LE COMITÉ DES VINGT-QUATRE DEMANDE AUX ÉTATS-UNIS D’ENGAGER UN PROCESSUS PERMETTANT AU PEUPLE PORTORICAIN D’EXERCER PLEINEMENT SON DROIT À L’AUTODETERMINATION
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Comité spécial chargé d’étudier la situation
sur l’application de la Déclaration sur l’octroi
de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux
8e & 9e séances – matin & après-midi
LE COMITÉ DES VINGT-QUATRE DEMANDE AUX ÉTATS-UNIS D’ENGAGER UN PROCESSUS PERMETTANT AU PEUPLE PORTORICAIN D’EXERCER PLEINEMENT SON DROIT À L’AUTODETERMINATION
Tenant compte de ses 24 résolutions et décisions relatives à la question de Porto Rico adoptées ces dernières années, le Comité spécial sur la décolonisation –Comité des Vingt-Quatre- a adopté aujourd’hui sans vote et telle qu’oralement amendée, une résolution* par laquelle il réaffirmele droit inaliénable du peuple portoricain à l’autodétermination et à l’indépendance. Le Comité a adopté ce texte après l’audition de 33 pétitionnaires, dont la majorité s’est prononcée pour l’indépendance du territoire, alors qu’une petite minorité a, au contraire, plaidé vigoureusement pour un rattachement du territoire au Congrès américain, et ce, en qualité de 51ème État de l’Union.
Par la résolution présentée par la délégation de Cuba, le Comité spécial a réitéré l’espoir que l’Assemblée générale de l’ONU examinera la question de Porto Rico de manière approfondie et sous tous ses aspects. Se déclarant conscient du principe selon lequel toute initiative visant à résoudre le problème du statut politique de Porto Rico doit être prise par le peuple portoricain, le Comité a demandé aux États-Unis d’engager un processus permettant au peuple portoricain d’exercer pleinement son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance. Il a pris notedu débat en cours concernant la mise en œuvre d’un mécanisme qui assurera la pleine participation de représentants de tous les courants d’opinion du territoire.
La majorité des pétitionnaires ont dénoncé, cette année encore, le caractère colonial de l’Administration américaine de Porto Rico. Si de nombreux intervenants ont salué le fait que le Gouvernement des Etats-Unis reconnaissait à présent le fait que Porto Rico est un territoire régi par des lois votées au Congrès américain, tous ont condamné fermement la nature répressive de l’Administration exercée par ce Gouvernement.
Les actes de violence perpétrés récemment à l’encontre des indépendantistes portoricains sur le territoire ont notamment suscité l’indignation de plusieurs organisations. Dans sa résolution, le Comité s’est d’ailleurs déclaré gravement préoccupé par les mesures prises contre les indépendantistes au cours des derniers mois et a souhaité qu’une enquête soit menée à cet égard. Le représentant de MINH Zona De Mayaguez a ainsi déploré l’assassinat, en septembre dernier, de l’indépendantiste Filiberto OjedaRios. À ses yeux, par ce crime, les États-Unis se sont rendus coupables d’une véritable « exécution extrajudiciaire ». Ce meurtre n’est rien d’autre qu’un exemple flagrant de terrorisme institutionnel contre la résistance d’un peuple en lutte, a-t-il lancé.
C’est encore en ce sens que le représentant des Mouvements autonomistes de l’ouest de Porto Rico a qualifié la campagne répressive menée par la police fédérale américaine contre les indépendantistes portoricains de « crise grave en matière de droits civiques ». Ces propos ont trouvé un écho auprès des autres pétitionnaires qui ont évoqué le sort des prisonniers politiques portoricains aux États-Unis. Notant que certains de ces prisonniers étaient incarcérés de manière abusive depuis plus de 25 ans, le représentant de l’organisation PorLibertad Freedom Campaign a déclaré que la lourdeur des peines indiquaient clairement que ces hommes étaient punis pour leurs croyances et leurs engagements, « et non pas pour leurs actes ».
Ces pétitionnaires ont demandé instamment aux États-Unis d’assumer les coûts de la décontamination consécutive à leur présence militaire pendant 60 ans sur l’Île de Vieques et de restituer aux habitants la zone occupée. La plupart d’entre eux ont recommandé la convocation d’une assemblée constituante pour rechercher des solutions acceptables par tous de la question coloniale de Porto Rico.
Le Comité spécial poursuivra l’audition des pétitionnaires sur la question de Porto Rico demain, mardi 13 juin, à 10 heures.
Auditions de pétitionnaires sur la question de Porto Rico
M. JULIO MALDONADO, représentant de l’Association du barreau de Porto Rico, a dénoncé la situation coloniale qui persiste à Porto Rico. Il a plaidé pour l’établissement d’une assemblée constituante d’état, pour parvenir à la décolonisation. M. Maldonado a regretté que, comme l’avait déjà reconnu plusieurs fois le Comité, les États-Unis n’accordent pas tout le sérieux qu’elle mérite à la question de Porto Rico. La Maison Blanche se contente de reconnaître que le territoire est sous tutelle du Congrès américain. Les États-Unis admettent ainsi une erreur de représentation politique. C’est pourquoi, nous sommes d’avis qu’il faut organiser une consultation populaire, par laquelle tous les Portoricains se prononceraient sur la voie constitutionnelle à privilégier pour parvenir, conformément au droit international, à l’autonomie du territoire. L’intervenant a en outre condamné les agissements récents du FBI (police fédérale américaine) à Porto Rico. Divers mouvements ont fait l’objet de perquisitions avec destruction de biens. Face à de telles violations, il est urgent d’appeler l’attention de l’Assemblée générale des Nations Unies sur le type d’administration en vigueur à Porto Rico. Celle-ci doit aussi envoyer rapidement une mission de visite à Porto Rico.
M. ANGEL ORTIZ-GUZMAN, représentant du PROELA, a expliqué que son organisation autonomiste plaidait depuis de nombreuses années pour la mise en œuvre d’un véritable processus de décolonisation. Malheureusement, a-t-il dit, aucune mesure efficace n’a été engagée à ce jour. Vingt-quatre résolutions ont pourtant été adoptées en faveur de la décolonisation du pays. Il est donc temps d’agir avec détermination pour réaliser les objectifs contenus dans la Charte de l’ONU. À cette fin, a ajouté le pétitionnaire, le Comité doit envoyer dans les meilleurs délais une mission de visite à Porto Rico, et ce, pour se rendre compte de la situation économique et sociale sur place. Sous l’égide des Nations Unies, nous luttons pour la souveraineté du peuple portoricain. La libre association, a-t-il insisté, doit être instaurée. Mais les États-Unis empêchent cette avancée, en bloquant l’accès du Gouvernement de Porto Rico dans les grandes organisations internationales, telles que la FAO.
Ce traitement colonial, qui nie le droit à la libre association possible et à la reconnaissance sur l’échiquier international de Porto Rico, doit être examiné dans le cadre des travaux de l’Assemblée générale. Le Comité doit agir à cette fin. Le peuple de Porto Rico a le droit de disposer de lui-même, conformément aux résolutions pertinentes. Ces résolutions demandent que le processus de décolonisation soit entamé par le peuple et pour le peuple, en vue de faire de Porto Rico une nation libre de la région latino américaine et des Caraïbes.
M. FERNANDO MARTÍN GARCÍA, du Parti indépendant portoricain, a dénoncé le colonialisme régnant à Porto Rico. Se référant à la résolution L.7, le pétitionnaire a salué les efforts constants de la délégation cubaine pour faire progresser la question de l’indépendance de Porto Rico. Ce Projet de résolution a pris note cette année d’un élément précis et important, à savoir que la Maison Blanche continue de considérer et d’administrer Porto Rico comme une possession territoriale des États-Unis. C’est-à-dire comme une colonie. Ainsi, tous les efforts déployés par le Comité depuis tant d’années se voient-ils anéantis par les aveux que contienne le rapport de la Maison Blanche.
Pas un mot n’est dit sur la libération des prisonniers politiques aux États-Unis, dont deux sont enfermés depuis 25 ans. Nous condamnons les agissements des polices américaines sur le sol de Porto Rico. Les États-Unis doivent tenir compte de la volonté populaire d’indépendance. La population est lasse de cette situation d’étranglement, qui bloque le développement économique et social de Porto Rico.
Mme ALEIDA CENTENO RODRIGUEZ, représentante des Portoricains pour la défense du patrimoine national, a estimé que les États-Unis utilisaient de manière abusive certaines ressources de Porto Rico, en particulier ses ressources en eau, en autorisant des expériences scientifiques liées notamment au traitement des déchets, ainsi que l’exploitation des ressources minérales forestières. Les États-Unis s’approprient par une loi toutes les rivières du nord du pays et les biens immobiliers portoricains, a-t-elle déclaré, estimant que cela allait à l’encontre des prétentions de pur conservatisme des États-Unis. Elle a également affirmé que les États-Unis votaient actuellement des lois leur permettant d’utiliser Porto Rico afin de contourner leurs obligations découlant du Traité de non-prolifération nucléaire. Si ces lois étaient définitivement adoptées, elles violeraient directement les termes de ce Traité, en permettant la fabrication non contrôlée d’armes nucléaires sur le territoire, a-t-elle affirmé, ajoutant que Porto Rico était déjà le terrain d’expériences à caractère militaire. Elle a par conséquent demandé la mise en place d’une commission pour évaluer les expériences qui sont menées dans le pays et l’amener à la décolonisation.
M. IVAN RIVERA, représentant du peuple de Porto Rico, n’avait pas encore eu l’occasion de faire valoir son droit à l’autodétermination. Au Congrès américain, différentes commissions ont travaillé en préjugeant de la volonté du peuple portoricain, a-t-il affirmé, ajoutant que d’autres comités de travail américains avaient fait valoir les pouvoirs plénipotentiaires du pouvoir fédéral des États-Unis sur le territoire. Les cinq dernières décennies de l’histoire commune de nos deux peuples ont été marquées par de nouvelles revendications du peuple portoricain, auxquelles les États-Unis ont opposé un silence constant, a-t-il poursuivi, affirmant que cela constituait la négation de l’un des droits de l’homme fondamentaux. Devant l’ambigüité existante et l’absence de prise de décisions, le pétitionnaire a estimé nécessaire de saisir l’Assemblée générale de la question de Porto Rico et de créer une Commission sur la question. L’initiative doit être laissée au peuple portoricain, a-t-il conclu.
M. GUSTAVO CARVAJAL MORENO, représentant de la Conférence permanente des partis politiques d’Amérique latine et des Caraïbes (COPPAL), a rappelé que le peuple portoricain faisait pleinement partie de l’Amérique latine et devait être décolonisé. Le colonialisme est pratiquement défunt partout ailleurs dans le monde, a-t-il déclaré, rappelant que Porto Rico était un bastion politique et militaire pour les États-Unis, destiné à servir leurs intérêts. Après plus d’un siècle d’occupation, les Portoricains continuent à parler espagnol et ont résisté à la plus grande puissance mondiale, a-t-il ajouté, estimant que la conjoncture historique était maintenant propice à la décolonisation, notamment par le fait que l’intérêt stratégique de l’île pour les États-Unis est moindre depuis la fin de la guerre froide. Il appartient aux Portoricains de décider de leur avenir politique, mais il est de la responsabilité de la communauté internationale d’assurer qu’ils puissent exercer ce droit pleinement. L’Assemblée générale doit donc se saisir de la question de Porto Rico, a-t-il enfin affirmé, appelant à mettre un terme à un chapitre encore ouvert dans l’histoire de l’Amérique latine: tant que Porto Rico ne sera pas indépendant, l’Amérique latine elle-même ne pourra pas se déclarer pleinement indépendante.
M. RAÚL ALFONSÍN, ancien Président argentin et représentant de CALCIS, a déclaré que son mouvement appuyait le droit à l’interdépendance du peuple de Porto Rico depuis son origine. L'Assemblée générale doit maintenant examiner la question du régime colonial qui persiste à Porto Rico à la lumière de la résolution 15/14. Pour l’intervenant, Porto Rico est un territoire d’Amérique latine, dont l’indépendance est à l’ordre du jour des leaders du continent depuis le début du 19ème siècle. Notre mouvement réclame le droit de Porto Rico à l’indépendance totale. Le colonialisme sous toutes ses formes est une violation de la démocratie, qui est fondée sur le droit des citoyens à participer aux élections des entités qui régissent leur vie. Or, les lois en vigueur sur place sont édictées par un Congrès étranger, ce qui va à l’encontre des principes élémentaires du droit international. Les États-Unis eux-mêmes commencent à prendre des mesures pour régler la question du statut de Porto Rico. La Maison Blanche a reconnu officiellement que Porto Rico est un territoire des États-Unis. La Chambre des représentants, comme le Sénat, examine ainsi des projets de lois sur le statut du territoire. Gageons que ces projets tiendront compte du fait que le peuple portoricain, après un siècle de colonialisme, a témoigné à maintes reprises de sa « latino-américanité ». Le Comité doit jouer un rôle crucial en ce sens. Nous souhaitons que le projet de résolution A/AC.109/2006/L.7 soit adopté pour que soit de nouveau demandé instamment à l’Assemblée générale d’examiner la question de Porto Rico sous tous ses aspects.
Le représentant de Cuba a présenté le projet de résolution sur la question de Porto Rico, en déclarant que la participation massive de pétitionnaires à la présente réunion démontrait l’importance de cette question, non seulement pour le peuple de ce territoire, mais aussi pour la communauté internationale. Il a déploré le fait qu’en dépit des efforts inlassables du Comité, les États-Unis consolident leur administration économique, sociale et politique.
Le projet de résolution réaffirme le droit inaliénable du peuple portoricain à disposer de lui-même et le droit à être indépendant. Il reconnaît la volonté de ce peuple d’appartenir pleinement à l’ensemble régional de l’Amérique latine et des Caraïbes. La reconnaissance de cette identité passe par la restitution des terres occupées de Vieques et de Ceiba. Ces terres doivent être décontaminées aux frais des États-Unis dans les zones concernées, en assumant publiquement les conséquences des activités militaires sur la santé des populations. Le représentant a poursuivi, en indiquant que le Mouvement des pays non alignés avait exprimé à plusieurs reprises sa solidarité avec le peuple portoricain, notamment en ce qui concerne les actes de violences perpétrés contre les indépendantistes. Le projet de résolution L.7 demande instamment aux États-Unis que soient libérés les prisonniers politiques, dont certains sont emprisonnés depuis plus de 25 ans. Ce texte, par ailleurs, exprime à nouveau l’espoir que les Nations Unies examinent enfin la question de Porto Rico sous tous ses aspects. Ce projet de résolution inclut des éléments nouveaux et importants. Il constitue à cet égard un pas en avant par rapport aux versions précédentes. Nous souhaitons qu’il soit approuvé par consensus.
Mme VANESSA RAMOS, représentante de l’Association américaine des juristes, a déclaré que son association considérait que les conflits en cours en Amérique latine et dans les Caraïbes résultaient du mode opératoire des États-Unis dans la région et de leur politique coloniale. Nous appuyons le projet de résolution présenté par Cuba. Nous appelons le Comité spécial à faire en sorte que l’ordre du jour de l’Assemblée générale accorde enfin toute la place qu’elle mérite à la question de Porto Rico. Les États-Unis doivent cesser leurs pratiques de guerre et les bombardements dans l’Île de Vieques. Nous exigeons que le Gouvernement américain assume les coûts de décontamination des terres et des eaux dans l’île, résultat de 60 ans de pratiques militaires, qui ont véritablement empoisonné l’Île de Vieques.
Faisant référence à ce que la pétitionnaire a qualifié de « campagne de persécutions », les États-Unis agissent comme les pires régimes de terreur, en foulant au pied le droit international. Contre les mouvements indépendantistes, les États-Unis pratiquent un authentique terrorisme d’État.
M. JUAN MARI BRÁS, au nom de Causa Común Independista et du Comité portoricain aux Nations Unies, a estimé que le projet de résolution contenait des éléments importants qui faisaient la synthèse de plusieurs revendications indépendantistes. Nous pensons néanmoins qu’il faut éliminer le paragraphe 7 du préambule, a-t-il affirmé, parce que les dispositions de ce paragraphe indiquent que Porto Rico est un territoire sous autorité du Congrès américain, ce qui constitue une insulte pour le peuple portoricain. Un peuple ne peut pas être la propriété d’un gouvernement étranger, ce serait une barbarie qui va à l’encontre des intentions du Comité spécial, des résolutions pertinentes sur la question et des autres paragraphes contenus dans le projet de résolution, dont est saisi aujourd’hui le Comité spécial, a poursuivi le pétitionnaire, estimant que ce n’était pas la première fois que l’Administration américaine à Washington tentait de manipuler les membres du Comité sur la question de Porto Rico. Ce projet de résolution ne condamne nullement les assassinats commis selon lui par le FBI, a-t-il en outre déclaré, proposant également d’y inclure une notion d’urgence plutôt que l’expression d’un « espoir ». En 34 ans, les États-Unis n’ont toujours pas réagi, a-t-il affirmé, estimant qu’il était temps pour Porto Rico de sortir de la décolonisation imposée par « la puissance la plus impérialiste de notre époque ».
M. JOSÉ CASTILLO, représentant du Parti nationaliste de Porto Rico, a estimé que Porto Rico devait pouvoir devenir membre de plein droit des Nations Unies, représentant le peuple et la patrie portoricains. Il a également réaffirmé le droit inaliénable à l’autodétermination de Porto Rico, appelant à la libération immédiate des « prisonniers politiques » dans le territoire, arrêtés à ses yeux, pour avoir combattus pour cette cause. Il a également dénoncé les assassinats de syndicalistes et de défenseurs de l’environnement, ainsi que le harcèlement des représentants politiques indépendantistes et de journalistes nationaux, demandant le jugement « des sbires du FBI » qui ont commis « ces attentats ». Le Gouvernement américain doit cesser de violer les droits fondamentaux du peuple portoricain et dépolluer les sites qui ont été utilisés pour des expérimentations, a-t-il ajouté. Les États-Unis ont tenté en vain de détruire notre culture, le dollar est utilisé comme une baïonnette pour nous réprimer, visant à faire de Porto Rico une espèce de société privée, qui enrichit les États-Unis, tout en appauvrissant le peuple portoricain, a déclaré le pétitionnaire, avant d’affirmer que Porto Rico était la dernière colonie du monde. La communauté internationale a été induite en erreur précédemment, notamment lorsqu’elle a retiré Porto Rico de la liste des territoires à décoloniser, mais nous continuerons la lutte, a-t-il conclu.
M. NESTOR SALGADO, représentant du Mouvement autonomiste social-démocrate de Porto Rico, a indiqué que son mouvement entendait promouvoir un nouveau pacte entre Porto Rico et les États-Unis. Les Nations Unies doivent assumer un rôle plus actif sur la question de Porto Rico, car certaines des déclarations des États-Unis vont à l’encontre de la réalité de leurs agissements. L’évolution de la situation et le non-respect de la volonté de développement manifesté par le peuple portoricain vont à l’encontre de la notion d’État libre associé et témoignent que Porto Rico est en fait en situation de colonie, a estimé le pétitionnaire, ajoutant qu’il s’agissait d’une situation à laquelle il fallait aujourd’hui mettre fin. Il appartient au peuple de Porto Rico de décider de son sort, mais la communauté internationale doit davantage s’impliquer et appuyer les revendications du peuple de Porto Rico. Nous ne craignons pas de faire face à la réalité, a-t-il enfin réaffirmé, le moins que nous puissions faire est de décider de notre destin politique dans la dignité et la souveraineté.
M. EDGARDO OJEDA SERRANO, représentant de MINH Zona De Mayaguez, a condamné fermement le meurtre de l’indépendantiste Filiberto Ojeda Ríos. Il a qualifié ce meurtre d’acte indigne et d’exécution extrajudiciaire. L’intervenant a rappelé devant le Comité la mémoire d’un « combattant inlassable de la cause indépendantiste ». Ce meurtre d’un homme de paix a été commandité par les sphères les plus hautes du Gouvernement américain. L’opération a été planifiée et le peloton d’exécution des Etats-Unis -le FBI- a sciemment laissé mourir Filiberto Ojeda Ríos, en le privant des soins qui auraient pu le sauver. Pour le pétitionnaire, il s’agissait de provoquer le peuple portoricain sous le couvert de la lutte antiterroriste. Mais l’indignation au niveau international a démontré que personne n’était dupe de la supercherie, de la manipulation et du mensonge d’État. Ce meurtre n’est rien d’autre qu’un exemple flagrant de terrorisme institutionnel contre la résistance d’un peuple en lutte. Huit mois après cette tragédie, aucune enquête officielle n’a abouti. Les documents relatifs à l’assassinat ont d’ores et déjà été classés « secrets ». Face à cela, nous demandons que le peuple portoricain puisse exercer les droits d’un peuple, d’être libre désireux de prendre le contrôle de son économie, de sa diplomatie, de ses ressources naturelles et de la survie de sa culture.
M. MIGUEL SÁNCHEZ RIVERA, Coordinateur de Rompiendo el Perímentro, a indiqué que la région ouest du territoire était le berceau de l’indépendantisme portoricain. De ce fait, a-t-il dit, nous sommes les témoins directs des exactions frappant nos militants. La situation actuelle sur place est celle d’une crise grave en matière de droits civiques. Les mesures prises contre nos camarades sont injustifiées d’un point de vue juridique. Les sévices, les incarcérations abusives, la surveillance permanente de nos foyers, le déploiement de forces militaires lors de manifestations politiques, les écoutes téléphoniques, tous ces procédés sont ceux que l’on réserve habituellement aux mouvements terroristes les plus dangereux.
Le 10 février dernier, le FBI a littéralement attaqué les foyers et les bureaux de 6 indépendantistes et les locaux de la presse qui couvrait les manifestations. Devant de tels agissements, le Comité doit tout faire pour que la question de Porto Rico aille devant l'Assemblée générale et que soit mis fin à la répression -manifestation évidente du colonialisme d’un autre temps- pratiquée par le Gouvernement des États-Unis.
M. BENJAMIN RAMOS ROSADO, de PorLibertad Freedom Campaign, a jugé que l’emprisonnement des prisonniers politiques portoricains était une violation des droits de l’homme. Les États-Unis nous relèguent au statut de citoyens de seconde classe, on nous impose une citoyenneté dont on ne veut pas, on nous dénie les droits les plus fondamentaux. Nous faisons l’objet de répressions caractérisées, de surveillance et nous sommes sciemment maintenus dans un état de dépendance économique. Un haut responsable du Ku Klux Klan, récemment arrêté, n’a été condamné qu’à une peine de trois ans d’emprisonnement. Tandis que nos compatriotes croupissent depuis 25 ans dans les geôles américaines. La lourdeur de ces peines indique clairement qu’on punit ces hommes pour leurs croyances et leurs engagements et non pas pour leurs actes. Ils ne sont pas les terroristes que dépeint l’Administration américaine. Jimmy Carter, notamment, un homme de paix, a demandé la libération de ces prisonniers qui n’ont jamais commis le moindre acte de violence. Les États-Unis se considèrent comme bastion de la démocratie, alors qu’ils appliquent les pires méthodes répressives à l’encontre d’un nombre croissant de peuples. Ils usent de leur statut de superpuissance pour commettre d’importantes violations du droit international. Il est temps que soient rendus à la liberté les prisonniers politiques portoricains, dont la santé de certains inspire les plus vives inquiétudes.
M. ISMAËL ORTIZ, représentant de Vieques, Si!, a estimé que le cas de l’Île de Vieques témoignait de l’absurdité de la situation de Porto Rico et de sa vulnérabilité face aux États-Unis. Aucun tribunal du territoire ne peut se saisir d’un dossier mettant en cause la Marine qui nous a envahis, aucune agence, aucune branche gouvernementale ne peut autoriser Porto Rico à contraindre la Marine à respecter sa population et ses droits, a-t-il déploré. La Marine s’est finalement retirée suite à un mouvement populaire, a-t-il indiqué, mais la population est aujourd’hui victime de la contamination de l’air sur l’île et les militaires ont laissé des cratères sur tout le territoire. Le pétitionnaire a estimé que les citoyens n’avaient actuellement pas le pouvoir d’intervenir, dénonçant le fait que la Marine continuait à faire sauter des bombes et à empoisonner la population, sans l’informer de ses activités et sans dépolluer les zones contaminées. Il a donc demandé la création d’une commission sur la question, accusant le Gouvernement américain de ne pas assurer les soins à la population, ni un suivi de la situation sanitaire à Vieques. Dans l’île, il y a 27% de cas de cancer de plus que dans le reste de Porto Rico, a-t-il affirmé, demandant la libération « des patriotes qui ont lutté pour la libération de Vieques ».
Mme MIRIAM RAMIREZ, représentante de US Citizens from Puerto Rico a estimé qu’il était entièrement faux de considérer que Porto Rico était autonome, puisque le territoire ne disposait d’aucun respect, ni d’aucun droit de vote au Congrès américain. Un plébiscite doit être organisé afin que toute personne puisse s’exprimer, a-t-elle ajouté. La réalité est qu’il appartient au Congrès de prendre toute initiative et, selon la pétitionnaire, ce sont les efforts de lobbying de sociétés multinationales exemptes de taxe à Porto Rico qui annihilent cette possibilité. Elle a en outre estimé que le statu quo était garanti par le fait que les autorités de Porto Rico disposaient directement des ressources juteuses liées à ce statut. Le plébiscite de 1993 a été manipulé, a-t-elle ajouté, appelant à remettre ce statut de paradis fiscal en cause et invitant le Congrès à prendre des mesures en la matière. Les millions de citoyens de Porto Rico veulent voir une 51ème étoile sur le drapeau américain, a-t-elle enfin assuré.
M. RENE TORRES PLATET, représentant de la Loge du Grand Orient maçonnique de Porto Rico, a revendiqué le droit inaliénable du peuple de Porto Rico à disposer de lui-même, estimant que rien ne justifiait la poursuite de la domination d’une puissance étrangère sur le territoire. Nous sommes extrêmement préoccupés par la détérioration des conditions économiques, sociales et morales dans notre pays, a-t-il ajouté, évoquant notamment les dettes énormes et le faible développement privé dans l’île. Les offres de la puissance administrante sont hypocrites en ce qui concerne le statut final de Porto Rico, a-t-il estimé, affirmant que des mesures d’intimidation et des assassinats politiques étaient perpétrés, afin de perpétuer les rapports coloniaux entre Porto Rico et les États-Unis. Les changements qui sont intervenus au niveau mondial ont rendu encore plus nécessaire le changement de notre statut, les États-Unis doivent reconnaître pleinement le droit du peuple portoricain à disposer de lui-même, a-t-il conclu, appelant à la libération des « prisonniers politiques » et à la fin de l’intimidation et des assassinats.
M. FRANCISCO VELGARA, représentant de la Campagne d’appui à Vieques, a estimé que l’Île de Vieques était l’exemple le plus flagrant des ravages du colonialisme. La vie des habitants de l’île continue à être en danger, malgré la fermeture du centre de tir sur l’île, et la Marine américaine continue de refuser de décontaminer les zones qu’elle a polluées, en mettant en jeu l’avenir de cette partie du territoire de Porto Rico et celui de la population, a poursuivi le pétitionnaire. Il a indiqué que les toxines s’étaient déplacées rapidement vers les foyers, les écoles et les hôpitaux. Dans les normes internationales, ces activités ne peuvent être caractérisées que comme criminelles et génocidaires, a déclaré le pétitionnaire, dénonçant « la duplicité » des États-Unis et des autorités portoricaines. Une spéculation foncière sans précédent, nourrie par les entreprise américaines, oblige en outre la population à quitter l’île, l’urgence de prendre la parole contre le statut colonial de Porto Rico est donc plus réelle que jamais. Porto Rico continuera à lutter, ce n’est pas une question de choix mais de survie, a-t-il conclu, appelant à condamner la répression orchestrée à l’encontre des mouvements indépendantistes par les États-Unis et à porter la question de Porto Rico devant l’Assemblée générale.
Mme BETTY BRASSELL, au nom de l’organisation United For Vieques, Puerto Rico, Inc., a déclaré que son organisation continuait à œuvrer en faveur de la paix. La contamination militaire a accru les risques sur la santé. Cet effet nocif continue à se faire sentir à l’Île de Vieques, trois ans après la fin des bombardements américains. La population souffre des séquelles des bombardements, en dépit de la « fausse démilitarisation » entamée depuis. En effet, les bombes qui sont restées sur le territoire sont nocives. Leurs émanations toxiques exposent la santé des habitants à un niveau de risque très élevé. Le nettoyage prévu a été renvoyé à plus tard, si bien que la présence excessive de plomb, d’uranium appauvri, ou encore d’aluminium sont à l’origine de taux de prévalence de cas de cancer, de diabète et de maladies respiratoires particulièrement préoccupantes. En outre, la Marine américaine utilise un radar si puissant qu’il modifie les phénomènes atmosphériques sur l’île, sapant d’autant plus le développement durable et l’exploitation des ressources naturelles.
Trois ans après, nous en sommes donc toujours à devoir plaider, plus fort que jamais, pour un assainissement effectif de l’Île de Vieques. La population mérite désormais une terre assainie et exploitable aux fins de prospérité de tous. Il en va du devenir économique et social de Porto Rico. C’est pourquoi, notre organisation appelle à une démilitarisation complète, au nettoyage, et à la décontamination des terres et des eaux, qui reviennent en outre de droit à la population locale, a déclaré la représentante.
M. HECTOR PESQUERA SEVILLANO, du Mouvement indépendantiste national Hostociano (MINH), a regretté que le comportement de la puissance administrante n’ait toujours pas changé en dépit du nombre édifiant de résolutions et de décisions adoptées par le Comité spécial.
Il a évoqué l’action du FBI qui, récemment, a conduit à l’assassinat d’un leader indépendantiste dans l’ouest de l’île. Il aurait pu être capturé, a-t-il dit, mais il a été laissé sans soin jusqu’à sa mort. Le 10 février dernier, le FBI encore, a mené des opérations contre des indépendantistes, sous prétexte de vouloir contrecarrer un projet terroriste. Ces violations intolérables des droits de l’homme, en vertu d’une pseudo souveraineté sur le peuple portoricain, placent de fait les États-Unis au-dessus de la loi internationale.
L’économie locale est de plus étranglée par les lois de cabotage, qui n’autorisent à la marine marchande de ne mobiliser que des vaisseaux américains. Dans ce contexte, les nations libres du monde doivent nous aider à inclure la question de Porto Rico en tant que point distinct de l’ordre du jour de l’agenda de l’Assemblée générale des Nations Unies.
M. EDUARDO BHATIA, Administration fédérale pour les affaires de Porto Rico, a réaffirmé que Porto Rico était une nation possédant son identité et sa culture propres. Ce peuple possède en outre des instituions extrêmement développées. Dans ce cadre, les relations avec les États-Unis doivent évoluer dans un esprit de respect mutuel et en s’attachant à maximiser les possibilités de croissance future de l’île. Toutefois, le 22 décembre 2005, un groupe de travail américain a remis un rapport sur le statut futur de Porto Rico insultant et indigne. Il y est dit, par exemple, que les États-Unis peuvent céder à tout moment le territoire à un autre pays, sans tenir compte de la volonté du peuple. Ce rapport ignore la volonté démocratique du peuple portoricain, il déforme d’une manière inédite la réalité des faits sur le terrain. Les aspirations de notre peuple ne peuvent être manipulées de la sorte. C’est en ce sens que nous nous rallions au projet de la mise en place d’une assemblée constituante, une initiative appuyée par le Comité spécial et un nombre grandissant de représentants au Congrès des États-Unis.
M. RAMÓN NENADICH, représentant du Conseil national pour la décolonisation (CONADE), a indiqué qu’avant l’invasion de Porto Rico par les États-Unis, le territoire avait signé un accord avec l’Espagne, qui lui garantissait plus d’autonomie qu’il n’en a à présent. Ce modèle colonial n’est rien d’autre que de l’esclavage, toutes les richesses sont drainées par les entreprises américaines, a-t-il assuré, estimant que le territoire, assujetti au pouvoir du Congrès américain, vivait toujours une situation coloniale brute. Affirmant que les circonstances actuelles exigeaient l’application immédiate des principes du droit international en matière de décolonisation, il a estimé que le Gouvernement américain devait faire la lumière sur ce qui s’était passé en 1953 et sur son statut. Si Porto Rico est toujours une colonie, il faut transférer les pouvoirs au peuple portoricain sans condition et sans recours militaire, a déclaré le pétitionnaire, dénonçant « le mensonge » qui a permis, à l’époque, de retirer le territoire de la liste des territoires à décoloniser. Il a également estimé que les Nations Unies devaient exiger la libération de plusieurs prisonniers politiques. Le CONADE exige par conséquent l’application des statuts des Nations Unies sur la question de Porto Rico, sans tergiversation. Il demande en outre d’assurer une transition démocratique et pacifique dans le territoire.
M. WILLIAM ESTRADA, représentant du Parti des travailleurs socialistes, a appelé à la libération des prisonniers politiques enfermés dans des prisons américaines et condamné l’assassinat « de sang-froid par des agents du FBI » d’un militant de la décolonisation. Le succès de la lutte pour l’indépendance de Porto Rico est aussi de l’intérêt du peuple américain, a-t-il affirmé, assurant que la dominance de quelques familles milliardaires américaines et du Gouvernement qui les défendait, constituaient l’ennemi commun des mouvements ouvriers, à la fois aux États-Unis et à Porto Rico. Washington et ses alliés impérialistes ne font que surenchérir dans leurs menaces envers Cuba, le Venezuela et maintenant envers l’Iran, a estimé le pétitionnaire, assurant que les patrons américains menaient une guerre contre les ouvriers, y compris aux États-Unis. Il a estimé que la domination coloniale aggravait les discriminations à l’égard des portoricains vivant aux États-Unis, ajoutant que tant qu’ils vivraient sous domination coloniale, ils resteraient des citoyens de seconde zone. L’exemple cubain montre que l’indépendance de Porto Rico ne mènerait pas à la ruine du territoire, a-t-il enfin estimé.
M. MANUEL RODRÍGUEZ BANCHS, représentant du Front socialiste de Porto Rico, a estimé que la faillite économique et politique du statut d’État libre associé de Porto Rico était de plus en plus flagrante. Le Gouvernement des États-Unis continue à se réserver tout ce qui a trait aux questions de l’immigration, de la défense et de la représentation internationale, tout fonctionne sous la législation américaine qui l’emporte en cas de litige avec la Constitution portoricaine, a-t-il indiqué. Les décisions qui sont imposées n’ont souvent reçu aucun appui de la population, a-t-il assuré, affirmant qu’en 1953, les États-Unis avaient affirmé que le statut d’État libre associé mettait fin à la relation coloniale entre les États-Unis et Porto Rico, ce qui était faux. Il n’existe pas de pacte, a assuré le pétitionnaire, estimant que la délégation américaine avait menti devant les Nations Unies. Le pétitionnaire a également dénoncé « l’assassinat politique » d’un militant de la décolonisation, considérant qu’il s’agissait d’un message d’intimidation à l’encontre des indépendantistes. Il a également affirmé que la pauvreté poussait la jeunesse portoricaine à servir de chair à canon dans la guerre en Iraq et demandé la libération de tous les militants de la cause indépendantiste.
PRESENTATION ET ADOPTION DU PROJET DE RESOLUTION (A/AC.109/2006/L.3 ET A/AC.109/2006/L.7) RELATIF A LA DECISION DU COMITE SPECIAL EN DATE DU 13 JUIN 2005 CONCERNANT PORTO RICO
Explications de positions
La représentante du Venezuela a indiqué que son pays se portait coauteur du projet de résolution, estimant que Porto Rico faisait partie intégrante de l’Amérique latine et que ce territoire avait prouvé sa résistance à la puissance occupante, malgré des assassinats. Les actes d’intimidation à l’égard des militants indépendantistes se sont multipliés. C’est pourquoi, le Venezuela demande aux États-Unis de mettre fin à ses agissements, ainsi qu’à ses opérations militaires sur l’Île de Vieques, a-t-elle poursuivi, réaffirmant que toutes les décisions contraignantes concernant le statut de Porto Rico devaient être prises par le peuple portoricain lui-même.
Le représentant de l’Iran a par ailleurs invité toutes les délégations à apporter leur soutien à ce projet de résolution, sans le mettre aux voix.
Après adoption par consensus, le représentant de Cuba a indiqué que le projet de résolution ne reflétait pas pleinement la position nationale de Cuba, car elle ne faisait pas mention de l’assassinat d’un militant indépendantiste, mais qu’il s’agissait d’un compromis et d’un engagement, témoignage des liens étroits entre Cuba et le peuple portoricain.
M. ENRIQUE BAQUERO, représentant de la Fondation portoricaine d’action démocratique, a demandé au Comité spécial de rappeler aux États-Unis que l’on ne pouvait se référer au peuple portoricain comme étant américain et qu’il s’agissait d’un peuple différent. Le processus d’accès à l’autodétermination doit être libre de tout colonialisme, a-t-il rappelé. Il a apporté son soutien à la création d’une Assemblée constituante pour permettre une négociation avec le Congrès des États-Unis et une sensibilisation du peuple portoricain à ces questions. Ce ne serait qu’un premier pas, a poursuivi le pétitionnaire, rappelant que toute décision resterait liée à son adoption directement par le peuple dans le cadre d’un processus démocratique. L’Assemblée constituante a plus de chances de succès qu’une pétition devant le Congrès, c’est à nous de décider et de proposer au Congrès des solutions. Elle aurait pour seule raison d’être de trouver des solutions, ce qui ne serait pas le cas d’un gouvernement, a-t-il ajouté, souhaitant la libération de plusieurs prisonniers politiques de la cause indépendantiste et la fin de « l’intimidation », dont sont victimes des militants.
M. CRISTOBAL BERRIOS, représentant d’Acci ón Civil para el Status de Puerto Rico, Inc., a expliqué que son organisation essayait de trouver une solution à la question coloniale complexe de Porto Rico. Pour cela, il est important de se situer du point de vue de l’histoire qui lie Porto Rico et les États-Unis. Il ne faut en effet jamais oublier que le peuple portoricain a consenti très tôt à ce que le Congrès des États-Unis reste maître du territoire.
Mme NILDA LUZ REXACH, représentante du National Advancement for Puerto Rican Culture, a demandé au Comité que celui-ci aide le territoire de Porto Rico à devenir ce qu’il est déjà virtuellement, c’est-à-dire le 51ème État des États-Unis d’Amérique. Nous subissons une véritable discrimination en ce sens que nous n’avons pas de représentation appropriée au Congrès américain. Cette discrimination nous empêche de voter pour notre Président, à savoir le Président des États-Unis. La dictature politique déguisée, qui fait office de régime démocratique à Porto Rico, doit cesser. Il est temps de donner aux Portoricains ce qu’ils méritent et souhaitent, à savoir devenir le 51ème État des États-Unis. Le sort de six millions de Portoricains, dont trois vivent sur le sol américain, en dépend.
M. JOSE ADAMES, du Centro Literario Anacaona, a demandé que prévale un respect mutuel entre les parties prenantes au règlement de la question de Porto Rico. À trois reprises, Porto Rico s’est prononcé en faveur de son autodétermination et il ressort de ces trois référendums que 90% des Portoricains veulent un État. L’absence originelle de qualité d’État nous a privés historiquement d’une administration franche et claire par le Congrès des États-Unis. Nous sommes restés un état virtuel de l’union, victimes de désavantages politiques et économiques, qui ne frappent que Porto Rico et pas les autres États.
Pour que cesse cette situation qui nous relègue au statut de citoyens de seconde classe, il est grand temps de répondre clairement au besoin légitime et urgent que l’île soit déclarée État de plein droit. Nous demandons ainsi au Comité spécial d’exiger au Congrès américain de mettre fin à la longue discrimination en déclarant sans délai que Porto Rico est le 51ème État des États-Unis. Il faut que la loi qui s’applique aux autres États s’applique enfin à Porto Rico et à son peuple.
Le représentant de Cuba a exercé une motion d’ordre, en raison des allusions « fausses et irrespectueuses » de l’orateur précédent, inacceptables pour son pays. Nous ferons en sorte que l’année prochaine, Cuba ait un regard sur la liste des orateurs, afin de s’assurer que cet orateur ne puisse pas réitérer des propos qui ont déjà fait l’objet de motions d’ordre les années précédentes, a-t-il averti.
Mme MARY ANNE GRADY FLORES, représentante du Groupe d’appui à Vieques des travailleurs catholiques d’Ithaca, a déclaré que le peuple portoricain avait entendu avec horreur l’assassinat par le FBI d’un militant de la cause indépendantiste, caractéristique à ses yeux d’une puissance coloniale pour lutter contre toute protestation à son occupation. La pétitionnaire a déclaré qu’elle œuvrait elle-même pour accroitre la conscience du public de la nécessité de démilitariser l’Île de Vieques, de décontaminer la zone, de restituer les terres occupées et d’inclure les citoyens à la table des négociations sur les projets de développement. Elle a en outre demandé un moratoire sur la vente des terrains de Vieques à des promoteurs immobiliers. Dénonçant les guerres « injustes » menées par le Gouvernement américain, en particulier en Iraq, elle a affirmé que l’utilisation d’armes à uranium appauvri avait des conséquences directes sur la santé de la population et rappelé que sur l’Île de Vieques, des chars avaient été détruits par le biais d’armes de ce type. Le peuple de Vieques, comme les militaires des deux guerres en Iraq, n’ont pas d’information sur la contamination et les statistiques montrent des cas de cancer plus nombreux sur l’île que dans le reste de Porto Rico, a-t-elle conclu.
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