LANCEMENT DE L’ÉTUDE DES NATIONS UNIES SUR LA VIOLENCE À L’ENCONTRE DES ENFANTS
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Troisième Commission
12e et 13e séances - matin et après-midi
LANCEMENT DE L’ÉTUDE DES NATIONS UNIES SUR LA VIOLENCE À L’ENCONTRE DES ENFANTS
L’expert indépendant, M. Paulo Sergio Pinheiro, prône une tolérance zéro face à toutes les formes de violence
L’Étude des Nations Unies sur la violence à l’égard des enfants a été lancée cet après-midi dans le cadre du débat que la Commission des questions sociales, humanitaires et culturelles (Troisième Commission) consacre à la promotion et à la protection des enfants.
L’Étude, établie sous la direction de M. Paulo Sergio Pinheiro, l’expert indépendant nommé par le Secrétaire général, présente un état global de la violence à l’encontre des enfants et propose des recommandations sur la manière de prévenir et de combattre ce problème. Elle fournit des informations sur la fréquence des divers types de violence subis par les enfants au sein de la famille, à l’école, dans les établissements de soins non conventionnels, les centres de détention, sur le lieu de travail et au sein des collectivités. L’Étude, qui a été lancée il y a quatre ans et qui a réuni gouvernements, experts, sociétés civiles et enfants, est accompagnée d’un livre qui rend compte de la situation d’une manière plus détaillée.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, qui a participé à cette Étude aux côtés d’autres entités des Nations Unies, 53 000 enfants ont été victimes en 2002 d’infanticides, 150 millions de filles et 73 millions de garçons âgés de moins de 18 ans ont subi des rapports sexuels forcés et d’autres formes de violence sexuelle. Selon l’Organisation internationale du Travail, 218 millions d’enfants en 2004 travaillaient, dont 126 millions dans des conditions dangereuses.
Dans sa présentation de cette Étude, M. Pinheiro a expliqué que la vulnérabilité est souvent en rapport avec l’âge des enfants. Les plus jeunes sont plus souvent victimes de violence physique, alors que les abus sexuels surviennent souvent une fois que l’enfant est devenu adolescent. En outre, les filles en sont plus souvent victimes que les garçons et sont également plus souvent abandonnées. Le statut social est aussi un facteur qui contribue à rendre certains enfants plus vulnérables que d’autres. Affirmant qu’aucune violence ne saurait être justifiée, M. Pinheiro a exhorté toutes les sociétés, quelles que soient leurs conditions culturelles, économiques et sociales, à y mettre fin.
M. Pinheiro a ensuite dressé une liste de recommandations pour éliminer ce fléau en insistant sur les actions de prévention. Les États et les sociétés civiles doivent transformer les attitudes qui normalisent la violence. Les secteurs sociaux doivent également aborder le problème de la violence de manière efficace, et une plus grande collecte de données et de recherches sont nécessaires pour mieux comprendre ce problème caché. Notre plus grand échec est de n’avoir pas entendu les voix des enfants, a-t-il dit.
Cora Mayo Buala, jeune fille de 19 ans des Philippines, qui s’exprimait au nom des jeunes et des enfants, a salué l’Étude du Secrétaire général, qui, selon elle, rend une voix aux enfants. Elle a exhorté l’assistance à ne tolérer aucune excuse invoquée et surtout pas celles au nom des pratiques traditionnelles.
La Présidente de l’Assemblée générale, Sheikha Haya Rashed Al Khalifa, qui a présidé ce lancement, a insisté sur les implications immenses de la violence, non seulement pour les enfants mais pour les sociétés et l’ensemble de la planète. Une analyse qu’a partagée le Directeur intérimaire de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), M. Anders Nordström, qui a précisé que la violence n’est pas seulement une souffrance à court terme mais aussi la cause de dommages mentaux et physiques à plus long terme. Le 16 octobre, le rapport de l’OMS, sur la prévention des mauvais traitements des enfants, sera lancé et servira de guide à la mise en œuvre de l’Étude, a-t-il ajouté.
La Commission a entamé son débat général sur le point de l’ordre du jour intitulé Promotion et protection des enfants et a entendu dans ce cadre la Ministre des services publics et de l’administration de l’Afrique du Sud.
Ce matin la Commission avait achevé son débat général sur son point de l’ordre du jour consacré à la promotion et à la protection de la femme, et a entendu dans ce cadre les représentants des pays suivants: Érythrée, Ouganda, Liban, Tunisie, République du Congo, Oman, Israël, Algérie, Malaisie, Haïti, Mali, El Salvador, Tanzanie, Bahreïn, Népal, Nigéria. Les représentants des institutions suivantes ont aussi fait des déclarations: Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Union interparlementaire (UIP), Organisation internationale du Travail (OIT).
PROMOTION DE LA FEMME
Suite du débat général
Mme MARGARET AWINO (Ouganda) a expliqué que, pour son pays, l’éducation des fillettes était considérée comme un droit de l’homme et un outil indispensable à l’égalité entre les sexes. Elle a ajouté que grâce au Programme national d’éducation pour tous, le fossé entre les filles et les garçons avait été progressivement comblé. Le taux d’inscription scolaire des filles atteint désormais les 49%. Expliquant par ailleurs que l’économie de l’Ouganda repose principalement sur l’agriculture, elle a dit que le gouvernement avait pris des mesures pour garantir l’accès des femmes aux ressources productives et aux marchés régionaux et internationaux. Des efforts ont été également déployés pour que les groupes défavorisés et vulnérables aient accès aux technologies de l’information. S’agissant de la violence à l’égard des femmes, la représentante a jugé indispensable de disposer de davantage de femmes au sein des instances de prise de décision lors des processus de résolution des conflits et d’édification de la paix. Par ailleurs, la santé sexuelle et reproductive des femmes a été identifiée comme un domaine d’action critique et le Programme d’action national vise la construction d’unités médicales et l’accès gratuit aux soins de santé. Les mesures prises pour prévenir la diffusion du VIH/sida et promouvoir les traitements ont permis d’atténuer l’impact de la pandémie, le taux de prévalence étant passé de 30% en 1989 à 6,5% à l’heure actuelle.
Mme ELSA HAILE, Directrice des organisations internationales et Ministre des affaires étrangères de l’Érythrée, a estimé que la promotion de la femme est une question transversale liée aux droits de l’homme, à la démocratie et au développement. L’égalité des sexes est aussi le point central d’un grand nombre de mesures politiques mises en place en Érythrée. Le pays vise, en particulier, à interdire les mutilations génitales féminines. Mme Haile a indiqué que la majorité des femmes érythréennes soutenait ces efforts. Nous avons besoin des femmes pour éliminer la pauvreté, a-t-elle aussi indiqué, car il n’y aura pas de développement sans émancipation des femmes. Son pays a, par ailleurs, amélioré l’accès des femmes aux services de santé, pour combattre notamment le VIH/sida. Il a aussi instauré un plan quinquennal de formation pour les professionnels de la santé. Mme Haile a affirmé le plein engagement de son pays pour atteindre les objectifs de Beijing, mais a estimé que l’égalité des femmes ne sera obtenue que si le défi est abordé avec force.
M. MAJDI RAMADAN (Liban) a dressé le bilan des activités menées par son gouvernement pour promouvoir les droits de la femme, et a dit sa conviction selon laquelle il est essentiel de lier le développement de la femme au développement social. Le représentant a toutefois lié le développement de la femme dans toute sa dimension à un environnement pacifique, en précisant que le Programme d’action de Beijing contient une clause qui dit clairement que la persistance des conflits et l’occupation étrangère constituent un obstacle majeur à l’autonomisation des femmes. Le Liban n’est que trop familier avec cette réalité en raison de la dernière agression israélienne et de l’occupation continue des terres libanaises, a-t-il dit. Le représentant a rendu hommage à deux femmes libanaises, Mme May Chidiac et Mme Layal Nagib, pour leur courage et leur dignité devant la menace terroriste et leur détermination devant l’occupation israélienne.
M. SAHBI KHALFALLAH (Tunisie) a rappelé que la réussite de tout processus de développement d’un pays passait impérativement par une participation active de la femme et son implication directe dans les programmes à caractère social, économique et politique. Sans l’arrêt de la violence à l’encontre des femmes, cette approche est vouée à l’échec, d’où, a t-il dit, les risques d’aggravation de plusieurs autres problèmes tels que la pauvreté, l’analphabétisme et les pandémies, ainsi que l’apparition d’une insécurité interne, elle-même synonyme de déstabilisation régionale et internationale. Le représentant a appelé tous les États Membres, ainsi que chaque individu, à accorder toute leur attention aux conclusions et recommandations issues de l’Étude du Secrétaire général et d’œuvrer à leur concrétisation dans leur propre intérêt et celui de la communauté internationale.
Soulignant que les droits de la femme faisaient partie intégrante des droits de l’homme et devaient être constamment consolidés et innovés par des mesures adaptées à l’environnement, le représentant a indiqué qu’une loi serait prochainement promulguée qui accorderait à la femme le choix de bénéficier du travail à mi-temps et ce, moyennant perception des deux tiers de son salaire et conservation de la plénitude de ses droits en matière de couverture sociale et de droits à la retraite. Il a rappelé, par ailleurs, l’importance des documents adoptés lors de la deuxième phase du Sommet mondial pour la société de l’information en novembre 2005, notamment les points 90 de l’Agenda de Tunis appelant à une implication majeure et à une participation active des femmes dans la société de l’information.
Mme CHANTAL ITOUA-APOYOLO (République du Congo) a déclaré que le gouvernement de son pays a mis en place des cliniques juridiques pour la prise en charge des femmes victimes des violences de toutes sortes, particulièrement les violences sexuelles, et que l’objectif du gouvernement est d’étendre ces cliniques à l’ensemble du pays. Elle a aussi déclaré que l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes demeurent au centre des priorités de la politique de son pays en matière de genre. Pour appliquer les dispositions pertinentes de la Constitution du 20 janvier 2002, qui garantit l’égalité entre les sexes, le Gouvernement de la République du Congo a pris des mesures visant à intégrer la parité des sexes dans les politiques et les programmes. L’organisation de sessions d’information et de formation des femmes en politique dans la perspective des prochaines échéances électorales en est un exemple.
Mme Itoua-Apoyolo a ajouté que pour lutter contre la pauvreté, son pays a mis en place des systèmes d’accès pour les femmes aux caisses féminines d’épargne et de crédit. Plusieurs autres filières sont créées pour l’intégration des femmes et des jeunes filles-mères. Elle a, par ailleurs, déclaré que l’extrême vulnérabilité des femmes et des filles à la pandémie du VIH/sida préoccupe son gouvernement, qui a pris des mesures conséquentes. Elle a déploré que des obstacles d’ordre politique, socioculturel et économique restent à surmonter dans la mise en œuvre des mesures visant à la réalisation de la parité entre les sexes. Son pays doit donc redoubler d’efforts pour atteindre les Objectifs de Beijing et ceux du Millénaire pour le développement. Enfin, elle a déclaré que la signature d’un accord conclu récemment avec l’UNIFEM pour l’installation, à Brazzaville, d’une antenne de son bureau régional est une solide preuve de cette volonté de coopération.
Mme SOUD (Oman) a déclaré que les droits de la femme constituaient la pierre angulaire de toute société éprise d’équité et d’égalité et a exhorté tous les pays qui ne l’avaient pas encore fait à adhérer à la Convention. Dans mon pays, a-t-elle poursuivi, les femmes contribuent au développement national, économique et social. Des femmes omanaises occupent des postes ministériels, d’administration supérieure et travaillent aussi au sein des services de police et de sécurité du Sultanat.
Mme Soud a, par ailleurs, indiqué qu’un plan de développement de la femme et de la famille du Sultanat avait instauré des activités de formation et de réinsertion. Oman a aussi enregistré de nombreux progrès dans le domaine de l’éducation et de l’enseignement. La représentante a également tenu à souligner le rôle des médias dans son pays qui propagent une image positive de la femme par l’intermédiaire de programmes télévisuels et d’articles dans la presse écrite.
Mme MEIRAV EILON SHAHAR (Israël) a accueilli favorablement l’Étude du Secrétaire général sur toutes les formes de violence à l’égard des femmes et a relevé que celle-ci aborde également la violence commise au nom des traditions. Intégrer la question de la violence à l’égard des femmes dans tous les instruments de promotion des droits de l’homme, qu’il s’agisse de textes de loi ou de politiques, doit être une priorité. La violence à l’égard des femmes n’est pas seulement une accumulation d’actes mais aussi une violation des droits fondamentaux des femmes. Israël a toujours accordé une attention particulière à cette question, et le concept d’égalité des genres est inscrit dans la Déclaration d’indépendance du pays.
Au cours des dernières années, a ajouté la représentante, Israël a fait d’importants progrès en la matière et vient d’adopter une loi prévoyant d’importantes compensations en cas de violation de la loi sur le travail des femmes. Une Commission gouvernementale vient d’être établie qui renforce de manière vigoureuse l’égalité entre les sexes sur le lieu de travail. La représentante a également évoqué le Centre de formation international Golda Meir Mount Carmel, qui fournit une formation à des femmes du monde entier, y compris des pays arabes voisins. Évoquant le coût humain des conflits armés, la représentante a expliqué que la Commission internationale des femmes pour une paix juste et durable dans le cadre du conflit israélo-palestinien s’est réunie à nouveau à New York pour aider à la relance des négociations. Israël souhaite que ce type d’initiatives constitue un élément de plus permettant aux deux parties de cohabiter dans la paix.
Mme SENDID-BERRAH (Algérie) a déclaré que son pays est fortement attaché à la plate-forme de Beijing et à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. L’Algérie s’est progressivement engagée dans un processus d’adaptation de son corpus juridique aux dispositions et recommandations de ces textes.
La délégation algérienne a aussi déclaré que le Code de la famille a été mis à niveau pour tenir compte des réalités sociales, et des dispositions nouvelles y ont été introduites. Elles portent notamment sur le rétablissement d’un équilibre en droits et en devoirs entre les époux; la reconnaissance à la femme de sa pleine capacité à conclure son contrat; sur l’obligation faite à l’époux d’assurer, en cas de divorce, le logement à ses enfants mineurs dont la garde est confiée à la mère. Selon la délégation, le Code la famille à été également révisé pour consacrer, entre autres, l’égalité entre hommes et femmes.
Enfin, la délégation a souligné que pour consolider ces acquis, l’Algérie, qui est partie à la Convention sur les droits de l’enfant, compte renforcer les mesures visant la protection des petites filles dans la perspective d’assurer aux femmes de demain les conditions de leur plein épanouissement et la chance d’évoluer dans un environnement qui les respecte et les valorise.
M. HUAN CHENG GUAN (Malaisie) a déclaré que les femmes malaisiennes prenaient de plus en plus d’importance au sein du pays. Les lois, les politiques et des programmes ont favorisé leur accès à l’éducation, à la santé et à l’emploi. Parvenues à un plus haut degré d’éducation, elles sont désormais de plus en plus nombreuses à occuper des postes de haut niveau et à intervenir à des stades décisionnels. Malgré ces accomplissements, a-t-il ajouté, il reste hélas encore beaucoup à faire pour parvenir aux objectifs d’égalité des sexes. De même, la sécurité et l’intégrité de la femme restent des sujets de préoccupation majeure en Malaisie, comme dans le reste du monde, où il a rappelé qu’une femme sur trois a été l’objet de violences au moins une fois dans sa vie.
Afin de contrôler et mesurer les progrès effectués, le Gouvernement de la Malaisie a mis en place le système GDIS (Gender Disagregated Information System), lequel système aura, en outre, la tâche de traquer les manquements et de planifier et formuler les nouvelles initiatives susceptibles de promouvoir la lutte contre les violences infligées aux femmes. En guise de conclusion, il a rappelé que le Gouvernement malaisien avait pu apprécier, entre autres, le travail des femmes au sein des ONG qui ont pu, par leur expérience, contribuer au développement et à l’amélioration des conditions des femmes malaisiennes dans la société.
Mme NICOLE ROMULUS (Haïti) a indiqué que la participation active des femmes haïtiennes aux conventions internationales traitant du sujet de l’égalité des femmes avait réussi à rompre l’isolation du pays. Elle a évoqué les nombreuses actions concrètes au niveau juridico-légal mises en place par son pays pour assurer la parité des genres dans, par exemple, l’éducation et l’accès au développement. Par ailleurs, son pays a également instauré des modifications de son Code pénal pour mettre fin à l’impunité en matière de meurtre conjugal, d’agressions sexuelles et de harcèlement sur le lieu du travail et procède actuellement à une harmonisation de ses lois avec les conventions internationales. Le gouvernement encourage aussi l’entreprenariat de femmes.
La lutte passe aussi par la revalorisation de l’image et de la mémoire de celles qui ont contribué à l’histoire du pays, a poursuivi la représentante. Il reste beaucoup à faire, a-t-elle dit, et le Gouvernement haïtien témoigne d’une réelle volonté politique pour rétablir les femmes haïtiennes dans leur droit.
Mme AMI DIALLO (Mali) a déclaré que les femmes au Mali représentent 51% de la population, parmi lesquelles 78% environ vivent en zones rurales où elles jouent un rôle économique et social important. Mais elle a déploré que l’impact des différentes interventions en faveur de la femme reste très faible au sein de ces populations féminines rurales. Pour pallier cette situation, a-t-elle poursuivi, un plan d’action a été établi, s’articulant sur un certain nombre de points autour des domaines prioritaires que sont la réduction du taux d’analphabétisme de la femme et de la fille; l’amélioration de la santé de la reproduction de la femme; le renforcement de l’équité homme/femme; ainsi que l’amélioration de l’image de la femme dans la société.
Parmi les efforts fournis par son pays, a ajouté Mme Diallo, il y a entre autres le taux de scolarisation des filles qui est passé de 33% en 1996 à 53,6% en 2001-2002. Dans la vie publique, l’avènement de la démocratie a favorisé l’accession des femmes à des fonctions de haut niveau jusque-là réservées aux hommes, telles médiateur de la république, gouverneur, préfet des femmes, 15 députés femmes sur 147, etc. À propos de la lutte contre l’excision, a ajouté Mme Diallo, le Mali, avec l’appui de la société civile, a opté pour la sensibilisation et l’information à l’endroit de toutes les couches sociales. Mais malgré toutes ces avancées, a-t-elle conclu, il persiste des pesanteurs sociales sur la femme face auxquelles le gouvernement a mis en place plusieurs structures de gestion de ces situations.
M. GARCIA (El Salvador) a déclaré que l’égalité entre les sexes constitue un préalable à l’élimination de la pauvreté. Les actions que mène le pays en faveur des femmes s’inscrivent dans le cadre social et reposent sur la coordination des activités menées par le Secrétariat national de la famille, le Centre pour la femme, ainsi que par les diverses organisations non gouvernementales (ONG) travaillant à l’autonomisation de la femme. Le représentant a expliqué également que son pays accorde une importance particulière à la lutte contre les violences perpétrées à l’encontre des femmes et des fillettes qu’il aborde de manière intégrée. Ainsi, a-t-il expliqué, nous disposons d’un Plan national de prévention de la violence familiale et de programmes de lutte contre la violence générée par les bandes de jeunes délinquants. Dans le domaine de l’éducation, le représentant a fait état d’une augmentation de 1,7% par an du taux de scolarisation des fillettes dans le cycle primaire, en raison des efforts constants déployés par le gouvernement afin de mieux faire participer la femme à la vie du pays. La question de la santé fait l’objet d’une approche intégrée qui tient également compte de la santé reproductive.
Mme MARIAM MWAFFISI (République-Unie de Tanzanie) a estimé qu’il est important d’avoir des données suffisantes pour assurer un suivi sérieux en matière de respect des droits de la femme. Elle a ensuite dressé une liste des accomplissements de la Tanzanie, notamment en matière de formation des femmes à l’emploi et la mise en place de services d’assistance pour l’éducation du public, pour prévenir la violence et assurer les droits des femmes. Par ailleurs, la Tanzanie a intégré la parité à tous les niveaux de sa stratégie nationale pour la croissance et la réduction de la pauvreté, et a mis en place des mesures de discrimination positive pour rééquilibrer la présence de la femme en politique. Par contre, a-t-elle convenu, le VIH/sida entrave de nombreux efforts. Les interventions contre la maladie doivent impérativement viser les femmes et les enfants. De façon générale, a-t-elle conclu, la Tanzanie manque de ressources pour assurer l’application des mesures en matière d’égalité des sexes. Mme Mwaffisi a lancé un appel pour que les efforts de son pays bénéficient d’un appui international.
Mme KAMAL (Bahreïn) a expliqué que la participation de la femme à toutes les activités de la société est un préalable à la paix. Elle a expliqué dans quelle mesure les femmes avaient été intégrées dans les programmes de développement nationaux, menant ainsi à la promulgation de nouvelles lois conformément au Programme d’action de Beijing et aux Objectifs du Millénaire pour le développement. Le Conseil suprême de la femme se réunira pour la deuxième fois entre les 15 et 30 novembre 2006 sous l’égide de la première dame du pays. Au plan international, la représentante a rappelé que la présidence de l’Assemblée générale est occupée par une femme arabe pour la première fois, qui, de surcroît, est de Bahreïn. Nous disposons d’un programme d’autonomisation de la femme au niveau politique, a-t-elle poursuivi, qui vise à fournir toute sorte de soutien aux candidates aux prochaines élections législatives prévues en novembre prochain.
Mme SRIJANA SHARMA (Népal) a indiqué que son pays reconnaît l’importance des droits des femmes et de leur autonomisation économique et sociale. Alors que le Népal entre dans une ère nouvelle de démocratie multipartite, son gouvernement a mis en place plusieurs mesures pour assurer la parité des genres.
Cependant, la pauvreté, l’analphabétisme, la traite des femmes, la discrimination, la violence conjugale, ainsi que certaines superstitions et traditions socioculturelles qui sévissent principalement dans les milieux ruraux, présentent d’importants défis à l’instauration de la parité au Népal, a-t-elle indiqué. Elle a ensuite souligné que l’ONU devait renforcer son assistance technique aux pays membres en matière de promotion de la femme, et que la communauté internationale devait également appuyer les efforts des pays en développement.
M. CHIJIOKE WIGWE (Nigéria), lisant un discours de Mme Inna Maryam Ciroma, Ministre nigériane des affaires féminines, a estimé que l’engagement de son pays en faveur de l’élimination de toutes les formes de discrimination contre les femmes, l’élimination de la violence contre les femmes, l’égalité des sexes, ainsi que la promotion et la protection des droits des femmes –y compris l’autonomie économique et la suppression de la pauvreté– avait été démontré à travers un certain nombre d’initiatives politiques et de programmes à tous les niveaux de son gouvernement. À cet égard, a-t-il ajouté, des efforts concertés ont été réalisés pour rendre illégales des coutumes ou des pratiques traditionnelles discriminatoires et nuisibles à la santé physique et mentale des femmes et des filles. Le mariage des enfants, le trafic des personnes, en particulier des femmes et des filles, sont également interdits, a-t-il poursuivi.
Le représentant a souligné que le Nigéria prenait au sérieux son engagement en faveur de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW). Préoccupé par la vulnérabilité des femmes dans les situations de conflits, le Gouvernement nigérian prépare une politique de paix nationale visant à traiter la violence sexiste dans les situations de crise dans le pays. Il a précisé que, malgré les progrès réalisés, beaucoup restait à faire pour remplir complètement les objectifs du Programme d’action de Beijing, la CEDAW, et d’autres instruments internationaux pour l’émancipation des femmes.
M. MARTIN BELINGA EBOUTOU (Cameroun) a déclaré que malgré les traités internationaux et régionaux pour prévenir, éliminer et sanctionner la violence à l’égard des femmes; malgré le consensus de la communauté internationale exprimé dans les déclarations et programmes d’action sur la promotion des droits des femmes; malgré la panoplie de résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité; le constat est que la violence à l’égard des femmes persiste et sévit dans tous les pays du monde.
Selon M. Eboutou, l’élimination de cette violence devient une nécessité, tant elle apparaît comme la condition sine qua non de sociétés stables et harmonieuses. Il a estimé que pour mener à bien cette tache, une double action s’impose: l’éducation liée à la lutte contre la pauvreté. Il a également déclaré qu’éduquer une femme, c’est lui donner les moyens de se prendre en charge et lui faire prendre conscience de ses droits et de ses responsabilités dans la société. Enfin, M. Eboutou a estimé que pour l’édification d’une société stable et harmonieuse, il faut mener une lutte soutenue contre ce qui fragilise le plus la femme, c’est-à-dire la pauvreté.
M. JACINTO RANGEL (Angola) s’est associé à tous ceux qui accordent une valeur stratégique à l’éducation des femmes, à la santé reproductive et aux opportunités économiques qui constituent des facteurs indispensables à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Le Gouvernement angolais, a–t-il expliqué, accorde 28,5% de son budget à la mise en œuvre de mesures de nature à renforcer la place des femmes dans les instances de prise de décision. Dans ce cadre, il envisage la construction d’écoles supplémentaires et met en place des campagnes d’alphabétisation dans les zones rurales. Le gouvernement est également en train d’élargir la zone de couverture des centres de planification familiale pour qu’ils opèrent également dans les zones les plus pauvres et défavorisées. Le Gouvernement dispose aussi de programmes de microcrédit, afin de réduire la dépendance économique des femmes. Le représentant a, par ailleurs, expliqué que la société angolaise, qui a connu des années de guerre, est marquée par une grande violence qui est la caractéristique des sociétés sortant de conflit. Toutefois des progrès importants ont été faits sur le front de la lutte contre les violences faites aux femmes, puisque leur incidence a baissé de 50% en 2003 et 2005.
Mme FLORENCE CHENOWETH, Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a rappelé qu’au cours des dernières décennies, de nombreuses conventions ont souligné la nécessite d’assurer l’égalité des femmes. Elle a, par ailleurs, estimé qu’il était important de lever les obstacles au développement des femmes dans les zones rurales et a rappelé l’engagement de la FAO en matière de développement rural et de soutien des activités de promotion de la femme. Le défi principal à l’égalité des sexes est la faim, dont souffrent 852 millions de personnes au monde, a signalé Mme Chenoweth pour ensuite souligner le rôle crucial des femmes en matière de sécurité alimentaire et économique. En Afrique, par exemple, 80% des aliments de base sont produits par des femmes, et 60% en Asie du Sud-Est.
Les zones rurales nécessitent ainsi une attention urgente, a-t-elle poursuivi, car 800 millions de personnes y vivent. Nous devons continuer d’assister les États Membres pour que les engagements en matière d’égalité des sexes puissent être tenus, a-t-elle estimé, et une collaboration de tous les acteurs à tous les niveaux est nécessaire.
Mme ANDA FILIP, Union interparlementaire (UIP), a précisé que la violence à l’égard des femmes devait être comprise comme un problème qui affecte, non seulement les femmes, mais aussi la société tout entière. C’est bien la société dans son ensemble qui est ainsi gênée dans son développement humain même, et contredite dans ses principes démocratiques. Et pour être plus précis encore, elle a énuméré quelques-uns des maux qui font obstacle à l’épanouissement de la femme, tels que le trafic de personnes, la violence sexuelle et domestique, ou encore les mutilations génitales. À la cent quatorzième assemblée de l’UIP, tenue au Kenya en mai dernier, une résolution a été adoptée à l’unanimité portant sur la manière dont les parlements pouvaient et devaient promouvoir effectivement la lutte contre toutes sortes de violences à l’encontre des femmes. Cette résolution tient lieu de base de travail aux parlementaires afin de venir à bout de ce genre de pratiques.
C’est un premier pas, a-t-elle poursuivi, et nous entendons bien poursuivre ce travail lors de notre séminaire de cette année qui portera sur ce sujet. Par ces activités, nous espérons sensibiliser plus encore les parlementaires sur ces questions et obtenir d’eux qu’ils s’impliquent plus avant. Parmi les sujets sur lesquels l’UIP ne faiblira pas en termes de lutte, on retrouve la mutilation. Par ailleurs, elle a rappelé combien les violences perpétrées à l’encontre des femmes pouvaient être liées à celles exercées à l’encontre des enfants. On ne peut pas parler de violence en général et de violence en particulier sans adopter une vision plus large de la question. Les parlements et l’UIP entendent bien relever ce défi.
M. DJANKOU NDJONKOU, Organisation internationale du Travail, a déclaré que la promotion de l’égalité et la lutte contre la discrimination avaient toujours été parmi les principes directeurs de l’OIT. L’Organisation aborde la question sur trois fronts: d’abord, au titre des droits de l’homme, puis de la justice sociale et de l’allègement de la pauvreté, ensuite du développement social et économique. Quant à la violence à l’encontre des femmes, l’OIT se concentre sur la violence au travail, y compris le harcèlement sexuel; le travail forcé et la traite; et le travail des enfants. Le harcèlement sexuel au travail, a-t-il poursuivi, est une forme de violence subie tout particulièrement par les femmes. Dès 1985, la Conférence internationale du Travail a demandé la mise en place de mesures visant à le combattre et à le prévenir.
M. Ndjonkou a pourtant insisté sur le fait que l’inégalité de la rémunération demeure la forme la plus persistante de la discrimination entre hommes et femmes au travail. Conformément à la Convention 100 de 1951 de l’OIT sur l’égalité de la rémunération, tous les ouvriers devraient avoir droit à une rémunération égale pour un travail de valeur égale. La pleine application de la Convention contribuerait énormément à réduire la violence à l’encontre des femmes générée par l’inégalité économique. L’OIT est, par ailleurs, fort concernée par la dimension travail de la traite d’êtres humains. L’Organisation considère ce trafic comme un assaut visant la protection ouvrière et estime que l’exploitation subie par les victimes de la traite est nettement contraire au principe de « l’emploi plein, productif et librement choisi ».
M. HAMID AL BAYATI, Président de la Troisième Commission, a fait une brève présentation du rapport du Secrétaire général faisant remarquer que celui-ci demande aux États de prohiber toutes formes de violences contre les enfants et d’en faire une priorité, en en traitant les causes sous-jacentes. Il a exhorté la communauté internationale et les États à agir d’urgence pour assurer que les enfants seront délivrés de toute forme de violence.
Mme SHEIKA HAYA RASHED Al KHALIFA, Présidente de la soixante et unième session de l’Assemblée générale, a salué le rapport du Secrétaire général qui a fait usage d’un processus intégratif pour réunir toutes les parties prenantes, y compris les enfants eux-mêmes. La violence frappe tous les enfants du monde, sans distinction géographique ou ethnique, a-t-elle poursuivi. Ces violences sont familières, a indiqué la Présidente, mais nous commençons seulement à prendre conscience de la nature critique de ce phénomène international. Il est angoissant de constater que ces violences sont répandues, d’où l’importance d’instaurer des partenariats internationaux et des mécanismes pour prévenir la violence contre les enfants. Les implications sont immenses, a signalé la Présidente, non seulement pour les enfants mais aussi pour les sociétés et l’ensemble de la planète. Elle a ensuite invité tout le monde à consulter le rapport car il nous incombe à tous d’instaurer des mesures pour mettre fin à ces abus.
M. CARLOS LOPEZ, Sous-Secrétaire général aux affaires politiques, a expliqué, au nom du Secrétaire général des Nations Unies, que cette Étude montre que la violence contre les enfants ne connaît pas de frontière, reste souvent invisible donc non punie, et est parfois tacitement permise par le droit national. Cette Étude décrit les diverses formes de violence subies par les enfants, que ce soit à l’école, à la maison, ou dans d’autres instituions. Nous savons qu’il est difficile de détecter cette forme de violence, a reconnu M. Lopez, et l’idée que les adultes ont tous les droits sur les enfants fait malheureusement obstacle à l’élimination de la violence envers les enfants. L’Étude montre que cette violence n’est pas inévitable, mais qu’une action nationale et internationale urgente est pourtant nécessaire.
M. PAULO SERGIO PINHEIRO, expert indépendant, a souligné dans sa présentation du rapport du Secrétaire général que les enfants doivent être protégés contre toutes formes de violence. Malheureusement, des enfants dans tous les pays connaissent des violences ou les craignent, et bien souvent ce sont ceux qui sont censés les protéger qui les infligent. Le Professeur Pinheiro a expliqué qu’il avait entamé son Étude pour prévenir et empêcher les violences contre les enfants il y a quatre ans, à la requête du Secrétaire général. Cette Étude est le résultat d’un véritable processus participatif qui a réuni gouvernements, experts, sociétés civiles et enfants.
Cette Étude, a-t-il noté, a dévoilé une réalité inquiétante. En 2002, 50 000 enfants ont été victimes d’infanticides; 150 millions de filles et 73 millions de garçons subirent des abus sexuels. En 2004, 218 millions d’enfants étaient victimes de travaux forcés et 126 millions d’entre eux travaillaient dans des conditions dangereuses. Qui plus est, de nombreuses violences ont lieu au sein de la famille et dans les écoles. Elles sont souvent excusées ou même cautionnées par le droit et demeurent donc souvent cachées.
Par ailleurs, la vulnérabilité est souvent en rapport avec l’âge des enfants. Les jeunes sont plus souvent victimes de violence physique, alors que les abus sexuels surviennent souvent une fois que l’enfant est devenu adolescent. En outre, les filles en sont plus souvent victimes que les garçons, et sont également plus souvent abandonnées. Le statut social est aussi un facteur qui contribue à rendre certains enfants plus vulnérables que d’autres.
La violence est liée directement aux attitudes et aux stéréotypes culturels, à la pauvreté, aux inégalités de revenus ainsi qu’aux conflits armés qui font tous parties des phénomènes aggravants. Le droit des enfants ne s’arrête pas aux portes des maisons ou des écoles, a-t-il rappelé. Affirmant qu’aucune violence ne saurait être justifiée, M. Pinheiro a exhorté toutes les sociétés, quelles que soient leurs conditions culturelles, économiques et sociales à y mettre fin. Selon lui, l’analyse des réponses des gouvernements au questionnaire qui faisait parti de l’Étude indique que de nombreuses initiatives ont déjà été lancées. Mais ces activités portent trop souvent sur les symptômes et les conséquences, a-t-il remarqué, et ne sont pas intégrées dans la politique des pays.
M. Pinheiro a ensuite dressé une liste de recommandations pour éliminer ce fléau. Des actions doivent être renforcées tant au niveau national qu’au niveau local. Toutes les formes de violence doivent être prohibées. La prévention doit être une priorité et donc bénéficier de ressources suffisantes. Les États et les sociétés civiles doivent transformer les attitudes qui normalisent la violence. La transparence doit être prônée et l’impunité ne doit pas être tolérée. Les enfants doivent aussi bénéficier d’une forme de protection qui leur est accessible. Les secteurs sociaux doivent également aborder le problème de la violence de manière efficace, et une plus grande collecte de données et de recherche sont nécessaires pour mieux comprendre ce problème caché. Notre plus grand échec est de n’avoir pas entendu les voix des enfants, a-t-il dit. Cette Étude doit être un tournant pour mettre fin à toutes les violences. Il faut mettre un terme à la relation autoritaire adulte-enfant et modifier le comportement des sociétés. Les recommandations du rapport doivent être un outil au niveau national et international, a-t-il insisté. Nous devons tenir parole car les enfants en ont assez des mots et de l’absence d’actions. Ils veulent bénéficier d’une enfance sure aujourd’hui.
M. ANDERS NORDSTROM, Directeur intérimaire de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a déclaré que cette Étude est orientée vers l’action. Les statistiques qu’elle contient sont horrifiantes, d’autant que cette violence est perpétuée au sein de sociétés qui tolèrent et normalisent de tels traitements. La violence n’est pas seulement une souffrance à court terme, mais elle est aussi la cause de dommages mentaux et physiques à plus long terme. À l’âge adulte, les personnes soumises à ce genre de violence peuvent aussi perpétuer la violence dont elles ont elles-mêmes été victimes. Nous avons la possibilité de mettre un terme à ce cycle, a-t-il assuré, car cette violence est prévisible. L’OMS et d’autres partenaires sont disposés à participer à cette approche scientifique et à contracter des alliances pour la prévention de la violence. Le 16 octobre, le rapport de l’OMS sur la prévention des mauvais traitements des enfants sera lancé. Il s’agît d’un guide pour la mise en œuvre de l’Étude. Nous prévoyons dans ce cadre la mise en place de diverses activités, projets et suivis. Nous avons besoin de mieux comprendre les moyens de détecter et de mettre un terme à cette violence. Une autre étude sera publiée prochainement sur la violence domestique. Pour la première fois des femmes et des enfants victimes de la violence au foyer témoignent. Cette Étude est une bonne base de départ et nous appuyons entièrement ses recommandations, a ajouté M. Nordstrom. L’OMS soutient également la recommandation de nommer un rapporteur spécial chargé de suivre la mise en œuvre des recommandations de l’Étude.
Mme ANN VENEMAN, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies de protection de l’enfance (UNICEF), s’est félicitée de cette Étude historique fournie par le Secrétaire général. Elle a rappelé que la violence a lieu dans tous les pays et tous les milieux, et que davantage de données sont nécessaires pour avoir une idée réelle de son ampleur. Les enfants sont souvent les victimes de personnes vivant dans leur proche entourage, a-t-elle indiqué, que ce soit de la part de membres de leur famille ou des enseignants. La violence à l’école a pour conséquence que de nombreux enfants, en particulier des filles, n’y vont pas. Par ailleurs, en Afrique subsaharienne, les filles et les femmes connaissent un taux d’infection du VIH/sida trois fois supérieur à celui des hommes. De plus, la pratique dans certaines parties du monde de mariages précoces rend les filles plus vulnérables aux abus sexuels de la part de leurs maris. Par ailleurs, la pratique de la mutilation de parties génitales des filles perdure dans de nombreuses parties du monde.
Mme Veneman a ensuite attiré l’attention sur le fait que le travail domestique est la catégorie professionnelle employant la part la plus importante de filles ayant moins de 16 ans. Celles-ci sont souvent victimes d’humiliations et de harcèlements sexuels au cours de leur emploi. Par ailleurs, de nombreux enfants sont exploités à travers la prostitution et la pornographie infantile. Nombre d’entre eux y ont été forcés ou sont victimes de la traite.
Les 8 millions d’enfants placés en institutions ou qui se retrouvent incarcérés avec des adultes sont aussi particulièrement vulnérables. Mme Veneman a tenu à souligner que les nourrissons ne sont pas épargnés par le phénomène, et qu’ils sont les premiers à mourir des suites de la violence. Cette violence, a-t-elle poursuivi, sape les enfants de leur capacité à devenir des parents compétents et les rend plus capables de commettre eux-mêmes des violences.
L’Étude montre aux décideurs comment combattre la violence mais, a-t-elle noté, les lois existantes sont souvent faibles et il n’existe pas de système pour mener des enquêtes sur ces violences. Il est donc important de mettre en place des institutions qui soient accessibles aux enfants et d’instaurer des systèmes juridiques pour protéger les enfants et punir ceux qui les font souffrir. Toute la société en est responsable, a-t-elle affirmé.
Mme Veneman a ensuite indiqué que la plupart des pays concernés poursuivent ces buts et les intègrent à leur processus de développement. Les enfants sont au cœur des Objectifs du Millénaire pour le développement, que ce soit en matière d’éradication de la pauvreté et de la faim, que de la lutte contre le VIH/sida et la protection de l’environnement. Pour atteindre ces objectifs, les enfants doivent être impérativement protégés de la violence.
Mme MEHR KHAN-WILLIAMS, Haut-Commissaire adjointe aux droits de l’homme, a rendu hommage au rôle joué par les ONG dans l’élaboration de cette Étude qu’elle avait réclamée. Les ONG connaissent bien cette question, et elles continueront à jouer un rôle important pour que la violence demeure parmi les priorités de la communauté internationale. Ce sont surtout les voix des enfants qui ont fait vivre cette Étude en parlant avec clarté et courage, a ajouté la Haut-Commissaire. Leurs vues sont en fait à la base des recommandations de cette Étude. Cette dernière met la lumière sur un problème qui existe et qui est accepté depuis des siècles. Toute violence a un impact dévastateur sur les enfants, et l’Étude nous montre qu’il existe des facteurs de risque comme l’âge, le sexe ou encore les facteurs économiques. Elle montre que cette violence est injustifiable et qu’elle peut être prévenue. L’Étude insiste aussi sur le fait que les enfants ne devraient pas être moins protégés que les adultes. Elle met également en lumière l’indivisibilité des droits de l’homme et l’importance de prendre des mesures holistiques et non fragmentaires.
Mme CORA MAYO BUALA, parlant au nom des jeunes et des enfants, a exhorté la Commission à prendre conscience de la responsabilité que nous avons tous d’agir au nom des enfants, d’écouter à la place des sourds et de parler à la place de ceux qui n’ont pas de voix. Elle a salué l’Étude du Secrétaire général qui, selon elle, rend une voix aux enfants.
La violence existe et nous ne pouvons la nier et ne devons pas l’excuser, a-t-elle poursuivi. Des enfants sont battus à la maison et à l’école pour avoir désobéi, sont victimes d’abus dans le milieu du travail, de chantages et d’exploitation de la part d’adultes. Les violences sexuelles sont très répandues, et ce à tous les niveaux de la société. L’inceste a pris des proportions inquiétantes, et de nombreux enfants sont enrôlés dans les forces armées. Par ailleurs, les enfants handicapés, atteints par le virus du VIH/sida ou venant de castes considérées comme inférieures, sont victimes d’une exclusion qui les rend d’autant plus vulnérables. L’excision, la dote et le mariage précoce constituent les pires violations des droits des enfants et sont aussi les plus répandues, a-t-elle affirmé.
Toute cette violence, qui va du traumatisme à la perte de vie humaine, met en danger l’avenir des enfants. Nous ne pouvons plus tolérer les excuses données par les auteurs de ces violences. Nous avons tous ensemble la responsabilité de mettre un terme à cette violence. Chacun doit améliorer ce monde et en faire un lieu de vie, de paix et d’harmonie où les droits sont respectés. Mme Buala a exhorté les Nations Unies à ne tolérer aucune excuse invoquée, et surtout pas le prétexte de la pratique de coutumes traditionnelles.
Les gouvernements doivent adopter de nouvelles lois et garantir la participation des enfants dans les prises de décisions, a-t-elle estimé. Ceux-ci doivent être plus impliqués et avoir un rôle participatif dans les prises de décisions. Les gouvernements doivent aussi garantir la transformation des mentalités et créer de vastes réseaux pour la protection des enfants. Par ailleurs, les organes des Nations Unies doivent assurer une diffusion complète de l’Étude du Secrétaire général et appuyer les ONG locales pour les aider à mettre en œuvre les recommandations de celle-ci. De plus, les medias doivent assurer une programmation qui rappelle l’existence de cette violence et donne une voix aux enfants.
Concernant les punitions corporelles, Mme Buala a argué que les familles et les communautés doivent apprendre comment enseigner la discipline sans blesser ou humilier les enfants. Imaginez un monde sans violence, a-t-elle lancé en conclusion: combien de nos problèmes internationaux serait écartés? Combattre la violence contre les enfants n’est pas une fin en soi mais un départ pour combattre toutes les autres causes de la violence. Chacun d’entre nous doit se souvenir que nous avons eu une enfance. Prenez un instant pour réfléchir, quelle est la vie que vous voulez pour vos enfants? Nous devons cesser de croire que la violence c’est le pouvoir. Lorsqu’on fait du mal aux enfants, on fait mal à notre monde.
Dialogue interactif
M. PINHEIRO, répondant aux questions des délégations, a expliqué qu’il était de la première importance d’écouter les enfants et de les faire participer à l’élaboration des lois. La loi est un cadre d’action important, mais il faut également fournir des services aux victimes et intensifier la collecte de données. Les États n’assument pas leur rôle pédagogique nécessaire à la modification des mentalités et à l’élimination des stéréotypes associés aux rôles respectifs des filles et des garçons.
M. NORDSTROM a de son côté estimé que plusieurs choses pouvaient être faites immédiatement: former les travailleurs de la santé et les enseignants pour qu’ils reconnaissent et préviennent les cas de maltraitance et de violence; tenir compte des causes de la violence comme par exemple l’alcoolisme; rendre les faits connus du public; partager des pratiques optimales; et parler de la violence.
Reprenant la parole, M. PINHEIRO a indiqué à l’attention du représentant du Soudan, que de nombreuses consultations avaient été menées dans son pays avec divers représentants religieux. S’agissant des punitions corporelles et de la question posée par le représentant de Singapour, l’expert a estimé qu’il était temps de procéder à un débat sérieux sur les conséquences des châtiments corporels. D’ailleurs, lors de l’élaboration de cette Étude cette question n’a pas fait l’objet de controverse. Au représentant de Cuba, il a précisé que les inégalités économiques sont des facteurs de risque importants. L’expert indépendant a toutefois prévenu qu’il sera difficile de maintenir l’élan actuel et
qu’il sera contreproductif de trop attendre de ce mécanisme. S’agissant des questions posées par le représentant du Liban, il a expliqué que l’Étude était déjà prête au moment de la guerre au Liban. La proposition de l’Égypte de convoquer une conférence sur l’impact des conflits armés sur la violence faite aux enfants est positive, a-t-il jugé.Mme VENEMAN, en réponse au représentant de la Sierra Leone, a expliqué que l’UNICEF appuie les gouvernements et parlements dans le monde entier dans la mise en œuvre de la Convention relative aux droits de l’enfant. L’UNICEF travaille aussi en étroite collaboration avec diverses organisations comme l’Union interparlementaire sur la question notamment de la traite des êtres humains. L’UNICEF prend aussi des initiatives en matière de réforme législative en collaboration avec les pays. Il s’agît aussi de veiller à ce que les lois soient appliquées. Nous nous sommes aussi aperçus, a-t-elle dit, qu’en travaillant avec les communautés la question de la discipline peut être abordée dans le cadre des soins aux enfants.
M. NORDSTROM a indiqué qu’il fallait agir maintenant, car on connaît désormais les réponses à toutes ces questions.
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