LA COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX SE PENCHE POUR LA PREMIÈRE FOIS SUR LA SITUATION D’UN PAYS ÉMERGEANT D’UN CONFLIT, LA SIERRA LEONE
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Commission de consolidation de la paix
Deuxième session
1re & 2e séances – matin & après-midi
LA COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX SE PENCHE POUR LA PREMIÈRE FOIS SUR LA SITUATION D’UN PAYS ÉMERGEANT D’UN CONFLIT, LA SIERRA LEONE
Les intervenants soulignent la nécessité pour les donateurs de respecter les priorités établies par le Gouvernement sierra-léonais, notamment en faveur des jeunes
La Commission de consolidation de la paix a tenu aujourd’hui sa première réunion consacrée à un pays, la Sierra Leone, au lendemain de l’inauguration du Fonds pour la consolidation de la paix, un mécanisme conjoint d’appui financier dont il sera le premier à bénéficier. La Commission est habilitée à se saisir de la situation de pays émergeant d’un conflit et pour lesquels une paix durable ne saurait être possible sans un renforcement de leurs capacités institutionnelles et administratives et la relance de leur économie.
Occupant la dernière place de l’index établi en 2004 par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour 177 pays, la Sierra Leone a longtemps souffert d’une instabilité politique chronique, caractérisée par la domination d’un parti unique et cinq coups d’État militaires successifs, tandis que l’économie nationale était sur le point de s’effondrer avec 82% de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté. Cette situation n’a fait que s’aggraver avec le début d’une guerre civile qui aura duré une décennie.
Le Vice-Président de la Sierra Leone, Solomon E. Berewa, et le Ministre des affaires étrangères, Alhadj Momudu Koroma, sont venus faire état devant les membres de la Commission des difficultés auxquelles son gouvernement est aujourd’hui confronté, notamment le désœuvrement des jeunes. Ces derniers représentent plus de 60% de la population et sont susceptibles à tout moment de retomber dans la violence et la lutte armée. M. Berewa a ensuite exposé les quatre domaines d’action prioritaires de la stratégie nationale intégrée de développement du Sierra Leone, auxquels peuvent contribuer les donateurs internationaux: la consolidation de la démocratie et de la bonne gouvernance; la réforme des secteurs de la sécurité et de la justice; l’emploi des jeunes; et le renforcement des capacités étatiques et la réhabilitation des infrastructures. M. Berewa s’est félicité des efforts déjà engagés sur le terrain par la société civile, mais il a cependant regretté qu’un quart de l’aide au développement passe par des canaux non gouvernementaux. Une telle démarche complique, selon lui, la conduite par l’État d’une politique cohérente.
Le Représentant exécutif du Secrétaire général pour le Bureau intégré des Nations Unies pour la Sierra Leone (BINUSIL), Victor Angelo, a pour sa part souligné les carences des systèmes judiciaire et correctionnel sierra-léonais, alors que le rétablissement de la justice et le jugement des criminels de guerre ont été identifiés comme des gages de réconciliation nationale et de paix durable. La stabilité dépendra étroitement de celle qui règne dans des pays voisins tels que le Libéria, la Côte d’Ivoire et la Guinée, a prévenu M. Angelo, qui a expliqué que la circulation illicite d’armes légères, de stupéfiants et de diamants, pouvait à tout moment rompre le fragile équilibre de la sous-région. Le Directeur du Département Afrique du Fonds monétaire international (FMI), M. Abdoulaye Bio-Tchané, a d’ailleurs fait état des mesures prises par son organisme pour renégocier les contrats s’appliquant à la concession et à la vente de ressources minières.
En outre, pour progresser sur la voie d’une paix véritable en Sierra Leone, il faut non seulement se pencher sur les causes profondes des conflits qui ont secoué le pays, a assuré le Directeur régional de la Banque mondiale en Afrique de l’Ouest, Matthew Carlson, mais aussi mettre en œuvre des partenariats avec les grandes institutions financières -notamment en vue d’alléger la dette- ainsi qu’avec les organisations internationales et la société civile. Ce point de vue a été relayé par M. Angelo, qui a fait observer qu’en l’absence de partenariats forts, le pays ne serait pas mesure de consolider les acquis réalisés jusqu’à présent. À cet égard, Alice Mungwa, Conseillère des affaires politiques à l’Union africaine, a fait valoir la création d’un Plan-cadre de reconstruction après les conflits qui devrait tenir compte des particularités de chaque pays concerné et contribuer à coordonner l’appui des donateurs.
Ouvrant le dialogue interactif, la délégation britannique a estimé que les donateurs devraient faire davantage pour répondre aux engagements pris et respecter les attentes du Gouvernement sierra-léonais. Renchérissant, le représentant du Pakistan s’est déclaré convaincu qu’il faudrait confier aux autorités nationales la gestion des programmes de développement et de relèvement économique, qui doivent centraliser tant l’aide nationale qu’internationale. Dans ce contexte, a poursuivi le représentant, la société civile n’a pas à empiéter sur les prérogatives du gouvernement, qui doit rester le bénéficiaire privilégié de l’aide des donateurs internationaux. Selon la délégation d’El Salvador, les actions d’ONG devraient obéir à un cadre normatif afin d’éviter un phénomène d’« ingérence ». Réagissant à ces commentaires, la représentante de la société civile a au contraire affirmé qu’il faudrait mettre l’accent sur une meilleure coordination avec les instances gouvernementales.
La plupart des intervenants ont estimé qu’il faudrait réduire de manière sensible le nombre de critères -plus de 200 actuellement-, auxquels le Gouvernement sierra-léonais est tenu de se conformer à la demande des donateurs. L’Union européenne, pour sa part, a souligné la nécessité de poursuivre le financement des programmes de sécurité et de réinsertion des anciens combattants, qui sont le plus souvent des jeunes au chômage. Mais pour être en mesure de leur offrir des opportunités professionnelles, il est indispensable de stimuler l’investissement privé, a préconisé de son côté le représentant de la Jamaïque, tandis que celui de l’Inde a suggéré de renforcer la coopération technique avec la Sierra Leone pour mettre en place des formations professionnelles.
Dans un résumé des débats établi en fin de séance par le Président, la Sierra Leone a été déclarée éligible pour bénéficier de l’aide du Fonds pour la consolidation de la paix. Les membres de la Commission y reconnaissent également la pertinence des quatre priorités établies par le Gouvernement sierra-léonais et encouragent la communauté internationale, le système des Nations Unies, les institutions financières internationales et les donateurs à continuer de lui apporter leur appui politique et financier.
La Commission de consolidation de la paix se réunira demain, vendredi 13 octobre à 10 heures, pour examiner la situation au Burundi.
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