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AG/SHC/3851

TROISIÈME COMMISSION: LA MAJORITÉ DES DÉLÉGATIONS ESTIME QUE LA VIOLENCE CONTRE LES FEMMES ET LA FÉMINISATION DE LA PAUVRETÉ SONT ÉTROITEMENT LIÉES

10/10/2006
Assemblée généraleAG/SHC/3851
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Troisième Commission

10e et 11e séances - matin et après-midi


TROISIÈME COMMISSION: LA MAJORITÉ DES DÉLÉGATIONS ESTIME QUE LA VIOLENCE CONTRE LES FEMMES ET LA FÉMINISATION DE LA PAUVRETÉ SONT ÉTROITEMENT LIÉES


Il ne peut pas y avoir de développement durable sans que les femmes en soient les acteurs.  Tel est le constat dressé aujourd’hui par la Commission des questions sociales, humanitaires et culturelles (Troisième Commission) aux termes d’un long débat ayant vu la participation d’une quarantaine de délégations et représentants d’institutions spécialisées.  La Commission poursuivait le débat qu’elle consacre depuis hier à la promotion de la femme.


Dans leur grande majorité, pays développés comme pays en développement ont convenu que le développement durable ne pourra être réalisé pleinement sans l’élimination des inégalités entre les femmes et les hommes, et plus particulièrement de la violence qui en découle.  Pour la représentante du Sénégal, cette exigence de lier la question de la promotion de la femme, la croissance économique et le développement est devenue incontournable dans toutes les perspectives d’évolution des sociétés.  Au Sénégal, a-t-elle ajouté, l’éducation a permis bien des progrès dans la vie des femmes.  De même, a-t-elle expliqué, la stratégie nationale de réduction de la pauvreté comporte une dimension humaine et sociale, et porte notamment sur le développement d’une conscience collective de refus des violences telles que l’excision ou les sévices corporels à l’endroit des femmes et des enfants.


En Azerbaïdjan, a expliqué à son tour la représentante de ce pays, l’élimination de la pauvreté et l’autonomisation économique des femmes sont considérées comme des armes contre la violence et les discriminations.  Cette prise de conscience a mené à l’inclusion de la violence dans le nouveau programme national pour la réduction de la pauvreté et pour le développement durable.  Cependant, devant la féminisation croissante de la pauvreté, des délégations, comme celle de Cuba, ont jugé les objectifs du Programme d’action de Beijing illusoires, voire même irréalisables.


Nous ne pouvons pas renvoyer la pauvreté à l’histoire tant que nous n’aurons pas non plus consigné la violence au passé, a indiqué de son côté la représentante du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).  Il ne sera pas possible de mettre un terme à cette violence tant que les hommes et les femmes ne seront pas partenaires et tant que les garçons et les filles ne seront pas éduqués dans un environnement propice à l’égalité des chances.  La violence à l’égard des femmes doit maintenant obtenir le rang de priorité et les ressources nécessaires.


Outre ceux déjà cités, les représentants des pays et des organisations suivants ont pris la parole: Inde, République de Corée, Islande, République arabe syrienne, Saint-Marin, Singapour, Jamahiriya arabe libyenne, Canada (au nom de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande), Koweït, Japon, Philippines, Jamaïque, Yémen, Maroc, Nigéria, Zambie, Turquie, Institut international de la recherche et de formation pour la promotion des femmes (INSTRAW), Organisation internationale pour les migrations (OIM), Indonésie, République islamique d’Iran, République populaire démocratique lao, Venezuela, Éthiopie, Palestine, Thaïlande, Guatemala, Kazakhstan, Viet Nam, Émirats arabes unis, Kenya, Fidji, Qatar, Croatie, République dominicaine, Myanmar et Malawi.


Les représentants d’Israël et de la Palestine ont exercé leur droit de réponse.


En début de séance, la Commission a été saisie de projets de résolution portant sur la suite donnée au Sommet mondial pour le développement social et à la vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale; la suite donnée à la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement; l’amélioration de la coordination des efforts déployés pour lutter contre l’esclavage et la traite des personnes; le renforcement du Programme des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale ; et la coopération internationale face au problème mondial de la drogue.


La Commission poursuivra son débat sur la promotion de la femme demain, mercredi 11 octobre, à partir de 10 heures.


PROMOTION DE LA FEMME


Suite du débat général


Mme MARBEL REBELLO (Inde) a indiqué que, dans son pays, les questions relatives à l’égalité entre les sexes avaient reçu une attention considérable bien avant la tenue de la Conférence de Beijing.  « Le Programme minimum » du Gouvernement de l’Inde reconnaît que l’autonomisation des femmes sur le plan politique, économique, juridique et en matière d’éducation est une priorité.  L’Inde estime également que l’autonomisation des femmes fait partie des éléments de bonne gouvernance.  Une initiative majeure, mise en œuvre il y a 12 ans, s’est traduite par l’imposition d’un quota de 30% de sièges réservés aux femmes en politique au niveau local et par conséquent, un million de femmes est entré dans l’arène politique.  Un effort national est déployé à l’heure actuelle pour en faire de même au niveau du Parlement.  L’Inde a, par ailleurs, créé le concept du « Self Help Women’s Group » qui a eu un impact sur l’autonomisation économique des femmes rurales et a bénéficié à près de 10 millions de familles vivant en milieu rural.  Nous disposons aussi, a-t-elle poursuivi, de stratégies visant à réduire la pauvreté des femmes de 5% d’ici à 2007 et de 15% d’ici à 2012.  Abordant l’Étude présentée par le Secrétaire général sur la violence à l’égard des femmes, la représentante a indiqué que son gouvernement accorde une attention particulière à cette question, comme le montre la nouvelle législation adoptée en 2005 qui fournit aux femmes, victimes de violence, une aide d’urgence.  Nous disposons aussi d’une loi sur le harcèlement sexuel sur le lieu de travail.  La représentante a également évoqué les efforts de budgétisation des sexospécificités qui font désormais partie intégrante des exercices budgétaires. 


M. JORGE CUMBERBACH MUGUÉN (Cuba) a estimé que les objectifs de Beijing continuent d’être une illusion pour les femmes de notre planète.  Selon lui, ces objectifs sont irréalisables, compte tenu de l’ordre international actuel, du néolibéralisme et du fléau humiliant qu’est la féminisation de la pauvreté.


Sans volonté politique ferme, nous ne pourrons pas réaliser les objectifs politiques que nous nous sommes fixés, a-t-il dit.  Une coopération internationale juste et équitable, fondée sur le respect et l’indépendance, la libre détermination des peuples ainsi que sur la non-ingérence dans les affaires des États sont essentielles.


M. Cumberbach Miguén a ensuite dressé une liste des nombreuses avancées de son pays en matière d’égalité entre les sexes et a indiqué que Cuba compte coopérer à tous les efforts internationaux en faveur de la femme.


Mme VUSALA ALIYEVA (Azerbaïdjan) a évoqué la violence exercée à l’encontre des femmes rurales et des femmes réfugiées et déplacées à l’intérieur de leurs frontières en raison du conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan et, par conséquent, de leur situation économique, de leur insécurité et de leur vulnérabilité.  Les mesures qui s’imposent ont donc été prises, dans le cadre législatif, par le Gouvernement azerbaïdjanais.  Le Code pénal a été révisé pour tenir compte des diverses formes de violence à l’égard des femmes telles le viol, le harcèlement sexuel, la traite des femmes, etc.  Nous disposons également, a-t-elle déclaré, d’un programme conçu dans le but spécifique de lutter contre la violence au sein de la famille pour la période 2006-2015.  L’élimination de la pauvreté et l’autonomisation économique des femmes doivent être considérées comme les armes braquées contre les causes de la violence et des discriminations qui sont exercées à leur encontre.  Dans notre pays, a indiqué la représentante, cette prise de conscience a mené à l’inclusion de la violence dans le nouveau programme national pour la réduction de la pauvreté et pour le développement durable.  Un autre document important est la Stratégie nationale pour l’emploi qui comprend une série de mesures en faveur des femmes sur le marché du travail.


Mme KANG KUM-SIL (République de Corée) a estimé que la promotion des droits de la femme est une composante essentielle de la prospérité des sociétés.  Elle a ensuite indiqué que son pays prenait note des remarques élaborées dans le rapport du Secrétaire général concernant les discriminations basées sur la race, l’orientation sexuelle et le statut des migrants.  Dans son pays, les femmes migrantes ont ainsi un accès direct à diverses structures en matière de harcèlement sexuel sur le lieu de travail et chez elles.  Elles bénéficient aussi d’un système de soutien si elles souhaitent s’établir en Corée.  Pour améliorer la situation générale des femmes, Mme Kum-Sil a souligné que les femmes doivent être incluses dans les processus de prise de décision, notamment au niveau de direction.


M. HJÁLMAR HANNESSON (Islande) a fait siennes les recommandations contenues dans la dernière Étude présentée par le Secrétaire général sur la violence à l’égard des femmes et a estimé que celle-ci constitue une stratégie claire pour les États Membres des Nations Unies.  Compte tenu du niveau de violence qui est exercé contre les femmes dans le monde, les droits humains connaissent une véritable crise, a estimé le représentant.  En période de conflits armés, les femmes vivent dans la terreur et sont exposées au viol, aux abus et à l’exploitation sexuelle.  Ces tactiques de guerre ne font que déchirer les communautés et forcent femmes et fillettes à fuir leur foyer.  Le viol, comme arme de guerre, est un phénomène qui exige l’attention urgente de la communauté internationale.  Malheureusement, des milliers de femmes et d’enfants deviennent les victimes de la traite des êtres humains, de l’exploitation et de la prostitution.  La lutte contre la traite d’êtres humains est une plaie à vif qui affecte tous les États, qu’ils soient pays de transit, d’origine ou de destination, a ajouté le représentant.  Il a fait part du plein soutien de son gouvernement au Fonds des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) et a estimé que celui-ci devrait occuper une place plus importante au sein du système des Nations Unies.


Mme LEYSA FAYE (Sénégal) a déclaré que le développement durable, et plus particulièrement la réduction de la pauvreté, ne pourra se réaliser pleinement sans l’élimination des inégalités entre les femmes et les hommes.  Cette exigence de lier la question de la promotion de la femme, la croissance économique et le développement est devenue incontournable dans toutes les perspectives d’évolution des sociétés.  Au Sénégal, a souligné Mme Faye, les actions en direction des femmes au cours de ces dernières années s’inscrivent dans la perspective de l’intégration de la femme dans les activités de développement avec des actions et projets spécifiquement féminins.


Ainsi, a ajouté encore Mme Faye, l’éducation a permis bien des progrès dans la vie des femmes au Sénégal.  La stratégie nationale de réduction de la pauvreté, qui recouvre une dimension humaine et sociale, revêt toute son importance pour répondre à des enjeux tels que le renforcement de la volonté politique au profit du changement des comportements; le développement d’une conscience collective de refus des violences telles que l’excision ou les sévices corporels à l’égard des femmes et des enfants.  Mais, Mme Faye a indiqué aussi, qu’en dépit des progrès réels enregistrés, son gouvernement est conscient que beaucoup reste à faire.


Mme WARIF HALABI (République arabe syrienne) a indiqué que la promotion de la femme est enracinée dans la Constitution syrienne.  Son gouvernement s’engage donc à améliorer la condition de la femme afin de parvenir à un développement durable.  Elle a salué le rapport du Secrétaire général, mais a cependant indiqué qu’elle aurait espéré que celui-ci souligne également les « conséquences tragiques » des occupations étrangères, qui entravent la garantie des droits fondamentaux de la femme.  Cette dernière est la première victime des guerres et des occupations étrangères, a-t-elle ajouté.


Par ailleurs, Mme Halabi a indiqué que son pays avait établi une stratégie de développement pour aider la femme rurale et améliorer la santé productive ainsi que des mesures pour réduire les fossés qui séparent les deux sexes en matière d’éducation et rééquilibrer le travail des femmes dans les milieux ruraux.  Elle a estimé cependant que la Syrie fait face à un grand nombre de défis qui obstrue la parité des genres, notamment la continuation de l’occupation israélienne qui entrave les droits fondamentaux de la femme en matière d’éducation, de travail et de santé.  La promotion de la femme ne sera pas réelle si nous n’avons pas de mesure pour résoudre la situation de la femme arabe vivant sous occupation étrangère, a-t-elle conclu.


Mme NILLA BERNARDI (Saint-Marin) a indiqué que son pays avait ratifié le Protocole facultatif à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), en 2005, comme preuve de son engagement en faveur de l’égalité entre les sexes.  Comme dans de nombreux pays européens, a indiqué la représentante, le chemin menant vers l’égalité des sexes à Saint-Marin a été relativement aisé en raison de conditions économiques favorables.  Aujourd’hui, le nombre de femmes occupant des postes importants est significatif tandis que sept femmes siègent actuellement au Parlement sur un total de 60.  Les femmes prennent une part active dans la société civile et, dans certains cas, elles ont elles-mêmes créé leurs propres groupes de soutien.  Saint-Marin a réussi à imposer l’égalité de salaires et de traitements au sein des syndicats, conformément aux Conventions de l’Organisation internationale du travail que Saint-Marin a ratifiées.  Et depuis 2003, la transmission de la nationalité de la mère à l’enfant est possible, ce qui n’était pas le cas dans le passé.  La représentante s’est dite en faveur de la proposition du Secrétaire général de nommer un rapporteur spécial sur les lois discriminatoires.


M. CHARLES CHEW (Singapour) a qualifié de « triste » le fait que nous devions encore recevoir des rapports sur la situation des femmes autour du monde.  Les actes de violence contre elles sont moralement répréhensibles et retardent l’avancement des sociétés.  La violence contre les femmes est un problème complexe, a-t-il expliqué.  Pour la combattre, M. Chew a indiqué que Singapour avait mis en place plusieurs mesures, notamment l’instauration d’un groupe de dialogue contre la violence familiale, ainsi qu’un réseau de police, d’instances carcérales, d’hôpitaux et d’organisations non gouvernementales (ONG) pour donner aux victimes de la violence plusieurs points d’accès au système.


Il a aussi rappelé que les pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) avaient adopté, il y a deux ans, une Déclaration sur l’élimination de la violence contre les femmes.


Mme SAMIRA ABUBAKER (Jamahiriya arabe libyenne) a déclaré que les Objectifs du Millénaire pour le développement ne pourront pas être réalisés tant que le Programme d’action de Beijing ne sera pas pleinement mis en œuvre.  Dans les pays en développement, malheureusement, les indicateurs sociaux prévus n’ont pas été réalisés, entravant ainsi le progrès de la femme.  S’agissant de la violence contre la femme, la représentante a affirmé que ce phénomène n’est pas limité à une communauté, pays ou région, mais qu’il dépasse les frontières des pays pauvres pour toucher les communautés des pays développés.  Ce phénomène relève de l’inégalité qui caractérise les relations entre l’homme et la femme de par le monde.  La représentante a, par ailleurs, exprimé sa profonde inquiétude face à la détérioration de la situation de la femme en Afrique, en raison des conflits armés et de la propagation du VIH/sida, et face à la situation de la femme palestinienne qui subit les effets de l’occupation étrangère.  Nous demandons instamment à la communauté internationale de mettre un terme aux pratiques inhumaines de la puissance occupante, a-t-elle souligné.


Mme NELL STEWART (Canada), s’exprimant au nom du Groupe CANZ- Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande- a estimé qu’une action urgente est nécessaire pour éradiquer les violences commises contre les femmes.  Une volonté politique soutenue ainsi que la redistribution équitable de ressources sont toujours absentes.  La prise de conscience des femmes et, notamment, l’augmentation de leur participation au processus de prise de décision, sont essentielles pour transformer la situation, a-t-elle indiqué.  Les États ont également l’obligation d’éradiquer les violences faites aux femmes et aux fillettes.  Nous devons procéder à une refonte des politiques actuelles pour protéger leurs droits, a-t-elle estimé.


Mme Stewart a, par ailleurs, souhaité que les voix des femmes se fassent mieux entendre au sein des Nations Unies.  Elle a également lancé un appel exhortant les États n’ayant pas signé la Convention à le faire et les États signataires à respecter leurs engagements en la matière.


Mme AISHA AL-DIKHEEL (Koweït) s’est félicitée de la réalisation de l’Étude transmise par le Secrétaire général en souhaitant que ce document devienne un texte de référence.  Le Koweït s’est attelé au principe de l’égalité dans la réalité, conformément à l’article 29 de la Constitution du pays.  En avril 1994, a-t-elle poursuivi, nous avons accédé à la CEDAW et les dispositions de cette Convention ont été transposées dans la législation nationale.  La représentante a évoqué les réalisations de son pays en matière de réduction du taux d’analphabétisme qui est tombé à 24%.  Le pourcentage de fillettes scolarisées en cycle primaire atteint les 64% et l’université compte désormais 32% d’étudiantes.  Depuis 2004, les femmes participent aux élections municipales et depuis 2006, aux élections législatives qui ont bénéficié de la participation de 35% des femmes.  S’agissant de la violence à l’égard des femmes, la représentante a estimé qu’il fallait faire preuve de la volonté politique la plus déterminée qu’il soit pour faire face à ce fléau et l’éliminer.


Mme MIKIKO OTANI (Japon) a estimé que bien des efforts supplémentaires sont nécessaires pour assurer l’égalité des femmes et pour combattre les violences auxquelles elles sont assujetties.  Le Japon a mis en place plusieurs mesures pour assurer la participation des femmes au processus de prise de décision et espère, notamment, que d’ici à 2020, un minimum de 30% des postes de direction seront occupés par des femmes.


Elle a ensuite indiqué que le rapport du Secrétaire général sur les violences commises contre les femmes permet de mieux comprendre ses causes et de mettre en place des mesures pour mieux les éradiquer.  Le Japon vise, en particulier, à éradiquer la violence au sein de la famille, à combattre la traite des êtres humains et à assurer la sécurité humaine.  Mme Otani a indiqué que son pays avait mis en place des mesures dans tous ces domaines.


Mme YVETTE BANZON (Philippines) a affirmé que l’égalité entre les sexes constituait un des piliers de la politique de développement de son pays, comme l’atteste le projet de loi sur l’égalité entre les sexes.  Le gouvernement continue à faire de grandes avancées sur la voie de l’élimination de la pauvreté des femmes.  Près d’un quart de la population et un tiers des femmes vivent sous le seuil de pauvreté, les femmes rurales étant les plus affectées.  Pour lutter contre cette pauvreté, a expliqué la représentante, le gouvernement a mis en place des mesures de promotion de l’emploi et de l’esprit d’entreprise.  Par ailleurs, les efforts de paix que déploie le gouvernement dans les zones de conflits bénéficient aussi aux femmes.  Celles-ci disposent de programmes de développement dans leur communauté afin de les soustraire à l’influence des mouvements rebelles.  Par ailleurs, d’importants progrès ont été réalisés pour modifier les comportements et des lois faisant la promotion du partage des responsabilités familiales ont été mises en place.  Le département du travail a également mis en place une politique stricte, relative aux migrations internationales, pour garantir la protection des migrantes philippines de l’exploitation et des abus.


Mme ARIEL BOWEN (Jamaïque) s’est associée à la déclaration de l’Afrique du Sud, parlant au nom du groupe des 77 et de la Chine, et à celle de la Guyane au nom de la CARICOM.  Elle a aussi indiqué, en guise d’introduction, que ses concitoyens étaient fiers du fait que la Jamaïque ait une femme Premier Ministre.


La violence à l’égard des femmes est un phénomène international, une des violations les plus graves et humiliantes des droits fondamentaux des femmes, a-t-elle poursuivi, ajoutant que le Gouvernement jamaïcain lutte tout particulièrement contre les abus sexuels et la traite des êtres humains.  Elle a aussi indiqué que son pays compte mettre en œuvre les recommandations faites par le Secrétaire général dans son rapport et met, d’ores et déjà, en place une politique favorisant les mesures sexospécifiques.  Il est aussi important d’assurer une coopération entre les agences travaillant sur le sujet pour assurer un plus grand nombre de réussites, a-t-elle conclu.


M. MOHAMED AL SADAH (Yémen) a salué la femme palestinienne qui vit une situation dramatique, en raison de l’occupation israélienne au vu et au su de tout le monde.  Passant à la situation dans son pays, il a expliqué que le Yémen avait créé le Conseil suprême de la femme.  L’élite politique yéménite, a-t-il poursuivi, a insisté sur la nécessité d’intégrer la femme dans la vie socioéconomique, nécessité consacrée par la Constitution yéménite.  L’article 31 stipule que la femme jouit des mêmes droits que l’homme conformément à la sharia islamique.  Elle a pu prouver sa compétence et son rôle de leadership en assumant des postes à responsabilité, dans le secteur public comme dans le privé, et au sein des institutions de l’État, qu’il s’agisse des forces de police ou du corps diplomatique.  La femme yéménite est active au sein des partis politiques et son taux de participation lors des dernières élections présidentielles et législatives a atteint les 42%.  Par ailleurs, en dépit de la persistance des mutilations génitales, a-t-il poursuivi, nous avons adopté une loi interdisant de telles pratiques.


M. ABDELFATTAH EL-KAIRI (Maroc) a souligné les efforts de son pays pour placer la protection des droits de la femme au cœur de son projet de société démocratique et moderniste, puisant aussi bien dans les valeurs de la religion islamique que dans le patrimoine commun de l’humanité.  Cette volonté, a-t-il poursuivi, s’est concrétisée au cours des dernières années par la participation de la femme à la gestion des affaires publiques et au processus décisionnel à tous les niveaux, et ce, à travers une présence de plus en plus croissante dans les institutions représentatives, exécutives et judiciaires du Maroc.  Ainsi, par exemple, il a rappelé la présence de deux femmes au sein du Gouvernement actuel marocain et de 35 au parlement.  Par ailleurs, dans le cadre de l’harmonisation de la législation marocaine avec les dispositifs internationaux relatifs aux droits de l’homme, il a fait état de plusieurs décisions prises et, notamment, celle qui concerne la réforme du Code des libertés publiques ou encore l’adoption d’une nouvelle législation pénitentiaire incorporant des dispositions spécifiques aux femmes.


Une réforme du Code pénal, reconnaissant la suprématie des conventions internationales sur la législation nationale, a également pu renforcer, de manière notable, la protection des femmes et des enfants en incriminant la traite, la prostitution et la pornographie impliquant les enfants ainsi que le harcèlement sexuel et la violence à l’égard des femmes.  Ce code revisité, a-t-il conclu, s’est accompagné de la création de nouvelles structures comme les sections de justice de la famille ou l’institution d’un juge chargé des mariages.  Le Ministère public est, quant à lui, partie principale dans toute action concernant la mise en œuvre du Code de la famille.  Il est également à noter que, depuis le mois de juillet 2006, le Gouvernement marocain a décidé de donner à l’enfant issu d’un mariage mixte le droit d’accéder à la nationalité de sa mère marocaine.  Enfin, dans le cadre du suivi des recommandations de Beijing, et de Beijing + 10, un observatoire national de lutte contre la violence à l’égard des femmes a été créé, afin de promouvoir le respect intégral de la dignité de la femme.


Mme ANKE STRAUSS, Organisation internationale pour les migrations (OIM), a rappelé que les femmes migrantes sont encore plus sujettes aux discriminations du fait de leur double vulnérabilité en tant que femmes et en tant qu’étrangères.  Elle a fait lecture d’une liste de recommandations de l’INSTRAW pour remédier à cette tendance.  Les pays d’origine et de destination doivent entreprendre plus de recherche pour éviter le « départ de cerveaux » et promouvoir l’égalité des chances et des possibilités d’emploi adéquates.  La protection des droits des femmes migrantes doit être garantie dans les pays de transit et la police de ces pays doit être formée pour reconnaître les victimes de la traite.


Par ailleurs, a-t-elle poursuivi, les gouvernements doivent assurer la formation des femmes en matière d’alphabétisation et d’éducation financière.  Les pays de destination doivent créer des environnements propices aux femmes migrantes et s’assurer du respect du droit du travail.  Les gouvernements et les ONG doivent coordonner leurs efforts pour assurer la protection des femmes migrantes.  Par ailleurs, des accords bilatéraux entre les pays d’origine et de destination sont également nécessaires.  Mme Strauss a aussi proposé l’instauration de services de réhabilitation psychosociale aux femmes qui rentrent dans leur pays d’origine et a préconisé l’importance des partenariats et des dialogues régionaux.  Elle a également estimé que les questions sexospécifiques doivent être placées plus en avant des débats sur la migration.


PRÉSENTATION DE PROJETS DE RÉSOLUTION


Présentant le projet de résolution telle qu’amendée oralement sur la suite donnée au Sommet mondial pour le développement social et à la vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale (A/C.3/61/L.5), la représentante de l’Afrique du Sud, au nom du groupe des 77 et de la Chine, a indiqué que l’objectif de ce texte est d’insister sur les trois points suivants: élimination de la pauvreté, intégration sociale et plein emploi.  Il vise à renforcer le rôle de la Commission du développement social puisqu’elle sera chargée du suivi du Sommet mondial pour le développement social.  Ce texte se félicite par ailleurs de la création de mécanismes novateurs de financement.


Présentant le projet de résolution sur la suite donnée à la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement (A/C.3/61/L.6), la représentante de l’Afrique du Sud, au nom du Groupe des 77 et de la Chine a expliqué que ce texte vise le renforcement des capacités des personnes âgées.  Le projet tient compte du fait qu’en 2007 le Programme d’action de Madrid sera soumis à examen pour la première fois.  La coopération internationale est nécessaire et la communauté internationale est appelée à financer les activités de recherche et le Fonds des Nations Unies sur le vieillissement. 


Présentant le projet de résolution sur l’amélioration de la coordination des efforts déployés pour lutter contre l’esclavage et la traite des personnes (A/C.3/61/L.6), le représentant du Bélarus a rappelé que tous les jours les droits de millions de personnes, en particulier de femmes et d’enfants, sont foulés au pied.  La communauté internationale se doit d’y trouver une réponse appropriée.  Ce texte avance une série de propositions de nature organisationnelle et crée un mécanisme de coordination qui reposera sur un groupe de travail interinstitutions.


Présentant le projet de résolution sur le renforcement du Programme des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale (A/C.3/61/L.9), en particulier de ses capacités de coopération technique, la représentante de l’Italie a indiqué que ce texte vise à donner une plus grande valeur aux actions des Nations Unies et de permettre aux États de rationaliser leurs activités en matière de  prévention du crime et de justice pénale.


Présentant le projet de résolution sur la coopération internationale face au problème mondial de la drogue (A/C.3/61/L.8), la représentante du Mexique a indiqué qu’en vu du fait que la drogue demeure une grave menace pour la sécurité de l’humanité, ce texte demande aux États qui ne l’ont pas fait de ratifier la Convention unique sur les stupéfiants de 1961.  Il invite tous les États à signer et ratifier la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et les Protocoles s’y rapportant.  Le rapport met aussi en exergue la coopération judiciaire, la collecte de données et le blanchiment d’argent.


M. IDREES MOHAMED ALI MOHAMMED SAEED (Soudan) a fait allusion à la déclaration de M. Laborde faite le 4 octobre qui a évoqué le transfert éventuel de la force de protection de l’Union africaine à une mission des Nations Unies.  Nous avions alors indiqué que nous refusons la mention faite dans le rapport de l’Office des Nations Unies pour le contrôle des drogues et la répression du crime.  Nous avons eu une discussion privée au cours de laquelle M. Laborde avait promis de biffer la mention faite au Soudan.  Mais, jusqu’à présent, cette promesse n’a pas été tenue, ce qui met la crédibilité de l’ONUDC en danger.  Notre position est inchangée et cet incident nous pousse à revoir notre collaboration avec l’Office.


Reprise du débat général sur la promotion de la femme


M. ADE PETRANTO (Indonésie) a indiqué que son gouvernement avait intensifié la mise en œuvre de ses politiques et programmes d’action en faveur des femmes dans sept provinces indonésiennes.  Évoquant les ravages causés cette année par une série de tremblements de terre et de tsunamis, le représentant a expliqué que son gouvernement avait rapidement mis en place des mesures humanitaires qui répondent aux besoins spécifiques des femmes.  Le représentant a aussi évoqué la situation des femmes migrantes et a précisé que 77% des travailleurs migrants indonésiens dans le monde étaient des femmes employées dans l’économie informelle.  Dans ce cadre, l’Indonésie continue d’améliorer les conditions de travail des travailleurs migrants.  Mais pour garantir une protection totale des travailleurs migrants, il est essentiel que les pays d’accueil prennent des mesures similaires.


Mme PAIMANEH HASTAIE (République islamique d’Iran) a estimé que la mondialisation et les conflits armés sont autant de défis qui entravent l’autonomisation des femmes, en particulier dans les domaines de l’éducation, de la santé, et de l’emploi.  La pleine promotion des femmes ne peut être réalisée que dans un contexte de paix et de sécurité, a-t-elle dit.  Par ailleurs, la prostitution et la pornographie constituent également des formes de violence, car elles entraînent une destruction progressive de l’identité de la femme.


La féminisation de la pauvreté est une des principales préoccupations de l’Iran, a indiqué Mme Hastaie.  Son pays a ainsi mis en place plusieurs mesures précises, qui visent entre autres, les femmes pauvres des zones rurales et urbaines et celles qui sont le seul gagne-pain de leur famille.  La protection et le bien-être de la famille sont aussi des questions prioritaires du Gouvernement iranien, de même que l’importance de l’éducation.


Les femmes doivent pouvoir jouer un rôle réel dans le développement de leur société.  Mais s’il n’existe pas un engagement clair des États Membres des Nations Unies et une coopération internationale étroite, nous ne pourrons atteindre l’objectif de développement durable, a-t-elle averti.


Mme KHANTHALASU SOUTHICHACK (République démocratique populaire lao) a expliqué que les amendements à la Constitution lao indiquent clairement quelles sont les responsabilités du secteur public, de la société et de la famille pour ce qui est de la promotion de la femme.  Une loi sur le développement et la protection des femmes a également été adoptée, qui vise à renforcer le statut et le rôle des femmes.  Une commission pour la promotion de la femme a également été créée.  Celle-ci fournit des recommandations au gouvernement lors de la formulation de ses politiques relatives aux femmes.  Le gouvernement a également introduit la collecte de données ventilées par sexe dans l’ensemble du système de statistiques national.  La représentante a également détaillé les mesures mises en œuvre pour lutter contre la pauvreté et contre l’analphabétisme.  Ainsi, le taux de scolarisation du primaire au niveau universitaire est passé à 54,8% en 2005 contre 46,6% en 2000.  La représentante a également mentionné l’amélioration des conditions de vie dans son pays, qui s’est traduite par la baisse des taux de mortalité maternelle et infantile.  Elle est également revenue sur les activités qu’a lancées son gouvernement pour lutter contre la pauvreté, qui touche en particulier les femmes et les enfants.


Mme ANGELA CAVALIERE (Venezuela) a indiqué que l’un des objectifs principaux de la politique sociale du Gouvernement vénézuélien est l’éradication de la pauvreté, au sein de laquelle la situation de la femme a une position importante.  Une approche sexospécifique figure dans de nombreuses démarches du gouvernement dont, entre autres, une reconnaissance de la valeur économique du travail au foyer, l’égalité des chances, et des lois de prévention contre les violences à l’égard de la femme et de la famille.


Il est important de modifier les stéréotypes, a lancé Mme Cavaliere, ajoutant qu’une véritable réforme économique et sociale en matière des droits de la femme doit encourager la pleine participation populaire.


Mme LULIT ZEWDIE G/MARIAM (Éthiopie) a estimé que la persistance de la violence envers les femmes était un phénomène d’autant plus préoccupant que la Convention CEDAW est un des textes internationaux les plus ratifiés au monde.  L’Éthiopie, a-t-elle expliqué, est pleinement engagée en faveur de la réalisation du Programme d’action de Beijing et de la Déclaration du Millénaire, et diverses mesures ont été prises pour créer un environnement propice à la promotion de la femme.  Dans le domaine de l’éducation, a-t-elle précisé, la scolarisation des filles est passée de 37,4% en 1996 à 70,9% en 2004/2005.  Le nombre de naissances en présence de personnel médical qualifié a augmenté pour atteindre les 9%, tandis que l’usage des préservatifs est passé à 23%.  Au plan politique, des progrès importants ont été réalisés, puisqu’il y a 116 membres du parlement femmes sur un total de 547.  De même, des lois discriminatoires ont été révisées et en vertu du nouveau Code pénal, les auteurs de violence contre les femmes ou de viol sont passibles de peines de prison allant jusqu’à 25 ans.  En cas de divorce, le nouveau droit de la famille accorde des droits à l’épouse pour ce qui est de la garde des enfants et de l’héritage. 


Mme KHUNYING LAXANACHANTORN LAOHAPHAN (Thaïlande) a accueilli avec satisfaction l’Étude du Secrétaire général consacrée à la violence à l’encontre des femmes et a souhaité que le Conseil des droits de l’homme se saisisse de cette question.  De même, a-t-elle ajouté, il est important que la nouvelle Commission de consolidation de la paix soit dotée des moyens permettant de fournir une aide et d’accorder des compensations aux victimes de violences en temps de guerre.  Au plan national, a-t-elle expliqué, la Thaïlande est en train d’examiner un projet

de loi contre la violence et a établi des centres pour les femmes victimes de violences.  Mais la prévention doit être au cœur de nos efforts, a insisté la représentante, et pour cela il nous faut modifier les attitudes stéréotypées.  Dans ce cadre, l’éducation joue un rôle important pour modifier les comportements.  L’éducation permet aussi aux femmes de gagner leur indépendance économique et d’entrer dans l’arène politique. 


Mme TARACENA SECAIRA (Guatemala) a indiqué que son pays avait enregistré une augmentation de la participation des femmes au secteur économique, mais que celle-ci était souvent restreinte aux secteurs informels.  En revanche, le nombre d’organisations féminines légalement constituées est également en hausse.


Elle a ensuite dressé une liste des différentes mesures prises par son gouvernement.  Celui-ci vise en particulier à réduire la violence familiale, la traite des êtres humains, les discriminations ethnique et sexuelle, et à promouvoir, entre autres, la santé génésique.  La représentante a aussi indiqué que la violence commise contre les femmes —et la question de meurtre de femmes en particulier– était l’une des principales préoccupations du gouvernement.  Mais, a-t-elle noté, en dépit de nombreux efforts, ce problème perdure.


Il est tout aussi important de mettre fin à l’impunité, a lancé la représentante, car elle encourage de nombreux abus, les femmes n’ayant plus foi dans les systèmes de justice.  Par ailleurs, Mme Secaira a indiqué que le Guatemala compte participer à la réunion des pays non alignés sur les droits de la femme.


M. BARLYBAI SADYKOV (Kazakhstan) a affirmé que l’égalité entre les sexes était essentielle pour faire progresser le développement, la paix et la sécurité, et que cette perspective devait donc être intégrée dans les recommandations des institutions de l’Organisation œuvrant dans ces domaines.  Le Kazakhstan prend des mesures concrètes pour assurer l’égalité entre les sexes dans les lois et en pratique, a-t-il assuré, avant d’évoquer la Commission nationale du Kazakhstan pour les femmes et l’égalité entre les sexes, qui a presque achevé la mise en œuvre du plan d’action national visant à améliorer le statut des femmes kazakhes.  Cette Commission prend actuellement des mesures visant l’application de la Stratégie sur l’égalité entre les sexes pour les années 2005-2015, basée sur les principes de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.  Cette Stratégie va s’efforcer d’assurer un partage égal des pouvoirs au sein de la société et garantir des obligations égales au sein de la famille et une protection des femmes contre la violence.  Un projet de loi contre la violence domestique sera présenté l’année prochaine au Parlement kazakh.  M. Sadykov  a indiqué que le pays plaçait parmi ses priorités la santé maternelle et infantile, la santé des adolescents et la réduction de la mortalité maternelle et infantile.  Un  programme de développement des zones rurales est également en cours jusqu’en 2010 afin de créer des infrastructures sociales plus favorables aux femmes.  M. Sadykov a en outre évoqué l’adoption d’une loi sur le microcrédit, précisant que deux tiers des bénéficiaires étaient des femmes rurales.


M. PHAM HAI ANH (Viet Nam) a souligné tout d’abord que la violence à l’encontre des femmes était inacceptable et que son éradication relevait de la sphère publique.  Si beaucoup a été fait au niveau des principes, si la volonté et l’engagement politiques sont là, il n’en demeure pas moins que c’est au niveau de la mise en œuvre concrète que les difficultés demeurent, a noté M. Pham.  Le représentant du Viet Nam a affirmé que son pays était fermement engagé dans la voie de l’égalité des sexes et de la promotion de la femme tout en reconnaissant que le problème de la violence continuait de se poser.  Il a ainsi cité une étude récente sur la violence domestique réalisée auprès de 2 000 personnes dans huit provinces dans laquelle il ressort que la violence contre les femmes demeure monnaie courante qu’elle soit physique, psychologique ou sexuelle.  Quant aux raisons expliquant cet état de fait, M. Pham l’explique par un très faible niveau de développement et d’éducation, l’ignorance des droits et de la législation, et de nombreux autres facteurs sociaux.


L’Assemblée nationale du Viet Nam examine actuellement un projet de loi concernant la prévention et la lutte contre la violence domestique, qui vise à renforcer le rôle de l’État à cet égard.  Ce texte, qui devrait être adopté l’année prochaine, prévoit diverses dispositions allant de la conciliation à l’aide aux victimes en passant par les poursuites en justice.  Un autre problème auquel se trouve confronté le pays est le trafic de femmes et de jeunes filles, a indiqué M. Pham.  Des efforts pour combattre cet esclavage moderne ont été entrepris, notamment par la signature d’accords bilatéraux avec d’autres pays.  Il est aussi prévu de réviser la loi sur le mariage et la famille pour améliorer le cadre juridique permettant de lutter contre le trafic des femmes et des enfants.


Mme ALMADHANI (Émirats arabes unis) a déclaré que son pays s‘est engagé à respecter les résultats de toutes les conférences nationales et internationales relatives à la femme et notamment la Conférence de Beijing et la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée aux femmes et à la paix pour le vingt et unième siècle.  La Constitution garantit l’égalité des chances entre l’homme et la femme dans tous les domaines.  Nous avons adopté des textes de loi qui garantissent le respect des droits de la femme, a-t-elle déclaré, et qui criminalisent la violence envers les femmes, y compris la violence au foyer.  Deux femmes sont Ministres et pour la première fois une femme est brigadier général dans l’armée.   Un décret a été promulgué portant création en 2003 du Conseil supérieur de la femme et de l’enfance, tandis que le nouveau Code de la famille a été adopté récemment.  Le taux de scolarisation au niveau universitaire atteint les 62% et un grand nombre de femmes sont détentrices de maîtrises et de doctorats.  Le taux de naissance sous contrôle médical est de 100%.


Mme YVONNE WAMALWA (Kenya) a indiqué que son pays s’était engagé de longue date à promouvoir les droits des femmes.  Le Kenya a intégré une perspective sexospécifique à toutes les actions qui favorisent le développement et espère rendre les femmes autonomes du point de vue économique.  Mais les défis auxquels le pays fait face sont énormes et parfois insurmontables.


Le Kenya confronte de nombreuses difficultés découlant d’attitudes et de stéréotypes archaïques ainsi que de la pauvreté.  Le pays a toutefois enregistré certains progrès, notamment avec l’augmentation des filles ayant accès à l’éducation et du nombre d’étudiantes universitaires.  Mme Wamalwa a aussi indiqué que la mise en place d’un système de quota avait vu augmenter le nombre de femmes travaillant dans le secteur judiciaire.  Elle a aussi attiré l’attention sur une nouvelle loi qui donne aux filles issues de mariage polygame le droit à l’héritage.


Abordant le sujet du VIH/sida, Mme Wamalwa a indiqué que les femmes sont le visage inadmissible de cette pandémie, avant d’ajouter que malgré l’existence de nombreuses mesures pour promouvoir la parité des sexes, le Kenya manque de ressources pour assurer leur mise en place.


M. SIMIONE ROKOLAQA (Fidji) a estimé que la violence à l’encontre des femmes représentait aujourd’hui l’un des défis les plus importants de la communauté internationale.  Cette violence, a-t-il expliqué, trouve ses sources dans la disparité qui existe entre les pouvoirs détenus par les hommes et les femmes.  Selon lui, les États ont un rôle important à jouer dans la prévention, la protection, la condamnation et l’élimination de la violence, et devraient faire en sorte que les femmes puissent être protégées en créant et assurant un environnement sans violence sexiste.  Toutefois, a-t-il fait valoir, les États ne peuvent agir seuls et doivent forger des partenariats avec des organisations non gouvernementales.  Il s’est ainsi félicité du travail fourni par les institutions des Nations Unies et la société civile en matière de violence masculine et a rappelé l’engagement de son pays en faveur du Programme d’Action de Beijing.


Le représentant a également souligné que Fidji faisait de l’égalité des sexes et de l’équité, en particulier dans l’élimination de la pauvreté, un des piliers de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  D’importants progrès ont été réalisés en matière d’accès et de participation des filles à l’éducation, a-t-il expliqué, de même que dans le domaine de la santé reproductive. 


Mme ABOU AL ANEEM (Qatar) a déclaré que la principale assise du système de gouvernance au Qatar est le citoyen, sans distinction du genre, de race ou de religion.   Quant aux avancées relatives à la condition de la femme dans son pays, la représentante a expliqué que les femmes occupent des postes de haut niveau au sein des ministères, soit 8% des postes, qu’elles sont présentes à hauteur de 3,4%& au sein des conseils municipaux, tandis que le taux d’activité économique des femmes atteint les 40%.  Le nouveau Code de la famille accorde par ailleurs une attention particulière à la violence familiale. 


Mme MIRJANA MLADINEO (Croatie) a rappelé que la réalisation de l’égalité entre hommes et femmes était un préalable au bon fonctionnement de toute société démocratique.  Or, a-t-elle poursuivi, il est évident que les femmes sont sous-représentées dans le processus de prise de décisions.  La représentante s’est cependant félicitée du nombre croissant de femmes au sein des instances croates, précisant qu’elles représentent 35% des membres du Gouvernement, 21% des parlementaires et 61% des magistrats et auxiliaires de justice.  Elle a ensuite précisé que la politique nationale pour la promotion de l’égalité sexuelle pour l’exercice 2006-2010, qui vient d’être adoptée au Parlement croate, s’efforçait d’appliquer les recommandations du Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes (CEDAW), qu’il s’agisse de l’égalité dans l’accès aux opportunités professionnelles, de la prise en compte des questions sexospécifiques dans les programmes éducatifs, ou de la suppression de toutes les formes de violence à l’encontre des femmes.  En outre, a conclu Mme Mladineo, la Croatie a établi un partenariat vigoureux avec un certain nombre d’organisations non gouvernementales qui jouent un rôle significatif dans la défense et la promotion des droits des femmes.


Mme MARIELA SANCHEZ DE CRUZ (République dominicaine) a indiqué que son pays a pour objectif la pleine mise en œuvre du Programme d’action de Beijing.  La condition des femmes fait parti des domaines prioritaires de la politique sociale de son pays, avec un accent particulier mis sur le VIH/sida, l’enseignement primaire et l’extrême pauvreté.


Par ailleurs, Mme Sanchez de Cruz a indiqué que son pays soutenait les recommandations de l’INSTRAW en matière d’égalité des sexes, de migration, de salaires rapatriés, de gouvernance et de participation politique des femmes, des liens entre les femmes, de la paix, de la sécurité et de mesures sexospécifiques.


Mme DAW AYE AYE MUE (Myanmar) a déclaré que dans son pays les femmes jouissent des mêmes droits que les hommes.  En 1996 un Comité national pour les questions relatives aux femmes a été créé, qui est chargé de mettre en œuvre un programme d’action pour les femmes.  Il existe aussi une fédération des femmes chef d’affaires, qui comprend 2,6 millions de personnes et met en œuvre les recommandations du Programme d’action de Beijing dans les 12 domaines d’action identifiés.  La représentante a ensuite dressé le bilan des activités que mène son pays pour lutter contre la traite des femmes, qui constitue pour le Myanmar la pire forme d’exploitation sexuelle.  La loi prévoit des peines de prison allant de 10 ans à la perpétuité pour les trafiquants.  La représentante a toutefois regretté que le rapport du Secrétaire général qui revient sur les mesures prises par l’Assemblée générale pour garantir l’intégration des sexospécificités fasse référence à la résolution 60/233 sur la situation des droits de l’homme au


Mme JANE ASANI NDELEMANI (Malawi) a estimé que le respect des droits de la femme est essentiel pour faire progresser le développement, la paix et la sécurité.  Elle a souligné l’importance d’assurer le suivi et l’application des recommandations du rapport du Secrétaire général.  Elle a également indiqué que son pays avait ratifié et appliqué différents protocoles pour promouvoir les droits des femmes.  Le Malawi vise en particulier les domaines de l’alphabétisation, la pauvreté et la réhabilitation économique, et le défi que présente le fléau du VIH/sida.  Il a par ailleurs mis en place des mesures pour sensibiliser les femmes et les fillettes pour leur faire connaître leurs droits.


Droits de réponse


L’observatrice de la Palestine a tenu à rappeler qu’Israël est une puissance d’occupation.  « Nous ne permettrons à personne de déformer ces faits ».  L’occupation est à l’origine de tous les problèmes actuels, une occupation qui est en fait une forme brutale de colonialisme, a-t-elle ajouté, estimant que l’obstacle principal à la paix n’était pas le terrorisme mais l’occupation.  Personne ne souhaite la paix plus que les Palestiniens, a-t-elle ajouté.


Au sujet de Gaza, la représentante a indiqué que ce territoire n’était pas un endroit où il était possible de vivre, mais une « prison ouverte » dont Israël avait pris la clef.  Elle a aussi précisé qu’on ne pouvait pas y faire passer des vivres et des médicaments.  Elle a ensuite enchainé sur le sujet des femmes palestiniennes, dont on « viole les foyers et la dignité » et qui sont menacées devant leurs enfants par des soldats israéliens.  Leur vie est devenue un « cauchemar permanent » et une « torture quotidienne ».


Lorsque les Palestiniens auront la sécurité, Israël l’aura également, mais les Palestiniens doivent d’abord pouvoir vivre dans leur propre État.


Le représentant d’Israël, répondant à la représentante de la Palestine, a déclaré que les femmes dans la société palestinienne ont été exploitées au nom d’un objectif politique.  Nous reconnaissons que les femmes palestiniennes souffrent de difficultés qu’il faut atténuer, a-t-il souligné, mais nous avons quitté Gaza il y a un an et depuis leur situation relève de leur propre choix. Les femmes sont les victimes de violences sexuelles et de crimes d’honneur commis par leur propre société et famille, a-t-il poursuivi. S’agissant de la situation des femmes enceintes aux points de contrôle, le représentant d’Israël a expliqué que l’existence de ces points était le résultat du régime de la terreur imposé par le Hamas.  Il a ajouté que les femmes palestiniennes sont non seulement victimes de leur propre société, mais que certaines sont également passées dans le camp des terroristes.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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