financements.    


Le représentant de la Guinée-Bissau a estimé que pour exister, la paix a besoin d’une base économique.  Le processus de paix n’est jamais linéaire et parfois, pour pouvoir avancer, il faut reculer.  Le Burundi ne devrait pas être pénalisé du fait de quelques insuffisances.  La communauté internationale doit être consciente que ce n’est pas en conditionnant constamment son soutien financier aux efforts des burundais et notamment du Gouvernement, qu’il favorisera la stabilisation de la paix.  Si les fonctionnaires burundais ne sont pas payés, des grèves éclateront et au lieu d’avoir un processus harmonieux de reconstruction et de réconciliation nationale, on aura peut-être des militaires et des armes dans les rues.  Il faut donc être patient avec le Burundi, a recommandé le représentant.


Le représentant des ONG et des organisations de la société civile au Burundi a dit que la société civile burundaise participait activement au renforcement de la paix et à la promotion de la bonne gouvernance.  La société civile a tenu des ateliers et une conférence au cours desquels des débats ont eu lieu sur les questions de la corruption et de la bonne gouvernance.  Les résultats et recommandations de ces discussions ont été rassemblés dans une publication dont des exemplaires ont été remis au Gouvernement burundais et au représentant de l’ONU, a indiqué le représentant de la société civile burundaise.  La société civile a également fait des recommandations concernant la restructuration des forces de sécurité, du système judiciaire, a ajouté le représentant.  Les ONG burundaises se sont engagées à travailler main dans la main avec la communauté internationale pour la bonne exécution des programmes identifiés pour la consolidation de la paix au Burundi.


Le représentant de la Jamaïque a exprimé son appui au point de vue du représentant de Guinée-Bissau.  Un redressement économique viable et la réduction des risques qui pèsent sur la consolidation de la paix vont de pair, a estimé le représentant.  Si les salaires du secteur public ne sont pas payés, la stabilité du Burundi sera en danger, a-t-il rappelé, en citant un rapport de la Banque mondiale.


Le représentant de la France a demandé au Ministre burundais d’expliquer comment la Commission de consolidation de la paix pourrait mieux soutenir le respect et la mise en œuvre de l’Accord général de paix au Burundi.  D’autre part, le Fonds de consolidation de la paix ne devrait-il pas n’intervenir que quand les domaines d’intervention prioritaires ont été identifiés?  Que pourrait ensuite être l’apport de la communauté internationale pour favoriser et soutenir la lutte contre l’impunité au Burundi?  La France aimerait aussi avoir plus d’informations sur la situation foncière du Burundi et sur les mesures envisagées pour faire face aux problèmes qui se posent dans ce secteur.


Le représentant des Pays-Bas est intervenu pour rappeler que les besoins qui existent en matière de consolidation de la paix et les efforts déployés pour les satisfaire devraient d’abord être identifiés par le Gouvernement burundais.  Mais les Pays-Bas estiment aussi que des organismes comme le PNUD et la Banque mondiale doivent soutenir le Burundi de leur expertise pour identifier et présenter de manière rationnelle et détaillée les problèmes et les besoins qui existent sur le terrain.


Le représentant de la Communauté européenne a dit que l’Union européenne souhaitait que soit privilégiée une approche holistique de consolidation de la paix, centrée sur la promotion des droits de l’homme au Burundi.  Ils ont insisté sur le fait que la mise en œuvre de l’Accord général de paix était primordiale.  Tout en se félicitant des contacts qu’elle a avec les autres donateurs, la Communauté européenne aimerait qu’ils soient renforcés.  Elle relève qu’il est important de tenir compte des capacités d’absorption de crédits du Burundi lors de la définition des besoins et dans la mise en œuvre des programmes identifiés.


La représentante du Canada a dit qu’il fallait clairement identifier ce qui est urgent et le séparer de ce qui est important au Burundi quand on y identifie les besoins en matière de consolidation de la paix.  Le Canada versera prochainement 20 millions de dollars au Fonds de consolidation  de la paix, a indiqué la représentante.  La représentante de la Croatie a estimé que les secteurs des droits de l’homme et de la création de l’état de droit devaient recevoir une attention particulière.


Le représentant du Japon a indiqué que son pays accordait beaucoup d’importance à la Commission de consolidation de la paix et à la situation du Burundi.  Cet intérêt a été illustré par la visite du Ministre japonais des affaires étrangères au Burundi et par celle de son homologue burundais au Japon.  Il fournit une assistance à la collecte des petites armes et à la destruction des

mines, qui ont causé beaucoup d’instabilité au Burundi. Le Japon, qui contribue abondamment à la reconstruction du Burundi, est cependant surpris de n’être cité nulle part dans les documents soumis aujourd’hui à l’examen des membres de la Commission, a regretté le représentant en espérant que ce genre d’oubli ne se reproduira pas.    


Les représentants du Chili , du Rwanda et des États-Unis sont ensuite intervenus. La délégation rwandaise a estimé que dans un pays sortant de conflit, tout est prioritaire en matière de reconstruction.  Il ne peut y avoir de solutions immédiates à tous les problèmes qui se posent, a estimé le représentant en demandant à la communauté internationale d’être patiente et de faire confiance au Gouvernement burundais.  Le cas du Rwanda a montré que l’établissement de la confiance entre les différentes parties est un élément crucial du retour à la normale et du succès des efforts de reconstruction.  Exiger d’un malade qu’il fasse lui-même son diagnostic avant de lui accorder des soins, comme l’exigent certains pays, pourrait causer sa mort, a estimé le représentant.  Pour le représentant des États-Unis, le Fonds de consolidation de la paix est un outil dont il faut savoir faire usage une fois les besoins de reconstruction bien identifiés.  Il faut disposer d’une bonne stratégie pour avoir une chance de réussir, a estimé le représentant.


La représentante de El Salvador a recommandé que l’accent soit mis sur le renforcement d’un dialogue entre parties burundaises pour favoriser l’établissement de la confiance.  Le dialogue est la base sur laquelle peut se construire une paix de longue durée.  L’aide au Burundi doit être conçue à long terme, a dit la représentante en indiquant qu’il fallait systématiquement associer le Gouvernement burundais à toute action de planification.  Le représentant de l’Égypte a souhaité qu’un véritable plan d’action soit élaboré en faveur du Burundi.  Les mesures actuelles qui s’inspirent de l’établissement d’une feuille de route, sont insuffisantes, a estimé le représentant.  En outre, ce sont les États membres de la Commission qui devraient piloter les missions se rendant au Burundi et non pas le Secrétariat, a dit le représentant de l’Égypte.        


Les délégations du Brésil et de l’Ouganda ont apporté leur soutien à la reconstruction du Burundi en prévenant la communauté internationale que la consolidation de la paix dans ce pays devait être pilotée par son propre gouvernement en respectant les besoins de sa population.  Il ne faut pas que l’appui à la consolidation de la paix au Burundi devienne un champ d’expérimentations abandonné aux mains des experts internationaux, a estimé le délégué du Brésil.  Le représentant de l’Ouganda a indiqué que son pays considérait que le Gouvernement burundais avait répondu aux exigences des rebelles du FNL en mettant l’accent sur le retour à la paix et au dialogue, au lieu d’exiger la traduction de certains rebelles coupables de crimes devant les tribunaux.  L’Ouganda, qui est membre de la Communauté des États de l’Afrique de l’Est, sait que ce groupe régional est prêt à appuyer les mesures facilitant la reconstruction et la paix durable au Burundi.


Le Ministre burundais de la bonne gouvernance, de l’inspection générale et de l’administration locale, M. Venant Kamana, a dit que le Japon jouait un rôle crucial en faveur de la reconstruction et de la paix au Burundi à travers le soutien financier et technique qu’il apporte au pays.  Il s’est excusé que le Japon n’ait pas été nommément cité dans les rapports sur la consolidation de la paix au Burundi.  M. Kamana a ensuite appuyé la déclaration faite par la délégation du Rwanda.  Sans aide d’urgence et sans appui budgétaire, le Burundi risque de retomber dans le chaos, a dit le Ministre en évoquant les grèves répétées entamées par les travailleurs du secteur public du fait du non-paiement de leurs salaires.  Ces grèves pourraient provoquer des dérapages de la part des services de sécurité dont le contrôle des forces pourrait échapper aux autorités civiles, a prévenu le Ministre.  Tout en reconnaissant les insuffisances qui existent encore en matière de justice au Burundi, M. Kamana a indiqué que la communauté internationale ne pouvait attendre que la situation soit parfaite avant de donner aux Burundais le soutien matériel et financier dont ils besoin.  Il faut nourrir l’espoir d’un peuple qui sort d’une longue période d’instabilité, a dit M. Kamana.   


Le représentant de l’Inde a reconnu que la situation était complexe au Burundi.  Ce pays a fait tout ce qui lui avait été demandé, a estimé le représentant.  L’aide qui lui a été promise devrait donc lui être accordée, car les problèmes qui s’y posent doivent être résolus dans les meilleurs délais.  Contributrice au Fonds pour le maintien de la paix, l’Inde demande donc que les ressources disponibles soient mises à la disposition du Burundi, a dit le représentant.  Le représentant de la Guinée-Bissau a souscrit à ce point de vue.


Le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général pour le Burundi a recommandé à la Commission de reconnaître les immenses progrès accomplis par le Burundi et de ne pas imposer de nouveaux fardeaux inutiles à son gouvernement.  Le Représentant-résident de la Banque mondiale a joint sa voix à cette recommandation.  Il a exhorté la Commission à appuyer les réformes en cours au Burundi à travers l’apport d’un soutien budgétaire substantiel, afin que le pays ne sombre pas dans la dépression économique, ses bases économiques ayant été très affaiblies par les conflits.


Dans son intervention, la représentante du Fonds pour la consolidation de la paix a rappelé aux délégations les objectifs et le mandat assigné à ce fonds, qui n’est pas à proprement parler un fonds de développement.  Tout en comprenant l’urgence qu’il y a de résoudre les problèmes auxquels fait face le Burundi, la représentante a dit que les ressources du Fonds étaient assez modestes et qu’il valait mieux les débourser seulement quand les États membres de la Commission auront approuvé les propositions relatives à l’identification des actions à mener au Burundi de manière prioritaire.  En ce moment, le financement des programmes prioritaires identifiés s’élève à 25 millions de dollars.  Cette somme est disponible dans les caisses du Fonds, a indiqué la représentante.  


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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