AG/10462

OUVERTURE DE LA RÉUNION DE HAUT NIVEAU CONSACRÉE AU VIH/SIDA: LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL APPELLE À PLUS DE COHÉSION POUR VAINCRE LA PANDÉMIE

31 mai 2006
Assemblée généraleAG/10462
Department of Public Information • News and Media Division • New York

Assemblée générale

84e séance plénière – matin


OUVERTURE DE LA RÉUNION DE HAUT NIVEAU CONSACRÉE AU VIH/SIDA: LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL APPELLE À PLUS DE COHÉSION POUR VAINCRE LA PANDÉMIE


« Comme des millions de femmes dans le monde, je suis séropositive.  J’ai survécu au viol et à d’autres formes de violence ».  Du haut de la tribune de l’imposante salle de l’Assemblée générale, vêtue d’un austère tee-shirt blanc portant le logo de l’association sud-africaine International Women’s Health Coalition, Khensani Mavasa donne le ton.  À l’ouverture de la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale consacrée à l’examen des progrès accomplis contre le VIH/sida, l’histoire de Kensani Masava ressemble à celles de millions de femmes et de fillettes qui sont venues grossir les rangs des 40 millions de séropositifs vivant à travers le monde, et dont 60% sont des femmes.


La Réunion de haut niveau, ouverte ce matin au Siège des Nations Unies, vise à faire le bilan des politiques mises en œuvre, cinq ans après l’adoption de la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida, par les dirigeants de 189 États Membres.  Ceux-ci s’étaient engagés à atteindre des objectifs détaillés assortis de délais pour la fourniture de services de prévention, de traitement, de prise en charge et de soutien, afin de stopper et de commencer à inverser le cours de la pandémie mondiale au plus tard en 2015.  Selon le rapport soumis sur la question par le Secrétaire général[1], bien que l’accès au traitement se soit considérablement élargi, les objectifs mondiaux de lutte contre la pandémie n’ont pas été atteints.  L’épidémie continue de progresser chez les femmes notamment, les jeunes filles âgées de 15 à 24 ans étant deux fois plus susceptibles d’être contaminées par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) que les jeunes hommes.


Pour le Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, il est impardonnable que le monde ait mis tant de temps à s’attaquer à l’un des aspects les plus cruciaux de la lutte: la prise de mesures pour combattre la propagation du sida chez les femmes et les filles.  Dans son allocution à l’ouverture la Réunion ce matin, M. Annan a relevé qu’à l’heure actuelle, on compte de plus en plus de femmes séropositives –en particulier de jeunes femmes– dans toutes les régions du monde. 


Pour Kofi Annan, c’est dans ces domaines qu’il faut appliquer le principal enseignement des 25 dernières années qui se résume à un constat: ce n’est qu’en œuvrant de concert avec détermination et cohésion que le monde pourra triompher de cette maladie.  « Il est par conséquence essentiel que nous associons pleinement la société civile aux travaux de la présente réunion de haut niveau », a estimé le Secrétaire général, en soulignant que cette réunion devait amener résolument la communauté internationale vers un but, celui de l’Objectif du Millénaire pour le développement, qui est d’enrayer la propagation du VIH et du sida chez les femmes, les hommes et les enfants et de commencer à inverser la tendance de propagation de la maladie d’ici à 2015.


Le Président de l’Assemblée générale a M. Jan Eliasson a pour sa part demandé aux délégations de faire preuve de souplesse dans leurs délibérations devant mener à l’adoption d’une déclaration politique car, a-t-il dit, « la sévérité de la pandémie exige que nous parvenions à des résultats importants ».  Il est de la responsabilité de tous les États Membres de lutter contre cette urgence mondiale qu’aucun d’eux ne peut affronter seul, a déclaré le Président de l’Assemblée.  Nous avons besoins des médias, des scientifiques, des pouvoirs publics locaux, des parlementaires, des instituions régionales et surtout des malades vivant avec le sida, car ce sont eux qui doivent être au centre de nos efforts, a déclaré M. Eliasson. 


Il a attiré l’attention sur la difficile situation de l’Afrique subsaharienne qui est affectée de manière disproportionnée par la maladie et où seule une femme sur cinq sait comment prévenir la propagation de la pandémie.  « Je vous demande donc de parvenir à des conclusions concrètes et vigoureuses qui soient à la mesure des ravages que cause cette maladie », a lancé le Président de l’Assemblée générale aux participants à la Réunion de haut niveau en déplorant que  6 millions de personnes dans le monde vivent avec le sida sans avoir accès à aucun traitement.  Il y a cinq ans, des promesses importantes avaient été faites, a-t-il rappelé en émettant l’espoir que cette semaine voit la concrétisation des efforts déployés par tous.


Pour M. Peter Piot, le Directeur exécutif du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) qui a pris la parole ce matin, « même si de  nombreux États Membres se sont fermement engagés à mettre un terme à la pandémie, il nous faut changer fondamentalement la manière de penser et de la gérer ».  Le sida n’est pas seulement une urgence, a relevé le Directeur d’ONUSIDA, c’est un problème immense et à long terme, l’un des grands enjeux décisifs de notre siècle, a-t-il estimé.  Selon lui, la détermination animant tous les acteurs de la lutte contre la pandémie doit être politique, financière –20 milliards de dollars doivent être consacrés chaque année, à partir de 2008, pour faire avancer les choses sur la voie de l’accès universel– et technologique, afin d’accélérer l’innovation dans la mise au point de nouvelles générations de médicaments et de vaccins.


De même, a poursuivi M. Piot, la détermination des États doit se traduire par un engagement en faveur de vrais partenariats pour que les gouvernements, les personnes vivant avec le VIH, la société civile, les religions et les entreprises s’épaulent pour sauver des vies.  Les éléments fondamentaux qui entraînent l’épidémie, en particulier les inégalités entre les sexes et le statut inférieur des femmes, l’homophobie et la stigmatisation et la discrimination liées au sida, doivent aussi être abordés au cours des débats de la Réunion de haut niveau, a ajouté M. Piot.


Les 14 000 personnes qui seront contaminées aujourd’hui, a précisé Khensani Mavasa, méritent un accès aux traitements les plus efficaces.  Elles méritent cet espoir, né des 25 dernières années de progrès scientifiques, a-t-elle déclaré, précisant que les programmes de réduction du risque d’infection par le VIH fonctionnaient bien dans un contexte où les droits de l’homme sont défendus, et où la dignité des personnes est respectée.  Mme Mavasa a demandé que la déclaration politique qui émanera de la réunion ne soit pas un document creux se contentant d’énoncer des principes.  « Il nous faut nous doter d’un vrai programme d’action qui tienne compte de la souffrance et de l’espoir qui règnent dans nos cœurs.  Un programme qui tire des leçons du passé; qui dise la vérité, et assure l’accès universel aux soins », a-t-elle recommandé.


Au début de la séance d’ouverture de la Réunion de haut niveau, une minute de silence a été observée en la mémoire du Directeur exécutif de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Lee Jong-Wook, décédé la semaine dernière.  Le Secrétaire général et le représentant de la République de Corée ont rendu hommage à un homme « visionnaire » qui avait identifié la grippe aviaire et le VIH/sida comme étant les plus grandes menaces contre l’humanité.


Par ailleurs, la représentante de l’Indonésie, a remercié la communauté internationale et la famille des ONG pour l’aide généreuse fournie à son pays à la suite du tremblement de terre survenu le 27 mai 2006 dans l’île de Java et qui a déjà fait 5 800 victimes.  La catastrophe a endommagé 54 000 foyers, causant des déplacements de populations de l’ordre de 200 000 personnes.


Les travaux de la Réunion de haut niveau et de l’examen d’ensemble des progrès accomplis dans la réalisation des objectifs fixés dans la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida se poursuivront jusqu’à vendredi, le 2 juin.  Les participants à la Réunion tiendront des discussions de groupes publiques, ainsi que des tables rondes à huis clos, sur les différents points et questions inscrits à l’ordre du jour de la manifestation.


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[1] Rapport portant la cote A/60/736

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