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AG/10529

L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DEMANDE À NOUVEAU AUX ÉTATS-UNIS DE LEVER LE BLOCUS ÉCONOMIQUE, COMMERCIAL ET FINANCIER IMPOSÉ À CUBA

08/11/2006
Assemblée généraleAG/10529
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante et unième session

50e séance plénière – matin


L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DEMANDE À NOUVEAU AUX ÉTATS-UNIS DE LEVER LE BLOCUS ÉCONOMIQUE, COMMERCIAL ET FINANCIER IMPOSÉ À CUBA


L'Assemblée générale a, pour la quinzième fois consécutive depuis 1992, réclamé la levée « le plus tôt possible » par les États-Unis du blocus économique, commercial et financier qu’ils ont imposé à Cuba.


Par cette résolution*, intitulée « Nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba par les États-Unis d’Amérique », et adoptée par 183 voix pour, 4 voix contre (États-Unis, Îles Marshall, Israël, Palaos) et une abstention (Micronésie), l’Assemblée générale exhorte, de nouveau, tous les États à s’abstenir de promulguer ou d’appliquer des lois et mesures d’embargo, conformément aux principes de la Charte des Nations Unies et du droit international, lesquels consacrent notamment la liberté du commerce et de la navigation.


L’Assemblée générale, qui disposait d’un rapport du Secrétaire général sur la question**, a en outre demandé instamment aux États qui continuent d’appliquer des lois ou mesures de ce type de faire le nécessaire, conformément à leur système juridique, pour les abroger ou pour en annuler l’effet le plus tôt possible.


Auparavant, l’Assemblée générale s’était prononcée, par 127 voix pour, 50 voix contre et 5 abstentions, en faveur d’une motion de non-action présentée par Cuba sur un projet d’amendement au projet de résolution élaboré par l’Australie***.  Ce projet de texte demandait au Gouvernement cubain de libérer sans condition tous les prisonniers politiques, de coopérer pleinement avec les organismes et mécanismes internationaux de défense des droits de l’homme, de respecter la Déclaration universelle des droits de l’homme et de s’acquitter pleinement des obligations qui lui incombent en vertu de tous les traités relatifs aux droits de l’homme auxquels il est partie.


Le Ministre cubain des relations extérieures, Felipe Pérez Roque, qui présentait le projet de résolution, a estimé que la guerre économique lancée par les États-Unis contre Cuba, la plus longue et la plus cruelle qui n'ait jamais existé, était qualifiable d'acte de génocide.  Évoquant le projet d’amendement australien, il a affirmé que pour la première fois depuis 1992, lorsque l'Assemblée générale a commencé à traiter la question du blocus contre Cuba, les États-Unis tentaient de saboter le projet de résolution.  Cet amendement, a-t-il ajouté, est la preuve de la soumission ignoble de l'Australie au Gouvernement des États-Unis.  M. Roque a également attiré l’attention des États Membres sur le plan de recolonisation de Cuba adopté par le Président Bush, en mai 2004 et actualisé en juillet 2006.  Ce plan, a-t-il dit, révèle ouvertement ce que le Gouvernement des États-Unis ferait à Cuba s’il réussissait un jour à l’avoir sous contrôle.


Pour les États-Unis, le blocus imposé à Cuba n’est autre qu’une question bilatérale laquelle ne devrait pas être abordée à l'Assemblée générale.  Selon leur représentant, le texte de la résolution tend à accuser les États-Unis des souffrances imposées à Cuba, tout en exonérant le Gouvernement cubain de ses responsabilités.  Le peuple de Cuba devrait avoir le droit d'exprimer librement ses opinions et de commercer librement, a-t-il estimé. 


La déléguée de Cuba a exercé son droit de réponse. 


Les représentants des pays suivants se sont exprimés: Afrique du Sud, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Sainte-Lucie, au nom de la Communauté des Caraïbes, Mexique, Viet Nam, Chine, États-Unis, Indonésie, Cuba, République arabe syrienne, République islamique d’Iran, Inde, Malaisie, Namibie, Fédération de Russie, République-Unie de Tanzanie, Australie, Finlande, au nom de l'Union européenne, Brésil, au nom du MERCOSUR, Soudan, Bolivie, Myanmar, Zimbabwe, Bélarus, Lesotho, Jamahiriya arabe libyenne, Zambie, République démocratique populaire lao et Égypte.


La réunion du Bureau de l’Assemblée générale, qui devait avoir lieu cet après-midi à 15 heures, a été reportée à une date ultérieure qui sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.


La prochaine séance plénière de l’Assemblée générale aura lieu, vendredi 10 novembre à 10 heures, et portera sur le rapport du Conseil des droits de l’homme.


* Projet de résolution publié sous la cote A/61/L.10  

** Rapport publié sous la cote A/61/132  

*** Amendement publié sous la cote A/61/L.19


NÉCESSITÉ DE LEVER LE BLOCUS ÉCONOMIQUE, COMMERCIAL ET FINANCIER IMPOSÉ À CUBA PAR LES ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE


Déclarations


M. SABELO SIVUYILE MAQUNGO (Afrique du Sud), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a appelé tous les pays à ne pas reconnaître l’embargo contre Cuba et a condamné l’usage de mesures économiques coercitives qui, empêchent certains États d’exercer le droit de décider librement de leurs propres politiques économiques et sociales.  La plupart des États et de gouvernements ont ainsi reconnu que cet embargo avait provoqué des dommages économiques importants qui ont eu des répercussions sur la vie quotidienne du peuple de Cuba, a-t-il poursuivi.  Ces mesures menacent gravement la liberté du commerce et de l’investissement.  Cet embargo dure depuis 49 ans et a été rejeté par un nombre croissant d’États Membres.  Si, en 1992, on ne comptait que 59 membres le rejetant, en 2005 ce nombre est passé à 182.  L’opposition croissante à ce type de sanctions, contraires aux principes du droit international, témoigne d’une prise de conscience de la nécessité de les éliminer.


M. ANTHONY SEVERIN (Sainte-Lucie), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) a déclaré que la situation imposée à Cuba continuait de préoccuper les pays des Caraïbes dans leur ensemble.  Il a réaffirmé leur attachement au respect de la Charte des Nations Unies en évoquant notamment les principes de l’égalité souveraine entre les États, de la non-ingérence dans les affaires internes ou encore de l’autodétermination des peuples.  La CARICOM continue de s’opposer à l’embargo qui nuit au peuple cubain, aux nouvelles dispositions législatives et administratives visant à le renforcer et à l’application extraterroriale de la législation nationale.


Cuba est partie intégrante du processus pancaraïbéen a-t-il souligné.  Il a, à cet égard, rappelé les différentes formes de coopération entre les pays des Caraïbes et Cuba dans les domaines du commerce, de la santé, de la lutte contre le VIH/sida et du développement des ressources humaines.  Il a de plus évoqué l’assistance de Cuba aux États de la CARICOM à qui il offre du personnel de santé et des bourses.


M. Severin a, par ailleurs, déploré l’anachronisme de l’embargo qui ne fait qu’entretenir des tensions entre deux États et préoccuper l’ensemble des États des Caraïbes.  Il a demandé pour conclure la levée de l’embargo et a appelé à s’engager sur la voie du dialogue en vue d’une normalisation des relations avec Cuba.


M. ENRIQUE BERRUGA (Mexique) a affirmé que l'Assemblée générale était réunie pour rejeter, une fois de plus, des mesures unilatérales prises contre un pays.  Le Mexique, a-t-il dit, regrette les conséquences humanitaires engendrées par ce type de sanctions.  Le blocus des États-Unis constitue une politique unilatérale qui entrave la politique de coopération économique et sociale avec l’État visé.  Les dommages et préjudices causés par ce blocus de plus de 40 ans sont bien connus, a-t-il souligné, notant qu'il avait une incidence très négative sur la vie politique, économique et sociale de Cuba.  Le représentant a expliqué que son pays fondait sa politique sur le droit international et la

coexistence pacifique et civilisée entre les États souverains.  Fort de ces principes, ce blocus doit prendre fin, a-t-il insisté, précisant qu'il avait des effets extraterritoriaux sur d'autres États.  Le Mexique rejette fermement l'amendement de l'Australie, assurant qu'il constituait une tentative dangereuse de justifier un blocus économique contraire au droit international et aux principes de la Charte. 


M. LE LUONG MINH (Viet Nam) a déclaré que le blocus contre Cuba entravait gravement le processus de développement économique du pays. D’après les chiffres fournis par le Gouvernement cubain, les dommages économiques directs de l’embargo se soldent par un manque à gagner de 86,1 milliards de dollars, a-t-il rappelé.  Pour l’année passée, ces dommages se chiffraient à plus de 400 000 milliards de dollars, ce qui est effrayant a-t-il estimé.  Au vu des principes de non-intervention, et de non-ingérence, l’Assemblée générale des Nations Unies, exprimant son inquiétude, a exhorté les États-Unis à mettre fin au plus vite à cet embargo, a-t-il noté.  Or, non seulement ce blocus demeure, mais en plus il a été resserré contrairement aux principes du droit international, pour devenir aujourd’hui le plus long de l’histoire. Les difficultés que vivent les Cubains au quotidien, en particulier les femmes et les enfants, illustrent la nécessité de trouver une solution rapide.  De plus, a-t-il conclu, la normalisation des rapports amicaux entre ces deux voisins si proches que sont les États-Unis et Cuba servirait grandement leurs intérêts et favoriserait de plus la paix internationale.


M. LIU ZHENMIN (Chine) a déploré le maintien de l’embargo imposé à Cuba.  Selon le représentant, l’embargo et les sanctions qui sont supposés favoriser l’instauration de la démocratie et le respect des droits de l’homme depuis 40 ans, vont à l’encontre des objectifs visés, des principes de la Charte des Nations Unies, du droit international et sapent les efforts du peuple cubain en faveur de son développement.  Il a, par ailleurs, réaffirmé les principes de non-ingérence et d’autodétermination et a prôné le dialogue et la coopération pour résoudre les différends entre nations.  Le représentant a exprimé, pour conclure, son soutien à la résolution sur la nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba par les États-Unis d’Amérique.


M. RONALD GODARD (États-Unis) a affirmé que la question du blocus imposé à Cuba constituait une question bilatérale et ne devrait pas être abordée au sein de l'Assemblée générale.  La politique de Cuba représente un déni des droits de l'homme et des droits politiques des Cubains, a-t-il déclaré.  Selon lui, le projet de résolution tend à accuser les États-Unis des souffrances imposées à Cuba, tout en exonérant le Gouvernement cubain de ses responsabilités.  Le peuple de Cuba devrait avoir le droit d'exprimer librement ses opinions et de commercer librement, a-t-il estimé.  Le représentant a ajouté que le Gouvernement cubain avait refusé d'entreprendre des réformes visant notamment, à instituer le libre marché.  Il a assuré que l'embargo des États-Unis n'empêchait pas le reste du monde d'avoir des relations commerciales avec Cuba, ainsi que l'acheminement de médicaments ou d'équipements médicaux.  Pour que soit levé ce blocus, il faut que soient mises en œuvre des réformes au bénéfice des Cubains, a-t-il affirmé, citant en particulier la nécessité d'organiser des élections et de permettre la liberté de la presse.  Le projet de résolution blâme les États-Unis pour la situation existant à Cuba, a-t-il regretté, notant que le blocus américain n'était en rien dirigé contre les Cubains.  C'est Cuba qui impose un embargo au peuple cubain en empêchant ses ressortissants de se rendre aux États-Unis, a-t-il estimé.  Le représentant a indiqué que son pays voterait contre ce texte et, a encouragé toutes les délégations qui soutiennent le droit à faire de même. 


M. PRAYONO ATIYANTO (Indonésie) a souligné la position constante de l’Indonésie contre cet embargo et contre l’application de mesures unilatérales d’ordre extraterritorial qui sont contraires à la Charte des Nations Unies ainsi qu’à la liberté du commerce et au droit de la mer.  Faisant référence ensuite aux conséquences négatives qui se font sentir au quotidien sur les femmes et les enfants, il a précisé que cet embargo constituait un obstacle majeur au plein exercice du droit au développement.  Il a ajouté, en outre, que ces mesures violaient les droits de l’homme civils et politiques, socioéconomiques et culturels.  Non seulement, a-t-il dit, ceci est contraire à la déclaration du Millénaire, mais ceci entre encore en contradiction avec le consensus de Monterrey.  Lors du Sommet de 2005, les dirigeants ont souligné l’importance d’éradiquer la pauvreté dont ils ont fait l’un des objectifs pour le développement. Ces principes et textes, a-t-il ajouté, sont ceux sur lesquels l’Indonésie appuie sa politique.  Elle votera donc en faveur du projet de résolution demandant la levée d’embargo contre Cuba.  À  cet égard et une fois de plus nous voulons souligner le fait que la poursuite de l’embargo n’aurait pour seul effet que de renforcer les tensions entre les deux pays voisins concerné, a conclu le représentant.


M. FELIPE PÉREZ ROQUE, Ministre des relations extérieures de Cuba, qui présentait le projet de résolution intitulé "Nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier appliqué à Cuba par les États-Unis d'Amérique", a affirmé que l'Assemblée générale était appelée à défendre les droits du peuple cubain, ainsi que du peuple américain.  La guerre économique lancée par les États-Unis contre Cuba, la plus longue et la plus cruelle qui n'ait jamais existé, est qualifiable d'acte de génocide et constitue une violation flagrante du droit international et de la Charte des Nations Unies, a-t-il assuré.  Selon le Ministre, au cours de ces 48 dernières années, le blocus a causé des dommages économiques qui dépassent les 86 milliards de dollars.  Il a expliqué que le blocus empêchait Cuba de commercer avec les États-Unis et de recevoir des touristes américains, qu'il interdisait à Cuba d'utiliser le dollar américain pour ses transactions à l'étranger ainsi que de bénéficier de crédits ou d'opérer avec des banques américaines ou leurs filières à l'étranger.  De même, a-t-il ajouté, il empêche la Banque mondiale et la Banque interaméricaine de développement d’accorder le moindre crédit à Cuba.  Encore plus grave, selon lui, est le fait que les États-Unis conditionnent les relations de Cuba avec les autres pays qui font partie de cette Assemblée aux dispositions criminelles du blocus. 


Le Ministre a déclaré que des millions de Cubains dépendaient aujourd'hui de la décision de l'Assemblée générale.  Il a prié les États Membres de soutenir le droit de Cuba en votant en faveur du projet de résolution.  Il a indiqué que pour la première fois depuis 1992, lorsque l'Assemblée générale a commencé à traiter la question du blocus contre Cuba, le Gouvernement des États-Unis tentait, moyennant un amendement, de saboter le projet de résolution.  Ils ont décidé, selon lui, de boycotter ce vote, de détourner l'attention du point principal qui est le blocus de Cuba, en faisant présenter à la délégation de l'Australie un projet d'amendement élaboré à Washington.  Cet amendement, a-t-il ajouté, est la preuve de la soumission ignoble de l'Australie au Gouvernement des États-Unis.  Le Gouvernement australien pratique une sorte d'impérialisme de poche et est toujours prêt à obéir aux conseillers de Washington, a-t-il affirmé.  Selon lui, l'Australie, qui soumet la population autochtone du pays à un vrai régime de l'apartheid, n'a pas d'autorité morale pour tenter d'aborder la situation des droits de l'homme à Cuba.  Les États-Unis encore moins, a-t-il précisé, évoquant les images terribles de la prison d'Abu Ghraib et les images épouvantables de Guantanamo.  Le Ministre cubain a prié les délégués de voter tout d'abord en faveur de la motion de non-action que son pays allait présenter en vue de faire face à l'amendement proposé par l'Australie, et, ensuite, de voter pour le projet de résolution L.10.  Le Ministre a également attiré l’attention des États Membres sur le plan de recolonisation de Cuba adopté par le Président Bush, en mai 2004 et actualisé en juillet 2006.  Ce plan, a-t-il dit, révèle ouvertement ce que le Gouvernement des États-Unis ferait à Cuba s’il réussissait un jour à l’avoir sous contrôle.


M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a jugé l’embargo et les nouvelles mesures visant à le renforcer contraires à la Charte des Nations Unies et aux principes du droit international et de ce fait illégaux.  Selon M. Ja’afari, l’embargo soumet Cuba à toutes formes de dommages économiques et sociaux puisqu’il sape les efforts des Cubains en faveur de leur développement, continue d’affecter l’économie cubaine dont les pertes directes se sont élevées à 86 milliards de dollars et viole les libertés et droits de l’homme du peuple cubain.


Le soutien de 182 États à la résolution relative à la question lors de la précédente session de l’Assemblée générale témoigne de la volonté des pays de mettre un terme à l’embargo et de respecter le principe d’autodétermination.  La communauté internationale a, par ailleurs, souvent rejeté les sanctions imposées unilatéralement à Cuba et leur extension dans le cadre de la loi Helms-Burton, loi qui est incompatible selon le délégué avec les règles de droit international. Il a, par ailleurs, condamné la politique agressive envers Cuba et notamment la menace de recours à la force.


Cet embargo est une menace pour l’intégrité et l’indépendance de Cuba, pour la région et pour la paix et la sécurité internationales, a mis en garde le représentant.  Il a appelé le Conseil de sécurité à prendre les mesures nécessaires pour mettre un terme au blocus et à la politique agressive des États-Unis d’une manière générale.


M. A. VIJAYA RAGHAVAN (Inde) a souligné la nécessité de favoriser les efforts économiques de développement dans le cadre d’un environnement dénué de sanctions ou d’embargo.  Il a fait état des conclusions de l’Association américaine pour la santé dans le monde selon lesquelles, l’embargo contre Cuba avait entraîné une aggravation de l’état des patients privés de médicaments essentiels, ou subissant des procédures médicales pratiquées sans les équipements nécessaires.  L’embargo a eu aussi des répercussions sur les livraisons de l’assistance humanitaire, ainsi que sur le secteur de l’éducation puisqu’il fait obstacle à l’achat de matériel à des prix plus compétitifs, a-t-il dit.  Il a estimé en outre, que les deux pays concernés pourraient bénéficier mutuellement des échanges commerciaux en sortant de cette situation.  Les États-Unis, pays voisin, gagneraient ainsi à lever cet embargo et tireraient un avantage certain du marché cubain.  D’ailleurs, a-t-il poursuivi, les pertes potentielles pour le marché américain se situent aujourd’hui, entre 1 et 15 milliards de dollars.


M. HOSSEIN GHARIBI (République islamique d’Iran) a affirmé que le blocus américain imposé à Cuba constituait une violation des principes internationaux régissant les relations entre les États, comme ceux de l'égalité souveraine et de la non-intervention dans les affaires intérieures des États, ainsi que la liberté du commerce international et de navigation.  L'adoption, au fil des années, de 14 résolutions consécutives jusqu'en 2005, démontre la réaction de la communauté internationale face à ces mesures qui vont à l'encontre de la promotion de la coopération et des partenariats, nécessaire à la création d'un environnement favorable à tous au niveau international.  Le représentant a rappelé que le Sommet mondial de 2005 avait réaffirmé l'engagement de tous les pays en faveur d'une participation pleine et entière des pays en développement au système commercial international, afin de leur permettre de satisfaire leurs besoins en matière de développement économique.  Le Sommet des pays non alignés en septembre 2006 à La Havane a réitéré cette position, a-t-il expliqué, notant que le Sommet avait demandé spécifiquement la levée de l'embargo des États-Unis.  Le recours à des mesures injustifiables contre d'autres États est inacceptable pour la communauté internationale, a-t-il observé, ajoutant qu'il avait des répercussions négatives pour la paix et la sécurité mondiales.   


M. HAMIDON ALI (Malaisie) a noté que l’augmentation des voix en faveur de la résolution relative à la levée du blocus imposé à Cuba témoignait de la détermination croissante de la communauté internationale de rejeter l’emploi de mesures unilatérales par un État Membre pour mener à des modifications politiques dans un autre.  Il a strictement rejeté l’application de lois telles les lois Torricelli et Helms-Burton dont le seul objectif est de faire souffrir Cuba et son peuple et qui sont en contradiction avec les principes du droit international et de la Charte des Nations Unies.  Il a regretté les conséquences graves de ces mesures coercitives sur la population et l’économie cubaines dont les pertes sur le plan économique s’élèvent à 4,2 milliards de dollars en 2005.  Elles entravent les droits du peuple cubain dans les domaines de la santé, de l’éducation.  Le représentant a invité les États-Unis à voir au-delà de ses intérêts et à reconsidérer sa démarche envers Cuba avec qui il a réaffirmé sa solidarité.


M. A KAIRE MBUENDE (Namibie) a qualifié cette réunion de pèlerinage annuel pour la levée de l’embargo contre Cuba.  Il s’est érigé contre les lois promulguées par les États-Unis pour mettre en pratique cet embargo et qui semblent le renforcer, avec les ans, plutôt que de l’atténuer.  La Namibie est attachée à la liberté du commerce.  Nous pouvons nous prononcer en faveur d’un système qui va à l’encontre de ce principe.  Cet embargo est une menace sur un environnement commercial sain.  Le représentant s’est demandé pourquoi de nombreux pays n’ont pas adopté de textes au niveau national pour contourner la loi Helms-Burton.


Ce blocus est un coup dur imposé aux pauvres, non seulement à Cuba mais encore en Afrique, a poursuivi le représentant insistant sur l’assistance potentielle que pourraient apporter les médecins cubains au continent.  Il faut donc, a-t-il conclu, mettre en œuvre la résolution de l’Assemblée générale pour la levée de cet embargo.


M. PATRICK C. MOMBO (République-Unie de Tanzanie) a affirmé que le blocus des États-Unis imposé à Cuba constituait le plus long embargo de ce type dans l'époque contemporaine.  Le représentant a ajouté que son pays s'associait à d'autres États pour demander la levée de ce blocus.  Cuba, a-t-il dit, a résisté vaillamment et a subi d’énormes pertes tandis que de multiples souffrances frappaient la population.  Il s'agit d'une punition collective systématique qui viole les droits de l'homme et le droit international, a-t-il ajouté.  Selon lui, la nature extraterritoriale du blocus continue de causer des dommages considérables à Cuba ainsi qu'à des pays tiers.  Le représentant a souligné que son pays réaffirmait son soutien constant aux principes de coopération et de solidarité avec le peuple cubain.  Il a demandé aux États-Unis de mettre fin au blocus et de normaliser ses relations avec Cuba, dans l'intérêt des peuples des deux pays. 


M. ROBERT HILL (Australie) a affirmé que sa délégation s'opposait à la motion de non-action présentée par Cuba.  Le fait de nier la possibilité de défendre l'amendement proposé par l'Australie signifie que l'on empêche d'examiner le problème dans son ensemble, a-t-il assuré.  Il a ainsi mis l'accent sur la nécessité d'aborder les conséquences de l'embargo et le bilan de Cuba en matière des droits de l'homme.  La question des droits de l'homme à Cuba est importante, a-t-il déclaré, rappelant que l'amendement demandait que l'Assemblée lance un appel pour que Cuba libère les prisonniers politiques, coopère pleinement avec les organismes et mécanismes internationaux de défense des droits de l'homme, respecte la Déclaration universelle des droits de l'homme et s'acquitte pleinement des obligations qui lui incombent en vertu de tous les traités relatifs aux droits de l'homme auxquels il est partie


Explications de vote relatives à la motion de non-action sur l’amendement


M. RODRIGO MAIMIERCA DIAZ (Cuba) a affirmé que la position de l’Australie exprimée dans l’amendement A/61/L.19 n’est pas une surprise.  Ce pays essaie de donner un prétexte à la prolongation de la politique des États-Unis.  Des mesures unilatérales contraires au droit international sont prises par des pays qui se saisissent de tout prétexte pour tenter de légitimer ce qui ne l’est pas.  Nous pensons que la seule considération de cet amendement serait une atteinte à la Charte des Nations Unies, a-t-il conclu.


M. RONALD GODARD (États-Unis) a affirmé que la résolution annuelle condamnant l'embargo bilatéral des États-Unis contre Cuba attribuait de manière erronée les souffrances du peuple cubain à cet embargo, alors qu'elle n'évoquait pas la politique du Gouvernement cubain.  Il est important cette année que la communauté internationale s'exprime en faveur du peuple cubain, a-t-il dit.  Le représentant a ajouté que la motion de non-action présentée par Cuba ne devait pas être acceptée si l'on veut que l'Assemblée générale demeure une enceinte utile.  Si cette motion devait être votée, l'attention de l'Assemblée générale sur les violations les plus graves des droits de l'homme serait détournée, a-t-il dit, précisant que son pays voterait contre cette motion, encourageant les autres pays à faire de même.


M. SABELO SIVUYILE MAQUNGO (Afrique du sud) a réitéré qu’il était temps de mettre un terme au blocus et aux mesures extraterritoriales imposées à Cuba par les Etats-Unis.  Pour le Groupe des 77 et de la Chine, l’amendement proposé par la délégation de l’Australie n’est pas acceptable selon le délégué, parce que cela demanderait d’accepter une définition de ce qui constitue la démocratie et la liberté politique et donnerait le droit à un État d’adopter des lois extraterritoriales.  L’Afrique du Sud votera en faveur d’une motion de non-action sur l’amendement.


M. LIU ZHENMIN (Chine) a affirmé que la teneur de l’amendement A/61/L.19 de l’Australie n’est pas nouvelle pour l’Assemblée et dénature l’esprit du projet de résolution.  La Chine est donc en faveur de la motion de non-action.


M. ROBERT HILL (Australie) a présenté l’amendement A/61/L.19 au projet de résolution présenté par Cuba.  Il a estimé que le blocus est condamnable et devrait être levé au bénéfice du peuple cubain et des règles de commerce international.  Si l’Australie comprend et partage les inquiétudes des États-Unis relatives au manque de démocratie et de liberté politique à Cuba, elle continue parallèlement de s’opposer à l’embargo.


Selon le représentant, l’amendement reconnaît simplement quel est le raisonnement, justifié ou non, qui sous-tend le blocus.  Il demande au Gouvernement cubain de respecter la Déclaration universelle des droits de l’homme et de s’acquitter pleinement de toutes ses obligations conformément aux dispositions des traités relatifs aux droits de l’homme.  Si Cuba agit de la sorte, il ne sera peut-être pas nécessaire de revenir sur ce sujet l’année prochaine, a conclu M. Hill.


Mme KIRSTI LINTONEN (Finlande), au nom de l’Union européenne, a déclaré que la politique commerciale des États-Unis envers Cuba est une question bilatérale.  Toutefois, elle s’est clairement opposée à l’extension extraterritoriale de l’embargo imposé par les États-Unis et a déclaré que l’Union européenne ne saurait accepter que l’imposition de telles lois entrave ses intérêts et relations économiques et commerciales avec des pays tiers.  À cet égard, elle a rappelé que le Conseil de l’Union européenne avait adopté un règlement afin de protéger les personnes résidant légalement sur le territoire de l’Union européenne de la loi Helms-Burton.


Par ailleurs, l’objectif de l’Union européenne est d’encourager un processus pacifique de transition mené par le peuple cubain en faveur de l’instauration d’une démocratie pluraliste et du respect des droits de l’homme, a-t-elle poursuivi.  La représentante a dit l’Union européenne prête à coopérer dès que le Gouvernement cubain fera preuve de volonté politique pour s’engager sur la voix du dialogue et de la coopération.


Elle a, par ailleurs, fait part de son inquiétude au sujet des mesures d’intimidation exercées par Cuba à l’encontre de l’opposition pacifique et des représentants de la société civile, et des actes de répudiation envers la famille des prisonniers politiques dont elle a demandé la libération.


Mme Lintonen a, par la suite, rejeté toute mesure unilatérale prise par les États-Unis contre Cuba, de telles mesures étant contraires aux règles du commerce international.  Elle a demandé la levée du blocus malgré le manque de respect des droits de l’homme par le Gouvernement cubain. 


M. PIRAGIBE TARRAGÔ (Brésil), qui s'exprimait au nom du MERCOSUR, a souligné que sa délégation avait voté en faveur de la résolution, estimant que le blocus des États-Unis imposé à Cuba était contraire aux principes du droit international et de la Charte des Nations Unies, ainsi qu'aux règles multilatérales qui régissent le commerce.  Les pays du MERCOSUR s'associent au rejet de la communauté internationale quant à ce type de mesure, a-t-il ajouté. 


M. ABDALMAHOOD ABDALHALEEM MOHAMAD (Soudan) a constaté que 183 pays, aujourd’hui, sont d’avis de lever le blocus contre cuba.  La persistance de ce blocus, a-t-elle dit, va a l’encontre des réformes en cours aux Nations Unies.  Le peuple cubain continue à souffrir un véritable calvaire.  La position du Soudan face à ces politiques de blocus est une position de principe.  Par conséquent nous avons vote en faveur du projet de résolution demandant la levée du blocus de Cuba.


M. BAREA (Bolivie) a regretté le non-respect depuis une décennie de la demande l’Assemblée de lever le blocus imposé à Cuba.  L’embargo affecte les efforts légitimes du peuple cubain en faveur du développement, a-t-il ajouté.  Il a demandé au Gouvernement des États-Unis de lever ce blocus étant donné les conséquences graves qu’il entraîne avant de souligner que cette position est contraire aux principes des Nations Unies.  Il a exprimé son opposition aux sanctions et au blocus et avant de réaffirmer son soutien à Cuba.


M. KYAW TINT SWE (Myanmar) a affirmé que sa délégation s'était prononcée en faveur de la résolution.  De telles mesures d'embargo dont les effets extraterritoriaux s'exercent sur d'autres États et à d'autres entités constituent une entrave à la liberté de commerce et de navigation, et violent ainsi la Charte des Nations Unies et le droit international, a-t-il estimé.  Selon le représentant, l'embargo a des répercussions négatives sur l'économie du pays, mais aussi sur le bien-être de sa population.  Il provoque des souffrances inutiles aux Cubains, en particulier aux groupes les plus vulnérables, comme les femmes et les enfants, a-t-il dit, précisant que ces mesures ne peuvent en aucune façon ramener la paix et la sécurité dans la région. 


M. BONIFACE CHIDYAUSIKU (Zimbabwe) a déclaré que le fait que l’Assemblée générale continue à adopter cette résolution année après année prouvait bien qu’il y avait des lacunes dans le système de résolution des conflits au sein des Nations Unies.  Par ailleurs, le Gouvernement des États-Unis doit prendre des mesures, désormais, pour regagner la confiance du monde en levant cet embargo.  C’est au peuple de Cuba qu’il revient de décider de son avenir et à nul autre.  L’on pourrait s’étonner, selon elle, que les États-Unis, champions du libéralisme, imposent cet embargo.  Nous exprimons notre solidarité avec le peuple de Cuba et réaffirmons notre position en nous prononçant pour cette résolution, a-t-elle conclu.


M. ANDREI DAPKIUNAS (Bélarus) a déclaré que les conflits économiques ne peuvent avoir que des répercussions négatives.  Le représentant a déclaré ne pas comprendre pourquoi les États-Unis ne prennent pas en considération la demande de la communauté internationale de lever l’embargo.  Il a appelé les parties favorables aux sanctions à laisser les Cubains vivre et travailler en paix.  Il a conclu en exprimant son soutien au projet de résolution présenté par Cuba.


M. LEBOHANG FINE MAEMA (Lesotho) a affirmé que son pays s'était prononcé en faveur de la résolution.  Tout pays, a-t-il dit, a le droit de déterminer le modèle de développement le plus approprié pour lui.  Le représentant a estimé que des millions de personnes n'auraient pas dû pâtir pendant plus de 40 ans des souffrances engendrées par ce blocus.  Il a ajouté que la résolution reflétait bien le fait que ce blocus unilatéral était contraire aux principes du droit international et de la Charte des Nations Unies.


M. MOHAMED ABURAWI (Jamahiriya arabe libyenne) a déclaré que la Charte des Nations permettait de résoudre des conflits de manière équitable et sans ingérence dans les affaires des pays concernés.  Nous ne pensons pas, a-t-il poursuivi, qu’un embargo puisse permettre de résoudre une crise.  Le représentant a fait part de sa préoccupation face à des sanctions extraterritoriales en violation des normes de droit international.  L’application de ces mesures, a-t-il dit, ne pourra qu’aggraver les souffrances et exacerber les problèmes des pays concernés.  Il s’est inquiété des répercussions négatives qui peuvent frapper la population cubaine puisque par exemple, cet embargo porte sur les médicaments.  Nous espérons, a-t-il conclu, que le pays concerné renoncera à ces mesures unilatérales.


M. TENS KAPOMA (Zambie) a regretté les répercussions négatives du blocus imposé à Cuba par les États-Unis sur l’ensemble de l’économie et particulièrement dans des secteurs tels que la santé.  Il importe que les États-Unis lèvent l’embargo, a-t-il estimé avant de rendre hommage à la capacité de résistance au peuple cubain face à des mesures coercitives telle la loi Helms-Burton qu’il a jugée contraire à la liberté de commerce et de navigation.  Il a conclu en exprimant son soutien à Cuba.


M. ALOUNKEO KITTIKHOUN (République démocratique populaire lao) a affirmé que l'application extraterritoriale des lois internes d'un pays allait clairement à l'encontre des principes et objectifs de la Charte des Nations Unies.  Chaque nation, a-t-il dit, a le droit souverain de participer pleinement aux systèmes financiers et commerciaux internationaux et Cuba, en tant que nation souveraine et indépendante, a le droit de choisir son propre système politique ainsi que son modèle de développement.  Il a précisé que son pays s'était prononcé en faveur de la résolution, le blocus imposé à Cuba étant à ses yeux plus qu'obsolète et contraire au droit international.


M. ABDEL AZIZ (Égypte) a appuyé la motion de non-action car, de l’avis de sa délégation, cet amendement est hors du cadre de la question.  Quant au projet L.10, la position de l’Égypte est celle exprimée dans le Document final du Sommet de la Havane.  Il a noté que le niveau de pauvreté ou le respect des frontières sont des éléments du respect des droits de l’homme.


Droit de réponse


Mme ILEANA NUÑEZ MORDOCHE (Cuba) a déclaré que la recrudescence des activités agressives de la part des États-Unis envers son pays reflétait la frustration du Gouvernement de Washington face à son incapacité de modifier le régime choisi par le peuple cubain.  Elle s’est insurgée contre le plan d’annexion élaboré par la Commission d’aide à Cuba libre des États-Unis qui vise selon la représentante à détruire la souveraineté de Cuba.  Elle a par ailleurs dénoncé les tortures pratiquées à Guantanamo et Abu Ghraib de la part d’un pays qui veut donner des leçons sur les droits de l’homme.  Elle a, par la suite, déclaré que la présentation d’un amendement par l’Australie était la preuve de la soumission abjecte de l’Australie et a regretté la subordination de l’Union européenne où l’on constate une recrudescence des actes de racisme et de xénophobie.  L’agression des États-Unis est inadmissible, a-t-elle conclu.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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